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Auteur Sujet :

Ecrire un livre : vos romans amateurs (Màj du 1er post)

n°24261959
Merome
Chef des blorks
Posté le 14-10-2010 à 14:55:15  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
 
 
Et donc, ils sont édités par des éditeurs connus nationaux ? On peut avoir des noms ?


---------------
Ceci n'est pas une démocratie
mood
Publicité
Posté le 14-10-2010 à 14:55:15  profilanswer
 

n°24269157
BoraBora
Dilettante
Posté le 15-10-2010 à 01:11:04  profilanswer
 

Merome a écrit :

Et l'article explique ensuite qu'on ne peut pas vivre du métier d'auteur, sauf à être archi connu, ce qui me semble d'une évidence...
BoraBora : ce système malfoutu est celui que tu défends ?


La discussion que j'ai eue avec toi ces dernières pages, je l'ai eue avec des centaines de gens IRL, auteurs ou amis/conjoints d'auteurs. Bizarrement, tu es le premier à ne rien comprendre à ce que je dis et à faire des parallèles ineptes avec les blogs ou les jeux de plateau (qui au passage ont été flingués par les jeux vidéo et internet après un "âge d'or" grosso modo de 1975 à 1985). Donc on va arrêter là, OK ? ;)


---------------
Qui peut le moins peut le moins.
n°24273220
Merome
Chef des blorks
Posté le 15-10-2010 à 14:18:22  profilanswer
 

BoraBora a écrit :


La discussion que j'ai eue avec toi ces dernières pages, je l'ai eue avec des centaines de gens IRL, auteurs ou amis/conjoints d'auteurs. Bizarrement, tu es le premier à ne rien comprendre à ce que je dis et à faire des parallèles ineptes avec les blogs ou les jeux de plateau (qui au passage ont été flingués par les jeux vidéo et internet après un "âge d'or" grosso modo de 1975 à 1985). Donc on va arrêter là, OK ? ;)


 
Si tu n'as pas envie de débattre, inutile de le dire avec condescendance. Ton silence m'aurait suffit.


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Ceci n'est pas une démocratie
n°24275781
BoraBora
Dilettante
Posté le 15-10-2010 à 17:26:27  profilanswer
 

Merome a écrit :

Si tu n'as pas envie de débattre, inutile de le dire avec condescendance. Ton silence m'aurait suffit.


C'est ce que j'ai fait la page précédente après ton dernier post : silence radio. Donc non ça ne suffit pas puisque trois semaines après tu m'interpelles de nouveau avec un double combo : procès d'intention + retour à la case départ comme si nous n'avions pas déjà débattu pendant deux pages de cette question.
 
/case closed


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Qui peut le moins peut le moins.
n°24277634
Merome
Chef des blorks
Posté le 15-10-2010 à 20:53:28  profilanswer
 

BoraBora a écrit :


C'est ce que j'ai fait la page précédente après ton dernier post : silence radio. Donc non ça ne suffit pas puisque trois semaines après tu m'interpelles de nouveau avec un double combo : procès d'intention + retour à la case départ comme si nous n'avions pas déjà débattu pendant deux pages de cette question.
 
/case closed


 
Entre temps, je croyais avoir apporté un élément nouveau avec cet article qui décrivait un monde de l'édition pas si idéal que ça. Je n'ai sans doute pas encore cerné complètement ton point de vue, mais je ne demande que ça, et sans mauvaise pensée.
Enfin voilà, quoi...  [:spamafote]


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Ceci n'est pas une démocratie
n°24277674
philibear
Posté le 15-10-2010 à 20:56:27  profilanswer
 

Merome a écrit :

 

Entre temps, je croyais avoir apporté un élément nouveau avec cet article qui décrivait un monde de l'édition pas si idéal que ça. Je n'ai sans doute pas encore cerné complètement ton point de vue, mais je ne demande que ça, et sans mauvaise pensée.
Enfin voilà, quoi...  [:spamafote]


Je vais (re)lire l'article, mais il me semble qu'à l'époque où je l'avais lu, il disait l'inverse de ta conclusion.  [:dks]

 

edit: oui, non, ce n'est pas celui-ci, dans les liens "à lire aussi sur rue89/eco98" le 1er est plus mesuré. [:mike hoksbiger:1]


Message édité par philibear le 15-10-2010 à 20:59:27
n°24309808
meijijingu​mae
Posté le 19-10-2010 à 12:34:19  profilanswer
 

Bonjour chers critiques, je me lance.
 
J'écris dans l'espoir, un jour, d'être publié. J'exerce un métier prenant et dans l'ecriture,  je suis assez irrégulière. Mais je ne suis pas préssée et j'ai certainement des tas de choses encore à apprendre et parfaire. Merci pour ceux qui prendront le tps de me lire et de donner un avis. Voici un extrait:
 
 
Nous arrivons à la galerie de Monsieur Sylver Saint Aude. Un homme d’une cinquantaine d’années, reconnu dans toute la région pour ses tableaux, ses poteries, sa déroute, un ami de Guil, un ancien amant.
 
Lorsque nous entrons dans la cour qui mène à son atelier, le chaos règne, des déchets empilés, du bois ramassé et éparpillé,  des métaux et autres pièces rapportées trainent un peu partout. Et l’odeur !
 
 - Je sens qu’on va le trouver dans un état !
 - Si c’est le cas on s’en va, dit Guil fermement.
 
L’atelier de Saint Aude est un endroit privilégié. La ville regorge de ces talents cachés mais sans réseau on ne peut pas y accéder, il ne s’agit pas de personnes qui se montrent ou qui recherchent une quelconque reconnaissance. La peinture est leur mode de survie.
 
J’y suis venue il y a quelques années lorsque Guil se passionnait pour l’art. Il y passait des journées entières, à observer, ressentir, imaginer. Saint Aude et lui communiquaient dans un langage auquel je ne savais participer. J étais la seule rationnelle parmi eux, les créatifs. Saint Aude ayant pris le parti de se détruire à petit feu, il est devenu difficile à Guil de le suivre dans ses tourments.
 
Pourtant sa peinture en semble renforcée. Il  a non seulement un coup de pinceau incroyablement précis, mais son imaginaire laisse béat d’émotions. Entre la lugubrité des tons et des couleurs, l’invention de toutes sortes d'êtres sombres, et le mystère qui ressort de chacune de ces œuvres,  il ne fait pas de doutes que notre vieil ami n’est plus des nôtres et nous observe depuis son lointain univers.
 
Assis en crabe dans un coin du garage, une banane à la main, les peaux par terre, Saint Aude ne réagit pas à notre venue. Il termine ce qu’il a dans la main et se saisit d’une bouteille.
 
 - Ce tableau n’est toujours pas terminé, lui lance Guil en l'apercevant.  
 - Il est joli comme ça, dis je timidement
 - Joli ? répète l’homme réveillé par ma voix. Il se lève et s’approche de moi.  
 - Qu’est ce que c’est joli ? demande t-il.  
 - Tu as décidé de t’acheter de la peinture de couleurs ? demande Guil qui persiste devant cette ébauche. La seule qui possède plus de trois couleurs, les autres étant composées de noirs, blanc et marron. Qu’est ce qui t’arrive ?  
 
L’homme ne prête  guère attention aux approches de Guil. Il me suit devant un tableau nommé « l Eternelle ». On y voit une sorte de cercle, rempli de ronds avec un point à l’intérieur.  
 
 - Ce sont des yeux ?
 - Pourquoi ? Tu ne vois pas ? me demande Saint Aude, me mettant mal à l’aise. Il sourit.
 - Te revoilà, éternelle rationnelle ! Tu n’as pas changé depuis tout ce temps ! Mais peut on changer ce qui ne change jamais ! L'éternelle.
 
Guilbert, en retrait, s’empare de la bouteille qu’il range dans un tiroir.
 
 - Nous sommes venus te saluer. Lili demandait après toi, dit-il.
 - Je suis là. Tu vois, me dit-il. On est la. On a pas encore été attrapé ! La vie est belle, rie t-il.
 - Je suis heureuse de voir que vous allez bien!
 - Je vais même très bien !  
 - Alors je pourrais peut être vous prendre un de vos tableaux, si c’est dans mes moyens..
 
A ma dernière visite, j’ai voulu lui prendre un tableau qu’il s’est refuser de me vendre parce qu’il n’était pas à vendre. Ni à offrir. Je suis repartie avec une petite sculpture d’homme girafe, que je n’aime pas vraiment, impersonnelle, même pas peinte. Alors à raconter à mon entourage qu’elle est l’œuvre d’un grand peintre..
 
 
 - Attend j’ai peut être quelque chose pour toi, qui te coutera, un peu de soleil, seulement.
Il disparait. Je regarde Guil, inquiète.
 
 - S’il me ramène encore l’une de ses bricoles ! Je veux un tableau, Guil, demande lui pour moi !
 - Arrête alors  de lui demander si ce sont des yeux, tu ne vois dont pas clair ! Le tableau s’appelle « L’éternelle », c’est pas compliqué.
 
Je regarde alors de nouveau l’œuvre accroché au mur, dubitative. Des yeux, des milliers d’yeux ! Je ne vois rien d’autre. Je frissonne.
 
L’homme revient avec une vache que je distingue clairement. Son ventre est une boite de lait. Sa tête, un bouchon de bouteille, avec une gueule taillée,  des fils de balais torsadés dessinent sa queue. Elle n’a pas d’oreille mais ce ne peut être qu’une vache.  
 
 - Et voici ! Il me tend l’objet. J’accepte. Par complaisance. J’ajoute.
 - Quel merveilleux insecte!! Ou peut être est ce.. une vache ! Il tombe de rire. Il s’approche ensuite de Guil, le contourne, ouvre le tiroir, récupère la bouteille d’alcool.
            - Ton amie est drôle ! Il y avait longtemps que je ne t'avais pas vu.
 - Il est un peu tôt tu ne penses pas ?! réponds Guil froidement, en voyant son ami avaler de grosses gorgées.
 - Je fais ce que je veux je suis ici chez moi ! ll  tape du pied, pied nu. Rien il n’y a plus rien ! Il avale une gorgée.
 - J’ai été volé ! On m’a dépossédé.. dit il en regardant Guil.
 - Evidemment tout le monde sait que Salomon vend tes œuvres partout dans le monde ! Salomon t’a fuit, comme moi, car tu es devenu un ivrogne puant. Déblatère autant que tu voudras, tu en es là par ta seule volonté.
 - Guil..
 - Non, laisse le s’exprimer, me prie saint Aude. Il ose dire ce qu’il pense, ça change !
            -La première fois que je l’ai croisé, il avait quatorze ans. Comme je m’en souviens ! Ce que j’ai ressenti.
            - Il était si jeune, si timide, si beau! Il s’arrête un moment pour le regarder, avant de reprendre.
          - Il s’ignorait ! Ton ami n’a pas toujours eu cette impertinence ! rie le viel homme, saisit d'émotions.
          - Ensemble nous peignions, nous étions les créateurs de notre monde, sans fin..
          - Ni paix ! ajoute Guil, sarcastique.
          - Et hop ! Il fait claquer ses doigts.
          - Oubliés les coups d’éclats, asséchées les nuits de volupté, éventé mon savoir chuchoté ! Il lève les mains en l’air, de dos et déclare :
         - Salomon, le vendeur d’art! Le plus grand voleur de tous les temps, notre président !  
        - As-tu dit à ton amie que tu as décrié mes œuvres, mon enseignement, ton talent !  Pour te conformer ?  Saint Aude semble plus lucide que ces derniers instants, il s’enfonce la bouteille dans la bouche.
        - Tu n’as pas su saisir ta chance. J’ai saisit la mienne, répond Guil, insensible.
        - De la chance ? répète Saint Aude. De la chance, me répète Saint Aude.
 
 
Merci pour vos critiques!

n°24310808
Merome
Chef des blorks
Posté le 19-10-2010 à 14:03:10  profilanswer
 

meijijingumae a écrit :


Un homme d’une cinquantaine d’années, reconnu dans toute la région pour ses tableaux, ses poteries, sa déroute, un ami de Guil, un ancien amant.
 
(...)
 
Lorsque nous entrons dans la cour qui mène à son atelier, le chaos règne, des déchets empilés, du bois ramassé et éparpillé,  des métaux et autres pièces rapportées trainent un peu partout. Et l’odeur !
 
(...)
 
J’y suis venue il y a quelques années lorsque Guil se passionnait pour l’art. Il y passait des journées entières, à observer, ressentir, imaginer.  
 
(...)
        - De la chance ? répète Saint Aude. De la chance, me répète Saint Aude.
 
 
Merci pour vos critiques!


 
J'ai lu rapidement. Je n'ai relevé qu'une faute ou deux, c'est mieux que ce qu'on a l'habitude de voir ici.
Je n'accroche pas à l'histoire (y en a-t-il une ?). Mais c'est personnel.
Au niveau du style, j'ai gardé dans le quote ce qui me semble lourd, ou étrange. De drôles d'énumérations ou des répétitions.


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Ceci n'est pas une démocratie
n°24312737
Mouaiff
Posté le 19-10-2010 à 16:42:35  profilanswer
 

meijijingumae a écrit :

Bonjour chers critiques, je me lance.
...
Merci pour vos critiques!

J'ai retenu par deux fois la conjugaison du verbe rire (rie au lieu de rit) + quelques majuscules oubliées. Et comme l'a souligné Merome quelques formulations bizarres. Exemple caractéristique : "des métaux et autres pièces rapportées trainent un peu partout. Et l’odeur !".

 

-Des métaux : très vague, j'imagine qu'il s'agit d'objets en métal, quelle est la nature de ces métaux ?
-Autres pièces rapportées : des pièces de quoi rapportées par qui ? À quoi ressemblent-elles ?
-Et l'odeur : s'agit-il de l'alcool ? De la térébenthine ? D'une effluve mystérieuse dont on parlera dans la suite du texte ?

 

Il me semble que pour toi certaines images paraissent évidentes et limpides (le désordre dans l'atelier) mais tu n'arrives pas complètement à te mettre à la place du lecteur qui ne sait absolument rien de la scène que tu as imaginée.

 

Bref si j'avais un conseil à donner : fais des description moins lapidaires.

Message cité 1 fois
Message édité par Mouaiff le 19-10-2010 à 17:15:16
n°24312774
Lilska
Posté le 19-10-2010 à 16:45:29  profilanswer
 

Hello.
 
J'ai écrit un prologue pour une histoire de fantasy qui me trotte en tête depuis quelques temps. Voila j'ai aucune prétention, aussi n'y allez pas avec le dos de la pelle pour les critiques !
 
(Personnellement je le trouve un peu court, pour peu que la longueur soit un gage de qualité)
 

Citation :

- Elba ! Nieltz ! Au lit, de suite !
 La mine renfrognée, les deux enfants s'exécutèrent. Le garçon, attentif au regard de sa mère, donne un rapide coup de pied dans la jambe de sa sœurette. Cette dernière laissa échapper un petit gémissement, puis se mise à sangloter innocemment.
 - Ca suffit, maintenant, Nieltz ! Tu as encore réussi à faire pleurer ta sœur, calamité !  
 Et voila qu'elle le prit par le bras, le secoua en déblatérant la morale de situation, avant de lui donner une petite gifle punitive. Satisfaite, Elba cessa de larmoyer, et le sourire se dessina sur son visage. Chaque soir la même comédie, inlassablement, se répétait. Les chenapans devaient vouloir sa mort !
 - C'est bon, mère, lâche-moi maintenant ! s'exclama-t-il avec un regard, injustifié, plein de rancœur.
 Malgré la colère qui la submergeait, elle desserra son étreinte. Son expression, sévère, suffit à balayer toute volonté de nuire chez les deux garnements. Ils se remirent en route vers leur chambre, le petit Nieltz en tête de file. L'escalier plein de poussière était en deux parties, au milieu se trouvait un large planché de bois, surplombé par une fenêtre qui laissait rentrer une lumière tamisée ocre. Le garçon passa devant sans lui prêter la moindre intention. La petite Elba, elle, s'arrêta nette. Etonnée, et sans doute curieuse aussi, elle jeta un coup d'œil rapide au dehors. D'étranges personnages se tenaient, immobiles, au centre de la cour. Recouvert d'un épais accoutrement d'un brun sombre, les trois silhouettes observaient, à travers la fente de leur casque, la bâtisse familiale.
 - Mère, c'est quoi les drôles de bonhommes qu'il y a devant chez nous? interrogea-t-elle, incrédule.
 La jeune femme sentit le froid s'immiscer en elle, comme si un pieu de glace la transperçait. Elle courut vers la fenêtre, puis, le souffle haletant et l'appréhension à son paroxysme, aventura son regard sur la cours. La panique et la peur, fussent-elles mêlées à l'horreur, s'empara d'elle.
 - Les enfants, vite ! hurla-t-elle. Descendez à la cave !
 Ils la regardèrent, sans trop comprendre pourquoi cet accès de terreur si soudain. Puis, en voyant son visage horrifié, ils furent saisis par l’effroi. Ils dévalèrent l'escalier à toute vitesse. Trop tard. Les battants de la porte d'entrée volèrent en éclats, projetant la planche de bois contre un mur de la pièce. Pour autant, la lumière ne filtra pas à travers le trou béant, qui semblait occupé par une silhouette massive et trapue. Celle-ci s'avança de quelque pas et, malgré le casque cornu qui recouvrait la majeure partie de sa tête, du plaisir, sadique sans doute, en émanait.  
 - Bonsoir, Delbeth ! s'exclama-t-il en raillant.
 Le calme était retombé dans la pièce, ou plutôt un froid implacable s’était installé. Recroquevillé sur sa soeur dans un coin de la pièce, Nieltz lançait un regard plein de haine et de mépris à l'homme qui venait d'entré. Delbeth, elle, ne savait pas comment réagir, pour peu qu'elle pouvait faire quoi que ce soit face à ça.
 - Et bien, quoi? Tu as perdu ta langue, ma toute belle?
 Non pas insensible à cette pique, elle chassa son expression incrédule et répondit en serrant les dents:
 - Que vient-tu faire ici, chien ! Ca ne t'as pas suffit de nous abandonner après tout le mal que tu as répandu, espèce de lâche !
 Pour seul réponse, un rire s'échappa du sombre heaume. Un rire non pas de joie, mais intimidant et s'intensifiant au fil des secondes. L'homme avança, d'un pas lourd et régulier, vers la jeune femme. Elle était de peu de force face à un tel colosse, dont les années de combat avaient fait de lui un grossier bloc de pierre. Elle recula machinalement, mais le mur lui faisait obstacle. Un autre homme s'était introduit dans la pièce à la suite du premier. D'une carrure similaire, il n'avait cependant pas de casque, laissant son visage, tailladé par des balafres, à découvert. Ses longs cheveux hirsute, d'un gris très clair, descendaient jusqu'a sa taille, et, à cause du courant d'air apparu, semblait vivoter dans les airs.  
 - Toujours à trainer avec les mêmes gueux, à ce que je vois. Tu n'as pas changé, bouseux ! lui cracha-t-elle au visage.  
 De quoi l'homme aux cheveux hirsute se retourna, lui adressa un sourire laissant transparaître ses dents pourries, puis continua d'avancer vers les deux enfants, apeurés, dans le coin. Le premier homme n'avait cependant pas apprécié cette attaque. Son poing s’abattit violement sur la jeune Delbeth qui, avec un tel choc, cracha une gerbe de sang avant d'aller s'étaler sur le mur de pierre puis de s’affaisser au sol, laissant une trace de liquide écarlate ruisselée tout du long.
 - Tu es misérable, Delbeth, dit-il avec dégoût. Regarde-toi, tu n'es même pas capable de protéger ta marmaille. Ah, la belle affaire !
 Tant bien que mal elle prit appuie sur ses bras avec assez  de force pour pouvoir regarder dans les yeux l'homme qui se tenait, stoïque, devant elle. Elle aurait voulue pouvoir le tuer d'un simple regard, le voir se morfondre dans la même douleur qu'elle ressentait, contempler ses entrailles jaillir de sa poitrine dans un cri inhumain. Car après tout, c'est ce qu'il était, inhumain. Au lieu de quoi, il continuait de la lorgner de ses yeux qui mêlaient sévérité et passion. Car il l'aimait. Il l'aimait non pas pour ce qu'elle représentait, mais uniquement pour sa beauté, ravageuse. Ses longs cheveux d'un noir de jais, son visage qui trahissait l'innocence, pur et dur à la fois. Mais cela faisait longtemps qu'elle avait renoncé à cette relation mensongère. Elle, dans son orgueil, ne voulait surtout pas devoir crier pitié pour épargner ce qui allait se passer. Elle espérait, en vain.
 L’autre barbare était, à présent, arrivé à hauteur des deux enfants. Elba se blottit encore plus fort contre la poitrine de son frère. Les yeux fermés, elle tremblait. Le petit Nieltz, lui, n’en démordait pas et, alors que sa frustration menait un combat sans merci avec sa peur, continuait de soutenir du regard l’homme. Il se sentait impuissant. Et il l’était, de toute évidence. De sa main, gantée d’un cuir épais et rugueux, la bête alla chercher une grande hache sanglée dans son dos. Sa lame, aisément plus large que le corps des deux enfants, revêtait une couche de rouille d’une couleur vermeille, vestige d’une vie dédiée aux combats et aux meurtres. La peur prit finalement le dessus et le jeune garçon, quand il comprit, pris une grande inspiration.
 L’instrument de mort s’éleva dans les airs. Delbeth en oublia toute sa hargne.
 - Jonnas ! hurla-t-elle. Arrête ça, je t’en supplie ! Prend moi à leur place, s’il te plait !
 - Ta vie ne m’intéresse pas, Delbeth. Ce sont les Trois qui m’envoient, ici, accomplirent leur volonté.  
 L’autre homme ramena sa seconde main sur le manche de l’arme, renforçant sa prise, tandis que la femme continuait de hurler, d’implorer la pitié de ces tortionnaires. Sa voix se perdait à travers les murs de la maison et, au fil de ces secondes qui paraissaient interminables, finit en murmure à peine perceptible.
 - S’il te plait… Jonnas… S’il te plait, ne fait pas ça… répétait-elle, inlassablement.
 - Contemple, Delbeth.
 Il enleva son casque et, sans changer l’expression de ses yeux, la regarda avec froideur. Son visage avait souffert de la rudesse de sa vie et semblait vieilli, flétri. Ce n’était plus qu’un vulgaire masque de chair, il ne représentait en rien l’homme qu’il avait été.
 - Contemple, et plie-toi à ton destin. Car c’est bien lui qui se tient là, devant toi, en ce jour bénie des Trois. Souvient-en comme celui ou ta vie perdit toute saveur, comme moi autrefois, Delbeth.
 Elle ne supportait plus de voir ce visage impassible, mort. Elle ne comprenait pas, les morts n’étaient pas censés parlés, alors pourquoi donc cet homme lui disait tout ceci ? Elle détourna le regard, machinalement, qui se figea sur les deux êtres apeurés, dans le coin de la pièce.
 - Arrête… je t’en pris… ne fais pas ça…, continua-t-elle, sans grande conviction.
 Un sourire en coin se dessina sur le visage, jusqu’alors immuable, de Jonnas, tandis que l’autre homme s’apprêtait à commettre l’atrocité. Enfin, la hache fendit brutalement l’air. Il n’y eut aucuns cris, aucune voix, juste un hoquet de surprise à peine perceptible. Et du sang. Beaucoup de sang. Assez de sang pour tapisser les murs alentours d’un fluide carmin. Du sang parsemé de morceau de peau, de chair et d’organe. Des tripes mêlées aux viscères, visqueuses et luisantes, s’écoulèrent au sol tandis que les deux petits corps, littéralement coupés en deux, s’affaissèrent.
 Cette vision ramena, brutalement, Delbeth à la réalité, où plutôt, l’entraina dans des abîmes sans fond. Voila qu’elle s’était mise à répéter, sur la même voix pleine d’incompréhension et le souffle court, inépuisable :
 - Pourquoi… ce sang… du sang… pourquoi… Jonnas…
 L’expression de satisfaction de Jonnas, mêlée à l’odeur de cadavre frais qui flottait dans l’air, s’était intensifiée.  
 - Oui, c’est cela Delbeth. Laisse toi porter par les puissants courants de la folie ! Hais-moi ! Méprise-moi ! Et peut-être auras-tu ta vengeance, un jour.
 - Tue-moi ! Jonnas, je t’en supplie, tue-moi…
 L’homme laissa échapper un petit rictus.
 - Non Delbeth, je ne vais pas te tuer, répondit-il. Tu va vivre. Vis, et souvient toi de ce carnage comme la preuve que la folie des Hommes n’a pas de limite. Vis, Delbeth !
 Il marqua une pause et, pour la première fois depuis son arrivé, sembla hésité. Voyant que, de toute façon, la jeune femme ne l’écoutait pas, il continua :
 - Les Trois ont peut être raison, après tout. Il est temps pour nous de nous retirer, Delbeth. Adieu.
 Sur quoi Jonnas remit son heaume en place et, suivi de son compagnon, franchit le seuil de la porte, sans se retourné. La tempête faisait maintenant place au silence dans cette pièce, immaculé d’une lumière douce et chaleureuse. Pourtant, Delbeth n’arrivait toujours pas à comprendre. Les yeux rivés sur les cadavres des deux enfants, elle continuait de murmurer des paroles sans sens :
 - Tout ce sang... pourquoi… je ne veux plus voir cette image ! Disparais de ma tête, s’il te plaît ! hurlait-elle.
 Rien n’y faisait. Même les yeux fermés, l’image restait ancrée dans son esprit, comme un boulet rattaché à son corps par une lourde chaine indestructible. Elle ne pouvait plus le supporter.
 - Va-t-en ! Laisse-moi tranquille ! continua-t-elle avec une fureur grandissante.
 Et elle gratta ses yeux, gratta encore et encore, dans un espoir chimérique de voir la scène disparaître de sa conscience. Elle gratta jusqu’au sang, sa rage et sa haine l’immunisant contre la douleur. Mais l’image restait, sans qu’elle le comprenne, aussi clair qu’au commencement. Puis, dans sa folie excentrique, elle se les arracha. Le hurlement qui s’ensuivi fut au moins aussi inhumain, violent et barbare, que l’acte. Sa voix se déforma, tandis que son délire atteignait son apogée. Et tout s’arrêta. Le silence retomba, figeant la scène tel un tableau dépeignant une tragédie. Delbeth était inerte. Pourtant elle respirait encore, mais son esprit avait basculé dans le néant. Elle aurait pu rester des jours assise comme ça, sans bouger, puis mourir de faim et de soif avant de s’en rendre compte. Oui, elle était certainement déjà morte.

Message cité 2 fois
Message édité par Lilska le 20-10-2010 à 10:15:03
mood
Publicité
Posté le 19-10-2010 à 16:45:29  profilanswer
 

n°24315181
meijijingu​mae
Posté le 19-10-2010 à 20:11:29  profilanswer
 

Merome a écrit :


 
J'ai lu rapidement. Je n'ai relevé qu'une faute ou deux, c'est mieux que ce qu'on a l'habitude de voir ici.
Je n'accroche pas à l'histoire (y en a-t-il une ?). Mais c'est personnel.
Au niveau du style, j'ai gardé dans le quote ce qui me semble lourd, ou étrange. De drôles d'énumérations ou des répétitions.


 
Merci Pour ta réponse, franche et efficace.
 
Cet extrait n'a rien à voir avec le coeur de l'histoire et j'imagine comme ça doit sembler étrange, un tel extrait lol.
Ca m'amuse de savoir que tu trouves certaines phrases "drôles", je ne sais pas vraiment l'expliquer. Est ce dérangeant? je veux dire, le texte en est il moins compréhensible?  Pour ce que tu as quoté,  
 
- la première ligne, et bien je ne saisis pas le pb
- la seconde et la 3 éme, et bien, la visite se déroule dans l'atelier d'un artiste, et comme les artistes peuvent se saisir de n'importe quel objet, on y trouve pas mal de désordre, bois, métal..
 
"observer, ressentir, imaginer" oui, c'est ce que font bcp de peintres, qu'est ce qui cloche ?  
 
en tout cas je te remercie, je vais retravailler tout ça une fois que j'aurais mieux compris ce qui ne tourne pas rond.

n°24315284
meijijingu​mae
Posté le 19-10-2010 à 20:20:44  profilanswer
 

Mouaiff a écrit :

J'ai retenu par deux fois la conjugaison du verbe rire (rie au lieu de rit) + quelques majuscules oubliées. Et comme l'a souligné Merome quelques formulations bizarres. Exemple caractéristique : "des métaux et autres pièces rapportées trainent un peu partout. Et l’odeur !".
 
-Des métaux : très vague, j'imagine qu'il s'agit d'objets en métal, quelle est la nature de ces métaux ?
-Autres pièces rapportées : des pièces de quoi rapportées par qui ? À quoi ressemblent-elles ?
-Et l'odeur : s'agit-il de l'alcool ? De la térébenthine ? D'une effluve mystérieuse dont on parlera dans la suite du texte ?
 
Il me semble que pour toi certaines images paraissent évidentes et limpides (le désordre dans l'atelier) mais tu n'arrives pas complètement à te mettre à la place du lecteur qui ne sait absolument rien de la scène que tu as imaginée.
 
Bref si j'avais un conseil à donner : fais des description moins lapidaires.


 
Bonsoir! et merci de tes remarques!
 
Et bien les métaux, tout type de métal qu'on peut trouver dans un atelier d'artiste..n'importe quelle pièce rapportée, les artistes peuvent se saisir de n'importe quoi.
 
Quant à l'odeur, tu as raison, j'ai inscrit "et l odeur" mais de quelle odeur s'agit- il? très bonne question lol! Je pensais plutôt au pourri en gros mais ça, vous ne pouvez pas le deviner!! lol
 
Je vais bosser les descriptions et je posterais peut être prochainement un nouvel extrait, moins "bizarre" j espere.

n°24319266
meijijingu​mae
Posté le 20-10-2010 à 10:05:39  profilanswer
 

Lilska a écrit :

Hello.
 
J'ai écrit un prologue pour une histoire de fantasy qui me trotte en tête depuis quelques temps. Voila j'ai aucune prétention, aussi n'y allez pas avec le dos de la pelle pour les critiques !
 
(Personnellement je le trouve un peu court, pour peu que la longueur soit un gage de qualité)
 

Citation :

- Elba ! Nieltz ! Au lit, de suite !
 La mine renfrognée, les deux enfants s'exécutèrent. Le garçon, attentif au regard de sa mère, donne un rapide coup de pied dans la jambe de sa sœurette. Cette dernière laissa échapper un petit gémissement, puis se mise à sangloter innocemment.
 - Ca suffit, maintenant, Nieltz ! Tu as encore réussi à faire pleurer ta sœur, calamité !  
 Et voila qu'elle le prit par le bras, le secoua en déblatérant la morale de situation, avant de lui donner une petite gifle punitive. Satisfaite, Elba cessa de larmoyer, et le sourire se dessina sur son visage. Chaque soir la même comédie, inlassablement, se répétait. Les chenapans devaient vouloir sa mort !
 - C'est bon, mère, lâche-moi maintenant ! s'exclama-t-il avec un regard, injustifié, plein de rancœur.
 Malgré la colère qui la submergeait, elle desserra son étreinte. Son expression, sévère, suffit à balayer toute volonté de nuire chez les deux garnements. Ils se remirent en route vers leur chambre, le petit Nieltz en tête de file. L'escalier plein de poussière était en deux parties, au milieu se trouvait un large planché de bois, surplombé par une fenêtre qui laissait rentrer une lumière tamisée ocre. Le garçon passa devant sans lui prêter la moindre intention. La petite Elba, elle, s'arrêta nette. Etonnée, et sans doute curieuse aussi, elle jeta un coup d'œil rapide au dehors. D'étranges personnages se tenaient, immobiles, au centre de la cours. Recouvert d'un épais accoutrement d'un brun sombre, les trois silhouettes observaient, à travers la fente de leur casque, la bâtisse familiale.
 - Mère, c'est quoi les drôles de bonhommes qu'il y a devant chez nous? interrogea-t-elle, incrédule.
 La jeune femme sentit le froid s'immiscer en elle, comme si un pieu de glace la transperçait. Elle courut vers la fenêtre, puis, le souffle haletant et l'appréhension à son paroxysme, aventura son regard sur la cours. La panique et la peur, fussent-elles mêlées à l'horreur, s'empara d'elle.
 - Les enfants, vite ! hurla-t-elle. Descendez à la cave !
 Ils la regardèrent, sans trop comprendre pourquoi cet accès de terreur si soudain. Puis, en voyant son visage horrifié, ils furent saisis par l’effroi. Ils dévalèrent l'escalier à toute vitesse. Trop tard. Les battants de la porte d'entrée volèrent en éclats, projetant la planche de bois contre un mur de la pièce. Pour autant, la lumière ne filtra pas à travers le trou béant, qui semblait occupé par une silhouette massive et trapue. Celle-ci s'avança de quelque pas et, malgré le casque cornu qui recouvrait la majeure partie de sa tête, du plaisir, sadique sans doute, en émanait.  
 - Bonsoir, Delbeth ! s'exclama-t-il en raillant.
 Le calme était retombé dans la pièce, ou plutôt un froid implacable s’était installé. Recroquevillé sur sa soeur dans un coin de la pièce, Nieltz lançait un regard plein de haine et de mépris à l'homme qui venait d'entré. Delbeth, elle, ne savait pas comment réagir, pour peu qu'elle pouvait faire quoi que ce soit face à ça.
 - Et bien, quoi? Tu as perdu ta langue, ma toute belle?
 Non pas insensible à cette pique, elle chassa son expression incrédule et répondit en serrant les dents:
 - Que vient-tu faire ici, chien ! Ca ne t'as pas suffit de nous abandonner après tout le mal que tu as répandu, espèce de lâche !
 Pour seul réponse, un rire s'échappa du sombre heaume. Un rire non pas de joie, mais intimidant et s'intensifiant au fil des secondes. L'homme avança, d'un pas lourd et régulier, vers la jeune femme. Elle était de peu de force face à un tel colosse, dont les années de combat avaient fait de lui un grossier bloc de pierre. Elle recula machinalement, mais le mur lui faisait obstacle. Un autre homme s'était introduit dans la pièce à la suite du premier. D'une carrure similaire, il n'avait cependant pas de casque, laissant son visage, tailladé par des balafres, à découvert. Ses longs cheveux hirsute, d'un gris très clair, descendaient jusqu'a sa taille, et, à cause du courant d'air apparu, semblait vivoter dans les airs.  
 - Toujours à trainer avec les mêmes gueux, à ce que je vois. Tu n'as pas changé, bouseux ! lui cracha-t-elle au visage.  
 De quoi l'homme aux cheveux hirsute se retourna, lui adressa un sourire laissant transparaître ses dents pourries, puis continua d'avancer vers les deux enfants, apeurés, dans le coin. Le premier homme n'avait cependant pas apprécié cette attaque. Son poing s’abattit violement sur la jeune Delbeth qui, avec un tel choc, cracha une gerbe de sang avant d'aller s'étaler sur le mur de pierre puis de s’affaisser au sol, laissant une trace de liquide écarlate ruisselée tout du long.
 - Tu es misérable, Delbeth, dit-il avec dégoût. Regarde-toi, tu n'es même pas capable de protéger ta marmaille. Ah, la belle affaire !
 Tant bien que mal elle prit appuie sur ses bras avec assez  de force pour pouvoir regarder dans les yeux l'homme qui se tenait, stoïque, devant elle. Elle aurait voulue pouvoir le tuer d'un simple regard, le voir se morfondre dans la même douleur qu'elle ressentait, contempler ses entrailles jaillir de sa poitrine dans un cri inhumain. Car après tout, c'est ce qu'il était, inhumain. Au lieu de quoi, il continuait de la lorgner de ses yeux qui mêlaient sévérité et passion. Car il l'aimait. Il l'aimait non pas pour ce qu'elle représentait, mais uniquement pour sa beauté, ravageuse. Ses longs cheveux d'un noir de jais, son visage qui trahissait l'innocence, pur et dur à la fois. Mais cela faisait longtemps qu'elle avait renoncé à cette relation mensongère. Elle, dans son orgueil, ne voulait surtout pas devoir crier pitié pour épargner ce qui allait se passer. Elle espérait, en vain.
 L’autre barbare était, à présent, arrivé à hauteur des deux enfants. Elba se blottit encore plus fort contre la poitrine de son frère. Les yeux fermés, elle tremblait. Le petit Nieltz, lui, n’en démordait pas et, alors que sa frustration menait un combat sans merci avec sa peur, continuait de soutenir du regard l’homme. Il se sentait impuissant. Et il l’était, de toute évidence. De sa main, gantée d’un cuir épais et rugueux, la bête alla chercher une grande hache sanglée dans son dos. Sa lame, aisément plus large que le corps des deux enfants, revêtait une couche de rouille d’une couleur vermeille, vestige d’une vie dédiée aux combats et aux meurtres. La peur prit finalement le dessus et le jeune garçon, quand il comprit, pris une grande inspiration.
 L’instrument de mort s’éleva dans les airs. Delbeth en oublia toute sa hargne.
 - Jonnas ! hurla-t-elle. Arrête ça, je t’en supplie ! Prend moi à leur place, s’il te plait !
 - Ta vie ne m’intéresse pas, Delbeth. Ce sont les Trois qui m’envoient, ici, accomplirent leur volonté.  
 L’autre homme ramena sa seconde main sur le manche de l’arme, renforçant sa prise, tandis que la femme continuait de hurler, d’implorer la pitié de ces tortionnaires. Sa voix se perdait à travers les murs de la maison et, au fil de ces secondes qui paraissaient interminables, finit en murmure à peine perceptible.
 - S’il te plait… Jonnas… S’il te plait, ne fait pas ça… répétait-elle, inlassablement.
 - Contemple, Delbeth.
 Il enleva son casque et, sans changer l’expression de ses yeux, la regarda avec froideur. Son visage avait souffert de la rudesse de sa vie et semblait vieilli, flétri. Ce n’était plus qu’un vulgaire masque de chair, il ne représentait en rien l’homme qu’il avait été.
 - Contemple, et plie-toi à ton destin. Car c’est bien lui qui se tient là, devant toi, en ce jour bénie des Trois. Souvient-en comme celui ou ta vie perdit toute saveur, comme moi autrefois, Delbeth.
 Elle ne supportait plus de voir ce visage impassible, mort. Elle ne comprenait pas, les morts n’étaient pas censés parlés, alors pourquoi donc cet homme lui disait tout ceci ? Elle détourna le regard, machinalement, qui se figea sur les deux êtres apeurés, dans le coin de la pièce.
 - Arrête… je t’en pris… ne fais pas ça…, continua-t-elle, sans grande conviction.
 Un sourire en coin se dessina sur le visage, jusqu’alors immuable, de Jonnas, tandis que l’autre homme s’apprêtait à commettre l’atrocité. Enfin, la hache fendit brutalement l’air. Il n’y eut aucuns cris, aucune voix, juste un hoquet de surprise à peine perceptible. Et du sang. Beaucoup de sang. Assez de sang pour tapisser les murs alentours d’un fluide carmin. Du sang parsemé de morceau de peau, de chair et d’organe. Des tripes mêlées aux viscères, visqueuses et luisantes, s’écoulèrent au sol tandis que les deux petits corps, littéralement coupés en deux, s’affaissèrent.
 Cette vision ramena, brutalement, Delbeth à la réalité, où plutôt, l’entraina dans des abîmes sans fond. Voila qu’elle s’était mise à répéter, sur la même voix pleine d’incompréhension et le souffle court, inépuisable :
 - Pourquoi… ce sang… du sang… pourquoi… Jonnas…
 L’expression de satisfaction de Jonnas, mêlée à l’odeur de cadavre frais qui flottait dans l’air, s’était intensifiée.  
 - Oui, c’est cela Delbeth. Laisse toi porter par les puissants courants de la folie ! Hais-moi ! Méprise-moi ! Et peut-être auras-tu ta vengeance, un jour.
 - Tue-moi ! Jonnas, je t’en supplie, tue-moi…
 L’homme laissa échapper un petit rictus.
 - Non Delbeth, je ne vais pas te tuer, répondit-il. Tu va vivre. Vis, et souvient toi de ce carnage comme la preuve que la folie des Hommes n’a pas de limite. Vis, Delbeth !
 Il marqua une pause et, pour la première fois depuis son arrivé, sembla hésité. Voyant que, de toute façon, la jeune femme ne l’écoutait pas, il continua :
 - Les Trois ont peut être raison, après tout. Il est temps pour nous de nous retirer, Delbeth. Adieu.
 Sur quoi Jonnas remit son heaume en place et, suivi de son compagnon, franchit le seuil de la porte, sans se retourné. La tempête faisait maintenant place au silence dans cette pièce, immaculé d’une lumière douce et chaleureuse. Pourtant, Delbeth n’arrivait toujours pas à comprendre. Les yeux rivés sur les cadavres des deux enfants, elle continuait de murmurer des paroles sans sens :
 - Tout ce sang... pourquoi… je ne veux plus voir cette image ! Disparais de ma tête, s’il te plaît ! hurlait-elle.
 Rien n’y faisait. Même les yeux fermés, l’image restait ancrée dans son esprit, comme un boulet rattaché à son corps par une lourde chaine indestructible. Elle ne pouvait plus le supporter.
 - Va-t-en ! Laisse-moi tranquille ! continua-t-elle avec une fureur grandissante.
 Et elle gratta ses yeux, gratta encore et encore, dans un espoir chimérique de voir la scène disparaître de sa conscience. Elle gratta jusqu’au sang, sa rage et sa haine l’immunisant contre la douleur. Mais l’image restait, sans qu’elle le comprenne, aussi clair qu’au commencement. Puis, dans sa folie excentrique, elle se les arracha. Le hurlement qui s’ensuivi fut au moins aussi inhumain, violent et barbare, que l’acte. Sa voix se déforma, tandis que son délire atteignait son apogée. Et tout s’arrêta. Le silence retomba, figeant la scène tel un tableau dépeignant une tragédie. Delbeth était inerte. Pourtant elle respirait encore, mais son esprit avait basculé dans le néant. Elle aurait pu rester des jours assise comme ça, sans bouger, puis mourir de faim et de soif avant de s’en rendre compte. Oui, elle était certainement déjà morte.



 
 
 
Et bien je trouve que c'est agréablement bien écrit!  
J'ai relevé à peine quelques fautes d'ortographe, par exemple on dit "la cour" et non "la cours"..
mais en tout cas je te souhaite bonne continuation. Je ne suis pas très bonne critique je crois..

n°24319360
Lilska
Posté le 20-10-2010 à 10:16:18  profilanswer
 

Merci meijijingumae, j'ai corrigé quelques fautes =)

n°24321239
Merome
Chef des blorks
Posté le 20-10-2010 à 12:25:54  profilanswer
 

meijijingumae a écrit :


 
Merci Pour ta réponse, franche et efficace.
 
Cet extrait n'a rien à voir avec le coeur de l'histoire et j'imagine comme ça doit sembler étrange, un tel extrait lol.
Ca m'amuse de savoir que tu trouves certaines phrases "drôles", je ne sais pas vraiment l'expliquer. Est ce dérangeant? je veux dire, le texte en est il moins compréhensible?  Pour ce que tu as quoté,  


 
Ben, moi ça me gêne. Ça ressemble à des maladresses de style. Mais bon, pour ce que j'y connais en style...
 

meijijingumae a écrit :


"observer, ressentir, imaginer" oui, c'est ce que font bcp de peintres, qu'est ce qui cloche ?  


 
L'énumération de verbes. J'ai lu, parcouru, critiqué ton extrait. Mais c'est peut-être moi qui hallucine, déconne, dit n'importe quoi.
(tu comprends mieux, là ?)
 


---------------
Ceci n'est pas une démocratie
n°24321533
meijijingu​mae
Posté le 20-10-2010 à 12:51:50  profilanswer
 

Merome a écrit :


 
Ben, moi ça me gêne. Ça ressemble à des maladresses de style. Mais bon, pour ce que j'y connais en style...
 


 

Merome a écrit :


 
L'énumération de verbes. J'ai lu, parcouru, critiqué ton extrait. Mais c'est peut-être moi qui hallucine, déconne, dit n'importe quoi.
(tu comprends mieux, là ?)
 


 
 
Humm! lol
 
Oui je comprends mieux!  
Merci

n°24326804
Chou Andy
Would you know my nem
Posté le 20-10-2010 à 20:06:37  profilanswer
 

Lilska a écrit :


Citation :

- Elba ! Nieltz ! Au lit, de suite !
 La mine renfrognée, les deux enfants s'exécutèrent. Le garçon, attentif au regard de sa mère, donne un rapide coup de pied dans la jambe de sa sœurette. Cette dernière laissa échapper un petit gémissement, puis se mise à sangloter innocemment.
 - Ca suffit, maintenant, Nieltz ! Tu as encore réussi à faire pleurer ta sœur, calamité !
 Et voila qu'elle le prit par le bras, le secoua en déblatérant la morale de situation, avant de lui donner une petite gifle punitive. Satisfaite, Elba cessa de larmoyer, et le sourire se dessina sur son visage. Chaque soir la même comédie, inlassablement, se répétait. Les chenapans devaient vouloir sa mort !
 - C'est bon, mère, lâche-moi maintenant ! s'exclama-t-il avec un regard, injustifié, plein de rancœur.
 Malgré la colère qui la submergeait, elle desserra son étreinte. Son expression, sévère, suffit à balayer toute volonté de nuire chez les deux garnements. Ils se remirent en route vers leur chambre, le petit Nieltz en tête de file. L'escalier plein de poussière était en deux parties, au milieu se trouvait un large planché de bois, surplombé par une fenêtre qui laissait rentrer une lumière tamisée ocre. Le garçon passa devant sans lui prêter la moindre intention. La petite Elba, elle, s'arrêta nette. Etonnée, et sans doute curieuse aussi, elle jeta un coup d'œil rapide au dehors. D'étranges personnages se tenaient, immobiles, au centre de la cour. Recouvert d'un épais accoutrement d'un brun sombre, les trois silhouettes observaient, à travers la fente de leur casque, la bâtisse familiale.
 - Mère, c'est quoi les drôles de bonhommes qu'il y a devant chez nous? interrogea-t-elle, incrédule.
 La jeune femme sentit le froid s'immiscer en elle, comme si un pieu de glace la transperçait. Elle courut vers la fenêtre, puis, le souffle haletant et l'appréhension à son paroxysme, aventura son regard sur la cours. La panique et la peur, fussent-elles mêlées à l'horreur, s'empara d'elle.
 - Les enfants, vite ! hurla-t-elle. Descendez à la cave !
 Ils la regardèrent, sans trop comprendre pourquoi cet accès de terreur si soudain. Puis, en voyant son visage horrifié, ils furent saisis par l’effroi. Ils dévalèrent l'escalier à toute vitesse. Trop tard. Les battants de la porte d'entrée volèrent en éclats, projetant la planche de bois contre un mur de la pièce. Pour autant, la lumière ne filtra pas à travers le trou béant, qui semblait occupé par une silhouette massive et trapue. Celle-ci s'avança de quelque pas et, malgré le casque cornu qui recouvrait la majeure partie de sa tête, du plaisir, sadique sans doute, en émanait.
 - Bonsoir, Delbeth ! s'exclama-t-il en raillant.
 Le calme était retombé dans la pièce, ou plutôt un froid implacable s’était installé. Recroquevillé sur sa soeur dans un coin de la pièce, Nieltz lançait un regard plein de haine et de mépris à l'homme qui venait d'entré. Delbeth, elle, ne savait pas comment réagir, pour peu qu'elle pouvait faire quoi que ce soit face à ça.
 - Et bien, quoi? Tu as perdu ta langue, ma toute belle?
 Non pas insensible à cette pique, elle chassa son expression incrédule et répondit en serrant les dents:
 - Que vient-tu faire ici, chien ! Ca ne t'as pas suffit de nous abandonner après tout le mal que tu as répandu, espèce de lâche !
 Pour seul réponse, un rire s'échappa du sombre heaume. Un rire non pas de joie, mais intimidant et s'intensifiant au fil des secondes. L'homme avança, d'un pas lourd et régulier, vers la jeune femme. Elle était de peu de force face à un tel colosse, dont les années de combat avaient fait de lui un grossier bloc de pierre. Elle recula machinalement, mais le mur lui faisait obstacle. Un autre homme s'était introduit dans la pièce à la suite du premier. D'une carrure similaire, il n'avait cependant pas de casque, laissant son visage, tailladé par des balafres, à découvert. Ses longs cheveux hirsute, d'un gris très clair, descendaient jusqu'a sa taille, et, à cause du courant d'air apparu, semblait vivoter dans les airs.
 - Toujours à trainer avec les mêmes gueux, à ce que je vois. Tu n'as pas changé, bouseux ! lui cracha-t-elle au visage.
 De quoi l'homme aux cheveux hirsute se retourna, lui adressa un sourire laissant transparaître ses dents pourries, puis continua d'avancer vers les deux enfants, apeurés, dans le coin. Le premier homme n'avait cependant pas apprécié cette attaque. Son poing s’abattit violement sur la jeune Delbeth qui, avec un tel choc, cracha une gerbe de sang avant d'aller s'étaler sur le mur de pierre puis de s’affaisser au sol, laissant une trace de liquide écarlate ruisselée tout du long.
 - Tu es misérable, Delbeth, dit-il avec dégoût. Regarde-toi, tu n'es même pas capable de protéger ta marmaille. Ah, la belle affaire !
 Tant bien que mal elle prit appuie sur ses bras avec assez  de force pour pouvoir regarder dans les yeux l'homme qui se tenait, stoïque, devant elle. Elle aurait voulue pouvoir le tuer d'un simple regard, le voir se morfondre dans la même douleur qu'elle ressentait, contempler ses entrailles jaillir de sa poitrine dans un cri inhumain. Car après tout, c'est ce qu'il était, inhumain. Au lieu de quoi, il continuait de la lorgner de ses yeux qui mêlaient sévérité et passion. Car il l'aimait. Il l'aimait non pas pour ce qu'elle représentait, mais uniquement pour sa beauté, ravageuse. Ses longs cheveux d'un noir de jais, son visage qui trahissait l'innocence, pur et dur à la fois. Mais cela faisait longtemps qu'elle avait renoncé à cette relation mensongère. Elle, dans son orgueil, ne voulait surtout pas devoir crier pitié pour épargner ce qui allait se passer. Elle espérait, en vain.
 L’autre barbare était, à présent, arrivé à hauteur des deux enfants. Elba se blottit encore plus fort contre la poitrine de son frère. Les yeux fermés, elle tremblait. Le petit Nieltz, lui, n’en démordait pas et, alors que sa frustration menait un combat sans merci avec sa peur, continuait de soutenir du regard l’homme. Il se sentait impuissant. Et il l’était, de toute évidence. De sa main, gantée d’un cuir épais et rugueux, la bête alla chercher une grande hache sanglée dans son dos. Sa lame, aisément plus large que le corps des deux enfants, revêtait une couche de rouille d’une couleur vermeille, vestige d’une vie dédiée aux combats et aux meurtres. La peur prit finalement le dessus et le jeune garçon, quand il comprit, pris une grande inspiration.
 L’instrument de mort s’éleva dans les airs. Delbeth en oublia toute sa hargne.
 - Jonnas ! hurla-t-elle. Arrête ça, je t’en supplie ! Prend moi à leur place, s’il te plait !
 - Ta vie ne m’intéresse pas, Delbeth. Ce sont les Trois qui m’envoient, ici, accomplirent leur volonté.
 L’autre homme ramena sa seconde main sur le manche de l’arme, renforçant sa prise, tandis que la femme continuait de hurler, d’implorer la pitié de ces tortionnaires. Sa voix se perdait à travers les murs de la maison et, au fil de ces secondes qui paraissaient interminables, finit en murmure à peine perceptible.
 - S’il te plait… Jonnas… S’il te plait, ne fait pas ça… répétait-elle, inlassablement.
 - Contemple, Delbeth.
 Il enleva son casque et, sans changer l’expression de ses yeux, la regarda avec froideur. Son visage avait souffert de la rudesse de sa vie et semblait vieilli, flétri. Ce n’était plus qu’un vulgaire masque de chair, il ne représentait en rien l’homme qu’il avait été.
 - Contemple, et plie-toi à ton destin. Car c’est bien lui qui se tient là, devant toi, en ce jour bénie des Trois. Souvient-en comme celui ou ta vie perdit toute saveur, comme moi autrefois, Delbeth.
 Elle ne supportait plus de voir ce visage impassible, mort. Elle ne comprenait pas, les morts n’étaient pas censés parlés, alors pourquoi donc cet homme lui disait tout ceci ? Elle détourna le regard, machinalement, qui se figea sur les deux êtres apeurés, dans le coin de la pièce.
 - Arrête… je t’en pris… ne fais pas ça…, continua-t-elle, sans grande conviction.
 Un sourire en coin se dessina sur le visage, jusqu’alors immuable, de Jonnas, tandis que l’autre homme s’apprêtait à commettre l’atrocité. Enfin, la hache fendit brutalement l’air. Il n’y eut aucuns cris, aucune voix, juste un hoquet de surprise à peine perceptible. Et du sang. Beaucoup de sang. Assez de sang pour tapisser les murs alentours d’un fluide carmin. Du sang parsemé de morceau de peau, de chair et d’organe. Des tripes mêlées aux viscères, visqueuses et luisantes, s’écoulèrent au sol tandis que les deux petits corps, littéralement coupés en deux, s’affaissèrent.
 Cette vision ramena, brutalement, Delbeth à la réalité, où plutôt, l’entraina dans des abîmes sans fond. Voila qu’elle s’était mise à répéter, sur la même voix pleine d’incompréhension et le souffle court, inépuisable :
 - Pourquoi… ce sang… du sang… pourquoi… Jonnas…
 L’expression de satisfaction de Jonnas, mêlée à l’odeur de cadavre frais qui flottait dans l’air, s’était intensifiée.
 - Oui, c’est cela Delbeth. Laisse toi porter par les puissants courants de la folie ! Hais-moi ! Méprise-moi ! Et peut-être auras-tu ta vengeance, un jour.
 - Tue-moi ! Jonnas, je t’en supplie, tue-moi…
 L’homme laissa échapper un petit rictus.
 - Non Delbeth, je ne vais pas te tuer, répondit-il. Tu va vivre. Vis, et souvient toi de ce carnage comme la preuve que la folie des Hommes n’a pas de limite. Vis, Delbeth !
 Il marqua une pause et, pour la première fois depuis son arrivé, sembla hésité. Voyant que, de toute façon, la jeune femme ne l’écoutait pas, il continua :
 - Les Trois ont peut être raison, après tout. Il est temps pour nous de nous retirer, Delbeth. Adieu.
 Sur quoi Jonnas remit son heaume en place et, suivi de son compagnon, franchit le seuil de la porte, sans se retourné. La tempête faisait maintenant place au silence dans cette pièce, immaculé d’une lumière douce et chaleureuse. Pourtant, Delbeth n’arrivait toujours pas à comprendre. Les yeux rivés sur les cadavres des deux enfants, elle continuait de murmurer des paroles sans sens :
 - Tout ce sang... pourquoi… je ne veux plus voir cette image ! Disparais de ma tête, s’il te plaît ! hurlait-elle.
 Rien n’y faisait. Même les yeux fermés, l’image restait ancrée dans son esprit, comme un boulet rattaché à son corps par une lourde chaine indestructible. Elle ne pouvait plus le supporter.
 - Va-t-en ! Laisse-moi tranquille ! continua-t-elle avec une fureur grandissante.
 Et elle gratta ses yeux, gratta encore et encore, dans un espoir chimérique de voir la scène disparaître de sa conscience. Elle gratta jusqu’au sang, sa rage et sa haine l’immunisant contre la douleur. Mais l’image restait, sans qu’elle le comprenne, aussi clair qu’au commencement. Puis, dans sa folie excentrique, elle se les arracha. Le hurlement qui s’ensuivi fut au moins aussi inhumain, violent et barbare, que l’acte. Sa voix se déforma, tandis que son délire atteignait son apogée. Et tout s’arrêta. Le silence retomba, figeant la scène tel un tableau dépeignant une tragédie. Delbeth était inerte. Pourtant elle respirait encore, mais son esprit avait basculé dans le néant. Elle aurait pu rester des jours assise comme ça, sans bouger, puis mourir de faim et de soif avant de s’en rendre compte. Oui, elle était certainement déjà morte.


 

J'ai mis en gras les fautes d'orthographe et les morceaux les plus maladroits. Attention à l'impératif (comme souvent).
Quelques remarques globales : c'est pas mal, l'histoire est digne d'intérêt, elle est bien menée. Le style est plutôt sympa, malgré de nombreuses maladresses, et un peu trop de virgules à mon goût.

 

Je détaille quelques fautes :

 
Citation :

La panique et la peur, fussent-elles mêlées à l'horreur, s'empara d'elle.


"Fussent-elles" veut dire "même si elles étaient". Ici, ça n'a pas de sens.

 
Citation :

Delbeth, elle, ne savait pas comment réagir, pour peu qu'elle pouvait faire quoi que ce soit face à ça.


Comme la plupart (toutes ?) des expressions avec "que", "pour peur que" est suivi du subjonctif. Il faut donc mettre "pût" ou "ait pu".

 
Citation :

L'homme avança, d'un pas lourd et régulier, vers la jeune femme. Elle était de peu de force face à un tel colosse, dont les années de combat avaient fait de lui un grossier bloc de pierre.


"Dont" et "de lui" sont redondants. Soit tu enlèves "de lui", soit tu reformules "les années de combat ayant fait de lui un grossier bloc de pierre", par exemple.

 
Citation :

De quoi l'homme aux cheveux hirsute se retourna, lui adressa un sourire laissant transparaître ses dents pourries, puis continua d'avancer vers les deux enfants, apeurés, dans le coin. Le premier homme n'avait cependant pas apprécié cette attaque. Son poing s’abattit violement sur la jeune Delbeth qui, avec un tel choc, cracha une gerbe de sang avant d'aller s'étaler sur le mur de pierre puis de s’affaisser au sol, laissant une trace de liquide écarlate ruisselée tout du long.


"De quoi" : j'ai pas compris. "A la suite de quoi" tu voulais dire ?
"avec un tel choc" : c'est vraiment trop maladroit. Mieux vaut "sous un tel choc". Je ne suis pas très fan, mais au moins c'est correct.
"cracha une gerbe de sang [...] s'affaisser au sol" : la succession d'évènements ne va pas, en fait c'est le "avant" qui gâche tout. La gerbe de sang est crachée dans le mouvement (ou éventuellement après, comme un reflux). Là on s'imagine qu'elle crache du sang, et seulement après ça le choc la projette contre le mur. Ça ne colle pas.

 
Citation :

L’expression de satisfaction de Jonnas, mêlée à l’odeur de cadavre frais qui flottait dans l’air, s’était intensifiée.


Je ne comprends pas, comment une expression peut-elle être mêlée à une odeur ?

 
Citation :

Assez de sang pour tapisser les murs alentours d’un fluide carmin.


Là tu veux dire "Assez de sang pour tapisser les murs de sang". Remplacer par un synonyme ne change rien, il y a une répétition moche. J'enlèverais carrément la fin, "Assez de sang pour tapisser les murs alentour". On comprend bien ce que ça veut dire. On peut être plus précis (mais j'aime moins) : "Assez de sang pour en tapisser les murs alentour". Par ailleurs "alentour" est un adverbe et non un adjectif, j'avais pas vu cette faute.

 
Citation :

La tempête faisait maintenant place au silence dans cette pièce, immaculé d’une lumière douce et chaleureuse


Tu es sûr de savoir ce que signifie "immaculé" ? Là ça ne colle pas. Tu voulais dire quelque chose comme "baignée", je pense.

Message cité 2 fois
Message édité par Chou Andy le 20-10-2010 à 20:09:46
n°24329184
Lilska
Posté le 21-10-2010 à 00:09:46  profilanswer
 

Chou Andy a écrit :


 
J'ai mis en gras les fautes d'orthographe et les morceaux les plus maladroits. Attention à l'impératif (comme souvent).
Quelques remarques globales : c'est pas mal, l'histoire est digne d'intérêt, elle est bien menée. Le style est plutôt sympa, malgré de nombreuses maladresses, et un peu trop de virgules à mon goût.


 
Pour l'histoire des virgules c'est que je suis un grand fan de George R.R Martin donc j'ai tendance à m'en inspiré, avec moins de réussite :sweat: Je vais les limiter par la suite merci !
 

Citation :


Citation :

La tempête faisait maintenant place au silence dans cette pièce, immaculé d’une lumière douce et chaleureuse


Tu es sûr de savoir ce que signifie "immaculé" ? Là ça ne colle pas. Tu voulais dire quelque chose comme "baignée", je pense.


 En effet je voulais dire "baignée", et j'ai du faire un lapsus avec "immergé" je pense car immaculé ça veut effectivement rien dire dans ce contexte  :??:  
 
Merci pour la correction des maladresses et le temps que tu y as passé  :jap:

n°24331077
Lilska
Posté le 21-10-2010 à 10:36:26  profilanswer
 

Chou Andy a écrit :


Citation :

Son poing s’abattit violement sur la jeune Delbeth qui, avec un tel choc, cracha une gerbe de sang avant d'aller s'étaler sur le mur de pierre puis de s’affaisser au sol, laissant une trace de liquide écarlate ruisselée tout du long.


"De quoi" : j'ai pas compris. "A la suite de quoi" tu voulais dire ?
"avec un tel choc" : c'est vraiment trop maladroit. Mieux vaut "sous un tel choc". Je ne suis pas très fan, mais au moins c'est correct.
"cracha une gerbe de sang [...] s'affaisser au sol" : la succession d'évènements ne va pas, en fait c'est le "avant" qui gâche tout. La gerbe de sang est crachée dans le mouvement (ou éventuellement après, comme un reflux). Là on s'imagine qu'elle crache du sang, et seulement après ça le choc la projette contre le mur. Ça ne colle pas.


 
J'ai vraiment du mal à reformuler ce passage. Voila comment je l'ai changé :
 

Citation :

Son poing s’abattit violement sur la jeune Delbeth qui fût projetée contre le mur de pierre, laissant échapper une gerbe de sang. Elle s’affaissa lentement, à demi-inconsciente, une trace de liquide écarlate ruisselante dans son sillage.


 

n°24377624
The Smokin​g Man
Distributeur de rage
Posté le 25-10-2010 à 20:23:09  profilanswer
 

Je suis probablement bête, mais je me demandais quelque chose par rapport au cachet de la Poste pour faire valoir ses droits concernant son manuscrit.
 
Il faut donc faire deux manuscrits ? Un que l'on s'envoie soi-même, et un autre que l'on envoie aux maisons d'éditions ? Ou bien faut-il envoyer son manuscrit cacheté par la Poste ?  
Merci de m'enlever ce doute...

n°24383372
Merome
Chef des blorks
Posté le 26-10-2010 à 13:10:49  profilanswer
 

The Smoking Man a écrit :

Je suis probablement bête, mais je me demandais quelque chose par rapport au cachet de la Poste pour faire valoir ses droits concernant son manuscrit.
 
Il faut donc faire deux manuscrits ? Un que l'on s'envoie soi-même, et un autre que l'on envoie aux maisons d'éditions ? Ou bien faut-il envoyer son manuscrit cacheté par la Poste ?  
Merci de m'enlever ce doute...


 
On s'envoie le manuscrit en recommandé, et on ne l'ouvre pas, on garde ça dans un coin pour le cas où on devrait prouver l'antériorité de ton oeuvre.


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Ceci n'est pas une démocratie
n°24423562
The Smokin​g Man
Distributeur de rage
Posté le 29-10-2010 à 21:20:15  profilanswer
 

Ouais, c'est bien ce que je me disais. Merci pour la confirmation !

n°24509819
Fitzal
Posté le 07-11-2010 à 05:23:27  profilanswer
 

Lilska a écrit :


 
J'ai vraiment du mal à reformuler ce passage. Voila comment je l'ai changé :
 

Citation :

Son poing s’abattit violement sur la jeune Delbeth qui fût projetée contre le mur de pierre, laissant échapper une gerbe de sang. Elle s’affaissa lentement, à demi-inconsciente, une trace de liquide écarlate ruisselante dans son sillage.


 


 
 
J'aurais écrit :

Citation :

Son poing s'abattit avec violence sur la jeune Delbeth, la projetant contre le mur. Elle laissa échapper une gerbe de sang et s'affaissa lentement, à demi consciente, un filet de liquide écarlate ruisselant ...


 
D'ailleurs, je ne comprends pas bien la fin de la phrase : il y a du sang sur le mur et il dégouline ou bien alors c'est elle qui saigne ?
Aussi, je pense que "trace" ne convient pas dans ce cas : c'est la marque que laisse quelque chose, ici le sang. Ce n'est pas la marque qui coule, c'est le sang lui même.
 

n°24599296
La Monne
Administrateur
Tu dois rompre.
Posté le 15-11-2010 à 23:30:49  profilanswer
 

Yo :o
Je viens de voir que le premier post est assez vieux, si quelqu'un veut reprendre le topic, qu'il me fasse signe


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Lu et approuvé.
n°24599342
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 15-11-2010 à 23:37:15  profilanswer
 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/6/63/NoNoNanette.jpg


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°24599430
La Monne
Administrateur
Tu dois rompre.
Posté le 15-11-2010 à 23:51:07  profilanswer
 

Et le premier candidat est une candidate  [:cmonchx]


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Lu et approuvé.
n°24599522
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 16-11-2010 à 00:03:18  profilanswer
 

:non:
http://jacquesclouseau.free.fr/uploaded_images/Mission_impossible_SJET8035-777952.jpg


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°24599670
Blanchet
Posté le 16-11-2010 à 00:29:13  profilanswer
 

Voici le début d'un texte que je publie.  
Pour le retrouver il suffit de rechercher le titre sur google.
Je compte en publier une quarantaine de pages ici.  
N'hésitez pas à me dire si ça vous plaît!  
 
A pluch
 
 
Dans l’ombre des portes    
 
Laissons la lumière aux sauveurs de mondes et aux libérateurs de princesses.    
Pour nous, les ombres de Tiramon, il reste la fierté du devoir accompli.    
   
Prologue    
 
Comme chaque jour, depuis qu’il était en âge de marcher, il travaillait aux champs.    
Il avait grandi et s’était épaissi au fil des années. Il avait trouvé une femme et de leur union était né son premier fils. Aujourd’hui, elle portait leur second enfant.    
Ce paysan était un homme heureux… Il ressentait un bonheur simple que seuls peuvent vivre les gens dont le monde oubliera l’existence.    
La journée avait été longue. L’homme était sur le chemin de retour quand des hurlements en provenance du village brisèrent le calme habituel du crépuscule. Brusquement, la sérénité de l’homme s’évanouit. Son cœur se serra à l’idée que sa famille puisse être en danger.    
Il posa ses outils au sol à l’exception de sa fourche,  et avança en direction des maisons.    
Il avait fait quelques pas lorsque  son attention fut attirée par des bruits derrière lui. Il était en train de se retourner lorsque la main de l’ermite qui vivait près du village se referma sur son bras. Le vieillard, le regard rougit par les larmes, murmura à l’homme que le village était en proie à la rage de deux trolls affamés.    
L’ermite ne lui laissait aucun espoir de retrouver vivant  un seul autre témoin de la scène. D’après le vieil homme, aucune personne présente au moment de l’attaque n’avait eu la chance de pouvoir s’enfuir. Il assura même avoir aperçu le cadavre de la compagne du paysan.    
Pourquoi ne pas fuir ? Un fol espoir retenait l’homme : celui de sauver son enfant.      
Par miracle, il avait peut-être été épargné… Le paysan se remit en route vers le village dans un état de tension extrême. Quand il arriva, la nuit était tombée. Tout était désormais silencieux. Une maison avait pris feu et des corps sans vie, parfois dépecés, jonchaient les ruelles. Tout était en ruine.  La communauté, hier paisible et joyeuse, venait d’être anéantie.    
Un sentiment d’horreur s’était emparé de l’homme. Son émotion troublait ses gestes et son jugement. Il était sur le point de tourner les talons quand il aperçut sa femme, gisant dans une mare de sang, le visage tourné vers le ciel. L’homme sentit sa terreur se muer en rage. Il ne s’était jamais plaint de son destin, il n’avait jamais fui les difficultés, il n’avait jamais offensé qui que ce soit et avait toujours prié les dieux, pourquoi son existence était-elle donc en miettes ?    
A cet instant, l’espoir de retrouver son fils vivant était la dernière chose qui le raccrochait à la vie. Il se rapprocha encore de sa demeure. Il tourna à l’angle de sa ruelle et s’apprêta à parcourir les derniers mètres qui le séparaient de chez lui, lorsqu’il découvrit, dans la pénombre, un troll occupé à dévorer le bras d’un cadavre. Cette créature faisait plus de trois mètres de haut, elle était couverte de poils et des bras d’une longueur disproportionnée se balançaient le long de son corps. Ses mains griffues semblaient capables de saisir le tronc d’un homme et sa face bouffonne ressemblait à celle d’un ours enlaidie d’un énorme groin.    
Tout à coup, le Troll releva la tête et la tourna vers le paysan. Il ouvrit la gueule et un cri puissant résonna dans la nuit. Le monstre chargea et l’homme leva sa fourche, défiant courageusement cet adversaire trop puissant. Avec une dextérité inespérée, l’homme parvint à suivre les changements de trajectoire du troll et lui enfonça profondément la fourche dans la cuisse. Le choc fut si violent qu’un homme touché ainsi aurait immédiatement cessé le combat, mais les trolls sont des créatures bien plus coriaces : la blessure ne retarda même pas l’attaque de celui-ci. Il griffa sauvagement le fermier au niveau du thorax. Le sang jaillit à gros bouillon des artères tranchées et l’homme s’effondra, mort. Le troll retourna à son repas.    
   
Un couple dépareillé    
 
Par un clair matin de printemps où la rosée emplissait encore l’air, deux grandes silhouettes parcouraient les champs.    
La première appartenait à un elfe sombre du nom de Kali. Il arborait sa toge de mage noir aux reflets dorés et un sourire charmeur. Il semblait tellement fier et décontracté qu’un passant l’aurait pris pour un seigneur elfe se rendant à quelque rendez-vous galant.      
La seconde était celle d’un homme-ours à l’origine incertaine répondant au nom d’Haaken. Il était vêtu, ce jour-là comme les autres, d’une cotte de mailles et d’un long manteau de voyageur. Il avait encoché une flèche sur son arc long. Haaken était d’une stature nettement supérieure à la moyenne des hommes. Ses mouvements rapides et précis ne laissaient aucun doute sur sa longue expérience des champs de bataille mais son visage avait encore la fraicheur de la jeunesse.    
Trois cavaliers sortirent d’un petit bosquet que le duo venait de dépasser.    
- Des orcs des armées de Dénéthor, annonça calmement Haaken à Kali. Je commence par celui de devant.    
Il décocha sa flèche. Le premier orc tomba, transpercé au niveau de la gorge. Les deux autres chargèrent, espérant arriver au contact avant que le guerrier ait fini de réarmer.    
- Et pendant que tu y es, tu t’occuperas aussi des deux autres, je ne vais pas sacrifier mes pouvoirs à chasser les mouches !    
Le guerrier foudroya le mage du regard tout en achevant d’encocher son second trait    
-Mage ou pas, tu vas arrêter de prendre cet air supérieur, Kali.    
Tu perds peut-être du pouvoir mais moi, je perds des flèches…    
Il tira pour la seconde fois alors que les chevaux n’avaient parcouru que la moitié de la distance.    
Un autre orc tomba, une flèche fichée dans l’œil. D’un geste vif, le guerrier rechargea à nouveau mais le troisième orc fit demi-tour. Contre toute attente, Haaken tourna son arme vers Kali et lui dit froidement :    
- Kali, lance-lui un sort, c’est un ordre, cette mission n’est pas terminée et il va aller prévenir les autres.    
Le sourire de Kali se mua en un rictus amer. Il n’appréciait visiblement pas d’avoir une arme braquée sur lui. Il marmonna quelques syllabes et une sphère enflammée apparût dans sa main. Il fit mine de la lancer sur Haaken, puis, modifiant habilement son mouvement au dernier moment, l’envoya en direction de l’orc qui fuyait désormais au grand galop. En moins de deux battements de cœur, le globe fût sur l’orc et une explosion puissante emporta le cavalier et sa monture.    
- Alors, tu es content ? Ce sort aurait pu en tuer dix comme lui, déclara Kali en enfourchant le cheval le plus proche.    
- Je suis d’accord avec toi, Kali, tu aurais donc mieux fait d’employer un tour moins puissant, répondit Haaken, en allant chercher son cheval un peu plus loin.    
Mais Kali aimait avoir le dernier mot et conclût la conversation    
- Arrête de me faire la morale, Haaken. J’ai vraiment hâte que tout ça soit fini… j’en ai vraiment assez de t’avoir sur le dos. Tu m’exaspères.    
   
C’est dans cet état d’esprit échauffé que le couple découvrit alors un village dévasté.    
Les ruines fumaient encore et un grand nombre de cadavres à moitié dévorés gisaient dans les ruelles…    
- Ne restons pas là, Haaken, dit Kali. Comme tu l’as dit, nous avons une mission à terminer. Je n’aimerais vraiment pas croiser les bêtes qui ont fait ça !      
A peine Kali avait-il terminé sa phrase qu’un cri de détresse s’éleva d’une des maisons détruites. Il s’agissait d’une voix d’enfant et Kali savait déjà que cet appel ne pouvait pas laisser Haaken indifférent. Sans même lui adresser un regard, le guerrier descendit de cheval et dégaina ses armes de corps à corps : une épée large et un grand bouclier. Des grognements monstrueux s’élevèrent des ruines de la maison d’où l’enfant avait crié. Haaken hurla à son tour pour attirer l’attention, préférant affronter ses adversaires à découvert. En fixant attentivement l’intérieur de la maison, il reconnut une forme et s’en étonna :    
- Kali, je ne comprends pas : ce sont des trolls…je croyais que la lumière du jour les transformaient en pierres.    
- Pas toujours, répondit Kali d’un ton sombre, mais ça n’est pas du tout bon signe, je suis désolé pour le gamin, mais on devrait…    
L’un des trolls interrompit la phrase du mage en défonçant l’encart de la porte de la maison pour se ruer sur Haaken.    
L’autre bête restait en retrait. Il était manifestement trop tard pour qu’Haaken évitât le combat et Kali avait trop besoin de cet allié pour rapporter l’objet de leur quête à Tiramon. Kali prépara donc un sort de brisure d’os pendant que le monstre et Haaken engageaient le combat.    
Haaken nota que le monstre ne portait pas d’arme, ce qui était plutôt un handicap pour lui : il ne savait pas si la bête allait l’attaquer de ses griffes acérées ou tenter de le mordre.    
Durant quelques secondes, Haaken tourna autour du troll, évitant quelques attaques. Profitant de ce répit, Kali lança son maléfice mais le troll y résista.      
- Economise-toi, Kali, dit Haaken, je pense que je vais m’en sortir.    
Fais plutôt attention au second monstre, je crois qu’il t’a vu.      
Effectivement, l’autre troll avait disparu et tentait vraisemblablement de prendre Kali à revers. Le mage fit demi-tour en emmenant les deux chevaux.    
Kali aperçut le second troll qui le suivait. Il décida de fuir du village pour l’attirer derrière lui.    
A cheval, il pensait qu’il lui serait facile de distancer le monstre pour revenir ensuite. Mais sa manœuvre allait prendre du temps et Kali se prit à espérer qu’Haaken n’avait pas été trop optimiste.    
Pendant les premiers instants du combat, Haaken se contenta de défendre et de jauger son adversaire. Il avait affronté de nombreux ennemis, mais peu de créatures dotées d’une telle force. Les coups du troll avaient une telle puissance qu’Haaken ne pouvait les bloquer. Il était donc contraint d’esquiver encore et encore. Par contre, le troll était assez lent et ses attaques étaient peu variées.    
Dès qu’il fut en mesure d’anticiper les mouvements de la créature, Haaken passa à l’offensive. Au moment où la bête relevait une nouvelle fois ses bras avec l’intention de les rabattre sur lui, Haaken bondit en avant et frappa à proximité du cœur.    
Sa lame franchit le cuir  et s’enfonça profondément, manquant même de rester coincée dans l’un des os.    
Pour aggraver la plaie, Haaken se décala sur le côté et ressortit son arme en tranchant profondément le flanc de la bête. Le troll rugit de douleur en se replaçant face à lui.    
L’impact psychologique de ce premier choc fut immédiat : la bête réalisa que la blessure occasionnée par son adversaire était grave, et la fébrilité s’empara d’elle. Au contraire, Haaken, en guerrier expérimenté, ne perdit pas sa concentration à la suite de cette première réussite. Sauf incident, la victoire n’était plus qu’une question de temps.    
Le troll même gravement blessé n’était pourtant pas sans défense. La mise à mort dura de longues minutes. Le troll finit par s’effondrer, tranché et transpercé de multiples manières, non sans avoir infligé à Haaken quelques griffures bénignes.    
Haaken l’acheva puis entra dans la maison.    
Un enfant d’une dizaine d’années était recroquevillé dans un coin, sain et sauf. Ses mains tenaient vaillamment un petit couteau.    
Haaken le souleva calmement et sortit de la maison.    
C’est à ce moment que Kali, le regard affolé et le bras gauche ensanglanté, revint en galopant vers Haaken.    
- Vite, vite, l’autre est juste derrière, tu ne veux pas te battre contre lui aussi quand même ?    
Haaken assit rapidement l’enfant sur le cheval et monta derrière lui. A peine étaient-ils en selle que l’animal se lança au galop en hennissant. Il semblait à peu près aussi terrorisé que Kali.    
- Et mes parents? Murmura l’enfant, ils sont blessés, je les ai vus.    
- Tes parents sont morts, affirma Haaken d’un ton grave.    
Il n’en était évidemment pas certain mais il valait mieux que le petit le considérât.    
Haaken préférait épargner bien des ennuis à l’enfant en balayant d’emblée chez lui tout espoir de retrouvailles. Entre les armées orcs et les monstres, la région semblait en effet bien trop hostile pour un enfant.    
 
Les jours suivants, Haaken consacra beaucoup d’attention à l’orphelin dont le nom était Syl. Bien plus qu’un simple guerrier, Haaken était un aventurier expérimenté. Il était initié aux ruses des voleurs autant qu’à l’art du combat. Sa dévotion au Phœnix Renaissant, la divinité la plus saine du feu, lui conférait même certains pouvoirs mineurs de soins et de lumière. Comme Haaken avait constaté que Syl était en état de choc, il fit preuve d’une grande douceur, essayant de le faire rire et de jouer avec lui. Cette attitude fut efficace puisque l’enfant sortit peu à peu de son mutisme. Trois semaines de voyage suivirent durant lesquelles, chaque soir, Haaken et Syl jouaient à cache-cache, prétexte à l’enseignement de méthodes de dissimulation.
Kali restait à l’écart, jetant régulièrement des regards méprisants à Haaken.
Une nuit, Syl fut réveillé par une discussion houleuse entre les deux compères :
- Le petit nous encombre, nous perdons du temps… On devrait le laisser dans le prochain village qu’on croisera, dit Kali d’une voix tintée d’énervement.
- Je suis désolé pour la blessure que t’a infligée le troll, mais, objectivement, le petit n’est pas un fardeau notable, répliqua Haaken. Je ne comprends pas pourquoi sa présence te dérange.
- Haaken, combien de fois m’as-tu fait la morale sur le fait que notre mission doit être notre seule préoccupation ? Je ne suis pas sûr qu’Olendata et Lonel trouveraient normal que tu ramasses tous les marmots que la misère met sur ta route. Et puis, que comptes-tu faire de lui? Un esclave, peut-être ?
- Tu as trop bu. Toi, tu serais sûrement assez minable pour faire ça à un orphelin. Mais pas moi.
- Bien sûr, tu n’es pas un vulgaire bandit de grand chemin. Tu es Haaken le magnifique. Un bon, un juste, un « sans reproche ». Kali marqua une pause avant de poursuivre d’une voix bien plus sarcastique. Rappelle-moi donc ce que tu as fait à la reine de Kotobel.
- Que vient-elle faire dans notre conversation ? Tu sais t’y prendre pour remuer les fosses à purin, répondit Haaken à la fois outré et menaçant. Tu es satisfait de toi, j’espère, Kali. Comment l’as-tu appris ?
- J’ai mes informateurs… Puisqu’on aborde ce sujet, raconte-moi donc ta version de ce qui s’est passé ce soir-là…
- Non, toi, dis-le-moi. Je ne parlerai pas de ça sans être certain que tu sais vraiment l’essentiel de cette histoire. Tu sais si bien prêcher le faux pour apprendre le vrai !
- On dit que l’assassin de la reine fut d’une violence immonde. Tu as même été banni de plusieurs contrées à cause de celà. Aucun de mes crimes n’est comparable. Comment peux-tu me traiter de minable en me regardant dans les yeux?  
- Je ne te dirai rien de plus, tu sais déjà ce que tu as envie de savoir, conclut Haaken d’une voix plus retenue. Sache que la journée dont tu parles me hantera jusqu’à la mort. Mais n’oublie pas que je prie le Phœnix, une déité purificatrice. Que ça te plaise ou non, je garde l’enfant jusqu’à Tiramon. Je te rassure, noble elfe noir, suppôt de la maléfique araignée, il ne sera jamais mon esclave…
Et avant que Kali ait pu rétorquer quoique ce soit, Haaken mit fin à la conversation en déclarant : « Je vais me coucher. »
Entendant Haaken revenir, Syl se retourna et fit semblant de dormir.
Il n’était pas sûr d’avoir tout compris, mais Haaken devait avoir fait quelque chose d’affreux. Pourtant, Haaken était la seule personne encore vivante qui s’intéressât un peu à lui. Cette nuit-là, Syl fut traversé par un ensemble de sentiments bien difficilement supportables pour un enfant de dix ans: de tous, la solitude était bien le pire… Pourtant, il décida avant de s’endormir qu’il ne ferait dorénavant confiance qu’à lui-même. Les autres, quels qu’ils soient, étaient un danger. Il fallait s’en protéger pour survivre.
 
 
Les jours suivants, Syl se mura dans un silence total qui inquiéta Haaken. Aux heures de repas, Syl ne venait jamais et lui imposait de le chercher. Ce qui devint de plus en plus difficile au fil du temps. Pourtant, Syl n’abandonna pas le tandem.  
 
Arrivée à Tiramon
 
Un mois et demi de voyage s’était écoulé lorsque les faubourgs de Tiramon se dessinèrent au loin. Syl était encore trop jeune pour noter que les maisons des faubourgs de la ville étaient nettement plus hautes que celles de son village. Il fut par contre en mesure de se rendre compte rapidement que l’étendue de la cité était bien plus grande que celle de son village. Les trois voyageurs descendaient une montagne qui surplombait la ville. Une forêt dense les séparait encore de leur objectif. La route qu’ils empruntaient plongeait dans la masse végétale quelques centaines de mètres plus bas.
Kali et Haaken avaient stoppé leur monture et admiraient le paysage. Alors qu’ils se préparaient à reprendre la route, Haaken se tourna vers Kali et lui demanda :
- Que penses-tu des gobelins qui campent dans la forêt ?
Haaken tendit la main vers les arbres et Kali remarqua effectivement des mouvements.
- Crois-tu qu’ils sont là pour nous ? continua Haaken
- J’aimerais bien aller leur demander mais Dénéthor, le mage auquel nous avons dérobé la sphère, est un devin, il n’a rien dû laisser au hasard. Si ces gobelins sont là pour nous, ils doivent être assez dangereux pour nous éliminer.
Kali regarda alors Haaken avec un petit sourire en coin. Il entra sa main dans sa robe et en ressortit un talisman aux formes complexes.
- Sais-tu ce que c’est ?
- Non, je n’en ai pas la moindre idée…
- C’est un embrouilleur
Haaken hocha la tête cherchant dans sa mémoire la signification de ce mot. Tout à coup, son visage s’assombrit : il venait de se rappeler la signification de ce nom.  
- Comment as-tu eu ça ? Demanda Haaken à Kali. C’est un objet magique empêchant les prophéties, c’est ça ?
- Effectivement : l’embrouilleur tient son nom de sa capacité à empêcher les visions. Si cela peut te rassurer, je ne l’ai pas chapardé, c’est notre gentille mécène Olendata qui me l’a confié, ironisa Kali
- Comment un tel objet peut-il fonctionner ? Et pourquoi attends-tu seulement maintenant pour l’utiliser ? Si Dénéthor est vraiment un devin, pourquoi ne nous a-t-il pas attrapés quand nous étions chez lui ?
- Dénéthor n’aurait pas pu savoir avec certitude qui nous envoyait s’il nous avait fait prendre chez lui. Quant à l’embrouilleur, je t’avoue que mes connaissances en magie ne me permettent pas de comprendre la nature exacte de son pouvoir.  
Les aveux d’incompétence de Kali étaient rares et Haaken décida d’en rester là. Pourtant, une dernière question s’imposa d’elle-même :  
- Dénéthor est-il en mesure de voir plus loin, après la fin des effets de l’Embrouilleur ?  
- C’est effectivement le problème reconnut Kali. Nous n’avons que trois heures pour atteindre Tiramon et Olendata. Je suis sûr que les visions de Dénéthor ne passent pas les portes de la cité. Par contre, il est fortement probable que nous serons tués si nous ne franchissons pas les passages éthérés dans le temps imparti.
Kali lança le sort de l’embrouilleur. Lorsqu’il acheva son incantation, le ciel sembla s’éteindre pendant une seconde. Comprenant que le compte à rebours venait de commencer, Haaken et Kali s’élancèrent au galop vers la cité. Alors qu’ils se rapprochaient de l’embuscade tendue par les gobelins, Haaken fit signe à Syl de se taire et le groupe quitta la route afin de prendre au dépourvu les gnomes dégénérés.
 
 
 
Les deux mercenaires furent surpris par la taille de la troupe qui les attendait. Ils distinguaient plus d’une vingtaine de gobelins dans leur champ de vision, ce qui leur fit penser que la totalité de la troupe était deux à trois fois plus importante.  
Ils avaient peu de temps devant eux, mais Dénéthor avait sûrement semé d’autres obstacles sur leur route et les gobelins connaissaient peut-être leur nature. Il était donc important de tenter de leur soutirer le plus possible d’informations.  
 
 
Haaken finit par distinguer un gobelin plus massif que les autres, et dont la parure indiquait ostensiblement la haute naissance. Il s’agissait sans doute possible d’un hobgobelin, fils de la lignée des rois gobelins. Le plan que le duo mit en place était simple : Kali conféra à Haaken l’apparence d’un petit gobelin. Ainsi camouflé, le guerrier devait se glisser dans le camp jusqu’au chef, le capturer et le ramener, protégé par les sorts de Kali.
Malheureusement, tous les plans nécessitent une part de chance pour aboutir, et, cette fois-ci, le tandem en manqua : Haaken dépassa une trentaine de guerriers gobelins lorsque l’un d’entre eux lui adressa la parole. Haaken ne pouvait pas comprendre, il essaya de passer son chemin en l’ignorant. Ce n’était apparemment pas la réaction attendue puisqu’une quinzaine de gobelins tirèrent leurs armes. Voyant que la situation leur échappait, Kali commença à invoquer un sort de grande ampleur afin d’effrayer la horde. Pendant ce temps, Haaken s’adossa à un rocher et entama un combat périlleux. Syl observait la scène qui devint peu à peu surréaliste. Haaken, qui avait repris son apparence normale, était contraint de parer plus d’une dizaine de coups chaque fois qu’il voulait attaquer. Mais cette situation ne l’empêchait nullement de tuer systématiquement. Près d’une dizaine de gobelins étaient déjà au sol quand le sort de Kali commença à prendre effet : le ciel se couvrit rapidement d’épais nuages, puis, quelques secondes plus tard, une pluie de braises s’abattit sur la horde.
Haaken était au milieu de la pluie et les tisons ricochaient sur ses épaules. Contrairement aux gobelins, il gardait son calme. Le chef des gobelins avait compris depuis longtemps que les assaillants étaient ses cibles, il vint donc combattre l’homme pour tenter de le retenir le temps que ses troupes se ressaisissent. Ce fut une erreur terrible puisque Haaken le désarma à l’instant où ils croisèrent le fer. Dans la foulée, l’aventurier assomma le gobelin. Il le jeta sur ses épaules et commença à courir alors que les flèches fusaient autour de lui. Deux d’entre elles touchèrent l’hobgobelin et le blessèrent légèrement. Pendant ce temps, Kali ne resta pas inactif : il lança un sort de mur de feu entre Haaken et les archers. La pluie enflammée et le mur finirent d’ailleurs par déclencher un incendie qui couvrit la fuite des mercenaires.  
Haaken avait installé Syl sur la selle de Kali et était lui-même monté avec l’hobgobelin. Ils traversèrent la forêt, semant définitivement leurs poursuivants, ils ne firent halte qu’à la lisière pour interroger l’hobgobelin.
Un interrogatoire est souvent un moment pénible, même en tant que témoin. Syl était bien trop jeune pour assister à une telle scène. Il fut profondément choqué par l’inhumanité que déployèrent Kali et Haaken. Malheureusement, ces derniers savaient que le temps jouait contre eux et leurs sentiments pour les gobelins n’étaient guère différents de ceux qu’ils éprouvaient pour les cafards et les blattes. Pour commencer, Haaken attacha le gobelin et le réveilla en le frappant de plusieurs coups de pied. Pour briser le mutisme dans lequel le gobelin s’était muré, Kali le brûla avec une torche, puis le taillada avec une dague. Mais cela n’était pas suffisant : le prince gobelin gardait fièrement le silence. Révolté par leur brutalité de ses protecteurs, Syl se mit à hurler et pleurer. En réponse, Haaken déclara d’un ton irrité qu’il était temps de se remettre en route. Une fois n’est pas coutume, Kali prit Syl par la main et l’installa sur son cheval.
Dès que Kali et Syl furent parti, Haaken revint près du gobelin attaché. Il dit à la créature, dans un demi-sourire :
- C’est bien, tu as résisté à la torture, maintenant je vais te tuer de dépit, et on verra auprès de qui tu pourras t’en vanter.
Haaken tira son épée et se rapprocha. Puis il saisit le gobelin par les cheveux et se prépara à le frapper quand ce-dernier rompit le silence.
- A proximité de la porte de Tiramon, deux tireurs d’élite attendent un groupe composé d’un mage, un guerrier et un enfant. Ils sont postés la-bas depuis une dizaine de jours. Je ne sais rien de plus..
Haaken n’avait plus aucune raison de tuer l’hobgobelin. Bien sûr, celui-ci pouvait mentir, mais peu de gobelins ont assez de courage pour le faire quand leur vie en dépend.  
 
 
Malgré toute la grandeur politique de Tiramon, les faubourgs de la cité sont quelconques. Ce sont des successions de maisons à deux ou trois étages plus ou moins étendues. Les rues sont petites, sommairement entretenues et rarement dallées.Tiramon est décrite par les géographes d’une multitude de mondes et il est donc nécessaire de préciser la nature de la cité : Tiramon est un carrefour éthéré. La légende veut qu’un Titan du nom de Samatar ait élu domicile dans une antre du plan des dieux dont chaque issue menait vers un univers distinct. Le peuple des Ozguls, réputé pour sa vaillance, l’aurait défié et vaincu. Il se serait emparé de son antre afin d’y établir sa capitale. Derrière le mythe, il semble en fait que les mages Ozguls aient atteint à une époque un niveau de connaissance magique unique. Ce savoir leur aurait permis d’installer leur ville au carrefour de plusieurs mondes.
Les faubourgs de la cité sont donc différents selon le monde de provenance du voyageur. Nulle porte ne protège de l’entrée dans ces faubourgs. Par contre, il faut franchir une porte éthérée pour arriver dans la ville elle-même. Ces portes sont étranges pour le visiteur sans savoir. Bien que gardées par une escouade de gardes, on peut en faire le tour et elles semblent n’être qu’un ornement de la cité. Par contre, le voyageur cultivé demande qu’on les lui ouvre moyennant une taxe raisonnable.  
 
 
Le problème principal d’Haaken et Kali consistait à franchir la porte de Tiramon avant la fin de l’effet de l’embrouilleur et il ne leur restait qu’une demi-heure quand ils arrivèrent aux faubourgs.  
Des tireurs d’élite les attendaient, et Kali n’avait plus de pouvoir pour dissimuler leur apparence. Haaken était épuisé et n’avait plus l’énergie d’aller les trouver pour les affronter, il n’en avait d’ailleurs probablement pas le temps. L’idéal aurait été de franchir les portes dans un carrosse mais ce moyen de transport était interdit aux particuliers. Seules les caravanes de marchandises avaient l’autorisation d’aller et venir librement dans la cité.  
La situation sembla soudain complexe aux deux compères.
Ils remarquèrent alors une caravane de vignerons qui parcourait les faubourgs en direction de la porte éthérée. Elle progressait lentement à cause des conditions de trafic catastrophiques ce matin-là et de l’ébriété avancée des négociants… Ceux-ci s’arrêtaient d’ailleurs fréquemment pour tenter de vendre une partie de leur chargement aux auberges des faubourgs.
Haaken et Kali avaient encore une carte dans leur manche : leurs bourses pleines d’or.
Pris d’une inspiration soudaine, Kali fonça dans une herboristerie, et en ressortit avec une fiole.
Il s’adressa à Haaken avec un sourire radieux.
- Que diriez-vous, maître ivrogne, de passer les portes noyé dans la vinasse ?
- Je n’ai rien contre, répondit Haaken lui rendant son sourire, mais pourrais-tu m’expliquer quel est ton plan ?
- Ceci est une potion permettant de respirer dans l’eau…mais aussi dans tous les liquides, dit Kali en tendant vers Haaken et Syl la fiole qu’il venait d’acheter. Nous en avons assez pour nous deux et l’avorton. S’il te reste assez d’or pour convaincre les négociants de nous laisser une place dans un tonneau de leur meilleur vin, je suppose que nous passerons les portes sans encombre. Peu de gardes oseraient souiller un grand cru à la recherche de clandestins... Et même s’ils nous découvraient de l’autre coté, ce ne serait pas bien grave puisque nous sommes au service de la ville.  
Le chef des négociants était facile à reconnaitre : il avait la plus forte voix de tous et ses beuglements graves dépassaient le brouhaha ambiant. Le stress de l’embouteillage et l’alcool rendaient son visage tellement rouge qu’il semblait maquillé.
Haaken et Syl descendirent de cheval devant lui. A ce moment, la porte était encore à une cinquantaine de mètres de l’avant de la caravane et il ne restait plus que quelques minutes avant la fin de l’effet de l’embrouilleur. Le timing était extrêmement serré. Haaken savait que beaucoup de choses dépendaient d’une réponse rapide et positive du négociant. Il arbora le sourire le plus joyeux qu’il avait à sa disposition et s’adressa au chef de la caravane.
- Maître négociant, je souhaiterais faire une plaisanterie à l’un de mes amis qui garde les portes à l’intérieur de la cité. Je viens d’accomplir une mission pour la ville et j’ai parié que je reviendrai d’une manière qui le surprendrait. Je sollicite votre concours : je voudrais sortir avec mes amis d’un de vos plus beaux fûts. L’effet serait garanti !
La proposition ne semblait pas du goût du négociant dont le visage devint encore plus écarlate.
- Guerrier, tu ne te rends même pas compte que ta plaisanterie puérile sacrifierait un breuvage dont même ta langue n’est pas digne. Tu n’aurais d’ailleurs probablement pas de quoi m’acheter un malheureux verre de mon précieux nectar.
- Si c’est un problème d’argent, ne vous inquiétez pas. Je vous paierai de mes deux chevaux et de dix pièces d’or.
Le négociant se calma instantanément et prit un air confus.
- Monseigneur…Oh excusez-moi, Monseigneur. Mais comment aurais-je pu savoir ? Vous masquez si bien votre apparence que je vous prenais pour l’un de ces mercenaires étrangers.
Haaken était effectivement un mercenaire étranger servant Tiramon mais il n’avait pas le temps de bavarder ni de son statut, ni de l’état de ses finances. Il paya rapidement, appela Kali qui donna son cheval sans se plaindre. Le duo et l’enfant burent la potion et entrèrent dans une volumineuse barrique. Les dernières minutes avant l’atteinte des portes semblèrent durer une éternité à Haaken et Kali. Les potions permettaient aux trois de respirer comme si le vin était fait d’air. Mais les vapeurs et la diffusion de l’alcool leur tournèrent la tête. A peine les portes franchies, le tonneau fut ouvert et le négociant leur dit de sortir. Contre toute attente, même si les trois avaient effectivement atteint l’autre côté de la porte, ils n’étaient toujours pas en sécurité : une escouade de gardes pointait leurs arbalètes vers eux.  
Malgré la situation tendue et l’inconfort qu’il ressentait dans ses vêtements imbibés de vins, Syl ne put réprimer une exclamation d’émerveillement quand Haaken le fit sortir du fût : la cité apparaissait désormais dans toute sa magnificence à ses jeunes yeux enivrés. L’architecture du cœur de la ville était tout à fait différente de celle des faubourgs. Les maisons étaient de toute beauté, œuvres de maîtres architectes. L’esthétique semblait être l’une des préoccupations majeures des habitants de la ville et quelle que soit la direction où portait le regard, il rencontrait forcément une des innombrables statues, arcades ou fontaines ornementales. La ville était surplombée d’un ciel vert pâle aussi lumineux que si l’été régnait sur la ville. En revanche, malgré l’importante luminosité, aucun soleil n’était visible dans le ciel.  
 
 
Le chef du groupe de gardes s’adressa à eux sur un ton extrêmement froid.  
- Vous avez délibérément tenté de franchir les portes sans autorisation, j’aimerais connaître le fin mot de l’histoire dans la mesure où vous ne vouliez sûrement pas me faire une « plaisanterie ».
- Nous avons été envoyés en mission par les Yeux, répondit Haaken d’une voix franchement pâteuse. Cette mission était fort périlleuse et nous n’avions pas d’autre solution pour passer : des archers embusqués nous auraient tiré dessus si nous nous étions présentés aux portes. Pourriez-vous nous conduire jusqu’au quartier général des Yeux ?  
 
 
« Les Yeux » était le nom donné au service secret de la ville. Officiellement, ils étaient une assistance aux gardes. Hiérarchiquement, les Yeux et les gardes avait donc été regroupés dans le corps des « forces intérieures », l’armée Tiramonique constituant les « forces externes ».
 
 
Haaken fit un mouvement vers ses poches afin de sortir l’ordre de mission. Il se ravisa en imaginant son état…Le vin qui imbibait ses vêtements n’avait pas dû épargner le document.
- Vous avez franchi les portes de la cité sans autorisation, je vous somme de repartir, déclara le capitaine d’une voix sentencieuse.
Kali et Haaken se regardèrent d’un air perplexe. L’alcool altérait encore leur perception et leurs mouvements mais la peur de mourir avait chassé la douce euphorie qu’ils ressentaient auparavant. L’attention des passants commençait à se cristalliser sur eux et un attroupement se forma. Parmi eux, Kali crut y reconnaitre des Yeux. En effet, les Yeux portaient souvent leur cotte de mailles cuivrée sous une toge, et Kali avait justement entraperçu des reflets métalliques ocres dans la foule. Il haussa le ton de manière à ce que tous puissent entendre.
- Nous vous avons expliqué que des tueurs nous attendent juste derrière cette porte et que nous sommes en mission. Votre incompétence va coûter cher à la ville.
Haaken surenchérit en tapant sur l’épaule de Kali:
- Laisse tomber, Kali. C’est un des hommes de Dénéthor. Nous avions tout imaginé sauf que quelqu’un pouvait nous renvoyer vers lui. Haaken regarda fixement le capitaine. Je ne pense pas, monsieur le traître, que votre visage autoritaire vous sauvera quand nous en référerons aux Yeux. En plus d’être fourbe, vous êtes en effet stupide : les archers nous attendent, certes, mais ils doivent nous empêcher d’entrer dans la ville. Or, nous sortirons de la porte. Plus ils seront intelligents, moins ils seront tentés de nous assassiner…même si nous correspondons au signalement.
Haaken se retourna et se dirigea vers la porte. Il garda son bouclier dans le dos et ne dégaina pas. Mais intérieurement, il se demandait si son pari était correct. Les archers avaient pour mission de les tuer, c’était la seule information qu’il avait. Si Dénéthor avait effectivement prédit qu’ils franchiraient la porte, sa consigne pouvait tout à fait être de tirer sur eux quelle que soit leur provenance. Il était sur le point de franchir la porte quand une voix féminine lui cria de s’arrêter.
Haaken se retourna. Kali et Syl, qui le suivaient, firent de même. Sortant de la foule massée, trois Yeux venaient de se débarrasser de leurs toges. Ils s’avancèrent vers le capitaine dont le regard s’emplit de crainte. La jeune Olendata dirigeait le trio. C’est elle qui avait envoyé Haaken et Kali en mission. Elle s’adressa au capitaine :
- Que vouliez-vous faire ? Je vous avais moi-même prévenu qu’ils viendraient !
Le capitaine recula, cherchant une réponse. Olendata lui ordonna de déposer son arme à terre. Il s’exécuta mais tenta de s’enfuir. La foule le retint. Un silence de mort régnait maintenant sur la place. Olendata demanda.  
- Votre maître vous a-t-il prévenu que le groupe viendrait par les tonneaux ?
- De quoi voulez-vous parler ? répondit le garde d’un ton apeuré  
-Vous ne voulez pas avouer…très bien. Rentrez vous-même dedans. Lui dit-elle en pointant le tonneau de vin du doigt.
Le capitaine protesta puis s’exécuta en tremblant. Il s’immergea dans le vin. Pendant ce temps, Olendata s’adressait au groupe.  
- La protection du sort que je vous avais confié a dû prendre fin alors que vous étiez dans les fûts. Dénéthor a donc pu prévoir que vous y seriez. La solution la plus simple pour vous empêcher d’arriver aurait été de tous les empoisonner mais comme les négociants buvaient eux-même le vin, ils seraient morts et vous ne les auriez jamais rencontrés. Si je ne me trompe pas, il a donc corrompu ce capitaine pour qu’il vous renvoie vers ses tueurs. Les archers doivent donc être préparés à tirer sur les personnes qui sortiront par la porte avec des vêtements imbibés de vin.  
Olendata se retourna vers le capitaine et lui ordonna de franchir la porte. La réaction de ce dernier fût presque un aveu, il se jeta au sol en priant Olendata de l’épargner.
Mais Olendata n’était pas une personne miséricordieuse. Elle dégaina sa rapière et commença à frapper vers le sol très près du visage de l’homme. Il se redressa mais Olendata continua à le repousser vers la porte. Encore quelques pas et le capitaine finit par la franchir. La flèche qu’il reçut de l’autre côté l’empêcha de poursuivre à la fois sa carrière d’agent double et sa vie.  
Haaken était blême. Son erreur avait failli lui coûter cher. Il devait beaucoup à Olendata.
 
 
Haaken et Kali achevèrent leur mission en remettant à Olendata la sphère de chaos qu’ils avaient pris chez Dénéthor. Ces sphères étaient une menace mortelle pour Tiramon et leur chasse était une des priorité des Yeux…
 
 
Les semaines suivantes furent, pour Syl, ses derniers souvenirs d’enfance joyeux. Haaken et lui étaient logés dans une petite maison du quartier des Yeux tandis que Kali avait élu domicile dans une Académie de magie. Haaken et Kali ne s’appréciaient pas beaucoup et Haaken ne semblait pas souffrir le moins du monde de l’absence de son partenaire de campagne.
Pendant cette période, le guerrier fit visiter la ville à Syl. Ensemble, ils allèrent aux différents temples, pêchèrent dans le bras de mer improbable qui bordait la cité et assistèrent à des représentations dans plusieurs théâtres.  
Syl se rendit compte que le ciel du cœur de la cité était toujours vierge de nuages, et qu’il changeait de luminosité suivant un cycle de vingt-six heures sans qu’aucun astre ne le gouverne.  
C’était un peu déroutant mais fort agréable.
Plusieurs fois, Haaken et lui passèrent des portes éthérées pour se rendre dans certains faubourgs. Ils y allèrent notamment à l’occasion de l’achat d’une nouvelle arme par Haaken et pour assister à des festivités où Syl aperçut pour la première fois un vol de dragons.  
Haaken expliqua à Syl le fonctionnement de la ville. Il essaya de lui faire comprendre le principe des portes mais il insista surtout sur le régime de la ville. Il s’agissait d’une démocratie parlementaire : tous les citoyens pouvaient voter et chaque race -Elfes, Nains, Humains, Orcs, etc.- était représentée à l’assemblée par au moins un siège. Haaken expliqua également à Syl que les Ozguls, le peuple qui avait fondé la ville, auraient pu envahir de nombreux mondes mais avaient préféré laisser la liberté aux autres peuples et ne possédaient finalement que peu de terres en dehors des faubourgs de la ville.
La ville était fréquemment en guerre mais les batailles servaient le plus souvent à défendre la cité contre des peuplades belliqueuses.
Haaken prépara Syl à une nouvelle séparation : le mercenaire était fréquemment en mission. Il voulait confier l’éducation du fils de paysan à l’école administrative de Tiramon. Comme le mercenaire risquait d’être absent de longs mois, il avait confié à l’école une partie de son pactole, portion qui couvrait largement les frais de l’ensemble de la formation de Syl.
 
 

n°24599859
cappa
Posté le 16-11-2010 à 01:24:34  profilanswer
 

Blanchet a écrit :

Voici le début d'un texte que je publie.  
Pour le retrouver il suffit de rechercher le titre sur google.
Je compte en publier une quarantaine de pages ici.  
N'hésitez pas à me dire si ça vous plaît!  
 


Il faut passer par Google, mais puisque tu viens de le poster ici , c'est pas plus simple pour nous d'aller sur le topic? Oh je sais j'ai pas l'esprit littéraire  [:arn0]


---------------
Tester le 1er multisondage HFR ---> MULTISONDAGE.
n°24600307
frdi90
Posté le 16-11-2010 à 05:36:45  profilanswer
 

Je me suis lancé dans l'écriture d'un roman dont vous trouverez les deux premiers chapitres à cette adresse :  
http://gisfopepf.over-blog.com/  
 
Merci de me dire ce que vous en pensez si vous prenez la peine de ma lire !

n°24600325
Blanchet
Posté le 16-11-2010 à 06:20:38  profilanswer
 

[spoiler]

cappa a écrit :


Il faut passer par Google, mais puisque tu viens de le poster ici , c'est pas plus simple pour nous d'aller sur le topic? Oh je sais j'ai pas l'esprit littéraire  [:arn0]


 
Peut-être pas litteraire, mais pratique ! ;)  
 
Le problême c'est que mon topic vient d'etre verrouillé par un des modérateurs  
En gros, il essaye d'éviter une inflation de topics personnels.  
 
J'ai encore un bon nombre de pages à mettre. Du coup, j'ai reposté le début pour éviter de scinder le texte sur plusieurs topics. D'autant plus que mon topic verrouillé va peu à peu disparaître de la première page.
 
Voilà!
 
Et sinon, le début te plaît?

n°24600921
Merome
Chef des blorks
Posté le 16-11-2010 à 09:50:38  profilanswer
 

Blanchet a écrit :


Dans l’ombre des portes    
 
Laissons la lumière aux sauveurs de mondes et aux libérateurs de princesses.    
Pour nous, les ombres de Tiramon, il reste la fierté du devoir accompli.    


 
Ouais ... De l'héroic fantasy...  [:lapanne]


---------------
Ceci n'est pas une démocratie
n°24608230
Blanchet
Posté le 16-11-2010 à 19:26:07  profilanswer
 

Merome a écrit :


 
Ouais ... De l'héroic fantasy...  [:lapanne]


 
Bon si t'aimes ni les elfes,ni trolls, tu vas pas trop kiffer c'est clair.
Par contre, ce n'est pas de l'heroic fantasy parce qu'il n'y a pas de héros.
Mes personnages sont juste des pauvres diables qui essayent de faire de leur mieux.
Celui qu'on va suivre dans les 40 premières pages sera ensuite obligé d'assumer le rôle  du traitre et du meurtrier.
 
Voili voilou. A plus

n°24609731
Blanchet
Posté le 16-11-2010 à 21:31:57  profilanswer
 

Bon, pour ceux qui veulent la suite.. ;)  
 
La formation de Syl
 
L’école administrative de Tiramon constitue l’un des nombreux systèmes dont dispose la ville pour former ses citoyens. Tout comme l’apprentissage pour les travailleurs manuels et les écoles religieuses pour les guérisseurs, les clercs et les paladins. Les académies de magies sont tolérées mais sont séparées par un mur du reste de la cité.
L’école administrative de Tiramon forme aux plus hauts postes de l’administration et elle accueille les enfants des plus pauvres comme les orphelins, ces derniers étant alors gardés en pension durant l’année.
Cette école se veut un symbole de l’égalitarisme de la société de Tiramon. Néanmoins, de tous temps, de nombreuses voix relativement objectives se sont élevées pour dénoncer la ségrégation manifeste entre le traitement des enfants des vieilles familles Ozgul, qui sont initiés au droit, à la gestion et au commandement militaire et celui réservé aux déshérités, qui n’ont droit qu’à l’apprentissage du respect de la hiérarchie, du maniement des armes, et à celui des méthodes d’interrogatoire.  
Syl faisait évidemment partie de la seconde catégorie d’élève. Et, de fait, la méthode éducative employée pour sa formation et celle des autres orphelins était étonnamment brutale. Cette méthode baptisée pompeusement « Méthode d’Amédée et Lomen » du nom de ses soi-disant découvreurs était ni plus ni moins qu’une application caricaturale du principe de la carotte et du bâton: ceux qui échouaient aux tests prenaient régulièrement des coups de cravache et leurs vêtements n’étaient pas lavés tandis que les bons élèves avaient droit à une plus grande quantité de nourriture aux repas.  
Syl avait un gros retard dans le maniement des armes. De plus, sa solitude l’accablait moralement et nuisait à son assiduité. Les premiers mois furent extrêmement pénibles pour lui. Comme il ne voulait rien laisser transparaître par crainte de sembler faible, il restait seul face à cette situation. Il se sentait tel un prisonnier impuissant et en voulait à Haaken de l’avoir laissé là.  
Son état devint franchement préoccupant au début de l’hiver : il avait beaucoup maigri et ses vêtements étaient en lambeaux. Certains de ses instructeurs finissaient même par culpabiliser de le sanctionner encore. Un soir, il sentit une fois de plus l’envie de pleurer monter en lui et décida comme à l’accoutumée de s’isoler. Comme il était encore trop jeune pour avoir l’autorisation de sortir de l’école, il se cachait dans les buissons de la cour. Il s’accroupit et pleura près d’une dizaine de minutes quand il sentit une main se poser doucement sur son épaule. Il leva les yeux et croisa le regard d’une jeune fille prénommée Maren. Ce regard n’était pas empli de dédain ou de pitié mais simplement de douceur, il était accompagné de questions et de paroles chaudes et apaisantes curieusement détachées. Elle lui demanda d’où il venait, qui avaient été ses parents, puis lui parla du temps qu’il allait faire les jours à venir et termina sur ce qu’ils allaient manger au goûter. Elle le prit par la main, le releva, et, ensemble, ils retournèrent dans les bâtiments.  
Syl n’avaient besoin de rien de plus que de cette présence dans sa vie. Certes, Maren lui fit laver ses vêtements et lui apporta quelques soins les premiers jours, mais fondamentalement, c’est bien la rupture de son isolement qui permit à Syl de se reprendre.
Maren conversait fréquemment avec lui et lui permettait de dépasser certaines difficultés pratiques qu’il rencontrait. Ils révisaient également ensemble et Syl, qui n’avait pas accès aux matières les plus nobles, finit par en connaitre davantage sur la vie politique de la cité que nombre des « mieux-nés ».. Syl, qui avait bu les paroles de Maren dans un premier temps, était devenu ensuite capable de les critiquer et de se forger des opinions que Maren jugeait aussi originales que pertinentes.  
Cette évolution, notable au bout de deux années, finit par attirer une certaine jalousie à l’encontre du couple. Syl vivait pourtant de manière bien austère puisqu’il passait sa vie dans la bibliothèque de l’école et n’en sortait que pour raccompagner Maren en fin de journée.  
 
Un soir, alors qu’ils devisaient ardemment sur la sous-représentation des orcs à l’assemblée de Tiramon, un trio d’élèves s’immisça dans la conversation. Le plus grand d’entre eux, Galaan, coupa sèchement Syl au moment où celui-ci déclarait que les orcs auraient été moins enclins à attaquer par légions si leurs congénères avaient eu un réel pouvoir au sein de la cité. Devant les visages fermés, Syl esssaya de s’expliquer davantage dans un premier temps, puis s’excusa lorsqu’il comprit que la situation lui échappait. Le trio faisait preuve de la pire mauvaise foi, n’hésitant pas à recourir au mensonge pour envenimer la polémique. ils préparaient à se jeter sur lui lorsqu’Othon, un cousin éloigné de Maren, s’interposa. Il faisait parti d’une des familles les plus anciennes de la cité mais la rumeur qui courait sur lui au sein de l’école le décrivait comme un démon déguisé en homme. En général, sa réputation éloignait autant les élèves que les ennuis mais, cette fois-ci, Galaan était bien trop décidé à faire souffrir Syl pour fuir devant Othon. La mise en garde d’Othon lui attira donc un coup violent au visage. Il l’encaissa comme s’il s’était agi d’une pichenette. Puis, il contre-attaqua avec une force dévastatrice : la frappe au corps que reçut Galaan le projeta plusieurs mètres plus loin. Ses amis le relevèrent encore étourdi, et déguerpirent avec lui en hurlant qu’Othon était un fils de troll. Syl et Maren étaient un peu stupéfaits de la violence d’Othon mais celui-ci revint vers eux et s’excusa, tout penaud : « Je me contrôle mal. Je ne voulais pas le blesser… » Son attitude n’avait rien de comparable à celle des trois autres brutes et Syl éprouvait pour lui une gratitude infinie. A partir de ce jour-là, le couple devint un trio inséparable.
 
Les quatre années suivantes furent parmi les années les plus joyeuses de la vie de Syl. Aucun événement ne troubla le bon déroulement de sa scolarité et de sa vie en général. Maren et Othon étaient constamment à ses cotés et le soutenaient lorsque sa condition d’orphelin était douloureuse.
Haaken lui rendait visite dès qu’il le pouvait, malheureusement cela restait très peu fréquent. Les missions du mercenaire duraient souvent plusieurs mois et parfois même une année. Lorsqu’Haaken était sur Tiramon, Syl voyait son quotidien s’améliorer : il mangeait mieux, sortait en ville, et recevait de nombreux cadeaux. Syl restait néanmoins distant vis à vis de son père adoptif qu’il surnommait parfois «l’Assassin » quand il parlait de lui à Maren et Othon.
 

n°24610623
cappa
Posté le 16-11-2010 à 22:23:02  profilanswer
 


 

Blanchet a écrit :


 
Peut-être pas litteraire, mais pratique ! ;)  
 
Le problême c'est que mon topic vient d'etre verrouillé par un des modérateurs  
En gros, il essaye d'éviter une inflation de topics personnels.  
 
J'ai encore un bon nombre de pages à mettre. Du coup, j'ai reposté le début pour éviter de scinder le texte sur plusieurs topics. D'autant plus que mon topic verrouillé va peu à peu disparaître de la première page.
 
Voilà!
 
Et sinon, le début te plaît?


Ahhh , et oui tu es victime de la vieille rangaine du topic unique.
Sinon oui , ça me plaît mais tu sais je suis plus littérature humoristique, Marc Twain en fait. Je ne retrouve pas trop son style là. Quelles sont des sources d'inspiration? (Harry Potter ... non :sweat: )

Message cité 1 fois
Message édité par cappa le 16-11-2010 à 22:24:04

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Tester le 1er multisondage HFR ---> MULTISONDAGE.
n°24611882
Blanchet
Posté le 17-11-2010 à 00:06:25  profilanswer
 

cappa a écrit :


Ahhh , et oui tu es victime de la vieille rangaine du topic unique.
Sinon oui , ça me plaît mais tu sais je suis plus littérature humoristique, Marc Twain en fait. Je ne retrouve pas trop son style là. Quelles sont des sources d'inspiration? (Harry Potter ... non :sweat: )


 
Le coeur de l'inspiration provient de jeux de rôles ayant eu lieu entre 1990 et 2005. Influence Laelith de Casus belli et Tolkien. Les personnages centraux apparaissent plus tard dans le récit et sont beaucoup plus légers. Si tu veux je te filerai des extraits en pv mais je préfère éviter de briser le fil du récit.
(la partie "Haaken et Kali" a été jouée)
 
Le fameux Syl était, lors des jeux de rôles, un PNJ ("personnage non-joué" ) qui "distribuait" les missions.
J'en ai fait mon fil directeur et j'ai épaissi son background parce que les missions étaient tordues et in fine interrogent sur la notion de bien et de mal dans le cadre de la "raison d'état".
 
Par contre, c'est vrai que ça sent un peu "Harry Potter" dans le fait d'avoir détaillé année par année le jeunesse de Syl.  Je réalise aussi qu'il y a un trio entre Maren Othon Syl. A mon sens, il ne faut pas s'inquiéter d'une copie d'Harry Potter dans la mesure où ce trio dure 5 pages sur 220 et les personnages Maren et Othon disparaissent quasiment totalement de la suite.
 
Merci en tout cas de tes remarques. Sur le fond, même si le reste est parfois bien plus léger, c'est vrai qu'il y a peu (pas?) de scènes rigolottes. Force est de constater que c'est un axe d'améliorationde ma narration! ;-)
 
A+

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Message édité par Blanchet le 17-11-2010 à 00:08:08
n°24612202
cappa
Posté le 17-11-2010 à 00:40:46  profilanswer
 

Blanchet a écrit :


 
Le coeur de l'inspiration provient de jeux de rôles ayant eu lieu entre 1990 et 2005. Influence Laelith de Casus belli et Tolkien. Les personnages centraux apparaissent plus tard dans le récit et sont beaucoup plus légers. Si tu veux je te filerai des extraits en pv mais je préfère éviter de briser le fil du récit.
(la partie "Haaken et Kali" a été jouée)
 
Le fameux Syl était, lors des jeux de rôles, un PNJ ("personnage non-joué" ) qui "distribuait" les missions.
J'en ai fait mon fil directeur et j'ai épaissi son background parce que les missions étaient tordues et in fine interrogent sur la notion de bien et de mal dans le cadre de la "raison d'état".


Ah ok je connaissais pas. Mais ton histoire est figée ou c'est disons un décor pour faire un jeu de rôle à partir de l'univers correspondant? Deuxio, si c'est de l'hérotic-fantasy, tu as pensé aux illustrations? Si y a pas de femmes musclées en string, ça le fera moins  ;)  

Blanchet a écrit :


Par contre, c'est vrai que ça sent un peu "Harry Potter" dans le fait d'avoir détaillé année par année le jeunesse de Syl.  Je réalise aussi qu'il y a un trio entre Maren Othon Syl. A mon sens, il ne faut pas s'inquiéter d'une copie d'Harry Potter dans la mesure où ce trio dure 5 pages sur 220 et les personnages Maren et Othon disparaissent quasiment totalement de la suite.
 
Merci en tout cas de tes remarques. Sur le fond, même si le reste est parfois bien plus léger, c'est vrai qu'il y a peu (pas?) de scènes rigolottes. Force est de constater que c'est un axe d'améliorationde ma narration! ;-)
 
A+


Oh ce ne sont pas des remarques pour changer quoi que ce soit. Si tu penses qu'il faut pas rigoler dans ton texte, c'est ton choix. Par contre 220 pages, même si tu en fais une par jour, t'en as pour quasi 1 an. Tu veux qu'on t'encourage pour en faire 1 par jour? disons allez 1500 mots la page. C'est un challenge, ça peut être une performance à suivre. En fait vous êtes plusieurs à faire des débuts de romans, pourquoi ne pas vous soutenir en vous imposant cette cadence et venez publiez ça ici :) On sera cléments  
 
 [:rhetorie du chaos]


---------------
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n°24612850
Blanchet
Posté le 17-11-2010 à 07:03:55  profilanswer
 

cappa a écrit :


Ah ok je connaissais pas. Mais ton histoire est figée ou c'est disons un décor pour faire un jeu de rôle à partir de l'univers correspondant?  


 
En fait la séquence, c'est :  
- Des scénarios qui n'était pas figés  
- Des jeux de roles où les joueurs se sont amusés sans avoir un quelconque projet d'écriture
- La rédaction a posteriori de compte-rendus de jeux
- La rédaction d'un récit "potable" à partir de cette source d'inspiration. Lui, il et figé.
 

cappa a écrit :


Deuxio, si c'est de l'hérotic-fantasy, tu as pensé aux illustrations? Si y a pas de femmes musclées en string, ça le fera moins  ;)  


 
Mince, il y a bien eu un joueur pour jouer la glaciale elfe noire,  
mais pas un seul pour jouer barbie-la-femme-barbare-aux-moeurs-torrides!  
Ce perso n'avait pas besoin d'être au premier plan mais aurait justifié la couverture...
En plus, même sans barbie, il aurait suffi qu'une des missions soit de sauver les esclaves du royaume de Taklor le magnifique, un suzerain viking organisant des parties sado-maso! Ah là, elle aurait été croustillante la couverture!!!
Non désolé...Pas ce coup là...pour le suivant peut-être lol
 

cappa a écrit :


Par contre 220 pages, [...] C'est un challenge [...]  
 
 [:rhetorie du chaos]


 
bah, en fait, le roman, il est déjà fini!! lol (et il m'a fallu 5 ans)...Je publie les 40 premières pages gratuitement mais tu pourrais le trouver en cherchant bien via google . C'est pas si difficile avec des guillemets ;)
Je cherche juste à le faire connaître parce qu'il n'y a pas grand monde pour te suivre si t'es pas connu et ne fait que du médiéval fantastique...

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Message édité par Blanchet le 17-11-2010 à 07:04:47
n°24616388
Chou Andy
Would you know my nem
Posté le 17-11-2010 à 14:21:02  profilanswer
 

Sans vouloir déprécier ton travail, je suis déjà embêté par le style quand je vois des choses comme ça :
 

Citation :

Il avait fait quelques pas lorsque son attention fut attirée par des bruits derrière lui. Il était en train de se retourner lorsque la main de l’ermite qui vivait près du village se referma sur son bras. Le vieillard, le regard rougit par les larmes, murmura à l’homme que le village était en proie à la rage de deux trolls affamés.


 
- Deux fois "lorsque" en deux phrases, ça ne va pas.
- Une faute de grammaire ("rougi" et non pas "rougit" )
- On ne fait pas une digression descriptive ("qui vivait près du village" ) en pleine phrase d'action dynamisée par plein de marqueurs temporels ("en train de", "lorsque", passé simple) ! Ca ne colle pas, il faut introduire ton ermite autrement.
- Des formulations bêtement lourdes (pas très fan de "son attention fut attirée par", je trouve ça très peu dynamique ; de même, "en train de se retourner" ça fait très slow motion, et le "à l'homme" est tout à fait dispensable (on sait bien que l'ermite s'adresse au héros))
 
Bref je pense que tout ça mérite une relecture attentive. Je ne me prononcerai pas sur la suite parce que je ne l'ai pas lue, j'y reviendrai quand j'aurai un peu plus de temps. Si tu as une histoire bien ficelée, je pense que c'est l'essentiel. Les lourdeurs de style peuvent (et doivent) se corriger par relecture. Mets-toi à la place d'un lecteur qui découvre le texte, et à chaque phrase, demande-toi si ça sonne bien ou pas. Recherche la fluidité en général, en particulier quand il y a de l'action.

n°24622830
cappa
Posté le 17-11-2010 à 22:31:51  profilanswer
 

Blanchet a écrit :


 
bah, en fait, le roman, il est déjà fini!! lol (et il m'a fallu 5 ans)...Je publie les 40 premières pages gratuitement mais tu pourrais le trouver en cherchant bien via google . C'est pas si difficile avec des guillemets ;)
Je cherche juste à le faire connaître parce qu'il n'y a pas grand monde pour te suivre si t'es pas connu et ne fait que du médiéval fantastique...


Le roman est fini  [:gerard_sur_aix:1]  
Chapeau  :jap:  
Tu comptes trouver un éditeur/illustrateur pour gagner des biftons, ou c'est juste le plaisir. Tu t'y es pris comment au juste, pendant les vacances, ou bien en te tuant au labeur quotidiennement? Je suis curieux de savoir. Comment tu es le premier à finir un début de roman sur le topic .

Chou Andy a écrit :


- Deux fois "lorsque" en deux phrases, ça ne va pas.
- Une faute de grammaire ("rougi" et non pas "rougit" )
- On ne fait pas une digression descriptive ("qui vivait près du village" ) en pleine phrase d'action dynamisée par plein de marqueurs temporels ("en train de", "lorsque", passé simple) ! Ca ne colle pas, il faut introduire ton ermite autrement.
- Des formulations bêtement lourdes (pas très fan de "son attention fut attirée par", je trouve ça très peu dynamique ; de même, "en train de se retourner" ça fait très slow motion, et le "à l'homme" est tout à fait dispensable (on sait bien que l'ermite s'adresse au héros))


Beaucoup de roman de SF ont été écrit dans un style à l'emporte pièce et ont quand même su convaincre par l'intrigue.

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Message édité par cappa le 17-11-2010 à 22:33:32

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