Salut à tous,
Voici mon CR du MMB, cette course magnifaique
Génèse
Flashback fin septembre 2015. J’apprends par je ne sais plus que moyen, que les pré inscriptions sont imminentes. Je me sens pas plus attiré que ça par le marathon sur route. Le MMB, là ça à l’air d’être toute autre chose. La distance me paraît « accessible » (aucun point itra demandé), avec tous les guillemets que cela impose, mais la première raison de mon inscription sera de courir à travers ce décor fantastique . Le CR de Juan Magan me fait comprendre que y’a un espoir que je finisse l’épreuve ! Je m’inscris donc en toute insouciance, n’ayant rien à perdre : les frais d’inscription sont remboursés en cas de refus. Vous imaginez donc ma joie lorsque, le 28 septembre je vois l’objet du mail suivant, venant du Club des Sports de Chamonix « Vous avez été sélectionné pour le 42km du Mont-Blanc 2016 »
J’échafaude un plan d’attaque pour début 2016 : 2 10kms sur route en janvier-février, puis l’écotrail de Mickey 30kms en mars , pour avoir une première vraie expérience en trail, avant de partir sur la prépa MMB.
Evidement, rien ne se passera comme prévu. Une sale douleur sous le pied gauche, au niveau du métatarse m’écartera des chemins pendant environ 50 jours. 50 jours pour faire du jus Ni la radio ni l’IRM ne révéleront quelque chose, et encore moins la médecin du sport. Enfin, le fin mot viendra du podologue concernant l’épaisseur de mes chaussettes, soi disant trop fines. Son conseil, acheter des paires à 20€ l’unité. J’en ai acheté une Et la douleur n’est jamais revenue. Le corps humain, des fois…
Préparation :
Elle commence par un DNS pour l’éco trail 30km. Je vais pour la première fois à la station de trail de Bures s/Yvette mi avril. J’y retournerai plusieurs fois par la suite. C’est une bonne initiative qu’ils ont eu (je crois que R@idlight est derrière tout ça) : en fait il y a 7 parcours différents, de 9 à 32kms, et de 231 D+ à 785. On ne rigole pas, les montagnards Ca me permet d’engranger un peu de D+, même si bien sûr rien ne remplace un séjour à la montagne. Que j’avais prévu de faire et que je ne ferais pas, pour respecter la logique
C’est sous la houlette de vignass que j’entame un plan de 9 semaines, avec un ligne de mire un départ le 26 juin, 7h00, place du triangle de l’amitié à Chamonix. Et pas dans le public tant qu’à faire !
La préparation se passe plutôt bien, même si j’ai eu quelques frayeurs, à savoir des petites douleurs apparaissant de ci de là, surement dues à la hausse brutale du kilométrage, au début.
Je fais au mieux concernant le D+, j’ai trouvé un bon spot pour mes côtes. Ma meilleure semaine sera la dernière, avec 1 205m de D+, soit même pas la moitié du MMB…
Côté équipement, j’ai investi dans un sac Salomon Skin Pro 10 et des Asics Trabuco 4 pour les chaussures.
Avant-course
L’UCPA (là où je loge, à Argentière) nous avait promis un bus devant venir nous chercher à 5h52, pour nous amener sur Chamonix. Sauf que…à 6h05 toujours rien ! De gentils automobilistes/traileurs seuls en voitures s’arrêtent sur le chemin pour nous prendre, je saute sur l’occasion. Donc merci à toi, chauffeur de la A4 noire ! Ca serait trop con de rater une telle course pour un souci logistique…
Arrivée vers 6h20 sur Cham’ (vous avez vu, je parle comme un local ), je commence mon petit échauffement vers 6h30, à savoir un petit km vertical à allure très tranquille.
Une ptite photo, et je vais me placer !
Course
Donc ça y est, 6h59, une minute avant le départ. C’est bon, j’y suis J’ai tellement pensé à ce moment ces derniers temps que j’ai du mal à réaliser. Je suis pris entre l’impatience de commencer la course et en même temps l’envie de profiter de ce moment unique au maximum.
7h00, départ donné !
1er tronçon : Chamonix – Vallorcine, 17.7km, 632 D+
J’ai pas vraiment défini d’allure cible pour cette première partie de course, tout juste m’avait¬-on dit qu’elle était « roulane » . Je suis peut être le premier à vous le dire, mais 17km/569 D+ chez moi, c’est moyen roulane quand même La partie jusqu'à Argentière est plus vallonnée que celle jusqu’à Vallorcine je trouve. J’ai affiché mon cardio sur la montre, qui monte à 165 (88%FCmax). Pas roulane que je vous dis ! J’ai passé le ravito d’Argentière sans m’arrêter, il me reste suffisamment d’eau et je suis ok niveau bouffe. A vrai dire je n’ai pris qu’un gel depuis le départ (aptonia gout citron).
J’arrive à Vallorcine en 2h07’28" , avec un peu de fraicheur, mais vraiment pas énorme.
Là je remplis mon sac d’eau, prend trois quartiers d’orange et une tranche de pain complet, avale le tout et zou !
2è tronçon : Vallorcine – Le Tour, 10.3km, 934 D+
Donc là, on rentre dans le vif du sujet ; le très vif même ! Le fameux col des Posettes…Qui commence par un zig zag à travers champs, pour ensuite s’enfoncer dans la forêt, toujours en montant. Quelques replats de temps en temps, mais c’est l’affaire de quelques mètres. Le chemin est assez étroit, la seule chose à faire est de suivre le mouvement. On a du mal à voir le bout du chemin, tellement celui-ci semble s’éterniser… Au bout d’1h09 d’effort j’attends le col, à 1 998m d’altitude. Arrêt au ravito, je prends quelques quartiers d’orange et je repars, sans remplir ma réserve d’eau.
Mais c’est pas fini ! L’aiguillette nous attend. Le profil change, la forêt laissant place à un large sentier en zig zag. Je retrouve là cette sensation de marche infinie… On croit être près du but, et en réalité non ! C’est pas une douleur musculaire qu’on à là, mais plus psychologique. Cette impression de ne pas avancer, ou si peu. L’hélico nous passe quelques fois au dessus, ils doivent vraiment s’éclater les cameramen à faire ces plans aériens ! On fait quelques signes, des fois qu’on soit dans le best-of
Enfin j’arrive à l’aiguillette, à 2200m, après 3h35 d’effort, pour 24km. Maintenant commence une partie assez nouvelle pour moi, à savoir la descente. Et en courant si possible ! Je n’ai aucun repère sur la pratique, je tente quelques accélérations fugaces, mais rien de plus. Je n’ai clairement pas envie de tenter le diable. En plus d’un sentier assez technique, il faut aussi compter sur les marches que nous empruntons, qui sont encore toutes humides (il a plu sur les derniers jours) et qui accroissent donc la possibilité de chute. On se rend compte d’ailleurs sur livetrail que la majorité des abandons ont lieu au ravito du Tour, soit celui juste après les Posettes : 21% en 2015 contre 64% cette année, ce n’est pas rien.
J’ai failli avoir un gros problème d’ailleurs, au-delà de la descente. C’est que, souvenez-vous, je n’ai pas rempli ma réserve d’eau au ravito des Posettes… Du coup je suis à sec environ 3kms avant le ravito du Tour. Heureusement que j’avais pris une bouteille d’1/2 l en plus Du coup je raréfie plus mes prises d’eau. C’est donc soulagé que j’arrive au ravito du Tour, avec un temps total de 4h23’31"
3è tronçon : Le Tour – La Flégère, 9.3km, 777 D+
Là j’en suis à 28km de course, le moral est ok. Le physique va bien aussi, même si bon, j’étais pas du tout à l’aise sur la descente des Posettes. La portion jusqu’à Tré le Champ ne présente pas trop de problèmes, on se prépare surtout à affronter le col du Béchar, qui nous mènera ensuite à la Flégère. Arrêt express au ravito de Tré le Champ (4h43 de course à ce moment là), avant d’entamer l’ascension du Béchar. Celle-ci se fera comme celle des posettes, en marchant. Lentement mais surement. C’est une fois arrivé au sommet que je ressens un réel coup de barre. On doit être environ au 32è. Je trouve une paceuse à mon rythme, que je vais suivre pendant 4-5 km , jusqu’au ravito de la Flégère. J’en suis à environ 6h30 de course.
4è tronçon : La Flégère – Plampraz 5.1km, 410 D+
Au ravitaillement, ma montre m’indique 38.5km, donc en théorie il me reste moins de 4km…Y’a peut-être moyen d’accrocher le sub 7h30. Mais c’était sans compter sur une bénévole qui vient doucher mes espoirs en me disant qu’il reste 5km à faire Et qui me précise que le dernier km comprend 200m de D+. J’entame une CliffBar peanut butter, me prend quelques gorgées d’isostar, et c’est reparti. Je pointe à la sortie du ravito à 6h34’11", donc moins d’1h pour boucler 5km. Etonnement, je retrouve un second souffle sur les kms suivants, qui sont pas trop accidentés. On passe sur des balcons, la vue est superbe, pour ne rien changer. Jusqu’à arriver au dernier km... Je dois y être vers 7h05 ou 7h10. Ce qui me fait en théorie 20 bonnes minutes pour faire cette portion. Seulement je ne peux rien faire d’autre que marcher, au meilleur rythme possible. Et surtout je commence à sentir mes mollets qui ne sont pas loin de la crampe. Je pense que j'ai bu trop d'eau plate, et pas assez d'isotonique. Du coup j'ai perdu pas mal de sel... J’arrive à doubler néanmoins ! Mais c’est vraiment difficile. On voit bien le tracé à emprunter, et...c'est long. J'ai en tête l'image de Frodon à la fin de l'ultra trail du Mordor Le public est vraiment super, à nous encourager en criant notre prénom. Vraiment une bonne idée de la part de l'orga ! (et ça a été comme ça tout le reste de la course)
C'est donc au bout de 7h32'20" que je franchis la ligne d'arrivée, fatigué, mais tellement heureux
Je récupère ma médaille, et m'allonge dans l'herbe, savourant l'instant C'est assez confus niveau émotion, entre la satisfaction d'être allé au bout, mais également une sorte de grand vide, maintenant que ce dont j'ai rêvé pendant plusieurs mois est passé. Je vais devoir me fixer vite d'autres objectifs (je ne fonctionne qu'à ça)
Donc voilà, une première expérience très positive. Mais surement plein de choses à améliorer ! Un grand merci à vignass pour ton plan et tes conseils
Au final je finis 1060/2045. Le strava: https://www.strava.com/activities/623926406