"Demain sera le changement."
Les matins se suivent et se ressemblent dans ma très chère petite ville. La chaleur est omniprésente, et les rues désertes. En plein mois de Juillet, rares sont les gens qui souhaitent rester en ville sous une température aussi élevée. Voila une histoire vraie. Installez vous confortablement et voyez ce que ma vie est devenue en quelques heures.
Il était une heure du matin quant à force de tourner dans mon lit je décidais de fumer une cigarette sur le rebord de ma fenêtre. La lune méclairait de son éclat rougeâtre et je me mis à fredonner bêtement cette chanson que ma mère me chantait tout petit. « Les cochons et les canards, vont ensemble à la marre
». Bref je mattardais bien plus longtemps que prévu, le mégot à la main. Quelques minutes de plus, le temps de dire au revoir aux étoiles et je repartis étrangement soulagé par cet interlude nocturne. Je me rendormis aussi tôt enfouie sous les draps frais et lisses.
Le lendemain matin, je ne prêtais même plus attention à la douce nuit que javais passé. Je pensais surtout à me bouger les fesses pour ne pas arriver en retard au boulot. Douche et petit déjeuner qui se résumait à un verre de lait. Ensuite, direction ma cage à lapin où jallais passer 8h enfermé avec pour seul ami mon stylo bille bleu.
Je rentrais finalement du boulot par le tram. Une bécasse avec des bigoudis me dévisageait comme si je javais un bol de bortch sur la tête. Je lui lançait alors un sourire aimable et me retournait vers la fenêtre, regardant passer les gens, les trottoirs, les bâtiments. Mon esprit senvola alors loin de tout. La sonnerie du terminus me sortie de ma transe psychique et je descendis rapidement. Je marchais quelques minutes le temps darriver chez moi et aperçu les préparatifs de la fête de la musique. Jouvris la boite au lettre, et y découvris une enveloppe de mon ex. Je la fourrai dans ma sacoche en me disant que je louvrirai plus tard. Je montais, quittais mes chaussures, mon pantalon, jenfilais un tshirt et massit sur le canapé. Je restais là 5 min à me reposer, à sentir le stress senvoler, puis je pris une bonne douche. La faim moppressa alors, comme si je navais pas mangé de toute la journée. Je ne pris même pas le temps denfiler un caleçon, que je me précipitais sur le frigo, sortais le blanc de dinde, la mayonnaise et des feuilles de salades. Je pris mon temps. Apres tout, je nétais pas pressé, le lendemain on était samedi. Je mangeais tout en regardant la télévision, une vielle série américaine. Je la laissais, ça me détendait.
Soudainement, je me posa alors les questions suivantes : pourquoi avais je été si hâtif pour manger ? Etait ce impératif au point de me montrer nue à la fenêtre à la recherche dun pot de mayonnaise ? Puis mes yeux se reposèrent sur la TL et se fermèrent petits à petits. Mes questions nauront pas de réponses.
Lorsque je repris conscience, il était une heure trente du matin. Jétais nu et javais terriblement froid. La fenêtre cétait ouverte je ne sais par quel miracle. Jalla masperger la tête dau froide dans la salle de bain. Je mobservais alors devant la glace, la lune pour seule lumière. Mes yeux bleu cobalt ressortaient si intensément que je métonnais de ce regard si perçant. Japerçu une sorte de rougeur qui me faisait mal dans le coup. Une sorte de suçon.
Je déclarais à haute voix : « Une chose après lautre. »
Jenfila un caleçon propre, ferma la fenêtre et but un verre deau. Japerçus alors la lettre, sortant de la sacoche, comme pour me dire : « ouvre moi, ouvre moi !! »
Et bien puisquelle me le demandait si gentiment, je mapprochais pour louvrir. Plus tard, je me demanderai si cette lettre ne mavait pas vraiment parlé.
Jouvris lenveloppe, et en sortis une feuille de papier pliée en trois. Le parfum que jaimais tant il y a quelques mois ampli la pièce. Au fur et à mesure que mes yeux parcouraient les lignes, mon ventre devenait dur, et des frissons menvahissaient. Je la relus deux ou trois fois pour être sur. Je me rendis compte que jétais en sueurs.
Jallai être papa.
Comment cela pouvait bien être possible. Bien sur que je lai culbuté en long et en large mais toujours avec des préservatifs et en plus elle avait un stérilet !! Bon sang et si cétait la courgette avec laquelle je mamusais avec elle. Jessayais de trouver des excuses plus saugrenues les unes que les autres.
Puis un éclair de génie me vint.
Le contrat que javais signé avec elle ! Oui ! En effet, mon ex nest pas un être humain, cest une sorte dhumanoïde mi homme mi autre chose que je ne savais pas à lépoque. Mais pourquoi pas après tout, jétais comblé sexuellement et elle aussi. On signait un contrat comme quoi les deux concubins ne voulaient pas denfants (En 2025 les choses en étaient encore à ce niveau). Je me précipita sur le tiroir, entre les factures et les pubs. Je ne le trouvais plus. La fièvre me gagna peu à peu ainsi quune panique effroyable. Je massis sur un tabouret tout en mappuyant le dos sur le mur avant de mévanouir.
Dix minutes plus tard, jémergeais doucement de mon semi rêve où des papillotes volantes plongeaient dans un ruisseau de lait. Je décidais daller me coucher, je verrais plus clair demain. Je mallongeai sur le lit, fenêtre ouverte, comme si le monde extérieur nétait plus rien pour moi, comme si plus rien dautre que mon enfant ne me faisait soucis.
Après le réveil, le petit déjeuner, je décidais dappeler ma mère pour savoir si les prises de sang été infaillibles pour savoir si on été enceinte. Bref je prenais des renseignements. Je voulais en plus parler à mon père, mais il reparaît le motoculteur. Je lui dis au revoir et lembrassé, déjà décidé daller voir mon ex et lui demander où été ce contrat.
Pour le moment je me détendais dans un bain en lisant Léquipe. Une rubrique « Rions un peu » montrant les exploits de Tapie à Marseille sans préciser comment il avait fait couler Manu France à Saint Etienne. Aigri par ce personnage qui mest abject, je me leva et mhabilla en vitesse, direction lappartement de mon ex. Un petit 9m².
Lorsque japerçu la porte de sa petite chambre, je ne pris pas le temps de frapper, je voulais montrer ma détermination. Le souci cest que ma détermination seule Dieu la vu. Elle nétait pas là alors que son petit logement était ouvert. On pouvait voir un lit avec un vibromasseur posé dessus, un évier et une tl plus décorative quutile. Je me sentis tout dun coup très faible, et me coucha sur le lit en mécriant : « Oh mon dieu ! Pas encore
». Malheureusement, il ne mécouta pas, et je meffondrais. Je me réveillais doucement et aperçu le visage de Julie. Elle avait lair joyeuse, et avait pris soin de cacher lobjet sexuel que javais pu apercevoir.
« Bonjour Florent »
« Tu étais ou ? Bon sang ça fait quand même pas mal de temps que je suis là ! Pourquoi tu nes jamais là quand il faut. Jai toujours lair dune schnole à chaque fois
»
« Cest pour ça que je tai aimé
»
Alors je la vis se métamorphoser. Son visage devient livide et elle se mit à pleurer abondamment.
« Je ne voulais rien te dire. » dit-elle entre deux sanglots «Je voulais pas garder les lauriers, cest pas pour ça. Je te le jure. ». Je la pris dans mes bras et la berçait.
« Tu sais tu aurais pu faire attention, je ne comprend pas comment ça à pu arriver »
« Cest moi qui est enlevée le stérilet et qui est oubliée de te le dire. La nuit où tu étais complètement ivre, on a fait lamour sans capote. Dans létat où tu étais je pense bien que tu ten rappelles plus. Je pensai que je pouvais te faire confiance, quensemble on allait réaliser de grande chose malgré ma différence
. Tu sais le bébé, je ne peux pas le tuer. » Sa dernière phrase était tellement froide que jen eu des frissons
« Tu veux le garder, je comprends
»
« Oui mais je ne peux pas avorter, je ne suis pas humaine, cest pas possible.»
« Le contrat
»
« Je lai détruit. »
« Pourquoi ? »
« Je voulais quil ny est pas de preuve que lon soit ensemble si tu nacceptes pas de revenir avec moi. Pour que ma famille ne soit pas inquiétée. Tu sais ce quils font à des femmes comme moi qui couchent avec des humains ? Et ils ne sarrêtent pas à elles. Ils sen prennent à toute la famille. »
« Je vois
»
Ces deux mots vinrent douloureusement à ma bouche. Cétait mon enfant, mais sa mère je ne laimais plus.
« Il sera spécial cet enfant, il aura mes problèmes »
« Qui es tu en faite Julie ? »
« Je ne suis pas humain, je me nourrie des humains. »
Je mévanouis alors de nouveau instantanément.
Je me réveillais cette fois que très tard dans la nuit, en criant « Photos !! Donnez moi ces photos !!! Je ne veux pas compromettre mon fils !! »
Elle nétait pas là. Ma décision était prise. Jallais donc devenir un social traître.
Désormais je voterais égalisation de toutes les races, sexes, etc. Je ne comprenais pas ce changement qui sopérait en moi.
Lorsquelle réapparut a 3h du matin, on se regarda longuement, puis finalement, je ne dis quune chose, la seule chose qui me venait à lesprit : « Après notre séparation, tu as eu dautres aventures ? »
« Quel flibustier tu fais.. » dit elle en menjambant. La nuit allait être courte.
Jappris plus tard, que le jour où justement, je me suis réveillé en chantant la chanson que jentendais étant gamin, était le même jour ou ma femme appris que ça serait un garçon.