Salut,
Il m'est arrivé un truc ahurissant aujourd'hui.
Je sortais du bureau, en voiture, vers 17h, et au premier feu rouge, un scooter vient à ma hauteur et me dit, par ma fenêtre ouverte "Salut petit malin". Je lui dis bonjour, et voilà que le mec, la quarantaine, s'arrête devant moi, descend de son scooter (un 125), vient à ma fenêtre, et me dit calmement : "Je vais te tuer".
Je lui demande pourquoi, si on se connaît, ce qu'il veut. Le mec me confirme qu'il veut me tuer. Il ne veut pas la voiture, ni mes affaires, il ne me donne aucun détail. Il veut simplement me tuer. Il refuse toute discussion. Je remonte la vitre.
Je continue à lui faire comprendre que je n'ai aucune idée de ce que je lui ai fait, ou de ce qui se passe. Lui, fait "non" de la tête. Il ne veut pas discuter. Il m'annonce la couleur : "J'ai un marteau dans mon coffre, si tu n'ouvres pas, je casse ta fenêtre. Tu ferais mieux de sortir maintenant, ce sera moins violent". Je refuse, lui dis que je ne comprend pas.
Derrière moi, les voitures s'accumulent, impassibles, fermées. D'autres voitures viennent en face. Le feu est rouge loin devant. Alors mon agresseur provoque un embouteillage, il arrête les conducteurs dociles tout autour de mon véhicule, il fait un barrage, il m'encercle. Personne ne bronche. Je commence à avoir peur.
Je me sens coincé, dans ma voiture, sur mon siège, avec ma ceinture, et toutes ces voitures autour de moi. Je me sens piégé, comme un animal qu'on va exécuter. Je regarde autour de moi et cherche des moyens de m'échapper. Lui s'en rend compte et secoue la tête, comme si je le décevais. Il me dit "Si tu t'échappes, je te suis, je te lacherai pas. Au prochain feu rouge, je te tue." Il se dirige alors vers sa bécane et sort un marteau. C'est pour de vrai.
Panique. Il faut fuir. Le feu passe au vert, les automobilistes s'impatientent, et une brèche s'ouvre. Je passe.
Le traffic est dense, il me rattrape rapidement, et me regarde, froidement, à la manière d'un professionnel.
Alors, je deviens un animal.
Une seule chose compte : me sauver.
Commence une course-poursuite. Une vraie, une de celles où les pneux crissent à chaque virage, ou le moteur hurle, ou la voiture fait des embardées dans tous les sens. Une de celles où les piétons se jettent sur le trottoir pour t'éviter. Je passe à une vitesse ahurissante dans les rues pour échapper au fou. Je décolle sur des ralentisseurs. Je grille tous les feux rouges, je ne les vois même plus. Je roule à contre-sens. 100, 110, en pleine ville, il n'y a plus de limites. Je ne vois que des obstacles, des ouvertures, j'évite tout.
Mais le plus terrifiant dans tout ça, ce n'est pas de sentir la mort au volant, c'est de voir mon bonhomme dans le rétroviseur, toujours, il ne me lâche pas, je tente les pires folies pour le semer, voilà qu'il tente les mêmes. Il est prêt à crever pour me rattraper. Je n'aurai jamais pensé devoir un jour conduire comme ça.
Par chance, je n'ai fait aucun dégât, ni à moi-même, ni à ma voiture, ni aux autres automobilistes, ni aux piétons. Je m'estime miraculé d'une telle folie urbaine. Et puis, à force de pilotage, je commence à le semer, non pas qu'il abandonne, seulement je vais plus vite que lui.
A ce moment, je me rend compte à quel point la situation est incroyable. Ca me parait irréel, et en même temps, j'ai affreusement peur.
Sur les quais après saint ouen, il y a un bouchon. Je le vois au loin qui se rapproche. Je deviens dingue, je klaxonne, je hurle par la fenêtre "laissez moi passer, je suis poursuivi". Personne ne bouge, je suis coincé. J'attrape mon téléphone et je réfléchis : si je devais passer Un seul appel, qui j'appelerais? Un appel utile, pour que quelqu'un vienne me sauver ? Non, ce serait trop long. Alors j'ai appelé julie. Elle a réagi calmement, m'a dit d'appeler les flics et de la tenir au courant.
Je fais le 112. En attente.. Bonjour les pompiers, je suis poursuivi par un mec qui veut me tuer. On me fait attendre, Alo bonjour la police.
Et à côté de moi, je vois une voiture de police. Le motard n'est maintenant pas loin du tout. Je klaxonne, fais des signes, les flics s'intéressent à moi. Je leur explique mon problème à toute vitesse. Ils prennent la situation très au sérieux, bloquent instantanément la circulation, et arrêtent tous les deux roues qui passent. Pendant ce temps, un agent me pose des questions. Il semble inquiet, je lui dis que je n'ai pas eu d'accrochages dans ma course poursuite.
Mon agresseur, malin, ne s'est pas fait prendre. Il a rebroussé chemin, surement. Ce n'est pas très clair dans ma tête à ce moment là. Des automobilistes qui m'avaient vu les dépasser s'arrêtent près de moi, me demandent si ça va. Je me sens rassuré.
Et puis, ils prennent une petite déposition, et me relachent : "Vous prenez à droite, puis à gauche, et c'est l'autoroute tout au bout. Là vous ne risquerez rien, avec son 125 il ne vous rattrapera pas. Ca roule bien. Ne trainez pas."
J'obéis.
Et là, je réalise à quel point ce que je viens de vivre m'a hautement choqué. Je frémis à chaque deux roues que j'aperçois. A chaque feu je garde suffisament de distance avec la voiture de devant pour faire demi tour en cas d'urgence. Mes vitres sont fermées et il fait une chaleur dingue dans la voiture. Je suis aux aguets, comme un animal traqué.
Pour rentrer, je prends les chemins les plus tortueux, les plus petites rues, dès que je vois un ralentissement (stop, feu, embouteillage), je bifurque pour chercher des routes libres. Je suis raide sur mon volant, les yeux rivés aux rétros. Je dois avoir l'air d'un fou.
En arrivant dans ma rue, je suis bien conscient que je n'ai aucune chance de retomber sur mon homme, mais à peine je suis garé, je cours jusqu'à chez moi et je m'enferme. Je respire.
J'appelle julie pour lui dire que ça va, elle semble perplexe devant mon récit. Peut être qu'en effet il est incroyable, car tout le monde autour de moi a réagi comme ça pour l'instant, je me sens seul.
J'ai appelé mon supérieur, et mon patron. Ils m'ont écouté. J'ai l'impression de passer pour un con. Ils me proposent d'aller porter plainte au comissariat de l'ile saint denis. Ils peuvent m'accompagner si je veux. Je leur dis que pour l'instant je ne peux pas retourner là bas. Je les tiendrai au courant.
Demain, je travaille, mais à XXX, comme tous les mecredi, jeudi et vendredi. J'irai, mais je me pose beaucoup de questions.
Pourquoi j'ai réagi comme ça? Est ce qu'il n'y avait pas mieux à faire? Comment ai-je pu devenir aussi violent sur la route?
Je suis persuadé que si je retourne là bas, je vais le revoir. Ca fait bizarre tu sais de se faire menacer et poursuivre. Je ne comprend pas ce qui s'est passé. En fait j'ai l'impression de ne plus comprendre grand chose. Ma vision est perturbée par ce que je viens de vivre. Celà me parait d'une violence inouie.
J'ai bien conscience que toute cette histoire est étrange, il se peut simplement que ce soit un pervers qui s'amuse à terroriser les gens. Peu importe, j'ai eu la peur de ma vie (pour l'instant).