et l'infini par rapport à la turquie avec -8% de croissance en 2002.
sinon j'ai un article pas mal:
Européenne, la Turquie ?
Peuple nomade venu d'Asie centrale, les Turcs se sont immiscés dans l'Histoire européenne dès le XIVe siècle en traversant le détroit du Bosphore et conquérant la péninsule des Balkans, les Carpathes et une grande partie du bassin du Danube.
Jusqu'au XIXe siècle, les sultans ont colonisé ces régions de façon généralement brutale, les empêchant de s'associer au développement social, technique et culturel du reste de l'Europe.
Au milieu du XIXe siècle, le déclin des institutions ottomanes a permis de qualifier cet empire colonial d'«homme malade de l'Europe».
Les sultans, conscients de leur faiblesse, échouèrent à acclimater chez eux les institutions qui faisaient la force de l'Occident (à la même époque, le vice-roi d'Égypte et les empereurs chinois n'eurent pas plus de succès et seul l'empereur du Japon sut relever le défi occidental).
Après la Première Guerre mondiale, la Turquie perdit la plupart de ses colonies, ne conservant sur la rive européenne du Bosphore qu'Istamboul et la Thrace orientale (moins d'un dixième de sa population totale).
Moustafa Kémal transféra la capitale d'Istamboul à Ankara, en Anatolie, au cœur de l'Asie mineure, pour renforcer l'identité turque du nouvel État.
Aujourd'hui, le sens commun situe la Turquie en Asie. Asiatiques sont de toute évidence les régions d'Anatolie, de Cappadoce, du Kurdistan, de Cilicie,...
Les organisations internationales comme l'ONU ne s'y trompent pas qui classent dans leurs statistiques et leurs rapports la Turquie en Asie Occidentale, avec l'Arabie, l'Irak, la Syrie ou encore Chypre...
Embrouilles orientales
La confusion sur la place de la Turquie (Orient ? Occident ? ) remonte à un demi-siècle, avec son entrée dans l'OTAN en 1952.
Les Occidentaux l'ont entraînée dans leur alliance militaire afin de mieux surveiller la frontière méridionale de l'URSS et son accès maritime à la Méditerranée.
Ensuite, au nom du même impératif stratégique (consolider le front occidental anti-soviétique), la Turquie a pris place au Conseil de l'Europe, un organisme sans consistance.
En 1963, enfin, elle a fait acte de candidature à la Communauté Économique Européenne, l'ancêtre de l'Union, sans que personne y trouve à redire.
En 1999, quand le Conseil européen a déclaré que «ce pays candidat a vocation à rejoindre l'Union européenne», la présidente du Parlement européen, Nicole Fontaine, s'est publiquement inquiétée que la bureaucratie engage l'Europe sans passer par un débat démocratique.
L'enjeu justifie un tel débat. Avec 70 millions d'habitants aujourd'hui et près d'une centaine au milieu du XXIe siècle, la Turquie pourrait devenir l'État le plus important de l'Union et donc le mieux représenté et le plus écouté.
Vaille que vaille, le débat est aujourd'hui sur la place publique.
Les opposants à l'entrée de la Turquie dans l'Union se recrutent chez les héritiers de la démocratie chrétienne (en France : François Bayrou,...). Ces «européistes» plaident pour une Europe politique robuste et unie par une conscience collective forte; ils considèrent qu'un élargissement à la Turquie viderait de son sens la construction européenne.
Face à eux, on distingue trois courants politiques :
- en premier lieu les «libéraux», qui plaident pour une Union réduite à sa dimension économique; ils se recrutent principalement au Royaume-Uni (en France : Alain Madelin,...);
- en deuxième lieu les «pacifistes» (en France : Michel Rocard,...), qui s'inquiètent du danger islamiste et recommandent de le neutraliser en redoublant d'amabilité à l'égard des États musulmans;
- en troisième lieu, les «souverainistes» (en France : Charles Pasqua,...), qui soutiennent toutes les initiatives propres à affaiblir l'Europe politique.
À ces trois courants, que tout ou presque oppose, s'ajoute un allié de poids : le gouvernement des États-Unis.
Washington encourage avec constance les lobbies européens favorables à la Turquie pour trois motifs :
- éviter qu'émerge une Union européenne fortement intégrée qui porterait ombrage aux États-Unis,
- impliquer les Européens dans les affaires du Moyen-Orient et alléger d'autant le fardeau américain,
- détourner les Turcs des aventures terroristes (*).
Restent les «rêveurs» comme, en France, le socialiste Dominique Strauss-Kahn. Ils conviennent des inconvénients que présente l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne... Mais ils n'excluent pas que celle-ci se réalise dans plusieurs générations, à la faveur d'une réunification du monde méditerranéen comme au temps de l'empire romain !
Les Européens s'apprêtent donc à repousser une nouvelle fois aux calendes... turques (fin 2004) les négociations sur la candidature d'Ankara, avec l'espoir sous-jacent qu'il sera impossible de réunir une majorité qualifiée sur son admission du fait des nouveaux-venus (Pologne, Slovaquie, Lithuanie,...).
Le refus persistant de clarifier le débat indispose autant les citoyens turcs que les citoyens européens; les premiers en les empêchant de se représenter leur avenir (à l'intérieur de l'Europe, à ses côtés... ou contre elle); les seconds en les maintenant dans le flou quant à la définition de l'identité et du projet européens.
L'absence de clarification laisse le champ libre aux groupes de pression qui, des deux côtés de l'Atlantique, veulent saborder l'intégration européenne.
Quant aux «européistes», ils se sont privés du principal argument qui leur eût permis d'écarter avec ménagement la Turquie : la géographie.
En effet, en avalisant la candidature de Chypre en plus de Malte et de huit États d'Europe continentale, Bruxelles a oublié ou feint d'oublier que l'île d'Aphrodite n'est européenne ni par la géographie ni par l'Histoire.
Chypre, située à 85 km de la Syrie et à 400 km des îles les plus orientales de la Grèce, appartient indubitablement au Proche-Orient.
Son Histoire s'apparente à celle des États francs de Palestine issus des Croisades.
Longtemps colonie (*) de Venise, elle est passée sous le joug turc il y a quatre siècles.
Aujourd'hui, divisée entre ses deux communautés hellénophone et turcophone, elle accueille à bras ouverts les capitaux des potentats orientaux ou russes.
L'argument de la culture est fallacieux : si l'on justifie l'entrée de Chypre dans l'Union européenne par le fait que la majorité de sa population est apparentée à la Grèce, il faut dans ce cas se préparer à accueillir aussi le Costa-Rica (hispanique), la Nouvelle-Zélande (britannique), voire l'Argentine (latine) ou le Québec (français) !...
Les Turcs auront beau jeu de faire valoir qu'ils n'ont pas moins de droits que les Chypriotes à devenir Européens.