Amateurs de méta-données, bonjour !
On va parler ici des tags de fichiers de la famille Ogg, donc FLAC et Opus ainsi que le défunt Vorbis. Ce système de tags a pour nom officiel les Vorbis comments. Mais à part une poignée de barbus, tout le monde appelle ça les tags FLAC donc on va faire pareil (surtout que pour être logique, ils devraient s'appeler les tags Ogg).
En dehors de l'implémentation au sein du fichier, tout ce qui concerne ces tags FLAC s'applique aussi aux deux autres formats lossless un peu connus, Monkey's Audio et WavPack. Ces deux codecs utilisent les tags APE, mais si vous les utilisez, vous êtes sans doute un audio geek et n'avez probablement plus grand chose à apprendre sur les tags.
Par contre, on ne va pas parler des tags id3 des MP3, qui sont des kludges infâmes, une vraie purge, et qui ont leur topic : https://forum.hardware.fr/hfr/Video [...] 6085_1.htm . Et on va aussi royalement ignorer les tags MP4 (aac, entre autres) qui sont plus évolués mais ne sont pas documentés et entraînent eux aussi quelques bonnes prises de tête (comme presque tout ce qui vient d'Apple, d'ailleurs).
Qu'est-ce qu'un tag audio ?
Pour aller vite, une catégorie de mots-clé. La convention plus ou moins répandue sur les forums est de l'écrire ainsi, avec le tag en caps et la valeur en ce qu'on veut :
ARTIST=Mavis Staples & Lucky Peterson
TITLE=Nobody Knows The Trouble I've Seen
ALBUM=Spirituals & Gospel: Dedicated To Mahalia Jackson
ENTENDU EN CONCERT UN JOUR=Ouiiiii, en 98, super souvenir !
Le dernier tag n'est pas une blague. Enfin si, au sens où je viens de l'inventer pour les besoins de la démo, mais il est possible. C'est la beauté des tags FLAC : ils n'ont pas de catégories fixes et on peut créer autant de custom tags que l'on désire. La laideur, par contre, c'est la gestion de ces tags par les logiciels de lecture. Ce qui nous amène à la deuxième question :
Comment afficher les tags et s'en servir pour trier, classer, créer des playlists etc.?
C'est là que le bât commence à blesser. Un ensemble de tags, c'est ni plus ni moins une base de données, mais sans le moteur. Et le moteur, c'est le lecteur audio. Or même si les tags FLAC sont parfaitement documentés, format libre oblige, et particulièrement souples et riches de possibilités, les développeurs de lecteurs ne s'emmerdent pas et en implémentent la gestion avec les pieds palmés. Du coup, la question des tags ne concerne guère que ceux qui utilisent un lecteur un peu évolué, et donc sur un ordi de bureau. Même un baladeur idiophile à 300 € n'est pas foutu de lire un tag autre que les basiques TITLE/ARTIST/TRACK/etc.
Parmi les players Windows qui ont implémenté de manière correcte et complète la gestion des tags FLAC, on peut citer MusicBee (gratuit), Foobar2000 (gratuit) (version Android existante, mais pas testée) et JRiver MediaCenter (Media Center complet, comme son nom l'indique, et assez chérot). AIMP, je n'ai pas testé, et le nouveau MediaMonkey est encore en alpha et risque de le rester longtemps.
Pourquoi utiliser les tags plutôt que le gestionnaire de fichiers ?
Oui, il y a des réfractaires aux tags qui préfèrent le paradigme IRL de la discothèque alignée dans les bibliothèques du salon. La plupart des lecteurs évolués permettent d'afficher au sein de la fenêtre un gestionnaire de fichiers et l'utilisateur va parcourir l'arborescence pour aller trouver le répertoire qui contient l'album qu'il veut écouter. Cela revient à se servir d'une base de données informatique à la manière d'antan : des tiroirs remplis de fiches cartonnées séparées par des intercalaires. Les tags permettent une gestion bien plus évoluée et rapide d'une discothèque dématérialisée :
* On s'affranchit des limitations des systèmes de fichiers. Tous les caractères sont utilisables, y compris étrangers et les fameux \ / : * ? " < > |. On peut ainsi afficher AC/DC au lieu d'AC-DC, voir les points d'interrogation figurant dans des dizaines de milliers de morceaux, les deux points figurant dans nombre de titres d'albums etc. Plus de limite non plus sur le nombre de caractères, (260 sous Windows pour le chemin d'accès complet). Chacun des tags peut comporter autant de caractères que nécessaire.
* On peut employer plus de critères pour le classement, que l'on n'irait jamais noter dans un nom de fichier ou de répertoire.
* Mais surtout, surtout, on s'affranchit du classement IRL-like où chaque objet est à un endroit et un seul. Sur un disque dur ou dans une discothèque physique, on doit décider si cet album en duo de B.B. King et Eric Clapton sera rangé avec les albums de l'un ou de l'autre. Puis s'en souvenir. Et ainsi de suite pour les innombrables collaborations d'artistes ainsi que pour les morceaux épars sur les compilations, concerts collectifs et autres various artists. C'est l'un des aspects les plus révolutionnaires de la dématérialisation : en quelques secondes, on peut trouver et jouer tout ce que l'on a de n'importe quel artiste. Encore mieux : on peut créer une playlist d'après un tag qui jamais n'aurait servi à un classement en dur parce qu'impraticable. L'année, par exemple. Ou raffiner avec deux critères, comme sélectionner ce que l'on a en blues années 30. Bref, c'est génial pour ceux qui ont une discothèque copieuse et variée.
* Bonus : on peut insérer la pochette dans le fichier. On peut certes avoir un folder.jpg ou autre dans le répertoire et en principe tout lecteur le lira. Mais on a parfois des albums différents sur un même CD quand il s'agit de rééditions de l'époque du vinyle (coffrets, 2-fers etc.).
Bon alors la bonne méthode de tagging, c'est quoi ?
La bonne, c'est celle qui va vous être indispensable. Ouais, je sais, c'est facile, mais c'est finalement la seule règle absolue : comme pour toute base de données, il faut s'interroger sur ses besoins, la manière dont on veut afficher, trier, classer, rechercher. Il y a bien sûr les tags basiques, qui viennent du MP3 au siècle dernier : TITLE, ARTIST, TRACK, ALBUM, YEAR. Ceux-là sont un minimum et sont quasi-indispensables pour la compatibilité entre logiciels/firmware d'appareils divers. Ils suffiront à la plupart des utilisateurs, qui n'auront pas besoin de lire ce topic. Les passionnés de musique avec une grosse discothèque voudront par contre aller plus loin.
Quels sont les tags FLAC standards ?
Y'en a pas. Mais il y a des recommandations que voici :
Citation :
TITLE
Track/Work name
VERSION
The version field may be used to differentiate multiple versions of the same track title in a single collection. (e.g. remix info)
ALBUM
The collection name to which this track belongs
TRACKNUMBER
The track number of this piece if part of a specific larger collection or album
ARTIST
The artist generally considered responsible for the work. In popular music this is usually the performing band or singer. For classical music it would be the composer. For an audio book it would be the author of the original text.
PERFORMER
The artist(s) who performed the work. In classical music this would be the conductor, orchestra, soloists. In an audio book it would be the actor who did the reading. In popular music this is typically the same as the ARTIST and is omitted.
COPYRIGHT
Copyright attribution, e.g., '2001 Nobody's Band' or '1999 Jack Moffitt'
LICENSE
License information, eg, 'All Rights Reserved', 'Any Use Permitted', a URL to a license such as a Creative Commons license ("www.creativecommons.org/blahblah/license.html" ) or the EFF Open Audio License ('distributed under the terms of the Open Audio License. see http://www.eff.org/IP/Open_licenses/eff_oal.html for details'), etc.
ORGANIZATION
Name of the organization producing the track (i.e. the 'record label')
DESCRIPTION
A short text description of the contents
GENRE
A short text indication of music genre
DATE
Date the track was recorded
LOCATION
Location where track was recorded
CONTACT
Contact information for the creators or distributors of the track. This could be a URL, an email address, the physical address of the producing label.
ISRC
ISRC number for the track; see the ISRC intro page for more information on ISRC numbers.
|
On voit que certains tags ne sont utiles que pour les vendeurs/distributeurs de musique. Par contre, il n'y a pas COMPOSER, utile à beaucoup de gens. Mais peu importe, ce n'est qu'une proposition de la fondation Xiph, chacun fait ce qu'il veut (y compris les devs de logiciels).
Mais en quoi les tags FLAC sont supérieurs à ceux du MP3 ?
Déjà, ils sont les mêmes depuis toujours, ayant été correctement conçus dès le départ. Les tags id3 des MP3 ont connu diverses évolutions sans forcément de compatibilité (tant ascendante que descendante) et selon l'implémentation ce sera le caca. Ensuite, comme dit plus haut, ils permettent de créer des tags selon les besoins sans être limités par une liste arbitraire.
Et enfin (et j'ai envie de dire surtout, et je vais le dire puisque j'en ai envie, hein, je vois pas pourquoi je me retiendrais), ils permettent de multivaluer un tag. Car l'on peut créer un tag personnel mais on peut aussi créer plusieurs tags identiques pour un même fichier. Donc au lieu d'avoir :
ARTIST=Mavis Staples & Lucky Peterson
On va avoir :
ARTIST=Mavis Staples
ARTIST=Lucky Peterson
Tous les lecteurs un tant soit peu bien foutus ont un système d'affichage en colonnes où l'on liste les valeurs d'un tag par ordre alphabétique. Donc dans une colonne ARTIST, on va avoir dans le premier cas une seule entrée à Mavis Staples & Lucky Peterson. Si le tag est multivalué, on aura une entrée à Lucky Peterson et une autre beaucoup plus bas à Mavis Staples. Facile.
Encore mieux : mettons que vous ayez un certain nombre de disques d'artistes qui ont en outre tous enregistré un morceau un jour avec... mettons B.B. King. La colonne va ressembler à ça :
Citation :
Albert Collins
B.B. King
B.B. King & The Crusaders
B.B. King & Eric Clapton
B.B. King & Katie Webster
B.B. King & Buddy Guy
B.B. King & John Lee Hooker
B.B. King & Koko Taylor
B.B. King & Etta James
B.B. King & Lowell Fulson
B.B. King & Albert Collins
B.B. King & Ruth Brown B.B. King & Irma THomas
B.B. King & Joe Louis Walker
Buddy Guy
Diane Schuur
Diane Schuur & B.B. King
Eric Clapton
Etta James
Irma THomas
Joe Louis Walker
John Lee Hooker
Katie Webster
Koko Taylor
Lowell Fulson
Ray Charles
Ray Charles & B.B. King
Ruth Brown
The Crusaders
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Un gros bordel, donc, qui rend inutilisable le tri par ordre alphabétique (multiplier ce bordel par 1000 à l'échelle d'une discothèque un peu sérieuse). Avec les tags multivalués, on se débarrasse de toutes les entrées redondantes et chaque artiste est à sa place dans la liste :
Citation :
Albert Collins
B.B. King
Buddy Guy
Diane Schuur
Eric Clapton
Etta James
Irma THomas
Joe Louis Walker
John Lee Hooker
Katie Webster
Koko Taylor
Lowell Fulson
Ray Charles
Ruth Brown
The Crusaders
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Concrètement, dans le lecteur, ça donne quoi, les tags ?
L'UI de chaque lecteur varie mais tout lecteur un peu évolué peut utiliser les tags de trois manières :
1 : la recherche évidemment, soit intégrée à l'UI soit indépendante et appelée par le combo habituel Ctl-F.
2 : le tri, généralement en colonnes par ordre alphabétique ou chronologique, comme dans le screen ci-dessous :
3 : l'affichage dans la fenêtre principale, avec pochette ou pas selon les goûts, cf screen aussi.
Les 3 modes sont indépendants donc peuvent aller chercher des tags différents. Illustration de ce que j'écrivais plus haut : on voit dans la fenêtre principale s'afficher Larry Williams & Johnny Watson avec la date et le titre de l'album. Mais dans les colonnes de gauche (tri sur ALBUM ARTIST pour la 1ère et ARTIST pour la 2ème), Larry Williams et Johnny Watson sont séparés et chacun à leur place alphabétique. La date est identique, celle de la sortie de l'album, mais il serait possible d'avoir 1967 dans la colonne de tri et 2011, date du CD remasterisé dans l'affichage principal. Je vois pas bien l'intérêt en l'occurrence, mais bon, c'est pour dire que tout est possible.
Ca me donne plein d'idées mais est-ce que ça va marcher aussi sur mon baladeur/smartphone/biniou à vapeur ?
J'espérais que vous n'alliez pas poser la question. Parce qu'effectivement, c'est bien joli d'avoir des tags customs, des tags multivalués, des tags à ne plus savoir quoi en faire juste pour le plaisir des yeux, mais vient le jour où l'on transfère ses fichiers sur un baladeur ou un smartphone, où l'on se paye un Sonos pour bobos afin d'avoir du son dans la cuisine et les WC, où l'on change de lecteur PC pour un autre plus rustique, où l'on passe sous Kodi avec sa Shield, où l'on file la moitié de sa discothèque à un pote qui est fan d'iTunes, bref, où l'on se retrouve avec une interface et des fonctionnalités sans commune mesure avec ce que l'on avait sur son fidèle lecteur W10 plein de ressources. Et là, les tags customs, les tags multivalués et même certains tags censés être plus ou moins standards... ben ça lit naouak ou rien du tout.
Avec les tags multivalués, la plupart des lecteurs firmware/logiciel lisent seulement le premier ou le dernier tag. Donc B.B. King & Etta James en multivalué, ce sera B.B. King ou Etta James, au choix selon le sens du vent et l'âge du développeur. Les tags customs, n'en parlons pas : ils seront systématiquement ignorés bien que faisant partie des spécifications officielles des Vorbis Comments. Et enfin, certains des tags de la liste de recommandations de la fondation Xiph (cf plus haut) ne seront pas non plus reconnus. Dès que l'on s'éloigne des lecteurs audio pour PC de bureau (et encore... seulement ceux dont le dev est consciencieux), on retombe sur le même assortiment de tags créé au siècle dernier pour le MP3 et à peine amélioré. Y'a de quoi râler mais ça ne changera pas grand chose.
Conclusion : si l'on veut s'assurer d'un bonne compatibilité, il faut d'abord utiliser les quelques tags à peu près universels avant d'aller plus loin. Donc, en non multivalué :
TITLE= le nom du morceau
ARTIST= le nom de l'artiste
ALBUM= le titre de l'album
DATE= l'année de sortie
TRACKNUMBER= le numéro de piste
GENRE= le type de musique
COMMENT= ce qu'on veut
C'est le minimum. Un lecteur qui ne sait pas lire ces tags est bon pour la poubelle. La verte, avec les déchets non recyclables. En moins standards car sujet à des implémentations diverses mais relativement courants, au moins sur ordi :
ALBUMARTIST= l'auteur de l'album.
COMPOSER= l'auteur et/ou compositeur du morceau
TRACKTOTAL= nombre total de pistes
DISCTOTAL= nombre de disques, utile pour les albums en comportant plus d'un
PERFORMER= en principe, liste des musiciens du morceau. Tag assez bâtard, surtout en non multivalué.
DISCNUMBER= le numéro du disque
LABEL= l'éditeur du disque
LANGUAGE= pays d'origine du disque (ou de l'édition, ou de l'artiste, on fait ce qu'on veut, après tout)
PRODUCER= le producteur
Dans le cas de variations sur un tag, les lecteurs remappent en principe sur le bon. Le tag DATE dans un FLAC, par exemple, devient YEAR dans un MP3. Le TRACKNUMBER du FLAC devient TRACK du MP3 etc. Un lecteur doit en principe être capable de lire les deux et leur attribuer la même valeur. Pour une liste des correspondances d'intitulés de tags, cf comment MP3Tag gère ça : http://help.mp3tag.de/main_tags.html . Attention : ce n'est pas parce qu'MP3Tag le fait de cette manière que les lecteurs le font forcément. Mais MP3Tag est un très bon logiciel de tag qui vise une compatibilité maximale donc c'est un bon début pour ceux que ça intéresse. Et bien sûr, ce n'est pas parce que certains tags figurent dans cette longue et alléchante liste qu'ils seront gérés par votre soft/firmware, quel que soit leur intitulé.
Après, il y a une blinde de tags possibles, y compris dans les id3V2 du MP3, mais c'est la loterie. Lira, lira pas ? Tant qu'on n'a pas essayé, c'est à la grâce de Dieu.
Bon alors ces bonnes idées de tagging, elles viennent ou pas ?
Ok, puisque vous insistez. On va déjà lister quelques problèmes courants, qui touchent tous les tags de noms d'artistes :
- Des milliers d'artistes ont sorti des albums sous des noms différents. Soit parce qu'ils ont changé de nom en cours de carrière (Johnny Cougar -> John Cougar -> John Cougar Mellencamp -> John Mellencamp, ouf on arrête là) soit qu'ils ont enregistré avec différents groupes et en solo (Lee Konitz, Lee Konitz & The Brazilian Band, Lee Konitz Big Band, Lee Konitz New Quartet, Lee Konitz Nonet, Lee Konitz Quintet etc.) soit qu'ils utilisent un pseudo pour certains disques (Elvis Costello, The Imposter, Napoleon Dynamite etc.) soit qu'ils sont dans un groupe au début de leur carrière puis rajoutent leur nom sur la pochette puis finissent par larguer le groupe (The Crickets -> Buddy Holly & The Crickets -> Buddy Holly). Ceux qui utilisent un outil de tag plus ou moins automatisé (et il faudrait être maso pour s'en passer) comprennent vite leur douleur. C'est d'ailleurs aussi un problème récurrent sur tous les sites de discographies (cf Discogs). Donc une seule solution : 2 tags :
- l'un pour l'intitulé figurant sur le disque, parce que c'est bien de savoir si l'on écoute The Mothers ou Frank Zappa. Ce tag servira à l'affichage.
- l'autre avec le nom courant, celui qui importe. Si l'on cherche Zappa, il faut que les disques crédités aux Mothers remontent. Un tag pour le tri et la recherche, donc.
- Ensuite, s'assurer de la compatibilité de ses tags de base n'est pas un luxe. Donc là encore, 2 tags :
- l'un nommé ARTIST, le standard donc, et non multivalué puisque sinon c'est le caca à peu près partout. Ex. : ARTIST=Bill Evans-Lee Konitz Quartet
- l'autre nommé comme on veut pour le pécé, et bien sûr multivalué. Ex: VRAI ARTIST=Bill Evans VRAI ARTIST=Lee Konitz
Heureusement, pas la peine de créer 4 tags, on peut faire d'une pierre deux coups et avoir :
- ARTIST= Shelly Manne / Bill Evans With Monty Budwig (le nom officiel, figurant sur la pochette et sur Discogs ou Musicbrainz). Sera lu et affiché par n'importe quel soft ou appareil.
- VRAI ARTIST= Shelly Manne VRAI ARTIST=Bill Evans VRAI ARTIST=Monty Budwig (le nom "pratique", multivalué).
VRAI ARTIST est juste un exemple alakon de tag custom, mais on peut aussi se passer de créer un tag de toutes pièces et utiliser un tag plus ou moins standard dont on n'a pas l'utilité. Pour l'artiste de l'album en multivalué, j'utilise COMPOSER, qui est très courant puisqu'indispensable pour le classique. Or je n'ai pas de classique et je n'aurai jamais ni les sources ni la patience de remplir ce tag pour mes milliers de disques de musique populaire. Donc hop, réquisitionné. Pour l'artiste multivalué du morceau, j'utilise PERFORMER, lui aussi assez courant. Mais j'aurais pu prendre PRODUCER dont je ne me sers pas non plus mais dont le support est moins courant. Peu importe.
J'ai pas saisi, ça m'a l'air compliqué et je vois pas bien le résultat
On va prendre un exemple avec des images (je vais quand même pas faire un vidéo Youtube de 30', non plus ). Prenons le cas de Crosby, Stills, Nash & Young qui est particulièrement prise de tête. Ces gens sont incapables de décider d'un nom et de s'y tenir. On va d'abord avoir les disques solo de chacun, donc 4 noms d'artistes. Ensuite les différentes combinaisons des uns et des autres, parfois avec des noms différents pour la même combinaison (The Stills-Young Band, CSN, Crosby, Stills & Nash, Crosby-Nash, Crosby & Nash, Crosby ✧ Nash (rigolez pas, sur Discogs ils ont bien inséré ce caractère alakon) etc. Après, on a les groupes créés par l'un des quatre : Manassas (Stills), CRP 'Crosby), Buffalo Springfield (Stills et Young), The Squires (Young) etc. Et c'est pas fini. on a ensuite les noms de groupes accolés au nom de l'artiste, mention spéciale à Neil Young qui a fait des albums sous les noms de Neil Young & The Bluenotes, Neil Young & The Shocking Pinks, Neil Young with The Stray Gators, Neil Young with The Bullets. Et enfin, on a les collaborations avec d'autres artistes. Je dois pas en avoir le quart mais j'ai quand même Mike Bloomfield/Al Kooper/Stephen Stills, Neil Young & Connie Smith, Carole King & Graham Nash, Stephen Stills & Steven Fromholz, et bien sûr Crazy Horse qui n'est pas juste le groupe de Neil Young puisqu'il existait avant qu'il les recrute et qu'ils ont sorti des albums sans lui.
Au total, pour seulement les quatre zozos, et sachant que je n'ai l'intégrale de leur discographie, ça fait 22 ALBUM ARTIST différents. Ca donne ça :
Dans la colonne ARTIST, c'est la fête du slip avec 38 noms (j'ai des anthologies des quatre donc plus d'artistes par morceau que par album).
Avec le 2ème tag, celui où l'on met seulement les artistes qui comptent et en multivalué, on va cleaner tout ça :
Changement de tag pour les colonnes : à gauche de la date, l'artiste de l'album, plus que 9 noms, dont 5 seulement qui concernent CSN&Y proprement dit, c'est-à-dire une entrée pour chacun des 4 plus une pour Buffalo Springfield qui est certes l'émanation de Stills/Young mais que je préfère quand même identifier sous son nom. A droite de la date, même gros ménage, il ne reste plus que des artistes individuels au lieu de 5 fois les mêmes sous différents noms. Dans la fenêtre principale, par contre, on voit sur Long May You Run dont j'ai ouvert le tiroir que le disque est bien crédité à "The Stills-Young Band". Ici, c'est le tag non multivalué qui s'affiche.
Les outils et les sources
Pour tagger en masse, il faut une base de données online et un logiciel pour y accéder. Les bases sont bien connues :
* Discogs ( https://www.discogs.com/fr/ ). A défaut d'être exhaustive, ce qu'aucune base ne sera sans doute jamais, elle est tout de même très complète. Il faut faire attention aux erreurs de saisie relativement nombreuses et beaucoup de fiches sont incomplètes mais c'est la seule base qui inclut tous les formats, y compris les 78 tours et bien sûr les vinyles. De toute façon, toute forme de tagging de masse doit être revue ensuite, la perfection en pilotage automatique n'est pas de ce monde. De nombreux logiciels disposent d'un plugin permettant d'accéder à Discogs via son API.
* MusicBrainz ( https://musicbrainz.org/ ). L'autre grande base online est beaucoup moins riche sur la musique "ancienne" (d'avant le CD, quoi). Du coup je ne l'ai jamais utilisée mais que ça n'arrête personne de s'en servir. Plugins dispos aussi avec certains logiciels et même un logiciel de tag maison qui s'interface donc tout naturellement avec la base : Picard ( https://picard.musicbrainz.org ).
Pour manipuler les tags, deux outils parmi d'autres :
* MP3Tag ( https://www.mp3tag.de/en/ ) est gratuit, stable, respectueux des plus ou moins standards avec le souci de la compatibilité entre lecteurs/OS et comporte des scripts très utiles, soit intégrés, soit dispos sur le forum. Un vieux de la vieille, toujours développé et mis à jour, difficile à prendre en défaut.
* Foobar2000 ( https://www.foobar2000.org/ ), le célèbre lecteur, dispose d'un masstagger et d'une fenêtre "propriétés" accessible en clic droit sur un ou plusieurs fichiers qui permet d'éditer rapidement les tags. Et surtout, Foobar2000 dispose d'un plugin Discogs tiers qui dépasse en qualité tous les autres ( https://www.foobar2000.org/components/view/foo_discogs ).
Dis-moi comment tu tagges et je te dirai qui tu es (ou pas)
J'ai changé plusieurs fois de méthode au fil des années et en changerai peut-être encore. J'ai finalement adopté une liste de tags assez standards et peu nombreux.
- ALBUM ARTIST (non multivalué) : l'artiste de l'abum tel qu'il est crédité sur le disque. Ex. : The Miles Davis Quintet feat. Gil Evans.
- COMPOSER (multivalué) : puisque je n'ai pas besoin du compositeur, je détourne ce tag pour y noter l'artiste de l'album mais cette fois en multivalué et en retenant seulement un nom unique pour chaque artiste (cf plus haut). Ex. : Miles Davis\\Gil Evans.
Et j'utilise Various pour les compiles. Pour l'artiste de chaque morceau, même principe, deux tags différents pour une même info, l'un étant standard, l'autre lisible seulement sur desktop :
- ARTIST (non multivalué) : l'artiste tel qu'il est crédité sur le disque. Ex. : Bruce Springsteen & The E Street Band.
- PERFORMER (multivalué) : l'artiste "utile". Ex. : Bruce Springsteen.
- DATE : celle de la sortie du disque. Sauf dans le cas des lives ou d'albums qui sortent des années après avoir été enregistrés. Là, je mets la date de l'enregistrement.
- ALBUM / TRACKNUMBER / TITLE : rien de spécial à en dire, ce sont des tags de base.
- DISCNUMBER : s'il n'y a qu'un disque, je l'omets. S'il y a des bonus tracks sur le CD, je crée un disc 2 pour ces morceaux. Même chose pour les divers morceaux éparpillés sur des compiles et anthologies qui peuvent être raccordés à un album (version singles, 12", alternates etc.) : je les rassemble sur un disc 2 virtuel de l'album de cette même année (ou disc 3 s'il y en avait déjà 2... enfin bon, on a compris le principe ).
- SETSUBTITLE : pour le cas des albums/coffrets/anthologies en plusieurs disques et où chaque disque a un titre différent.
- LABEL : le label d'origine
- LANGUAGE (multivalué) : la nationalité de l'artiste.
- PRODUCER : encore un tag relativement standard mais dont je n'ai aucune utilité et que j'ai donc détourné pour y renseigner le format du disque (EP, LP, 7", 12" ). Je ne fais pas de distinction entre CD et vinyle, un album est noté LP dans les deux cas.
- DISCOGS_RELEASE_ID : un tag interne à la base Discogs, écrit par défaut par le plugin Foobar, et qui peut être utile pour retrouver la page exacte de l'édition du disque.
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Qui peut le moins peut le moins.