J'en profite pour faire un petit feedback puisque je vois que Sogeti est assez sous-représenté par rapport à d'autres SSII.
Structurellement, voilà comment ça se passe en 2012 :
- une entreprise divisée en BUs (Business Unit) relatives à divers secteurs d'activité clients. Banque, assurance, industrie, telecom, etc. ;
- chaque BU est indépendante d'un point de vue RH et comptable. À chaque fois, on retrouve un BUM (BU Manager), des commerciaux, des RH, etc. ;
- au sein de chaque BU, on retrouve des Practices qui consistent à regrouper les collaborateurs par domaine d'expertise. Chaque practice est chapotée par un PM (Practice Manager) ;
Concrètement, il existe donc trois niveaux hiérarchiques.
En bas, vous. Au dessus de vous, votre PM qui vous encadre toute l'année, avec qui vous échangez au sujet de votre évolution de carrière et de vos missions. Au dessus de votre PM, le BUM.
À moins de faire l'objet de mesures exceptionnelles, vous n'aurez jamais à faire avec des personnes plus haut placées que votre N+2 (BUM).
De par la structure de Sogeti, il arrive que vous soyez placé chez un client ne dépendant pas de votre BU, auquel cas vous êtes prêté à une autre BU.
Votre BU d'accueil (qui détient le client) empoche le bénéfice de votre mission, et rembourse le montant de votre salaire à votre BU d'origine. Au bout d'un certain temps, vous pouvez être transféré dans la BU d'accueil pour une question de proximité d'encadrement. Vous pouvez refuser ce transfert (ce que j'ai fait en début d'année, en prétextant que je souhaitais revenir dans le domaine de clientèle de ma BU d'origine).
Comme vous l'avez compris, Sogeti est un agrégat de petites sociétés qui pratiquent des refacturations entre elles. Ca signifie que votre qualité de vie au sein de la boîte dépend quasi exclusivement du climat de votre BU, et de vos relations avec votre BUM et votre PM. Difficile donc, plus que partout ailleurs, de donner un feedback sur Sogeti tout entier quand le contexte est quasi systématiquement réduit à votre BU.
Pour ce qui est de mon expérience personnelle chez Sogeti... Je me garde bien d'indiquer publiquement ma BU, même si je n'ai rien à cacher, on ne sait jamais. Sachez simplement que je bosse en région parisienne.
Je suis rentré en juin 2008. J'ai été recruté à 22k€ brut pour une mission qui prenait l'eau et qu'ils essayaient désespérément de sauver, sans aucune ressource possédant l'expertise de l'outil qu'il s'agissait d'administrer. À ce jour, j'ignore encore si Sogeti possède en interne des gens qui avaient une compétence sur ce produit, et ce n'est pas faute d'avoir cherché.
J'avais un profil risqué dans le sens où je sortais d'un BTS en alternance non validé, suivi de quasiment un an d'inactivité professionnelle. J'ai sûrement convaincu par ma jeunesse et mon envie d'apprendre, et surtout (évidemment
) par mon salaire ridicule. J'étais content, mon objectif était de mettre un pied dans la porte et de glaner de l'expérience.
À cette époque, j'étais contraint de prendre ma voiture pour aller bosser (40 bornes par jour, faites en 30 min) si je ne voulais pas me taper 1h45 de transports. Je dépendais alors d'un BUM qui avait coupé l'indemnisation kilométrique dans l'ensemble de l'agence. Je payais donc pour aller bosser, mais peu importe. On m'avait promis une réévaluation de mon salaire à +6 mois, qui n'a jamais eu lieu vous vous en doutez.
J'ai eu droit à 2 jours de formation chez l'éditeur de l'outil pour acquérir les compétences de base sur l'un des deux composants concernés par la mission. J'étais déjà en poste depuis trois mois. Je n'ai jamais été formé sur l'autre composant (qui a rapidement représenté 90% de mon activité).
Au bout de 6 mois, Sogeti a été réorganisé (avec la structure actuelle de BU), et j'ai eu un nouveau manager. J'ai une belle anecdote à raconter à ce propos, mais pour faire court sachez que je n'ai pas eu d'entretien de carrière cette année là et qu'il s'est écoulé plus de 8 mois sans que je ne croise mon manager. Courant août, j'ai posé ma démission, et j'ai finalement obtenu une augmentation de 6k€ brut pour rester. On m'avait promis 2k€ de plus l'année suivante, qui n'ont jamais été versés. À titre d'info, avec l'arrivée du nouveau BUM, les indemnités kilométriques ont été remises en place.
J'ai connu une période d'intercontrat de 6 semaines début 2011. On avait alors à justifier de l'avancement de nos contacts à propos des missions éventuelles au cours d'une réunion de 2h une fois par semaine, au siège. Le reste du temps, j'étais chez moi. J'étais régulièrement contacté par des commerciaux ou des PM d'autres agences pour des offres à pourvoir. J'ai refusé plusieurs missions, en le justifiant à chaque fois.
J'ai finalement été prêté à une autre BU pour effectuer une mission de 8 mois. Pendant tout ce temps, j'ai entièrement dépendu de ma BU d'accueil, sauf pour mes entretiens de carrière et les discussions concernant mes formations. Au sortir de cette dernière mission, j'ai souhaité être plus proactif dans la gestion de mon intercontrat, et je n'ai finalement eu que 9 jours d'interco. Il faut savoir que même en étant sorti depuis 3 jours de ma mission (et ayant refusé 6 ou 7 missions qui n'étaient pas suffisamment adaptées à mon choix de carrière), on m'a dit qu'il faudrait à un moment donné accepter ce qu'on me proposait, et qu'on ne pouvait pas toujours avoir ce qu'on voulait. J'ai acquiescé et motivé à nouveau mon refus, après quoi on m'a foutu la paix à ce propos.
Côté formations, mon expérience perso est qu'il faut aller à la pêche aux infos (ce que je n'ai jamais fait), et être insistant pour les obtenir (ce qui n'est donc jamais arrivé). Côté augmentations, inutile de dire que c'est là l'application du jeu de pouvoir le plus connu du monde. J'ai tout de même été sollicité en fin d'année dernière pour passer une certification dans ma branche, à l'initiative d'un PM qui n'était pas encore le mien, mais qui allait le devenir (il y avait alors deux PM pour ma branche dans ma BU, un dont je dépendais, l'autre que je connaissais). Depuis, j'ai régulièrement assisté à des fins de journée organisées par cette personne pour promouvoir la connaissance de technos/méthodos qui concernent mon métier.
Comme je l'ai expliqué plus haut, notre expérience de la boîte dépend vraiment de notre BU et des profils dont on dépend alors. En ce qui me concerne, je suis d'une nature très sociable, ce qui m'a permis de sympathiser avec la quasi totalité du personnel au siège, que ce soit les assistants, les commerciaux, les PM (y compris ceux dont je ne dépends pas). J'ai par ailleurs la chance de dépendre aujourd'hui d'un PM très actif pour nous, et qui cherche à nous tirer vers le haut (c'est suffisamment rare pour être salué).
Du côté des congés, on ne m'a JAMAIS refusé un seul jour de congé. J'ai parfois très légèrement pris des libertés quant aux délais pour les demander, et pourtant tout a toujours été fait comme si je devais informer mon entreprise de mes absences plutôt que de devoir leur demander leur aval. Du côté des assistants, ils/elles ont toujours été très disponibles et serviables. Du côté des commerciaux, rien à signaler de négatif, si ce n'est qu'il faut parfois les recadrer un peu dans leurs propositions de missions (mais ça, tout le monde le sait). On ne m'a jamais sérieusement volé dans les plumes pour avoir refusé une mission (et entre mes deux intercontrats j'ai dû en refuser une bonne quinzaine). Pour peu que la raison invoquée soit correcte, aucun souci. Bien sûr, j'ai toujours eu une attitude montrant que j'étais plus heureux en mission qu'en interco, donc ça a dû aider.
Au milieu de tout ça, donc, on retrouve en fait trois points noirs qui ont été :
- l'encadrement N+2 durant ma première année qui me refusait des indemnités kilométriques qui me semblaient indiquées (surtout vu ce que je gagnais, heureusement j'habitais chez mes parents)
- l'encadrement N+1 durant ma seconde année
- la rémunération (je suis justement entrain de partir pour ça)
Malgré tout, j'ai eu une liberté d'action impressionnante au regard de ce qu'on peut lire à droite à gauche sur les SSII en général. J'ai globalement été écouté par mon encadrement lorsque je faisais les choses bien, et j'étais tiré vers le haut au gré des bons managers (oui ça existe). On m'a fait confiance à la base, et ça m'a permis d'acquérir beaucoup de choses (dont de la désillusion quant à la façon dont le monde du travail fonctionne).
Mon expérience personnelle est donc bonne comme vous pouvez le comprendre. L'expérience gagnée me permet de réclamer une très belle augmentation ailleurs, ce qui ne gâche rien. Pour peu que vous tombiez sur le bon cheval, vous serez heureux. Si vous tombez sur le mauvais, attendez-vous à devoir vous décarcasser pour avoir votre dû.
Si vous souhaitez des détails, j'en donnerai avec plaisir.