Les Philippines, pays catholique sans pilule ni capote
 
Le conservatisme du pape Jean Paul II, qui s'est toujours opposé à la pilule et au préservatif, a laissé une véritable bombe à retardement aux Philippines, un pays très catholique au taux de natalité aussi élevé que la pauvreté.
 
L'usage du préservatif est quasi inexistant dans cet archipel de 84 millions d'habitants, en grande majorité catholiques, et, avec un taux de naissance de 24 pour mille habitants, le pays devrait voir sa population doubler dans les trente ans, selon la Commission démographique gouvernementale.
 
Pourtant, plus de la moitié de la population vit avec moins de deux dollars par jour et le pays, lourdement endetté, cherche désespérément des moyens pour fournir éducation, services de santé et alimentation. Le contrôle de la natalité n'a jamais été débattu lors de la campagne présidentielle de juin qui a vu la reconduction de Gloria Arroyo, catholique fervente.
 
Une proposition de loi propose toutefois de restreindre le nombre d'enfants à deux par famille, de mettre en place une éducation sexuelle et d'encourager la distribution de contraceptifs. Mais le projet, d'initiative privée, a suscité un tollé dans l'Eglise. Mgr Jesus Dosado, du diocèse d'Ozamiz, dans l'île méridionale de Mindanao, a menacé d'excommunion tout membre du gouvernement qui soutiendrait «un projet de loi qui s'attaque à la vie». «Ceux qui soutiennent dans le privé des mesures de contrôle de la population ne seront pas excommuniés mais ils devraient en toute conscience ne pas se présenter» pour communier, a-t-il ajouté dans la presse locale. Selon les observateurs, le projet, dont le passage devant le Parlement n'est pas encore programmé, n'a aucune chance d'être entériné dans un pays où l'Eglise est omnipotente.
 
«La plupart des pays catholiques laissent aujourd'hui la question du contrôle des naissances dans les mains des gouvernements élus mais, ici, l'Eglise représente encore une voix primordiale dans le dossier», explique Rosy Alegria, porte-parole de la Commission démographique. «Et cette voix reflète l'opinion conservatrice du pape décédé», ajoute-t-elle.
 
Le directeur de la Commission, Tomas Osias, avait récemment alerté les pouvoirs publics, estimant que les Philippines devaient rapidement adopter une politique permettant de juguler la hausse du nombre de bébés morts nés, et des mères décédées lors d'accouchements, en raison de naissances non désirées. Le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) a évalué à plus de 400.000 le nombre de femmes qui chaque année mettent leur vie en danger pour tenter d'avorter, une pratique illégale.
 
Selon une étude du Bureau de météo sociale, diffusée l'an dernier, environ 20% des Philippines âgées de 18 à 24 ans prenaient la pilule et 2% seulement utilisaient un préservatif. 70% des Philippins, hommes ou femmes, n'utilisent aucun moyen de contrôle des naissances. Le secrétaire à la Santé, Manuel Dayrit, a déjà signifié son opposition au projet de loi. «Nous allons orienter les adolescents sur la responsabilité de ne pas avoir d'enfants à un âge précoce mais nous ne leur dirons pas qu'ils sont libres d'utiliser des préservatifs et des contraceptifs», a-t-il déclaré.
 
«Les contraceptifs sont le premier pas vers le meurtre d'enfants», estime Mgr Oscar Cruz, archevêque de Ligayen-Dagupan (nord). Le projet de loi viole le cinquième commandement («Tu ne tueras point»), ajoute le secrétaire général du cardinal Ricardo Vidal, de Cebu (centre). «Reste à savoir si cette position changera avec le nouveau pape», lance Rosy Alegria, porte-parole de la Commission démographique.

Les Philippines, pays catholique sans pilule ni capote
 
Le conservatisme du pape Jean Paul II, qui s'est toujours opposé à la pilule et au préservatif, a laissé une véritable bombe à retardement aux Philippines, un pays très catholique au taux de natalité aussi élevé que la pauvreté.
 
L'usage du préservatif est quasi inexistant dans cet archipel de 84 millions d'habitants, en grande majorité catholiques, et, avec un taux de naissance de 24 pour mille habitants, le pays devrait voir sa population doubler dans les trente ans, selon la Commission démographique gouvernementale.
 
Pourtant, plus de la moitié de la population vit avec moins de deux dollars par jour et le pays, lourdement endetté, cherche désespérément des moyens pour fournir éducation, services de santé et alimentation. Le contrôle de la natalité n'a jamais été débattu lors de la campagne présidentielle de juin qui a vu la reconduction de Gloria Arroyo, catholique fervente.
 
Une proposition de loi propose toutefois de restreindre le nombre d'enfants à deux par famille, de mettre en place une éducation sexuelle et d'encourager la distribution de contraceptifs. Mais le projet, d'initiative privée, a suscité un tollé dans l'Eglise. Mgr Jesus Dosado, du diocèse d'Ozamiz, dans l'île méridionale de Mindanao, a menacé d'excommunion tout membre du gouvernement qui soutiendrait «un projet de loi qui s'attaque à la vie». «Ceux qui soutiennent dans le privé des mesures de contrôle de la population ne seront pas excommuniés mais ils devraient en toute conscience ne pas se présenter» pour communier, a-t-il ajouté dans la presse locale. Selon les observateurs, le projet, dont le passage devant le Parlement n'est pas encore programmé, n'a aucune chance d'être entériné dans un pays où l'Eglise est omnipotente.
 
«La plupart des pays catholiques laissent aujourd'hui la question du contrôle des naissances dans les mains des gouvernements élus mais, ici, l'Eglise représente encore une voix primordiale dans le dossier», explique Rosy Alegria, porte-parole de la Commission démographique. «Et cette voix reflète l'opinion conservatrice du pape décédé», ajoute-t-elle.
 
Le directeur de la Commission, Tomas Osias, avait récemment alerté les pouvoirs publics, estimant que les Philippines devaient rapidement adopter une politique permettant de juguler la hausse du nombre de bébés morts nés, et des mères décédées lors d'accouchements, en raison de naissances non désirées. Le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) a évalué à plus de 400.000 le nombre de femmes qui chaque année mettent leur vie en danger pour tenter d'avorter, une pratique illégale.
 
Selon une étude du Bureau de météo sociale, diffusée l'an dernier, environ 20% des Philippines âgées de 18 à 24 ans prenaient la pilule et 2% seulement utilisaient un préservatif. 70% des Philippins, hommes ou femmes, n'utilisent aucun moyen de contrôle des naissances. Le secrétaire à la Santé, Manuel Dayrit, a déjà signifié son opposition au projet de loi. «Nous allons orienter les adolescents sur la responsabilité de ne pas avoir d'enfants à un âge précoce mais nous ne leur dirons pas qu'ils sont libres d'utiliser des préservatifs et des contraceptifs», a-t-il déclaré.
 
«Les contraceptifs sont le premier pas vers le meurtre d'enfants», estime Mgr Oscar Cruz, archevêque de Ligayen-Dagupan (nord). Le projet de loi viole le cinquième commandement («Tu ne tueras point»), ajoute le secrétaire général du cardinal Ricardo Vidal, de Cebu (centre). «Reste à savoir si cette position changera avec le nouveau pape», lance Rosy Alegria, porte-parole de la Commission démographique.