Otages français: la "Mission Julia" serait une supercherie  
 
PARIS (Reuters) - L'"opération de libération" des deux otages français détenus en Irak menée par le député français Didier Julia pourrait n'être qu'une supercherie, avancent le Journal du dimanche et Radio France internationale.
 
 
Selon les deux médias, Philippe Brett, l'intermédiaire qui avait annoncé vendredi se trouver en Irak aux côtés des otages, se trouvait en réalité dans la banlieue de Damas.
 
 
"Philippe Brett n'aurait en fait plus quitté la Syrie depuis cinq jours", précise le JDD, citant une source proche du dossier pour qui cette tentative de médiation parallèle ne serait qu'un tissu "d'affabulations".
 
 
Des récits de journalistes présents en Syrie jettent eux aussi le doute sur la présence de cet ancien garde du corps d'un responsable du Front national sur le territoire irakien, souligne Radio France internationale (RFI), station pour laquelle travaille Christian Chesnot, l'un des deux journalistes détenus en Irak.
 
 
Selon RFI, qui évoque des informations en provenance des services de renseignement syriens, israéliens et français, Philippe Brett aurait passé depuis son téléphone cellulaire, vendredi en milieu de journée, quatre appels et en aurait reçu un, celui d'Europe 1.
 
 
Or, selon ces services, qui auraient intercepté les appels, ce téléphone cellulaire a été localisé dans la banlieue de Damas.
 
 
Cité par le JDD, un proche des services de renseignement évoque la "mythomanie légendaire" de Philippe Brett et s'interroge sur la personnalité du député UMP Didier Julia, susceptible, selon lui, d'être manipulé par la Syrie.

Hier moqué, Julia redevient un possible recours dans l'affaire Aubenas  
 
PARIS (AFP) - Moqué et déconsidéré après le fiasco de son équipée de l'automne pour libérer les otages français en Irak, le député Didier Julia est redevenu un possible recours, voire un interlocuteur obligé, dans les efforts menés par la France pour la libération de Florence Aubenas.
 
Mercredi à l'Assemblée nationale, sous l'oeil de caméras à nouveau braquées sur lui, l'élu de Seine-et-Marne savourait manifestement un moment qui le vengeait des avanies d'hier.
 
Au lendemain de la publication d'images vidéo pathétiques de la journaliste implorant son aide, M. Julia a eu la satisfaction de voir Jean-Pierre Raffarin s'adresser à lui ("Monsieur le député..." ), même s'il n'a pas prononcé son nom.
 
Marquant çà et là son approbation des propos du Premier ministre, M. Julia ne les a cependant pas applaudis et s'est éclipsé sans répondre aux journalistes.
 
Même assortie du refus proclamé de toute diplomatie parallèle, la déclaration de M. Raffarin démontrait que le député était redevenu "fréquentable".
 
Dans le même registre, Michel Barnier a jugé qu'il convenait de "tirer tous les fils possibles". En décembre, le ministre des Affaires étrangères parlait de "brouhaha" et de "polémique". Didier Julia le qualifiait de "complètement nul"...
 
On était donc loin mercredi des moqueries essuyées par le député quand il était rentré à Paris le 4 octobre 2004, sans les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Lors de leur libération, ceux-ci ne l'avaient pas ménagé, parlant d'une équipe de "mythomanes" et d'"imposteurs".
 
Outre les développements judiciaires - ses collaborateurs mis en examen, lui-même convoqué par le juge anti-terroriste Bruguière - Julia avait été mis au ban de la vie publique.
 
Menacé d'être exclu du groupe UMP, il avait vu cette sanction commuée en "condamnation unanime" le 18 janvier. Jean-Louis Debré, président de l'Assemblée, avait souhaité qu'il "se mette en marge".
 
Le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé avait qualifié l'initiative du député de "profondément regrettable". Le ministre de la Justice Dominique Perben avait pointé son "manque de sens des responsabilités".
 
Un porte-parole UMP, Yves Censi, avait parlé de "farce tragique", son secrétaire général délégué François Baroin d'opération "de pieds nickelés".
 
Mercredi, un collègue UMP de M. Julia rageait contre ce "retour en grâce" d'un homme "aux mauvaises fréquentations". Mais il requérait l'anonymat.

...Didier Julia, qui se trouvait en Syrie ces derniers jours où il affirmait être en mesure d'obtenir la libération des deux journalistes français retenus en Irak, a quitté Damas par la route pour Beyrouth dimanche matin, avec l'attention de prendre un vol pour Paris dans la journée...

, Didier Julia, député (UMP) de Seine-et-Marne

Otages français en Irak: les critiques montent après le fiasco de la mission Julia  
 
PARIS (AFP) - De plus en plus de voix se sont fait entendre pour dénoncer les dangers de l'initiative parallèle du député français Didier Julia, dont la tentative ultra-médiatisée, et ratée, de sauvetage des deux journalistes otages en Irak est loin d'avoir révélé ses secrets.
Du président de la République Jacques Chirac à son ministre des affaires étrangères et à l'opposition de gauche, les critiques s'ajoutaient dimanche aux condamnations, alors que l'évolution des choses tendait à confirmer que la "mission Julia" avait tourné au fiasco.
M. Julia, qui a reconnu vendredi que son entreprise avait échoué, accusant l'armée américaine d'avoir empêché le convoi transportant les deux journalistes d'arriver en Syrie - accusation démentie par l'armée américaine -, a quitté Damas dimanche. Son collaborateur supposé se trouver en Irak, Philippe Brett, a disparu dans la nature.
Les journalistes français Christian Chesnot et Georges Malbrunot, ainsi que leur chauffeur syrien, enlevés le 20 août au sud de Badgad, restent retenus en otages en Irak, en dépit des promesses spectaculaires de leur libération lancées par l'équipe de M. Julia.
 
"L'initiative totalement personnelle prise par le député Didier Julia, sans aucun lien de quelque nature que ce soit avec l'action diplomatique conduite par notre gouvernement, est profondément regrettable" et "il faut en terminer avec ce type d'initiative intempestive", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé.
"Le risque d'une action comme celle-là, c'était de faire croire qu'il pouvait y avoir, ici ou là, je ne sais quelle duplicité de la part la France, alors qu'il n'y en a aucune", a-t-il ajouté.
Le dirigeant du Parti socialiste, principal parti d'opposition, a pour sa part dénoncé l'intervention de M. Julia, qui est "tout à fait nuisible à la cause qu'il prétend défendre".
La veille, le président Chirac s'était déclaré "inquiet" de cette initiative, espérant qu'elle n'aurait pas de conséquences négatives, tandis que son ministre des Affaires étrangères Michel Barnier dénonçait les "démarches parallèles", qui ont fait stopper les progrès de la diplomatie officielle.
Durant près d'une semaine, la "mission Julia" a tenu l'opinion en haleine, dans une feuilleton confus mêlant marchands d'armes, détourneurs d'embargo, émissaires auto-proclamés, services secrets syriens et même un président africain.
Un ensemble aux multiples zones d'ombre qui est loin d'avoir révélé ses secrets.
S'appuyant notamment sur le fait que M. Julia est venu en Syrie attendre l'arrivée des otages, la presse française a affirmé que ce pays, où transitent des opposants irakiens, aurait une influence sur les ravisseurs, et manipulerait M. Julia.
Les émissaires de M. Julia "seraient en effet manipulés par les services secrets syriens", écrit Le Journal du Dimanche.
Dans cette affaire, "la Syrie veut faire payer à la France son rôle dans l'adoption" en septembre de la résolution 1559 de l'Onu demandant le retrait des troupes étrangères du Liban, où stationnent des forces syriennes, affirmait la veille le journal Le Télégramme.
Autre interrogation, le rôle dans cette affaire du président de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo.
Selon Le Télégramme, Libération, Le Monde et Le Journal du Dimanche, des membres de la "mission Julia" ont voyagé dans un avion de Laurent Gbagbo.
Philippe Brett aurait en réalité été envoyé en Irak par un marchand d'armes "récemment fournisseur des armées de Côte d'Ivoire en matériel moderne", selon Le Télégramme, qui poursuit: "Cet homme est arrivé dans la capitale jordanienne, Amman, dans l'avion de Laurent Gbagbo".
Cet avion "a transité par Le Bourget (près de Paris) avant de filer sur Amman", affirme également Le Journal du Dimanche.

 
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