Alors d'emblée pour résumer ce qui va suivre, j'annonce clairement : si vous comptez réellement travailler en DUT SRC (en tout cas à Grenoble), vous allez être déçus. J'en ai fait l'expérience en deux ans.
Bon, au niveau individuel les profs sont quand même très sympas dans l'ensemble et les cours intéressants, mais si vous vous investissez vraiment vous comprendrez petit à petit qu'il existe comme un consensus visant à récompenser la médiocrité tout en pénalisant l'audace.
Il y a les matières binaires comme l'algorithmique, le réseau, les bases de données, les mathématiques et le signal que personne n'aime mais qui sont les plus justement notées (tout juste = 20, pas tout juste = moins. Souvent c'est moins)
Il y a les matières artistiques - infographie, multimédia, culture artistique, etc - où en général la moyenne doit tourner autour de 15 avec des notes entre 12 et et 18, ce qui arrange tout le monde.
Il y a les matières théoriques, le droit, l'économie, la gestion de projet, la mercatique, où on relit en général son cours de travers pour avoir une note un peu au-dessus de la moyenne.
Puis il y a les matières assez libres de la communication : l'expression écrite, les TIC (com théorique), le PPP. Là mieux vaut avoir la flemme de bosser et rendre des travaux brouillons remplis de fautes pour avoir 12 plutôt que de s'embêter à produire du contenu original et à faire du style pour avoir 12 aussi.
Je vous passe de nombreuses anecdotes à ce sujet pour en venir à la grosse blague de cette formation : les projets. En fin de première année il y a les mini-projets, un genre de projet imaginaire pour le compte du département, et en seconde année les projets pro, des missions bien réelles en partenariat avec des entreprises ainsi que les stages.
On vous vend ça comme de véritables expériences professionnelles, comme vos premiers pas dans le monde du travail... sauf qu'on oublie de vous dire que vous serez évalués comme des fonctionnaires par l'IUT.
Je m'explique : bosser plus sur ces projets ne rapporte rien. Absolument rien. Mieux vaut configurer un CMS et installer un thème pour avoir 18 que réaliser un site dynamique de A à Z, créer de toutes pièces l'identité visuelle de la boîte et se taper une tonne de print pour la même note.
Ça rapporte même moins en fait, vu que le temps passé en plus sur la mission est du temps en moins accordé à toute la paperasse que demande l'IUT et qui vaut plus que la réalisation elle-même au niveau du barème. (C'est bien connu, on sera pris en stage ou en alternance l'an prochain pour la vingtaine d'heures de module de gestion de projet qu'offre la formation plutôt que pour nos compétences techniques...)
D'autant plus que travailler les soirs et le week-end constitue aux yeux des professeurs une mauvaise gestion de son temps : pour cause, il est inconcevable que vous ayez plus de travail que la normale ou que vous veuillez simplement en faire plus sur le temps qui vous est imparti. Au mieux, vous aurez bossé pour rien, sinon ce sera quelques points en moins.
Pour bien vivre son DUT il faut en fait se placer sur les projets et stages les plus simples ou les plus amusants et surtout jouer le "jeu". Les règles ? Faire marrer les profs durant la soutenance et lâcher 15 euros pour relier son rapport même si ce n'est pas demandé. Sinon on finit par s'arracher les cheveux à essayer de faire valoir nos "compétences" et notre "investissement", mots qui tombent souvent dans l'oreille d'un sourd.
Et puis il y a également le facteur chance que j'ai failli oublier. En projet pro comme en stage, vous pouvez avoir un tuteur cool qui vous mettra 17 ou plus si l'entreprise est contente, mais vous pouvez aussi avoir un tuteur moins cool qui vous enlèvera des points arbitrairement ! En fait les notes qui vont boucler votre dossier scolaire sont à la merci du hasard et vous saurez si vous avez eu de la chance ou non seulement après un semestre entier de labeur.
La formation n'est pas mauvaise en soi mais il faut savoir où on met les pieds en postulant. Le DUT SRC à Grenoble, c'est le culte de la médiocrité.
_ Les barèmes sont faits de sorte que vous aurez rarement plus de points que la moyenne côté technique en montrant 200% du niveau et qu'on ne vous ratera pas si vous n'êtes qu'à 80% sur le reste. (Sachant qu'un DUT est un diplôme de technicien)
_ Les profs semblent penser que ça ne vous dérange pas de prendre des cartons à peine justifiés si vous avez largement la moyenne par ailleurs, quittes à plomber votre dossier. Pendant ce temps des cadeaux sont faits à la majorité qui ne fout pas grand chose, l'objectif étant visiblement d'égaliser les notes au maximum.
_ Les projets favorisent ceux qui ont les cahiers des charges les moins remplis et ne récompensent jamais la prise de risque, l'investissement ou les compétences développées.
Tout ça n'empêche pas de travailler et d'apprendre mais il faut s'attendre à être déçu au niveau de l'évaluation.
Apparemment le bon plan c'était de venir en SRC faire de la vidéo ou de l'infographie car il est parfaitement possible d'avoir ses semestres en ayant eu 5 de moyenne dans tous les modules purement techniques puis de finir sa seconde année en beauté avec des notes frisant les 20 pour les projets les plus glamour.
Certains vous diront peut-être qu'en programmation c'est bien aussi, mais il faut savoir qu'être "développeur web" en SRC c'est faire du CMS à la pelle. Zéro valeur ajoutée. Le reste est superflu : travailler avec ses propres bases de données ou créer des applications riches grâce à Javascript/AJAX ne vaut que dalle aux yeux de l'IUT.
Enfin pour ceux qui se demandent ce que vaut mon avis, j'ai été major de promotion au S2 (avant d'en avoir eu marre de mendier pour avoir le dossier que je méritais) et j'ai obtenu avec mon groupe 5 des 9 prix qui ont été attribués lors des projets de fin d'année (sachant que les profs se sont arrangés pour qu'on n'en ait pas plus).
Heureusement qu'il y avait les prix pour rattraper le barème d'ailleurs. Le prix de la meilleure réalisation technique en projet pro pour accompagner mon 14 (la moyenne étant à 16), merci l'IUT !