MSIMania a écrit :
Pour mes oraux :
- "Perdre son temps" en huma. C'est un sujet assez classique de colle de philo et je l'ai un peu traité comme tel. De mémoire, j'ai problématisé en distinguant "perdre son temps" et "perdre du temps", l'adjectif possessif montre qu'il y a une forme d'appropriation du temps perdu qui le fait paradoxalement devenir nôtre au moment même où il nous échappe : donc on le perdant, on le gagne, et en le retrouvant c'est nous-même que l'on retrouve en affirmant notre identité sur la machine du monde. Mais au prix de nous rapprocher de la mort, ce qui me permettait de conclure sur la notion de divertissement (mot dont l'étymologie résume l'ambiguité du sujet : à la fois "se détourner de l'essentiel" et "tourner à son profit" ) en opposant les deux grands pôles du sujet, Montaigne et Pascal. Mes références évoquaient les sociétés oisives telles qu'étudiées par Lévi-Strauss, le symbole de la clepsydre, l'horloge de la fin du monde, l'Oblomov de Gontcharov, Histoire et vérité de Ricoeur...
En entretien, on m'a posé des questions sur les références que j'avais abordées, quelques questions pour me faire deviner qu'il fallait parler de Proust. Je n'ai pas su répondre à une question où on essayait de me faire deviner une acceptation du temps telle que je l'avais définie - j'ai répondu : "le terme m'échappe, mais pas le concept j'espère" et ils ont ri (je crois que le terme en question était "durée", j'avais répondu "temporalité" ).
- j'ai passé l'aptitude logique. Il y avait un souci dans le sujet qui mentionnait une entreprise dont les "capacités de production étaient à 30 000 unités" et qui voulait réaliser un certain CA avec un panier de produits, il fallait comprendre que c'était une contrainte d'égalité (pas du tout logique, car il peut ne pas être optimal de produire autant que possible) et pas d'inégalité comme je l'ai fait (cela rendait le sujet un peu plus complexe). Le jury a reconnu son erreur et s'en est excusé lorsque j'ai résumé les termes du sujet, j'ai dû adapter à la volée ce que j'avais fait mais ça s'est bien passé. Second exercice résolu en 30 secondes. Je me demande si ma relativement faible note (15) ne vient pas de la comparaison avec mon parcours (prépa B/L + master d'économie à Pipo), ils ont dû comprendre que j'étais passée à travers les mailles du filet et que j'aurais dû passer l'épreuve de maths, même si le diplôme qui m'a autorisée à m'inscrire au concours est ma licence de sociologie. - je recommande de s'entraîner avant pour le triptyque, c'est un exercice très formel et il faut connaître les codes de l'épreuve : tutoyer son répondant, ne pas hésiter à employer la première personne ou son expérience personnelle, être un peu moins théorique qu'en huma. Je me suis fait violence en faisant un plan en deux parties en tant que convaincante (le sujet : "le boeuf est lent mais la terre est patiente" ), donc vraiment, le nombre de parties du plan importe peu tant que chaque idée est bien supportée. Attention à bien comprendre le sujet. Une erreur souvent fatale est de confondre débiteur et créancier par exemple dans le sujet "un enfant est un créancier que nous donne la Nature". J'ai observé un triptyque catastrophique où le candidat a compris le sujet "Thémis, à quoi bon ta balance si l'or y sert de contrepoids" comme réflexion sur la valeur-étalon et a fait un exposé qui allait de Bretton-Woods à Nietzsche. Il fallait être beaucoup moins métaphysique : Thémis c'est la déesse de la justice, l'or c'est sa corruption.
- je suis loin d'être bilingue en anglais, je n'ai jamais mis les pieds dans un pays anglophone. Je ne suis pas "fluent" à l'oral, je ne parle pas de façon très fluide. En revanche j'ai un niveau de langue très littéraire (j'ai appris l'anglais dans les bouquins) et j'ai essayé autant que possible de placer des expressions élégantes : "on the eve of", "the body politic", "echo chambers"...Cela peut être utile de revoir du vocabulaire politique. J'ai eu le droit à des questions sur l'actualité anglosaxonne au cours de l'année, par exemple sur l'affaire des diplomates républicains qui avaient envoyé des lettres en Iran en court-circuitant la diplomatie d'Etat, je connaissais bien l'affaire et j'ai pu la résumer, ce qui a été apprécié. Ensuite des questions sur mon parcours personnel : ces questions, il faut les préparer à l'avance et ne pas hésiter à délivrer des punchlines (je me suis présentée comme une "spécialiste de la généralité" ), se mettre en récit, donner un sens à un amas de diplômes. C'est une tradition très anglosaxonne que l'on retrouve dans tous les entretiens d'embauche, et une hésitation ici ne sera pas pardonnée.
Je n'ai pris la prépa d'Admissions Parallèles qu'à l'oral. C'est vraiment une très bonne prépa, sur une semaine. Les profs sont bien renseignés et transmettent les codes que l'on ne trouve pas dans les rapports de jury. Les interrogateurs et les professeurs sont généralement eux-mêmes à HEC ou agrégés (en humanités, excellents cours de T. G.). En revanche je ne suis pas certaine de voir l'utilité d'y préparer son dossier ou le tage mage, qui se bachote facilement avec un pdf ou deux.
Pour ta question du CAD vs DD, je ne sais vraiment pas quoi te répondre. Si tu sais déjà que tu ne veux pas la majeure corporate and public management, alors postule en AD sans considérer ces questions de sélection. Je ne saurais pas te dire de toute façon laquelle des deux voies est la moins sélective, surtout que tu es en L3 et le CAD en admet peu.
EDIT :
En fait, je ne veux pas être méchante mais tu donnes l'impression d'être encore en plein "syndrome du Terminale". On ne sait pas trop ce que tu veux, tu parles d'AST ingé, de CAD, tu veux faire HEC pour HEC, au point de considérer un parcours (le DD) qui n'a rien à voir avec ton projet professionnel, tu le dis toi-même.
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