Oui, tiens : pourquoi pas ? Car la technique est simple, les résultats sont immédiats et tout le monde a goûté, goûte ou goûtera à ces plaisirs solitaires. Alors pourquoi fait il que pèse sur cette technique vieille comme le monde et les hommes un tel poids de culpabilité, une telle charge culturelle et sociale ? Comment justifier l'arsenal répressif qui entour la masturbation ? En fait, elle ne devrait aucunement gêner puisqu'entre le producteur et le consommateur, on imagine mal la possibilité d'un conflit, d'un désaccord ou d'un malentenu.
Le plaisir à portée de la main.
Onân passe pour avoir inventé la chose - du moins su l'on en croit la Bible ( Genèse, XXXVIII, 6 ) - un jour que Dieu lui intima l'ordre de donner des enfants à sa belle-soeur veuve depuis peu. La loi était ainsi, à l'époque : quand une femme perdait son mari et demeurait sans descendance, le frère du défunt assurait la besogne et faisait des enfants qui héritaient de la fortune de son frère décédé. Pour éviter d'engendrer au compte de sa belle-soeur, Onân s'est masturbé avant de rendre visite à l'épouse dans l'attente. Dieu qui n'aime pas beaucoup qu'on se moque de lui, encore moins qu'on ne lui obéisse pas, pire qu'on pense d'abord à soi, et pas du tout à la famille, au lignage, a maudit Onân, puis l'a tué. Pour caractériser le passe-temps de Onân, on parle depuis d'onanisme.
La psychanalyse a prouvé combien la masturbation est naturelle. Les ethologues montrent que dans le ventre maternel, les enfants pratiquent des mouvements destinés à leur procurer du plaisir. Très tôt, donc, et selon l'ordre de la nature, l'être humain se donne du plaisir dans la plus absolue des innoncences. Plus tard, au fur et à mesure que l'enfant grandit, les parents socialisent leur progéniture et la contraignent dans le moule de la société. On enseigne alors que la masturbation n'est pas une bonne chose, plus ou moins nettement, plus ou moins viollement, avec une relative douceur dans la meilleure des hypothèses ( des parents doux et prévenants à, une violence castratrice dans la pire ( des parents agressifs et sans délicatesse ). Nous avons tous été détournés culturellement de ce mouvement naturel par des adultes qui ont renvoyé cette pratique soit au geste intime et secret, soit à la pratique couple et dangereuse, fautive et pécheresse.
Car la masturbation est naturelle et sa répression culturelle : l'Eglise, très tôt, condamne cette pratique qui la gêne. L(histoire d'Onân qui déplaît à Dieu se réutilise pour les besoins des siècles qui passent, on associe l'onanisme à la faute de confesser, puis à expier, on le met en perspective avec le mensonge, la dissimulation, la maladie, la perversion, on l'associe à une négativité dommageable, de sorte que, l'envie apparaissant, on l'écarte tout de suite par crainte de commetre un péché. La science prend le relais plus tard, les hygiénistes en particulier qui associent le plaisir solitaire et la désintégration de l'équilibre nerveux, psychique et physique ! Les prêtres menaçaient les masturbateurs de l'Enfer, les médecins de débilité physiologique et mentale : ils promettaient les pires maladies aux accros de cette douceur. Pour quelles raisons la masturbation naturelle et régulatrice d'une sexualité qui ne trouve d'autres formes que dans l'instant devient-elle une faute à payer ou une pratique déshonorante, inaouable et inavouée, bien que chacun y recoure de temps en temps ou régulièrement ? Parce que la civilsation se construit sur la répression des pulsions naturelles, elle les détourne, les utilise à d'autres fins que la satisfaction individuelle, pour le plus grand profit des activités culturelles et de civilisation. Un onaniste est un improductif social, un solitaire intéréssé par sa seule jouissance, sans soucie de donner à sa pulsion une forme socialement reconnue et acceptable, à savoir la génitalité ( le rapport sexuel réduit au contact des organes génitaux ) dans une histoire hétérosexuelle ( un homme avec une femme ), monigame ( un partenaire, pas deux ) qui vise la famile, le foyer, la procréation.
Remboursée par la sécurité sociale ?
Des philosophes se dressent - si l'on peut dire " contre cet ordre des choses : ce sont les Cyniques grecs ( Diogène de Sinope, Cratès ou Hipparchia, une des rares femmes dans cette activité essentiellement masculine ). Ils agissent, enseignent et professent à Athène., au IVe siècle avant JC.
Leur modèle ? Le chien, car il aboie contre les puissants, mord les importants et ne reconnaît d'autre autorité que celle de la Nature, à rester au plus proche d'elle. D'où leur décision d'imiter le chien ( ou d'autres animaux qu'ils affectionnent tout particulièrement : souris, grenouille, poisson, coq ou hareng traîné au bout d'une ficelle ... ).
Diogène ne voit pas pour quelles raisons s'interdire ce qui fait du bien et ne nuit pas à autrui, ou cacher ce que chacun pratique dans l'intimité de sa maison. Si la nature propose, la culture permet de disposer : et pourquoi devrait-on toujours aller dans le sens de la répression, de la culpabilisation ? Pourquoi ne pas accepter culturellement la nature et ce qu'elle invite à faire, puisqu'il n'en faut craindre aucun dommage ?
( extrait d'un article du livre Antimanuel de Philosophie de Michel Onfray )
je n'ai pas vraiment le courage de vous retapper la suite, mais c'est très intéressant en tout cas.
http://pratiquesphilo.free.fr/contribu/contrib28.htm
Un petit manuel avec des questions sur le monde contemporain, ponctué de textes à connaître. Un livre qui transfigure les contraientes du programme scolaire, bref le livre que je vais lire cet été, avant ma rentrée en Termminale !
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je suis enfermée dans l'illusion