Je ne sais pas comment les choses se déroulent en France,mais voici mon expérience en Belgique et Luxembourg à ce sujet:
Copinage et réseaux: Très présents, aussi bien dans les petites entreprises que dans les moyennes et grandes. Le lobbying tient une place majeure dans l'évolution d'un manager. Les réseaux sont également très importants pour décrocher des missions en tant que consultant par exemple, ou un poste de chargé de cours dans une Ecole. On dit parfois que ce ne sont pas nécessairement les meilleurs qui arrivent au plus haut niveau, mais bien ceux qui savent le mieux construire et gérer un réseau relationnel. Cet aspect "réseaux" est d'ailleurs étudié par plusieurs chercheurs et a fait l'objet de publications.
Diplôme: En Belgique, on accorde généralement (il y a des exceptions comme partout) beaucoup moins d'importance au diplôme qu'à l'expérience professionnelle. Sauf lorsqu'il s'agit d'un diplôme très spécifique requis pour le poste ou lorsque le recrutement porte sur un poste Junior, qui par définition apporte presque uniquement un diplôme.
Au Luxembourg, ça dépend. Face à un recruteur Français, le diplôme sera souvent très important, même si l'expérience et la connaissance des langues laissent à désirer. Il est beaucoup plus facile de "vendre un CV" qu'avec des recruteurs Belges, Allemands ou Luxembourgeois, qui testeront vos connaissances de terrain et se contenteront de vous demander une photocopie du diplôme pour raisons administratives (et encore...). Mais je généralise, et ici aussi, tous les recruteurs ne réagissent pas de la même façon sous prétexte qu'ils sont de telle ou telle nationalité.
Fac ou Ecole: Ici aussi, différence avec la France. En Belgique, les universités sont mieux cotées que les Hautes Ecoles. Par exemple, HEC a apparemment une meilleure réputation que les fac aux yeux des entreprises,mais si vous voulez faire un DEA par exemple, un diplômé d'une Haute Ecole sera plus difficilement accepté dans le programme qu'un diplômé universitaire. Les grilles salariales reflètent cette tendance également, puisque les diplômés de fac sont payés 8% de plus en moyenne que les diplômés de Hautes Ecoles.
Réputation des ingés:Il y a environ 6 ans, lorsque je suis arrivé sur le marché de l'emploi, un vieil ingénieur, directeur d'une usine (société importante) en Belgique, m'a dit "l'ère des ingénieurs est terminée". Je ne l'ai pas vérifié moi-même, mais je vois effectivement de moins en moins d'ingénieurs parmi les nouveaux venus dans le Top Management des sociétés pour lesquelles je travaille (c'est une impression et je n'ai aucun chiffre pour valider cette impression). On voit arriver des économistes, des diplômés de philo et lettres, des pharmaciens... qui sont entrés dans le monde du travail il y a des années et ont appris le management sur le tas. Les ingénieurs sont plutôt orientés vers des carrières d'experts je crois. En tout cas, les profils de management gagnent en variété, et il me semble que les mentalités s'ouvrent et qu'on commence à sortir du système de mono-pensée propre aux ingénieurs. Ce système est très performant, je le reconnais, mais il s'enferme dans la même logique depuis des décennies et je crois que les sociétés commencent à comprendre que ce n'est plus des ingénieurs que viendra la capacité d'innovation pour les années à venir. C'est mon impression, et je ne cherche pas du tout à attaquer les ingés.
Voilà c'était mon avis pour ce que je vois en Belgique et Luxembourg.