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Auteur Sujet :

cherche critique chap 1 de mon roman H fantazy

n°4489259
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 26-12-2004 à 14:02:49  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Et voilà, comme promis, le chapitre 3
 

Citation :

De nombreux vergers défilaient harmonieusement au gré de la course du chevalier Pheder qui laissa son cheval suivre un trot modéré.


 
L'allure du trot modéré ne correspond pas à la course évoquée avant. Soit il ne galope pas, mais dans ce cas, les vergers se "succèdent" plus qu'ils ne "défilent" , soit il galope.
 
_"Pheder laissait derrière lui l’île d’Oberayan de son enfance." : je trouve que ce qui est en bleu alourdit inutilement la phrase.
 
_"D’ailleurs lui-même se remettait mal de la mort du vieux maître, dont il était lui-même l’assassin !" :
Supprime la virgule. La répétition est un peu trop insistante, il faut que tu supprimes un des deux "lui-même".
 
 

Citation :

Toutes ces histoires d’Ushidi sur les trois corps de l’homme, le physique, l’âme et l’esprit, lequel donnait l’immortalité, toutes ces énigmes accumulées tournaient la tête de Pheder jusqu’au vertige.


 
Je trouve que la partie en bleu s'insère mal dans la phrase car on ne comprend pas clairement à quoi "lequel" fait référence.
 
_"Ushidi lui donnait un cadeau empoisonné." : je préfèrerait un passé composé ici "avait donné" ou plutôt "avait offert" ou "avait fait.
 
_"Le chevalier ramena les rênes vers lui pour arrêter son cheval." : je pense que plus que les "ramener", il les "tire" à lui.
 
_"Il s’agissait probablement de la mère de son guide, qui devait compter anxieusement les quelques années qui la séparaient de son sacrifice à Moud." : Supprime la virgule.
 
_"Toutefois Ushidi lui avait fait jurer" : insère une virgule entre "Toutefois" et "Ushidi".
 
_"déclencha un concert d’aboiement" : "aboiements".
 
_"le chant du coq le surpris à arpenter" : "surprit".
 
_"Il avait ramené ses outils d’Oberayan et passait de longues heures en son atelier, à tourner d’amusants couverts." : Supprime la virgule.
 
_"Ors, l’île-citadelle, la fille d’Anyg" : "or".
 
_"la distance qui les séparaient du rivage." : "séparait".
 
_"L’écume au lèvres," : "aux".
 
_"Une foule massive de pêcheurs les attendaient, et les hommes les conduisirent" : Supprime la virgule.
 
_"la paire de braie bleu-ciel" : "braies" ; supprime le trait d'union entre "bleu" et "ciel".
 
_"et la tunique outre-mer" : "outremer" lorsqu'il s'agit de la couleur.
 
_"un petit porte-camé" : "camée".
 
_"la vision sublime qui l’éblouie" : "éblouit".
 
_"qui servaient de frontière naturelle au tabou" : répétition très fréquente du mot "tabou".
 

Citation :

le somptueux portrait se mit à s’agiter et Pheder eut l’impression de l’entendre prononcer des mots dans une sorte de doux murmure aux accents exotiques. Puis il lui sembla quitter son corps pour retrouver une merveilleuse amie éblouissante de naturelle, incarnation magnifique du portrait, à travers la splendeur d’un maelström étoilé; comme aspiré par l’immobilité hypnotique de la charmante image…


 
Je sens que Yulara va avoir son visage dans un médaillon...  :D  
 
_"qui le protégeait à jamais de l’irrémédiable folie." : "protégerait" en raison de la présence de "à jamais" à la suite.
 
_"le porte-camé" : "camée".
 
_"Au centre de la pièce enfumée et sombre, trônaient plusieurs" : Supprime la virgule.
 
_"l’une d’encre noir " : "noire".
 
sur le recto blanc et l’autre d’encre blanche sur le verso peint en noir:
 
 
COMMENTAIRE GENERAL :
 
J'adore ce chapitre!!!
La partie contemplative est splendide.
La découverte du cadavre très intéressante
L'amour platonique entre Pheder et la Dame du Camée merveilleuse (Il y a un peu de toi, non?  ;)  :D Cette ultrasensibilité qui te caractérise et qui transparaît au travers de tes écrits)
 
Bref, un pur moment de lecture!


Message édité par sheratan le 26-12-2004 à 14:08:36
mood
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Posté le 26-12-2004 à 14:02:49  profilanswer
 

n°4489841
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-12-2004 à 15:59:30  profilanswer
 

Avec tous ces plantages dans les allures des chevaux, je sens que j’aurais du le faire aller en vélo ! :whistle:  
 
J’attend la libération officielle de Yullie, mais, Sheratan, au vu de l’unicité des dialogues, je me demande si on devrais pas continuer par mail ? ;)  
Pourtant, je suis lu, a chaque nouveau chapitre posté, on à un solide incrément positif que je te laisse calculer.
Merci pour tout :)  

n°4490310
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 26-12-2004 à 17:53:14  profilanswer
 

aucun problème si tu veux continuer par mail!


Message édité par sheratan le 27-12-2004 à 12:54:04
n°4492510
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-12-2004 à 06:52:12  profilanswer
 

Aujourd’hui, 3éme jour de la captivité de Yulara
 
 
 
Salut les gros bras ! L’avantage de se parler à soi-même, c’est qu’on ne risque pas d’être interrompu. Il y a toujours eu, c’est pas nouveau, mais pas nouveau du tout, des braves petits gars qui se sont pris pour la fine fleur de la critique, après s’être pris, un instant hélas fugace, pour la fine fleur de la littérature. Mais le travail, le travail qui leur reste à accomplir dépasse de beaucoup la longueur de leur joint. C’est un procédé masturbatoire connu, et à vrai dire assez masculin. Je fait pipi avec, je m’amuse avec et je rejoue avec. Vous n’aimez plus l’Héroic-Fantazy, c’est normal, vous en avez trop mangé et SURTOUT, vous avez grandi…Maintenant que vous êtes assis sur vos  OO et que vous avez appris à vous raser tout seuls, que vous avez un imaginaire adulte taillé dans l’émeraude, branchez vous sur Le Clésio, c’est beau, c’est profond et d’une écriture magistrale. Pourtant, vous vous trompez, c’est le western qui est un genre éteint. Aujourd’hui, je suis chez moi, au cœur de la forêt bretonne. Dehors, il neige, tout est blanc, et la Fantazy, la Fantazy sans moins me parle encore et encore.
Je met un CD d’Aérosmith, j’ai toujours été fan de Steve Tyler, évidemment, vous vous êtes amoureux de sa fille !
 Les jours où j’ai la  :pfff: dans le Q, comme ce matin, je savoure des passages d’Ivanohé.
 Si Walter Scott vivait aujourd’hui, il écrirai de la Fantazy, et Rebecca serait une sacrée garce de sorcière qui finirait par se le faire, son preux chevalier !
 Ivanohé est un galet brillant, rond et poli, oublié sur la plage par une mer distraite. La petite Lucie de la Star AC peut toujours murmurer dans son micro et se foutre de la gueule de Madonna, micro coupé, pendant ce temps là, Madonna, elle, royale et magnanime, nous offrait sa culotte.  
 Rangez vos jouets dans un carton, pour la prochaine brocante, et fermez la porte de la tanière que vous venez d’apprendre à ranger. Laissez les dragons à ceux qui arrivent, et qui ont l’envie, et peut être le besoin, de les combattre.  Et vieillissez, mal,  sans doute !
Ca caille dehors, n’ouvrez pas la bouche, vous allez prendre froid.
Je dis pas çà pour toi, mon petit Sheratan, toi, j’ai l’impression que tu as terminé ta croissance !
 
 
 ;)

n°4494082
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-12-2004 à 15:29:18  profilanswer
 

ma nièce passait ses vacs aux maldives. NON elle a sauvée sa peau

n°4495247
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-12-2004 à 19:02:32  profilanswer
 

bon, je suis fatigué. POUR TOI SHERATAN un chap transitionnel un peu lourdingue pas trop planant. Mais fidèle au principe, j'exhume de la malle brut de fonderie ! (drôle, un anneau + une histoire de plume forets gump? mais d'ou çà venait HI HI HI)
CHAPITRE 5
La licorne noire
 
 Une bourrasque plus violente que les autres releva brusquement le pan de la cape du chevalier Pheder sur ses reins, ce qui  l’obligea à se courber sur l’encolure de son cheval. Le vent redoublait d’ardeur et des tourbillons se prenaient en sifflant dans les troncs d’arbre. Des milliers de feuilles jaunes s’échappaient sans but vers les nuages menaçants. Une pluie de ces fragiles écus s’accrocha un bref instant sur la pèlerine orange, l’ornant d’une multitude de broches magnifiques. Le chevalier évitait de penser, stratagème qu’il pensait efficace pour contrer l’action des djinns facétieux, mais ce faisant il perdait peu à peu la notion du temps. L’environnement restait toujours le même : des arbres gigantesques et innombrables à perte de vue. Il s’arrêta soudainement, perdu au milieu de cet assemblage chaotique. Son but fixé dès le départ, la « roche aux loups »,  guidait son itinéraire imprécis,  mais entre les hauts piliers des troncs millénaires il ne parvenait plus à s’orienter. Pour toute arme il ne possédait qu’un arc jeté sur son épaule car il avait refusé l’épée de son père, lançant une fanfaronnade oiseuse à propos du sabre, mais c’était à l’évidence une erreur stupide. L’épée serait certainement plus efficace en cas d’attaque surprise d’un fauve, comme instrument idéal du combat rapproché.
  Le sabre d’Oberayan qui l’avait sauvé de l’attaque mortelle d’Ushidi, le mettait à présent au milieu de dangers peut-être plus graves que les ours. Il s’arrêta et libéra Ramej. Celui-ci caracola un instant alentour, hennissant de reconnaissance. Depuis leur intrusion dans la forêt, une inquiétante et soudaine protubérance s’était mise à pousser sur le chanfrein de la bête. L’étrange tumeur, dure au toucher, ne semblait pas douloureuse et ne paraissait pas incommoder le cheval outre-mesure. Assis, inerte, calé dans la fourche racinaire d’un grand pin, Pheder attendit la crise car une angoisse soudaine, sans doute façonnée par le poids du tabou, venait soudain de le saisir. Dans un geste qui devenait de plus en plus cérémoniel, il ouvrit le bijou d’argent de son inconnue, habitué pourtant aux récents silences du portrait de cire. Il attendit malgré tout, non sans un peu de crainte, car bonne magie et noire sorcellerie se mélangent parfois, faces doubles et opposées d’un même phénomène, théurgie qui élève les âmes et goétïe qui rabaisse l’homme, l’une bonne et chérie des ancêtres, l’autre mauvaise et œuvre des djinns démoniaques.
  Il mit au jour la cache renfermant la petite mèche de cheveux. Celle-ci s’humidifiait toujours de ses larmes et Pheder constata au toucher que les minces faisceaux charbonneux refusaient de sécher. Pheder claquait des dents comme s’il avait froid, bien que la paume de sa main, sous l’action étonnante de la mèche, se réchauffa et commença à l’inonder d’une tiédeur bienfaisante, pendant qu’une discrète odeur de menthe effleurait ses narines. Rasséréné, il se releva plein d’énergie, la force de Moud sur lui et sa main sur sa route. Inexplicablement, alors qu’il venait de goûter avec amertume les affres empoisonnés du découragement, il chevauchait à présent hardiment, le cœur rempli d’une immense exaltation. Si Obyn voulait le dévorer, il se sacrifierait sans regret puisqu’il serait mort pour récupérer le sabre d’Oberayan, (noble cause s’il en fût ! ),  emmenant avec lui directement  au paradis de Moud, l’Obere céleste, l’arme sacrée et son précieux bijou. Même si la jolie femme du portrait ne réapparaissait pas et taisait son impossible message, il lui semblait qu’elle lui rendrait la mort plus douce... Voyant que le cheval estimait l’endroit, Pheder décida d’y bivouaquer pour dormir. Avant d’habiter la nuit d’Obyn la maléfique, il alluma un grand feu et s’allongea sur le sol en ramenant sur lui sa cape pour se protéger de l’humidité nocturne,  puis il posa sous sa tête un coussin de mousse.  
 Dans le cours de la nuit, jusqu’ici paisible, il ouvrit les yeux brusquement, car des chuchotements curieux s’échappaient de deux formes qu’il devinait plus qu’il ne voyait, dans la clarté encore vive de son feu. Peu à peu il découvrit deux petits nains minuscules, à peine hauts comme ses bottes, et qui se chamaillaient en gesticulant. Les petits êtres verts, du vert des grenouilles, ouvraient de grands yeux globuleux, et portaient à leur cou des colliers de grelots qu’ils agitaient frénétiquement. Les plus hardis se tenaient devant le visage de Pheder, toujours allongé. Ce dernier, au comble de la stupéfaction, regardait avec étonnement ces deux  djinns incarnés et bavards qui se disputaient sur la conduite à tenir en manipulant de minuscules javelots, et l’on distinguait une petite fronde qui pendait à leur ceinture.
  Les gnomes secouaient toujours leurs grelots, donnant l’impression de communiquer ainsi entre eux; mais ils n’étaient pas muets car Pheder entendait leur petite voix aiguë et criarde. Celui qui paraissait le plus âgé remua fortement son collier de grelots devant le nez de son compère de toute la force de ses petites mains vertes et poilues. N’y tenant plus, Pheder se releva brusquement en effrayant les gnomes, qui se ruèrent brusquement dans les fougères en piaillant. Attentif à l’obscurité environnante, Pheder se frotta les yeux, constatant que la nuit, la forêt se montrait paradoxalement plus bruyante que dans la journée. La chouette surtout présidait de ses hululements sporadiques ce théâtre nocturne. Le jeune seigneur attisa de son souffle la flamme renaissante de son maigre foyer. Il prêtait l’oreille à une multitude de ricanements moqueurs qui se répercutaient dans la nuit en se rapprochant. Pheder en déduisit que les gnomes revenaient en force, car les cris s’accompagnaient de centaines de petits pas feutrés piétinant le tapis végétal.  
 Dans la clarté dansante des flammes, Pheder n’apercevait que les branches des arbres les plus proches, dont certains dardaient déjà vers la lune, en cette fin d’été, leurs moignons d’hiver. Soudain il aperçu en tournant la tête une armée de gnomes jacassant, semblables aux autres, plus nombreux que des fourmis, brandissant leurs courts javelots et hurlant d’effroyables gargouillis vocaux. Le tintement des grelots devint infernal. Les gnomes verts sortirent leurs frondes et Pheder se protégea d’une pluie de petites pierres coupantes qu’il réussit par miracle à esquiver. Il ressentait les sifflements des projectiles comme une vraie menace et comprit l’urgence de sauver sa vie, car les pierres éclataient à présent de toute part sur les troncs, démontrant sans équivoque leur dangereuse efficacité. Pheder enfourcha prestement l’étalon noir, piétinant à mort la marée des lutins belliqueux. Grâce aux ruades énergiques de Ramej, les petites sagaies qui venaient de remplacer les frondes ne l’atteignirent pas, mais en faisant bondir sa monture pour s’enfuir, un déferlement de courtes flèches blessèrent le cheval affolé qui rua prestement.
  De toute la puissance de ses jarrets, ce dernier s’engouffra prestement dans le puits ténébreux des taillis de la forêt d’Obyn. Lancé dans un dangereux galop, le cavalier ne parvenait pas toujours à éviter les branchettes qui lui fouettaient le visage et il sentait des gouttes de pluie glacée traverser sa tunique. Enfin, il se retourna au bout d’un moment, estimant avoir distancé ses curieux agresseurs. Prenant le pas, il s’aperçut que Ramej soufflait bruyamment, montrant des blessures sérieuses. Descendant de cheval il toucha les naseaux brûlants de celui-ci et retira trois fléchettes de sa croupe, devinant la présence d’un poison, peut-être mortel. Rapidement il s’enquit d’un bouquet de saule pour y attacher sa monture, mais comme il l’avait prévu le cheval s’écroula d’un coup en hennissant. En caressant la tête du cheval qui respirait avec difficulté, Pheder remarqua que l’espèce de bosse qui poussait en torsade sur son front avait encore grandi pour devenir une véritable corne. Perdu dans le grand labyrinthe végétal où les plantes et les arbres n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes, Pheder s’accroupit en maudissant les djinns, quémandant l’abri précaire d’un peuplier qui trembla d’indignation. L’endroit regorgeait d’humidité et couvrait toute chose d’une terre grasse et collante qui alourdissait les bottes du jeune homme. Il ne pouvait se résoudre à abandonner son cheval, lequel remuait à présent faiblement la tête, les yeux exorbités. Le chevalier se couvrit entièrement le corps de sa lourde cape, d’un revers frileux de sa main gauche,  il s’empara ensuite de son arc de sa main droite et s’endormit jusqu’à l’aube qui l’appela dans la même position.
 Le lendemain Ramej semblait guéri et broutait tranquillement un bouquet d’herbes tendres. L’œil de Moud luisait dans l’œil de la bête et seules les trois petites plaies sanguinolentes témoignaient encore de l’attaque des gnomes. En s’assurant que le cheval se portait vraiment bien, Pheder remarqua la taille impressionnante de la corne effilée dont la croissance paraissait à présent terminée, et qui avait poussé dans la nuit sur le front de sa bête : Ramej n’était pas un cheval normal mais un exemplaire de l’espèce des licornes, toutefois aussi noir que les bêtes de légendes qu’on prêtait aux Elfes, dans le livre de Moud, étaient d‘une blancheur immaculée! Pheder admit qu’il ne connaissait pas l’origine exacte de sa monture, en tout point si étrange et magnifique, car les bûcherons qui le lui donnèrent avaient récupéré le poulain errant isolé dans les bois d’Ukbar.
 Pheder flatta l’encolure du superbe et extraordinaire animal, tout à sa joie de cette quasi-résurrection, puis il admira longtemps l’appendice torsadé de l’étalon qui en faisait une bête totalement fantastique. Ensuite, il remarqua dans le jour naissant une petite colline en partie masquée par la brume, et décida de reprendre son périple dans cette direction. De nombreuses averses revinrent troubler la matinée.  Pheder attendit le zénith pour voir le soleil réapparaître, alors que  la chaleur évaporant l’humidité du feuillage d’Obyn rendait l’air environnant lourd,  étouffant. Un orage éclata brusquement pendant qu’un éclair bleu fendait l’espace ouaté de filaments embrumés. Dans le ciel soudain effrayé, les djinns aériens prenaient le sentier de la guerre, cernant le chevalier du roulement lugubre de leurs tambours. Malgré le risque de foudre, il grimpa sur la plus haute branche d’un vieux chêne. La joie sincère qu’il exprima en cet instant chassa d’un coup l’orage et faillit presque le déséquilibrer : devant lui s’offrait la « Roche aux loups »...  
 Le piton rocheux se rapprochait singulièrement et Pheder remercia l’œil de Moud pour l’avoir maintenu dans la bonne direction. Jamais aucun homme ne s’était vanté d’avoir examiné l’arête granitique d’une telle proximité et cette vision méritait à elle seule d’avoir vaincu la nuit d’Obyn. Un couple d’aigles nichait au sommet de la roche. Les majestueux rapaces sifflèrent en planant au-dessus du perchoir de Pheder, indiquant peut-être l’approche imminente du sabre des ancêtres, puisque le totem d’Oberayan veillait sur lui. Des grognements furieux se firent entendre à la base du tronc et Pheder se pencha pour apercevoir son cheval qui tirait furieusement au renard sur sa longe. Il voyait la bête prise de panique ruer en hennissant de terreur et vit une meute de loups affamés bondir en direction de Ramej furieux, prêt à mener un dur combat. Sans attendre,  Pheder fit glisser son arc sur son avant-bras et dégagea une flèche de son carquois dorsal. Il visa posément et tua net un premier loup, aussitôt déchiqueté par ses frères enragés. Leurs rugissements jaillissaient à travers les canines claquantes. Pheder décocha une seconde flèche, supprimant un deuxième loup. Ce nouveau repas n’empêcha pas trois féroces mâles, visiblement affamés, de continuer à harceler le cheval, bondissant tour à tour pour atteindre sa gorge.  
 Les hennissements de Ramej baissaient d’intensité et le mouvement incessant des animaux n’offrait pas de bonnes cibles à Pheder qui risquait de blesser sa propre monture, déjà éprouvée par l’attaque brutale des gnomes nocturnes. En descendant sur une branche plus basse, de façon à obtenir une meilleure vision, son collier magique s’accrocha aux fines et tentaculaires ramilles. Le porte-camé tomba vers le sol en ricochant sur les branches pour atterrir au milieu des combattants, et la mèche de cheveux se mit à tournoyer en virevoltant dans les airs, car le bijou s’était ouvert dans sa chute. Une étrange odeur de menthe s’installa aux milieux des combattants, paralysant les loups un court instant. Le cheval devenu licorne le mit à profit pour percer de sa corne le flanc offert de ses assaillants, s’acharnant sur les fourrures sanglantes des deux derniers loups qui restaient en lice. Quand tous les loups furent enfin hors de combat, Ramej secoua sa splendide crinière noire en caracolant sur place pour marquer son triomphe. Le chevalier sauta d’une dernière branche pour se mettre immédiatement à la recherche du bijou d’argent. Ne le trouvant pas,  une immense angoisse se mit à grandir en lui. il s’agita dans tous les sens, fouettant les ronces d’un solide gourdin, scrutant intensément les fougères autour des cadavres des loups, dont les pause grotesques attestaient une mort brutale. Il récupéra ses flèches une à une, en les essuyant sur le sur le pelage sale des animaux faméliques, l’hiver d’Obyn pourtant encore lointain apprenait déjà, avec un peu d’avance, à tous ses habitants ses premières exigences. Toutefois, le collier restait toujours  introuvable. Cherchant encore, il le vit enfin miroiter au soleil et s’en saisi respectueusement pour le nettoyer, car les sabots de Ramej avaient sauvagement pétri l’herbe tendre en une vaste flaque de boue. Heureux de remettre la main sur son précieux talisman, Pheder constata l’absence de la mêche de cheveux, pour s’intéresser subitement à un étrange phénomène. Évidemment contrarié par la perte des cheveux il allait fouiller les environs,  quand une petite plume blanche de colombe en suspension se montra devant son nez. La voix magique du collier lui enjoignit de suivre cette plume qui ne se posait jamais, comme si elle ignorait la dictature de la gravitation, qui fait tomber invariablement les êtres et les choses. Curieusement, dans son sillage on décelait un fin parfum de menthe, et la voix douce de la belle inconnue prodiguait toujours ses encouragements. Soudain elle se tut et le silence d’Obyn se fit écrasant. Saisissant rapidement la plume qui volait en face de lui, il la dressa dans la lumière. Dans l’éblouissante clarté du soleil, qui l’obligea à plisser les paupières, il lâcha un instant la plume qui s’éleva très haut dans le ciel.  
 Décontenancé par cette perte, Pheder attendit un long moment  avant de voir tout à coup une colombe se poser près de lui sur la basse branche d’un saule. La blancheur du volatile s’épanouissait sur le fond des bruyères et regardait Pheder en roucoulant. Ce dernier resserra les sangles de la licorne pour reprendre sa route. La colombe voleta sur place en battant l’air de ses ailes immaculées, et Pheder décida de la suivre, car elle prenait la direction approximative de la «Roche aux loups» qui restait sa destination, en dépit de tout. L’oiseau le précédait d’un vol gracieux et planant, freinant ses descentes de sa large corolle antérieure. De temps en temps il se posait sur une branche pour attendre le chevalier et sa monture. Si Pheder ne marquait pas de halte, il estima que son paisible guide l’amènerait rapidement à la « Roche aux loups ». Le singulier cortège arriva enfin à l’orée d’une clairière ensoleillée ou la colombe, posée sur une grosse pierre écarta ses ailes en roucoulant.
  Sans prévenir, un javelot traversa le petit corps de l’oiseau pour aller se planter dans le sol, entraînant sa malheureuse victime. La longue sagaie n’avait fait aucun bruit. Alerté, Pheder regarda le gracieux volatile planté sur la lance, mais par chance lui-même n’avait pas encore surgit dans la clairière et resta prudemment à couvert. Saisissant prestement son arc, il se glissa sans bruit dans un buisson de chèvrefeuille très touffu. Le jeune homme observait son petit guide empalé sur la sagaie trempée de sang et sa fureur monta en lui à cette vue. Prudemment, il encocha sans attendre une flèche sur la corde de son arc, attentif à la suite des événements. Un homme extraordinairement tatoué sortit alors de la forêt en trottinant, s’approchant de la colombe qu’il venait d’occire. Il la prit dans sa main, récupéra sa lance et, satisfait, attacha l’oiseau à la ceinture de son pagne en peau de renard sans lequel il aurait été nu. Grand et puissant, ses cheveux bouclés tombaient sur un dos large et musclé. Il  s’apprêtait à retourner sur ses pas et Phéder était partagé, devait-il se découvrir et surgir de sa cachette pour héler l’étrange inconnu, où décocher sa flèche sans attendre ?. Bien que la perte de la colombe l’alimenta d’une vilaine colère, il résolut d’appeler l’homme. La surprise de l’autre fut énorme. Immédiatement, l’étranger plongea dans les genêts pour disparaître de la vue de Pheder, laissant comme témoignage de sa présence un faible bruit de feuilles froissées. Le javelot qui venait de prendre la vie de la colombe se ficha bientôt dans le tronc d’un sapin proche de Pheder, corde tendue, prêt à tirer. Croyant apercevoir l’homme, il décocha rapidement, mettant en pratique la science d‘Ushidi. Un cri de douleur fit brièvement résonner la cathédrale végétale, suivit du bruit mat de la chute d’un corps. La flèche empennée de rouge venait d’atteindre son but. Pheder restait attentif aux bruits des fourrés, mais seul un rossignol égaré sautillait dans les branches de cerisier larmoyantes de sève. L’homme devait heureusement être seul, songea Pheder,  en prenant pour s’approcher d’extrêmes précautions, pour découvrir le ravisseur de sa colombe, sa flèche plantée au milieu des épaules. Le jeune seigneur reprit celle-ci en récitant la prière des morts du Livre de Moud. Le sang coulait comme une araignée cynique sur les omoplates du défunt, dont la tête sculptée de rides féroces, plongeait dans un fouillis de longs cheveux bouclés. Une barbe touffue cachait un menton percé d’une griffe d’ours. Pheder laissa là sa macabre inspection pour regarder la colombe, toujours fixée au pagne de l’homme. En regardant attentivement il remarqua un anneau d’or qui baguait l’oiseau à l’une des petites pattes raides. Il s’empara de la bague qui changea alors miraculeusement de diamètre dans la paume du jeune homme ébahi, lui permettant de la glisser à son index gauche où le bijou, griffé d’usure, s’adapta parfaitement. Il reconsidéra le cadavre de l’homme dont les bras révélaient d’étranges tatouages circulaires, se demandant ou pouvait vivre cet inconnu. Soudain,  il réalisa qu’il venait de tuer un troisième être humain après l’amazone d’Ukbar et Ushidi lui-même, cela lui laissa un goût amer dans la bouche, même s’il devinait que l’autre ne lui aurait laissé aucune chance. Il reconnaissait toutefois que sa présence insolite au milieu d’Obyn le rendait anormalement fébrile, esseulé au milieu de ce sombre chaos, dans l'immensité si justement taboue de cette forêt pétrifiée d'elle-même. Ce meurtre ne faisait que rajouter à son malaise. Faisant taire plus avant ses réflexions, il reprit sa route, chevauchant droit devant lui, délaissant pour l’instant l’analyse de ces nombreux mystères, sa cape orange enroulée sur la croupe de Ramej, qui s’était débarrassée du velours recouvrant sa corne unique, laquelle témoignait à présent d’un ivoire parfait.  
 Dans les dernières chaleurs de la saison, il méditait sur l’attitude de plus en plus distante de son curieux cheval, pourtant jusqu’à présent d’une solide fidélité. Alors qu’il approchait de la «Roche aux loups», la licorne profitait des bivouacs pour s’égarer dans les chemins empruntés par les cerfs, fuyant dans le mur vert comme s’il s’élançait à la recherche de quelqu’un ou de quelque chose; puis elle réapparaissait un plus loin, en toute fantaisie. De plus, Pheder remarqua que son coursier ne broutait plus, cessant même carrément de s’alimenter, sans pourtant en souffrir ni maigrir, continuant juste de fouler fidèlement sa piste imprécise. Le lendemain matin le seigneur d’Ukbar se retrouva seul; la licorne noire, perdue dans son silencieux dialogue intérieur, avait rejoint sans doute son but inconnu des humains.  
 Désormais Pheder confiait sa vie à ses uniques jambes, gardant toutefois son arc et ses flèches, et son sentiment de solitude alourdissait  le poids du carquois dans son dos. Il cessa d’appeler Ramej, comprenant qu’il avait perdu l’étalon cornu. Au fil des heures, Pheder prenait subitement la décision, sans motifs apparents, d’entamer une course folle au milieu des sapins coalisés en armée d’un vert sombre et qui remplaçaient peu à peu les cerisiers sauvages. Après de nombreuses haltes, il hurla sa joie, car il arrivait au pied de la «Roche aux loups» ! Son cri de triomphe réveilla les aigles du rocher qui s’envolèrent dans le ciel, sifflant des reproches indignés. L’arc en balancier sur l’épaule, Pheder parvint à la base du roc béni, mais la recherche du sabre perdu n’était pas évidente, au milieu des ronciers et des ajoncs pleins d’épines qui habitaient les lieux. Un long reflet brillant attira un moment son attention sur le triangle que formaient trois immenses peupliers. Il s’approcha d’eux guidé par la lueur...  
 Au pied d’un arbre, à la pointe de ce triangle, un squelette d’homme en arme se ramassait lugubrement sur lui-même. Le grand trait de lumière qui l’avait intrigué était provoqué par le reflet du soleil sur un grand javelot d’or planté dans le sol à quelques pas des ossements. Le chevalier s’approcha de sa sinistre trouvaille; sur le radius blanchâtre s’accrochait encore un large écu d’argent presque pur. Le crâne, quant à lui, se protégeait par un casque du même or que la lance. Au comble de l’étonnement, Pheder aperçu le sabre des ancêtres profondément enfoncé dans la charpente des côtes du squelette. Il dégagea prestement la lame sacrée de sa prison thoracique et l’examina attentivement pour constater qu’elle possédait toujours son fantastique tranchant. A la question muette qu’il lui posa, le mort sembla approuver, indiquant que le sabre l‘avait tué. A coté, comme délaissé, Pheder reconnu le fourreau noir gravé du nom de Moud. Il saisit le javelot, étonné de sa légèreté, car il pensait trouver un pieu trop lourd. Le projetant par jeu sur le tronc d’un épicéa, la pointe se ficha docilement dans l’écorce et Pheder décida aussitôt de garder la lance, d’excellente facture. Sous le seul aspect défensif elle lui serait utile pour son retour, en cas de rencontre inopportune. Considérant la matière de ce javelot Pheder su qu’il tenait dans ses mains une petite fortune. De même, le bouclier d’argent brillait d’une égale splendeur. Au moment où Pheder le tira à lui, le squelette se coucha dans la mousse en se disloquant; le casque d’or gravé de signes mystérieux, roula un instant dans l’herbe sur lui-même en libérant le crâne grimaçant.  
 Faisant une fois de plus taire ses interrogations vaines, la chaleur bienfaisante du sabre dans la main, Pheder remercia Moud du succès de son expédition. Un homme avait enfin atteint la «Roche aux loups» sain et sauf, affranchissant Obyn de son tabou. Toutefois il restait à parcourir le chemin du retour vers Ukbar et l’Oberayan, où son arrivée marquerait peut-être la nouvelle ère annoncée par le roi. En se rappelant les gnomes guerriers et les loups sanguinaires, il se para du casque et du bouclier, tandis que sa main libre étreignait  un trait de feu, emprunté au soleil lui-même. Ainsi accoutré, il grimpa sur le sommet caillouteux de la «Roche aux loups», car il espérait apercevoir au plus loin de l’horizon les tourelles du château d’Ukbar. A sa grande stupéfaction, la forêt d’Obyn ne livra au regard que sa seule et glorieuse toison enflammée, quand Pheder parvint sur la hauteur du rocher.
 
 :(

n°4495619
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 27-12-2004 à 20:07:17  profilanswer
 

Je jette un coup d'oeil demain soir sans faute!

n°4498740
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-12-2004 à 10:26:06  profilanswer
 

Aujourd’hui, 4éme jour de la captivité de Yulara  
pour le surfer doué de raison prompt au décodage, ce topic est en train de devenir une oeuvre d'art
j'espère que les Orques qui ont capturé Yulara ne lui ont pas mis les mains dans un micro-onde et qu'elle pourra encore taper  :sol: sur un clavier

n°4498753
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-12-2004 à 10:30:13  profilanswer
 

finalement, multiposter, c'est le pied :sol:

n°4500252
Archibald
Mon oncle (référence...)
Posté le 28-12-2004 à 14:28:08  profilanswer
 

Ouais, en tout cas, ca me va bien de lire ce roman depuis mon bureau :D
Alors la suite!!

mood
Publicité
Posté le 28-12-2004 à 14:28:08  profilanswer
 

n°4505075
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-12-2004 à 09:10:58  profilanswer
 

archibald a écrit :

Ouais, en tout cas, ca me va bien de lire ce roman depuis mon bureau :D
Alors la suite!!


Aujourd’hui, 5éme jour de la captivité de Yulara  
Archibald mon ami, tu as de la chance d'avoir un boulot, ce n'est plus mon cas. Alors, mon oncle, ne me prend pas trop pour ta tante quand même.  :o Allez, sans rancune, je suis content que çà te plaise. :sol:  
 
Pour Yulara, acceptons rançon, Archibald paiera.

n°4505128
Archibald
Mon oncle (référence...)
Posté le 29-12-2004 à 09:31:06  profilanswer
 

J'ai plutôt de la chance d'avoir le salaire qui va avec mon boulot parce que mon boulot, je m'en passeraias bien  ;)
 
Ceci dit, si t'es au chomedu, ça te laisse le temps pour continuer d'écrire les aventures du chevalier Pheder!!

n°4507060
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-12-2004 à 15:56:00  profilanswer
 

Une espèce de crainte superstitieuse m’empêche toujours de toucher au 1° paragraphe du chap 1.
Bon j’y mettrais peut-être un préambule. Un peu d’emphase ampoulée, qui plaira à personne mais qui me fait du bien.
 
Oberayan  
Ho ! grise fille d’Anyg
Socle d’airain de nos parents
Surgissant comme une langue osée
Hors de la gueule des eaux interdites
Refuge sacré des pères de nos mères
Tu trouve dans l’océan sans fin
Un écrin bleu enfin à ta taille
Les princes d’Ukbar se lèvent à ta gloire
Et le soleil verse sur toi ses cils d’or
De ton donjon puissant
Six cents guerriers unis
N’en feraient pas le tour
L’aigle chéri réfugié sur ta pierre solide
Pose sur ta crypte ses ailes engourdies
Les eaux profondes et vertes
Qui dorment sous tes pieds
Se tordent en serpents blancs
Sur tes plages adorées si douces
Elles te cachent à nos vues
Et triomphe des temps
Livre de Moud-chant III d’Oberayan
 

n°4510178
Toonnette
Posté le 30-12-2004 à 01:02:55  profilanswer
 

Coucou :)
Si tu cherches des critiques (attention ils ont parfois la dent dure mais juste) tu peux aller là http://www.coindeslecteurs.com
Ils ont un forum dédié à la fantasy et adore donner leur avis sur les textes, et ils adorent aussi la nouveauté. Je pense que tu trouveras là bas aussi des gens prêt à t'aider.
 
(Je sais c'est pas bien de faire de la pub mais il demande lui même des critiques :p )

n°4511466
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-12-2004 à 09:21:38  profilanswer
 

Toonnette a écrit :

Coucou :)
Si tu cherches des critiques (attention ils ont parfois la dent dure mais juste) tu peux aller là http://www.coindeslecteurs.com
Ils ont un forum dédié à la fantasy et adore donner leur avis sur les textes, et ils adorent aussi la nouveauté. Je pense que tu trouveras là bas aussi des gens prêt à t'aider.
 
(Je sais c'est pas bien de faire de la pub mais il demande lui même des critiques :p )


Aujourd’hui, 6éme jour de la captivité de Yulara  
merci du conseil. J'aime la signature associée à tes messages.
Si tu as lu mes chap, pourquoi ne pas me donner toi même ton avis ? :)

n°4518404
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 31-12-2004 à 09:44:42  profilanswer
 

Aujourd’hui, 7éme jour de la captivité de Yulara
 
Qui est enfermée dans un univers sans la queue d'un Cyber-Kawa
bonne année à ceux qui lisent encore :)

n°4519541
alexlegran​d
Posté le 31-12-2004 à 13:12:41  profilanswer
 

Moi je trouve ca vraiment tres bien, hormis que c'est peutetre un peu trop complqué. Tu as dit que ton livre n'était pas édité, sont-ce les auteurs qui ont refusé? ou toi meme qui ne voulait pas le faire éditer?

n°4520001
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 31-12-2004 à 14:09:15  profilanswer
 

Alexlegrand a écrit :

Moi je trouve ca vraiment tres bien, hormis que c'est peutetre un peu trop complqué. Tu as dit que ton livre n'était pas édité, sont-ce les auteurs qui ont refusé? ou toi meme qui ne voulait pas le faire éditer?


Tu trouves çà compliqué ? Tu n'as pas idée de la complexité dans laquel s'enfonce cette histoire. C'est un travail de vingt années. Elle n'as jamais d'autres lecteurs que vous et je suis un peu déçu de recevoir peu de critique, c'est vrai que je suis atteint de cynisme congénital, mais d'un peu d'humour, quand on veux bien y regarder. Aujourd'hui, je vais entamer le chemin de croix vers l'édition, mais j'ai besoin de me sentir encouragé, c'est tout. MERCI de me lire ET de communiquer. :wahoo:

n°4520047
alexlegran​d
Posté le 31-12-2004 à 14:13:49  profilanswer
 

Non, je trouve cela vraiment remarquable !!! Et j'en suis sure que tu trouveras un éditeur et que le livre marchera sans problème. Encore un mot pour terminer : -Félicitation !

n°4520208
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 31-12-2004 à 14:33:14  profilanswer
 

Au fait, je m'attaque au chapitre 5 et aux commentaires demain mais j'ai des petits caprices informatiques!
 
Tente l'édition, ça va passer, j'en suis sûr!

n°4520297
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 31-12-2004 à 14:45:47  profilanswer
 

Sheratan a écrit :

Au fait, je m'attaque au chapitre 5 et aux commentaires demain mais j'ai des petits caprices informatiques!
 
Tente l'édition, ça va passer, j'en suis sûr!


yo brother, un jour sans toi est un jour sans soleil hé, bonne et heureuse année ! [:rosminet]

n°4520937
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 31-12-2004 à 16:01:07  profilanswer
 

fin de semaine, cool, Archibald, j'éspère que tu vas te faire gauler.
CHAPITRE 6
Le rituel Nawok
 
 Alors que du château rose la « Roche aux loups » se détachait clairement dans la verdure, debout au sommet de la butte, le chevalier Pheder ne distinguait pas le moindre signe de la forteresse du domaine qui échappait aux regards, comme devenu invisible dans l'amas informe de la forêt. Le jeune guerrier fit le tour de son vertigineux observatoire sans plus de succès. Perdu au milieu des éboulis de caillasse et de genêts, sa silhouette d’or et d’argent se découpait sur le mauve du ciel que le crépuscule ne tarderait pas à dévorer. Vaincu au milieu de son triomphe, il utilisa le collier protecteur pour parer à la crise incontrôlable qui, il le sentait sans pouvoir s’en défendre, allait le submerger. Le petit portrait de cire se mit à  s’animer d’infimes  pulsations et l’adorable vision revint. Ce petit bijou accédait aux plans subtils d’une étrange façon, permettant à Pheder de posséder un contrôle puissant sur les forces éthériques. A n’en pas douter il voyait la femme la plus belle qu’il eut jamais vu, Pheder admirait ces yeux de biche, ces lèvres peintes : joyaux bénéfiques sur un visage parfait et souriant. La peau de l’inconnue, d’un brun velouté, se fardait d’une légère nuance carminée sur les joues. Les cheveux, que Pheder connaissait probablement déjà en ayant souvent fait glisser la petite mèche entre ses doigts, s’enracinaient avec délicatesse sur le haut de la tête fine, pour retomber en une mouvante cascade sombre sur les épaules graciles. Les oreilles de cette étrange dame se dissimulaient derrière deux larges boucles d’obsidienne et de turquoise taillées à la perfection. L’apparition se mit à parler distinctement au jeune seigneur dans la langue de l’ancien dialecte d’Oberayan. Attentif et calme, dans un état émotionnel positif, Pheder écoutait attentivement parler le délicieux fantôme:
- « Délivres moi, chevalier ! Je t’en conjure ! Par le nom d’Ar la Divine, un cœur aimant est un remède universel ! viens à moi avant que je ne rende mon âme... libère tes pensées en regardant leur vrai nature, rends moi la liberté ! »
 Le chevalier se trouvait hypnotisé par les yeux doux qui pleuraient à présent une douleur secrète. Il implora son amie de lui donner les moyens de la rejoindre, si sa réalité démentait un songe splendide. Il dévorait cette apparition des yeux ! Anxieusement, il pria l’autre, sans quitter le visage sublime :
- « Tu empruntes des méthodes peu familières pour te faire connaître!  Indiques-moi le chemin !»
  Sans doute les djinns de la terre festoyaient en son honneur en le voyant si pâle et résolu. Plus aucunes paroles ne furent prononcées et Pheder referma le collier sur son énigmatique silence. Le seigneur d’Ukbar comprit à l’instant qu’il n’aurait de cesse de  retrouver sa dame du collier. Mais la délivrer de ses chaînes et la serrer dans ses bras, impliquait d’aller plus loin encore dans l’effraction sacrilège du tabou d’Obyn. Il fut alerté par la vision d’une colonne de fumée barrant le ciel mourant, en contrebas, signe qu’on allumait un grand feu quelque part dans la forêt. En faisant sauter des pierres dans la nuit, il redescendit en courant la pente escarpée, se guidant aux flammes à présent clairement visibles, dans le noir installé. Pheder filait vers l’est, respirant fort, en ligne presque droite vers son but insensé, malgré les ronces qui espéraient le faire tomber. Il avait recouvert de boue le bouclier d’argent pour en effacer les reflets lunaires et le javelot d’or, sanglé dans son dos pour les mêmes raisons, dormait au creux de ses épaules. Autour de lui, la forêt d’Obyn le rappelait à lui de ses milliers de gorges anonymes. Pour finir, il  trouva enfin le foyer insolite et, dans la clarté plus sensible, il distingua un village de cases qui avait échappé à son inspection crépusculaire, alors qu’il se tenait en haut de son promontoire. La flambée s’ornait d’une couronne d’ombre mobiles et Pheder jugea plus prudent de plonger dans l’herbe pour ne pas se faire repérer. Il rampa au pied d’une case indigène qui lui faisait un bon observatoire et de cette cache d’ombre, il vit brûler un grand feu au milieu d’une place dégagée, autour de laquelle plusieurs cases étaient construites. Elles soutenaient leurs charpentes vermoulues grâce à un savant agencement de troncs mal équarris, identiques à celle sous les pilotis de laquelle il se cachait. Autour du foyer, des hommes, des femmes, des enfants entièrement nus, mais peints de signes multicolores, dansaient une sarabande endiablée...  
 Exhortant les danseurs de son bâton en forme de crosse grossièrement sculptée, un étrange individu se détachait des autres. Cette espèce de sorcier hurlait des imprécations à la foule et l’on voyait, sous la griffe qui traversait son nez, une large bouche édentée. Masqué par l’ombre des pilotis de la case qui le protégeait des regards, Pheder avait lentement dégainé son sabre et s’intriguait du spectacle. Le camp connaissait une animation inouïe. A la pétarade des roseaux creux jetés à pleine brassée dans le foyer, se mêlaient les hurlements gutturaux des hommes, les glapissements criards des femmes, les cris aigus des enfants dans la plus invraisemblable des cacophonies. A un moment donné, les tambours et les flûtes se turent. Le sorcier à la barbe flamboyante tendit les bras en l’air en levant sa crosse à l’horizontale. Pheder le vit ensuite donner quelques ordres et gratter l’os de son nez, de sa main veinée d’ocre jusqu’aux poignets. On apporta alors une carcasse de viande cuite que Pheder horrifié analysa comme étant un corps humain décapité et rôti. Le sorcier prit un grand vase en terre poreuse et en retira avec précaution une tête humaine que Pheder relia sans peine au corps précédant. Le sorcier sépara les hommes et les femmes en deux groupes égaux et ordonna ensuite la formation de couples suivant sans doute les termes d’un rituel traditionnel, pour finir par offrir à tous les couples ainsi créés une portion du sinistre repas. Pheder tressaillit, se frotta les yeux et hasarda un léger mouvement de tête, comme pour secouer une fièvre brûlante, essayant de voir clair à travers ce cauchemar éveillé. Après la distribution de cette abominable nourriture servit dans de larges plats en bois portés par les femmes peintes, la tribu savoura son festin en silence, le sorcier et celui qui devait représenter le chef se réservant  la tête du sacrifié. Pheder restait sidéré par le spectacle, n’osant pas bouger pour ne pas rompre le silence qui pesait comme un couvercle sur le village. Un homme se leva au bout d’un moment pour attiser le feu, qui fit pétiller autour de lui d’innombrables gerbes d’étincelles. Les étoiles errantes serpentaient et se croisaient sans ordre sur l’écrin d’ombre de la nuit, comme autant de cristaux éphémères taillés par les djinns nocturnes. Un grand guerrier dévorait avec application son genou humain, enveloppé dans des feuilles tressées, et Pheder remarqua qu’une incision pratiquée sur le côté avait permis d’enlever les os. Les tambours martelèrent à nouveau les ténèbres d’Obyn, déjà si naturellement porteuse d'ombres.  
 Tard dans la nuit, Pheder qui ne bougeait toujours pas de sa cache vit les acteurs de ce triste rituel quitter la place pour rejoindre en désordre les cases alentours. Seul restait près des braises rougeoyantes le sorcier barbu. Cet homme farouche planta sa crosse dans la terre battue, l’agrémenta à son sommet du crâne désormais complètement décharné de l’homme qu’il avait mangé, puis il se coucha sur place en chien de fusil et parut s’endormir. Devant ses yeux, Pheder vit un couple grimper la courte échelle de son abri. Au-dessus de lui, sur le plafond végétal, des bruits de pas indiquaient que les locataires de l’endroit s’installaient pour dormir. Quand il fut certain que tout le village en faisait autant, il glissa en rampant avec mille précautions pour sortir de sa cachette et se dirigea prudemment vers le corps immobile du sorcier. Au moment où il se penchait au-dessus de ce dernier, la main rugueuse aux doigts vermillonnés d'ocre s’empara vivement de sa cheville et Pheder faillit tomber dans les braises du foyer. Le sorcier hirsute l’étreignit fortement et lui frappa la main avec une grosse pierre,  ce qui obligea Pheder à lâcher son sabre. Le sorcier frappa rapidement sur le casque du chevalier en insistant sur les tempes et le chevalier s’enfonça aussitôt dans un abîme obscur qu’il pensa être sa propre mort. La douleur fulgurante des coups s’estompa et sur l’écran brouillé de sa conscience martyrisée, il vit apparaître sa dame inconnue, la belle d’Anamaying, qui s’entourait de vaporeux tourbillons violets. La femme lui parlait de sa même voix charmante, lui demandant de vivre et lui promettant son aide. Elle le somma encore de lui garder sa confiance et disparut dans un dernier nuage scintillant  
 Le réveil creva le cœur du chevalier, car il se vit ligoté au tronc d’un poteau coloré, orné à profusion de sculptures terrifiantes, figurant sûrement les masques grotesques des djinns de la forêt d’Obyn. L’humidité s’échappait des toits de joncs savamment agencés recouvrant les cases, en lents fumets de vapeurs diaphanes. Le soleil perça timidement le feuillage éclairant le village désert. Planté dans le sol à proximité des braises éteintes du foyer, le sabre d’Oberayan le narguait de sa splendeur inaccessible, et tenait compagnie au piquet lugubre arborant le crâne humain de l’infortunée victime des cannibales. Le seigneur d’Ukbar constata d’un bref essai de torsion du buste qu’il ne pouvait se libérer seul, le collier restait quant à lui inaccessible, collé contre sa tunique par les cordes de lianes fortement nouées. Sa tête lui faisait atrocement souffrir, les coups ayant provoqué une vilaine blessure qui avait saigné abondamment sur ses épaules en tachant vilainement la cape orange. Pheder appela mentalement sur lui l’œil de Moud et la bénédiction de son ancêtre tutélaire mais il sentait que les grimaces gravées dans le poteau  rendaient toute prière inutile. Les djinns d’Obyn lâchaient rarement pas leur prise... Pheder senti un frisson désagréable le parcourir, à l’idée que bon nombre des aventuriers d‘Oberayan qui, comme lui, avaient au cours des siècles bravé le tabou et l’avaient précédé dans la forêt, s’étaient sans doute fait dévorer par ces gens, véritables gardiens secrets de la sylve millénaire qui donnaient tragiquement corps aux nombreuses superstitions de l‘ île-citadelle.
 Une femme s’approcha en catimini du lieu de sa prison, avec mille précautions pour ne pas faire de bruit. Elle tenait dans ses mains le javelot d’or et le bouclier d’argent passé dans son autre bras. Pheder reconnu les traits de l’inconnue pour l’avoir aperçut la veille et il craignit un instant qu’elle ne lui jette sa lance dans la poitrine; mais son intention semblait différente, car elle se dirigea vers le sabre, qu’elle déplanta du sol en souriant à Pheder. Cette agile beauté sauvage n’était plus nue, comme la veille, mais une impeccable robe de daim blanchie de gypse moulait superbement ses jeunes formes. Elle rejoignit Pheder qui la fixait d’un regard interrogateur et franchement inquiet. Les merveilleux iris de cette ravissante anthropophage brillaient d’un vert opalin qui résumaient Obyn et ses charmes sauvages, comme ses longs cheveux soigneusement peignés qui se coloraient d’un châtain savoureux. Elle trancha les lianes qui emprisonnaient Pheder d’un coup de sabre énergique et remit à celui-ci ses attributs guerriers. Seuls manquaient l’arc et ses flèches aux pennons rouges. L’étrange libératrice s’aperçut sans doute de l’ennuyeuse absence car elle entraîna Pheder par signes pour qu’il la suive hors du village. Glissant dans le camp silencieux, elle bondit avec son protégé dans les sombres fourrés. Parvenu à bonne distance, l’amie de Pheder lui désigna une énorme pierre taillée dans la masse, sculptant la figure d’un géant colossal émergeant des hautes herbes. La femme se mit enfin à parler dans sa propre langue :
-  « Rkil mnir, Fawe’lkin t’bou Nawok ! »
 Cette appellation de Nawoks, ou Nahok; revint souvent ensuite dans les mots de sa libératrice et Pheder conclu qu’elle devait désigner son propre peuple de ce nom. Ayant prononcé cette phrase, la femme vit l’incompréhension se dessiner sur le visage du chevalier, alors elle l’entraîna prestement vers la bouche grande ouverte du monument. Le géant menaçant ouvrait ses gigantesques dents minérales sur le tapis de feuilles semées devant lui. En s’approchant de la gueule de pierre, Pheder distingua une sorte d’escalier étroit qui s’engouffrait dans le gosier du monstre, menant dans le sol à une inquiétante cave obscure. Quand le couple descendit dans l’orifice buccal du grand visage de pierre, le petit jour leur éclaira une salle souterraine, humide et froide. La protectrice de Pheder lui fit signe de l’attendre, alors qu’elle reprenait en courant le chemin du village... Pendant ce temps, le chevalier se mit à inspecter les parois suintantes. Sur l’un des murs, en face de la porte qui permettait de clore l’endroit, figurait  peint un dieu grimaçant qui dévorait des hommes dans sa mâchoire garnie de crocs acérés. La porte branlante s’ouvrit brutalement pour laisser le passage à son amie qui portait dans ses bras l’arc accompagné de ses flèche. Elle l’invita par des gestes éloquents à remonter l’escalier auréolé de lune. Pheder remercia la femme pour son aide providentielle et lui passa au doigt pour sa peine le petit anneau d’or qu’il avait récupéré sur la colombe. Le bijou cerclait à présent un doigt fin et tatoué. Avec un sourire de gratitude sincère, la bienfaitrice lui fit signe de prendre la fuite pendant qu’elle retournait au village au plus vite :
-  «  Nawok kapt om ! »
 Cette dernière phrase frappa Pheder, stimulé par la musicalité des syllabes indéchiffrables. Il se mit à courir dans les jardins sauvages d’Obyn. Encouragé par cette aide providentielle et miraculeuse, il laissa le collier d’argent battre sur sa poitrine au rythme de sa course. Le bouclier levé, il obligea les branches des sapins à s’incliner devant lui. Le javelot d’or et l’arc ceint dans son dos bataillaient l’air derrière ses pas. Il traversa une étendue boisée couverte de hêtres et de sapins entrecroisés, courant jusqu’à la fatigue extrême, pour s’arrêter et se reposer auprès d’un petit ruisseau qui serpentaient au milieu d’un mélange d’aiguilles et de feuilles jaunâtres. Parfois, le cours d’eau, en tombant du haut des rochers à la coupe presque verticale, produisait une faible cascade,  qui grossirait bientôt avec les pluies, et enchantait d’une musique ensorceleuse les pas du jeune homme. Au pied d’une de ces chutes capricieuses, il se pencha sur l’onde et observa une truite qui s’attardait dans une souche immergée. La tentation de la harponner pour son repas le taraudait, mais Moud lui suggéra qu’un feu serait l’imprudence même; étant encore trop près des Nawoks. Il avait la certitude à présent que ce terme nommait la tribu des sauvages. Le rituel cannibale avec la formation des couples organisée par le sorcier lui rappelait une citation de Moud qu’il se relisait à haute voix :
 
L’homme saisit la femme
Et la femme s’en saisit
 Et dit :
« Élisons Moud comme étant
La vision du sabre
Une moitié du monde
Et ses moitiés. »
 
 A mesure qu’il avançait, ses yeux découvraient de toutes parts un riche feuillage qui commençaient à tomber sur le sol. Les plantes grimpantes se mêlaient à de belles et larges fougères d’ou fusaient parfois le tronc d’un sorbier. Dans les éclaircies laissées par les chablis, s’étendaient ça et là des espaces revêtus de hautes herbes où des prairies d’une végétation plus modeste étalaient d’ultimes floraisons. Pheder fichait le camp le cœur battant. La forêt l’encerclait toujours, jetant de grandes ombres autour de lui. A force de courir ainsi, il avait l’impression que ce n’était pas lui qui se déplaçait mais les arbres qui défilaient à ses côtés. L’illusion lui donnait en se répétant une impression de vertige. Il ne sentait plus ses pieds écraser les fougères et son corps semblait voler par-dessus les troncs foudroyés et les touffes d’herbes décomposées. Enfin, après une seconde nuit de fuite,  il s’était écroulé dans une sympathique clairière.  
 Il se réveilla au bord d’un champ piqué de fleurs multicolores, baillant de lassitude, ses muscles désiraient plus de repos qu’il leur refusa; ajustant plutôt ses armes pour se remettre en route. Les geais, éternelles sentinelles braillardes lui faisaient une bruyante escorte. Les prairies naturelles se succédaient en d’étroits bocages cernés par les piliers moussus des arbres plusieurs fois millénaires. Le disque d’argent de son écu gênait parfois ses bonds par-dessus de hauts talus. Il devait franchir de petits bois clairsemés où l’on voyait que l’automne était plus avancé.  
 Soudain il tressaillit d’effroi en tombant nez à nez avec un énorme sanglier qui lui faisait obstacle. Le vieux mâle solitaire ouvrait une gueule baveuse, découvrant les harpons jaunes de ses défenses. Les dents à croissance continue claquaient de surprise et de rage. La bête sombre griffait le sol jonché de branches pourries. Pheder pensa qu’il devait peser dans les trois cents kilos. Le sanglier souilla l’air de sa colère. Peu habitué à l’homme, il ne désirait pas la fuite, et le chevalier dégagea son javelot d’or de sa cape en le projetant vivement sur le cochon furieux; mais la pointe n’atteignit pas le monstre et alla se perdre dans les ronciers. Alors Pheder dégaina son sabre, s’apprêtant à lutter contre l’ombrageux solitaire qui chargea furieusement. Subitement, Ramej se catapulta hors des bois, surgissant par la gauche, sa longue corne frontale en avant, pour percer le flanc du sanglier d’un coup fatal et effroyable. L’énorme furibond, les soies du dos dressées, éclaboussées de sang, n’émit pas un son pour mourir et s’écroula lourdement sur lui-même.  
 La licorne dégagea sa tête du sanglier perforé d’un bref mouvement tournant, puis elle releva ses naseaux fumants, tout rougis de sang. Aussitôt Pheder remercia son extraordinaire monture en folles démonstrations de joie et de gratitude, l’embrassant sur le cou et caressant longuement la crinière d’ébène. L’impressionnante corne d’ivoire ruisselait d’un sérum  rouge qui commençait lentement à coaguler. Remontant sur la selle que le cheval portait toujours, Pheder reprit son javelot de son lit d’épines pour s’enfuir,  sans jeter plus de regard au corps troué de son massif agresseur. La vélocité de la licorne noire l’entraînait avec délices dans un tangage qui lui donnait envie de dormir. Un moment, le grand lac que l’on supputait du haut des murailles d’Ukbar, s’étalait à présent à ses pieds. Les saules plongeaient leurs fines branches dans les eaux limpides, comme une armée de pêcheurs en concours. Les iris, sans fleurs en cette saison, pointaient leurs fines lances vertes hors de l’eau, et les joncs s’écartaient devant le crapaud baladeur. Pheder se délesta de ses vêtements et se baigna dans l’onde tranquille en soupirant de plaisir. Une vipère d’eau zébra la surface en s’enfuyant, ne laissant dépasser que sa tête et paraissait devoir couler à chaque instant, elle s’éloigna finalement vers la rive et se perdit dans la nature.  
 Pheder leva la tête dans les frondaisons et s’arrêta soudain de nager, horrifié, les bras ballants au milieu des vagues, car il apercevait au-dessus de lui le formidable filet d’une araignée géante. En s’efforçant de faire la planche d’un dos raide, il observait la dentelle fibreuse qui ne laissait aucun doute. Il sortit précipitamment et se rhabilla en toute hâte, enfourchant avec agilité la licorne surprise. La forêt d’Obyn se  mit à trembler et Pheder vit la gigantesque araignée velue qui se précipitait vers lui. Le monstre dépassait les plus hauts arbres, contraignant le chevalier à ramener devant lui son bouclier dans un geste paniqué. La chose ignoble écrasait lourdement les arbres de sa masse huit fois répartie sur de grandes pattes cylindriques. Pheder hurla d’horreur par le nom de Moud quand les mandibules, deux fanons raides et gluants, s’approchèrent de son cheval également effrayé. Il projeta sans viser le javelot dans la gueule immonde et vit la lance effilée percer la gorge de l’arachnide monstrueux. Sans doute avait-il heureusement atteint un point vital car la bête s’arrêta net au milieu des troncs rompus. Elle ne bougea plus et Pheder, couvert de sueur, ne s’attarda pas à en vérifier la mort ni à récupérer son arme. Il préférait oublier cette vision de djinn et partir au plus vite. Toutefois il regretta amèrement ce choix au moment où il vit que les sabots de la licorne le menait droit sur les pas d’un groupe de sauvages Nawoks.
 

n°4521016
alexlegran​d
Posté le 31-12-2004 à 16:08:49  profilanswer
 

Bravo !! un pur bonheur !!

n°4521127
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 31-12-2004 à 16:21:18  profilanswer
 

Alexlegrand a écrit :

Bravo !! un pur bonheur !!


Ben, t'es un rapide ! merci, fils.
Tu vois, le coup de l'araignée géante, je n'avais pas lu tolkien, c'est pas du pompage, mais ce monde est plein d'insecte géants, qui doivent bien avoir leurs prédateurs quelquepart. LOGIQUE. :sol:

n°4521151
alexlegran​d
Posté le 31-12-2004 à 16:25:08  profilanswer
 

talbazar a écrit :

Ben, t'es un rapide ! merci, fils.
Tu vois, le coup de l'araignée géante, je n'avais pas lu tolkien, c'est pas du pompage, mais ce monde est plein d'insecte géants, qui doivent bien avoir leurs prédateurs quelquepart. LOGIQUE. :sol:


 
Bien sure, la plupart des grands auteurs utilisent cela ( Rowling, tolkien, ...) Il ne faut se dire que cela appartient à l'une ou l'autre personne. Chacun peut reprendre et expliquer à sa manière.  
 
Ps: Merci, je sais bien que je suis rapide !  ;)

n°4525116
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-01-2005 à 11:16:50  profilanswer
 

Aujourd’hui, 8éme jour de la captivité de Yulara  
 
En théorie, il n'y a pas de différence entre la théorie et la pratique
pratiquement, il y en a :)

n°4529609
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-01-2005 à 10:08:20  profilanswer
 

Aujourd’hui, 9éme jour de la captivité de Yulara  
 
Le boutre du sultan remonte lentement le confluent de la Garonne
bon dimanche :hello:

n°4530502
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 02-01-2005 à 14:48:59  profilanswer
 

Désolé pour ces commentaires tardifs, mias je bouclais mon tome 2. Je suis en pleine autocorrection et je m'accorde une pause pour... corriger  :pt1cable:  
 
_"Pour toute arme il ne possédait qu’un arc" : insère une virgule entre "arme" et "il".
 
_"L’épée serait certainement plus efficace en cas d’attaque surprise d’un fauve, comme instrument idéal du combat rapproché." : ce qui est en bleu est pour moi inutile.
 
_"Le sabre d’Oberayan qui l’avait sauvé" : insère une virgule entre "d'Oberayan" et "qui".
 
_"Assis, inerte, calé dans la fourche racinaire d’un grand pin," : le rythme de cette phrase est trop hjaché par le début, il faudrait que tu revoies sa structure.
 
_"d’une tiédeur bienfaisante, pendant qu’une" : supprime la virgule.
 
_"Voyant que le cheval estimait l’endroit," : "estimer" me paraît peu clair ici.
 

Citation :

Dans le cours de la nuit, jusqu’ici paisible, il ouvrit les yeux brusquement, car des chuchotements curieux s’échappaient de deux formes qu’il devinait plus qu’il ne voyait, dans la clarté encore vive de son feu. Peu à peu il découvrit deux petits nains minuscules, à peine hauts comme ses bottes, et qui se chamaillaient en gesticulant. Les petits êtres verts, du vert des grenouilles, ouvraient de grands yeux globuleux, et portaient à leur cou des colliers de grelots qu’ils agitaient frénétiquement.


 
Une petite incohérence : Pheder se réveille sous l'effet des grelots que les nains verts agitent frénétiquement plus que sous l'effet de leurs chuchotements.
 
_"l’impression de communiquer ainsi entre eux; mais ils n’étaient pas" : remplace le point-virgule par une virgule.
 
_"Pheder entendait leur petite voix aiguë et criarde." : "leurs petites voix aiguës et criardes."
 
_"Le porte-camé tomba vers le sol" : "porte-camée".
 
_"Il récupéra ses flèches une à une" : typiquement jdr, car en fait, une flèche ou un carreau qui perce la chair (à moins de l'effleurer seulement) cassent fréquemment sur les os de la cible. Il faut attendre les flèches en matériaux de synthèse pour limiter cette casse.
 

Citation :

Pheder constata l’absence de la mêche de cheveux, pour s’intéresser subitement à un étrange phénomène. Évidemment contrarié par la perte des cheveux il allait fouiller les environs,  quand une petite plume blanche de colombe en suspension se montra devant son nez.


 
Il s'intéresse à un étrange phénomène, mais tu fais une digression par l'introduction de ta phrase en bleu : il faut que tu la supprimes pour rétablir la cohérence de narration.
 
_"si elle ignorait la dictature de la gravitation, qui fait tomber invariablement les êtres et les choses." : la partie en bleu est inutile car elle enfonce une porte ouverte...
 
 
_Juste une remarque : l'homme tatoué dégomme une colombe et rate Pheder, cela me paraît un chouille invraisemblable, d'autant plus que Pheder l'appelle et est à découvert!
 
_Je trouve que ce chapitre abuse un peu trop des métaphores
 
 
Sinon, je suis toujours aussi fan des aventures de Pherder!!!! Je m'attèlerai au chapitre 6 entre deux autocorrections, promis!
 
 :bounce:  :bounce:  :bounce:  :bounce:  

n°4530643
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-01-2005 à 15:33:36  profilanswer
 

Merci sheratan, je suis ton obligé. Sans aucune ironie je suis admiratif de ta patience,  
ET DE TA SCIENCE
Evidemment les incohérences me donnent envie d’aller me fourrer la tête dans le sable pour me faire botter le   :bounce:  mais bon.  
OK pour les flèches, mais alors il faut qu’il en taille d’autres, quel boulot !
OUAIS,  Pheder est plus gros qu’un zoizeau mais faudrait pas que mon héros se fasse flinguer là !
Je vais changer çà. Tu vois que ce forum est utile. ENCORE MERCI
Manquerais plus que tu ne prennes pas ton temps !
Alors, tu t'autoflagelle, ben mon vieux...
 Bon courage pour ton proj. À + :jap:  
 
 

n°4534211
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-01-2005 à 08:42:17  profilanswer
 

Aujourd’hui, 10éme jour de la captivité de Yulara  
il ne faut pas avoir peur d'être lent, seulement de s'arrêter
chinois :jap:

n°4534238
Archibald
Mon oncle (référence...)
Posté le 03-01-2005 à 09:10:19  profilanswer
 

talbazar a écrit :

fin de semaine, cool, Archibald, j'éspère que tu vas te faire gauler.


 
 :bounce: Même pô!! Me suis pas fait choppé  :na: , j'ai tout lu et je trouve ça vraiment bien écrit.
 
C'est haletant et imagé! Bref, la suite bourdel  :lol:

n°4536946
yulara
Byte Hunter
Posté le 03-01-2005 à 18:06:01  profilanswer
 

:lol: t1 on n'a meme plus le droit d'etre en vacances ici :lol:
 
promis je jettes un oeil des que j'ai 5 minutes de libre, en attendant, bonne année à tous!


---------------
Quizz'n'Blind pour tester vos connaissances
n°4540274
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-01-2005 à 08:35:13  profilanswer
 

Opale cristalline et scintillante de mon 17 ‘’, perle nacrée aux irisations célestes de mon modem 56kb, bijou sacré de ma carte-mère, diamant brut de mes octets, évanouissement de mon DD, charmante et sublime inclination de mon port USB,  
 
IS IT YOU? :love:

n°4551229
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 05-01-2005 à 16:44:58  profilanswer
 

UP! je regarde le chapitre 6 d'ici dimanche!

n°4552027
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-01-2005 à 17:45:28  profilanswer
 

Sheratan a écrit :

UP! je regarde le chapitre 6 d'ici dimanche!


Hé ! te presses pas, on est pas des esclaves, quand même !
merci mon brave (ha j'adore, mon brave...) :sol:

n°4553199
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 05-01-2005 à 20:15:07  profilanswer
 

Sheratan a écrit :

UP! je regarde le chapitre 6 d'ici dimanche!


 
A votre humble service, honorable confrère!!!  :jap:

n°4553930
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-01-2005 à 22:02:30  profilanswer
 

Dans le book que je tape aujourd’hui j’ai une espèce d’orque que j’appelle Reicnahuk, et le correcteur auto de Works me le change toujours en Reichenbach , c’est à pisser de rire ! :lol:  
 

n°4554284
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 05-01-2005 à 22:50:43  profilanswer
 

talbazar a écrit :

Dans le book que je tape aujourd’hui j’ai une espèce d’orque que j’appelle Reicnahuk, et le correcteur auto de Works me le change toujours en Reichenbach , c’est à pisser de rire ! :lol:


 
 :lol:  :lol:  :bounce:

n°4568710
piloud
Posté le 07-01-2005 à 22:13:39  profilanswer
 

jai deja 2-3 chapitre de retard moi !  
faut que je m'y remette !

n°4575097
alexlegran​d
Posté le 08-01-2005 à 22:03:12  profilanswer
 

Ca doit être difficle à prononcer.... !!  :lol:  
Sinon, vers quelles maisons d'éditions tu t'orientes? Vas-tu poster ton manuscrit à plusieurs éditeurs en même temps?

n°4575146
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-01-2005 à 22:11:49  profilanswer
 

Alexlegrand a écrit :

Ca doit être difficle à prononcer.... !!  :lol:  
Sinon, vers quelles maisons d'éditions tu t'orientes? Vas-tu poster ton manuscrit à plusieurs éditeurs en même temps?


Nestiveqnen
Mnemos
Atalante
Bragelonne
voir laffont : varum nicht?
+ Le petit echo de la mode
Yulara, qu'est ce que tu fous ? :cry:

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