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Filles-garçons : la tentation de les séparer à l'école Il y a cinq ans, remettre en cause le principe de la mixité à l'école aurait fait hurler. Aujourd'hui, le sociologue Michel Fize, plaide en pleine rentrée scolaire pour la création de classes non-mixtes à l'école publique. Une idée qui fait son chemin.
Comment sauver les filles des agressions qu'elles subissent dans les classes ? Comment permettre aux garçons de rattaper des performances scolaires qui ne cessent de baisser ? Une solution, qui aurait été jugée scandaleuse il y a encore quelques années, est aujourd'hui clairement pronée par quelques spécialistes de l'éducation, dont le sociologue Michel Fize dans son livre qui vient de sortir «Les pièges de la mixité scolaire» (voir ci-contre son interview): le retour à un enseignement séparé à l'école. Filles d'un côté, garçons de l'autre pour aider le plus grand nombre à s'épanouir et par là même à réussir. Extravagant? rétrograde? ou, au contraire, souhaitable? Le débat (*), au delà d'ailleurs des traditionnels clivage droite-gauche ou laïc-religieux, est lancé à cette rentrée où la quasi totalité des 12 millions d'élèves suivent des cours avec leurs copains et copines. Seul un établissement public -La Légion d'honneur- et 5% des institutions privées échappent encore au modèle archi-dominant. Et les élèves n'y sont, d'après leurs témoignages, pas plus malheureux qu'ailleurs ! Aux Etats-Unis, les écoles non mixtes, défendues par l'administration Bush mais soutenues aussi par des personnalités démocrates et féministes comme Hillary Clinton, refleurissent déjà. « Cela ne changerait rien » Mais, pourquoi donc la mixité est-elle partout sur la sellette ? Avant tout, parce que les violences sexuelles et les comportements sexistes augmentent dans les établissements. «C'est vrai que, pendant mes cours, les insultes fusent parfois, alors les filles n'osent pas trop s'exprimer, note Nicolas, professeur d'histoire-géographie dans les Yvelines. Je les prends maintenant séparément en demi-groupes pour avoir un vrai de temps de parole.» Des enseignants n'hésitent donc plus à bousculer les consignes en séparant leurs élèves, en gym, en sciences de la vie et de la terre ou en français. «La mixité, y compris chez nous, existe depuis 30 ans et on se rend compte que tout ne va pas de soi, note Gilles du Retail, porte-parole de l'Enseignement Catholique qui envisage «des cours parfois séparés.» L'idée d'un retour à des bancs féminins et masculins irrite. «Cela ne changerait rien, insiste Isabelle Cabat, institutrice et militante de l'association Mix-Cités. Il vaudrait mieux envisager de former les enseignants à ne pas reproduire des schémas sexistes, de revoir les manuels qui donnent des images de la femme et de l'homme très rétrogrades.» «Renoncer à la mixité serait une très lourde défaite pour l'école, pour la société en général» insiste aussi Ségolène Royal, ancienne ministre PS de la Famille, qui envisage pourtant des «espaces séparés». Même les défenseurs de cette belle mixité reconnaissent ses ratés. Signe qu'elle est décidément bien mise à mal et que le débat mérite d'être posé.
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