« Pas une bonne solution »
Aurélien CANOT - dimanche 12 octobre 2008 - 17h42 A l'image de la majorité du groupe France, Jean-Alain Boumsong fait bloc derrière son sélectionneur. Le défenseur de l'OL estime que ce serait faire erreur que de se séparer de Raymond Domenech.  
 
 
Jean-Alain Boumsong, avez-vous repensé à ces vingt premières minutes contre la Roumanie ?
Oui, j'ai eu tout le temps d'y réfléchir, mais à ce jour, je n'ai pas trouvé la réponse. Je remarque juste que nous avions perdu notre jeu, tant sur le plan défensif qu'offensif, et que nous avons été un peu happés par l'enthousiasme des Roumains. Ça fait tout de suite 2-0 mais il aurait peut-être dû n'y avoir que 1-0, car sur le deuxième but, sans vouloir prêcher pour ma paroisse, il y a une faute manifeste sur moi, je préviens même l'arbitre juste avant car je savais qu'il allait faire cette faute. Mais c'est logique que nous soyons menés après dix-sept minutes de jeu car nous n'étions pas vraiment conquérants dans tous les duels.
 
De quelle faute êtes-vous victime sur le deuxième but ?
Le joueur (Ndlr : Goian) me pousse, et Tamas me fait un croc-en-jambe. Ils avaient prévu de le faire donc je me retrouve à terre et le joueur est parti, c'est trop tard, je n'ai pas le temps de le rattraper. Je suis le seul à râler après l'arbitre, je lui en veux un peu car je lui dis juste avant qu'ils vont le faire. Mais bon, il y a eu le but, on n'a pas été bons ces vingt premières minutes, et il faut surtout retenir cette force de caractère qui nous a permis de revenir dans le match, dans un contexte difficile. Et puis il s'en est fallu de peu pour que l'on gagne.
 
Vu le contexte, vous saviez qu'en cas de défaite, des choses compliquées pouvaient se produire. Quand on est joueur, est-ce que l'on se dit qu'un type va peut-être perdre son boulot ?
Oui, bien sûr. Humainement, j'aime bien Raymond Domenech, professionnellement aussi. C'est quelqu'un de très compétent. Toutes les critiques qui lui sont adressées ont leurs raisons et leurs justifications, enfin jusqu'à une certaine limite. Certaines sont excessives et c'est vraiment une sorte de croisade qui est menée contre lui. C'est un entraîneur compétent, un entraîneur fédérateur et ça s'est vu sur ce match. A la mi-temps, il a eu les mots justes pour insuffler de l'énergie à toute son équipe et repartir de l'avant, ce qu'on a fait.
 
Quels ont été ses mots ?
Ses mots ont été justes. Il a bien constaté que les vingt premières minutes n'étaient pas bonnes et que l'on perdait nos duels, qu'on se laissait un peu balader sans avoir l'emprise sur le jeu. Il fallait que nous reprenions le jeu à notre compte, et ainsi garder notre sérénité et notre calme. Il fallait surtout que l'on joue notre jeu, car il savait que nous étions meilleurs qu'eux et qu'en jouant plus au ballon, nous allions revenir au score.
 
« Je ne suis pas là pour défendre un homme »
 
Existe-il une adhésion du groupe au discours de Raymond Domenech ?
Oui. Je parle à titre personnel, mais je pense que la majorité de l'équipe est derrière lui. Ses mots ont eu un certain effet. Il y a bien sur eu aussi cette solidarité entre nous qui a été présente. Ses mots ont vraiment eu un impact, et avec notre collectif, nous avons essayé de faire de notre mieux pour revenir au score.
 
Est-ce que vous comprendriez que le Conseil Fédéral prenne mercredi une décision défavorable à son encontre ?
Je trouve que ce ne serait pas une bonne solution, vraiment. Je ne suis pas là simplement pour défendre un homme, je défends aussi un entraîneur qui a les compétences d'entraîner cette équipe. Ce ne serait donc pas une bonne décision de changer lors de ces éliminatoires et encore plus après un match comme celui-là. Nous sommes menés 2-0 en Roumanie et nous trouvons cette force de caractère pour revenir. Il y a probablement quelque chose qui s'est créé après ce match. Il serait dommage de faire partir l'entraîneur à ce moment.
 
Quelque chose s'est-il créé au sein du groupe ?
Oui, car nous avons senti que tout le monde était uni et mobilisé. On avait tous cette envie. Même ceux qui ne jouaient pas avaient ce désir, cette volonté, de revenir au score et de se battre pour faire un résultat. Et c'est très important quand on veut accomplir de grandes choses dans le football.
 
L'arrivée d'un nouveau sélectionneur pourrait-elle casser ce que vous avez construit sur ces derniers matchs ?
Je n'irais peut-être pas jusqu'employer le terme « casser ». Nous jouons pour l'équipe de France et nous devons nous battre quel que soit l'entraîneur qui dirige cette équipe. Nous ne jouons pas pour un seul homme, quel qu'il soit, nous devons mouiller le maillot. Mais le changement d'entraîneur pourrait être préjudiciable dans le sens où cet impact psychologique peut retarder l'allumage de cette équipe. Car pour moi, aujourd'hui il y a quelque chose qui s'est créé et il faut le laisser aller. Mais peut-être suis-je trop optimiste.
 
Foot 365