Cher amis, j'ai parcouru les pages de ce topic et j'ai doucement rigolé par rapport à certaines interventions qui dénotent vôtre ignorance du fonctionnement de la haute fonction publique française. Je suis « dans le bain » (père et cousin énarques et diplomate pour ce dernier, moi-même préparationnaire) et je vous dis deux trois choses anonymement
1)La diplomatie c'est bien, mais ce n'est pas étrenner sa légion d'honneur d'ambassadeur avec rang de ministre plénipotentiaire dans les dîners huppés à Londres, Washington, Moscou ou Berlin. Bien sûr, avec des appuis politiques, un peu de chance et quelques décennies de mauvais et déloyaux services vous y arriverez peut-être mais, soyons réalistes, seuls 10% des conseillers des affaires étrangères (ena et recrutement direct du quai) seront ambassadeurs, après avoir craché pendant 25 ans au bassinet dans des postes aussi mirobolants que chargé du service de presse de l'ambassade ou mieux attaché au service de promotion économique en charge de la promotion des vins et des produits du terroir. Parmi ces 10%, la plupart exercera un rôle de pure représentation formelle auprès d'Etats qui ne présentent que peu d'intérêt pour la France. Imaginez l'intérêt des dossiers et le traités par l'ambassadeur en poste en Guinée Equatoriale ou au Bélize. Nouer des intrigues politiques au cours de repas mondains et finir la soirée au pieu avec la fille du président local c'est bien pour un film, la réalité quotidienne de la diplo c'est actions de promotion de la France et recueil d'informations économiques, politiques etc.. sur le pays considéré avec transmission sous forme de rapport que personne ne va lire au quai.
2)Arrêtez de vous toucher sur scpo Paris. Il est normal qu'il aient le plus grand nombre d'admis au concours vu qu'ils présentent le plus de candidats. Les étudiants du master affaires publiques et prep'ena de paris sont plus nombreux que ceux de tous les autres iep réunis. Si Paris présente 500 candidats pour 35 reçus c'est moins bien que Grenoble, Lille ou Rennes qui ont 1 admis pour 20 ou 30 candidats non?
3)Le système de concours qui favorise le mérite scolaire (et non l'intelligence) est très bon, s'il n'était pas biaisé en tous points. Prendre sa carte à l'UMP ou au PS (évitez la LCR...) pour faire carrière? OK. Mieux: prendre sa carte AVANT d'entrer à l'ena. Scpo affaires publiques à 300 (Paris)+prep'ena à 300 (toujours Paris) c'est bien. Disposer d'un tuteur personnel en la personne d'un énarque du parti et réviser l'écopo à 5 autour de la personne en charge des questions économiques au parti depuis 20 ans c'est mieux.
Au concours, le caractère anonyme des écrits est une vaste blague. Les correcteur peuvent savoir sans problème, s'ils le veulent, le nom qui se cache derrière le numéro d'anonimisation. Aux oraux, le grand'O avec son coefficient 6 détermine presque à lui seul l'admission. Or, certains candidats sont « signalés » au jury du grand'O. Ce qui compte à l'ena, c'est, outre d'y entrer, comment on en sort. Si pour le français de base, dire que l'on a fait l'ena provoque des oh et de ah d'admiration, dans le milieu de la haute administration, on sait bien la différence abyssale qu'il y a entre celui qui sort au CE ou à l'IGF et celui qui part au TA de Châlons-en-Champagne et aura l'insigne privilège, tout au longs de sa vie, de faire 50 heures par semaine de reconduite à la frontière, contentieux du permis de conduire et de la sécu pour 2300€ nets/mois en début de carrière et dont les perspectives de ladite carrière se limitent bien souvent à devenir président de formation de jugement au bout de 25 ans de service.
Or, ledit classement de sortie est largement pipé. Une partie de la note se fait sur des travaux de groupe. Si vous tombez sur un mauvais groupe, bye bye la botte et les bonnes places. Il arrive souvent que la botte soit trustées par l'ensemble de 2 groupes de 7 ou 8, dans lesquels se sont regroupés ceux qui pensent être les meilleurs ou les plus pistonnés. Les évaluations de stage... Si vous êtes en stage à la préfecture du Var et que le préfet a été dans la même promo que votre administrateur civil de père, c'est gagné pour la très bonne évaluation et vous pouvez tranquillement aller vous prélasser à la plage de St-trop'. Ainsi, année après année ce sont les fils et filles de qui trustent la botte et les meilleures places hors botte. Les gentils candides qui se sont élevés jusque là par leurs compétences et leur ténacité scolaire, qui se sont acharnés en stage pour faire bonne figure croyant que la compétence remplace le piston, auront le choix entre les TA, les CRC, et administrateur civil à l'Education nationale ou à l'Agriculture et la préfectorale de la Creuse.
Le réseautage c'est AVANT, PENDANT et APRES l'ena.
Officiellement, l'ena est l'archétype de l'élévation sociale par le mérite républicain, les compétences personnelles qui remplacent la méchante cooptation en vigueur sous la IV ème république. Donc si c'est marqué dans les textes, c'est officiel, c'est vrai. Liberté, égalité, fraternité, égalité des chances. Tout ce que j'ai dit est le pur fruit des cogitations d'un esprit malade et n'a jamais existé....