Tendances : état sanitaire
La propreté de certains slips est encore parfois douteuse malgré les efforts des médecins ou bonnetiers qui avec l?avènement de la maille et du slip à ouverture firent beaucoup pour le confort et la netteté des dessous masculins
IL FAUT attendre le XIVè siècle pour que la notion d'hygiène soit liée au port du sous-vêtement. Les chroniqueurs de l'époque rapportent que les braies devenaient à cette époque des sous-vêtements portés par « netteté ». Selon Jean-Claude Bologne, « l?usage de plus en plus répandu du linge de corps, plus facile à laver que le corps lui-même changera les règles de l?hygiène. C?est d?ailleurs à la même époque et pour les mêmes raisons que la fourchette s?imposera à table et qu?on s?y lavera moins les mains » (1).
Le slip ouvert favorise l?hygiène intime
L?avènement du slip sera l?occasion de prôner un nouveau discours hygiéniste. Déjà, au XIXe siècle, le remplacement de la laine par le coton, en permettant la diffusion de véritables sous-vêtements, aisément lavables, a spectaculairement contribué au recul des maladies infectieuses : jusqu'alors, les parties du corps les plus exposées aux souillures étaient souvent en contact direct avec la laine qui composait la plupart des dessous. Celle-ci était difficile à nettoyer et restait irritante, incitant de fait au grattage et donc à la contamination ultérieure par les mains. Analyse très peu ragoûtante, mais irréfutable (2). En moulant l?anatomie masculine le slip permettait de plus aux parties intimes du corps une meilleure protection contre les saletés venant de l?extérieur. Et les nouvelles étoffes en maille de coton qui composaient ce sous-vêtement étaient vantées par les médecins et hygiénistes de l?après guerre. Le coton Petit Bateau va faire partie des premiers à ce lancer dans le sous-vêtement hygiénique. Dans ses réclames de 1913 il annonce déjà que son « tricot hygiénique empêche les refroidissements et laisse toute liberté à la respiration cutanée qui est un principe de la rénovation du sang » (3). Enfin, le slip à poche était typiquement un progrès permettant au jeune garçon et à l?homme de conserver longtemps des sous-vêtements propres grâce à l?ouverture par laquelle ils pouvaient rapidement se soulager.
Il faut se rappeler que les vêtements faciles à mettre et enlever (de type sportswear, par exemple) n?existaient pas encore après la seconde guerre mondiale. Aller aux toilettes relevait pour les impatients d?un exercice périlleux ! En plus des braguettes à boutons, on portait fréquemment des bretelles fixées également par des boutons. Bref, un garçon trouvait infiniment plus pratique l?ouverture du slip qui lui permettait d?aller aux toilettes sans avoir à retirer complètement son pantalon pour abaisser le devant de son sous-vêtement.
Le slip kangourou permet d?améliorer le confort lié à la position des outils dans leur boite
Paradoxalement, la généralisation dans les années 60 de la fermeture éclair sur les pantalons va renforcer la nécessité du slip kangourou sur tout autre sous-vêtement ? bien qu?inventée en 1890 par l?Américain Judson la fermeture éclair s?est généralisée bien plus tard. Pour comprendre cela il faut savoir quelles manipulations sont nécessaires lorsqu?on possède un pantalon à boutons : d?abord, on doit desserrer la ceinture en cuir, retirer le bouton de ceinture du pantalon, défaire les boutons de la braguette. Puis, dans le sens inverse, reboutonner la braguette en partant du bas jusqu?au bouton du haut (4 ou 6 boutons) et enfin resserrer la ceinture. Il est très difficile de reboutonner une braguette à moitié ouverte. La nouvelle fermeture éclair va donc permettre d?ouvrir le pantalon facilement. Mais son utilité serait mince si, pour faire pipi, l?homme devait baisser son pantalon et son slip sur le devant. C?est pourquoi, le slip ouvert sous un pantalon à fermeture éclair permet à tout homme normalement constitué d?accéder facilement à son appendice urinaire en se défaisant un minimum. Par le suite, les nouvelles matières élastiques permirent de faire des élastiques de slip plus résistants, et donc de proposer des slips taille basse sans ouverture. Cependant, le slip à poche permet d?améliorer le confort lié à? la position des outils dans leur boite ! Explications imagées : si vous « portez vers le bas » (4), la poche permettra plus facilement de ranger votre colibri le bec sous les ailes plutôt que la tête en l?air ou sur les côtés. Solution plus difficile avec un slip fermé qui nécessite quelques manoeuvres peu élégantes du fait d?un accès plus limité.
Le caleçon plus dangereux que le slip
Au XXè siècle, l?hygiène ne se limitait pas à la rapidité qu?avait l?individu mâle pour dégainer ! Les médecins, et en particuliers les militaires soulignaient encore tous les mérites du sous-vêtement moulant. Dans les années 60 l'armée française fit même imprimer une circulaire par laquelle elle rendait obligatoire le port du slip et bannissait le caleçon qu'elle trouvait peu approprié aux exercices physiques intenses demandés aux militaires.
En 1995, un Anglais sur dix portait le même slip trois jours durant
Pas de doute là-dessous, les médecins rappellent (5) qu'il y a moins de risque avec les slips que les caleçons flottants. Selon un docteur interrogé par un grand quotidien, le plus important est de se sentir bien. Il conseille le slip, à condition qu'il ne soit pas trop moulant ou porté sous un jean très serré ce qui pourrait engendrer une élévation de la température du scrotum et troubler la production des spermatozoïdes (le terme scientifique est dans ce cas : l'azoospermie). Avis aux futurs pères de famille ! Il met en garde les sportifs qui pourraient préférer le caleçon. D'abord, le slip est moins douloureux, et puis, des mouvements trop brusques (pendant la journée ou durant le sommeil) peuvent provoquer chez les adolescents une torsion du testicule entraînant une intervention médicale. Cette pathologie n'est pas rare, puisqu'elle affecte 1 homme sur 160 avant l'âge de 65 ans. Deux tiers des patients sont adolescents. Une étude scientifique (5) confirme la nocivité des vêtements trop serrés. Les Parisiens, comparés à leurs congénères d'autres grandes villes européennes seraient moins fertiles. Probablement à cause des produits chimiques et du stress, à moins que la position assise prolongée dans les bureaux ne réchauffent leur bourse trop longuement. Quoi qu'il en soit, suivez les conseils des Américains : aux États-Unis, les vendeurs de slips suggèrent à leur clientèle de choisir une taille au-dessus de la leur pour être plus à l'aise.
Et la propreté dans tout ça ?
Un autre aspect de l?hygiène du sous-vêtement est tout naturellement lié à la propreté de celui-ci. Levons un voile pudique sur l?état de propreté de nos sous-vêtements, non sans parfois se pincer le nez. Car de ce côté, les habitudes sont très variables? Un sondage anglais affirmait en 1995 qu'un Britannique sur dix portait le même slip trois jours durant, et un sur cent gardait le même sous-vêtement pour la semaine (7). Quant à la moitié des sondés, ils n'hésitaient pas à mettre des sous-vêtements gris de crasse. À moins de posséder un slip antibactérien (8), il faut donc procéder une fois par jour à un lavage efficace sans pour autant altérer les fibres du vêtement (9).
875.000 français souffrent de pertes urinaires dans leur slip
L'un des facteurs de salissure du sous-vêtement vient des menues pertes urinaires qui touchent plus d?hommes qu?on ne le pense : en France, 875.000 hommes sont affectés, dont les trois quarts ont moins de 65 ans. L?une des variantes de l?incontinence légère est le phénomène dit de « la dernière goutte » appelée incontinence post-mictionnelle : après avoir soulagé sa vessie aux toilettes et s?être rhabillé, l?homme ne peut réprimer quelques gouttes qui vont incidemment s?infiltrer dans le slip. Une petite faiblesse qui concerne toutes les générations (10). Certains magasins spécialisés vendent d'ailleurs des slips kangourou dont la poche est à l'intérieur doublée de PVC (traité anti-moisissure et anti-bactéries) ou munie d'une zone absorbante en ouate de coton (11).
Une enquête de la Sofres et du Comité d'éducation pour la santé rapporte qu?en 1998 seuls six français sur dix changeaient de slip chaque jour. Quant aux Françaises, elles semblaient plus propres puisque les trois-quarts d'entre-elles enfilaient une nouvelle petite culotte chaque matin (12).
Aujourd?hui, et à quelques rares exceptions, on constatera qu'en majorité les hommes semblent plutôt propres sur eux puisqu'ils sont plus des deux tiers à changer de slip chaque jour. Visiblement les machines à laver tournent plus souvent ! Si certains jouent l'originalité dans la catégorie maniaque de la propreté ou souillon convaincu reste cependant un homme sur cinq qui préfère conserver son slip deux jours d'affilé. (13).
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"C'est du n'importenawak !!!"