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Après l'échec de « Doc Enregistre Au Quartier » et « Un homme Nature », Bruno Beausir alias Doc Gynéco décide de se remettre au travail en vue d'un nouvel album et rentre donc en studio en août 2007. Mais là encore une fois, le doc va nous surprendre en annonçant le nom du producteur de son futur album, qui n'est autre que Pierre Sarkozy alias Mosey. C'est avec lui donc qu'il décide de travailler. Mosey et son groupe Da Cream Chantilly se chargent de produire l'album tandis que Doc Gynéco s'occupera d'écrire et de poser ses textes. C'est ainsi que Doc Gynéco fera son retour avec un 7e album intitulé « Peace Maker ».
Un retour de Gynéco qui en étonnera plus d'un. Avec 20 kg en moins et une apparence rajeunie, il décide de revenir aux sources, comme il le dit lui-même : « J'ai eu envie de revenir à ce que je faisais au départ ». Est-il nostalgique de son début de carrière ? En tout cas, on retrouve quelques clins d'œil de cette période dans quelques rimes de son nouvel opus : « Viens voir le docteur, chérie, surtout n'aie pas peur » dans « Ma Route » ou encore « Ma salope à moi c'est que je l'aime » dans « L'incompris ». Ce que l'on remarquera surtout, c'est son flow qui s'est agréablement amélioré. Il pose impeccablement sur « Le Souffle », ainsi que sur « L'incompris ». Son flow tantôt rapide, tantôt posé et calme s'enchaîne tout au long de l'album. Ajouté à cela, des textes bien écrits : « Entre les autres, être ou ne pas être, j'expire le désir si intense aveuglé par nos sens », « Les révoltés sans révolution veulent enrôler ma génération ». La plume du doc est là, sauf sur certains morceaux où les rimes sont plates et pas vraiment recherchées. Dans « Toxico », il traite d'un sujet difficile, les prostitués et la drogue. Il rend en quelque sorte un hommage aux péripatéticiennes (dont il faisait déjà allusion sur « Dans Ma Rue », « Première Consultation »).
Bruno s'est auto-proclamé « Peace Maker » pour ce nouvel album, et va jouer son rôle sur plusieurs titres, tels que « A Mes Côtés », sur un sample des Jackson Five « Maybe Tommorow », « Changer Le Monde » ou encore sur « A Cœur Ouvert ». Il parle de banlieue, ainsi que des problèmes de société, son message est très peace and love. Il se laisse aller tout de même à des moments d'ironie, comme par exemple dans « Ma Route », quand on lui demande « Tu es toujours avec Sarko ? Ca fait longtemps qu'on t'as pas vu », où il n'hésite pas à répondre « Normal, j'étais porté disparu ». Et bien sûr, on y retrouve aussi son thème de prédilection toujours présent à chaque album : le sexe ! Comment ne pas donner de réponse à Christine Angot (son ex-compagne) qui avait écrit un livre sur lui l'été dernier. Et comme réponse : « Ma Bourgeoise ». Il répond également aux critiques dont il a dû faire face après son ralliement politique et ira même jusqu'à écrire une chanson pour Ségolène : « Céleste », un morceau avec des rimes assez provocatrices (1er couplet en Sé, le 2e en Go et le 3e en Lène). Mais on notera une absence de réponse concernant ses anciens acolytes.
L'album est bien réalisé et surtout bien produit. Un mélange de rap, funk, soul est donc au menu de l'album. 16 titres étaient prévus au départ. Au final, on n'en aura droit qu'à 13 (exit « Intro, Love Again » et « Jackson »). « Toxico » et « Numéros », deux morceaux s'orientant vers le funk avec un petit soupçon de scratch sur ce dernier. Un peu de soul sur « Comme D'Hab » avec la participation de Philémon, un titre qui se laisse écouter sans prise de tête. Les deux rappeurs vont se la jouer soul attitude vocalement. Dans le premier couplet, difficile de reconnaître la voix de Doc Gynéco qui change carrément son intonation. Le morceau le plus réussi restera sans doute, le très mélodieux « Le Souffle » pour sa boucle de guitare et pour la petite voix de la chanteuse d'opérette qu'on peut entendre en fond.
Tous les morceaux sont construits à l'identique : 3 couplets accompagnés de refrains chantés. Beaucoup de refrains typés R'n'B donc dans cet opus. À la première écoute, ces refrains pourraient lasser. Mais sur certains morceaux, c'est ce qui donnera le petit charme en plus. Comme dans le morceau « Ma Route », où le refrain est entraînant, ou alors « L'incompris », sur lequel Jimmy Cozier se charge du travail. Mais on ne peut pas dire la même chose pour « Celeste ».
« La Rue », un énième épisode de Sa rue ? En tout cas, Doc Gyneco reprend ici ce thème en compagnie du Johnny National comme certains aiment l'appeler. Ses couplets sur ce morceau se rapprochent plus du slam (comme sur « Ma Bourgeoise ») que du rap, mais ça reste tout de même un très bon titre sur un jeu de guitare bien groovy. D'autres morceaux sont plus « mielleux » et moins rythmés, tels que « A Nos Héros », « Ma Bourgeoise ».
A Cœur Ouvert, 1er single de l'album, se compose en deux temps. Des couplets basés sur un tempo lent, entrecoupés de refrains bien patates de Cherri Denis. Beaucoup ont dû remarquer le sample utilisé sur le refrain : celui de Curtis Mayfield, « Make me believe in you » (laisse-moi croire en toi), qui est tout également le thème du morceau.
Vu la diversité des genres musicaux composant l'album, chacun l'appréciera à sa manière. Dans l'ensemble « Peace Maker » est très bien produit (il pourra dire merci à Mosey). Et fera oublier les décevants « Solitaire », « Un Homme Nature » et « Doc Enregistre Au Quartier ». Certains diront que c'est un mélange de « Première Consultation » et « Quality Street ». Musicalement, Mister Bruno fait un bon retour, offrant là une réponse à ceux qui l'attendaient au tournant.
Note: 17/20
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