Chaque jour, les témoignages de gratitude de Muff Potter mettaient du baume au cœur de Tom qui se félicitait d’avoir parlé. Mais la nuit, comme il regrettait de ne pas avoir tenu sa langue ! Tantôt il aurait tout donné pour apprendre l’arrestation de Joe l’Indien, tantôt il redoutait que le coupable ne fût pris. Il savait qu’il ne serait jamais tranquille tant que cet homme ne serait pas mort et qu’il n’aurait pas vu son cadavre.  
On eut beau promettre une récompense à celui qui le trouverait, des battues eurent beau être organisées, Joe l’Indien échappa à toutes les recherches. L’une de ces merveilles ambulantes, de ces sages omniscients, un détective, vint exprès de Saint-Louis. Il fourra son nez partout, hocha la tête et, comme tous ses semblables, finit par découvrir une « piste ». Par malheur, en cas de crime, ce n’est pas la piste que l’on conduit à la potence ; si bien que, une fois sa trouvaille faite, notre détective regagna ses pénates, laissant Tom aussi inquiet qu’auparavant.  
Néanmoins, les jours s’écoulaient et, avec eux, diminuaient peu à peu les appréhensions de notre héros.

- La résurrection, c'est comme la politique, décréta Samuel Langhorne Clemens. Elle vous fait partager votre lit avec d'étranges compagnons de route. Et je ne peux pas dire que ce soit de tout repos.
Sa longue-vue sous le bras, il faisait les cent pas sur la dunette du Dreyrugr (l'Ensanglanté) tout en tirant sur un long cigare vert. Ari Grimolfsson, le timonier, qui ne comprenait pas l'anglais, le regarda d'un air stupide. Clemens traduisit tant bien que mal en ancien nordique. Le timonier garda son air stupide.
Clemens jura en anglais et le traita de barbare arriéré. Depuis trois ans qu'il pratiquait, jour et nuit, le norrois du dixième siècle, il n'avait réussi à se faire comprendre que de la moitié des hommes et des femmes qui vivaient à bord du Dreyrugr.
 - A quatrevingt-quinze ans et des millénaires de poussières, je commence, comme Huckleberry Finn, par descendre le Fleuve en radeau, jusqu'à ce que je tombe sur ce stupide vaisseau Viking sur lequel je m'embarque pour le remonter. Et la prochaine fois, ce sera quoi ? A quel moment pourrai-je enfin réaliser mon rêve ?

A quatrevingt-quinze ans et des millénaires de poussières

Le jour envahit la cabane par le canal privilégié qu'offrait la porte ouverte, soulignant le grain du plancher et illuminant des segments des pieds de la table et du lit.
Couchée sur le dos, Caozinha ouvrit les yeux. La femme était agenouillée près de sa tête.
-C'est le matin.
La Monstresse passa une jambe par-dessus la tête de la jeune fille étendue.
-Tu sens la chaleur de ma chatte ? Tu sens combien elle te veut ?
Caozinha, que la femme chevauchait sans la clouer sur le lit, aurait pu se dégager. Elle ne bougea pas.
La Monstresse rapprocha son con du visage de la métisse.
Le contact établit, la vulve initia un baiser complexe. Les petites lèvres s'insinuèrent dans la bouche de Caozinha, pour se répandre le long des gencives qu'elles massèrent avec délicatesse tandis que les grandes lèvres, par jeu, en pinçaient le pourtour comme l'aurait fait l'appendice buccal d'un tapir.
Puis quelque chose qui ressemblait beaucoup à la propre langue de Caozinha rampa hors de sa chatte et dans la bouche de la métisse.
 
[...]
 
-Et maintenant je vais t'offrir ce qui te plaira vraiment.
La femme baissa la tête jusqu'à la chatte humide et ouvrit la bouche le plus possible.
Il en émergea un le gland gorgé d'une belle grosse queue, du lubrifiant gouttant de son oeil vertical. Le membre agité de pulsations franchit les quelques centimètres séparant bouche et chatte et s'enfonça en Caozinha, qui haleta. Une fois la tête bien plantée, le reste de la hampe autonome se transféra sans perdre de temps dans son nouveau logement. Les testicules requis, scrotum tenu fermé par un ergot de chair, sortirent en dernier de la bouche de la Monstresse avec un sursaut pour franchir la clôture de ses dents blanches, se plaquer contre le périnée de la métisse et rebondir au gré du rythme saccadé de leur chibre fouisseur.

L'haleine visible, Kerry Hackett ne parait pas ressentir le froid, bien qu'elle soit nue comme le minerai brut arraché aux entrailles de la terre. Elle entre dans le champ de vision limité de Shangold tel un montage surréaliste et à la perspective écrasée: cuisses, chatte, ventre, seins et visage.
-Deuxième classe, tu te rappelles cet aspect précis de ma personne ? Bien des moi ont exploré bien des mondes et bien des moi sont restés en arrière dans bien d'autres mondes. Et si ces derniers ont plutôt raté leur vie, ceux qui sont partis ont réussi au-delà de toute espérance. Ta mémoire englobe tous les mondes différents ? La mienne le fait. Mais peut-être que ma bouche t'aidera à mieux te souvenir de tous mes moi.
Elle enjambe le soldat paralysé par terre, s'accroupit. Des mains irrésistibles brisent l'épingle de sûreté et la boucle de ceinturon, et déchirent d'un seul coup son pantalon jusqu'aux genoux. Bientôt son caleçon gît lui aussi en lambeaux et sa queue tremblotante surgit à contrecoeur.
Kerry effleure d'un doigt humide de salive la longueur de son chibre, et le gros membre semble presque aspirer du sang de lui-même ; on croirait voir le cou d'un cygne noir se déployer. Elle embaume la bite, se baisse et plaque le bout de sa langue encadré par ses dents blanches sur le méat. Sa langue adhère au gland, se détache de sa bouche et entreprend de se frayer un passage par l'orifice. Presque du diamètre de la queue du soldat malgré la pression, l'appendice autonome s'enfouit au coeur du tube de chair. Bientôt sa racine disparaît dans le gland distordu, tandis que l'extrémité dissimulé poursuit son travail de tunnelier. Le trajet de la langue le long du pénis se traduit par le cheminement d'une boule de chair, tel un cochon sauvage avalé par un python.
 
[...]
 
Au bout de quelques minutes, la peau du deuxième classe présente un motif reptilien, mosaïque de peau, de sorte que le Soldat sauvage semble dévoiler un nature d'alligator-garou. Seulement il se métamorphose, de toute évidence, non pas en une seule mais en de nombreuses créatures.
Des têtes de lézards bien vivants, tout en narines dilatées et en yeux exorbités, se forment d'abord tels des bas-reliefs sur le gaufre vert-de-grisé de son aine, de ses pectoraux et de ses cuisses. Chaque tête se lève, entraîne le reste de sa masse derrière elle et s'arrache en souplesse au corps de Shangold, comme s'il s'agissait d'un étang recouvert d'une membrane élastique, pour prendre une consistance rugueuse et joyeuse sitôt que la dernière griffe se détache.