Vincent334 a écrit :
ça tourne un peu en rond tout ça. La caricature et le dénigrement outrancier ne font pas vraiment avancer le débat.
Tu choisis une posture intenable et tu la défends coûte que coûte, sans réel argument.
Tu peux également dire que Mozart est très surcôté et que Salieri vaut 100 Amadeus ! Pour défendre les cinéastes que tu aimes (et que personne n'attaque !) nul besoin de chercher à déboulonner les Maîtres. Je ne peux que te conseiller de continuer à voir des films (ceux d'Hitch et les autres), de les analyser en détail et de ne plus te contenter d'appréciations subjectives et superficielles.
|
Que l'on tourne en rond, je suis bien d'accord ! J'ai l'impression que c'est plutôt les laudateurs d'Hitchcock, qui sont en manque d'arguments. A part hurler contre l'hérétique que je suis pour avoir osé critiquer le "maître" ou déligitimer, tout simplement, mes arguments, en affirmant, comme tu le fais toi-même, qu'Hitchcock, vénéré par tant de cinéastes, est obligatoirement un génie, je ne vois pas l'ombre d'un argument sérieux !
J'ai déjà énormément répété mes arguments, que je vais encore synthétiser :
- une narration filmique assez académique. Excepté quelques effets de caméra restés célèbres, que ce soit le verre de lait dans Soupçons, la fameuse dernière scène de L'homme qui en savait trop, la scène de la douche dans Psycho ou encore la fameuse scène de l'avion dans La mort aux trousses, le cinéaste filme de manière assez conventionnelle. Parfois c'est même du théâtre filmé, comme dans La Corde, le Meurtre était presque parfait ou Fenêtre sur cour. Quand je vois la Soif du Mal de Welles, la nuit du chasseur de Laughton, ou Criss Cross de Siodmak, je me dis que si on loue la virtuosité d'Hitchcock que dire de ces réalisateurs ...
- un jeu d'acteurs assez suranné. Hitch aimait bien les femmes blondes bien mises, polies et bourgeoises, comme Grace Kelly ou Tippi Heddren. Mais il prend souvent des acteurs avec un jeu assez théâtral qui manque de spontanéité ! Un James Stewart n'exhale pas une sensualité torride, globalement le jeu des acteurs reste très conventionnel et sans surprise. Quand on voit des Brando, des Monty Clift ou des James Dean, on peut voir la différence !
- un cinéma assez bavard, psychologisant, très british. On plonge dans un monde de bourgeoises oisives avec leurs états d'âmes. D'où l'impression de voir de l'Agatha Christie filmée !
- une absence totale de réalisme ! Alors qu'à l'époque, des cinéastes ont une vision plus réaliste du film noir, Hitchcock maintient ses histoires dans un milieu bourgeois où le peuple n'existe pas ! Le polar a souvent une thématique sociale sous-jacente, chez Hitchcock jamais ! Aucune résonnance socio-politique, juste des histoires entre gens du monde, gentillettes à la Mary Higgins Clark. La mort aux trousses, le crime était presque parfait, la main au collet etc ... Alors dès les années 40, sous l'impulsion, notamment de Mark Hellinger, le polar s'ancre dans la ville américain, plonge dans la réalité des bas-fonds angeliniens ou new-yorkais, le maître anglais nous narre des histoires en lévitation, déconnecté du réel, jolis objets esthétiques sans aucune résonnance socio-politique, voire esthétique ! Quand certains parlent d'Hitch comme un auteur de polar ou de films noirs, celà me semble alors très curieux !
- un cinéma psychologisant. Certes, le maître anglais nous plonge souvent dans l'inconscient humain et ses films peuvent avoir quelques résonances psychanalytiques. Psychose étant l'archétype du film-psy réussi. Mais force est de constater que ça ne va pas très loin ! Certains m'ont argué de la nouveauté de cette thématique...Sur la nécrophilie, on peut déjà regarder le Dracula de James Whale, sur le thème du double, on peut se référer à Dr Jekyll et Mr Hyde de Mamoulian puis Fleming, ou même au Diabolique de Clouzot, sur le voyeurisme, nous avons le Voyeur de Michael Powell, j'arrêterai là
mon énumération, mais les thèmes abordés par Hitchcock sont loin d'être nouveau !
- un cinéaste surestimé ? Comme je l'ai déjà expliqué, le statut d'auteur d'Hitch est né du livre de Truffaut, au milieu des années 60, qui le consacre définitivement dans l'univers de la cinéphilie, alors que jusqu'ici, l'anglais était considéré comme un bon "artisan", faisant des films à la chaîne ! Or, si on compare les contemporains d'Hitchcock, on trouve des cinéastes qui me semblent sous-estimés et beaucoup plus "modernes" que le maître anglais. En France, Duvivier (Chair de Poule) ou Clouzot (Le corbeau, Le salaire de la peur), sans oublier le dépouillement Melvillien, aux USA, Welles (La Soif du mal), Siodmak (le génial Criss Cross, qui illumina les années 40), Dassin (Brute Force ou la Cité sans voiles) ou même le Fuller du Port de la drogue et en Italie, Mario Bava, qui fit quelques films très troublant, notamment la fille qui en savait trop.
L'amnésie dont ont été touchée certains de ces réalisateurs et l'hypermnésie hitcockienne me paraît étonnante, et j'y vois, là-dedans, une politique volontaire, de la part des programmateurs TV, de privilégier les films de détente hitchcockiens, sans problématique politique et sociale, plutôt que certains de ces auteurs qui développaient une critique d'une certaine société !
Mais attention, dans la masse des films de l'anglais, j'en retiens quelques uns comme des chefs d'oeuvre comme Psychose ou La mort aux trousses, mais ce qui m'excède, ce sont les discours dithyrambiques qui entourent n'importe quelle oeuvre du cinéaste anglais, qui a fait, aussi, son cortège de "daubes" inregardables ...style Rear window, Complot de famille voire Fenêtre sur cour ou l'Homme qui en savait trop ...
Il faut réevaluer l'oeuvre d'Hitchcok en se détachant des a-priori et de la propagande de certains courants cinéphiliques !
---------------
L'arrière-train sifflera trois fois.