Arjuna a écrit :
Vendredi 12 mai 2006. Gare RER de Noisy-Champs. J'attends le RER A en destination de Paris. 10 minutes de retard déjà. On aperçoit trois membres de la "Sécurité RATP" courir sur le quai en face, et se dirigent à l'autre bout. Pendant ce temps, une annonce "Le prochain train en destination de Paris ne prends pas de voyageurs." Une rame arrive en bout de quai, et s'arrête. Les 3 gars de la sécurité échangent quelques mots avec le conducteur, viennent sur le quai de notre côté, et parlent dans leur talkie-walkie. 3 autres membres de la sécurité viennent sur le quai, à mon niveau. Ils nous font reculer. Le train s'avance, et s'arrête. Les portes ne s'ouvrent pas. On entend le signal d'alarme qui sonne dans le RER. Les portes s'ouvrent. Les 6 gars de la sécurité se postent à chacune des 3 portes du wagon devant moi. Deux policiers de la police ferroviaire sont déjà dans la rame. On entend des hurlements dans la rame. Soudain, les deux policiers sortent avec un homme qui se débat. Les deux gars de la RATP en face de cette porte se postent immédiatement derrière eux. Un second homme s'élance sur les agents de la RATP, qui le plaquent violement à terre sur le quai (après un éclatage en règle dans le panneau d'indication qui est contre le mur). D'autres membres de la sécurité arrivent à la rescousse. Sécurisent la porte qui n'est plus surveillée, et nous font davantage reculer. Les hurlements dans le train sont de plus en plus fort. Un agent de la RATP arrache des mains d'un homme une matraque qu'il lance sur le quai. Puis ça devient carrément l'émeute, les services de sécurité ayant un mal de chien à contenir les gens dans le wagon, qui s'agitent de plus en plus. Là, je me prends une première dose de lacrymo dans la gueule (super... moi j'ai rien demandé à personne...) Un peu hébété, je me recule un peu. Un gars arrive derrière moi (à ce moment, je ne l'ai pas encore vu), et s'élance pour cogner un gars de la sécurité... Arrivé à mon niveau, un gars de la RATP tente de le stopper avec un jet de lacrymo. La gueule en feu, je tente d'esquiver le jet et me retourne. Je prends le voyou en question en pleine gueule. Il repart aussi vite qu'il est arrivé (sale piniouf, même pas le courage de ses actes). Bon, cette fois, je suis bien loin comme il faut. Les gens autour de moi sont aussi les larmes aux yeux, et se cachent le nez et la bouche avec leurs manches. Je vois que le vent n'a pas épargné non plus les gens dans les wagons, ils sont tous en train de tousser et pleurer à l'intérieur. Une femme enceinte sort, accompagnée d'une gamine. Dans le bordel ambiant, pas de détail, elles se font copieusement arroser aussi, avec comme instruction de rester dans la rame. Petit à petit, ça se calme un peu. Ou alors je m'habitue à la situation, je ne sais pas. De toute façon, j'ai les yeux qui piquent tellement que je ne vois plus rien. Un gars de la sécurité nous fait signe de monter. Je monte. Là, les hurlements n'ont pas arrêté. En fait, une dizaine de connards qui hurlent des insultes racistes, provocations et menaces aux agents RATP et aux policiers. Une dizaine de policiers arrivent en renfort, et sortent direct un lance fumigène qu'ils pointent vers la porte du RER (oh putain...) La scène dure une heure. Le signal d'alarme est tiré en tout une dizaine de fois, dont 3 clairement sous les yeux des policiers, qui sont tous restés sur le quai. Chacun des agents de sécurité s'est fait insulter pour ses 10 générations à venir. Finalement, le train tente de partir. Re-signal d'alarme. Les portes s'ouvrent. Le conducteur excédé demande à tout le monde de descendre. On s'exécute. Finalement, de peur de me prendre encore un coup de gaz dans la gueule (ils ont la gâchette facile les gars de la RATP...), je ne tente pas de remonter quand un certain nombre de personnes remontent. Finalement, le train part. Les policiers, au moment où le train repart disent "y'en a encore un qui a tiré le signal d'alarme". Résultat, déduction oblige : tout ce bordel, parce que la police ferroviaire a voulu appréhender un gars qui a tiré abusivement le signal d'alarme... Alors pourquoi ils n'ont pas coffré aussi les autres qui ont tiré le signal, bloqué les portes, insulté des agents de police ? Parce que... La police en France, c'est comme ça. On fait le boulot qu'à moitié. Les voyous arrêtés ont un fort sentiment d'injustice (et je les comprends), tandis que ceux qui continue à faire 10 fois plus de bordel se sentent tout-puissants. Belle image de la police. Une trentaine de personnes qui n'ont rien demandé se sont pris du gaz plein la gueule pour pas un rond, pour une intervention aussi inutile que dangereuse. Je ne comprends plus vraiment les services de police. Ce genre d'intervention ne fait qu'attiser le feu, et donner encore plus le sentiment d'injustice et d'impunité à ceux qui foutent la merde... Quand aux autres, ils sont comme moi, hébétés devant un tel spectacle, une idiotie sans non, que ni les voyous ni la police ne saurait relever. Soit ils interviennent et coffrent tous les perturbateurs, soit ils laissent pisser. Mais là, franchement, total n'importe quoi !
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