D?abord, il est utile de décrire les fausses compréhensions courantes du concept du non-moi Bouddhique: La vacuité ou le non-moi ne veulent pas dire que les choses autour de nous n?existent pas ou que nous n?existons pas. Nous existons et le monde extérieur existe aussi, mais pas de la façon dont nous le pensons. Il existe sous forme d?unités de base qui apparaissent et disparaissent si rapidement qu?elles nous donnent l?illusion d?être permanentes (effet des images qui défilent à grande vitesse pour donner un film)
L?instantanéité des choses est une doctrine qui me laisse perplexe : elle ne semble pas observable ni prouvable, et est aussi gratuite qu?inutile (inutile parce que si on la remplace par " les choses existent dans une continuité, s?inscrivent dans la durée ", ça ne change pas grand chose ; c?est apparemment juste une manière de pousser l?impermanence à son paroxysme pour nier quelques théories d'autres écoles). C'est vrai cependant que la pensée humaine est "instantanée": l'Amazan qui finit de taper ces lignes est imperceptiblement différent de l'Amazan qui les a commencées. Mais il y a une continuité dans ces millions d'Amazan s'enfilant comme des perles.
Jacenx: "C'est quoi ce délire?"
Beaucoup ont prétendu établir ce qui était une bonne et une mauvaise renaissance, parfois avec des listes variées.
Le statut de chien est généralement considéré comme moins bon que celui de l'homme parce qu'il est moins aisé pour un chien d'accéder à la délivrance, qu'il a une vie difficile et qu'il ne comprend pas le monde qui l'entoure, il le subit. La femme souffre du même problème en moins grave: on lui refuse l'accès au savoir, on la confine dans un rôle de femme marié, et ainsi de suite.
Ca a parfois été très loin, certaines castes n'ayant paraît il pas la même humanité que les autres (brefs des sous-hommes plus proches d'un chien que d'un prêtre). Il faut toutefois se garder de réduire l'hindouisme (ou le bouddhisme) aux esprits étroits qui ont marqué leur empreinte dans leurs livres. Le bouddhisme a eu et a encore des monastères de nonnes, et certains boddhisattva sont des femmes (par contre dans l'hindouisme le statut de la femme a plutôt été en se dégradant, la société devenant plus puritaine). De plus décréter qu'une personne ne peut gagner la délivrance, ou souffre pour ses crimes passés est effectivement un peu gros.
Le désir est ce qui mène à la délivrance autant qu'il en éloigne, même si ça paraît paradoxal. Le renoncement est renoncement aux fruits des actes, donc au désir mais aussi à des concepts comme le dharma ou la connaissance, ça peut aller très loin puisque ça doit même dépasser le désir de la délivrance.
Tu es sur de ça ?
Le dharma c'est en quelque sorte le devoir, agir par devoir et non par désir. "faire ce qui doit etre fait" , ne pas s'impliquer émotionnellement. C'est ça etre détache (du fruit des actes). On voit bien ça dans le Mahabaratha (conversation etre Khisna et Arjuna) ou il est question de savoir si l'action est supérieure a la pensée ou l'inverse. Khrisna dit que la pensée est supérieure a l'action mais que puisque l'on ne peut pas ,dans ce monde, se priver de l'action, il faut pratiquer l'action désintéressée (Dharma). C'est un peu similaire a la pensée stoicienne: "il ne faut pas s'affliger des choses qui ne dépendent pas de nous", autrement dit,"faire de son mieux et puis basta"
Il est vrai que le Mahabaratha fait partie de l'hindouisme mais il métonnerait que le bouddhisme différe a ce point
J'ai trouvé un exemple pour expliquer un peu mieux ce que j'ai écrit (je pousse à faire un contresens, c'est ennuyeux, la prochaine fois j'écrirais moins mais mieux). Le dharma dont tu parles est un dharma "exalté", compris et surpassé, très loin des obligations de la vie sociale, du dharma de tous les jours (dharma supérieur dont Krishna peut dire en s'y identifiant "je suis le désir en harmonie avec l'ordre universel" ). Ce n'est que par le détachement que l'on parvient à un tel dharma.
Si tu es attaché à un objet que tu possèdes au point de ne pouvoir t'en séparer, tu ne le possèdes pas vraiment, car c'est plutôt lui qui te possède. De même il faut parvenir à se détacher du dharma, ce qui ne veut pas dire ne plus le respecter mais le faire sans y être contraint (y compris moralement). Krishna lui-même se donne en exemple de personne agissant "dharmiquement" mais sans aucune obligation de le faire (ce qui n'est pas le cas d'une personne qui n'a pas renoncé au dharma dans sa tête; pour faire simple, si tu voles une pomme et que tu en éprouves de la honte; Krishna lui organise la mort d'un milliard d'humains sans sourciller...).
Bon, le paragraphe suivant est sautable pour ceux qui ne sont pas spécialement intéressé après tout j'y parle surtout de l'hindouisme vu par la Baghavad Gita...
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Quelqu'un qui est lié à des valeurs hautement positives ne peut se délivrer. Krishna parle de gens liés par la connaissance et même par "l'être" (sattva, la partie de la pensée qui est "transparente" à la "lumière" de la divinité). Cela parce que celui qui considère les choses en tant que "bien" et "mal" discrimine. Rechercher le dharma c'est discriminer, donc retomber dans la dualité. Il offre alors une manière de vivre en conciliant la nécessité d'agir avec la non-discrimination.
Appelons par convention devoir le dharma, délivrance le moksha, et désir et intérêt le kama et l?artha pour que tout le monde puisse suivre. Pour ceux qui n?ont pas lu le Mahabharata : imaginez un mélange entre les chevaliers du zodiaque et des siècles de réflexion de saints hommes. C?est l?idée
Le devoir n?est pas par nature désintéressé : par le devoir on acquiert de bons " fruits ", une récompense. Ce que dit Krishna c?est que le devoir lie donc tout autant que n?importe quel acte, puisque l?homme désire le fruit de son acte, que le renoncement doit donc être renoncement aux fruits de l?acte mais que l?action est préférable à l?inaction, donc que le renoncement n?implique pas le renoncement aux actes. Le devoir est donc réhabilité, pourvu qu?il soit désintéressé. Ainsi on en évite les fruits et on peut semer le vent sans récolter la tempête ou du moins sans en souffrir.
Le devoir n?est pas naturellement renoncement, c?est juste que les différents buts de l?homme (les trois buts sociaux, désir, intérêt, devoir, et leur opposé, le renoncement) sont inséparables les uns des autres, bien que d?une théorie à l?autre l?un d?eux se taille la part du lion (généralement le devoir). Le devoir implique de tenir compte des autres buts de l?homme et il entend englober le renoncement, tout comme le désir englobe les autres buts à sa manière. Le devoir n?est pas désintéressé par nature car l?homme espère en tirer profit (et notamment une place au Ciel !).
Le devoir personnel implique parfois de violer le devoir " général " pour respecter ses autres buts (un homme par exemple tue son fils par intérêt personnel ; pour un marchand ou un prêtre c?est un crime odieux contraire au devoir, pour un roi défendre son intérêt est justement son devoir personnel). Tu en as l?exemple dans le Mahabharata quand le roi autorise son frère à humilier un ennemi : c?est contraire au devoir du guerrier mais le roi tient compte du désir de son frère (qui a beaucoup souffert à cause de cet homme). De même le roi du Mahabharata englobe le renoncement dans sa pensée et vient en aide même à ses ennemis, et au contraire tue un de ses amis lorsque cela sert l?intérêt de son armée. On voit bien toutefois que le renoncement uni au devoir se heurte à son intérêt personnel, et qu?il ferait mieux de suivre son intérêt personnel : Krishna lui-même lui en fait reproche quand, la guerre gagné, il accepte de tout miser à nouveau sur un duel contre un des vaincus. Faire partie du "monde" (civilisé) c'est accepter des concessions (alors que le Bouddha lui s'est retiré du "monde" ).
Toute la problématique posée en toile de fond du Mahabharata est l?impossibilité apparente de concilier le devoir (qui est acte, cad à dire les sacrifices aux dieux, la dette envers la société, les devoirs de la caste et ainsi de suite) avec le renoncement (qui est présenté comme inaction ; dans le Mahabharata quand un roi en a marre de tuer des gens il part en forêt vivre avec les ermites et les ours, comme le firent les fondateurs du bouddhisme et du jaïnisme en leur temps, et pendant ce temps là c?est le foutoir dans son royaume ; le renoncement est clairement ici différent du devoir, il est renoncement aux obligations sociales). Beaucoup des héros tentent d?être désintéressés sans vraiment y parvenir à cause des concessions qu'ils doivent faire (comme le gars qui renonce à avoir une famille par devoir, mais se laisse entraîner dans le mauvais camp? par devoir).
Krishna expose alors une voie médiane au héros, qui a maîtrisé ses désirs mais qui bizarrement hésite à massacrer sa propre famille par devoir (il doit tuer son grand-père, ses cousins, son précepteur? le devoir est parfois assez éloigné de la vision occidentale du bien et du mal), par intérêt (il désire en les massacrant retrouver sa place dans la société et mettre son frère sur le trône) ou même par désir (après tout il n?aime pas ses cousins qui ont lui ont pourri la vie malgré tout ce qu?il a fait pour eux).
Krishna réunit donc renoncement et devoir, désir, intérêt, faisant valoir que l?inaction n?existe pas (vivre c?est agir) et qu?il faut être détaché du fruit des actes mais agir tout de même, pour le bien des autres et de soi-même. Evidemment le bouddhisme n?ignore pas cet enseignement, mais il refuse généralement toute la partie sur la dévotion au Dieu (mais certaines branches parlent pour de bon de la grâce des bouddha pour les fidèles). Arjuna entreprend donc de massacrer sa famille.
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