Bonjour topic. Je pose ça là.
Vous pouvez moletter si c'est trop long ou inintéressant.
2 ans de rupture. Un an qu'il est enfin parti.
J'ai pu refaire le point sur ce qui s'est passé, comment notre relation a dérapé, et surtout me reconstruire.
Cette séparation est probablement une des meilleures choses qui me soit arrivée.
Je n'en voulais pas, je tentais de faire tenir le couple, la famille. C'était une erreur.
Je crois que ça a commencé à vraiment déraper quand il a quitté son emploi et qu'il s'est petit à petit enfoncé dans ses délires ésotériques. J'assumais seule les revenus pour cinq personnes, sur un temps partiel obligatoire pour assurer des soins aux enfants qu'ils refusait de gérer. Plus il parlait d'énergies et plus les gens le fuyaient, mais il persistait à dire que c'était moi qui était repoussante. Ca lui a servi de justification pour ne plus me présenter à ses nouveaux amis. Tous issus du "bien-être", tous plus perchés les uns que les autres. Pendant que je restais seule, épuisée, à gérer les crises des enfants dont aucune prise en charge ne pouvait compenser un environnement inadapté.
Il est devenu strict, colérique. Parfois il avait des lubies, comme celle de nous imposer des repas en silence. Interdire de parler à des enfants pendant le moment qui est pour moi celui du partage...
Aucun soutien, aucun échange, gérer plus encore que si j'avais été solo. Alors j'ai implosé. Et malgré mon burnout, ou plutôt grâce à mon burnout, il a pu démontrer que c'était lui qui faisait tout, que j'étais incapable de quoi que ce soit. Dès le premier jour de mon arrêt de travail, il s'est déchargé d'encore plus de tâches sur moi. J'allais pouvoir garder les enfants pendant qu'il allait à des festivals ou voir sa mère, j'allais pouvoir les récupérer à la sortie de l'école. Tout en gérant mon mi-temps thérapeutique, le ménage, l'administratif, en étant la seule à me lever la nuit aux pleurs des enfants, et en assurant mes soins et les leurs.
Le pire je crois, c'est l'emprise mentale. Je répétais alors qu'il faisait tout, que j'avais de la chance qu'il fasse les courses et les repas alors que j'étais incapable de gérer.
Je continuais de croire que ça allait s'arranger, qu'il n'avait pas pu changer à ce point et que notre situation difficile expliquait ça. Alors quand le petit dernier serait propre, quand il irait à l'école, quand ceci ou cela, ça irait mieux. Et c'est vrai que peu de couples auraient tenu face aux épreuves qui ont été les nôtres. Ni lui ni moi n'étions assez solide pour ça, et nous avons tous les deux nos torts sur certains points.
Puisqu'il se plaignait de l'ambiance à la maison, puisqu'il se plaignait de l'isolement social qui était forcément de ma faute, alors il sortait. Voir des amies. De plus en plus souvent. Jusqu'à me laisser seule 3 soirs par semaine, sans s'inquiéter de mes envies ou de ma santé. Il fallait bien qu'il aille soutenir sa praticienne en libération des mémoires cellulaires qui vivait mal son divorce, pendant qu'on se dirigeait vers le notre. Ne pas l'attendre bien sûr, il risquait de rentrer tard.
Etre poussée à bout jour après jour par les critiques, les remarques, ne jamais avoir droit à une pause, gérer 5 crises autistiques par soir en moyenne, et 4 réveils par nuit, puis reprendre le travail, et s'inquiéter des comptes parce qu'ils ne reposent que sur mes revenus, et ses dépenses.
Devoir insister longuement pour avoir droit à 5 jours de vacances pourries par an dont il fixe le budget, parce que lui n'en éprouve pas le besoin, il se dit très casanier. Il a surtout plusieurs festivals ou voyages par an "pour le boulot" mais qui au mieux s'autofinancent.
Trop écrasées par les tâches, je n'ai pas pu prendre le recul pour m'apercevoir qu'il fallait que tout ça s'arrête.
Pendant plus de 6 ans, je n'ai pas été au cinéma, je n'ai pas mangé dans un restaurant, je n'ai pas eu une soirée en extérieur en couple.
La rupture m'a dévastée au début. Et puis j'ai commencé à voir la situation telle qu'elle était. Pas complètement, d'abord, il a fallut du temps et je n'étais pas libre. Il ne voulait pas que je quitte la maison, il souhaitait un nouveau départ pour lui, ne pas me faire changer mes repères, mais n'avait pas les moyens de ses envies. Alors on a cohabité. J'ai enclenché le divorce, il fallait au moins que je préserve ma situation financière. Il me l'a durement reproché, lui voulait me quitter mais n'avait jamais voulu divorcer, disait-il. Il a inversé la responsabilité même de notre divorce, c'est toujours lui la victime. J'ai tenu bon.
J'ai accepté un accord qui n'était pas vraiment en ma faveur, mais au moins ça a été relativement rapide. J'ai validé la garde alternée parce qu'il m'avait persuadée sur la base de mon burnout que je n'étais pas autonome.
Après le divorce, il est resté plusieurs mois encore. Il disait que les forces supérieures ne lui permettaient pas de partir, qu'ainsi nous pouvions nous rapprocher afin qu'on s'entende bien quand il aurait enfin un logement. Jusqu'au jour où je lui ai dit que ça commençait à être trop long, difficilement supportable. Moins de deux jours après, il était parti. Sans logement fixe, en affirmant que je l'avais mis dehors, sans me dire où étaient les enfants quand c'était sa semaine.
Là j'ai pu vraiment entreprendre de me reconstruire.
J'ai l'impression que c'était dans une autre vie, il y a des années. Ce n'était pas moi, je me suis transformée depuis.
Il reste une étape, importante, c'est de mettre fin à la garde alternée, pour le bien des enfants. J'ai toujours pensé que les parents séparés avaient autant de droits l'un que l'autre, et que la garde alternée était la meilleure solution. Mais ce sont les besoins des enfants qui priment, et j'ai trop de retours extérieurs qui me disent que je dois agir. C'est parti pour une (ultime ?) grosse confrontation avec mon ex. J'ai un peu peur, je crois.