Dans ma cellule, l'air glacial de la justice me brûle les poumons.
De toute ma vie, jamais je n'ai enduré tel supplice : une éternité de tourment durant 20 jours.

Le béton s'étale à perte de vue dans mes 15 m², il blesse mes yeux d'une lueur sombre.
"Cinq ans ferme !" hurle avec une douceur sadique la juge. Elle hante mes rêves éveillés et mes nuits sans sommeil.
Mon oreiller en plastique est dur comme le bois et sans grille-pain, mes toasts matinaux sont mous comme un coup de trique.

A-t-on déjà vu pareille haine s'exercer avec une brutalité si cruelle, semblable à un coup de massue qui me déchire les entrailles ? On m'a sauvagement poignardé sur la tête et je suis estourbi comme une mangouste frénétique face à un cobra. Le cobra de l'injustice.

Mes proches s'inquiètent pour moi. A leurs yeux, je dépéris à vue de nez. Même ce facétieux grand gaillard originaire des îles qui me sert de garde-chiourme n'arrête pas d'ânonner "Faut manger là, missié Sarkozy, sinon zizi tout riquiqui !". Je prends ça comme un témoignage de bienveillance de la part de cet être simple.

Mais comment me nourrir, alors que les repas ne me sont pas apportés et présentés par un maître d'hôtel compétent ?
Même en me rabaissant à cantiner, les denrées me parviennent non cuites ou enfermées dans des emballages inextricables.

Le monde marche sur la tête et s'acharne à me briser la nuque. Je commence à comprendre ce qu'ont vécu Soljenitsyne, Mandela et Ghandi.

Dans ma geôle, le temps n'a plus de cours, la thermodynamique non plus. Voilà 24h que j'ai posé une boîte de sardines sur la plaque qui est sensée me servir de réchaud et elle reste obstinément froide. Froide comme l'ardente haine des joujroujs.
Les jours heureux où ma douce Carla faisait cuire mes sardines à la chaleur de l'âtre me semblent bien lointains, ils appartiennent à une autre vie qui commence à sombrer dans les brumes de l'oubli.

Voilà deux jours que j'endure cette infâmie, jeté à terre comme un chien galeux à qui on a coupé les ailes. Tout ça par la faute du cabinoir des jujroujs, ces êtres malfaisants et mesquins qui veulent ma perte.
Mais mon nonneur sera sauf, car en m'enfermant, ils ont ouvert la voie à une présence divine irradiante qui m'a pénétré dans la promiscuité de mon cachot.
Je suis tombé à genoux et j'ai senti sa chaleur m'envahir depuis le fondement jusqu'au nombril. J'ai alors su que Dieu m'avait élu.
Ensuite, mon garde-chiourme Amadou m'a annoncé qu'il pourrait sans doute me faire passer une boîte de Beluga et des blinis de chez Hédiard.
Je vois ça comme un signe du destin.

C'est dans ces moments difficiles qu'un homme fait le tri dans son entourage. Comme le disait le grand philosophe Michel Leeb, c'est dans le besoin qu'on reconnaît ses amis.

La porte se referma grande ouverte. Le silence tomba dans un bruit fracassant. Comme la nuit éblouissante.
Vous me le paierez, ce moment d’indignité, tous ! Je vous le dis, en vérité, vous paierez, jujroujs, pinpons pinpons, pisse-copies, gauchiasses, droitardés et extrême-centristes, tous, vous paierez ! Je ne voulais pas à mon tour céder à une haine froide comme la braise, mais c'est plus fort que l'insu de mon plein gré. Dieu vous fera payer s’il le juge utile, l'addition sera salée et dénuée de cacahuètes.

Comme l'a dit Saint Thomas de P'tit Quinquin, je ne croicrois que ce que je toutouche.

Tel Jésus, Dantès et Dreyfus avant moi, je me confronte chaque jour à la cuisante froidure de l'injustice.
Ce matin, la douche était à peine tiède et la pression au mieux faiblarde. Je ne comprends pas pourquoi la prison française est si mal équipée alors que la robinetterie haut-de-gamme italienne est si facilement accessible de nos jours. Quelle infâmie et quelle indignité pour notre grand pays !
Le monde va à vau-l'eau dans une gerbe d'étincelles et je suis le seul à m'en inquiéter. Je dois rester lucide et camper sur mes positions tel un coureur de fond.

Hier, au parloir, Carla m'a apporté des macarons de Ladurée. Je me suis dit qu'il restait peut-être encore un peu de décence en ce monde et qu'il méritait d'être sauvé. Ca sera ma mission immanente, ma croix et ma bannière, envers et contre tous avec votre soutien.

Dieu m'est apparu dans une lente fulgurance et m'a dit que j'aurais droit à un hommage posthume national.
Je ne suis pas un homme vaniteux, mais j'accepte la volonté du seigneur en signe de fière humilité.

La vie en prison est une épreuve de tous les instants : j'ai appris à ne plus lacer mes souliers. De toute façon, cette capacité m'était déjà inconnue, c'est toujours la bonne qui s'en est chargée.
Je sens que cette épreuve me transforme. Grâce à elle, je reste le même mais en mieux.

Le premier jour, j'ai relu l'Ancien et le Nouveau Testament, le second Le Comte de Monte-Cristo et le troisième le compte-rendu intégral de l'affaire Dreyfus.
Aujourd'hui, je m'embête un peu alors je vais écrire un livre.

Sur la table en formica de mon cachot, je peine à manuscrire au bic quelques feuilles de papier hygiénique que je devrai faire passer en douce à mon avocat.
Les arêtes du stylo sont extrêmement coupantes et je finis par écrire avec mon propre sang ma terrible épopée.
Je me suis arrêté à 200 pages, ça devrait suffire à informer le bon peuple de mon calvaire.

Aujourd'hui, Carla n'est pas venue, je n'ai donc pu manger que des yaourts.

Le pire en prison est le manque d'intimité. Dans ma cellule individuelle de 15m², je suis obligé de composer avec moi-même, c'est l'enfer.

Quand je vais faire gros popo, je m'impose à moi-même des effluves rédhibitoires que je devrais supporter lors de ma douche.
Qui a eu cette idée saugrenue de placer des sanitaires aussi proches de la salle de bain ? Si je n'étais pas aussi maître de mes moyens, je me foutrais sur la gueule.

A d'autres moments, j'ai envie de faire une sieste mais je me dérange car je commence à faire les cent pas dans ma cellule.
Quelle est cette folie architecturale ? Qui a aussi mal pensé ces lieux, c'est un scandale d'état, et je pèse mes mots.

Je me console en pensant à tous ces gens qui m'idolâtrent à l'extérieur.
Je sais que je peux compter sur eux pour me remettre les pieds sur terre au firmament.

A l’occasion d’une séance de dédicaces de Nicolas Sarkozy qui se tenait vendredi dans une librairie de Menton deux journalistes, travaillant pour Libération et Le Monde dans la région, se sont vus refuser l’entrée par le service de presse de l’ancien président de la République, selon le Club de la presse Méditerranée 06.

Dans un communiqué, Le Club de la presse Méditerranée 06 « s’élève avec la plus grande vigueur contre cette atteinte intolérable à la liberté de la presse, d’autant plus indigne qu’elle émane d’un personnage ayant été le premier magistrat du pays et, à ce titre, premier garant également de nos libertés».

Le Club de la presse Méditerranée 06, rappelle qu’il est à l’origine de la mise en place d’une charte de bonne conduite, entre candidats et journalistes, dans le cadre de la prochaine élection municipale à Nice.

« Elle instaure justement une obligation, pour les candidats qui l’ont signée, d’éviter tout ostracisme à l’égard d’un quelconque journaliste.»