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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°16533377
loulou le ​marlou
Posté le 24-10-2008 à 00:09:17  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
http://www.mezetulle.net/
 
Quelqu'un connaît ? Ce n'est pas du spamming :)

mood
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Posté le 24-10-2008 à 00:09:17  profilanswer
 

n°16533546
alcyon36
Posté le 24-10-2008 à 00:52:58  profilanswer
 

hello,
juste un petit coucou en passant, en ce moment je commence enfin mon entrée chez Husserl, mes tous premiers pas en phenomenologie...je rappelle quand meme que la phenomenologie et moi, c'est un peu comme avec l'art contemporain, à la base ca fait 2...et pourtant...
Donc en ce moment je commence à lire les Ideen I, j'ai bien lu le premier chapitre. En gros, si j'ai bien compris, Husserl essaie d'introduire à une nouvelle scientificité, celle qui est requise pour décrire des objets particuliers, qu'il appelle des Essences (Eidos, Wesen...). Aussi, il cherche à degager de l'attitude naturelle propre à la scientificité de la physis, des faits, des objets du monde, qui implique necessairement la position/thèse du Monde, une attitude différentes par rapport aux phenomènes...
Alors, sans rentrer dans le detail, c'est plutot sympa, le style est parfois difficil (mais on s'habitue), et surtout ce Husserl fait de sacrées distinctions dont parfois le sens ou la pertinence sont vraiment difficiles à saisir, mais faut pas lacher l'affaire (j'en suis à ma 5eme lecture de ce premier chapitre lol). Enfin bref, tres content pour le moment de ce premier contact avec la phenomenologie, j'espere que ca va durer.
 
Sinon, une autre lecture m'a profondement attristé et vidé de mes moyens cet aprem....j'ai parcouru la thèse de JF Mattéi, que je connaissais pour ses travaux sur Heidegger, Holderlin ou Nietzsche, qui porte sur l'ontologie de Platon: "l'etranger et le simulacre". J'ai vraiment survolé, mais d'un premier abord ca a vraiment l'air de bonne facture, en revanche un des derniers chapitres (il balance déjà dans tout le bouquin) intitulé "les dérives" est une réfutation de l'ontologie de la différence de Deleuze dans DR et LS, et pour le peu que j'en ai lu, de nombreux arguments me semblent plutot solides sur les "sophismes" et "contradictions" de Deleuze. Si ca ma attristé, ce n'est pas tant parcequ'il detruisait un auteur que j'apprecie particulierement, mais surtout mon incapacité intellectuelle à formuler un jugement sur ses objections, incapable que j'etais de dire ce que j'en pensais...l'apprentissage de l'humilité a decidement pour pendant une passion triste.;) Grrrr, faut que je retourne à la BU pour me relire ca à tete reposée...


Message édité par alcyon36 le 24-10-2008 à 03:45:32

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°16538399
rahsaan
Posté le 24-10-2008 à 17:12:19  profilanswer
 

Méfiance, méfiance...
 
Je vais te donner deux règles méthodologiques quand tu lis un texte (règles données par JL Marion dans un de ses cours) :  
 
- Se demander où sont les insuffisances et les contradictions quand on lit le texte d'un (grand) auteur. Dans le texte ou dans la compréhension de celui qui lit ?
 
- Quand on peut penser qqch du texte d'un auteur, toujours supposer que lui aussi y a pensé.  
 
Et pourtant Marion non plus n'aime pas trop Deleuze.  
 
J'ajouterais un avertissement de Gérard Lebrun (dans L'envers de la dialectique), qui lui a profondément compris Deleuze :  
- A quoi bon lire un auteur quand on refuse de jouer le jeu auquel il joue ?
 
Quand on lit le texte d'un auteur (c'est vrai de Hegel, pour Lebrun, mais peut-être de tous), ne pas commencer par se demander s'il a raison ou tort, mais se demander quel est son jeu de langage propre et si notre logique "d'entendement", de bon sens, est bien apte à comprendre comment parle l'auteur. Savons-nous bien quelle est sa façon de parler et ce qu'elle veut dire ?...


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16539205
foutre de
Posté le 24-10-2008 à 18:58:48  profilanswer
 

oui, mais quel rapport ?

n°16539429
rahsaan
Posté le 24-10-2008 à 19:28:48  profilanswer
 

Je veux dire qu'il ne faut pas désespérer d'un auteur quand on lit des critiques envers lui, et se demander qui doit s'inquiéter : le lecteur de l'auteur ou le critique ? :D


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16541290
foutre de
Posté le 24-10-2008 à 22:35:24  profilanswer
 

l'auteur...

n°16543701
rahsaan
Posté le 25-10-2008 à 13:12:37  profilanswer
 

Une question urgente et fondamentale : que s'est-il passé le jour de votre anniversaire ?  :heink:  
 
Si vous tapez dans Wikipedia le jour de votre anniversaire, vous apprendrez les évènements qui se sont passés au cours de l'histoire ce jour-là, et quelles célébrités soufflent les bougies le même jour que vous.
 
Pour moi, le 26 avril, c'est pas terrible du côté des évènements... :/  
Fondation de la Gestapo en 1933, bombardement de Guernica en 1937, Tchernobyl en 1986... Et aussi deux tremblements de terre, sans parler d'un accident d'avion, une tuerie, une émeute à un concert des Rolling Stones et la première de Loft Story en 2001.
Le 26 avril est donc un bon résumé des horreurs du 20e siècle !!
 
Dans les célébrités, c'est plus flatteur :
Je partage mon anniversaire avec Marc-Aurèle, Shakespeare, Delacroix, Wittgenstein ainsi que Jet-Li.
 
Pour les décès, c'est intéressant aussi : Husserl, un acteur de Dallas et Count Basie sont morts un 26 avril.
 
A vous !


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16543711
alcyon36
Posté le 25-10-2008 à 13:14:43  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Méfiance, méfiance...


 :lol:  si je ne te connaissais pas, j'aurais vraiment pu prendre ces conseils methodo comme une insulte, je te rassure faut pas s'appeler JL Marion pour les posséder, il me semble qu'il s'agit surtout de bon sens (surtout qu'on a déjà eu tous les deux deviser sur la difference entre lesprit critique et de critique), enfin bref...
Visiblement, je n'ai pas été assez clair, justement ce qui me posait probleme c'etait justement mon incapacité à repondre à ton premier point methodologique...et là dessus rien à faire à part travailler, et plus encore. Ensuite pour ton deuxieme point, je suis tout a fait ok, mais il s'agit de ne pas etre unilatéral, et en l'espece considerer egalement que JF Mattéi a déjà pensé à ce que je pourrais trouver à redire à ses objections, sans quoi je ne ferai que tenir Deleuze comme faisant autorité, ce qui n'est pas dans ma façon de faire.  
Après, je n'ai cerainement pas dit que Mattéi avait raison, mais qu'apres une lecture en survol (3heures pour 600pages je crois) certaines de ses critiques ne me semblaient pas toutes totalement infondées, bien qu'il me faille aller relire ce chapitre dans le detail, histoire de pouvoir faire le point...ou tracer la ligne (de fuite bien entendu...). Après, il est certain que Deleuze et Mattéi ne peuvent pas faire bon ménage, ce dernier essayant justement dans cet ouvrage de fonder l'ontologie platonicienne...

Citation :

Et pourtant Marion non plus n'aime pas trop Deleuze.


juste pour te faire chier un peu...je ne comprends pas du tout le sens de ton "et pourtant", c'etait une erreur, ou que voulais tu dire?
 
PS: snif, snif, à part Blanchot et Bossuet, j'ai peu de naissances super bandantes...


Message édité par alcyon36 le 25-10-2008 à 13:18:57

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°16543815
rahsaan
Posté le 25-10-2008 à 13:37:02  profilanswer
 

Je t'ai dit les choses un peu vite, donc en me relisant, je vois que ça fait professoral et condescendant...  
 
Je précise au passage que Marion n'aime pas trop Deleuze parce que j'utilise des conseils marionnesques pour parler de Deleuze, voilà tout. :o


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16543870
alcyon36
Posté le 25-10-2008 à 13:44:17  profilanswer
 

tinkiet, javais envi de te takiner un peu...
ok, pr Marion, mais bon ce sont des points de methodo qui sont suffisement generaux pour pouvoir s'appliquer à n'importe quel auteur...donc qu'il aime ou pas Deleuze...personne n'est parfait apres tout;) (dailleurs, je ne sais plus exactement où, mais il me semble que Deleuze donnait  egalement ces conseils dans un de ses cours que l'on trouve sur webdeleuze)


Message édité par alcyon36 le 25-10-2008 à 13:50:01

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
mood
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Posté le 25-10-2008 à 13:44:17  profilanswer
 

n°16551088
neojousous
Posté le 26-10-2008 à 14:06:55  profilanswer
 

Salut à tous !
Cela fait longtemps que je ne suis pas venu, j'ai plus internet la plupart du temps. Content de voir que ça parle toujours autant de Deleuze ! ;)
 
Sinon quelques mots sur mon mémoire de recherche. Je m'intéresse à un problème de philosophie du temps : le passé et le futur existent-ils ?
Si pour le sens commun, seul le présent existe (le passé n'existe plus, le futur n'existe pas encore), tout un ensemble d'arguments semblent montrer qu'il est difficile de s'en tenir là. Comment expliquer le changement ? Le concept de temps est-il réellement primitif, ou est-ce un concept mixte composé de deux concepts incompatibles entre eux (c'est la thèse défendue par Francis Wolff dans une conférence disponible sur le site de l'ENS, le temps-devenir est incompatible avec le temps-ordre).
Après avoir examiné l'état de la philosophie du temps, et les différents liens entre le débat précis qui m'occupe , et les autres débats liés au temps (par exemple possibilité des voyages temporels, changement et identité dans le temps), je vais m'intéresser à ce que nous dit la théorie de la relativité restreinte sur ce problème. Mon problème pour le formuler différemment est le suivant : deux de mes croyances sur le monde sont contradictoires. La première est que seul le présent existe (présentisme), la seconde que la physique décrit de manière incomplète mais pertinente le monde. Or si la théorie de la relativité décrit le monde de manière pertinente, il semble qu'il soit difficilement compréhensible que le seul le présent existe, les durées mesurées par des observateurs en mouvement les uns par rapport aux autres divergeant. Il est possible qu'il soit possible de rendre compatibles ces deux croyances, mais il faudra pour cela faire des sacrifices. Plusieurs possibilités se présentent alors  : refuser la position présentiste (pour adopter par exemple la position selon laquelle la tripartition passé, présent, futur, est une distinction pratique, mais ne recoupant pas la structure de la réalité). Autre possibilité : abandonner l'interprétation orthodoxe de la relativité restreinte, pour la reconstruire dans un cadre présentiste. Autre idée : le concept de temps de la relativité ne correspond pas au concept de temps ordinaire (des solutions d'ordre épistémologique donc).
Voilà quelques idées en vrac, plutôt des fils rouges que des explications. Si certains de ces problèmes vous intéressent je serai ravi de les développer.

n°16555365
foutre de
Posté le 26-10-2008 à 22:55:45  profilanswer
 

ce que tu appelles le sens commun, ça ressemble un peu à du Saint Augustin, non ? :D
 
sinon, il va falloir que tu t'interroges aussi sur la façon dont le temps est, donc sur l'être ... tu mets heidegger dans ta biblio ?


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16556244
neojousous
Posté le 27-10-2008 à 01:02:17  profilanswer
 

Je pensais à l'homme de la rue, Saint Augustin je connais pas trop. Nop je met pas Heidegger dans ma biblio...  ça m'empêchera pas de m'intéresser à l'être bien sûr.

n°16557628
foutre de
Posté le 27-10-2008 à 10:02:31  profilanswer
 

deleuze, dans ses personnages philosophiques, ne parle pas de l'homme de la rue ; pourtant tout philosophe projette dans ce personnage beaucoup du matériel sur lequel va fructifier son discours. C'est sa prota doxa. Pour Néojousous, la rue est pleine de Catholiques... :lol: pour Deleuze, elle pourrait bien avoir été pleine de hégéliens, ou de réactifs.

 

L'homme de la rue est une sorte de croquemitaine qui tient beaucoup du crashtest-dummy : c'est lui qui fait les frais du propos de son philosophe qui l'instaure en vue de le déboulonner. On se façonne ainsi un bouvard-et-pécuchet à la mesure du discours qu'on veut tenir et de sa puissance qu'on veut asseoir sur le dos de la bêtise, ou de la tradition ou de la famille ou du capitalisme...

 

De tous temps, les hommes de la rue...

Message cité 3 fois
Message édité par foutre de le 27-10-2008 à 10:03:55

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16557631
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 10:03:16  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Voilà quelques idées en vrac, plutôt des fils rouges que des explications. Si certains de ces problèmes vous intéressent je serai ravi de les développer.


 
Dans ce que tu dis, je vois un fil conducteur très clair : le présent (seul) existe-t-il ?  
 
Alors, je te pose la question pour voir la suite de tes développements sur ce thème : n'y a-t-il que le présent ?  
Et dans ce cas, jusqu'où (vers le passé et vers l'avenir) le présent s'étend-il ?  
 
Bref, combien de temps le présent dure-t-il ? :D

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 27-10-2008 à 10:14:01

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16557708
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 10:13:29  profilanswer
 

foutre de a écrit :

De tous temps, les hommes de la rue...


 
C'est d'ailleurs une trahison de la posture socratique, puisque Socrate se voulait justement l'homme de la rue, face aux personnages d'institutions et aux "spécialistes".
 
Je me disais l'autre jour à ce sujet qu'il serait intéressant de faire une philosophie de l'opinion (qui ne serait pas, bien sûr, du sondage).  
A ce sujet, Bourdieu dit que l'opinion publique n'existe pas, que c'est une pure construction sondagière, produite par le fait même de poser une question (la question, en gros, engendre la réponse, qui n'existait pas avant).  
 
Mais une philosophie de l'opinion se demanderait juste ce que c'est que d'avoir une opinion, ce qu'il en est au juste de ces avis pas tout à fait conscients, pas tout à fait formulés. Ce serait le vaste domaine des préjugés, des discours collectifs et des convictions.  
On estime en tous les cas que le philosophe, pour être philosophe, doit se défaire de ses opinions, par une ascèse qui le dépouillera de ces demi-vérités et de ces erreurs.  
 
A partir de Platon, nous sommes habitués à considérer que l'opinion a, de toute façon, tort, qu'elle est défectueuse par rapport à la droite raison ; c'est à dire que ses performances intellectuelles sont faibles.  
Toutefois, Rousseau n'aborde pas l'opinion publique ainsi, pour la penser plutôt comme un ciment indispensable à la nation. Nietzsche dit que ce qui importe n'est pas qu'un avis soit vrai ou faux mais la puissance d'affirmation qu'il contient (et c'est pour lui ce qui nous place par delà bien et mal, de préférer le critère bon / mauvais à vrai / faux). Pour Bergson, le philosophe ne doit plus corriger la conscience humaine (comme Platon) mais la prolonger et l'augmenter.
 
J'en reparlerai à l'occasion, car je voulais commencer mon mémoire sur cette question : le philosophe doit-il vivre au-dessus de la conscience de son temps ?
Or, on n'imagine pas un philosophe s'en tenir à l'esprit de son temps et aux conversations bavardes ; on l'imagine plus volontiers contemplant une réalité supérieure, inaccessible au commun des mortels, mais c'est typiquement une représentation d'opinion, qui prête à rire ; troisième possibilité, qui serait un compromis des deux autres : être un peu en avance sur son temps, un peu au-dessus de lui. Mais de combien de degrés ?... En fait, cette position est un faux compromis qui n'arrange rien.  
Le philosophe doit-il s'élever au-dessus de la conscience de son temps ? La philosophie, comme la poésie pour Rimbaud, doit-elle être "en avant" ?...
 


Message édité par rahsaan le 27-10-2008 à 10:20:04

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n°16557978
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 10:55:28  profilanswer
 

Sur le site d'ACRIMED, reproduction de la célèbre interview de Deleuze de 1977 sur les "nouveaux philosophes", avec des notes pour les références :  
http://www.acrimed.org/article2989.html


Message édité par rahsaan le 27-10-2008 à 11:04:40

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16558597
pascal75
Posté le 27-10-2008 à 11:54:01  profilanswer
 

foutre de a écrit :

deleuze, dans ses personnages philosophiques, ne parle pas de l'homme de la rue ; pourtant tout philosophe projette dans ce personnage beaucoup du matériel sur lequel va fructifier son discours. C'est sa prota doxa. Pour Néojousous, la rue est pleine de Catholiques... :lol: pour Deleuze, elle pourrait bien avoir été pleine de hégéliens, ou de réactifs.
 
L'homme de la rue est une sorte de croquemitaine qui tient beaucoup du crashtest-dummy : c'est lui qui fait les frais du propos de son philosophe qui l'instaure en vue de le déboulonner. On se façonne ainsi un bouvard-et-pécuchet à la mesure du discours qu'on veut tenir et de sa puissance qu'on veut asseoir sur le dos de la bêtise, ou de la tradition ou de la famille ou du capitalisme...
 
De tous temps, les hommes de la rue...


Je suis d'accord pour dire que le sens commun c'est parfois une technique pour se trouver à bon compte un ennemi d'autant plus facile à démonter qu'on l'aura construit soi-même. Mais je suis pas d'accord avec toi pour dire que Deleuze se serait construit un ennemi "hégélien" ou "réactif". Ce serait alors une attitude également réactive. S'il y a une critique (virulente) chez Deleuze, de Hegel, elle est en acte. Il parle peu de Hegel, finalement.

Message cité 1 fois
Message édité par pascal75 le 27-10-2008 à 11:55:51

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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°16558828
foutre de
Posté le 27-10-2008 à 12:25:31  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

je suis pas d'accord avec toi pour dire que Deleuze se serait construit un ennemi "hégélien" ou "réactif". Ce serait alors une attitude également réactive. S'il y a une critique (virulente) chez Deleuze, de Hegel, elle est en acte. Il parle peu de Hegel, finalement.


Pourtant se construire un ennemi, c'est aussi le jeu de la construction des valeurs. Ce n'est pas forcément honteux même si c'est plus fictif que réel. On sait que le hegel de Deleuze n'existe pas vraiment ailleurs que chez lui, ça reste cependant un beau combat.
Je vois mal pourquoi il serait réactif de se construire un ennemi ; c'est plutôt affronté un ennemi reçu qui est réactif, non ?
 
de toute façon, la rue de deleuze, si elle était pleine de réactifs en début de carrière, est plutôt bondée de multitudes par la suite... On est ailleurs ; et je ne statuerai pas pour savoir ce qui est le plus ridicule des deux situations

n°16558907
neojousous
Posté le 27-10-2008 à 12:39:12  profilanswer
 

foutre de a écrit :

deleuze, dans ses personnages philosophiques, ne parle pas de l'homme de la rue ; pourtant tout philosophe projette dans ce personnage beaucoup du matériel sur lequel va fructifier son discours. C'est sa prota doxa. Pour Néojousous, la rue est pleine de Catholiques... :lol: pour Deleuze, elle pourrait bien avoir été pleine de hégéliens, ou de réactifs.
 
L'homme de la rue est une sorte de croquemitaine qui tient beaucoup du crashtest-dummy : c'est lui qui fait les frais du propos de son philosophe qui l'instaure en vue de le déboulonner. On se façonne ainsi un bouvard-et-pécuchet à la mesure du discours qu'on veut tenir et de sa puissance qu'on veut asseoir sur le dos de la bêtise, ou de la tradition ou de la famille ou du capitalisme...
 
De tous temps, les hommes de la rue...


 
Il y a tout un problème méthodologique là derrière. C'est tout le problème de la philosophie expérimentale. Les adeptes de la philo expérimentales défendent une théorie de l'équilibre réfléchi entre intuitions partagées par l'homme de la rue (terme qui évoque simplement quelqu'un qui ne fait pas de philosophie, qui ne conceptualise pas) et théorie. Il faut ainsi  faire des études statistiques pour connaître ce que pensent la majorité des gens, et théoriser cela. La philo expérimentale est repoussante pour plusieurs raisons, j'en citerai deux : 1) Les gens ne partagent pas les mêmes intuitions selon les cultures, voir selon les pays ; 2) Ce que pense la majorité des gens n'a pas forcément de valeur cognitive intéressante.
Mais c'est intéressant de l'utiliser quand des philosophes font appel à l'intuition commune. Par exemple Saul Kripke, dans La logique des noms propres, affirme que l'intuition commune est essentialiste, c'est-à-dire pour simplifier, que la plupart des gens pensent qu'il y a des faits nécessaires. Des études empiriques ont montrées que cette intuition diffère selon les pays. Or le problème de Kripke dans ce passage est un problème méthodologique. Il faut évacuer au maximum toute théorie philosophique, évacuer tout préjugé, pour revenir à notre intuition première, et seulement à partir de là batir une construction philosophique. La divergence des intuitions selon les pays montre que ce type d'approche fondationnelle est peu attrayante. Je pense personnellement qu'il n'y a pas d'intuitions universelles, seulement des généralisations culturelles, et que donc la philosophie expérimentale ne peut avoir qu'un rôle de pierre de touche dans certains problèmes précis (c'est déjà pas mal).

n°16558914
neojousous
Posté le 27-10-2008 à 12:41:19  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
Dans ce que tu dis, je vois un fil conducteur très clair : le présent (seul) existe-t-il ?  
 
Alors, je te pose la question pour voir la suite de tes développements sur ce thème : n'y a-t-il que le présent ?  
Et dans ce cas, jusqu'où (vers le passé et vers l'avenir) le présent s'étend-il ?  
 
Bref, combien de temps le présent dure-t-il ? :D


 
T'es marrant, c'est le sujet de mon mémoire, j'en suis déjà à une vingtaine de pages. Je vais peut-être pas vous assommer avec une telle quantité de philosophie analytique ennuyeuse ! :p
Enfin je vais essayer de faire des petits topos de temps en temps.

n°16559194
pascal75
Posté le 27-10-2008 à 13:21:05  profilanswer
 

foutre de a écrit :


Pourtant se construire un ennemi, c'est aussi le jeu de la construction des valeurs. Ce n'est pas forcément honteux même si c'est plus fictif que réel. On sait que le hegel de Deleuze n'existe pas vraiment ailleurs que chez lui, ça reste cependant un beau combat.
Je vois mal pourquoi il serait réactif de se construire un ennemi ; c'est plutôt affronté un ennemi reçu qui est réactif, non ?
 
de toute façon, la rue de deleuze, si elle était pleine de réactifs en début de carrière, est plutôt bondée de multitudes par la suite... On est ailleurs ; et je ne statuerai pas pour savoir ce qui est le plus ridicule des deux situations


Eh bien si, je pense que ce serait réactif de se construire un ennemi qui n'existe pas. Non seulement réactif mais passablement tordu ou pauvre d'esprit. Après, toi, tu peux toujours sous la forme d'un argument d'autorité dire "on sait que..." et nier la réalité de ce qui est quand même pour Deleuze un vrai combat, ça te regarde, je te laisse te construire un ennemi fictif que tu pourras nommer "Deleuze".


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°16560672
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 15:33:49  profilanswer
 

neojousous a écrit :


 
T'es marrant, c'est le sujet de mon mémoire, j'en suis déjà à une vingtaine de pages. Je vais peut-être pas vous assommer avec une telle quantité de philosophie analytique ennuyeuse ! :p
Enfin je vais essayer de faire des petits topos de temps en temps.


 
Oui, essaie de faire des topos sur un point précis, comme sur le blog de philo de l'esprit. ;)


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16561318
foutre de
Posté le 27-10-2008 à 16:27:03  profilanswer
 

neojousous a écrit :

 

Il y a tout un problème méthodologique là derrière. [...] (c'est déjà pas mal).


merci beaucoup, très intéressant

 


moi aussi je veux bien de "petits topos de temps en temps" sur... le temps :D


Message édité par foutre de le 27-10-2008 à 16:51:39

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16561560
foutre de
Posté le 27-10-2008 à 16:50:41  profilanswer
 

pascal75 a écrit :


Eh bien si, je pense que ce serait réactif de se construire un ennemi qui n'existe pas. Non seulement réactif mais passablement tordu ou pauvre d'esprit. Après, toi, tu peux toujours sous la forme d'un argument d'autorité dire "on sait que..." et nier la réalité de ce qui est quand même pour Deleuze un vrai combat, ça te regarde, je te laisse te construire un ennemi fictif que tu pourras nommer "Deleuze".


non, je ne pensais pas avoir recours à un argument d'autorité, mais je faisais référence à des choses que rahsaan ou l'antichrist nous ont transmis sur les lectures pas kojéviennes de Hegel, des choses plus nuancées, plus récentes, des lectures moins frontales comme celle de Derrida.

 

Pas plus que le socrate de Platon, ou le Platon de Nietzsche ou le Nietzsche de Deleuze, le Hegel de Kojève n'existe vraiment. Je crois que s'inventer un personnage philosophique est une méthode pédagogique adéquate à la transmission d'un propos, que ce soit un personnage glorieux (un zarathoustra, un Dionysos) ou un personnage repoussoir (un âne, un apollon). La question n'est pas de mettre en doute la "vérité" d'un combat, comme si un combat dans la fiction était moins vrai et moins dangereux. Ce qui est intéressant c'est la construction d'un combat, sa construction littéraire, sa mise en scène dans le théâtre de la pensée, dans les artifices du logos.

 

Pour ce qui est de Deleuze, comme toi, j'en fait plutôt un amant que je suce bien profond pour sentir son gland caresser mon larynx, qu'un ennemi (même si j'avoue trouver qu'il gagné en fantaisie dans les années 70 ce qu'il a perdu en fermeté dans les érections, ce que ma bouche goulue déplore évidemment).

 

mais je vois bien que tu supportes mal qu'on lui mette un doigt ou qu'on lui griffe le cuir pendant qu'on s'adonne à lui. Ce serait bien que sur ce topic on puisse quand même émettre des réserves sur les auteurs qu'on évoque sans que nous soient renvoyés des "ça te regarde" offusqués, non ? Moi Deleuze j'aime bien le prendre en flag, parce qu'on m'a appris à ne pas ménager mes maîtres ou alors à avouer que je les protège parce que je n'ai pas suffisamment confiance en eux pour s'en sortir autrement...

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 27-10-2008 à 19:46:57

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16561953
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 17:31:06  profilanswer
 

Comme toute grande philosophie, la philosophie de Hegel est redoutable. S'y affronter, c'est prendre le risque de mettre le doigt dans l'engrenage et de ne plus en sortir, sinon en devenant hégélien à son tour. Et ce risque est redoublé avec Hegel, qui a théorisé le pouvoir du négatif à faire partie intégrante d'un processus de réalisation. Ce qui, pratiquement parlant, signifie que si vous essayez d'être anti-hégélien, vous le ferez de façon hégélienne.  
 
On pourrait faire le point, précisément sur l'antagonisme Hegel / Deleuze, en voyant, dans chaque occurrence, comment Deleuze a attaqué Hegel, et comment il a fait pour ne pas se laisser prendre dans les pièges de la dialectique.


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16562817
pascal75
Posté le 27-10-2008 à 18:47:19  profilanswer
 

foutre de a écrit :


non, je ne pensais pas avoir recours à un argument d'autorité, mais je faisais référence à des choses que rahsaan ou l'antichrist nous ont transmis sur les lectures pas kojéviennes de Hegel, des choses plus nuancées, plus récentes, des lectures moins frontales comme celle de Derrida.  
 
Pas plus que le socrate de Platon, ou le Platon de Nietzsche ou le Nietzsche de Deleuze, le Hegel de Kojève n'existe vraiment. Je crois que s'inventer un personnage philosophique est une méthode pédagogique adéquate à la transmission d'un propos, que ce soit un personnage glorieux (un zarathoustra, un Dionysos) ou un personnage repoussoir (un âne, un apollon). La question n'est pas de mettre en doute la "vérité" d'un combat, comme si un combat dans la fiction était moins vrai et moins dangereux. Ce qui est intéressant c'est la construction d'un combat, sa construction littéraire, sa mise en scène dans le théâtre de la pensée, dans les artifices du logos.
 
Pour ce qui est de Deleuze, comme toi, j'en fait plutôt un amant que je suce bien profond pour sentir son gland caresser mon larynx, qu'un ennemi (même si j'avoue trouver qu'il gagné en fantaisie dans les années 70 ce qu'il a perdu en fermeté dans les érections, ce que ma bouche goulue déplore évidemment).
 
mais je vois bien que tu supportes mal qu'on lui mette un doigt ou qu'on lui griffe le cuir pendant qu'on s'adonne à lui. Ce serait bien que sur ce topic on puisse quand même émettre des réserves sur les auteurs qu'on évoque sans que nous soit renvoyé des "ça te regarde" offusqués, non ? Moi Deleuze j'aime bien le prendre en flag, parce qu'on m'a appris à ne pas ménager mes maîtres ou alors à avouer que je les protège parce que je n'ai pas suffisamment confiance en eux pour s'en sortir autrement...


T'es un nihiliste (érotomane) :D


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°16562963
pascal75
Posté le 27-10-2008 à 19:01:49  profilanswer
 

Non mais sérieusement, je n'ai pas envie de jouer les gardiens du tombeau, simplement ton hésitation (ai-je mal compris ? c'est possible) entre le plus ridicule des deux Deleuze, celui de la première partie de sa carrière, réactif, et celui de la seconde, "bondé de multitudes", m'étonne de ta part.


Message édité par pascal75 le 27-10-2008 à 19:02:54

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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°16562975
foutre de
Posté le 27-10-2008 à 19:03:12  profilanswer
 

t'es un Dude

 

sinon, en effet, je suce à tout va, mais seul Laruelle a la vigueur de me prendre en croupe et ma chatte féconde est exclusivement réservée à celui-ci qui frappe un nouveau coup à la porte des hommes :

 

http://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/9782296066366r.jpg

 

http://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/9782296066366v.jpg

 

la vie ne s'en trouve-t-elle pas plus belle ? [:viscere musc]


Message édité par foutre de le 27-10-2008 à 19:42:45

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16563354
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 19:45:16  profilanswer
 

Héhé, sans doute. :D
 
Sais-tu ce que pense Marion de l'europanalyse ?


Message édité par rahsaan le 27-10-2008 à 19:45:25

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16563713
foutre de
Posté le 27-10-2008 à 20:33:34  profilanswer
 

"c'est une tentative très intéressante " répond-t-il en colloque pour  pouvoir passer rapidement à une autre question sans entrer dans aucun détail. c'est une technique très jésuite qui consiste à satisfaire en flatterie le questionnant pour en fait ne rien dire. ça désamorce la polémique et le chien qui a faim se contente d'une tatape amicale sur la têtête.
 
Si tu le croises, tu pourras essayer de lui demander, moi je n'ai plus la patience...


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16563763
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 20:38:30  profilanswer
 

Ouais, en gros, il n'y croit pas et il n'a pas envie d'en entendre parler.  :sarcastic:


Message édité par rahsaan le 27-10-2008 à 20:38:52

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n°16563839
foutre de
Posté le 27-10-2008 à 20:46:57  profilanswer
 

voilà
 
et puis ça le chagrine peut-être un peu qu'on ait émis une correction sur sa célèbre formule (enfin célèbre... c'est pas sheila non plus) : "d'autant plus de réduction, d'autant plus de donation" ; parce que se faire corriger sur ce qui nous fait enfin unique aux yeux de la communauté phénoménologique, ça peut vexer un peu... :whistle:


Message édité par foutre de le 27-10-2008 à 20:49:14

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16563920
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 20:55:18  profilanswer
 

Oui.
Il ne doit pas apprécier qu'on fasse "dévier" celles de ses recherches qui lui sont le plus personnel, sur la donation. Il préférerait rester seul sur ce terrain, mais voilà que Valdinoci s'approche bien trop près dans le champ philosophique (chair + Henry + donation, c'est une équation égale à celle de Marion).


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n°16563961
foutre de
Posté le 27-10-2008 à 20:59:36  profilanswer
 

en plus valdi arrive en disant : " au fait, au sujet du truc-là, j'ai un poil mieux..."


Message édité par foutre de le 27-10-2008 à 20:59:50

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16564104
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 21:13:37  profilanswer
 

Je connais un peu les recherches de Marion sur la réduction et la donation (j'ai lu le livre et j'ai suivi un cours sur le don) mais jusqu'ici, elles ne m'ont pas trop convaincu. J'ai nettement l'impression que c'est encore en chantier et qu'il manque un livre magistral sur la question.  
Sans parler de ce maudit tournant théologique qui, à terme, se retournera contre lui : le dialogue avec la théologie sera ce qu'il y a de plus daté dans son œuvre, c'est évident. On y verra un symptôme des années 2000, cette période réactionnaire de retour en force du religieux sur fond de conservatisme politique ; un retour du Moyen-Âge, de la philosophie "servante de la religion" (Marion conseiller de Lustiger, et écoutant pieusement les discours du Pape sur la Vérité).  
 
Pour le moment, je considère Marion comme un excellent professeur et historien de la philosophie. Ses livres sur Descartes sont réputés, et ses cours sur Heidegger et Augustin étaient incroyables de clarté et d'intelligence. D'ailleurs, il vient de sortir une étude sur Augustin (Au lieu de soi) qui restera sans doute comme un de ses grands livres.


Message édité par rahsaan le 27-10-2008 à 22:13:39

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n°16564530
foutre de
Posté le 27-10-2008 à 21:47:28  profilanswer
 

je croyais que sa somme moins brouillonneuse c'était "étant donné"


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16564545
rahsaan
Posté le 27-10-2008 à 21:48:34  profilanswer
 

Faudrait que je le lise. Si tu connais, je serais content d'en apprendre plus sur ce livre, ou sur De surcroît.


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n°16572365
foutre de
Posté le 28-10-2008 à 17:57:10  profilanswer
 

j'ai le souvenir très clair d'une préface assez maladroite où Marion essaie de faire une variation sémantico-syntaxique pour déployer le sens du titre : "Etant donné". mais comme il n'a pas vraiment l'aisance de derrida pour ce genre de prestation et que le coeur de son propos implique en fait d'avoir déjà lu le livre avant cette préface, ça fait un peu flop pour le lecteur. Après, ça passe mieux
 
mais j'ai vraiment pas le temps en ce moment de me lancer dans plus de détails, désolé
j'ai deux grosses lectures en route :
 
http://www.prodim.be/vander_physio.jpg
 
et
 
 
http://www.decitre.fr/gi/76/9782804147976FS.gif
 
ce sont des liens, vous pouvez aller voir


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16572382
rahsaan
Posté le 28-10-2008 à 17:58:27  profilanswer
 

Ouhla, c'est pointu ça :)


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n°16572705
rahsaan
Posté le 28-10-2008 à 18:27:01  profilanswer
 

                                                            DELEUZE ET HEGEL
 
Puisque le sujet revenait, je voulais faire un topo sur les rapports Deleuze / Hegel. Cela tournera autour du concept central de leur rencontre / confrontation : celui de différence. D. "reproche" à Hegel d'assujettir la différence à l'identité, de refuser finalement la différence pour en faire un simple moment auquel succède une synthèse plus élevée.  
Les recherches de D. qui préparent Différence et répétition l'amènent à une logique où il ne faudrait plus répéter que la différence et ne pas tenter de la subsumer sous une unité plus grande. Et jusqu'à Qu'est-ce que la philosophie ? , la différence est encore présente, bien que le terme n'y apparaisse pas conceptuellement : mais dans ce livre, Deleuze essaie de penser la relation entre la philosophie, les arts et les sciences. Il s'agit de les penser dans leurs relations et leurs différences, grâce à la trilogie concept / percept / affect, en maintenant donc des relations et des points de passage, dans l'idée de favoriser des rencontres entre ces domaines, mais sans leur chercher une unité.  
 
 
Pas de supériorité du concept
 
Chaque domaine a sa validité propre, et la philosophie n'a pas à réfléchir à la place du scientifique sur ce qu'est la science. D. veut penser ces trois domaines de façon relationnelle, donc maintenir leurs différence sans aller jusqu'à en faire des domaines entièrement étrangers, autres les uns par rapport aux autres.  
La différence échappe au dualisme du même et de l'autre. Elle est précisément entre les deux.  
Or, dans Qph ?, Deleuze situe sa propre pratique philosophique, qu'il dit "pédagogique", par rapport à la dialectique hégélienne, totalisante, qui fait des sciences et des arts de simples moments du concept philosophie qui englobe tout à la fin, de sorte que sciences et arts ne sont que des approximations pour le concept. Deleuze veut au contraire mettre à plat les rapports entre ces domaines : pas de supériorité de l'un sur les autres. Pas de hiérarchie. La philosophie n'est pas au-dessus de l'art ou de la science.  
 
 
La dialectique et la différence
 
Le premier texte où Deleuze critique très clairement Hegel, c'est dans une revue d'un livre de Hippolyte (spécialiste de Hegel, un des premiers traducteurs), Logique et existence (1953). L'article de D. est repris dans L'Île déserte. C'est à la fin de cet article que D. dit qu'il faudrait laisser la différence se déployer pour elle-même. D. s'appuie donc sur ce livre pour poser déjà sa propre vision de la différence, qui est déjà le refus de la réconciliation par la dialectique.  
 
"Toutefois la même question pourrait se poser autrement : est-ce la même chose de dire que l'Etre s'exprime et qu'il se contredit ? s'il est vrai que la 2e et la 3e partie du livre de M. Hyppolite fondent une théorie de la contradiction dans l'être, où la contradiction même est l'absolu de la différence... En revanche, dans la 1e partie (théorie du langage) et dans tout le livre (allusions à l'oubli, à la réminiscence, au sens perdu), M.H. ne fonde-t-il pas une théorie de l'expression où la dif est l'expression même, et la contradiction, son aspect seulement phénoménal ?
Hegel reproche à Platon et Leibniz de ne pas être allé jusqu'à la contradiction, d'en être resté à la simple altérité.  
 
Dans la logique différentielle que propose D. , il s'agit d'éviter la représentation et la réconciliation, pour penser la pensée comme agression et déchirement perturbante, et non recherche d'un apaisement, d'une unité rassurante (cf. "La pensée sans image", dans Différence et répétition)
 
Déjà dans Empirisme et subjectivité, D. disait que "la représentation ne peut pas présenter les relations". Il s'agit au contraire d'arriver à une logique "nietzschéenne", c'est à dire entièrement processuelle, expressive et relationnelle, de façon à contourner l'opposition platonicienne de l'apparence et de l'essence (logique du simulacre, inspirée de Lucrèce).  
 
 
Différence et contradiction
 
Or, le piège à éviter, celui tendu par Hegel, c'est de ramener la différence à la contradiction, et de vouloir donc résoudre la contradiction. Il n'y a pas à résoudre la différence, pas à surmonter l'opposition du même et de l'autre. Il faut justement refuser d'aller jusqu'à la contradiction.  
L'enjeu, la tentative, c'est de montrer qu'il y a plus dans la différence, que la contradiction n'en est qu'un fantôme, une version appauvrie -qu'ainsi, en "rester" à la différence, ce n'est pas rester en deça du dialectique, mais en sortir complétement, le briser de l'intérieur.  
C'est la dialectique qui est le refus de la différence perturbante, chaotique, qui travaille la pensée de l'intérieur en menaçant de la bouleverser. La dialectique est une domestication de la différence, un évitement de cette force sauvage qui brise la pensée et la force à penser.  
 
Pour autant, la différence n'est pas la simple diversité empirique, ou la pluralité harmonieuses : en rester à cela, c'est prêter le flanc à une critique hégélienne qui montrerait que cette diversité se contredit elle-même, en ce qu'il faut bien qu'elle repose sur une unité plus haute pour pouvoir exister.  
D. veut court-circuiter la logique dialectique de la contradiction. C'est pour cela qu'il use des concepts de différence et de répétition.  
 
 
L'image de la pensée
 
Pour D. , penser dans la contradiction, c'est toujours s'en tenir à une image de la pensée. C'est penser à partir d'une image toute faite, d'une doxa, de certains mots d'ordres qui bloquent la pensée, qui l'empêchent d'advenir. Aussi, dès le début, dans la logique de la dialectique, la pensée est empêchée.  
C'est le thème qui revient dans Nietzsche et la philosophie, dans l'opposition entre dialectique et tragique, entre pensée du ressentiment qui assujettit l'affirmation en l'obligeant à passer par la négation, alors que l'affirmation tragique serait dès le début supérieure à toute négation et s'en emparerait pour la maintenir elle aussi comme affirmation. Ainsi chez Nietzsche, le non est toujours au service d'un oui plus fort : quand Zarathoustra nie les valeurs, ce n'est pas en nihiliste, mais au nom de valeurs plus hautes.  
 
C'est pourquoi D. estime que Hegel est le penseur de la trahison, comme il le dit dans un entretien. Hegel est le penseur de l'Etat, car avec la dialectique, toute pensée peut être "étatisée", amoindrie, neutralisée, pour se mettre à ronronner un discours de pouvoir, pour redevenir une pensée représentative, rassurante. Dès le début, la dialectique trahit.  
C'est pourquoi, pour D. , la dialectique n'est pas complétement illusoire. Oui, il y a bien des réalités dont la logique est dialectique (négation, négation de la négation etc. ) mais c'est au niveau qu'il nomme "molaire", au niveau des gros discours et des gros concepts (LA Loi, l'Etat, LA Justice etc.), alors que la dialectique n'a pas cours au niveau moléculaire, au niveau mineur, au niveau n-1 auquel Deleuze veut maintenir strictement la philosophie.  
La philosophie n'a pas à servir l'Etat. Ce n'est pas un pouvoir, mais un combat, une lutte qui passe par chacun de nous. La philosophie n'a rien à communiquer aux pouvoirs, elle peut seulement entamer des pourparlers, car elle est fondamentalement dans la logique de l'antagonisme, elle est comme une guérilla, une "machine de guerre" (cf. Pourparlers).
 
 
Les critiques deleuziennes de Hegel
 
Il y a donc une réelle cohérence entre les différentes critiques adressées par Deleuze à Hegel, quoique ces attaques se fassent par plusieurs angles :  
- La contradiction évite la confrontation avec la différence  
- La dialectique maintient la pensée dans une image qui l'empêche d'advenir et l'enferme dans le négatif, le ressentiment  
- La dialectique est ainsi le langage des mots d'ordre, et le philosophe devient le servant du pouvoir, son langage une sanction qui s'en tient aux valeurs établies au lieu de tenter de créer de nouvelles valeurs
- La vision totalisante du concept nie l'autonomie des sciences et des arts, et bloque ainsi la compréhension véritablement créatrice de la philosophie.
 
La différence n'est pas fondamentalement l'opposé de la contradiction, sans quoi D. resterait encore dans une logique hégélienne de position qui ne se fait que par opposition, dans une logique où toute affirmation se soutient secrètement d'une négation. En réalité, la différence n'a pas besoin d'autre chose que de sa propre puissance pour exister, et ensuite, dans un second temps, rencontre ce qui lui est opposée, selon la même logique que la morale des maîtres, chez Nietzsche, se constitue d'abord comme affirmation de soi puis comme négation du faible, du mauvais.
La logique "nietzschéenne" de D. veut poser l'affirmation comme supérieur à toute négation (d'où l'idée, par exemple, dans l'article sur le structuralisme, que ne valent que les livres "pour", pas les livres écrits contre quelque chose).  
 
 
Gérard Lebrun et la différence deleuzienne
 
Dans son grand livre sur Hegel, La patience du concept, Gérard Lebrun parle de Différence et répétition, mais en notes de fin de chapitre, car il n'a lu la thèse de D. qu'après avoir fini son livre. Il comprend très intelligemment les critiques de D. contre Hegel mais maintient cette réserve que, selon lui, la différence hégélienne n'est plus inscrite dans la pensée représentatrice. Pour Hegel, il s'agit de sortir des oppositions d'entendement et des représentations de couples toutes faites (nécessité / liberté, en devenir / éternel etc.) pour passer dans un au-delà de la représentation.  
Deleuze lui renvoyait Hegel dans le monde de la représentation, en disant que H. avait en réalité porté la représentation à l'infini, et ne l'avait pas du tout abolie ou dépassée.  
Lebrun dit que l'Identité spéculative chez Hegel a tout de même ceci de particulier qu'elle peut inclure en elle la différence, et réaliser ainsi l'Identité de la différence et de l'identité.  
Ce n'est donc plus l'identité classique qui excluait toute différence.  
 
C'est dans L'envers de la dialectique que Lebrun va reprendre profondément cette critique de Deleuze à partir de la notion de différence. Lebrun va montrer, à la fin de son livre, que la dialectique hégélienne est une gigantesque théodicée cachée, et que loin de subvertir les règles de la métaphysique classique, elle les prolonge complètement, en particulier en niant la différence : l'Esprit hégélien finit par déployer complètement la différence, en la laissant vivre pour elle-même, mais parce que l'Esprit y retrouve sans cesse sa diversité, dans chacune de ces différences. Dans l'autre, l'Esprit rejoue le même jeu, la même partition, la même logique. Peut-on imaginer subversion plus inoffensive, dit Lebrun ?  
 
 
L'inoffensive subversion dialectique
 
Les termes sont donc les mêmes que dans La patience du concept, à savoir que l'Identité spéculative est capable de laisser vivre la différence pour elle-même, mais cette fois, Lebrun ne le prend plus pour la force de l'Identité hégélienne, mais comme son échec, comme la résurrection d'une théodicée. Lebrun dit qu'il a appartenu à Nietzsche de saper les soubassements de cet édifice et de briser ainsi toute histoire de la philosophie (pour Châtelet, Marx a lui aussi fini par briser l'histoire de la philosophie, c'est à dire la théologie hégélienne).  
Pour Lebrun, il y a donc bel et bien un envers de la dialectique, si étonnant que cela puisse paraître, puisque la dialectique se voulait le régime de discours qui ne laisse rien au-dehors de lui, aucun envers, aucune détermination conceptuelle non élucidée. Or, Lebrun montre, à la lumière de Nietzsche, qu'il y a bel et bien un envers non élucidé, non élucidable, non avouable, par la dialectique, et que celle-ci constitue donc une "stratégie philosophique inavouée", visant en particulier à exclure du champ discursif la pensée du hasard épicurienne et à parler le langage de peur et de ressentiment nécessaire au maintien de l'Etat.  
Lebrun paraît donc bien donner raison à Deleuze dans sa critique de l'identité hégélienne à partir du concept de différence.  
 
Aussi je conclurai comme Lebrun : il ne s'agit de décourager personne de lire Hegel, mais il faut savoir à quelle façon de parler on a affaire, à quelle stratégie. Bref, avoir la sagesse de savoir ce que parler en dialecticien veut dire. Je crois que c'était aussi le sens des mises en garde de Deleuze : sachons repérer ce que dit Hegel. La dialectique n'est pas innocente, elle a son envers. C'est à cet envers qu'il faut directement s'attaquer, pas à la surface de la dialectique, où Hegel nous prendra toujours au piège. C'est aux soubassements métaphysiques de la dialectique qu'il faut s'intéresser, à ses mystifications. "Si je ne peux pas plier le ciel, je remuerai les enfers" (Virgile, Enéide, VII).


Message édité par rahsaan le 29-10-2008 à 18:08:30

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