PARIS (AFP) - La campagne médiatique menée tambour battant depuis jeudi par Claude Lelouch pour défendre son long-métrage "Les Parisiens", très mal reçu par la critique, n'a pas vraiment réussi pour l'instant à doper la fréquentation du film.
De mercredi à dimanche, 110.000 spectateurs ont vu la dernière oeuvre du cinéaste, selon des chiffres communiqués lundi par sa société, Les Films 13. Mais environ 45.000 d'entre eux l'ont vu gratuitement lors de la séance offerte vendredi soir par le réalisateur pour relancer son film.
Le film, projeté dans 400 salles, n'a attiré que quelque 16.000 personnes le jour de sa sortie mercredi. Si l'on retire les entrées gratuites, on en reste à une moyenne quotidienne de 15.000 spectateurs, soit un très mauvais chiffre.
Claude Lelouch, anticipant ces résultats, a toutefois estimé lundi normal que l'impact de son opération ne soit pas immédiat: "Je pense qu'il va falloir attendre trois-quatre jours, parce que le bouche à oreille est quelque chose de très très long à se mettre en place (...) Donc je voudrais attendre cette semaine pour qu'on se prononce. En tous les cas, le frétillement est bon".
Cette opération inédite représente un péril financier certain pour le réalisateur d'"Un homme et une femme", qui avait déjà rencontré des difficultés pour financer son film.
La séance gratuite de vendredi soir a coûté au cinéaste la bagatelle d'un "petit million de francs" (environ 150.000 euros). "Ca va me coûter un petit million de francs pour à peu près 40/45.000 spectateurs qui sont venus voir le film gratuitement", a-t-il dit.
Le réalisateur s'est toutefois voulu philosophe. "Vous savez, quarante films de Lelouch en quarante ans, ça fait beaucoup (...) Il y a peut-être un ras-le-bol (...) et c'est peut-être logique qu'ils en aient marre que je leur raconte les mêmes histoires".
"Les Parisiens", premier volet d'une trilogie intitulée "Le genre humain", a été éreinté par Libération, qui l'a qualifié mercredi de "comédie pathétique", tandis que Le Monde a évoqué un "film indigeste" et décrit Lelouch comme "un cinéaste qui eut son heure de gloire et souffre d'être aujourd'hui délaissé".
Interrogé par l'AFP, le cinéaste Jean-Pierre Mocky s'est montré assez sceptique sur l'initiative de son confrère. "Malheureusement quand on offre des choses gratuitement aux gens, les gens se méfient, ils trouvent ça bizarre (...) Il a voulu faire une expérience, mais il risque d'être déçu (...) Ca me paraît un peu utopique".
La campagne de Lelouch a d'ores et déjà assuré à son film une couverture médiatique sans prix: outre les reportages sur son initiative hors du commun, le cinéaste a été omniprésent dans les journaux ainsi que sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio.
Il a aussi obtenu un premier résultat tangible: le film restera mercredi à l'affiche dans les 400 salles où il a été programmé pour sa sortie.
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