Un graffiti est une inscription ou un dessin tracé, peint ou gravé sur un support qui n'est normalement pas prévu à cet effet.
Historique
Dans la culture hip hop, le graffiti est une forme d'expression urbaine prégnante, qui puise son inspiration dans la rue. Ce type de graffiti est né à New York à la fin des années 1960, par l'apparition de tags, notamment dans les métros et trains de banlieue. Face à l'importance de ces tags, certains ont développé un style afin de se démarquer, par des lettres pleines notamment.
Le graffiti, en plus de sa dimension de détournement de la publicité urbaine omniprésente, s'est généralisé en une tentative de détournement général du milieu urbain ; des graffeurs new-yorkais ont alors commencé à voyager et à apporter cette pratique en Europe.
Tags et graffitis
Le graffiti se compose de nombreux courants et techniques (wildstyle, freestyle, 3D, flops, méca, end to end, etc.), qui, sans se mélanger, se recoupent. Certains taggeurs, eux, oppèrent dans un style dit hardcore, qui consiste à laisser sa marque sur les murs des villes sous formes de signatures, ou tags, plus ou moins travaillées de chromes (peinture massive sans détails, généralement bicolore en noir et chrome), de flops ou de throws-up (lettrage exécuté rapidement généralement d'un seul trait, qui doivent leur nom à leur forme très arrondie). Le but est d'impressionner, plus par la difficulté et les risques courus par la pose du graffiti sur un support exposé, que par la qualité visuelle.
Certains trouvent qu'il est là difficile de parler d'art car ils estiment que la pose de ces graffitis entraîne une dégradation de plus en plus visible de certains bâtiments, lesquels, par cet aspect leur semblent délabrés et entretiennent la laideur des zones périurbaines et des banlieues, source, estiment ils, de mal-être pour quelques uns de ses habitants. Les villes de France consacrent du reste une partie de leur budget municipal au nettoyage des bâtiments « tagués », d'autant plus quand ils sont anciens et historiques ou neufs (voir plus bas). Cette démarche artistique n'est pas encore bien comprise des personnes non averties. Les artistes français les plus talentueux dans cet aspect du Graffiti sont entre autres COLORZ, SIGN, SQUAT, PSY, JONONE, SMAT, KEA, SWEN, MAO, ERY:2, DREO, DION, NASTY, SLICE, O'CLOCK, TRANE, KIRS, DOZER, VISION, REST, SHEED16, CREEZ, AZYLE, KOFY, BABOO, GURU, DIZE, NASCYO, EARL, EKER, SIER, LT27 Crew, GT, MKC, UV, TPK , LGF etc.... Ce mouvement peut aussi prendre une dimension politique dans des pays opprimés, on se souvient notamment du mur de Berlin.
D'autres graffeurs, cependant, tendent à une démarche réellement artistique, créent des fresques aux couleurs multiples et aux formes compliquées, retraçant sur les murs et les trains une certaine vision du monde qui les entourent (c'est le cas au Forum de Barcelone ; voir plus haut). Parmi les artistes actuellement reconnus sur la scène française du graffiti, on peut citer André, la trumac . Le graffiti possède une variété de style, d'écoles, telles que le style New-Yorkais, Européen ou Allemand, plus axé sur un travail de 3D.
La lutte contre les tags
La présence de tags est jugée par les municipalités et les entreprises comme nuisible à leur attractivité.
La SNCF évalue à 5 millions d'euros annuellement les frais de nettoyage de graffitis sur ses trains. De nombreuses municipalités consacrent une partie de leur budget au nettoyage des graffitis. Enfin, certains graffeurs ont pris l´habitude de graver leurs signatures afin de les rendre indélébiles (sur les vitres des abribus, des cabines téléphoniques, les vitrines des commerçants, etc.)cette forme de tags se nomme le scrathfitti.
L'affaire de la SNCF
Les faits
Début 2003, en France, une vaste enquête regroupant des agents de la Police nationale, de la SNCF et de la RATP, a abouti au démantèlement d'un vaste réseau de 150 graffiteurs (ou graffeurs) qui depuis 1999 auraient causé plusieurs dizaines de millions d'euros de dégâts.
Le but du jeu pour une bande de tagueurs est de délimiter son territoire ou de conquérir un autre territoire en le marquant, selon un code de conduite et des règles d'honneur. Les wagons de train qui roulent et parcourent de longues distances sont une cible de choix car les tags vont pouvoir être vus par beaucoup de gens.
Une autre motivation était la « punition » qu'ils pouvaient infliger à la société par le fait de couvrir de tags, l'extérieur comme l'intérieur, des wagons lorsqu'un des membres de leur bande était arrêté (le terme de « pourrir » est parfois utilisé par les graffeurs pour qualifier certaines actions). On retrouve là la valeur dénonciatrice et rebelle du graffiti.
Longtemps la RATP comme la SNCF n'ont pas réagi car leur direction ne voulait pas paraître répressive envers les délinquants, alors qu'un ministre de la culture, Jack Lang, avait élevé les graffitis au rang d'art. Le phénomène était donc en pleine expansion, d'autant plus que le risque encouru n'était pas bien important puisque le tagueur n'était poursuivi, en cas de flagrant délit, que pour le tag qu'il était en train de dessiner.
De plus, le petit monde des grapheurs s'organisait de façon quasi-professionnelle et disposait de sites Internet et de journaux et de revues spécialisées comme Graff it. Sur le terrain, ils utilisaient des téléphones portables, dans certains cas volés pour éviter d'être repérés [2], les messageries, et surtout travaillaient en groupe de huit à dix personnes au minimum avec des guetteurs.
En 1999, la SNCF se dota d'une mission Propreté qui commença par prendre des contacts sérieux avec la Police nationale et se dota de ses propres agents enquêteurs, munis d'appareils photos numériques afin de photographier le maximum de graffitis dans tout l'hexagone.
Quelques magistrats prirent conscience de l'ampleur du phénomène et à partir de 2001 demandèrent aux policiers de remonter jusqu'aux auteurs des revues et des sites Internet, de répertorier les tags afin de différencier les bandes, afin de les traduire devant la Justice. Désormais, la Justice souhaitait poursuivre un tagueur pris, non plus seulement sur un fait de flagrant délit mais sur l'ensemble des tags qui présentent une même signature et des mêmes caractéristiques.
À partir de juin 2001 l'organisation de la lutte anti-tagueurs commença à monter en puissance
Le premier procès a eu lieu en 2003 à Versailles. Il n'était plus question d'amendes légères contre les 150 personnes poursuivies : la SNCF et la RATP avaient demandé d'importantes sommes en dommages et intérêts. Pour la seule SNCF, le montant s'élève à 1,3 million d'euros, d'autant plus qu'il s'est avéré que certains des tagueurs avaient des métiers lucratifs dans la publicité ou le graphisme.
Un autre procès s'est déroulé en 2004 ; la SNCF requérait à l'encontre de journaux ayant représenté des fresques sur train, considérant que cela était une incitation au viol de la loi. La SNCF réclamait la suppression pure et simple de ces journaux en réclamant 150 000 euros. À l'issu de ce procès, les journaux furent acquittés. La décision a été saluée par la Ligue des Droits de l'Homme, car selon elle, c'est le reflet d'une répression parfois abusive, notamment concernant les sites sur Internet.
Photos:
les trains
les toits
les camions:
les stations de métro
les tunnels
les fresques