1ère chose: le bouquin est sorti en 1976, donc il fo se replacer dans le contexte = "libération sexuelle", pillule, l'avortement légalisé qq temps après. C'est aussi l'époque des "énervés" de la psychanalyse, pro ou contre. L'époque d'un certain nombre de revendications autour du seske, quoi.
en fait, M.F. dit dans l'intro, "nous autre victoriens":
On est persuadé et on arrète pas de répéter que le sexe a été réprimé par un siècle et demi de bourgeoisie puribonde, et résultat on a pas le droit d'en parler, pas le droit de l'exprimer, pas le droit de le pratiquer. Cé horrib, vite, fo se libérer de ce carcan catastrofic qui nous étouffe, cé a cause de ca que tout le monde est dépressif, etc...
Ce discours repose sur le fait que cette morale sexuelle rétro se serait imposée au XIXè siècle à partir du modèle de la bourgeoisie capitaliste qui se crée à l'époque et qui ne voit dans la sexualité que le but de procréation, la reproduction des forces de travail. C'est dans l'Angleterre, sous le reigne de la reine Victoria que se serait exprimé avec le plus de force cette morale, d'ou le titre de l'intro.
Freud est le grand libérateur qui vient dire que non, la sexualité ne se limite pas à a procréation, elle est le fondement même de la vie psychique des individus. Ce n'est que dans les années 50-60 que son messsage est enfin relayé par les Reich et autres avant qu'il ne s'impose comme mouvement social de contestaion.
Alors Foucault renverse la question.
Il dit exactement (enfin je crois pas mot à mot, mais presq): Ma question n'est pas de savoir pourquoi le sexe est réprimé, mais pourquoi nous besoin de répéter avec autant d'acharnement que le sexe est réprimé?
et si finalement ce fameux mouvement de pudibonderie et le discours qui cherche prétendument à nous sortir de cette pudibonderie ne relevaient pas d'une "souche" commune, d'une représentation de ce qu'est la sexualité qui reste la même?
Et si Freud et les "victoriens" n'avaient pas en tête un modèle identique, reposant sur la même logique - même s'ils en tirent des conclusions opposées?
Alors je vais pas casser le suspens en vous racontant la fin du bouq1, mais vous aurez deviné qu'il pense qu'en effet tout ca reste sur la même représentation et qu'il essaye d'en démonter les mécanismes. Juste pour qu'on en prenne conscience, il ne s'agit pas forcément de dire c'est bien ou c'est mal, c'est une "histoire" de la sexualité, pas un jugement des différentes positions face à elle.
Pour moi ca a été un choc, pasq ce livre m'a appris ce que c'est d'essayer de penser, et de sortir des lieux communs. Ptet aussi pasq ca rencontrait certaines questions que je me posais à l'époque ou je l'ai lu...
Et puis je trouve ses conclusions - que vous n'aurez qu'en lisant le livre! - baucoup plus libératrices que le discours néo68. Mais c'est peut-être très perso?...
Disons que c'est un livre qui esaye d'interroger ce a partir de quoi nous pensons, les représentations (+ ou - commune au niveau d'une époque) à partir desquelles nous construisons nos discours conscient. Ca a été la problématique de Foucault pendant pas mal d'années de sa vie, d'après ce que j'ai compris, qui a été l'objet de pas mal de ses livres.
Perso, je trouve ca très fort comme méthode, même si je n'adhère pas forcémment à toutes ses conclusions - et même si je n'ai pas tout compris, pasq c'est quand même assez balèze parfois... Enfin "la volonté de savoir" se lit assez bien, je trouve, et il est tellement riche qu'a chaque fois que je le relis, j'y découvre quelque chose de nouveau.
Ce gars la a été l'un de ceux qui m'ont le plus marqué.
P.S. Pour ceux qui auraient pas bien compris, pas la peine de lire ce livre en espérant avoir une histoire des pratiques sexuelles pour vous inspirer, hein, vous seriez vachement déçus!
P.S.2 ché pas si jé été très clair?... Désolé sinon, mais alors raison de plus pour lire le livre qui est un vrai bonheur au niveau du style.