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Katharine Hepburn 1907-2003 [débat : acteurs, comédiens, et théâtre]

n°1147788
rogr
Posté le 10-09-2003 à 21:19:05  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Films vus à la 60ème Mostra de Venise
par votre envoyé spécial Roro.
 
 
Dans la section "Controcorrente" :
 
Vodka Lemon (Hiner Saleem, 2003, 88mn)
Hiner Saleem, réalisateur kurdo-arménien, a fait un film qui se laisse voir sans ennui et laisse quelques souvenirs grâce à ses très bons acteurs. Mais ce film on a l'impression de l'avoir déjà vu à x exemplaires. Sorti 20 ans plus tôt il serait peut-être apparu comme remarquable. Actuellement ce film fait un peu penser à un produit, certes bien ficelé, qui serait comme le décalque ou l'application d'une recette ayant déjà fait ses preuves ici et là. Peu d'action ni d'explications (de toutes façons il ne se passe rien), quelques cadrages donnant dans le "joli" pour donner par moments une sorte d'élévation poétique. A la fin il y a deux ou trois rebondissements scénaristiques totalement gratuits (un des personnages sort un flingue et tire sur un autre), pour emballer le film. Mais il y a ces acteurs que l'on garde en mémoire : le vieux, la veuve, la fille pianiste (admirable, aurait mérité un rôle plus étoffé). Un seul acteur ne convainc pas (son "personnage" non plus d'ailleurs) : c'est hélas lui qui s'est déplacé à Venise pour accompagner le réalisateur. Ce réalisateur, qui assistait à la projection 5 rangs plus bas que le mien, a l'air gentil, mais il a aussi comme un petit côté rusé, je dirais presque sournois. Quelque chose de calculateur : effectivement son film est véritablement calibré, avec les divers ingrédients caractéristiques du "film d'art" de petit pays en voie de développement, il n'y manque même pas quelques scènes à caractère cocasse. Mais bon ce gars est gentil, et son film rempli de bons sentiments. Enfin si ça sort à Paris on peut se passer d'aller le voir, quoique ce n'est pas forcément à éviter, disons que ça n'apporte rien.
 
=> aux dernières nouvelles ce film a remporté le prix principal de sa section : le prix "San Marco". D'après ceux qui ont tout vu ou presque, les films de cette section "Controcorrente" étaient "bof bof", Vodka Lemon étant lui "pas trop mal mais bof".  
Note : le jury pour cette section était présidé par Laure Adler :love:  [:prosterne]  
 
 
Hors compétition :
 
Coffee & Cigarettes (Jim Jarmush, 2003, 96mn)
Film en noir et blanc, constitué d'une dizaine de sketches, ayant tous comme petit fil conducteur le café et les cigarettes. Pour un festivalier professionnel, ce festival est un véritable marathon. Au milieu du film (qui était projeté l'avant dernier jour à 23H), en regardant autour de moi, j'ai constaté que mon voisin de droite et ma voisine de gauche étaient l'un et l'autre profondément endormis (ils étaient au début du film - premier sketche avec l'insupportable Roberto Benigni - comme hystériques alors qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat, sauf éventuellement le nom de Jarmush au générique). Le film n'est pas ennuyeux, mais peut-être un ou deux sketches au milieu, assez faibles, auraient pu être enlevés.
Le dernier sketche, avec Bill Murray, est hilarant. Bill Murray était là pour la projection : il a fait un peu le fou mais sans la ramener, juste ce qu'il faut, il est vraiment bien. En quittant la salle il est passé à deux mètres devant moi j'aurais pu le toucher (je l'ai idolatré entre autres dans "Mad Dog and Glory" ), je l'ai juste regardé passer, il souriait gentiment à droite et à gauche aux gens. Jarmuch s'est fait acclamer, avant même la projection. Lui ne s'est pas départi de sa gueule habituelle, comme s'il n'était pas content. Effectivement, par rapport aux véritables artistes géniaux qui remuent et cassent tout (pas forcément dans le cinéma...), il s'est lui avec son film livré à une sorte de petit jeu sans conséquences. On sort de là content, mais encore une fois rien d'essentiel (après "Stranger than paradise" son excellent premier, il donne plus ou moins l'impression de pédaler à vide : c'était particulièrement frappant avec son 2ème, "Down by law" ; "Coffee & Cigarettes" est un peu dans cette veine mais en mieux). Mais enfin ça vaut le coup d'y aller. Et puis avec la VO américaine et les sous titres italiens j'ai raté des trucs, ça jacte sans cesse. Il y a un sketche avec Isaac de Bankolé où là ça parle un peu français : c'est assez marrant. Autre sketche notable : un face à face Iggy Pop / Tom Waits.  
 
 
Feel Like Going Home (Martin Scorcese, 2003, 83mn)
Red, White & Blues (Mike Figgis, 2002, 87mn)
Godfathers and Sons (Marc Levin, 2002, 96mn)
The Road to Memphis (Richard Pierce, 2002, 89mn)

Quatres films sur le blues, produits par Scorcese, qui est aussi l'initiateur du projet ("The Blues" ).  
 
Feel Like Going Home (Martin Scorcese, 2003, 83mn)
On distingue deux parties dans ce film.  
La première est une sorte d'historique du blues "ancien" (années 20 et 30). Le problème avec le blues des origines est que à part les enregistrements, nombreux, les documents autres sont la plupart du temps inexistants. Pour tel artiste génial on doit souvent se contenter d'une seule photographie. Et évidemment disposer d'un document filmé est absolument rarissime. Scorcese a pour contourner la difficulté adopté un double dispositif. D'une part les enregistrements effectués par Alan Lomax pour la Bibliothèque du Congrès, à partir des années 30, avec un studio mobile, ce qui a permis de découvrir dans les campagnes de nombreux bluesmens jusque là inconnus. A ces enregistrements s'ajoute une documentation écrite détaillant beaucoup de choses sur les scéances d'enregistrement et sur les artistes eux-mêmes. Le problème avec ces enregistrements est qu'ils ont donné une sorte de célébrité à des artistes qui étaient finalement assez mineurs (l'exemple le plus flagrant est celui du dénommé Leadbelly), mais au moins on trouve pour ceux-là quelques documents filmés. Les bluesmens vraiment géniaux, qui étaient déjà "connus" et avaient déjà enregistré par ailleurs, ne font pas du tout partie de cette "écurie Lomax". Mais enfin ce point de vue a le mérite d'exister, même s'il frustre les aficionados.
Deuxième dispositif : Scorcese a été dénicher le fils d'un vieux bluesmen décédé ; on voit ce fils (déjà âgé) jouer avec un pote et causer de choses et d'autres autour du blues. Rien de transcendant. Sauf qu'à un moment tout se met à fonctionner : Scorcese passe un morceau d'un des plus antiques bluesmens, Charlie Patton (enregistré avant que Lomax débarque), un excellent blues parlant d'une grande inondation qui a ravagé je ne sais quelle région US. Là dessus Sorcese alterne d'une part des documents filmés d'époque montrant peut-être cette même inondation, et d'autre part des commentaires du "fils" et de son pote sur le morceau lui-même, s'extasiant sur la qualité du chant et de la musique du vieux Patton. C'est véritablement le clou de cette première partie, le reste peut je pense passer aux oubliettes.
 
La deuxième partie est admirable et fait que ce film doit être vu absolument. L'objectif de cette 2ème partie est de démontrer les véritables origines du blues : la musique africaine importée par les esclaves. Scorcese montre d'abord un jeune bluesman noir-américain actuel (un bon, comme il y en a des centaines aux USA), on le voit un peu jouer avec le "fils" de la première partie. Et puis à un moment Scorcese transplante directement ce bluesman américain en Afrique, au Mali, et le fait rencontrer des musiciens africains. Il faut être peut-être un peu aficionado pour véritablement apprécier ce qui se passe, en tous cas jamais à ma connaissance la filiation musique africaine / blues n'avait été montrée d'une telle façon si vivante et lumineuse et évidente.  
D'abord on voit le bluesman américain avec un musicien africain dans un petit village. Le musicien africain lui explique que les musiques africaines (très nombreuses et différentes) sont toutes basées sur la gamme pentatonique, et il improvise pour montrer l'exemple quelques airs de son cru sur un espèce d'instrument à cordes. Le bluesman américain met quelques secondes à percuter : mais oui le blues aussi est basé sur cette gamme pentatonique, et alors sur sa guitare il improvise à son tour quelques motifs, mais là c'est du blues. On sent que ces deux musiques sont comme deux frères ou soeurs séparés depuis leur naissance et qui se retrouveraient là pour la première fois : c'est absolument lumineux et magnifique.
Ensuite le bluesman rencontre ce musicien africain albinos qui s'appelle je crois qqchose Keita. Keita joue et chante un morceau de sa composition, c'est encore une fois magnifique, c'est là davantage dans le ton et le sentiment véhiculé que l'on sent une grande parenté avec le blues. Et Keita ensuite explique de façon détaillée et sensible que lorsqu'il écoute du blues américain, il sent cela comme de la musique africaine, mais comme transplantée, comme coupée de ses origines, avec comme une souffrance justement d'une perte ou recherche d'identité je ne sais plus, peut-être de désir souterrain de retour au bercail, enfin c'est parfait.
Troisième rencontre : avec Ali Farka Touré, le pape de la musique africaine tous pays confondus. Farka Touré a un discours très profond qui rejoint celui de Keita. A un moment le bluesman américain et Farka Touré jouent en duo un blues. L'américain fait comme il fait d'habitude : c'est bien. Et lorsque Farka Touré se met à chanter, c'est du blues, mais enrichi de multiples nuances et idées toutes venues de sa musique africaine : le morceau se transforme en un chef-d'oeuvre aux multiples résonances, c'est comme un miracle.
Il faut ajouter à tout ça beaucoup de paroles sensibles sur ce qu'ont du être les souffrances des esclaves arrachés à leur pays et horriblement maltraités, et ne survivant que grâce à leur culture et en particulier leur musique.  
Ce film de Scorcese est affaibli par sa première partie assez terne, mais sa deuxième partie est un chef-d'oeuvre, construit simplement par petites touches modestes, comme prises au vol. On sort de là ravi.
 
 
Red, White & Blues (Mike Figgis, 2002, 87mn)
Ce film est une honte. J'aurais du me méfier : les couleurs indiquées dans le titre sont celles du drapeau anglais. Donc pour parler du blues, le réalisateur n'a rien trouvé de mieux que d'aller interviewer de vieux musiciens anglais... C'est n'importe quoi. On peut sauver de ce film : un document filmé rarissime (le seul à ma connaissance) du génial Big Bill Broonzy, interprétant Hey Hey Baby. Mais le réalisateur coupe ça au bout de quelques secondes alors que le document fait au moins une minute : c'est une honte un scandale, seul un dégénéré abatardi et coupé de tout a pu avoir une telle idée de fou, tout aficionado a là souffert et maudit ce réalisateur et toute sa descendance (s'il en a mais j'espère que non, il y a assez de pauvres hères égarés et ahuris sur cette planète). Autre chose à sauver : quelques moments montrant la chanteuse Koko Taylor, une rugissante qui explique que le blues ne véhicule pas forcément des choses tristes : effectivement avec elle on est pas très loin d'une incantation flamenco. Enfin on se demande comment Scorcese a pu laisser passer un tel "film", c'est totalement inepte et inintéressant et pout tout dire hors sujet.
 
 
Godfathers and Sons (Marc Levin, 2002, 96mn)
Les choses s'arrangent légèrement avec ce troisième film du cycle "The Blues". Le sujet est le blues de Chicago d'après guerre. Le réalisateur a choisi comme guide le fils du créateur de la maison de disques Chess, qui a enregistré pas mal de bluesmens (en particulier Muddy Waters), mais aussi des rockers comme Chuck Berry. Le problème est que ce fils Chess, doté d'un bagout immense, est une authentique tête à claques. Une photo de ce gars gamin ne laisse aucun doute à ce sujet : tout être humain sensé n'aurait pu que lui asséner une paire de baffes en guise d'apéritif. Le réalisateur, qui était présent lors de la projection et qui est une sorte de péteux sans envergure, s'est manifestement laissé ballader et embobiner par ce fils Chess : celui-ci est absolument omniprésent dans le film. Il y a diverses choses intéressantes ici ou là, mais enfin ce film est comme le précédent à oublier.
 
 
The Road to Memphis (Richard Pierce, 2002, 89mn)
Ce film est un chef-d'oeuvre, bien davantage qu'un simple documentaire, il surclasse même le film de Scorcese. Dès la première séquence, par la façon dont un bluesmen est pris en coulisses puis comme projeté en scène, en particulier grâce à un montage d'un rythme et pour tout dire d'une musicalité parfaite, on sait là que l'on est en présence d'un vrai bon réalisateur, et que ce film va être un bon film. Impossible de tout détailler, les musiciens sont magnifiquement choisis et magnifiquement mis en relief, à la scène comme à la ville : le film arrive à brasser son immense sujet avec une inspiration et une dynamique qui ne se relâchent pas un seul instant. Le sujet est le blues de Memphis d'après guerre, avec comme figure centrale B.B. King ; mais bien sûr c'est le blues en son entier qui est dans ce film magnifiquement illustré, et au delà tout ce qui touche au métier de musicien un peu itinérant ou non subventionné. Nul doute que ce film sortira en salles : à ne pas manquer.
 
 
*****
 
Sinon, d'après ceux qui ont tout vu ou presque, les deux films les plus marquants de cette Mostra étaient le film de Oliveira, et le film russe qui a eu le Lion d'Or. Pour les italiens le film de Bellochio (sur l'affaire Aldo Moro) a été très marquant, mais c'est apparemment une daube.
 
Par ailleurs à Roissy j'ai vu Sean Penn qui débarquait aussi de Venise (il a eu le prix d'interprétation) : l'air ahuri, sapé comme un clodo, un pull douteux baillant lamentablement sous un blouson en daim, froc informe clair et grosses baskets, clope aux doigts, attendant avec sa rombière que sa valise arrive sur le tapis roulant (la rombière en question est parait-il l'actrice qui jouait dans le film avec Tom Hanks où on lui dit toujours : "cours machin, cours" ). Manifestement fatigué, il était là comme n'importe quel pékin, même pas de lunettes de soleil (de toutes façons personne ne le reconnaissait), pas du tout frime. On savait déjà qu'il était quasi génial comme acteur mais en plus c'est un gars bien. Un peu plus tard pour sortir de l'aéroport je vise une trajectoire pour passer à côté de lui qui était stationné tout seul avec sa valise au milieu des passants : à ce moment lui aussi se met à avancer dans ma direction, et en quelque sorte on s'évite en faisant l'un et l'autre un petit mouvement de côté (évidemment je ne le regarde pas pour ne pas faire le lourd). J'ai bien senti là que ce mec est bien et "simple" et authentique : pas du tout le genre à se prendre la tête à faire le malin ou le fier, ce mec est bien et gentil c'est certain. J'ai revu hier "Accords désaccords" de Woody Allen où il était si bien, mais son personnage dans ce film est une véritable création : en fait il est mieux en vrai.
 
*****
 
Conclusion.
Contrairement à ce qui se passe à Cannes, ce festival de Venise est facilement accessible au "public" non muni d'accréditations, il suffit de retirer ses places en faisant un peu la queue. Il vaut mieux viser la 2ème semaine, plus calme. L'ambiance est tout à fait tranquille et sympathique, rien à voir avec la frime et l'hystérie détestables qui règnent à Cannes (d'après ce qu'on m'en a dit, j'y ai jamais mis les pieds), à Venise tout est vraiment au service du cinéma et des films, le cinéphile se sent là comme chez lui (Cannes n'est qu'une sorte de grand marché). Et puis entre ou après les films il y a en face à portée de vaporetto une ville qui n'est pas mal (le festival se déroule sur l'île du Lido - là où a été tourné "Mort à Venise" ). Revenir en face de nuit vers 1H du mat, après la dernière projection, est quelque chose à ne pas rater, avec tous ces palais éclairés (parfois de l'intérieur) en remontant le Grand Canal, et puis à cette heure tous les cochons de touristes sont couchés.
 
 
 
--------------
Ct un post charte compliant de Roro
Sous vos applaudissements  (© freaksinthenight)  [:jabberwock]


Message édité par rogr le 10-09-2003 à 21:36:59
mood
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Posté le 10-09-2003 à 21:19:05  profilanswer
 

n°1147937
Profil sup​primé
Posté le 10-09-2003 à 21:45:11  answer
 

Poste plutôt dans le topic de Prod ( http://forum.hardware.fr/forum2.ph [...] =64&cat=13 ), ou bien crée un topic sur la Mostra, parce que celui-ci n'a pas grand chose à voir (et le remonte-topic est, disons, un peu bizarre).


Message édité par Profil supprimé le 10-09-2003 à 21:46:11
n°1148866
rogr
Posté le 10-09-2003 à 23:41:37  profilanswer
 

Le chien fait pipi là où il se sent à l'aise : je poste à l'identique. T'as qu'à ajuster le titre du topic Gorétinou, ça sera jamais que la 3 ou 4ème fois...

mood
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Posté le   profilanswer
 

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