Message édité, ceci et la correction du prologue le 2 juillet à 12h07
Salut
Je suis actuellement entrain d'écrire un livre, et j'aurais aimé avoir vos impressions.
Je vais poster juste la première partie du prologue et si ça vous intéresse je mettrez la suite.
N'hésite pas à critiqué, c'est tout ce que je veux... sur ce bonne lecture et je l'espère have fun.
Le messager galopait à toute vitesse.
La missive dans son sac était de la plus haute importance, le Haut Seigneur en personne l'avait dépêché pour cette mission.
Pourquoi avait-il choisi une méthode aussi archaïque ? Un pigeon aurait mis moins de quatre jours pour effectuer cette tâche alors que lui en était déjà à dix, mais ce qui le tracassait le plus c'était pourquoi l'avait il choisi lui et pas un de ses messagers. Il n'y avait aucune logique au fait que ce soit lui qui apportat la lettre, ce qui au bout du compte n'augurait rien de bon.
Le cheval était éreinté, la dernière halte remontait déjà à plusieurs heures et pour ne pas tuer la bête à la tâche, il s'arrêta près d'un étang. L’Académie étant à moins d’un jour, il se permit une nouvelle pause. Malgré ses craintes, les délais accordés seraient respectés.
Le doute l'accablait. La paix régnait dans l’Empire depuis la guerre des Trois et bien qu'il fût trop jeune pour s'en souvenir, elle hantait encore les esprits. Les séquelles qu’elle avait laissé étaient encore présentes vingt ans après la fin de la guerre et quelque chose compromettait vraisemblablement cette paix.
Il aurait été étonnant que ce soit les Elfes; bien qu'il n'en ait jamais rencontré, ils étaient considérés comme un peuple pacifiste. Les Wervires n'étaient pas assez puissants et les Unuk al Hay - aussi appelé peuple serpent -, même s'ils s'étaient organisés en une nation indépendante, un simple affront à l'Empire leur serait fatal.
Non, quelque chose ne collait pas. Si sa vie risquait d'être écourtée par un quelconque conflit, il valait mieux qu'il en soit au courant prestement et le seul moyen de le savoir était d'ouvrir la missive, ce qu'il n'allait pas tarder à faire. Cette bévue le conforta dans l'idée que l’homme censé être le plus puissant aurait du faire appel à l'un de ses messagers personnels et pas à un simple sous-fifre.
Il ouvrit sa besace pour en sortir la lettre scellée du sceau seigneurial, une tête de lion aveugle, symboliquement cela représentait la toute-puissance du seigneur et son impartialité. Le sceau ne semblait pas être ensorcelé. Le cachet pour seule protection, encore un procédé archaïque. Toute cette histoire le dépassait, il n'y avait rien de plus simple que desceller un cachet. Seigneurial ou pas. Si la sécurité du contenu de cette lettre avait une quelconque importance pour l‘expéditeur, alors, les précautions utilisées n'en donnaient pas l'impression. Le Haut Seigneur n'était pas réputé pour être imprudent, bien au contraire et étant lui-même magicien, l’envoûtement lui aurait été aisé.
Quand il n'était qu'apprenti, l'une des premières choses qu'il apprit fut d'ouvrir les colis pour pouvoir subtiliser un petit peu d'argent, ce qui au bout du compte arrondissait fortement les fins de mois. Aujourd'hui, cela n'était plus possible car la guilde des messagers offrait l'enchantement magique du cachet.
Il mit la main dans sa poche et en sortit un petit canif rouge avec une lame qui ne mesurait pas plus de deux millimètres de largeur. La lame passa sous le sceau de façon propre. Il posa le sceau sur l'herbe et sortit de son sac à provisions la laitue qu'il avait acheté quelques heures auparavant, pour l'en recouvrir. C'était ce qu'il avait trouvé de mieux pour le protéger. Ensuite, il n'aurait plus qu'à recoller la cire avec une petite flamme.
La tension était à son paroxysme; la lettre dans ses mains, il se rendit compte que ce simple bout de papier pouvait à tout jamais changer sa vie. Que ferait-il si l’Empire était en péril, qu'adviendrait-il de ses rêves ? Il ne voulait pas s'enrôler dans l'armée, mais pourrait-il survivre s'il fuyait l‘Empire ? Si l'attaque était imminente allait-il prévenir ses proches, risquant de se faire tuer, ou allait-il s'échapper vers un destin plus couard. Autant d'interrogations en suspens qui n'auraient de réponse qu'après lecture. Il ne pourrait prendre une décision que devant le fait accompli.
Il était maintenant trop tard pour faire marche arrière; il ouvrit délicatement la missive et y lut :
« Le Urten est fiable mais son pourvoi ..., tentation seuls. requis déconfite.»
Il avait beau avoir été bon élève quand il allait à l'école, le message n'était en rien limpide. Il comprit qu’Urten était fiable mais pourquoi son pourvoi n'était-il pas précisé ? Si quelque chose était intéressant dans cette lettre, c'était bien la requête de cet homme. Quant à la seconde partie, ce devait être une sorte de seing.
La lettre ne mentionnait en aucun cas une guerre probable - ce qui le rassura - et son rêve de devenir maître messager avait de grandes chances de se réaliser après cette mission dont il n’était plus digne.
La honte s'empara de lui pour avoir été aussi méfiant.
Maintenant que ses craintes s’étaient dissipées, il se dit que le Haut Seigneur ne l'aurait jamais envoyé, lui, si un risque avait pesé sur l’Empire. De plus, même s'il n'avait plus confiance en ses coursiers, il y en avait au village de bien plus capables que lui chez les maîtres messagers. Mais ce qui le dérangeait le plus, c'était toutes ces interrogations qu'il avait eu avant de lire la lettre. Pour la première fois de sa vie, il se rendait compte qu'il ne se connaissait pas.
Il lança la laitue au cheval qui n'en fit qu'une bouchée et recolla le cachet sur la lettre; personne ne remarquerait qu'elle avait été ouverte. Prêt à repartir, il ne lui restait plus que quelques heures pour respecter les délais.
Le crépuscule pointait et l’Académie n'était plus qu'à quelques kilomètres, on pouvait apercevoir deux immenses tours derrière les arbres. Il n'avait jamais rien vu de semblable. C'était sûrement l'édifice le plus grand de l'Île. Peu de choses avaient circulé sur ce lieu, la populace n'y était jamais entrée car personne en dehors du personnel et des Seigneurs n'était autorisé à y pénétrer. En contemplant les tours, la nostalgie s'abattit sur lui, la mélancolie et la peur se mêlaient, et plus il se rapprochait plus cela s'accentuait.
Il se sentait minuscule sur le parvis de l'Académie.
Architecturalement cela ne ressemblait à rien de ce qu'il avait pu apercevoir dans l’Empire. La cour qui précédait l'immense porte d'entrée était très dépouillée : c’était une vaste étendue de terre avec un peu d'herbe par ci par là ou on ne trouvait qu'une petite cabane à quelques mètres d'un puit, ce ne pouvait pas être celle d'un jardinier étant donné l'entretien apporté.
La bâtisse était immense : au pied du mur, on avait l'impression que les tours caressaient le ciel. Le plus surprenant, c'était qu'aucun rempart ne la protégeait. Pas une tour de guet ne surplombait la cour. Ce qui ne pouvait signifier que deux choses : soit ceux qui régissaient l'Académie étaient fous, soit ils étaient tellement puissants que rien dans l'Île ne leur faisait peur.
Les immenses portes d’entrées s’ouvrirent et laissèrent place à deux dames d'un âge avancé l'accueillirent. Il n'était pas difficile de s'apercevoir qu'elles étaient jumelles malgré la couleur des cheveux différents mais ce qui les distinguaient le plus n'était pas d'ordre physique. Cela avait beau être abscons, on sentait chez elles deux âmes littéralement différentes. Le charisme qui se dégageait de ces deux femmes était antagonique.
Quand le regard du messager se porta sur la dame au cheveux blancs, il ressentit une certaine chaleur, un peu comme le réconfort que peut nous apporter une mère; quand il le détourna vers la dame au cheveux couleur ébène, cette béatitude se dissipa pour laisser place à un froid terrible. Il ne pouvait dire qu'elle était machiavélique mais rien en elle n'exprimait la moindre sympathie, il fut difficile de croire que cette dame puisse travailler dans un lieu comme celui-ci.
Pour rester fidèle à l'impression qu'elles projetaient, elles portaient la même robe, de la même taille, mais de couleurs différentes. Une robe blanche pour celle qui exprimait la sérénité et une noire pour celle qui le mettait mal à l'aise.
La dame en blanc s’avança vers lui et lui dit :
— Je me présente, je suis Miss White, et voici ma soeur Miss Black, que nous vaut le plaisir ?
— Ou le déplaisir ? renchérit sa soeur.
— Mortitia, répondit Miss White sur un ton conciliant. Sa voix était enivrante, presque envoûtante.
— C'est le Haut Seigneur qui m'envoie. En personne, précisa-t-il. J'ai un courrier pour le directeur.
— Vous êtes donc messager ? lui dit Mortitia. Le petit rire qui s'ensuivit lui fit comprendre qu'elle le toisée.
Sans se démonter, il rétorqua :
— Et fier de l'être, et j'espère devenir très vite maître messager.
Elle se mit à le dévisager.
— Et ambitieux avec ça. L'ironie dans ce qu'elle venait de dire, trahissait volontairement son dégoût pour ce parfait inconnu.
— Veuillez excuser ma sœur, intervint Miss White, il semblerait qu'elle ait oublié les bonnes manières. Si vous voulez bien vous donnez la peine de nous suivre, nous allons vous emmener voir l'intendant car le directeur n'est pas encore là.
Après avoir franchi les portes, il dut traverser un étrange couloir. En largeur, le couloir ne pouvait accueillir que deux personnes, il suivit donc les soeurs en restant derrière elles.
Un papier, peint en rouge, était collé sur les murs. La décoration n'était pas son fort et même si cela était étrange, il trouva cela très beau. Le Haut Seigneur aurait du faire de même dans sa demeure. Contrairement au château aucun tableau n'était accroché aux murs, juste quelques lustres disposés à intervalles réguliers pour les éclairer dans leur marche. Une fresque ornait le haut du mur. Elle était également en papier, d'une couleur jaune foncé; des noms y étaient inscrits. Après avoir lu quelques noms en marchant, il s'arrêta sur l'un d'entre eux Minerve, sans qu'il puisse savoir pourquoi une larme perlait sous son oeil. Il n'avait jamais entendu ce nom mais il lui était terriblement familier.
Cela faisait déjà cinq bonnes minutes qu'il les suivait et il n'avait vu aucune porte sur les côtés. L'Académie était un lieu très étrange. Juste à quelques mètres devant lui se trouvait une petite porte; la dame en blanc dont il ne connaissait toujours pas le prénom prononça quelques mots dans une langue inconnue et la porte, sans qu'elle ait eu à la toucher, s'ouvrit lentement.
Si de l'extérieur le bâtiment était exceptionnel, l'intérieur quant à lui était extraordinaire. On eut du mal à imaginer une pièce aussi grande. Il est vrai que de l'extérieur on se doutait de la grandeur des lieux mais quand on y était, on était forcément estomaqué. Même la salle principale du château où il avait du passer pour aller voir le Haut Seigneur ne devait faire que le quart.
Quelles autres merveilleuse surprise l'attendaient ? Ce qui était sûr, c'est qu'il n'était pas venu pour rien et malgré un voyage harassant, il se sentait revigoré par autant de beauté offerte à ses yeux.
Dans la grande salle, une trentaine de personnes couraient de toute part; quelque chose se préparait et à voir l'empressement de la foule ce devait être quelque chose de grandiose. Ils semblaient pressées par le temps mais on pouvait voir sur leurs visages qu'ils étaient ravis, pas une once d'ennui ou d'agacement pour le travail qu'ils fournissaient. C'était une réelle motivation qui les poussait à la tâche.
Devant lui, au-dessus des marches un homme, à peine plus grand qu’un nain, organisait ce petit monde comme un chef d'orchestre. Il avait dans une main un livre relié marron et dans l'autre une longue canne doré qu'il agitait avec grâce Chaque personne visée par le bâton s'exécutait sans qu'il n'ait eu besoin de prononcer un mot, tels des pantins dirigés par des fils invisibles. Le marionnettiste préparait un événement qui se voulait aussi grandiose que ce lieu.
Mortitia fit un signe de la main au petit homme et se retourna vers le messager.
— L'homme à qui j'ai fait un signe est l'intendant Jîro, nous l'avons prévenu de votre arrivée et en l'absence de Mr le directeur, il a la charge des lieux. Montez le voir, il vous dira quoi faire.
— Merci mesdames. Il se tourna vers la dame en blanc. Juste par curiosité pourriez-vous me dire votre prénom ?
— Il n'est pas de nom utile mais j'accepte d'accéder à votre dernière requête.
Le messager surprit.
— Dernière requête ? Qu’entendez-vous par là ?
Ce fut Mortitia qui répondit :
— Ne faite pas attendre l'intendant, il est comme qui dirait… feignant de chercher ses mots elle ajouta, mordant, s'ensuivit un vif sourire.
— Mon nom est Morgane, et maintenant allez ! Vous arrivez enfin au bout de votre périple.
Pendant qu’il gravissait les marches, les mots « dernière requête » résonnaient encore dans sa tête. Que voulait elle lui dire ?
A l’étage, le petit homme passablement irrité lui dit :
— Quelles nouvelles D’Arenar nous apportez-vous messager ?
Surprit pendant une seconde qu’il sache d’où il venait, il se rappela avoir précisé au deux sœurs que l’expéditeur n’était autre que le Haut Seigneur.
— Je ne saurais vous dire monsieur. J’ai en ma possession un courrier pour le maître des lieux.
L’intendant semblait être vexé par cette réponse.
— Sachez mon bon monsieur, qu’il n’y a nul maître à l’Académie. Juste d’honnêtes gens remplissant leur office.
Le messager contrit.
— Excuser moi, je ne voulais pas vous offenser mais le destinataire de cette missive est le directeur, par conséquent je ne la donnerai qu’à lui.
L’intendant se ravisa et dit :
— Vous avez gagné, je suis le directeur.
Une voix retentie derrière le messager.
— Très joliment joué Jîro. Je vois que tu uses toujours de toutes les méthodes pour arriver à tes fins. Un homme d’une trentaine d’année à l’allure débraillée venait d’apparaître derrière lui. Personne ne l’avait entendu monter les marches.
L’intendant surprit.
— Toi ici ! Qu’on m’empale ! Ne me dis pas que tu vas assurer les cours de la nouvelle promotion. Après une petite pause, ne me dit pas…
Le regard grave, l’homme lui répondit :
— J’en ai bien peur mais passons, nous aurons suffisamment de temps pour parler de tout ça. Je dois passer commande et le temps nous manque.
Sur un ton faussement agacé.
— Cinq minutes que tu es là est tu veux déjà vider les caisses.
L’homme sourit à la remarque de l’intendant et regarda le messager.
— Pour vous messager, le directeur vous attend dans son bureau, empruntez la porte devant vous.
— Impossible. Nous sommes restés devant tout ce temps.
Esquissant un sourire.
— Si vous ne m’avez pas entendu monter alors soyez sûr que vous n’auriez pas pu voir le directeur.
Derrière la porte, un escalier en spirale très étroit menait au bureau du directeur. Se hâtant, il décida de monter les marche deux à deux. Sur le coté droit, une grande fresque ornait le mur, on n’y voyait des Unuk al Hay combattre des Nains beaucoup moins nombreux. Plus haut, un loup se tenant sur deux pattes décapitait une femme, l’image était criante de réalisme ce qui lui fit avoir un haut le cœur. Arrivé à mis chemin il s’arrêta net, une créatures d’une beauté presque divine, probablement un elfe, agrippé par derrière, se faisait aspiré son sang au niveau d’une jugulaire par un homme.
L’image suivante représentait la même scène mise à part que l’Elf toujours d’une grande beauté semblait avoir vieilli considérablement et l’homme suceur de vie montrait ses deux canines supérieures - plus longues que la normal - ensanglanté.
Le loup bipède et l’homme aux dents acérées devaient être des Wervires. C’était le nom que c’était donné ces créatures humanoïde lors de leur alliance durant la Guerre des Trois. Ce qui signifie que cette fresque représentait ce conflit, car aucun incidents important n’était à déploré depuis.
Le pire malheur qu’il avait eu dans sa vie résultait de ces années sombres.
Le jour de ses cinq ans, quelque jour avant l‘armistice, une escouade suicide d’Unuk al Hay attaquèrent Arenar. Le Seigneur Carric, qui n’était pas encore Haut Seigneur à ce moment là venait de quitter quelques heures plus tôt son château pour rejoindre le Haut Seigneur Eden. Ce fut donc à son second Esculape de diriger les soldats restant. Visiblement très surpris par l’attaque et malgré l’avantage du nombre, le peuple serpent eu le temps de commettre une véritable hécatombe. Bon nombre d’innocents périr durant l’attaque dont ses parents adoptifs.
Durant l’assaut, ils tuèrent et enlevèrent les enfants à vue, sans distinction d‘âge ou de sexe. Il ne devait son salut qua la présence d’esprit de sa mère qui le cacha à temps dans un des placards du grenier.
Quelques jours plus tard, ce fut la fin de la guerre et il fut impossible au Seigneur de venger l’attaque ou simplement de récupérer les enfants. L’Empire sortait d’une guerre qui venait de durer vingt deux ans et s’il fallait sacrifier une dizaine d’enfants pour maintenir cette paix, le choix fut vite prit.
Sans, sans rendre compte, il venait d’arriver devant la porte d’entrée du directeur.
La porte était en fait un grand miroir, il hésita à frapper de peur de le casser. Il se ravisa, près à frapper c’est alors que la porte s’ouvrit d’elle-même.
Un homme d‘un âge avancé, aux cheveux et à la barbe poivre sel s’avança vers lui, il était vêtu d’une tunique à capuchon beige. Le vieil homme le regardait droit dans les yeux, ce qui le mit mal à l‘aise. Impossible de détacher son regard, il était comme hypnotisait par ses grands yeux noirs.
Lui tendant le bras vers la lettre.
— Donnez, je vais vous débarrasser.
Après un temps de réaction qui lui paru durée une éternité, il lui donna la missive, toujours plongé dans ces yeux sombres.
Le laissant avec sa lettre, il inspecta le bureau. C’était la pièce la plus normal qu’il avait visité jusque là; pas très grande avec simplement une table et sa chaise, elle était éclairé par un lustre disposé en son centre. Aucun ornement superflu, le strict minimum.
Les volets encore fermés signifiaient vraisemblablement qu’il venait d’arriver. Des vêtements, similaires que ce qu’il portait, étaient déposés sur la chaise mais dans un piteuse état, à la fois sale et déchiré.
— Une partie de chasse mouvementée, lui lança le directeur comme s’il prévoyait une question du messager.
Surpris par cette interruption, il bégaya :
— Bien sur. Puis reprenant contenance, sans vouloir paraître impoli, je vais reprendre la route des maintenant pour Arenar.
— Carric attendra, je dois d’abord vérifier une petite chose.
Il en était bouche bée, ce vieil homme manquait d’égard au Haut Seigneur.
Décontenancé, il dit :
— Je vous prierais de manifester le respect qu’y est du à sa position.
Il se mit à rire.
— J’ai connu le Haut Seigneur alors qu’il tété le sein de sa mère mais ne nous attardons pas pour de si petite considération.
Cette remarque le stupéfiât, s’il disait vrai alors cet homme devait être très vieux.
A brûle pourpoint le directeur lança :
— Avez-vous lu mon courrier ?
Troublé, il ne s’attendait pas à cette question. Il se rasséréna et entreprit de mentir.
— Je ne me serais jamais permis Monsieur.
Le directeur semblait être déçu de cette réponse, il s’avança vers son bureau. Proche de sa tunique sale, il ramassa un long bâton.
Une lueur dans les yeux, il dit :
— Sacher jeune messager, qu’il est vain de me mentir.
Il se mit à balbutier :
— Mais je vous assure que...
— Assez ! s’écria-t-il. Sacher que cela ne m’enchante guère mais vous en savez plus que de raison.
Essayant de se racheter :
— Je n’ai rien compris à ce charabia. La peur visible dans ses yeux, il demanda : Qu’allez vous me faire ?
Sans aucune forme de procès, le vieil homme pointa son bâton vers le messager qui s’étala de tout son long sur le sol. Le corps gisant, une expression de paix s’était dessinée sur son visage.
L’homme d’une trentaine d’année entra dans le bureau suivit du petit intendant.
Regardant le corps sans vie affalé sur le sol, l‘intendant maugréa :
— Était ce nécessaire ?
Ce fut l’homme qui était entré avec lui qui répondit.
— Il en savait trop, dès son départ la confrérie l’aurait torturé pour savoir quelle nouvelle il avait apporté, c’est même étonnant qu’il ait réussi à venir jusqu‘ici. En le tuant nous gardons l’avantage.
L’intendant fronça les sourcils pour montrer qu’il ne saisissait pas tout.
— Ils ne savent pas que nous sommes au courant de son retour, lui dit le jeune homme.
— C’est quand même triste, son destin était scellé depuis le départ. Satané conflit. L'intendant semblait sincèrement navré.
Sur un ton très sérieux le directeur concéda une partie de ce que le jeune homme venait de dire :
— Certes, nous avons toujours un avantage mais le fait qu’il ait lu la lettre ne nous arrange pas, cela aurait était renforcé si nous lui avions fait croire que Carric nous exprimait ses vœux pour la nouvelle promotion.
— Et pourquoi cela ? demanda le petit homme, toujours dans l‘ignorance des plans pour contrecarrer la menace.
— Dès qu’il se serait fait enlevé par la confrérie, ils lui auraient simplement soutiré cette fausse information, il lui a tout de même été préférable que ce soit moi qui le tue.
Écœuré, l’intendant sortit de la pièce, laissant la porte grande ouverte.
Attendant qu’il ait descendu suffisamment de marche pour ne pas être entendu, le jeune homme demanda :
— Qu’a dit Carric dans la missive ?
— Comme nous le savons il revient, fort heureusement, il est très affaibli.
— Combien de temps avant son retour ?
— Je suppose quatre ans, voir cinq ans avec de la chance. Il m’a aussi dit de me méfier des professeurs, certains risqueraient de revoir leur position et de faire attention aux élues.
L’air grave, le directeur ferma la porte de son bureau. Les deux hommes, dans cette petite pièce, discutèrent jusque tard dans la nuit, avec pour seule compagnie, le cadavre souriant du messager.