Source: The Audio Critic, Peter Aczel, Editeur, #20, hiver 2000.
Les Dix Plus Gros Mensonges en Audio
La célèbre boutade de Lincoln, selon laquelle on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps, apparaît être à peine applicable à laudio haut de gamme. Ce qui suit est une tentative de la faire entendre.
Je suspecte fortement les gens dêtre plus naïfs aujourdhui quils ne létaient quand jétais plus jeune. En ce temps, nous ne mettions pas daimants dans nos chaussures, la police nutilisait pas des psychologues pour rechercher des personnes disparues, et aucun chef détat depuis Hitler navait consulté dastrologues. La plupart dentre nous croyait en la science sans aucune réserve. Quand lère de la hi-fi arriva, des ingénieurs comme Paul Klipish, Lincoln Walsh, Stew Hegman, Dave Hafler, Ed Villchur, et C.G. McProud étaient nos sources dinformations sur laudio. Les gurus savants sans véritable éducation qui ne connaissent pas lintégrale de ex étaient encore dans lavenir sombre.
Ne me méprenez pas. En terme de champ de connaissance existante, le monde audio daujourdhui est clairement loin devant ces temps passés; à une extrémité du champs il y a de brillants fabricants qui surpassent les précurseurs. Du côté sombre, néanmoins, un nouvel âge dignorance, de superstition, et de malhonnêteté règne. Pourquoi et comment cela est arrivé a été largement couvert dans les numéros précédents de cette publication ; ici je vise la liste des mensonges proférés par des malins pour piéger les crédules.
1. Le mensonge du câble
Logiquement ce nest pas le mensonge par lequel commencer car les câbles sont des accessoires, pas des composants audio principaux. Mais cest le plus gros, le plus sale, le plus cynique, le plus insultant envers lintelligence, et par dessus tout le mensonge le plus frauduleusement profitable en audio, et il doit donc être placé en tête de liste.
Le mensonge consiste à dire que des câbles pour haut-parleurs et des fiches de connexion onéreux produisent un meilleur son que des produits standards, moyenne gamme (du genre de ceux de Radio Shack). Cest un mensonge qui à été montré, mis en disgrâce, et réfuté maintes et maintes fois par chaque véritable autorité existante, mais les gurus de laudio détestent lautorité et les innocents ne peuvent distinguer cela dun charlatanisme destiné à servir leurs propres besoins.
La seule vérité est que la résistance, linductance et la capacité (R, L et C) sont les seuls paramètres affectant les performances sous le seuil des fréquences radio. Le signal ne sait pas sil est transmis à travers un câble (RLC) cher ou bon marché. Oui, il faut payer un peu plus que le prix plancher pour des fiches correctes, le blindage, lisolation
pour éviter des problèmes de fiabilité, et il faut surveiller la résistance pour des connexions longues. En terme de performance électrique simple, néanmoins, un câble fait à partir de cintres redressés avec les bouts dénudés nest pas dun iota inférieur à un câble miracle de $2000. Pas plus que ne lest un classique câble pour lampe à 18c par pied. Les câbles dun prix extrêmement élevé constituent la plus grosse arnaque dans lélectronique grand public, et observer la capitulation pleine de lâcheté de la plupart des publications sur laudio face à la pression des vendeurs de câbles est véritablement déprimant.
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2. Le mensonge des lampes (des amplificateurs)
Ce mensonge est également, dans un sens, à propos dun problème périphérique, car les lampes sont loin dêtre répandues à lépoque du silicium. Cest un mensonge persistant néanmoins dans le marché haut de gamme de laudio ; comptez juste le nombre de pages de publicités consacrées aux appareils à lampes à la fin dun magazine hi-fi typique. Incroyable ! Tout comme lest, bien sûr, laffirmation que les lampes sont de manière inhérente supérieures aux transistors dans les applications audio ny croyez pas.
Les lampes sont bonnes pour les transmetteurs RF de forte puissance ou les fours à micro ondes, mais au moment de changer de siècle, pas pour les amplificateurs, pré-amplificateurs ou (bon dieu !) les appareils digitaux comme les lecteurs de CD ou DVD. Quy a-t-il de mal avec les lampes ? Rien, vraiment. Il ny a rien de mal avec des dents en or non plus, même pour les incisives supérieures [
] ; cest juste que lart dentaire moderne offre des options plus attractives. Tout ce que les tubes peuvent faire dans un appareil audio, des équipements sans lampes peuvent le faire mieux, à un moindre coût, avec une plus grande fiabilité. Même lamplificateur à lampes le mieux conçu au monde aura une plus grande distorsion quun amplificateur à transistors aussi bien conçu et aura presque certainement besoin de davantage de maintenance (remplacements des lampes, recalibrage, etc.) pendant sa durée de vie. [
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En ce qui concerne "le son des lampes", il y a deux possibilités : (1) cest une invention de limagination de laudiophile trompé (2) cest une coloration délibérée introduite par le fabricant pour entretenir des préférences altérées, et dans ce cas un amplificateur sans lampe pourrait facilement en imiter le son si le concepteur avait été assez pervers pour vouloir quil en fût ainsi.
Néanmoins, il existe des situations dans lesquelles un concepteur sophistiqué délectronique hi-fi pourrait considérer lusage de lampes (par exemple au niveau RF dun tuner FM), mais ces exceptions rares et pratiquement limitées ne peuvent couvrir les mensonges courants et dune grande variété des vendeurs de tubes qui veulent quon investisse dans une technologie obsolète.
3. Le mensonge antidigital
Vous lavez souvent entendu, sous une forme ou une autre. A savoir : le son digital est largement inférieur à lanalogique. Le son numérisé est comme la photographie basique constituée de points dans un journal. Le théorème de Nyquist-Shannon est faux. Le taux d échantillonnage de 44.1kHz des disques compacts ne peut pas rendre les hautes fréquences là où il ny a que deux ou trois points déchantillonnage. Le son numérique, même dans les meilleurs cas, est dur et haché. Et ainsi de suite tout cela, sans exception, radotage ou présentation délibérée sous un mauvais jour. Une fois de plus, ce mensonge a peu dimpact dans la masse chez qui les technologies digitales ont gagné une totale acceptation ; mais dans les arcanes et parmi les tributaires du monde audio, dans les salons audio haut de gamme obstinés et les salles découtes de divers gurus, cela reste une ligne de conduite.
La plus risible manifestation du mensonge antidigital consiste à préférer le LP obsolète plutôt que le CD. Quant à choisir entre la bande master analogique et la bande master numérique, ceci reste une controverse semi-respectable. Mais choisir les clics, pops et craquements du vynil plutôt que le silence (pas de bruit de fond) des creux constituant les donnés numériques, ceci constitue une rejet pervers de la réalité.
Voici les faits scientifiques que nimporte quel étudiant en électronique (2nde année) peut vérifier pour vous : laudio numérique possède des arguments irréfutables que laudio analogique na jamais eu et ne peut pas avoir. Les 0 et 1 sont de manière inhérente incapables de créer de distorsion dans le signal, contrairement à une courbe analogique. Même un taux déchantillonnage à 44.1kHz, le plus bas employé dans les applications hi-fi actuelles, restitue plus que de manière adéquate toutes les fréquences audio. Il ne causera aucune perte dinformation dans la plage (des fréquences) audio pas un iota, pas un scintilla. Largument "comment restituer 20kHz avec deux points déchantillonnage ?" est une mauvaise interprétation basique du théorème de Nyquist-Shannon. (Ceux qui ont des doutes devraient prendre des cours élémentaires de systèmes digitaux.)
La raison pour laquelle certains enregistrements analogiques sont meilleurs que certains enregistrements numériques est que les ingénieurs ont fait un meilleur travail concernant le placement des microphones, les niveaux (denregistrement), la balance et léqualisation, ou encore que la pièce où a été effectué l'enregistrement avait une meilleure acoustique. Certains des premiers enregistrements numériques était en effets durs et hachés, pas parce quils étaient numériques mais parce que les ingénieurs pensaient encore analogique, compensant par anticipation des pertes qui nexistaient pas. Les meilleurs enregistrements numériques actuels sont les meilleurs enregistrements jamais réalisés. Pour être juste, il faut admettre quun enregistrement analogique réalisé dans ls meilleurs conditions possibles et un enregistrement numérique enregistré dans les meilleures conditions possibles, à ce niveau de leurs technologies respectives, seront probablement de qualité comparable. Néanmoins, le nombre de Druides Analogiques en adoration devant lArbre aux Merveilles décroît rapidement dans lunivers de lenregistrement professionnel. La solution digitale est simplement la meilleure solution.
4. Le mensonge contre le test découte en aveugle
Les lecteurs réguliers de cette publication savent comment réfuter les divers mensonges invoqués par ceux qui vouent un culte au haut de gamme pour sopposer aux tests découte en aveugle (tests ABX), mais une brève explication est nécessaire ici.
La méthode ABX demande que léquipement A et léquipement B soit ramenés au même niveau sonore à ±0.1 dB, après quoi on peut écouter aussi longtemps que voulu pour identifier totalement A et identifier totalement B. Si on pense quils sonnent différemment, il est demandé didentifier X qui est soit A ou B (comme déterminé par un processus de randomisation doublement caché). On est autorisé à faire des comparaisons A/X et B/X à nimporte quel moment, autant de fois voulues pour décider si X=A ou X=B. Comme une réponse au hasard mène au bon résultat 50% du temps, un minimum de 12 essais est demandé pour une validité statistique (16 seraient mieux, 20 encore mieux). Il ny a pas de meilleur moyen pour déterminer scientifiquement si on affirme juste entendre une différence ou si on peut vraiment lentendre.
Les gurus vous diront que les tests ABX sont complètement invalides. Tout le monde sait quun Krell a un meilleur son quun Pioneer, alors sils sont indiscernables lun de lautre dans un test ABX, cest que la méthode ABX est mauvaise cest leur logique. Tout le monde sait que Joe est plus grand que Mike, alors sils mesurent tous les deux 5'11'' il y a quelque chose qui cloche avec le mètre ruban, n'est-ce pas?
Les objections habituelles des gurus face aux test ABX sont qu'il y a trop de pression (du genre "voyons à quel point vous entendez bien" ), trop peu de temps (du genre "continuez, nous avons besoins de 16 essais" ), trop d'éléments insérés sur le chemin du signal (càd. relais, switches, atténuateurs, etc.) et bien sûr le jargon assorti sur la perception sonore. Tout cela n'est que fausses pistes pour détourner l'attention des fondements du contrôle du test. La vérité est que l'on peut faire un test ABX tout seul, sans pression de la part d'autres participants, que l'on peut prendre autant de temps que voulu (pourquoi pas 16 essais en 16 semaines?), et que l'on peut vérifier la transparence des systèmes de contrôle. Les objections sont totalement boiteuses et hypocrites.
Voilà comment on met à terre un hypocrite anti-ABX mentant, fumeux et sournois. Demandez lui s'il croit à un type de test A/B. Il dira sûrement oui. Alors demandez lui quelle perspicacité spéciale il gagne à (1) ne pas ramener les niveaux sonores à la même valeur et (2) regarder furtivement vers les plaques avec le noms des appareils. Regardez le se tortiller et perdre contrôle.
5. Le mensonge du feedback (retour en boucle sur l'amplificateur opérationnel)
Un feedback négatif dans un amplificateur ou un pré-amplificateur est mauvaaaais. Pas de feedback du tout est boooon. Tel est le mensonge largement invoqué.
Le fait est qu'un feedback négatif est l'un des outils les plus utiles disponible pour créer des circuits. Cela réduit la distorsion et augmente la stabilité. Seul à l'Age de bronze de la conception d'amplificateurs (à transistors), dans les années 60 et au début des années 70, le feedback était utilisé de manière si radicale et sans discernement par certains fabricants que le circuit pouvait avoir divers types de problèmes. Ce fut le début du fétichisme anti-feedback. Au début des années 80, un nombre de publications fondamentales d'Edward Cherry (Australie) et Robert Cordell (USA) ont, sans l'ombre d'un doute, mis en lumière qu'un feedback négatif est totalement bénin tant que certaines règles sont strictement observées. Assez de temps s'est écoulé depuis pour que la vérité soit comprise. Les tenants du dogme anti-feedback sont soit malhonnêtes, soit ignorants.