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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
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1.  "La république" de Platon
 
 
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2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
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3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
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4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
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5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
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6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
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7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
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8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
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9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
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10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°25433890
rahsaan
Posté le 05-02-2011 à 14:09:53  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
A propos de la morale des esclaves et de la morale des maîtres chez Nietzsche
 
Parmi les thèses les plus connues de Niezsche figure en bonne place celle d'une opposition entre deux types de morale : la morale actuelle, dite judéo-chrétienne, assimilée par N à une morale d'esclaves, née du ressentiment des basses castes, des réprouvés. Cette morale s'incarne dans la figure du prêtre, manipulateur cynique, pervers, qui inculque la mauvaise conscience au troupeau des fidèles pour mieux les dominer.  
Cette morale, selon N, n'est pas une création affirmatrice, saine, car elle ne naît qu'en réaction à la morale des maîtres, qui est celle des aristocraties guerrières, fondatrices d'Etats.  
L'opposition de ces deux morales se joue autour de leur degré d'approbation à la vie : là où la morale des maîtres est une expression de leur puissance vitale, du sain épanchement de leurs forces, la morale des esclaves se traduit en impératifs moraux et en doctrines valorisant les faibles, incapables d'agir, de commander, de créer, d'aimer.
 
N nous dresse donc un tableau pour le moins violent et cruel des fondateurs de morale : d'un côté, des brutes conquérantes n'ayant aucune retenue dans l'usage de leur pouvoir et asservissant des peuples plus faibles, les pliant à leur tyrannie avec la complète bonne conscience d'un artiste modelant un matériau brut. De l'autre, des vaincus, des hommes mesquins, habitués à la servitude, incapables de se maîtriser eux-mêmes et en voulant aux maîtres d'être les maîtres, inventant par conséquent un moyen de saper cette force conquérante : le poison du ressentiment, du remords, qui déprime, paralyse, et aboutit à un épuisement misérable de ses victimes.  
Les systèmes de valeurs morales auraient donc deux origines : soit une barbarie de conquérants, soit la perversité de vaincus.  
 
Cette thèse soulève plusieurs objections : Nietzsche ne fait-il pas purement et simplement l'apologie du droit du plus fort ? Mais dans ce cas, s'il faut bénir la morale du vainqueur, pourquoi ne pas féliciter la morale des esclaves, le judéo-christianisme, de l'avoir finalement emporté sur le paganisme -puisque c'est bien ce qui a eu lieu ? N'est-ce pas une bonne chose que d'avoir réussi à défendre les faibles contre la brutalité arbitraire, destructrice, de peuples sanguinaires ?  
Ensuite, d'un point de vue plus abstrait, on sait que Nietzsche n'a cessé de faire la chasse au dualisme, de critiquer ces oppositions posées comme absolues entre des perspectives qui seraient pour lui, relatives les unes aux autres (l'erreur n'est pas le contraire de la vérité, l'apparence pas le contraire du réel...). Or, avec cette thèse sur l'origine de la morale, N n'a-t-il pas réintroduit un dualiste extrêmement rigide ? Bergson reproche ainsi à Nietzsche d'avoir séparé les hommes en maîtres et en esclaves.  
 
La généalogie de la morale nietzschéenne aurait ainsi deux défauts : 1) elle aboutit à une opposition binaire, caricaturale entre deux systèmes de valeurs inconciliables. 2) Elle condamne les valeurs humanitaires au nom du droit naturel qu'a la force de régner sans justification. Avec Nietzsche, nous serions donc conduits, sinon à la barbarie primitive, du moins au règne d'un individualisme inhumain, où les médiocres ne serviraient que d'instruments entre les mains de conquérants, de maîtres du monde impitoyables envers la faiblesse.  
 
 
1) Il faut répondre d'une part que pour N, ces deux types de morale ne se présentent jamais à l'état pur. Les textes du Gai savoir et de Par delà bien et mal qui annoncent les développements de la Généalogie de la morale sont clairs sur ce point : ces deux types d'appréciations morales se trouvent le plus souvent mélangés en nous, aussi bien au niveau individuel que collectif. Dès lors, nous sommes autant héritiers des "esclaves" que des "maîtres". Que ce mélange entre des valeurs d'origines opposées aboutisse ou non à un système de valeur cohérent, c'est un autre problème. De fait, notre morale repose sur cet étrange composé de valorisation de la force et de la domination, des individus libres, et aussi de valorisation de la pitié, de défense des pauvres, des dominés, du groupe contre les forts etc.  
C'est un argument de fait.  
 
2) Plus pertinent est un argument portant sur la nature même des rapports entre "maîtres" et "esclaves". Il peut sembler que N valorise les premiers au détriment des seconds, et ceci sans aucune nuance.  
Il est vrai que N n'a de cesse de dénoncer le ressentiment, les mensonges et le fanatisme des prêtres, des pervers de toute espèce. En cela, sa condamnation du danger judéo-chrétien est sans appel.  
Par contre, quand on se tourne vers sa description des "maîtres", il n'est pas si certain que son approbation soit sans limite... Si on y regarde bien, ces "aristocrates" sont tout de même des brutes, des forces de la nature, certes, mais d'une stupidité confondante. En effet, ils ne voient pas venir le danger représenté par les "esclaves", et finissent par y céder, comme des colosses aux pieds d'argile.  
Sont-ils donc si forts, ces forts qui cèdent aux faibles ?  
 
Le renversement qui finit par se produire ressemble fort à un pastiche de Hegel : tandis que les forts, assurés de leur domination, dominaient tranquillement, les esclaves ne se sont pas reposés ! Incapables de supporter leur servitude, ils ont inventé des moyens de se libérer -ce qui est en soi une force ! Ils ont donc dû devenir rusés, c'est à dire plus intelligents que leurs maîtres -là encore, c'est une force. Et le système de domination brutale, directe, naïve, n'a pas résisté au lent et souterrain travail de sape de la morale chrétienne.  
Qui est donc le plus fort au bout du compte ?...  
Il est donc manifeste que N se moque aussi de ces barbares sans esprit, aveugles devant ce danger caché (le soulèvement des esclaves par voies détournées), qui finit par causer leur perte.  
C'est pourquoi N doit reconnaître que les tortures mentales, les cruautés, tourments et autres techniques d'asservissement mises en place par le prêtre chrétienne, finissent par obliger les hommes à avoir plus d'esprit. Même le charbonnier ou le paysan le plus rustre est mis face à des mystères insondables (la Trinité), des questions existentielles (le salut de l'âme), des problèmes incompréhensibles (la transsubstantiation), des obligations (les rituels, les interdits)... L'humanité se trouve éduquée par ce système de valeurs, par elles-mêmes morbides, et ces spéculations, en soi délirantes, sur l'au-delà, la résurrection, les fautes, les pénitences...
 
3) Avec le christianisme s'impose donc une spiritualité profonde, qui asservit les hommes mais affine leurs esprits, les confronte à quelque chose de surhumain en l'homme (le divin) -autant de choses inconnues dans les religions païennes. Là où les "maîtres" imposaient le règne de la force, c'est l'esprit, sous forme de ruse, de pratiques raffinées de manipulation, qui trouvent une expression "sublimée" dans la théologie et ses spéculations, qui prend le dessus.  
 
2) Aussi, l'analyse nietzschéenne n'est-elle pas une apologie de la force. Divers posthumes en attestent. N ne célèbre jamais la force pour elle-même, mais la force en tant qu'elle aboutit à plus qu'elle-même, à la domination sur soi, qui est la forme la plus haute de volonté de puissance. Même la force peut se surmonter, s'affiner, se "spiritualiser" : N recherche ces occasions où a eu lieu un mariage entre la force et la raison, les instincts de domination et des instincts, qu'on peut dire esthétiques, d'embellissement et d'affinement de la vie. Sans le savoir, le christianisme a participé à ce dépassement de la force, mais par une négation brutale de la force. Le christianisme a en ce sens manqué d'esprit, car il a voulu détruire purement et simplement la force des hommes supérieurs. Par là, il a jeté l'opprobre sur certaines potentialités humaines, mais il a créé à son tour certaines "hommes supérieurs" (les mystiques, les saints), qu'il a pris pour des représentants de Dieu sur terre.  
 
Ce que découvre N par la généalogie, ce sont les rapports complexes entre la force et l'esprit, entre ces deux formes de volonté de puissance : si la force finit toujours par s'imposer, d'une façon ou d'une autre (païenne ou chrétienne), la victoire de l'esprit par et grâce à la force est bien plus rare. Or, les maîtres ne sont pas grands parce qu'ils dominent et tyrannisent, mais parce qu'un surcroît de puissance leur permet de créer un système de valeurs qui s'impose sur la durée et donne vie et forme à l'existence humaine. De même, si la vengeance du prêtre est effrayante de cruauté, il faut rester attentif à que, lui aussi, joue le jeu de la volonté de puissance, et qu'il fraye la voie, sans bien en avoir conscience, à une forme de vie plus spirituelle.  
L’ambiguïté de la ruse selon N est donc d'être un instrument des faibles (Ulysse contre les dieux), d'affaiblir les instincts fondamentaux en jouant à diviser la force, mais aussi, par cette manipulation, d'affiner ces instincts, de les travailler et d'élever l'homme au-dessus de la lourdeur et de la bêtise où le maintiennent ses pulsions les plus "brutes".  
 
N ne souhaite donc pas reproduire l'erreur du christianisme, qui a voulu anéantir ce qui venait avant lui. C'est pourquoi il peut dire dans l'Antéchrist qu'il veut que l'Eglise perdure, comme adversaire à combattre contre lequel il faudra sans cesse accroître ses forces et tester son esprit. Par ailleurs, N ne défend pas une vision dualiste de la volonté de puissance (l'esprit contre la force) mais montre bien qu'il n'y a que des processus, très longs et souvent discrets, de spiritualisation et de sublimations, Il découvre ces moments où la puissance fait preuve d'esprit, nouant une union au premier abord surprenante avec son ennemi. Mais le monde de la volonté de puissance n'est que cet ensemble de tendances et de compositions de tendances : aucune organisation n'y est définitive, aucune alliance perpétuelle, et nous n'y sommes jamais à l'abri d'une surprise.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 05-02-2011 à 14:11:38

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
mood
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Posté le 05-02-2011 à 14:09:53  profilanswer
 

n°25438635
topro
Posté le 06-02-2011 à 06:53:21  profilanswer
 

Pensez vous que Nietzsche est hédoniste ou épicurien d'une certaine façon ? Parce que le vitalisme qu'il professe conduit forcément à l'affirmation de l'instinct, du goût au plaisir de la vie.  
 
Les religions sont d'ailleurs anti-hédonistes vu qu'elles nient le plaisir du corps et de la vie en générale, et c'est pour cela que Nietzche les combat de manière féroce. Je me trompe ?  
 
je sais que c'est pas l'unique raison et que la pensée nietzschéenne est très nuancée et complexe mais je voudrais savoir si cette grille de lecture tient la route.

Message cité 2 fois
Message édité par topro le 06-02-2011 à 06:53:38
n°25438645
Wotton
Grumpy young guy
Posté le 06-02-2011 à 07:11:36  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

A propos de la morale des esclaves et de la morale des maîtres chez Nietzsche
 
Parmi les thèses les plus connues de Niezsche figure en bonne place celle d'une opposition entre deux types de morale : la morale actuelle, dite judéo-chrétienne, assimilée par N à une morale d'esclaves, née du ressentiment des basses castes, des réprouvés. Cette morale s'incarne dans la figure du prêtre, manipulateur cynique, pervers, qui inculque la mauvaise conscience au troupeau des fidèles pour mieux les dominer.  
Cette morale, selon N, n'est pas une création affirmatrice, saine, car elle ne naît qu'en réaction à la morale des maîtres, qui est celle des aristocraties guerrières, fondatrices d'Etats.  
L'opposition de ces deux morales se joue autour de leur degré d'approbation à la vie : là où la morale des maîtres est une expression de leur puissance vitale, du sain épanchement de leurs forces, la morale des esclaves se traduit en impératifs moraux et en doctrines valorisant les faibles, incapables d'agir, de commander, de créer, d'aimer.
 
N nous dresse donc un tableau pour le moins violent et cruel des fondateurs de morale : d'un côté, des brutes conquérantes n'ayant aucune retenue dans l'usage de leur pouvoir et asservissant des peuples plus faibles, les pliant à leur tyrannie avec la complète bonne conscience d'un artiste modelant un matériau brut. De l'autre, des vaincus, des hommes mesquins, habitués à la servitude, incapables de se maîtriser eux-mêmes et en voulant aux maîtres d'être les maîtres, inventant par conséquent un moyen de saper cette force conquérante : le poison du ressentiment, du remords, qui déprime, paralyse, et aboutit à un épuisement misérable de ses victimes.  
Les systèmes de valeurs morales auraient donc deux origines : soit une barbarie de conquérants, soit la perversité de vaincus.  
 
Cette thèse soulève plusieurs objections : Nietzsche ne fait-il pas purement et simplement l'apologie du droit du plus fort ? Mais dans ce cas, s'il faut bénir la morale du vainqueur, pourquoi ne pas féliciter la morale des esclaves, le judéo-christianisme, de l'avoir finalement emporté sur le paganisme -puisque c'est bien ce qui a eu lieu ? N'est-ce pas une bonne chose que d'avoir réussi à défendre les faibles contre la brutalité arbitraire, destructrice, de peuples sanguinaires ?  
Ensuite, d'un point de vue plus abstrait, on sait que Nietzsche n'a cessé de faire la chasse au dualisme, de critiquer ces oppositions posées comme absolues entre des perspectives qui seraient pour lui, relatives les unes aux autres (l'erreur n'est pas le contraire de la vérité, l'apparence pas le contraire du réel...). Or, avec cette thèse sur l'origine de la morale, N n'a-t-il pas réintroduit un dualiste extrêmement rigide ? Bergson reproche ainsi à Nietzsche d'avoir séparé les hommes en maîtres et en esclaves.  
 
La généalogie de la morale nietzschéenne aurait ainsi deux défauts : 1) elle aboutit à une opposition binaire, caricaturale entre deux systèmes de valeurs inconciliables. 2) Elle condamne les valeurs humanitaires au nom du droit naturel qu'a la force de régner sans justification. Avec Nietzsche, nous serions donc conduits, sinon à la barbarie primitive, du moins au règne d'un individualisme inhumain, où les médiocres ne serviraient que d'instruments entre les mains de conquérants, de maîtres du monde impitoyables envers la faiblesse.  
 
 
1) Il faut répondre d'une part que pour N, ces deux types de morale ne se présentent jamais à l'état pur. Les textes du Gai savoir et de Par delà bien et mal qui annoncent les développements de la Généalogie de la morale sont clairs sur ce point : ces deux types d'appréciations morales se trouvent le plus souvent mélangés en nous, aussi bien au niveau individuel que collectif. Dès lors, nous sommes autant héritiers des "esclaves" que des "maîtres". Que ce mélange entre des valeurs d'origines opposées aboutisse ou non à un système de valeur cohérent, c'est un autre problème. De fait, notre morale repose sur cet étrange composé de valorisation de la force et de la domination, des individus libres, et aussi de valorisation de la pitié, de défense des pauvres, des dominés, du groupe contre les forts etc.  
C'est un argument de fait.  
 
2) Plus pertinent est un argument portant sur la nature même des rapports entre "maîtres" et "esclaves". Il peut sembler que N valorise les premiers au détriment des seconds, et ceci sans aucune nuance.  
Il est vrai que N n'a de cesse de dénoncer le ressentiment, les mensonges et le fanatisme des prêtres, des pervers de toute espèce. En cela, sa condamnation du danger judéo-chrétien est sans appel.  
Par contre, quand on se tourne vers sa description des "maîtres", il n'est pas si certain que son approbation soit sans limite... Si on y regarde bien, ces "aristocrates" sont tout de même des brutes, des forces de la nature, certes, mais d'une stupidité confondante. En effet, ils ne voient pas venir le danger représenté par les "esclaves", et finissent par y céder, comme des colosses aux pieds d'argile.  
Sont-ils donc si forts, ces forts qui cèdent aux faibles ?  
 
Le renversement qui finit par se produire ressemble fort à un pastiche de Hegel : tandis que les forts, assurés de leur domination, dominaient tranquillement, les esclaves ne se sont pas reposés ! Incapables de supporter leur servitude, ils ont inventé des moyens de se libérer -ce qui est en soi une force ! Ils ont donc dû devenir rusés, c'est à dire plus intelligents que leurs maîtres -là encore, c'est une force. Et le système de domination brutale, directe, naïve, n'a pas résisté au lent et souterrain travail de sape de la morale chrétienne.  
Qui est donc le plus fort au bout du compte ?...  
Il est donc manifeste que N se moque aussi de ces barbares sans esprit, aveugles devant ce danger caché (le soulèvement des esclaves par voies détournées), qui finit par causer leur perte.  
C'est pourquoi N doit reconnaître que les tortures mentales, les cruautés, tourments et autres techniques d'asservissement mises en place par le prêtre chrétienne, finissent par obliger les hommes à avoir plus d'esprit. Même le charbonnier ou le paysan le plus rustre est mis face à des mystères insondables (la Trinité), des questions existentielles (le salut de l'âme), des problèmes incompréhensibles (la transsubstantiation), des obligations (les rituels, les interdits)... L'humanité se trouve éduquée par ce système de valeurs, par elles-mêmes morbides, et ces spéculations, en soi délirantes, sur l'au-delà, la résurrection, les fautes, les pénitences...
 
3) Avec le christianisme s'impose donc une spiritualité profonde, qui asservit les hommes mais affine leurs esprits, les confronte à quelque chose de surhumain en l'homme (le divin) -autant de choses inconnues dans les religions païennes. Là où les "maîtres" imposaient le règne de la force, c'est l'esprit, sous forme de ruse, de pratiques raffinées de manipulation, qui trouvent une expression "sublimée" dans la théologie et ses spéculations, qui prend le dessus.  
 
2) Aussi, l'analyse nietzschéenne n'est-elle pas une apologie de la force. Divers posthumes en attestent. N ne célèbre jamais la force pour elle-même, mais la force en tant qu'elle aboutit à plus qu'elle-même, à la domination sur soi, qui est la forme la plus haute de volonté de puissance. Même la force peut se surmonter, s'affiner, se "spiritualiser" : N recherche ces occasions où a eu lieu un mariage entre la force et la raison, les instincts de domination et des instincts, qu'on peut dire esthétiques, d'embellissement et d'affinement de la vie. Sans le savoir, le christianisme a participé à ce dépassement de la force, mais par une négation brutale de la force. Le christianisme a en ce sens manqué d'esprit, car il a voulu détruire purement et simplement la force des hommes supérieurs. Par là, il a jeté l'opprobre sur certaines potentialités humaines, mais il a créé à son tour certaines "hommes supérieurs" (les mystiques, les saints), qu'il a pris pour des représentants de Dieu sur terre.  
 
Ce que découvre N par la généalogie, ce sont les rapports complexes entre la force et l'esprit, entre ces deux formes de volonté de puissance : si la force finit toujours par s'imposer, d'une façon ou d'une autre (païenne ou chrétienne), la victoire de l'esprit par et grâce à la force est bien plus rare. Or, les maîtres ne sont pas grands parce qu'ils dominent et tyrannisent, mais parce qu'un surcroît de puissance leur permet de créer un système de valeurs qui s'impose sur la durée et donne vie et forme à l'existence humaine. De même, si la vengeance du prêtre est effrayante de cruauté, il faut rester attentif à que, lui aussi, joue le jeu de la volonté de puissance, et qu'il fraye la voie, sans bien en avoir conscience, à une forme de vie plus spirituelle.  
L’ambiguïté de la ruse selon N est donc d'être un instrument des faibles (Ulysse contre les dieux), d'affaiblir les instincts fondamentaux en jouant à diviser la force, mais aussi, par cette manipulation, d'affiner ces instincts, de les travailler et d'élever l'homme au-dessus de la lourdeur et de la bêtise où le maintiennent ses pulsions les plus "brutes".  
 
N ne souhaite donc pas reproduire l'erreur du christianisme, qui a voulu anéantir ce qui venait avant lui. C'est pourquoi il peut dire dans l'Antéchrist qu'il veut que l'Eglise perdure, comme adversaire à combattre contre lequel il faudra sans cesse accroître ses forces et tester son esprit. Par ailleurs, N ne défend pas une vision dualiste de la volonté de puissance (l'esprit contre la force) mais montre bien qu'il n'y a que des processus, très longs et souvent discrets, de spiritualisation et de sublimations, Il découvre ces moments où la puissance fait preuve d'esprit, nouant une union au premier abord surprenante avec son ennemi. Mais le monde de la volonté de puissance n'est que cet ensemble de tendances et de compositions de tendances : aucune organisation n'y est définitive, aucune alliance perpétuelle, et nous n'y sommes jamais à l'abri d'une surprise.


 
Perspective intéressante. Je présenterais plus le choses comme ça, un peu en synthétisant Deleuze d'ailleurs( synthétiser un tel livre comme ça c'est présomptueux  :o ):
 
Pour N, il y a eu une sorte d'état de nature, un truc qui est évidemment imaginaire où il y aurait des maitres et des esclaves. Les maitres sont de l'ordre des forces actives, les esclaves des forces réactives. Mais en réalité les forces réactives, comme elles séparent les forces actives de ce qu'elles peuvent donc font des maitres des gens qui font eux aussi rejoindre le coté réactif. Pour N, en chaque homme, qu'il soit maitre, esclave, ou encore indéfini il y a déjà la maladie du nihilisme qui est prête à sévir, il n'y a pas d'alternative (d'ailleurs Napoléon, un temps surhomme pour N ou tout du moins homme tragique finit par tomber ans le réactif en 1807), tu n'y échapperas pas. Du coup tenter de reproduire ce dualisme est débile, l'humanité est déjà bien trop avancé dans le nihilisme et ce n'est même pas souhaitable car nous tomberions à nouveau dans le nihilisme. Il faut donc faire la double transmutation des valeurs etc... pour dépasser l'humain. Remarquons aussi que l'homme tragique (celui qui s'approche du surhomme dans le monde réel cf 1ere partie de Deleuze) n'est pas vraiment dans ce registre de la loi du plus fort, il est juste dans l'amor fati et une tentative d'authenticité et d'affirmation de la vie, mais il ne tient pas compte d'autrui dans cette démarche...
 
Par ailleurs en parlant de perspective intéressante sur N, il y a un cours de Badiou sur le sujet que je suis en train de lire, il y a des idées assez fortes et amenées de façon je trouve assez nouvelle:
 
http://www.scribd.com/doc/16143358/Badiou-Nietzsche
 
Quelqu'un l'a déjà lu? Des avis?

n°25438757
rahsaan
Posté le 06-02-2011 à 09:31:29  profilanswer
 

topro a écrit :

Pensez vous que Nietzsche est hédoniste ou épicurien d'une certaine façon ? Parce que le vitalisme qu'il professe conduit forcément à l'affirmation de l'instinct, du goût au plaisir de la vie.  
 
Les religions sont d'ailleurs anti-hédonistes vu qu'elles nient le plaisir du corps et de la vie en générale, et c'est pour cela que Nietzche les combat de manière féroce. Je me trompe ?  
 
je sais que c'est pas l'unique raison et que la pensée nietzschéenne est très nuancée et complexe mais je voudrais savoir si cette grille de lecture tient la route.


 
"Michel Onfray,sors de ce message !"
 
http://static.blogstorage.hi-pi.com/photos/cyrus.musicblog.fr/images/gd/1219170014/MICHEL-ONFRAY-6EME-ANNeE.jpg
 
 
 :D  
 
 
Blague à part, oui, c'est une lecture qui se tient.  


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°25438764
rahsaan
Posté le 06-02-2011 à 09:36:24  profilanswer
 


 
Non, pas lu.  
 
 
"6e cours :  
rappel : les 6 propositions ontologiques anti-philosophiques de Nietzsche
les 6 énoncés ontologiques philosophiques d'Alain Badiou"
 
 :lol:  
 


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°25438819
plook
Good news everyone!
Posté le 06-02-2011 à 10:00:50  profilanswer
 

Quelques articles, notamment sur Nietzsche pour ceux que ça intéresse. :)

n°25440585
topro
Posté le 06-02-2011 à 15:38:43  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
"Michel Onfray,sors de ce message !"
 
http://static.blogstorage.hi-pi.co [...] -ANNeE.jpg
 
 
 :D  
 
 
Blague à part, oui, c'est une lecture qui se tient.  


 
J'aime pas spécialement Onfray, et ma conclusion ne s'inspire nullement de ses bouquins (que je trouve insultants à la philosophie en général).
 
Je voulais juste résumer la pensée nietzschéenne en quelques phrases de façon simpliste, et voir si cette interprétation tient la route.

n°25441222
bronislas
Posté le 06-02-2011 à 17:17:51  profilanswer
 

topro a écrit :

Pensez vous que Nietzsche est hédoniste ou épicurien d'une certaine façon ? Parce que le vitalisme qu'il professe conduit forcément à l'affirmation de l'instinct, du goût au plaisir de la vie.  
 
Les religions sont d'ailleurs anti-hédonistes vu qu'elles nient le plaisir du corps et de la vie en générale, et c'est pour cela que Nietzche les combat de manière féroce. Je me trompe ?  
 
je sais que c'est pas l'unique raison et que la pensée nietzschéenne est très nuancée et complexe mais je voudrais savoir si cette grille de lecture tient la route.


 
Je pense que chez Nietzsche, il y a l'idée que l'affirmation de l'instinct ne se fait pas sans tension. Elle est la marque d'une volonté de se "dompter" à tout instant et de se donner une direction à suivre. Elle s'oppose à l'hédonisme qui, chez lui, est l'abandon, l'absence de cette volonté au profit de la recherche d'un plaisir temporaire. Elle est ce qui distingue le surhomme, maître de lui-même, du dernier homme, qui cède au désir d'assouvir son plaisir.
 
Ce que je dis est trop léger et insuffisamment rigoureux, mais je suis sûr qu'il y a des participants qui pourront t'éclairer bien mieux que moi.


---------------
Librarything|Last.fm|RYM
n°25485466
rahsaan
Posté le 10-02-2011 à 15:01:16  profilanswer
 

Nietzsche était-il bien, comme il l'a dit un jour, le "Bouddha de l'Europe" ?  
La philosophie de la volonté de puissance est-elle comparable à la sagesse zen ? L'auteur du Zarathoustra a-t-il pensé une voie d'Eveil semblable à celle de maître Dôgen ?
La vie est-elle un rêve ?...
 
Un bon livre de Yannis Constantidinès, Nietzsche l'Eveillé, clair, vivant, dont je propose un compte-rendu :  
 
http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article279


Message édité par rahsaan le 10-02-2011 à 15:34:30

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°25492580
topro
Posté le 11-02-2011 à 02:21:48  profilanswer
 

Nietzsche et Marx sont vraiment les plus grands visionnaires de l'histoire. Franchement, leur œuvres respectives sont criants de vérité. ça fout même la déprime en les lisant.

mood
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Posté le 11-02-2011 à 02:21:48  profilanswer
 

n°25492617
zono
Punisher
Posté le 11-02-2011 à 02:38:33  profilanswer
 

topro a écrit :

Nietzsche et Marx sont vraiment les plus grands visionnaires de l'histoire. Franchement, leur œuvres respectives sont criants de vérité. ça fout même la déprime en les lisant.


 
N'importe quoi.

n°25492659
topro
Posté le 11-02-2011 à 02:44:59  profilanswer
 

zono a écrit :


 
N'importe quoi.


 
 
Tu les as lu avant de te la ramener avec ton post à 2 balles ?
 
Tu sais c'est quoi "un point de vue" ?

n°25493604
Wotton
Grumpy young guy
Posté le 11-02-2011 à 08:03:55  profilanswer
 

Je serais surtout curieux de voir comment tu peux lier les deux pour en faire deux faces d'une vision commune sans trembler des genoux parce que Marx dans mon esprit représente le ressentiment à son paroxysme. Tu énonces quelque chose c'est à toi de l'étayer.

n°25493849
rahsaan
Posté le 11-02-2011 à 09:04:47  profilanswer
 

Il y a un spécialiste de Marx, Henri Lefebvre qui avait déjà fait des rapprochements. Autour du surhumain notamment : l'homme total de l'avenir, par opposition à l'homme fragmentaire issu de la division du travail.
 

topro a écrit :

Nietzsche et Marx sont vraiment les plus grands visionnaires de l'histoire. Franchement, leur œuvres respectives sont criants de vérité. ça fout même la déprime en les lisant.


 
Je suis d'accord, à condition de préciser qu'être visionnaire, ce n'est pas être un oracle. Ce n'est pas prédire l'avenir, c'est simplement avoir une vision du présent, de leur présent, qui est encore largement le nôtre.  
Ils ont chacun produit une cassure irréparable dans la façon de faire de la philosophie et d'interroger la pratique humaine, dans son historicité et son caractère collectif et conflictuel.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 11-02-2011 à 09:32:37

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°25494731
zono
Punisher
Posté le 11-02-2011 à 10:42:51  profilanswer
 

topro a écrit :


 
Tu sais c'est quoi "un point de vue" ?


 
Le "point de vue" par définition, c'est ce qui s'oppose à la philosophie. Le "point de vue", c'est ce qui mène au discours d'opinion.  
 
C'est ce que la philosophie, qui cherche la vérité, a toujours combattu.

n°25498528
topro
Posté le 11-02-2011 à 15:29:36  profilanswer
 

zono a écrit :


 
Le "point de vue" par définition, c'est ce qui s'oppose à la philosophie. Le "point de vue", c'est ce qui mène au discours d'opinion.  
 
C'est ce que la philosophie, qui cherche la vérité, a toujours combattu.


 
Faux.  
 
" Il n' y a pas de vérité, il n'y a que des interprétations" Nietzsche.
 
Justement ce concept de recherche de la vérité a été vivement critiqué par Nietzsche et Marx.
 
Franchement quand on voit les conséquences du capitalisme, la société marchande, qui est purement une négation de la vie (perte d'instinct, abrutissement de l'homme au statut de consommateur etc...), on peut pas dire que la pensée de Nietzsche et Marx soient périmés.
 
Je pense qu'on peut lier quelque part la philosophie nietzschéenne à la société capitaliste. Même si Nietzsche n'a jamais eu d'opinions sur la politique économique, je pense qu'un rapprochement avec Marx est possible. J'aimerais bien savoir si quelqu'un a tenté de faire ce rapprochement.

Message cité 2 fois
Message édité par topro le 11-02-2011 à 15:31:05
n°25500366
bronislas
Posté le 11-02-2011 à 17:41:41  profilanswer
 

Oui mais dans ce cas le fait de penser que tout n'est qu'interprétation est lui-même une interprétation.  
Permets-nous donc de ne pas partager ton point de vue.


---------------
Librarything|Last.fm|RYM
n°25500420
topro
Posté le 11-02-2011 à 17:48:49  profilanswer
 

bronislas a écrit :

Oui mais dans ce cas le fait de penser que tout n'est qu'interprétation est lui-même une interprétation.  
Permets-nous donc de ne pas partager ton point de vue.


 
 Bien évidemment  ;)  
 
Bon on va pas rentrer dans le débat du faux et du vrai. Parce quand on dit à quelqu'un "tout est faux" il est capable de te dire que si cette phrase est vraie alors tout n'est pas faux alors. C'est une phrase qui s'autodétruit elle-même  :pt1cable: .
 
"La vérité est une erreur irréfutable" . Quel génie ce moustachu  :D  
 
Je revendique  mon nihilisme sans être un sectaire  ;) .


Message édité par topro le 11-02-2011 à 17:53:08
n°25502326
alcyon36
Posté le 11-02-2011 à 21:17:23  profilanswer
 

topro a écrit :


" Il n' y a pas de vérité, il n'y a que des interprétations" Nietzsche.


Citation :

"La vérité est une erreur irréfutable"


Ne mettez pas entre guillemets des citations qui n'en sont pas...un peu de respect pour vos lecteurs, et les auteurs que vous mobilisez  :lol:  
 
 

Citation :

Oui mais dans ce cas le fait de penser que tout n'est qu'interprétation est lui-même une interprétation.  
Permets-nous donc de ne pas partager ton point de vue.


Sinon, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de vérité et que des interprétations (bien que je le répète je le vois bien dire la même chose pour les "faits", ou les "phénomènes moraux", mais je ne me souviens pas qu'il le dise pour la vérité) que toutes les interprétations se valent...le problème change, ce n'est pas tant de savoir s'il vous permet de ne pas partager son point de vue, mais plutôt si vous pouvez ou pas vous permettre de partager le sien...(et vice et versa)
 

Citation :

Je pense qu'on peut lier quelque part la philosophie nietzschéenne à la société capitaliste. Même si Nietzsche n'a jamais eu d'opinions sur la politique économique, je pense qu'un rapprochement avec Marx est possible. J'aimerais bien savoir si quelqu'un a tenté de faire ce rapprochement.


Peut être un peu rapide en affirmant que Nietzsche n'a jamais eu d'opinion en politique économique...sans doute plus prudent de dire qu'il n'a jamais dépassé le stade des opinions sur ce sujet. :D Pour information, Capitalisme et schizophrénie: l'Anti-Oedipe de Deleuze et Guattari, est une tentative qu'on pourrait inscrire dans une certaine rencontre de Nietzsche et Marx...mais bon elle se situe au niveau d'une micro-politique...
En tant que tel ce rapprochement me semble un peu bidon, ou alors faut les foutre dans le sac "philosophies du soupçon" avec le camarade Freud...
Je te rappelle quand même que pour Nietzsche, l'idée de hierarchie, d'exploitation est intrinsèque au vivant, donc bon l'utopie de la société communiste c'est juste une consequence de la décadence du christianisme...De même, comment parler encore de luttes de classes, alors qu'il n'y a plus de classes à proprement parlé, tout homme voyant dans l'autre son semblable...

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 11-02-2011 à 23:56:16

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°25502385
Wotton
Grumpy young guy
Posté le 11-02-2011 à 21:23:54  profilanswer
 

Je suis d'accord avec alcyon mais faudrait que je lise vraiment marx pour me faire un avis un peu étoffé mais il y a quand même dans le rejet du bourgeois chez Marx, des capitalistes, la tentative classique de rejeter la faute de la souffrance sur quelqu'un, le capitaliste en l'occurrence. Le marxisme est quand même empreint de christianisme...
 
Non mais en fait quelque soit le sens dans lequel je le tourne je vois pas comment on peut les unir...

n°25503667
rahsaan
Posté le 12-02-2011 à 00:28:26  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Il y a un spécialiste de Marx, Henri Lefebvre qui avait déjà fait des rapprochements. Autour du surhumain notamment : l'homme total de l'avenir, par opposition à l'homme fragmentaire issu de la division du travail.
 


 
Autres points de rapprochement entre Marx et Nietzsche :  
 
- Critique de la religion comme aliénation de l'homme, qui le rend misérable et soumis.
- Critique de l'économie rationalisée de la division du travail, qui rend l'homme fragmentaire, médiocre.  
- Critique de l'idéalisme et de l'idée de nature intemporelle de l'homme et de la société, par une approche qui historicise la condition de l'homme


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°25504868
bronislas
Posté le 12-02-2011 à 11:27:35  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :


Citation :

Oui mais dans ce cas le fait de penser que tout n'est qu'interprétation est lui-même une interprétation.  
Permets-nous donc de ne pas partager ton point de vue.


Sinon, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de vérité et que des interprétations (bien que je le répète je le vois bien dire la même chose pour les "faits", ou les "phénomènes moraux", mais je ne me souviens pas qu'il le dise pour la vérité) que toutes les interprétations se valent...le problème change, ce n'est pas tant de savoir s'il vous permet de ne pas partager son point de vue, mais plutôt si vous pouvez ou pas vous permettre de partager le sien...(et vice et versa)


 
Nous sommes d'accord. C'était un "permets-nous donc" plus ironique que rigoureux.  :o  
Je ressens un peu plus d'agacement à chaque nouvelle lecture de Nietzsche qui se concentre sur le problème de la vérité tout en négligeant celui des valeurs.
Un peu de probité ne fait pas de mal de temps en temps. Il ne faut pas oublier que Nietzsche a des mots très durs envers le nihilisme "fatigué".


---------------
Librarything|Last.fm|RYM
n°25509659
topro
Posté le 12-02-2011 à 23:09:59  profilanswer
 

Ce que j'aime bien chez Nietzsche et Marx, c'est leur analyse séduisante et schématique:
 
-Analyse des rapports de force : faibles/forts, bourgeois/prolétaire
 
-La solution trouvée par chaque groupe pour justifier sa domination ou sa frustration envers l'autre : la morale, la religion, l'argent etc..  
 
Freud aussi a la même approche : rapport père-fils etc...
 
Vous connaissez des auteurs qui ont la même approche ?

n°25509680
Wotton
Grumpy young guy
Posté le 12-02-2011 à 23:12:36  profilanswer
 

topro a écrit :

Ce que j'aime bien chez Nietzsche et Marx, c'est leur analyse séduisante et schématique:
 
-Analyse des rapports de force : faibles/forts, bourgeois/prolétaire
 
-La solution trouvée par chaque groupe pour justifier sa domination ou sa frustration envers l'autre : la morale, la religion, l'argent etc..  
 
Freud aussi a la même approche : rapport père-fils etc...
 
Vous connaissez des auteurs qui ont la même approche ?


 
Les prolétaires chez Marx tu les assimiles aux forts chez Nietzsche????

n°25509792
topro
Posté le 12-02-2011 à 23:25:24  profilanswer
 

Pas du tout. où j'ai insinué ça ?
 
La grille de lecture de Nietzsche est typiquement psychologique(ressentiment, morale etc..), alors que chez Marx, elle est matérialiste (travail, argent).

n°25509799
Wotton
Grumpy young guy
Posté le 12-02-2011 à 23:26:19  profilanswer
 

topro a écrit :

Pas du tout. où j'ai insinué ça ?
 
La grille de lecture de Nietzsche est typiquement psychologique(ressentiment, morale etc..), alors que chez Marx, elle est matérialiste (travail, argent).


 
Au temps pour moi, j'ai mal compris. :jap:

n°25513578
speedboyz3​0
Guide Michelin :o
Posté le 13-02-2011 à 16:07:35  profilanswer
 

Bonjour à tous,
 
Je viens de tomber sur un article qui, je pense, pourrait vous intéresser.
Feedbacks welcome:

Citation :

Nietzsche, le grand incompris des jeunes désaxés
L'attrait qu'exerce la pensée de Nietzsche sur les jeunes hommes mal dans leur peau relève d'un mécanisme plus complexe qu'il n'y paraît, où s'imbriquent plusieurs facteurs.


http://www.slate.fr/story/33765/lo [...] -nietzsche

n°25513680
Wotton
Grumpy young guy
Posté le 13-02-2011 à 16:21:05  profilanswer
 

Bah c'est assez juste ce qui est dit, mais en même temps depuis le nazisme on pouvait déjà comprendre que Nieztsche serait repris par tout les hommes du ressentiment dans une phase de révolte à la Ivan Karamazov (en référence aux chapitres "La révolte" et "le grand inquisiteur" ). Ce qui est dit sur le nihilisme est assez juste mais la fin sur Nietzsche comme philosophe de l'acceptation du "monde tel qu'il est" est bien trop schématique: on se rapproche de l'âne dans ce cas, le grand homme qui a échoué...
 

n°25514834
topro
Posté le 13-02-2011 à 18:41:35  profilanswer
 

Ce qu'a apporté Nietzsche au fascisme est plus complexe qu'il n'y parait.
 
Marx, Bergson et Nietzsche y ont contribué indirectement grâce à Georges Sorel, qui a ensuite inspiré Mussolini.
 
A la base Sorel est celui qui a apporté la pensée marxiste en France, avec bien sur un révisionnisme anti-matérialiste bergsonien, et avec quelques outils nietzschéens comme "volonté de puissance" etc...
 
Le résultat de ces 3 philosophies ont donné "le syndicalisme révolutionnaire", un outil bien puissant pour empêcher la lutte des classes et la domination.
 
Je vous conseille la lecture de "naissance de l'ideologie fasciste"  de Zeev Sternell, historien israélien.
 
Le rapport avec le nazisme est encore moins direct : Nietzsche n'était pas antisémite. Hitler s'est beaucoup basé sur la pensée fasciste issue de Georges Sorel, ainsi que les écrits  et affaires antisémites de l'époque ("protocole des sages de sion", affaire Dreyfus) et qui s'est aggravé avec la crise de 1929 ("les banquiers sont des juifs" etc..)
 
Voilà pour situer le contexte.
 
 
Ensuite ceux qui disent que les lecteurs de Nietzsche sont des dépressifs, ce n'est pas vrai.
 
Il faudra peut-être retourner la question différemment : les gens qui sont bien dans leur peau et optimistes ne lisent pas la philosophie. Il y a qu'à constater le mépris de la masse face à cette discipline.
 
Ensuite ce qui est logique n'est pas d'être bien dans sa peau, mais plutôt de ne pas l'être : mort de dieu donc perte des repères et donc de valeurs, ce qui conduit au nihilisme. Nietzsche propose plutôt une voie pour s'en sortir, c'est pour celà qu'il s'adresse aux :
 
- athées/sceptiques
- indépendants d'esprit (ceux que la pensée dominante n'a pas encore perverti l'esprit)
-curieux de comprendre l'origine de la religion et de la morale.
 
Nietzsche surestime son lecteur, ou plutôt s'adresse aux élites, parce que derrière ses phrases simples se cachent une pensée très nuancée et complexe. C'est clair que ceux qui étaient "gentils" et qui deviennent "méchants" n'ont rien compris, parce que N. invite à l'esprit critique et à l'indépendance d'esprit par rapport à la masse. Faible/fort employé par N. n'a pas le sens primaire et physique, mais une approche psychologique.
 
Etre fort psychologiquement ce n'est pas d'être optimiste, ce qui d'après N. est plutôt le résultat de l'idéalisme et du ressentiment, comme le pessimisme d'ailleurs (le pessimisme qui nie la vie, pas le pessimisme critique qui lui est affirmateur).
 
Toute façon Nietzsche s'adresse pas aux hommes politiques. Il s'adresse à chacun et non à tout le monde. C'est pour celà que je deteste la démarche d'Onfray qui essaie de populariser la philosophie Nietzschéenne, alors qu'elle doit être plutot isssue d'une démarche personnelle.
 
C'est juste une approche nouvelle pour voir la vie. Ce n'est pas pour les pessimistes ou mal dans leur peau (terme trop souvent employé par la masse pour désigner ceux qui ont l'esprit critique ou de révolte).

n°25515032
Wotton
Grumpy young guy
Posté le 13-02-2011 à 19:06:28  profilanswer
 

topro a écrit :

Ce qu'a apporté Nietzsche au fascisme est plus complexe qu'il n'y parait.
 
Marx, Bergson et Nietzsche y ont contribué indirectement grâce à Georges Sorel, qui a ensuite inspiré Mussolini.
 
A la base Sorel est celui qui a apporté la pensée marxiste en France, avec bien sur un révisionnisme anti-matérialiste bergsonien, et avec quelques outils nietzschéens comme "volonté de puissance" etc...
 
Le résultat de ces 3 philosophies ont donné "le syndicalisme révolutionnaire", un outil bien puissant pour empêcher la lutte des classes et la domination.
 
Je vous conseille la lecture de "naissance de l'ideologie fasciste"  de Zeev Sternell, historien israélien.
 
Le rapport avec le nazisme est encore moins direct : Nietzsche n'était pas antisémite. Hitler s'est beaucoup basé sur la pensée fasciste issue de Georges Sorel, ainsi que les écrits  et affaires antisémites de l'époque ("protocole des sages de sion", affaire Dreyfus) et qui s'est aggravé avec la crise de 1929 ("les banquiers sont des juifs" etc..)
 
Voilà pour situer le contexte.
 
 
Ensuite ceux qui disent que les lecteurs de Nietzsche sont des dépressifs, ce n'est pas vrai.
 
Il faudra peut-être retourner la question différemment : les gens qui sont bien dans leur peau et optimistes ne lisent pas la philosophie. Il y a qu'à constater le mépris de la masse face à cette discipline.
 
Ensuite ce qui est logique n'est pas d'être bien dans sa peau, mais plutôt de ne pas l'être : mort de dieu donc perte des repères et donc de valeurs, ce qui conduit au nihilisme. Nietzsche propose plutôt une voie pour s'en sortir, c'est pour celà qu'il s'adresse aux :
 
- athées/sceptiques
- indépendants d'esprit (ceux que la pensée dominante n'a pas encore perverti l'esprit)
-curieux de comprendre l'origine de la religion et de la morale.
 
Nietzsche surestime son lecteur, ou plutôt s'adresse aux élites, parce que derrière ses phrases simples se cachent une pensée très nuancée et complexe. C'est clair que ceux qui étaient "gentils" et qui deviennent "méchants" n'ont rien compris, parce que N. invite à l'esprit critique et à l'indépendance d'esprit par rapport à la masse. Faible/fort employé par N. n'a pas le sens primaire et physique, mais une approche psychologique.
 
Etre fort psychologiquement ce n'est pas d'être optimiste, ce qui d'après N. est plutôt le résultat de l'idéalisme et du ressentiment, comme le pessimisme d'ailleurs (le pessimisme qui nie la vie, pas le pessimisme critique qui lui est affirmateur).
 
Toute façon Nietzsche s'adresse pas aux hommes politiques. Il s'adresse à chacun et non à tout le monde. C'est pour celà que je deteste la démarche d'Onfray qui essaie de populariser la philosophie Nietzschéenne, alors qu'elle doit être plutot isssue d'une démarche personnelle.
 
C'est juste une approche nouvelle pour voir la vie. Ce n'est pas pour les pessimistes ou mal dans leur peau (terme trop souvent employé par la masse pour désigner ceux qui ont l'esprit critique ou de révolte).


 
Intéressant ce que tu dis sur Sorel, je ne savais pas.
 
Pour N.: ton interprétation de "mal dans leur peau" diffère beaucoup de celle de l'article je pense qui définit le jeune mal dans sa peau comme celui qui projette son ressentiment sur le monde, ce qui n'a rien à voir avec la posture du doute philosophique que tu décris. Je sais pas si N; se pose vraiment la question de qui est son lecteur, il est dans une situation où il a le sentiment de détenir une vérité inconnue sur la monde et la vie et ça le rend dépressif, et il écrit pour pouvoir supporter ça et progressivement il va de plus ou plus loin. D'ailleurs Badiou considère que ses dernières lettres avant l'incident du cheval doivent être analysées non pas comme les lettres d'un fou mais comme celles d'un homme qui pousse jusqu'au bout l'authenticité de sa pensée...


Message édité par Wotton le 13-02-2011 à 19:07:20
n°25522869
rahsaan
Posté le 14-02-2011 à 15:04:43  profilanswer
 

N savait très bien à qui il s'adressait. Son écriture ne cesse de travailler à inclure une théorie de sa propre lecture. Seulement, le type de lecteur que N recherche ne correspond pas à des catégories sociales ou idéologiques pré-existantes. C'est pourquoi il fait dire à Zarathoustra qu'il tranche au travers de ces absurdités que sont les classes sociales.  
 
Le lecteur que N recherche, et qu'il veut travailler comme un artisan son matériau, est capable de certaines "performances" intellectuelles et vitales, c'est à dire au minimum d'accepter de se confronter à ses thèses : le problème de la mort de Dieu en premier lieu et une certaine image de la vie comme ivresse créatrice.  
 
Je pourrai y revenir un peu plus longuement. Disons simplement que N s'adresse à l'homme qui accepte de se confronter à cet évènement : la mort de Dieu.
 
L'originalité de N est qu'il ne prétend pas délivrer une doctrine, ni exiger qu'on le croit, ni à jouer à l'interprète du Vrai et de l'Universel, comme si les questions qu'il posait était les seules valables.  
Nul n'est tenu d'être nietzschéen.


Message édité par rahsaan le 14-02-2011 à 15:07:36

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°25524277
rahsaan
Posté le 14-02-2011 à 17:04:30  profilanswer
 

topro a écrit :


Toute façon Nietzsche s'adresse pas aux hommes politiques. Il s'adresse à chacun et non à tout le monde. C'est pour celà que je deteste la démarche d'Onfray qui essaie de populariser la philosophie Nietzschéenne, alors qu'elle doit être plutot isssue d'une démarche personnelle.


 
 
Faire de la vulgarisation philosophique, et aider des non-intellectuels à aborder N ou d'autres auteurs, quelle horreur !  :lol:


---------------
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n°25527685
Tietie006
Dieu ne joue pas aux dés.
Posté le 14-02-2011 à 21:44:57  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
 
Faire de la vulgarisation philosophique, et aider des non-intellectuels à aborder N ou d'autres auteurs, quelle horreur !  :lol:


 
Tin, essayer de se mettre au niveau du bon peuple, quelle horreur ...Sacré Rahsaan, quel mépris ouvert du peuple ...!


Message édité par Tietie006 le 14-02-2011 à 21:49:54

---------------
L'arrière-train sifflera trois fois.
n°25529392
rahsaan
Posté le 14-02-2011 à 23:57:14  profilanswer
 

topro a écrit :

Ce qu'a apporté Nietzsche au fascisme est plus complexe qu'il n'y parait.
 
Marx, Bergson et Nietzsche y ont contribué indirectement grâce à Georges Sorel, qui a ensuite inspiré Mussolini.


 
"grâce à"... hum  :sarcastic: , je dirais plutôt : "à cause de" !
 
Tu as très bien exposé le contexte historique-notamment avec ces versions réactionnaires du syndicalisme révolutionnaire, mais il faut quand même préciser que ce que fait George Sorel (que je ne connais que de nom) est purement et simplement une trahison de Marx, Nietzsche et Bergson. Aucun d'eux n'a fait l'apologie du bâton, de l'huile de ricin, du culte de l'Etat et du Chef. (Ce à quoi se résume quand même la politique de Mussolini !)
 
Au fond, pour n'importe quelle politique, si sanglante et absurde soit-elle, il y aura toujours un George Sorel pour vouloir lui donner ses lettres de noblesse "philosophique" -pour lui servir d'"idiot utile" (comme disait Lénine des intellectuels).  
 
Je ne crois donc pas que l'apport de Nietzsche au fascisme soit très "complexe", dans la mesure où aucun Etat, aucun régime n'a jamais pu "récupérer" un auteur en respectant la complexité de sa pensée.  
N lui-même a suffisamment dénoncé la brutalité et la bêtise du Reich bismarckien pour qu'on devine ce qu'il aurait pensé du fascisme.
 
Ce qu'ont fait les intellectuels et artistes qui ont éte plus ou moins proches du fascisme (futuristes, Ezra Pound, Drieu-la-Rochelle etc.), c'est conférer un vernis esthétique à cette idéologie : romantisme désespéré et nostalgique face au monde moderne, qui peut virer à une apologie frénétique de ce qu'il y a de plus brutal chez lui : culte de la vitesse, de la guerre, de l'acier etc. cf. le futurisme.
Mais Marx, Bergson et Nietzsche ont tous les trois vu les dangers d'un tel nihilisme, et l'ont dénoncé, chacun à leur manière.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 15-02-2011 à 00:03:17

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n°25529492
topro
Posté le 15-02-2011 à 00:21:11  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
"grâce à"... hum  :sarcastic: , je dirais plutôt : "à cause de" !
 
Tu as très bien exposé le contexte historique-notamment avec ces versions réactionnaires du syndicalisme révolutionnaire, mais il faut quand même préciser que ce que fait George Sorel (que je ne connais que de nom) est purement et simplement une trahison de Marx, Nietzsche et Bergson. Aucun d'eux n'a fait l'apologie du bâton, de l'huile de ricin, du culte de l'Etat et du Chef. (Ce à quoi se résume quand même la politique de Mussolini !)
 
Au fond, pour n'importe quelle politique, si sanglante et absurde soit-elle, il y aura toujours un George Sorel pour vouloir lui donner ses lettres de noblesse "philosophique" -pour lui servir d'"idiot utile" (comme disait Lénine des intellectuels).  
 
Je ne crois donc pas que l'apport de Nietzsche au fascisme soit très "complexe", dans la mesure où aucun Etat, aucun régime n'a jamais pu "récupérer" un auteur en respectant la complexité de sa pensée.  
N lui-même a suffisamment dénoncé la brutalité et la bêtise du Reich bismarckien pour qu'on devine ce qu'il aurait pensé du fascisme.
 
Ce qu'ont fait les intellectuels et artistes qui ont éte plus ou moins proches du fascisme (futuristes, Ezra Pound, Drieu-la-Rochelle etc.), c'est conférer un vernis esthétique à cette idéologie : romantisme désespéré et nostalgique face au monde moderne, qui peut virer à une apologie frénétique de ce qu'il y a de plus brutal chez lui : culte de la vitesse, de la guerre, de l'acier etc. cf. le futurisme.
Mais Marx, Bergson et Nietzsche ont tous les trois vu les dangers d'un tel nihilisme, et l'ont dénoncé, chacun à leur manière.


 
merde, une faute de français  [:ddr555] .
 
Bien sur que Marx, Nietzsche et Bergson n'ont jamais fait l'apologie du culte ou de l'état. Sorel a essayé de faire un mélange des trois avec une négation du matérialisme marxiste, avec des prolétaires tous devenus des surhommes  :D . Mélanger des philosophies différentes peut mener au désordre.
 
Sorel était socialiste à la base. Les limites de cette idéologie, concernant l'extérieure qui peut menacer son ordre à l'échelle nationale, lui permet de s'allier avec la nationalisme (avec Charles Maurras, membre de l'action française),d'où le national-socialisme  :o  
 
Mussolini à la base n'avait pas d'espace à conquérir : c'était un totalitaire qui méprisait même les théories raciales de son ami allemand. Le nazisme a gagné de l'influence après la grande depression qui a suivi la crise de 1929. Sa politique intérieure était basée sur le fascisme mussolinien.
 
Mussolini se réclamait beaucoup de Sorel, même davantage que de Nietzsche (qui lui n'a rien à voir avec toute cette histoire).
   

n°25529554
rahsaan
Posté le 15-02-2011 à 00:41:16  profilanswer
 

Ils sont plusieurs d'ailleurs (Mussolini le premier) à être passé du socialisme révolutionnaire au fascisme.  
 
C'est Walter Benjamin qui note bien la différence : le marxisme politise la violence, tandis que le fascisme l'esthétise.


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°25532857
Profil sup​primé
Posté le 15-02-2011 à 13:04:55  answer
 

rahsaan a écrit :

Ils sont plusieurs d'ailleurs (Mussolini le premier) à être passé du socialisme révolutionnaire au fascisme.  
 
C'est Walter Benjamin qui note bien la différence : le marxisme politise la violence, tandis que le fascisme l'esthétise.


 
C'est Hayek le premier qui a rapproché le socialisme du fascisme.

n°25558874
Exzeb
Posté le 17-02-2011 à 15:24:46  profilanswer
 

" Partout ou j'ai rencontré quelques choses de vivant j'ai rencontré la volonté de puissance et jusque dans la volonté de celui qui sert j'ai trouvé la volonté d'être maitre "
 
Bonjour, quelqu'un peux t-il m'aider et me dire de quels livres de Nietzsche est tirée cette phrase.

n°25562015
topro
Posté le 17-02-2011 à 20:00:58  profilanswer
 

Je crois que c'est tiré de "Ainsi parlait zarathoustra", mais j'en suis pas certain ...

n°25563543
rahsaan
Posté le 17-02-2011 à 22:18:37  profilanswer
 

Zarathoustra II, "De la victoire sur soi".  
 
Pour N, tout est volonté de puissance, c'est à dire aspiration à accroître son sentiment de maîtrise sur soi et sur le monde, à éprouver ce sentiment de liberté, d'ivresse, de victoire sur soi.  
La vie n'est qu'un cas particulier de volonté de puissance. Même le monde "inerte" est encore volonté de puissance.  
 
Et N dit que l'esclave aussi aspire à la puissance, pour signifier que celui qui accepte de servir un autre, de se laisser dominer, y trouve encore un intérêt vital, une forme de satisfaction à servir un autre. Il n'y a pas de vide, d'absence ou de disparition possible de "VP", il n'y a en permanence que des accroissements et des diminutions.


Message édité par rahsaan le 17-02-2011 à 22:41:48

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n°25569756
rahsaan
Posté le 18-02-2011 à 15:02:50  profilanswer
 

Trois livres de philosophie pour adolescents :  
 
Aimer, Expliquer, Jeter.  
 
- L'amour est-il désinterressé ? Tout amour fait-il souffrir ?
 
- Comment expliquer ? Faut-il toujours s'expliquer ?  
 
- Jeter est-il un acte irresponsable ? Rompre avec quelqu'un, est-ce le "jeter" ?
 
 
http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article277


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