Profil supprimé | Sondage : Marine Le Pen à 23% au premier tour ? Peu probable
Par Jacques Le Bohec | Prof. en sciences de l'information
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Le sondage publié le 5 mars par LeParisien.fr, et donnant Marine Le Pen en tête des intentions de vote, illustre bien l'importance de la proposition de loi adoptée en première lecture par le Sénat, défendue par Jean-Pierre Sueur et Hugues Portelli. On ne les laissera pas faire car les sondages rendent trop de services à trop de gens dominants. Une nouvelle loi limiterait grandement, en effet, les sondages peu sérieux et répondant à des tentatives de manipulation politique à l'approche de l'élection présidentielle.
Mais l'habitude s'est installée dans les rédactions des grands médias, parmi les politologues, de ne pas mettre en cause fondamentalement des agrégats qui sont avant tout des produits commerciaux fabriqués par des firmes privées qui s'octroient la désignation fallacieuse d'« institut » alors qu'elles sont soumises aux lois du marché. Certes, les journalistes prennent quelques précautions rhétoriques (emploi du conditionnel, question sans relance permettant au sondeur invité de rassurer) mais elles ne font que renforcer l'importance de l'événement.
Sondages frelatés, journalistes complices
Il semblerait bien que, malgré leur importance politique, les journalistes ne connaissent rien des critiques scientifiques drastiques à leur égard et les valident sans coup férir. Les leaders du Parti socialiste, quant à eux, n'ont rien trouvé de mieux que de s'alarmer des résultats du sondage… La croyance dans les sondages est bien intériorisée.Il est significatif que les journalistes n'invitent presque jamais des sociologues politiques (Alain Garrigou, par exemple) qui disposent d'arguments massue montrant l'inanité scientifique de l'activité sondagière actuelle ; ils cèdent au chantage frileux et suspect des sondeurs (« c'est lui ou moi »). Si les politistes critiques étaient si incompétents comme ils le prétendent, pourquoi ont-ils peur de débattre avec eux ? ! Mais on sait combien journalistes et politologues ont besoin des sondages, même frelatés, comme boussole pour couvrir l'actualité et la commenter à chaud dans des émissions qui sont réservées à ceux qui y croient mordicus (et pour cause : ils n'auraient pas grand-chose à dire sinon). Quitte à essuyer une humiliation de temps à autre, comme Pascal Perrineau (directeur du Cevipof) en 2002, qui n'a pas du tout vu venir l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour alors qu'il passe pour un expert du FN…
Sondage par Internet : la pire des techniques
C'est donc encore une fois le cas pour ce sondage Harris Interactive réalisé via Internet, c'est-à-dire en recourant à la pire des techniques qui existent puisqu'elle ne permet pas de s'assurer de la sincérité des réponses (d'à peu près rien d'ailleurs). Cette technique n'est là que pour pallier les contacts par téléphone (déjà plus que limites) et par face-à-face au domicile (plus fiables), qui atteignent des taux de refus de la sollicitation tels (90%) que les coûts de fabrication en deviennent exorbitants.
Ainsi, rien ne laisse penser que Le Pen soit réellement en tête des intentions de vote, même avec l'« hypothèse Aubry » – un choix montré du doigt qui conduit Louis Harris Interactive à annoncer, dimanche soir, son intention de refaire le sondage, cette fois en y incluant Dominique Strauss-Kahn et François Hollande. Il ne s'agit pas, comme sondeurs, journalistes, politologues et politiciens veulent le croire, d'une « photographie » ni d'une « enquête d'opinion. » Depuis quand faire cliquer des internautes peut-il être qualifié d'enquête (aucun déplacement sur place) ? En quoi ce procédé paresseux permettrait-il de s'assurer de la sincérité et de la représentativité des répondants ? Il est peu crédible que Marine Le Pen dépasse les 16%
De plus, on ignore à combien Marine Le Pen « sort » en données brutes. Tout laisse penser qu'on leur applique actuellement un coefficient d'environ 1,5 [pour corriger certains biais, comme par exemple la difficulté d'avoir à déclarer à un sondeur que l'on compte voter FN, le chiffre des intentions de vote est augmenté de 50%, ndlr].
Certes, il est indéniable qu'elle est épaulée (invitations à la télé, journalistes à ses basques, surenchères politiciennes pour la faire monter, etc.). Qu'elle soit « haut » n'est pas douteux, mais dépasse-t-elle vraiment 16% ? Plusieurs éléments suggèrent que non.
•Bien que les sondeurs laissent de côté cet aspect pour aller vite dans les calculs, personne n'est certain que les réponses correspondent à de vraies intentions de vote, et pas à des réponses ludiques, de défiance ou de protestation comme les vraies enquêtes en attestent. Les sondeurs eux-mêmes ont fini par admettre qu'un sondage aussi loin du scrutin n'a aucune valeur. Alors ? •On sait que les rares quotas retenus par les sondeurs sont insuffisants (diplôme, locataire/proprio) et qu'ils sont trop englobants (« inactifs ») pour obtenir un échantillon représentatif.
•La fille de Jean-Marie Le Pen présente moins de stigmates négatifs – i.e. de casseroles brinquebalantes… – que son paternel. Il y a donc de fortes chances pour que les électeurs avouent plus aisément leur futur vote en sa faveur.
Autrement dit, est-il opportun de garder un coefficient de redressement au sujet des intentions de vote à son endroit ? Est-elle vraiment à 23% ? Ne devrait-on pas, avant de balancer n'importe quels chiffres en pâture, être sûr que les réponses sont sincères, que l'échantillon est représentatif et que l'on doive le redresser ? A moins qu'il ne s'agisse d'une opération fumeuse destinée à rendre DSK indispensable ? Instituts de sondages et instituts de beauté Ne devrait-on pas faire échapper la vie démocratique française aux logiques commerciales et électoralistes qui gouvernent la publication de tels sondages (scoops vendeurs pour le média, thèmes d'émission racoleurs, publicité gratuite pour « l'institut », influence pernicieuse sur les primaires, ventes de livres inquiets, etc.) ? Mais tous les agents intéressés au maintien de la situation légale des sondages peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Le gouvernement a fait connaître sa position : la proposition d'Hugues Portelli (UMP) n'est pas en odeur de sainteté. On voit bien pourquoi : elle mettrait fin à une activité juteuse et à des tentatives de coups à trois bandes. N'oublions pas qui possède (grands patrons, firmes étrangères) ces « instituts » qui sont à la science ce que les instituts de beauté sont à la médecine.
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http://www.rue89.com/2011/03/06/so [...] ble-193620
Sinon pour répondre à Anteus.
Avant 1789, tu étais un simple sujet (bon pas toi précisément, puisque toi tu vivais dans ton château )
L'existence de chaque individu était conditionnée par ta naissance. On était d'un clan, d'une région, d'une famille, et le plus souvent, d'une condition, paysanne.
A partir de la Révolution, tout change. On passe quelques temps à une monarchie élective. (très proche de la Ve République, hélas...)
On pose le roi au milieu d'une assemblée. A droite, les possédants (le Clergé et l'Aristocratie) à gauche, le peuple et la petite bourgeoisie.
Le doit de véto était censé redistribuer le pouvoir sans partage du roi.
Le Clergé et l'Aristocratie font la promotion d'une loi qui n'avantage que les possédants ? PAF droit de véto, le peuple s'y oppose. Un peuple de citoyens.
Depuis c'est resté. Les possédants sont à droite, les autres à gauche.
Tu penses bien que les instituts de sondage ne sont pas possédés par des gens proche de la gauche de gauche. On y voit tout au plus y traîner quelques ânes démocrates du club DSK. Et encore...
Mélenchon oscille entre 4 et 7.5% sur des sondages appartenant à des personnes différentes. La différence de 3.5 points peut paraître minime, mais ça fait tout de même près de 100% d'oscillation. De plus, ces sondages ne prennent pas en compte la dynamique du Front de Gauche. En outre, il n'a toujours pas été désigné candidat. Le repport du NPA n'est pas pris en compte. Le score Front de Gauche aux cantonales non plus. Le programme du Front de Gauche n'est pas totalement terminé (même s'il est largement plus avancé que celui du PS)
Bref, un sondage de Méluche à 23% tu oublies. Ce n'est tout simplement pas possible. Dans ton intervention, y'a un côté "droite gauche gnagnagna sont tous pareil et si c'était vous hein blablabla" Ce n'est pas une bonne façon de raisonner. On ne peut pas éternellement regarder la politique en se plaçant entre la droite et la gauche. A un moment, il faut choisir. Soit on choisit de favoriser les possédants (la droite) soit les plus nombreux (en France, 53% d'employés/ouvriers, sans compter les chômeurs et si on étend cela aux salariés, qui le plus souvent ne peuvent compter que sur leur travail pour vivre, alors on tombe à 93%)
Il ne faut pas élire JLM pour seulement taxer les riches. Il faut le faire car seule la France peut stopper et réorienter la politique européenne. Si on ne le fait pas, personne ne le fera. (à part peut être le peuple allemand et encore...)
Pour arrêter ce grand mouvement de destruction des idéaux républicains (fin de la Sécu, etc,...) il n'y a pas 36 solutions.
Soit on le fait ce printemps à l'occasion des manifs de Mai.
Soit on vote Front de Gauche.
Soit on attend un hypothétique Sarkozy/Marine Le Pen au second, qui est sans doute la configuration la moins probable car la droite dure en France n'est pas à ce tarif là. A ce moment là, oui, crise de régime, pays ingouvernable, et effet kiss cool de 1936 : Fachos défilant dans la rue et la, énorme réaction du peuple qui renverse le pouvoir et nouveau Front Populaire. Là encore, c'est une chance sur mille. Ca vaut même pas la peine de prendre le risque.
Si on fait rien, DSK, même politique économique que Sarko ou presque, on continue à détruire la République, on prive les français de leur vote et on fait semblant de s'offusquer de l'abstension tout en avouant en privé que ça les arrange bien. Car c'est vers un monde américain que l'on se dirige si l'on ne fait rien. Démocratie où un américain sur deux ne vote pas et où la conduite du pays se décide entre une droite molle (Obama) et une droite dure.(Bush) Les employés, les ouvriers, les jeunes ne votent plus, terminé.
Pourtant, de nombreuses personnes de droite modérée louent les 5 semaines de congés payés, louaient la retraite à 60 ans (75% des français face à Sarkozy), louent également les 35 heures pour ceux qui sont employés. Des acquis qui ont été portés par la gauche contre les possédants (la droite)
Bref, avec DSK, Liberté - Egalité - Fraternité faut oublier
. Sauf si le Front de Gauche émerge après cette période d'immanquable austérité, qui soulagera peut être le chômage de masse de quelques centaines de milliers d'unités, comme le souhaitent les cathos deloristes, mais le problème restera le même. On est en train de se jeter dans la gueule d'une Europe qui est une machine à détruire les acquis sociaux.
Pendant le mouvement sur les retraites, un américain vivant à NY il me semble écrivait : "Les français ont raison de se battre contre la finance, ici, Wall street a tout bouffé." |