Si on avait du mettre un embargo sur les USA a chaque fois que la CIA a fait un coup d'etat dans un pays ou declencher une guerre contre un autre, les USA seraient encore sous un embargo

Le chef de la diplomatie russe a rejeté samedi une demande américaine d'expulsion des diplomates irakiens en Russie, précisant qu'il n'avait reçu aucune réponse à sa demande de clarification à ce sujet. Il a ajouté que les responsables russes n'avaient aucune raison d'agir contre l'ambassadeur irakien Abbas Khalaf.
 
Pour Igor Ivanov, cette demande d'expulsion fait partie d'une stratégie américaine destinée à piétiner les contrats pétroliers existants entre l'Irak et les compagnies non-américaines, en qualifiant d'illégal le régime de Saddam Hussein.
 
"Nous devrons défendre nos intérêts pour que les contrats signés sous le régime de Saddam Hussein ne soient pas annulés par défaut de force légale, et de s'assurer que la dette des irakiens nous sera remboursée", a-t-il déclaré, remarquant que de nombreux américains "souhaiteraient profiter des ressources (irakiennes) après avoir bombardé" le pays.

Des Juifs pris pour cibles à Paris
En marge de la manifestion contre la guerre en Irak du samedi 22 mars, une association juive pour la jeunesse, pourtant partisane d'une paix juste au proche-orient, a été prise pour cible par de prétendus militants pro-palestiniens.
 
Une dizaine de jeunes maghrébins bousculent soudain la foule qui déambule tranquillement en marge de la manifestation pour la paix boulevard Beaumarchais. Bâtons en main et keffiehs sur le visage, ils viennent de l?arrière du cortège et paraissent visiblement très énervés. Leur cri de ralliement résonne à nos oreilles comme une horreur que nous pensions ne plus jamais entendre en public et à Paris : «Y'a des juifs là bas». Nous interrompons notre reportage pour nous lancer dans leur sillage, comprenant immédiatement que la situation est explosive.
 
Deux-cent mètres plus loin, la bande tourne sur la droite dans la rue Saint-Claude tandis que d'autres manifestants brandissant des drapeaux palestiniens s'acharnent avec violence sur un corps au sol. Courageux, un cadreur canadien et quelques femmes interviennent pour aider l'homme à terre. Il se relève hagard. Il a quatorze ans et la tête pleine d'ecchymoses. Son seul tort : être juif.
 
Plus loin, la bande de soi-disants militants en faveur de la cause palestinienne vocifère des insultes contre la devanture d'une association juive pour la jeunesse. Sur le boulevard, d'autres manifestants sentent l'électricité dans l'air et investissent le haut de la petite rue. Les premiers refluent et leur expliquent la situation. Quelques insultes fusent, telles «Betar bâtard», et une cinquantaine de jeunes déferlent soudain en direction de l'association, faisant deux blessés sur leur passage. Une jeune maghrébine ceinte d'un drapeau palestinien est désespérée. «Arrêtez le racisme» hurle t-elle à l'attention des assaillants. Une jeune manifestante très remontée n'hésite pas à qualifier la bande de «dealers de shit manipulés par des gouvernements sans scrupules». Une femme d'âge respectable qui avait tenté de faire barrage de son corps à la meute se relève difficilement. Près d?une voiture un pacifiste est hors de la lui : «la violence vient de cette manifestation. J'ai tenté de m'interposer et je me suis fait tabasser » résume t-il.
 
«Nous les Arabes»
 
Juché sur le toit d'une voiture, un jeune avec un mégaphone harangue la foule : «Nous, les musulmans, nous les Arabes, nous pouvons nous promener la tête haute dans la rue. Eux (jes juifs, ndlr) sont obligés de se cacher. Un verset du Coran dit : Ce que l'on vous a infligé, vous pourrez l'infliger. Mais la patience est une vertue. Sachons attendre, la roue va tourner.» (cf. notre vidéo)
 
Le débordement a eu lieu lors du passage du cortège de l'association Capjpo, le Comité d'action pour une paix juste en Palestine, dont les militants les plus âgés interviennent pour figer la situation jusqu'à l'arrivée des CRS. Devant nos caméras, curieusement, ils légitiment l'agression : «Nous avons été provoqué par le Betar dont les membres ont agressé deux filles. Alors ils ont réagi violemment» explique un responsable, alors qu'un jeune tient à préciser que la femme est sacrée, qu'elle donne la vie et que leur intervention était nécessaire. Femmes que la meute n'a cependant pas prises en compte lors de son agression.
 
Les responsables de l'organisation juive Hachomer Haltzair nient toute provocation du Betar. «Trois jeunes étaient à proximité du cortège et se sont fait insulter. La situation a dégénéré en bagarre et ils sont tous les trois blessés». De fait, la préfecture ne fait pas état de deux femmes molestées. Ironie du sort, Hachomer Haltzair se revendique franchement de gauche et milite en faveur d'un dialogue pour la paix en Palestine.
 
Voici deux semaines, lors d'une conférence de réconciliation entre juifs et catholiques organisée à la Mairie de Paris (voir notre reportage), le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy affirmait que «la France ne saurait tolérer la moindre menace sur les Juifs de France» citoyens de notre pays à part entière. Des propos visiblement peu pris en comptes dans les banlieues françaises.
 
Choquée par ces incidents, notre équipe - menacée de coups si elle continuait de filmer alors qu'elle a souvent donné la parole aux défenseurs de la cause palestinienne, a tenu à témoigner de la situation en se rendant dans les rédactions de France2 et France3. Jugeant la situation effectivement préoccupante, les rédacteurs en chef des JT nous ont cependant indiqué ne pas disposer du temps suffisant pour traiter du sujet. En nous promettant d'y revenir...
 
Philippe Blanchard Philippe Duprat Valerie Labrousse ©Digipresse 2003

Après le tabassage à Paris de deux jeunes juifs, samedi 22 mars, le récit très précis de cette agression perpétrée par la CAPJPO
Par Johan Weisz  contact@proche-orient.info
 
« Y'a des juifs, y'a des juifs ! » Ces aboiements, partis de la manifestation contre la guerre, poursuivent Yoni, Michaël et Anna ? 17, 16 et 18 ans ? jusqu'au local de leur mouvement de jeunesse juif de gauche et pour la paix, situé à 100 mètres du boulevard où l'on défile, ce samedi, vers 16 heures. En l'espace d'un instant, une cinquantaine d'individus sont sortis du cortège de l'association pro-palestinienne CAPJPO?
 
   Yoni, la tête couverte d'un bonnet à la mode, vient de se faire repérer par son style vestimentaire chalala ; les manifestants ont aperçu le jeune homme sur le trottoir et, aussitôt, l'ont identifié comme juif : « Toi et ta kippa, vous n'avez rien à foutre ici ! » En l'espace d'un instant, une cinquantaine d'individus sont sortis du cortège de l'association pro-palestinienne CAPJPO et se sont regroupés autour de lui. Ils l'ont plaqué au mur. Puis roué de coups à terre. Deux personnes sont parvenues à extirper Yoni du groupe ; il s'est relevé, la tête pleine d'ecchymoses.
 
   Rue Saint Claude, où se trouve le local de l'Hashomer Hatzaïr, une équipe de télévision suit la course poursuite. Alors que la caméra interroge un ancien responsable du mouvement de jeunesse qui vient d'arriver sur les lieux, celui-ci est jeté au sol par les manifestants. Il se relève pour dire « je viens de me faire tabasser...l'animosité vient de cette manifestation-là ! » Pris à parti, il est chargé par une nouvelle vague de manifestants et disparaît de l'objectif de la caméra. Le jeune homme de 24 ans, par ailleurs connu pour son engagement pour la paix au Proche-Orient, sera littéralement lynché à coups de barres de fer devant la porte du mouvement de jeunesse. Il est conduit aux urgences de l'Hôtel-Dieu, où les médecins diagnostiquent un traumatisme cranien. Son état nécessitera 10 points de suture et il devra passer un scanner ce lundi. Evacué aussi aux urgences, Yoni s'en tire avec « un volumineux hématome sous l'oeil droit », de nombreuses contusions, 10 jours d'ITT, et surtout un état de grand stress psychologique.
 
   La journaliste de la société Digipresse raconte : « Tout s'est passé très vite : il y avait des adultes et puis des gamins de banlieue sont accourus. Ils se sont engouffrés dans la rue et ont commencé à bastonner le jeune homme ; il y a eu deux charges ! C'est seulement après que les CRS sont intervenus. »
 
   Pour les responsables de l'Hashomer Hatzaïr, ces images filmées par Digipresse constituent « la preuve du haut degré de violence de cette émeute antisémite. » Le mouvement de jeunesse dispose également d'un enregistrement vidéo amateur, qui a été transmis sous scellés au Parquet, à la requête expresse de l'État-major de la Gendarmerie nationale. « Proche-orient.info » a pu visionner ce document qui montre les visages de certains manifestants gourdins à la main et de membres du service d'ordre de l'association pro-palestinienne CAPJPO. On voit l'armée de pacifistes beurs-blancs-blacks devant les locaux de l'Hashomer Hatzaïr, hurler « Bétar t'es foutu », du nom d'un groupuscule sioniste radical dont l'idéologie est aux antipodes de celle des jeunes passés à tabac.
 
   Quant à l'association CAPJPO, elle reconnaît qu'un incident a eu lieu au même moment et à ce niveau du boulevard Beaumarchais, mais elle maintient que tout serait dû à une « provocation d'activistes du Bétar », identifiés comme tels, et « mis en fuite » par son service d'ordre. Il faut dire qu'à la CAPJPO on voit des méchants « sionistes » partout et qu'à la fin de chaque meeting on prévient les participants que des membres du Bétar rôdent dans les rues alentours? Alors s'il y a des victimes samedi, il ne peut s'agir que d'« éléments sharoniens » qui, lors de leur séjour à l'hôpital, se sont inventé une appartenance à l'Hashomer Hatzaïr !
 
   Voilà pour la version des manifestants. Pourtant, les juifs qui ont été conduits à l'hôpital appartiennent, qu'on le veuille ou non, à un mouvement pacifiste rattaché à la gauche israélienne. Pas du genre à poser problème. En fait, « certains avaient le look La Vérité si je mens, je crois que c'est ça qui a excité les agresseurs », analyse un responsable du mouvement de jeunesse. Et d'ajouter : « Si ce n'est pas un délit de sale gueule ! »
 
 »Il n'y a pas de mots pour qualifier des adultes de 40 ans qui se jettent sur des jeunes de notre âge ! »
 
 
L'atmosphère, pour qui passe dans les locaux du mouvement de jeunesse, est très lourde. Beaucoup de ceux qui ont vu la vidéo de Digipresse n'ont pu s'empêcher de pleurer. Laure est toute tremblante : « c'est un déferlement de haine totale. Il n'y a pas de mots pour qualifier des adultes de 40 ans qui se jettent sur des jeunes de notre âge ! ». Mais Yoni Smadja, le jeune porte-parole du mouvement de jeunesse, n'a pas l'intention de lâcher prise. Dimanche, il n'a pas abandonné son téléphone une seule seconde. Entre un coup de fil à une agence de presse et une intervention sur la fréquence juive, il nous confie : « Les organisateurs de ces manifestations savent ce qui est scandé et les drapeaux qui sont brandis. Nous les tenons pour responsables de ce qui s'est apparenté à une tentative de lynchage ! Aujourd'hui, nous avons écrit à chacune des organisations à l'initiative de la manifestation pour les mettre face à leurs responsabilités ».
 
   Lundi matin, aucune des organisations présentes dans le défilé n'avait jugé bon de réagir publiquement.