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Lyon, les millions dabord
Le projet de loi sur la participation et lactionnariat salarié a été adopté définitivement le 11 Octobre dernier par lAssemblée Nationale. Désormais, les clubs sportifs, sous certaines conditions, peuvent introduire leur société sur le marché de lépargne public. Cest le ministre des Sports et de la Jeunesse, Jean-François Lamour, suite à lavis de la Commission Européenne datant du 13 Décembre 2005, qui a décidé de soumettre ce projet de loi au Parlement. Mais, qui va investir dans les clubs?
La loi adoptée définitivement par lAssemblée Nationale le 11 Octobre 2006 satisfait les présidents de clubs de football, notamment celui de lOlympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas. Les sociétés anonymes à objet sportif, soit la plupart des clubs professionnels de football, mais aussi de rugby et de basket, notamment, pourront désormais émettre des actions au porteur et procéder à la distribution de leurs bénéfices. Pour lheure, lOlympique Lyonnais, quintuple champion de France en titre et probablement une des dix meilleures équipes du football mondial, fournisseur principal de lEquipe de France en joueurs de qualité, est le seul candidat à lentrée en Bourse. Le président Aulas a promis des actions a «bas prix», entre 20 et 50 euros lunité, pour permettre aux supporters du club dinvestir dans leur club. Mais, lintérêt est-il seulement davoir des supporters actionnaires?
Bien sûr que non, le club lyonnais veut sappuyer sur son entrée en Bourse pour débloquer des fonds et construire ainsi un complexe unique en France: stade de 60 000 places, galerie marchande et boutiques, probablement hôtels, restaurants... Seulement voilà, un tel projet coûte 300 millions deuros, au bas mot, et demande plusieurs années pour voir le jour. Le projet date de 2003 et, à ce jour, lemplacement de ce futur stade, promis pour 2010-2011, nest toujours pas connu. Les sites de Vénissieux, Corbas, Décines ou encore Pusignan ont été évoqués, mais seul Jean-Michel Aulas et Gérard Collomb, sénateur-maire socialiste de Lyon, peuvent annoncer le lieu qui verra le théâtre des rêves lyonnais voir le jour. LOL a rendu public ses comptes de la saison dernière, arrêté au 30 Juin 2006: le chiffre daffaires atteint 166 millions deuros pour un résultat net de 16 millions deuros, bien peu pour une multinationale mais tellement pour un club de football qui, bien souvent, perd de largent. Cette économie florissante découle des décisions du patron lyonnais, Jean-Michel Aulas, président fondateur de la CEGID, société informatique lyonnaise, qui pèse plus de 200 millions deuros de chiffre daffaires chaque année. Il a créé la CEGID en 1983, et pris la présidence de lOL dès 1987. Le club était alors en D2, cest désormais le roi incontesté de la Ligue 1, sur le trône depuis cinq ans et premier club des années 2000. Pour présenter son dossier à lAutorité des Marchés Financiers (AMF), lOL doit être indépendante de ses activités sportives. Et le tumultueux président lyonnais fait les efforts pour, il développe depuis plusieurs années des activités annexes pour lOL: une boutique, un salon de coiffure, une auto-école, des restaurants, des cafés, des produits dérivés, des bouteilles de vins, du fromage... LOL est devenu une marque reconnaissable dans le Monde entier grâce aux exploits des Juninho, Coupet, Fred et consorts. La chaîne de lOL, OLTV, est dailleurs la seule chaîne de club en France, diffusé en continu sur Internet et sur le câble, a avoir rapporter de largent au club dès sa première année dexploitation. Bien sûr, si la mécanique lyonnaise de la victoire senraillait, la réussite commerciale de lOL serait inévitable mais, pour lheure, il semble évident que les recettes du club ne sont pas seulement dépendants des résultats sportifs de léquipe première, lOL remplit donc le premier critère pour être côté en Bourse.
Il reste aussi à participer à un gros projet, et on a déjà évoqué celui du nouveau stade. LOL a aussi un autre projet en tête, celui dune fondation. La fondation OL aura pour but de soutenir des projets sociaux autour du football, et le président, parachuté par Jean-Michel Aulas, représente fort bien la culture du club. Il sagit de Sonny Anderson, le premier grand joueur de lère moderne de lOlympique Lyonnais et lun des précurseurs de la nouvelle réussite brillante du club rhônalpin. LOL devient donc une vraie industrie et va pouvoir profiter de sa prochaine entrée sur le marché public, dici la fin de lannée 2006 ou dans le premier trimestre de lannée prochaine, probablement, pour prendre un nouvel envol et devenir un club multinational, à linstar des illustres Real Madrid, Manchester United ou encore Milan AC qui, malgré leurs baisses de formes, restent des entreprises rentables. Cest une nouvelle ère du sport français, et surtout du football, qui voit le jour.
Mais, on peut se demander qui va investir dans ces entreprises très fragiles? Bien sûr, le choix des supporters qui désirent disposer dun pouvoir, aussi infime soit-il, sur le club de leur cur sera prépondérant pour un bon nombre dentre eux qui investiront des petites sommes dans le club qui émet de ses actions. On peut déjà imaginer que plusieurs milliers de supporters de lOL vont suivre les appels du pied de leur président Jean-Michel Aulas et se lancer dans laventure, pour des sommes raisonnables, comprises entre 20 et 300 euros. Mais, lOL na plus besoin de ces fonds ridicules (quelques millions deuros) pour une entreprise de cette envergure. Ce que lOL recherche, cest avant tout des partenaires. Cette année, lOL a changer de sponsor et accueilli le groupe Accor dans son portefeuille de partenaires. Le club lyonnais jouera sur les terrains de toute lEurope avec des maillots floqués à leffigie de Novotel et Chèques Restaurant, et touchera en contrepartie la rondelette somme de 9 millions deuros par saison (59 millions de francs). Léquipementier britannique Umbro verse quant à lui 6 millions deuros (39 millions de francs) pour que les lyonnais portent leurs équipements sportifs. La machine à gagner est devenue cash machine et lentrée en Bourse peut permettre dattirer de nouveaux partenaires et de soulever ainsi des fonds. On parle déjà de larrivée de LG, déjà partenaire de Lyon depuis plusieurs saisons, et qui pourrait investir des dizaines de millions dans le club, et notamment dans son projet de stade. Dautres entreprises seraient également en train de négocier avec lomniprésent président Aulas pour sassocier à léquipe lyonnaise et le risque est bien sûr que ces généreux partenaires sengagent et se désengagent à souhait, en faisant ainsi varier le cours des actions, et donc perdre (ou gagner) de largent aux petits actionnaires, supporters. Le jeu nen vaut peut être pas la chandelle mais en tout cas le Lyon a donc de beaux jours devant lui dans sa savane, tant au niveau sportif que sur le plan purement économique.
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