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Auteur Sujet :

(ecriture d'un roman d'heroic-fantasy) Les Larmes du Spectre

n°3189335
deidril
French Geek Society Member
Posté le 12-07-2004 à 09:53:02  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Et voilà le chapitre 4, tout chaud tout beau :)
 
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              Chapitre 4
           
             Le Testament d'Astrielle
 
« Voici l’objet en question, gente damoiselle »
 
L’homme posa sur son bureau un coffret plat en acajou poli. Des arabesques dorées enluminaient le bois, encadrant un blason. Celui-ci représentant un ange pourvu de deux paires d’ailes offrant une fine épée à une femme. Trois fermoirs en or maintenaient l’objet clos.  
 
L’homme poussa le coffret en direction de son invitée. Celle-ci avança la main vers l’objet mais son propriétaire garda sa main posée dessus.
La jeune femme fixa alors droit dans les yeux le propriétaire de la boîte, attendant une réaction.  
 
« Le Landsraad et le Saint Empire ont tout à gagner à rétablir de saine relations diplomatiques et je souhaite que cet échange ouvre la voie à de futures négociations »
 
L’intonation qu’il donna au mot échange n’échappa pas à la jeune femme.  Arborant un sourire purement diplomatique, elle sortit une bourse en cuir de sa tunique et la posa à coté du coffret.  
 
« Voici les joyaux de Gurandyr ainsi qu’il était convenu.
- Je ne vous cache pas mon étonnement de savoir qu’ils étaient en possession de l’église de Valarian. »
- En fait, comme vous le savez sûrement, ces joyaux étaient destinés à orner la couronne de l’empereur Shalimar II. Ce que vous ignorez peut-être, c’est qu’ils furent perdus dans un naufrage provoqué par des pirates vers le milieu du huitième siècle au large de Thaelyss. Bien des années plus tard, ils furent retrouvés par l’Inquisition lors du jugement d’un collectionneur accusé d’acquérir et de vendre des objets du culte d’Andragoras. Depuis lors, ils sont demeurés parmi les trésors de l’église. Il n’est que justice qu’ils retournent à leur véritable patrie après plus de deux cents ans d’attente. »
 
Lâchant le coffret, l’homme se saisit prestement de la bourse et l’ouvrit. Seize diamants d’une pureté incomparable tombèrent dans sa main. La lumière se reflétaient sur leurs facettes en se démultipliant. Dans la pièce faiblement éclairée, les gemmes brillaient comme les étoiles du firmament. L’homme en eu le souffle coupé.
 
« Je crois que l’affaire est entendue. »
 
Ranka scruta l’homme avec attention pour essayer de saisir ses émotions.
 
Verlius Dan Armeich puait la duplicité et la convoitise. Il ne faisait aucun doute dans l’esprit de Ranka qu’il avait subtilisé le coffret dans les trésors du Landsraad et qu’il comptait garder les diamants pour son propre profit. L’avarice se lisait dans le regard qu’il portait aux gemmes, tandis que son doigt ganté les caressait délicatement.  
 
Deux semaines plutôt, elle avait remarqué Verlius parmi les chargés de l’administration du Landsraad. Elle avait immédiatement perçut en lui les défauts qui faciliteraient l’acquisition qu’elle souhaitait faire. L’homme portait toujours la même lourde toge de velours précieux que lorsqu’elle l’avait abordé. Ses cheveux blonds étaient rabattus sur l’avant pour dissimuler une calvitie naissante. Les mots échanges, diamants et récompenses avaient capté son attention et il l’avait reçut dans son bureau, situé dans l’aile réservée aux gestionnaires des mille facettes que possède un grand empire comme le Landsraad.
La pièce n’était pas le lieu de travail que Ranka imaginait. Elle s’attendait à un capharnaüm de papiers et de rapports. Elle révisa son jugement sur sa cible lorsqu’elle entrait dans son bureau. L’endroit était spacieux. Le parquet du sol était soigneusement ciré. Une bibliothèque couvrait tout un mur, abritant des séries d’ouvrages méticuleusement alignés par section et par nom. Son bureau était soigneusement rangé, les plumes taillées et prêtes à l’emploi, les encriers remplis d’un noir de nuit, d’un bleu azur et d’un vert sylvestre de cette seule qualité remarquable qui sied aux documents portant le sceau de l’empereur. Deux grandes fenêtres derrière le fauteuil de cuir de Verlius donnaient dans les jardins et inondaient la pièce de lumière pendant les heures de la journée.
 
Cependant en cette soirée où la chaleur accablait plus qu’elle ne réchauffait, celles-ci étaient ouvertes pour prodiguer un peu de fraîcheur. D’ailleurs, Verlius ne manquait pas d’agiter un éventail afin de chasser la moiteur qui recouvrait son visage.
 
Ranka attira le coffret à elle. Elle ouvrit un à un les fermoirs et révéla le contenu de la boîte. Verlius jeta un œil dans sa direction.
 
« J’espère qu’il s’agit des parchemins que vous cherchiez. J’ai consulté un lettré pour décrypter le texte mais ce bon à rien s’est révélé incapable d’en effectuer la traduction. »
 
Ranka observa les documents. Craquelés, jaunis par un millénaire passé dans la boîte, ils étaient recouverts de symboles anciens. Alors qu’elle comptait le nombre de feuillets, Verlius ajouta :
 
« Je n’ai pu donc m’assurer qu’il s’agissait des originaux dès lors qu’il m’était impossible d’en comprendre le contenu. Vous m’aviez expressément averti de votre souhait d’acquérir uniquement ceux-ci mais je ne peux, en toute franchise, garantir leur authenticité.  
- Ils me semblent authentiques. »

Aldariel, Saint patron des lettrés, défenseur de l’unique vérité, accorde moi la Vision.

 
Ranka prononça du bout des lèvres la prière afin que Verlius ne puisse en entendre un seul mot. Elle entendit sa prière se répéter à l’infini autour d’elle en un cœur de voix majestueux et puissant tandis qu’elle se sentit investit de la Force d’Ame divine du saint. Sous ses yeux, les parchemins étaient maintenant auréolés d’une faible aura blanche. Elle enleva ses gants de satin blanc et effleura du bout des doigts le texte. Une douce chaleur se communiqua à elle, l’emplissant de cette béatitude qu’elle connaissait lors des communions les plus sincères.
 
L’aura de la Force d’Ame d’Astrielle ! Si douce et si chaleureuse ! Il ne peut s’agir que de la fameuse correspondance qu’aurait échangé la Championne d’Andramael avec Saint Tenadir. Dissimulée aux confins du monde et cherchant un lieu propice pour cacher le Sceau, la légende veut qu’Astrielle fut visitée par son archange et qu’elle reçut des révélations quant au destin de l’humanité. Elle aurait envoyé ces textes à Tenadir,  alors le Haut Prélat de Valarian et fondateur du Saint Empire. Et aujourd’hui, ces manuscrits légendaires sont enfin en ma possession !  
 
Profitant de la Vision, Ranka observa Verlius et lut en lui les sentiments qu’elle avait devinés. Elle vit le mensonge qu’il avait utilisé pour présenter l’affaire comme un échange de bon procédé en vue d’un rétablissement des relations entre le Landsraad et le Saint Empire. Elle avait désormais la confirmation qu’il n’en était rien. D’une certaine manière, la tournure des évènements l’arrangeait puisqu’elle souhaitait garder discrète la confirmation de l’existence de ces documents.
 
Elle brisa sa concentration et la Vision cessa.
 
« Je pense qu’il s’agit bien des originaux. En ce qui me concerne, vous vous êtes acquitté de vos engagements.
- Et vous des vôtre gente dame, répondit Verlius sans quitter des yeux les gemmes.
- Dans ce cas je vous laisse. Je dois préparer mon retour sur les terres du Saint Empire.  
- Je vous salue, gente dame, et vous souhaite un agréable voyage.
 
Ranka plaça le coffret dans un grand carré de tissu vert et replia celui-ci afin de faire un paquet. Saluant Verlius, elle quitta son bureau d’un pas pressé.  
 
Ces documents révèlent peut-être le destin de notre temps.
 
Ranka tenta de chasser son anxiété et son impatience. Elle aurait très bientôt l’opportunité de les examiner mais pour l’heure, elle se devait de quitter discrètement le palais.  
 
Un long couloir large comme une avenue traversait cette aile. Des dizaines de fonctionnaires de l’empire, des serviteurs portant messages, nourritures, affaires personnelles et autres colis formaient un flot continu de part et d’autre, se croisant devant elle. Des soldats en armure se tenaient au garde-à-vous à intervalle régulier, une hallebarde à la main. Des dignitaires de l’empire passèrent devant elle, dans leurs grandes robes rouges et bleues. Ils étaient escortés de jeunes pages portant leurs effets personnels. Sitôt qu’ils libérèrent le passage, Ranka se faufila dans la foule et elle se dirigea vers la sortie, le coffret soigneusement enveloppé sous son bras.
 
Sortant dans les jardins, une douce brise nocturne vint la rafraîchir. Le ciel était dégagé au-dessus d’elle, offrant un firmament d’étoiles magnifiques. Elle reconnut la Crinière du Lion et juste à coté, le Cœur d’Etilyr, une étoile particulièrement brillante qui indiquait le nord aux voyageurs.
 
Ranka attendit qu’un groupe de fonctionnaire s’éloigna d’elle pour écarter le tissu et révéler le coffret.
 
Oh Ystraelle, Gardienne des Secrets, Témoin des Serments. Que ton aura protège ce coffret du regard des curieux.
 
Celui-ci s’auréola alors d’une légère blancheur. La douce chaleur de la présence divine qui l’enveloppait chaque fois qu’elle procédait à une prière s’en alla et le coffret redevint normal à ses yeux. Elle remis la boîte dans le tissu et s’en alla.
 
Elle traversa les jardins du palais, grands prés bordés de fleurs aux couleurs variées et d’arbres rares. Le chemin jusqu’aux portes du palais se faisait sous le couvert de deux rangées de grands cerisiers eldryn dont les feuilles roses pâles tombaient en cascade, formant sous ses pieds un parterre de pétales du plus bel effet.
 
Un rempart massif de pierres rouges entourait l’ensemble du palais. S’élevant jusqu’à une dizaine de mètres, les murs étaient surmontés d’un chemin de ronde sur lequel Ranka remarqua des arbalétriers. Un court tunnel devant elle traversait la fortification. Au milieu de celle-ci, une dizaine de garde en armure et cotte de maille contrôlaient chaque personne. Elle s’avança jusqu’à eux.
 
Ranka salua d’un hochement de tête les gardes du palais. La bénédiction d’Ystraelle embrumant leurs esprits, les gardes ne réalisèrent pas qu’elle portait un paquet. Le lieutenant en faction lui renvoya son salut et ordonna de la laisser passer.
 
Au-delà des portes elle s’avança sur le Pont des Rois, une construction gigantesque reliant l’île sur laquelle était bâti le palais à la cité de Karador. Erigés à même le pont, les échoppes les plus prestigieuses, les auberges les plus renommés et les guildes les plus en vue avaient ici leur emplacement privilégié, entre le cœur même de l’empire et le reste du monde. Une foule issue de la haute société du Landsraad se pressait dans cette avenue suspendue au-dessus des flots. Ranka se fraya un chemin à travers les serviteurs en livrée, les groupes de jeunes nobles et d’aristocrate en quête d’un lieu de divertissement pour la soirée et les caravanes incessantes alimentant le palais en ressources. Elle s’écarta de la trajectoire d’un carrosse de bois noir tiré par quatre palefrois pour se diriger vers une des auberges. Elle poussa la porte de La Couronne des Rois.
 
L’auberge était réputée pour être la plus cossue et la plus respectée dans la capitale. Une trentaine de tables rondes entourait un pilier central percé de quatre cheminées. La plupart des chaises étaient occupées par des personnes aux vêtements princiers. Elle remarque un homme d’un âge respectable qui leva la main pour attirer son attention et alla s’asseoir en face de lui.
 
« Notre mission est accomplie mon ami. J’ai ce pourquoi nous sommes venus. »
 
L’ami en question, un robuste homme aux cheveux grisonnants, acquiesça. Il portait une chemise à jabot sous une tunique noire brodée d’or et d’argent. Sirotant une liqueur ambrée, il écoutait attentivement Ranka en caressant un court bouc poivre et sel qu’il arborait au menton.
 
« La tractation se déroula ainsi que je l’avais prévu. Il est fort probable que Verlius garde les diamants de Gurandyr pour lui-même, nous donnant ainsi une discrétion bien utile en vérité.
- Je n’aime guère ces méthodes d’une honnêteté douteuse, je ne m’en cache pas. L’idée qu’un avare petit nobliau profite d’une quête sacrée pour s’enrichir ainsi me fait tourner les sangs.
- A chacun sa récompense mon ami. Nous avons obtenu ce soir ce qui va peut-être sauver l’humanité toute entière lorsque… »
Ranka s’arrêta brusquement.
- Nous ne devrions pas parler de ceci maintenant. Gardons cette conversation pour un moment plus propice et un lieu moins peuplé.
- Comme toujours tu es la sagesse même. Dans ce cas profitons de l’excellente nourriture que dispense cet établissement et célébrons l’aboutissement de ces trois années de recherche. »
 
Siegnar acquiesça de  la tête. Levant la main, il interpella une serveuse afin de commander un repas.
 
«  J’ai rendu visite au capitaine Valderena cet après-midi. Nous pourrions embarquer à bord de La Vierge à l’Epée la semaine prochaine afin de revenir à Thaelyss.
- Cela serait forte aise.
- D’autant plus que j’ai entendu des rumeurs fort alarmantes alors que je conversais avec Valderena dans une taverne du port.
- J’ignorais que Siegnar, Paladin de l’Ordre de Saint Albior, prêtait foi aux racontars des marins et des soûlards. »
 
Siegnar stoppa la conversation alors que la servante revint avec le repas. Elle déposa sur la table un long plat d’argent sur lequel reposait un marcassin recouvert d’une onctueuse sauce, accompagné de pommes cuites au vin. Ranka ne se fit pas prier pour découper une large tranche dans la chair tendre. Siegnar la regarda entamer un gros morceau de viande bien juteux, attendant que la servante soit partie pour donner ses informations.  
 
« De quoi s’agit-t-il alors ? demanda alors Ranka.
- Je discutais avec le capitaine de La Vierge à l’Epée afin qu’elle nous réserve cette même cabine spacieuse dont nous avons profité lors de notre venue à la capitale. A une table voisine, un marin tentait d’impressionner des comparses en clamant qu’il connaissait un lieu secret ici même à Karador où se livrait de sanglants combats clandestins afin de divertir la noblesse en mal d’émotions fortes. Cela ne m’aurait pas interpellé s’il n’avait alors affirmé que ce sordide établissement appartenait au tristement célèbre Ramiel. »
 
Ranka s’arrêta de manger, la fourchette suspendue à un pouce de sa bouche.
 
« Ramiel le Scorpion ? »
 
Siegnar confirma d’un hochement de tête que la réponse était positive.
 
« J’ajouterais que Valderena m’a confiée que cette rumeur à propos d’un tel lieu perdurait depuis plusieurs mois. Plusieurs jeunes nobles un peu bavard se seraient vantés en sa présence lors d’une réception de fréquenter cet établissement clandestin. »
 
Ranka reposa sa fourchette d’argent dans l’assiette, un morceau de marcassin encore empalé dessus.
 
« Les Scorpions sont sans aucun doute les pires voleurs et les pires meurtriers que le monde ait jamais connus. Le moindre objet ayant un tant soit peu de valeur peut devenir leur cible. Si par hasard ils apprenaient que nous convoyons ce que tu sais, notre mission pourrait s’en trouver compromise. En fait, s’ils venaient à savoir, je crois que nous serions promptement éliminés. »
 
Siegnar ne pu qu’approuver sa camarade.
 
« Je n’ai aucune confiance en Verlius Dan Armeich, continua Ranka. Si jamais il venait à se vanter sous le coup de la boisson de notre tractation, qui sait dans quelles oreilles finiraient ses paroles.  
- Valderena et moi-même sommes arrivés également à cette conclusion. Valderena nous propose d’emménager à bord de son navire. Ses hommes sont dévoués et discrets.
- Je n’ai jamais douté de la ferveur et de la loyauté de Valderena à l’égard de notre culte. Ramiel le Scorpion dirigeant un établissement de divertissement à Karador ! Pourquoi ne suis-je même pas surpris d’entendre cela ?  
- Le Landsraad succombera tôt ou tard à sa propre décadence. De cela, je ne doute pas. Ce pays est gouverné par le vice et la corruption le ronge chaque jour davantage.  
- Ne nous attardons pas sur le futur de ces contrées païennes. Elles ont choisi leurs destins il y a longtemps déjà en refusant la lumière de Valarian. Je gage cependant que le cuisinier de ce succulent repas sera amendé de ses péchés alors faisons-lui honneur. »
Ranka retrouva son appétit et repris le cours du repas, malgré l’ombre d’un meurtrier dont la prime valait plus qu’un petit château, serviteurs et meubles compris.
 
                          *
                         ***
 
La Vierge à l’Epée quittait les eaux calmes de la baie de Karador. Le navire avait largué les amarres un peu avant le lever du soleil. A présent, celui-ci offrait à Karador ses premières lueurs. Les passagers étaient alignés le long du bastingage afin d’admirer les nuances d’or et de rouge dans le ciel. Les noirs et longs cheveux de Ranka flottaient au vent tandis qu’elle regardait avec un certain soulagement la cité disparaître à l’horizon. Elle avait troqué ses vêtements de voyage pour sa tenue ecclésiastique composée d’un tabard blanc paré de la croix de Valarian. Quitter les costumes serrés et compliqués qu’imposait une infiltration discrète dans le palais de l’empereur du Landsraad au profit des vêtements amples des prêtresses de Valarian avait été un plaisir.  Elle emplit ses poumons de l’air marins, retrouvant des sensations familières. Un long voyage en bateau n’était hélas pas du goût de Siegnar qui s’était éclipsé dans la cabine. Ne supportant pas ces traversées, le paladin s’était réfugié dès la première heure dans la prière afin de ne pas succomber au mal de mer.  
 
Ranka scruta les passagers à la recherche d’une éventuelle menace. Elle remarqua un couple de vieux notables, un marchand dont le pied marin disait qu’il était un habitué des mers ainsi qu’une jeune femme aux courts cheveux roux. Celle-ci tournait le dos à la vue magnifique de l’aube sur Karador et fixait l’infini de la mer du nord.
 
Le capitaine Valderena terminait de superviser l’accès du navire à la haute mer. Déléguant les manœuvres à son second, un grand marin à la barbe broussailleuse, elle s’approcha de Ranka.
 
« Magnifique n’est ce pas ? Et pourtant c’est toujours avec soulagement que je quitte la cité. Cela est triste à avouer mais c’est en mer et non à Karador que mon cœur demeure.
- Je vous comprends, capitaine. Pour ma part, Karador est trop emblématique du Landsraad pour avoir un quelconque intérêt à mes yeux. Je dirais même que cette cité incarne par beaucoup de ses aspects ce que nous combattons, nous les fidèles de Valarian.
- Je ne suis pas surprise de vos paroles en vérité. »
 
Le capitaine posa ses coudes sur le rebord et laissa son regard dérivé sur les flots jusqu’à la cité qui n’était désormais visible que par à-coup. Les deux femmes regardaient l’horizon, laissant les vents marins les saupoudrer d’embruns.  Ranka s’avoua qu’elle respectait réellement Valderena. Aventurière des mers, Valderena s’était taillé une solide réputation en effectuant régulièrement la traversées des océans. La Vierge à l’Epée etait le seul navire à avoir effectué trois fois le trajet entre le vieux continent et les colonies comme Port-Lointain et Sablerouge situées sur les nouvelles terres découvertes il y a un peu plus de trois siècles.  
 
Le nouveau monde ! Je me demande si la moitié de ce que l’on en raconte est vrai !
 
Des indigènes Thulums, cette race d’hommes noirs qui peuplaient ces terres lointaines avaient même rejoint son équipage. Son regard dériva sur l’un d’entre eux qui s’affairait avec les cordages. L’homme était relativement grand et très musclé. Il portait pour seul vêtement un pagne noir et Ranka dévora des yeux chaque parcelle de sa poitrine et de ses muscles tandis qu’il tirait sur une corde pour monter une voile. Ses longs cheveux étaient nattés en de multiples tresses qui pendaient dans son dos comme des tentacules. Valderena, remarquant l’intérêt que portait Ranka à son marin, sourit d’un air complice.
 
« Celui-ci se nomme Murobo. Vous pouvez me croire sur parole si je vous dis qu’il est aussi agréable comme compagnon qu’il a l’air appétissant. »
 
Ranka rougit aux pensées proprement indécentes qui lui vinrent à l’esprit.
 
« Enfin protesta-t-elle, je suis une prêtresse de Valarian et l’église ne reconnaît pas les Thulums comme appartenant au genre humain. Jamais je ne pourrais…
- Qui donc ira le raconter ? Sûrement pas moi.
- Qui est cette jeune femme là-bas ? demanda Ranka pour changer la conversation qui devenait un peu trop familière à son goût.
- Elle se prénomme Korigwene et c’est une envoyée du covenant de Karador.
- Une magicienne donc ?  
- Non point. Une traductrice d’après les lettres de créances qu’elle m’a remises.  
- C’est vrai que nous faisons escale à Yfor.
- Elle voyagera avec nous jusqu’à Thaelyss
- Vraiment ? Alors cela est fort etrange, murmura Ranka. Très étrange.
- En quoi cela ?
- Je me demande qui ferait venir une traductrice d’aussi loin que Karador alors que les moines de l’Ordre de Saint Tenadir sont reconnus comme des historiens renommés et des linguistes compétents. Qui possède des écrits à traduire à Thaelyss qu’il ne veuille partager avec l’église de Valarian.
- Qui, en effet. Mais je laisse cette question à votre personne. Mes passagers peuvent profiter de ma discrétion à leur égard et en vérité, je vous en ai déjà trop dit. Si vous voulez bien m’excusez, prêtresse, je m’en retourne à mon travail. »
 
Ranka regarda Valderena partir mais son attention se reporta de suite sur la mystérieuse inconnue. Ranka était partagée entre éclaircir cette situation et rester réservée à l’égard des passagers afin de ne pas attirer l’attention sur elle. Se sentant épiée, Korigwene se retourna et fixa la prêtresse. Celle-ci lui envoya un hochement de tête respectueux et cessa de la dévisager pour observer les marins à l’œuvre.
 
                        *
                       ***
 
La Vierge à L’épée avait jeté l’ancre dans la baie. Trois semaines s’étaient écoulées depuis que le navire avait quitté la cité de Karador. Sur le pont, des marins attendaient la marée haute en jouant leur maigre salaire aux dés. Ranka remarqua la mystérieuse traductrice en train d’observer la côte. Elle avait échangé nombre de mondanités avec la jeune femme sans avoir toutefois l’occasion d’une discussion sérieuse car celle-ci restait très évasive quant à sa personne.
 
Ranka décida que le moment était propice et s’approcha de Korigwene. Celle-ci observait d’anciennes ruines recouvertes d’algues qui sortaient des flots. Des centaines de vieux murs, de colonnes, d’enceintes et de remparts bloquaient le passage du navire jusqu’aux quais de Yfor. Les eaux particulièrement limpides à cet endroit permettaient de voir les fonds marins et de constater que la légendaire première Yfor reposait bel et bien sous les flots. De vastes rues maintenant parcourues par des bancs de poissons étaient visibles sous la surface. Ranka chercha des yeux le temple de Valarian mais elle ne put distinguer la nature des bâtiments tant les algues et les herbes recouvraient les édifices.
 
A l’avant du bateau, quatre marins plongeaient tour à tour pour explorer d’antiques ruines à la recherche d’un éventuel trésor.  
 
« C’est la première fois que vous contemplez les ruines d’Yfor ? demanda Ranka pour entamer la conversation.
- Oui, répondit Korigwene, se retournant en partie pour faire face à la prêtresse. En fait, c’est la première fois que je voyage aussi loin. Je vous avoue que ma curiosité n’en est que plus grande devant cette vision. Oserais-je vous demander quel est la part de vérité dans la légende ?
- Je crains de ne rien connaître que vous sachiez déjà. Yfor fut la première cité du Landsraad à accueillir le culte de Valarian, au septième siècle de notre temps.
- En six cents quarante trois si je ne me trompe pas.
- Vous êtes fort instruite, dame Korigwene. En fait, je suis très curieuse de connaître l’histoire d’Yfor tel qu’on l’enseigne au covenant.
- Il se trouve que la légende de Lysandre et de Thibault est l’une de mes histoires favorites. Le Landsraad fut depuis sa création une nation d'agnostiques, se refusant à légaliser les religions. En ce temps là, un fier et courageux paladin nommé Thibault poursuivait un vil sorcier.
- En fait, repris Ranka, Thibault n’était pas paladin mais inquisiteur. Les deux fonctions appartiennent à deux ordres différents. Quant à sa proie, ce n’était pas un sorcier mais un mage du covenant de Zaar, un nécromant du nom de Nesferius.
-  C’est exact, confirma Korigwene. Le mage qui créa l’enchantement du Souffle de Vie, lequel permet d’animer une création d’argile en un golem obéissant.
- Un hérétique qui corrompt l’œuvre de Valarian et qui dénature la valeur de la vie en créant des poupées sans âmes.
- Hum, toussa Korigwene. Toujours est-t-il que la piste de Nesferius mena Thibault à Yfor où il découvrit une cité en proie au vampirisme. Ses compagnons et lui-même combattirent ce qu’il pensait être l’engeance de Maligor, le Roi du Sang.  
- Vous êtes bien courageuse de prononcer ainsi son nom. Ne savez-vous pas que les Douze entendent ceux qui les invoquent en les nommant ?
- Mon maître, le Mage Boerus, affirme que cela n’est en rien fondé.
- Votre maître doit être un homme bien puissant pour savoir ce qui est vérité et ce qui ne l’est pas quand nous-même, fidèles de Valarian, l’ignorons. »
 
Korigwene haussa les sourcils. Elle décida de relever la joute oratoire que venait de lui lancer la prêtresse de Valarian.
 
« Pour en revenir à l’histoire, tel que l’enseigne le covenant, Thibault et ses compagnons affrontèrent donc ces vampires qui terrorisaient la cité. Au fil des batailles, ils parvinrent à identifier celle qui œuvrait dans l’ombre derrière les suceurs de sang, une vampire du nom de Lysandre.
- Une autre nécromancienne qui s’est volontairement contaminée avec l’essence vitale d’un vampire, devenant ainsi une abomination.
- La vision de l’histoire exposée par le covenant est beaucoup plus prosaïque. Lysandre travaillait à un élixir qui lui assurerait jeunesse et vitalité pour l’éternité.
- Et elle échangea son âme immortelle pour quelques siècles de vie supplémentaire, commenta Ranka.
- Pour conclure ce récit, Thibault confronta Lysandre mais ceux-ci tombèrent follement épris l’un de l’autre. Par amour pour son chevalier, Lysandre accepta de prendre l’élixir qui lui rendrait son humanité et promis de se soumettre au jugement de Valarian. De son coté, Thibault renonça à sa vie de justicier errant pour l’aimer quelle que soit la punition qu’elle subirait. »
 
Ranka éclata de rire.
 
« A Orma, on nous enseigne que Lysandre utilisa un philtre d’amour pour faire de Thibault son esclave, lui promettant de revenir dans le droit chemin à seul fin de le tromper pour le faire chuter de son statut de paladin.
- Mais à l’instant fatidique, Nesferius intervint. Il enferma l’esprit de Lysandre dans un golem grotesque et monstrueux. Il fit boire l’élixir d’immortalité de Lysandre à Thibault, le transformant en une créature maudite, une bête pire qu’un vampire. Thibault, privé de son âme, devint un monstre dévorant les habitants et Lysandre un jouet manipulé par Nesferius. A eux deux, ils terrorisèrent la cité des nuits durant mais dans un éclair de lucidité, Lysandre repris le contrôle d’elle-même et stoppa le monstre qu’était devenu son amant.  
- Mon cours d’histoire raconte que Thibault retrouva momentanément son âme et décida de stopper la furie du golem monstrueux qu’était devenu Lysandre, corrigea Ranka.
- Le combat brisa la falaise sur laquelle la cité était construite, la précipitant en grande partie sous les flots, tuant des dizaines de milliers d’habitants. Le Landsraad attribua la cause de cette tragédie à l’église, et plus exactement à Thibault sans qui rien ne serait advenu. Suite à cela, le culte de Valarian fut de nouveau interdit dans le Landsraad. C’est dans ces flots que se trouve le seul et unique temple de Valarian qui fut jamais construit sur cette partie du continent. On raconte que loin sous les flots, le laboratoire caché de Lysandre existe toujours et que le secret de son élixir d’immortalité repose sur une table de travail.
- Puisse-t-il y demeurer jusqu’à la fin des temps. »
 
Korigwene hocha la tête. Pour la première fois depuis le début du récit, elle était vraiment d’accord avec les dires de la prêtresse.  
Valderena s’approcha dans leur dos.
 
« La marée a suffisamment monté pour nous permettre d’emprunter la Route des Sirènes.
- Je connais ce nom ! s’exclama Korigwene. C’est ainsi que les marins renommèrent l’ancienne avenue d’Yfor. Aujourd’hui c’est un passage qui permet aux navires de traverser les ruines sans se fracasser sur les pierres. »
 
Valderena acquiesça.
 
« Je vois que vous êtes digne du covenant de Karador, dame Korigwene. Si vous le désirez, je vais vous montrer durant la traversée de la Route les ruines des édifices les plus intéressant…
 
Deux heures plus tard, La Vierge à l’Epée s’amarrait au port de Yfor. Korigwene, Ranka et Siegnar prirent pied sur une jetée de pierre. Une longue route montait du port en serpentant le long de la cassure de la falaise vers le plateau surplombant la mer où fut reconstruite la cité. A l’écart de celle-ci, sur un promontoire surplombant la mer, Korigwene remarqua une vieille forteresse en ruines.  
 
La forteresse des templiers de Valarian !
 
Ranka héla un attelage.  
 
« Vous ne comptiez quand même pas monter à la cité à pied ? » fit Ranka pour inviter Korigwene à la rejoindre dans la voiture.
 
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Et voilà ! Avec ce chapitre, l'intégralité du roman dépasse les 100,000 signes ce qui correspond à une soixantaine de pages.


Message édité par deidril le 12-07-2004 à 13:42:53
mood
Publicité
Posté le 12-07-2004 à 09:53:02  profilanswer
 

n°3189648
Grenouille​ Bleue
Batracien Azuré
Posté le 12-07-2004 à 10:40:30  profilanswer
 

Deidril a écrit :

Et voilà le chapitre 2 :
 
                          Chapitre 2
 
                      La lettre du magicien


 
Le style est fluide, les descriptions nombreuses, les personnages bien campés. Peu de fautes (mais j'ai remarqué un "exalté" au lieu d'"exhalé" quelque part).
 
Tu gagnerais à décrire un peu mieux Skelm. La première fois que tu en parles, c'est un voisin alchimiste qui lui tend son paquet sans même dire bonjour. La deuxième fois, c'est devenu son amant. Peut-être pourrait-elle penser à lui lorsqu'elle est à la bibliothèque, même de manière fugitive ? Parce que là, il paraît vraiment sorti de nulle part.
 
Quant à l'herbe à fey... aaaaaaah, nos années étudiantes  :sol:


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n°3189663
Davidartis​te
aaah... la vie d'artiste!
Posté le 12-07-2004 à 10:43:51  profilanswer
 

salut Deidril, je trouve que ce que tu fais est intéressant, et il est possible que tu sois apte à m'apporter un peu d'aide, si toute fois tu en as l'envie. J'ai posté "Ecrivain (très amateur) d'héroïc fantasy en quête d'aide", si tu veux y faure un tour, je t'en remercie infiniment!

n°3189797
Grenouille​ Bleue
Batracien Azuré
Posté le 12-07-2004 à 11:04:41  profilanswer
 

Deidril a écrit :

Et voila le chapitre 3. J'ai pris le parti de mettre en scène des ennemis vraiment mauvais et des combats vraiment violents. Vous medirez ce que vous en pensez à la suite de la lecture de ce chapitre.


 
Je me permets de citer ce passage - d'habitude, je ne relève pas les répétitions, mais c'est vraiment flagrant.
 

Citation :


Aussi s’était-il attelé secrètement à la fabrication d’un arc en bois d’ébène de la plus grande qualité.  
 
   « C’est sans doute l’arc dont je suis le plus fier » avait-t-il confié à Aldérick en lui remettant.  
 
   Très ému, celui-ci prit l’arc que lui tendait le chasseur. Le bois noir poli était magnifique, lisse au possible. Gravés à chaque extrémité de l’arc, Aldérick remarqua sur l’arc des arabesques argentées finement ouvragé.


 
Pour le reste:
 
- Le passage où les gamins jouent les rôles de héros est vraiment excellent. Freya est plus vraie que nature. Félicitations, ne change surtout rien.
 
- Leur première vision des cannibales est un peu gore au regard du politiquement correct qui règne dans la fantasy. C'est stupide, mais c'est comme ça. Tu peux laisser l'idée de morsure et de dépecer vivant, mais enlève l'oeil arraché - enfin, c'est mon opinion.
 
- Les épées courtes Brise et Zephyr sont décrites plus comme des rapières ("1 pouce de large et 12 de long" ) or tu fais souvent frapper ton héros de taille plutôt que d'estoc.  
 
- Le combat n'est pas mal fait, même si j'espérais un boss de fin un peu plus solide  :D  


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n°3189909
deidril
French Geek Society Member
Posté le 12-07-2004 à 11:21:45  profilanswer
 

Grenouille Bleue a écrit :

- Les épées courtes Brise et Zephyr sont décrites plus comme des rapières ("1 pouce de large et 12 de long" ) or tu fais souvent frapper ton héros de taille plutôt que d'estoc.  


 
Merci pour avoir pris le temps de commenter mon texte :) Je prend note de mes imperfections pour les corrections :)
 
Pour la rapière je suis vraiment pas d'accord. Il s'agit d'une arme de taille ET d'estoc. En fait c'est le summun de l'art de la forge des armes, l'équivalent en qualité de ce qu'était le katana en orient. Il ne faut pas confondre la rapière et le fleuret. Le pouce fait 2,5 cm donc 12 pouce = 36 cm. Je pense que ca correspond bien à une épée courte. L'idée que je me fait des armes d'Aldérick sont des épées très courte comme les glaive des gladiateurs, mais avec la souplesse et l'élégance de Destinée ( l'arme de titre et dragon ... d'ou la phrase avec les mensurations de l'arme évidemment )
 
Mon fleuret (j'ai une licence d'escrime :) -  je suis pas un maniaque des armes blanches :) ) a titre d'exemple a une longueur totale de 110 cm ( poignee de 20 cm comprise )... Pour rappel, un pied ( 1/3 de metre ) vaut 12 pouces.


Message édité par deidril le 12-07-2004 à 11:24:44
n°3190111
Grenouille​ Bleue
Batracien Azuré
Posté le 12-07-2004 à 11:41:58  profilanswer
 

Deidril a écrit :

)
 
Mon fleuret (j'ai une licence d'escrime :) -  je suis pas un maniaque des armes blanches :) ) a titre d'exemple a une longueur totale de 110 cm ( poignee de 20 cm comprise )... Pour rappel, un pied ( 1/3 de metre ) vaut 12 pouces.


 
J'ai fait de l'escrime aussi, mais au sabre, pas à la rapière. Pour moi, la rapière n'est pas capable de trancher un bras. Maintenant, ce n'est qu'une question d'interprétation. Le fait est que ce n'est ni toi, ni moi que tu dois chercher à convaincre, mais ton lecteur d'heroic fantasy. Pour lui, rapière = arme d'estoc.
 
Par contre, tu as tout à fait raison pour la taille, j'avais mal lu le nombre de pouces. Mea culpa, mea maxima culpa  :D  
 


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n°3191124
docwario
Alea jacta est
Posté le 12-07-2004 à 13:51:40  profilanswer
 

le passage de la negociation precede le depart de Korigwene ?
 
sinon la suite !!! le collegue d alderick est il toujours vivant ?

n°3191215
deidril
French Geek Society Member
Posté le 12-07-2004 à 14:04:03  profilanswer
 

DocWario a écrit :

le passage de la negociation precede le depart de Korigwene ?
 
sinon la suite !!! le collegue d alderick est il toujours vivant ?


 
Oui logiquement puisqu'il se situe une semaine avant le depart du bateau.  
 
Pour l'autre question, il faudra attendre un peu :)
 
Pour l'histoire des pouces, je note pour moi même de rajouter un asterique au bas de la page avec 12 pouces = 36 cm, ce qui permettra a chacun de se rendre mieux compte de la forme des lames. Après tout, les lecteurs ne connaissent pas forcement toujours ce genre d'unités.


Message édité par deidril le 12-07-2004 à 14:05:35
n°3194100
cooleric
Posté le 12-07-2004 à 18:44:31  profilanswer
 

Le livre une fois fini tu compte le presenter a un editeur ou le publier uniquement sur le net?

n°3197834
deidril
French Geek Society Member
Posté le 13-07-2004 à 08:42:08  profilanswer
 

cooleric a écrit :

Le livre une fois fini tu compte le presenter a un editeur ou le publier uniquement sur le net?


 
Franchement je n'en sais rien. Faudrait deja que je le termine. Je presume que si j'y arrive, ca ne me coutera rien de le presenter.

mood
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Posté le 13-07-2004 à 08:42:08  profilanswer
 

n°3198063
Davidartis​te
aaah... la vie d'artiste!
Posté le 13-07-2004 à 09:52:12  profilanswer
 

N'oublie pas de le présenter aux petits concours de littératures (et même aux grands, mais je sais pas si c'est aussi facile), c'est vraiment un truc qui peut booster tes chances. Je te le précise au cas où tu n'y aurais pas pensé, parce que moi on m'en a parlé y'a peu de temps, et j'y pensais pas avant lol... Bonne chance!

n°3198624
cooleric
Posté le 13-07-2004 à 11:12:02  profilanswer
 

Et puis pense aussi a deposer ton texte ca serait con de te le faire voler (et deposer ton texte empeche pas quil puisse etre diffusé librement sur le net!)

n°3198832
sthery
Posté le 13-07-2004 à 11:29:17  profilanswer
 

Moi j'ai enormement de mal avec les deux dernier chapitres.
 
J'ai l'impression d'etre paume et de plus comprendre qui est qui et ou on est...

n°3199311
deidril
French Geek Society Member
Posté le 13-07-2004 à 12:01:01  profilanswer
 

cooleric a écrit :

Et puis pense aussi a deposer ton texte ca serait con de te le faire voler (et deposer ton texte empeche pas quil puisse etre diffusé librement sur le net!)


 
Faut arreter la paranoia. Personne n'ira soumettre un texte volé chez un éditeur. D'autant plus que dans le cas improbable ou cela arriverais, il aura l'air malin le faussaire lorsque je debarquerais avec les 5 groupes de joueurs de d&d qui ont vécu l'aventure comme temoins, les notes manuscrites, les references ou j'ai trouve chaque nom, les references aux livres dont je me suis inspires pour tel passage ou tel type de description, les fichiers words avec les versions raw, les versions corrigés 1 , les versions corriges 2 etc ...
 
Il se trouve que je ne supprime jamais mes paragraphes. Si j'ai des changements a faire, je copie/colle le fichier et j'edite le nouveau comme ca je peut relire une ancienne version pour faire la comparaison. Pour chaque chapitre j'ai donc 5 ou 6 fichiers qui montre l'evolution de l'ecriture, sans compter les plans et les resumés. Le copieur il est mal barre avec ca.
 
Franchement, le travail a faire pour voler un livre est presque plus important que d'en ecrire un nouveau.


Message édité par deidril le 13-07-2004 à 12:02:53
n°3199357
deidril
French Geek Society Member
Posté le 13-07-2004 à 12:03:50  profilanswer
 

sthery a écrit :

Moi j'ai enormement de mal avec les deux dernier chapitres.
 
J'ai l'impression d'etre paume et de plus comprendre qui est qui et ou on est...


 
C'est mal partit vu que j'ajoute 1d3 personnages par chapitre :)

n°3199427
Grenouille​ Bleue
Batracien Azuré
Posté le 13-07-2004 à 12:08:46  profilanswer
 

Deidril a écrit :

Faut arreter la paranoia. Personne n'ira soumettre un texte volé chez un éditeur. D'autant plus que dans le cas improbable ou cela arriverais, il aura l'air malin le faussaire lorsque je debarquerais avec les 5 groupes de joueurs de d&d qui ont vécu l'aventure comme temoins, les notes manuscrites, les references ou j'ai trouve chaque nom, les references aux livres dont je me suis inspires pour tel passage ou tel type de description, les fichiers words avec les versions raw, les versions corrigés 1 , les versions corriges 2 etc ...
 
Il se trouve que je ne supprime jamais mes paragraphes. Si j'ai des changements a faire, je copie/colle le fichier et j'edite le nouveau comme ca je peut relire une ancienne version pour faire la comparaison. Pour chaque chapitre j'ai donc 5 ou 6 fichiers qui montre l'evolution de l'ecriture, sans compter les plans et les resumés. Le copieur il est mal barre avec ca.
 
Franchement, le travail a faire pour voler un livre est presque plus important que d'en ecrire un nouveau.


 
 
http://forum.hardware.fr/hardwaref [...] 9874-1.htm


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n°3199585
deidril
French Geek Society Member
Posté le 13-07-2004 à 12:23:09  profilanswer
 


 
Un imbécile :) Ca s'est réglé en qq mails visiblement et ca de toute facon, protéger son texte ou pas ca arrivera probablement.
 
 

n°3218665
Damrod
Posté le 15-07-2004 à 15:32:16  profilanswer
 

et bien voila un concurrent pour notre Batracien favori!
j'aime bien ton style et le monde me plait. Par contre tout cela laisse presager un gros pavé au final ce qui ne me dérange pas du tout(ah se plonger dans un univers et n'en ressortir qu'au bout de quelques semaines).
Enfin tout ça pour dire que j'attends la suite !!!

n°3218799
foularou
Posté le 15-07-2004 à 15:43:54  profilanswer
 

idem pour moi :) la suite:p

n°3218992
deidril
French Geek Society Member
Posté le 15-07-2004 à 16:01:39  profilanswer
 

Foularou a écrit :

idem pour moi :) la suite:p


 
Me suis planté dans le chapitre 5. A la relecture j'ai vu que ca prend une tournure qui n'a rien a voir avec l'histoire et pis je le trouve sans rythme, donc je le reecrit :(

n°3222079
Davidartis​te
aaah... la vie d'artiste!
Posté le 15-07-2004 à 21:35:30  profilanswer
 

Coucou Deidril, j'apprécie ce que tu fais, je pense t'avoir déjà un peu dit que tu étais mon coup de coeur du forum (si tu as lu mon message), et ça me ferais grand plaisir que tu me donnes un conseil pour moi qui me lance dans la même aventure que toi :
Je ne veux pas tomber dans un roman d'héroic/fantasy combat, j'aime que l'intérêt d'un bouquin soit ailleurs, mais je manque d'exemple dans mes lectures... Si tu en as à me proposer, ou encore des astuces à me suggérer, ben n'hésite pas à m'en parler ici ou sur mon topic...
thx et encore bravo !

n°3224615
deidril
French Geek Society Member
Posté le 16-07-2004 à 09:21:29  profilanswer
 

Et voilà le chapitre 3 des larmes du spectre !  
 
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                              CHAPITRE 3
                           
                               ROQUEFER
               
 
Aldérick se convulsait sur le lit Le corps du jeune homme était trempé de sueur et son teint était livide. Il murmurait des mots sans signification. Parfois il criait dans son sommeil. La vielle femme trempa une étoffe dans un bol contenant une mixture jaunâtre puis épongea le front d’Aldérick tandis qu’Essekar l’immobilisait. Sa respiration se fit plus tranquille et il cessa de bouger, retournant dans le sommeil profond.
 
« Cela fait trois jours qu’il délire sans reprendre conscience, fit Fianna. »
 
Essekar se releva en s’aidant de sa béquille. Il grimaça de douleur alors que sa blessure à la jambe se rappela à lui. Dans l’encadrement de la porte, Fianna observait la rebouteuse administrer les soins à leur sauveur. Depuis l’attaque des Rongeurs d’Os, Fianna ne quittait plus son armure de cuir noir ni son arc. Ses longs cheveux blonds étaient maintenant dépareillés après trois jours à fouiller les ruines et les cendres à la recherche de blessés ou de nourriture consommable.  
Essekar n’en revenait pas de la surprise qu’il avait eu en découvrant que l’archer instigateur de la défense du village n’était autre que son premier amour. Il ne pouvait s’empêcher de la regarder à la dérobée, s’interrogeant sur ses sentiments. Pour l’heure il avait décidé de mettre ceux-ci de coté. Une attelle à la jambe et une béquille lui permettait de se déplacer. Son épaule était enveloppée d’un bandage et sa joue gauche arborait maintenant une vilaine cicatrice qu’il garderait probablement toute sa vie.
 
La vieille guérisseuse délaissa Aldérick.
 
« Il va dormir quelques heures. Revenez me chercher lorsqu’il recommencera à délirer. Veuillez bien à ce qu’il ne se morde pas la langue.  
 
- Savez-vous quel est le mal qui le ronge, Griselda ?
- N’a –tu pas vu ton ami se battre, Essekar ? Il a vécu son Eveil à la Force d’Ame d’une si brutale manière qu’il ne peut être que sous l’influence de la Maladie de l’Eveil.
- La Maladie de l’Eveil ? la Force d’Ame ? Mais de quoi me parlez-vous vieille femme ?
- Je n’ai pas le temps de t’instruire là-dessus jeune homme, d’autres blessés m’attendent. »
 
Sur ce, elle quitta le chevet, enjambant Jenki qui était couché aux pieds du lit. Le chien portait un énorme bandage et semblait se remettre lui aussi de sa blessure, grâce aux baumes de Doleas. Essekar continuait à réclamer une réponse alors que Griselda sortit de la pièce.
 
« Elle sait ce qu’elle fait, Essekar. Elle a sauvé nombre de vie au cours de son existence.
- Sais-tu ce qu’est la Maladie de l’Eveil ? »
 
Fianna hocha de la tête.
 
« Lorsque le temps de l’Eveil est venu, la Force d’Ame peut se révéler subitement si un événement violent se produit. Dès lors, une personne ignorante de l’utilisation des Dons peut instinctivement libérer toute sa Force d’un seul coup, se vidant de toute sa vitalité.  
- Et cela rend malade la personne ?
- Pas du tout, la personne se retrouve sans une once de vie et meurt. La Maladie de l’Eveil est le prix à payer pour ceux qui survivent en puisant dans leurs dernières forces. Ne t’inquiète pas, le seuil critique est passé et il va s’en remettre en quelques semaines.
- Plusieurs semaines ? s’exclama Essekar d’une voix surprise.
- Il faut lui laisser le temps de reconstituer sa Force d’Ame.
- D’accord, fit Essekar, emmagasinant les informations. Par simple curiosité, comment sait-tu tout cela ? »
 
Fianna soupira.
 
«  Cela remonte maintenant à plusieurs mois…
 
                              *
                             ***
 
La secousse ébranla la mine. Des poutres de soutien se brisèrent dans le couloir. Une fissure apparut dans le plafond et courut le long de la galerie, ouvrant une faille par laquelle la montagne se déversa. Jebediah travaillait juste à l’entrée. Il eut à peine le temps de se jeter dans le tunnel d’accès tandis que derrière lui les cris de ses camarades disparurent sous des tonnes de roches et de terre. Lorsqu’il se retourna, le couloir était bouché.  
 
Muet d’horreur, il tomba à genoux tandis que des proches galeries surgirent d’autres travailleurs, accourant pour connaître l’origine du raffut.
 
L’organisation et l’expérience prirent le pas sur le chagrin et le désarroi. Les mineurs commencèrent à déblayer les gravats tout en reconsolidant le plafond brisé. Une chaîne humaine se fit afin de sauver ceux qui pouvaient l’être. Enfants, vieillards, marchands itinérants et voyageurs de passage, tous mirent la main à l’ouvrage pour secourir les blessés, se passant des seaux de gravats et de pierres pour évacuer les débris.  
 
Après deux jours de travail sans aucune relâche, les habitants de Roquefer durent se rendre à l’évidence. La montagne avait pris quatorze d’entre eux et n’avait épargné que Jebediah.
 
Celui-ci inspectait le tunnel maintenant dégagé. Il examinait l’endroit où il travaillait lorsque l’éboulement avait eu lieu. A deux mètres de lui il fixait l’emplacement de Berkapp. Une poutre s’était abattu sur lui et lui avait fracassé la tête. Jebediah se fraya un chemin dans les décombres. Tout au bout du tunnel, le sol était ouvert en deux par une faille. Mettant un pied de chaque coté du trou, Jebediah se pencha pour scruter les ténèbres sous lui. Il lui semblait que la crevasse donnait sur une cavité. Il partit et revint avec une corde et une lanterne. Il descendit lentement la lumière dans le trou. Quelques dix mètres plus bas, la lanterne toucha le sol, un sol dallé de mosaïques colorées.
 
Abandonnant la lampe en contrebas, il courut à la sortie afin d’alerter la ville de sa découverte. Quelques instants plus tard il était de retour avec Fianna, Jorald le scribe et quelques autres.
 
« Bon sang d’un eldryn poilu, regardez donc par le trou ! On y voit une salle aux murs de pierres colorées.  
- Ce sont des mosaïques, expliqua Jorald en scrutant par-dessus son épaule. C’est ainsi que l’on décore parfois certaines maisons dans les villes de la  Ligue.
- Bien, fit Fianna. Je vais m’accrocher à une corde et vous allez me descendre doucement.  
- Tu n’y pense pas. Le tunnel est très instable. Tu risque de provoquer un autre éboulement.
- Je me suis glissée dans des trous de souris autrement plus dangereux que celui-la. Je commence l’escalade. Assure ma descente avec la corde, Jebediah. »
 
Fianna se glissa tel une anguille dans l’interstice. Avec prudence, elle descendait en vérifiant chacune de ses prises. Après un temps qui parut une heure, elle se laissa glisser le long de la corde pour atterrir à coté de la lanterne. Celle-ci projetait sa lumière tremblotante sur des murs de mosaïques. De grandes fresques relataient une antique bataille mêlant hommes, eldryns, anges et démons. Fianna se rendit compte qu’elle se trouvait dans un bassin dont l’eau s’était tari. Un couloir montant en pente douce était complètement obstrué par des roches et des gravats. A l’opposé, une arche était dessinée dans la fresque, comme une porte. Jebediah fila le long de la corde et atterrit lui aussi dans la pièce.
 
« Quel endroit incroyable ! Comment aurions nous pu penser qu’une telle construction existait dans le cœur même de la montagne ?
- Regarde ici, l’interpella Fianna. On dirait une porte dans le mur. »
 
Son doigt suivait la mosaïque, traçant une ligne le long de la paroi. Jebediah s’approcha de ceux-ci. Sortant un couteau, il tenta de faire glisser la lame sous une parcelle bleue. A cet instant l’arche s’illumina d’une aura verte.  
 
« Mais que … »
 
Jebediah n’eu pas le temps de terminer ses exclamations. La lueur émeraude l’engloba et il hurla tandis que sa peau fondait et que ses chairs se liquéfièrent. Fianna cria à son tour devant le spectacle indicible. Tandis que les os de Jebediah devenaient cendres, la lumière engloba la pièce.
 
Hurlant un Non venant des tréfonds de sa volonté, Fianna ferma les yeux en poussant les mains en avant. Elle sentit sa peau brûler, mais tout au fond d’elle, une force qu’elle ne se connaissait pas repoussa l’énergie dévoreuse. Après quelques secondes qui lui parurent une éternité, elle ouvrit les yeux pour constater que l’obscurité s’était emparée de la pièce. Il ne restait rien de Jebediah ni de sa lanterne. Pendant un instant, elle crut voir une faible aura blanche autour de ses mains. Elle voulut appeler à l’aide mais aucun son ne sortit de sa gorge. Se sentant perdre pied, elle tomba au sol. Des voix au-dessus d’elle l’appelaient mais elles semblaient de plus en plus lointaines. Puis ce fut l’obscurité.
 
 
« Tu es réveillée ? »
 
Fianna cligna des yeux. La lumière lui faisait mal, transperçant son crâne de mille aiguilles.  
 
« J’ai si mal.  
 
- Cela va passer. Par deux fois tu as échappé à la mort dans cette salle, tu ne succomberas pas maintenant à quelques douleurs. »
 
Fianna reconnut la voix de Griselda, la guérisseuse du village.  
 
« Je… Une lumière verte est sortie du mur lorsque Jebediah a tenté d’arracher un morceau de pierre. Je l’ai vu mourir d’une si horrible manière. »
 
Elle sentit les larmes monter et elle s’adonna à la peine, pleurant son camarade disparu.
 
« L’endroit a été momentanément scellé pour éviter qu’un curieux ne provoque un accident. Jorald est partit à Larkand pour consulter le mage Xanderthot.  
- Est-ce que la lumière verte m’a blessée ? J’ai si mal que je ne peux ouvrir les yeux.
- Non, fit Griselda. »
 
La vieille femme veillait sur Fianna, assise sur une chaise à son chevet. Elle prit la main de la jeune fille et la caressa.  
 
« Tu es une jeune personne remarquable Fianna. Cela a failli te tuer mais lorsque la magie qui défendait cet endroit t’a attaquée, ta Force d’Ame s’est révélée. Par ton seul instinct, tu l’as utilisé pour te protéger mais tu t’es vidée de toutes tes forces. Valarian doit avoir de grands projets pour toi pour t’avoir ainsi sauvegardé.  
- La Force d’Ame ? Le pouvoir d’Albior ? Jorald lit souvent ces vieilles légendes aux veillées. Je pensais que ca n’était que des histoires.
- En vérité, nombreux sont ceux qui, par le monde, disposent et usent de cette force. Aujourd’hui, tu deviens l’un de ces élus. »
 
                           *
                         * * *
 
Les yeux d’Essekar étaient grand ouverts de surprise.  
 
« C’est réellement ce qui s’est passé ?
- A peu de chose près. Je te fais grâce des vomissements et des longues heures où j’étais si crispée par la douleur que l’inconscience était alors une libération.  
- Griselda a bien raison, tu es une personne remarquable.  
- Merci. »  
 
Fianna rougit du compliment en détournant ses yeux, ce qui n’échappa pas à Essekar. Il nota l’information dans sa tête pour plus tard.  
 
« Que s’est-t-il passé ensuite ?
- Jorald est revenu quelques jours plus tard avec ce magicien… »
 
                           *
                         * * *
 
Xanderthot arriva le soir. Jorald conduisait un attelage composé d’un chariot et de deux animaux de traits. Assis à coté de lui, le mage fumait la pipe. Il portait une longue robe grise aux coutures bleues. Ses longs cheveux blancs étaient noués derrière la nuque avec un lacet de cuir et son menton était dissimulé par une barbe bien fournie et quelque peu broussailleuse. Dans la carriole on apercevait des piles de livres, des cartes, des meubles et des coffres. Dès qu’ils franchirent la porte de la ville, Fianna attrapa les rennes que lui lança Jorald. Celui-ci descendit de l’attelage et l’étreignit comme une sœur.
 
« Je suis content de voir que tu te porte à merveille désormais.
- J’ai encore un peu mal et je dors presque toute la journée mais je vais mieux effectivement.
- Voici donc la jeune miraculée, fit Xanderthot d’une voix bourrue et rauque.
- En effet messire mage, Valarian dans sa grande bonté m’a préservée afin que je demeure dans un but qui m’est encore bien flou. Quel est cet étrange parfum que porte la fumée de votre pipe ? Les senteurs m’en font tourner la tête.
- Oh ça ! Une herbe que j’affectionne et que je fais venir à grand frais du Landsraad. Cela remonte à mes études il y a bien des années de cela, alors que je n’étais qu’un jeune Apprenti au covenant de Karador…mais je présume que les histoires d’un vieil homme ne passionnent pas de jeunes gens comme vous.
- Au contraire, fit Jorald. Nous serions très fiers d’écouter vos récits à la veillée. Après tout, vous êtes l’un des sept héros de la Compagnie de l’Epée Rouge qui s’est si souvent illustré lors de la guerre. »
 
Fianna remarqua alors une bague que portait Xanderthot. Le bijou était d’or et un rubis gravé en forme d’épée y était inséré.  
 
« Pourquoi pas ? Si le vin est bon et l’auditoire attentif, peut être ressusciterais-je l’espace d’un temps ces hommes et ces femmes dont le sang forgea la défaite des eldryns. »  
 
Xanderthot haussa la voix et affina le ton, prenant les intonations d’un conteur expérimenté. Jorald et Fianna  mourraient désormais d’impatience d’entendre ces récits du temps jadis.
 
« Mais en attendant, pouvez-vous m’indiquer où je puis installer les quelques affaires que j’ai apportées, puis nous irons voir cette salle que vous avez découverte à si grand frais.
 
                             *
                           * * *
 
« Et est ce que son histoire était intéressante ? demanda Essekar alors que Fianna buvait un peu d’eau.
- En fait, il n’a pas eu l’occasion de nous faire une démonstration de ses talents de conteur. Il a installé ses affaires puis Jorald l’a conduit à cette fameuse salle. Il y est resté tout l’après midi, demandant à Jorald d’aller lui chercher certains des livres qu’il avait apportés et de les lui descendre. Il y a passé toute la nuit. On aurait dit qu’il avait fait une découverte très importante tant il était acharné et fébrile. Pour finir, quand il est ressortit, il nous a dit ceci…
 
- Je vais vous demander de condamner la mine. Personne ne doit entrer dans cet endroit que vous avez mis à jour. C’est très important. Je dois partir et quérir de l’aide pour traduire certaines des inscriptions.
- Des inscriptions ? s’enquit Fianna, mais je n’en ai pourtant vu aucune.
- Car tu n’utilisais pas la Vision qui seule révèle les écrits dissimulés par la magie.
- Mais nous ne pouvons fermer la mine, fit remarquer Jorald. Elle constitue notre seul revenu. Sans elle, nous ne pourrons survivre longtemps.
- Je vais demander au baron Anselor de Mythrar de vous allouer un dédommagement. Je pense qu’il existe d’autres salles semblables et qu’en creusant davantage vous pourriez les endommager ou bien déclencher des défenses magiques comme celle qui, hélas, a emporté votre camarade. En fait, vous pourriez faire écrouler toute la montagne car pour ce qu’on en sait, elle pourrait cacher un véritable palais souterrain dont la structure ne doit pas être endommagée par des tunnels de mineurs. »
 
Toute la population s’était pressée à la sortie de la mine pour écouter le magicien donner ses conclusions. Les remarques allèrent bon train parmi la foule, certains arguant qu’il était impensable de fermer la mine et d’autre que le baron rembourserait chacun des pertes d’argents subies.
 
Une heure plus tard, Jorald raccompagnait Xanderthot en attelage et ils quittaient la ville.
 
                           
 
« Jorald m’a raconté qu’il avait raccompagné le magicien jusqu’à Larkand, puis qu’il était revenu. Avant de le quitter, Xanderthot lui a promis qu’il contacterait le baron Anselor au plus vite afin que Roquefer reçoivent de l’aide pour compenser le manque à gagner…mais nous ne reçûmes jamais l’argent en question et nous ne revîmes jamais Xanderthot.
- Et c’est alors que les cannibales sont arrivés ?
- Pas tout à fait. Nous avons survécu un moment en vendant les réserves de minerai que nous gardions pour nos besoins personnels. Un matin, une délégation venu de Mythrar arriva. Elle était composée d’une dizaine de cavaliers en cuir et en maille. Ils nous ont donné un parchemin signé de la main du baron Anselor de Mythrar, clamant la réquisition de ces terres afin de permettre l’étude d’anciennes ruines et nous intimant l’ordre à tous de quitter les lieux.  
- Ca n’est pas sérieux !
- Attend la suite ! Le lieutenant qui nous lu l’ordre ajouta que si nous n’obtempérions pas, nous serions chassés par l’armée du baron. Là dessus, quelqu’un lui lança que Roquefer était affilié à Fortavent et non à Mythrar. Le soldat répondit que Fortavent avait été annexé et que désormais, le baron Anselor était notre seul seigneur. D’un commun accord, nous avons tous rétorqué que nous ne quitterions pas nos terres. Alors le lieutenant nous a menacés. Il a spécifié que le baron disposait de troupes que nous ne souhaiterions vraiment pas affronter. Deux jours plus tard, les Rongeurs d’Os attaquaient et c’est là que vous êtes arrivés.  
- Les Rongeurs d’Os ? » fit une voix derrière eux.
 
Essekar et Fianna se retournèrent pour voir Aldérick qui tentait de redresser dans son lit. Ses yeux étaient rouges et il semblait avoir du mal à les maintenir ouvert.  
 
« Je crois que je vais être malade », fit Aldérick.
 
Fianna fila hors de la pièce pour quérir la guérisseuse tandis qu’Essekar lui mit un bassin sous le nez.  
 
                            *
                          * * *
 
« Et voilà tu connais toute l’histoire », fit Fianna.
 
Aldérick acquiesça alors qu’il finissait un bol de bouillon. Cela faisait plusieurs jours qu’il était désormais réveillé. Bien que fatigué, il lui semblait que ses forces revenaient. Pour l’heure, se redresser dans son lit était tout ce qu’il lui était permis par la vieille Griselda.  
 
« Je connaissais l’homme qui commandait ceux que tu appelle les Rongeurs d’Os. »
 
Fianna s’était assise sur le bord du lit, tandis qu’Essekar était adossé au mur, ses puissants bras croisés. Grâce aux baumes de la guérisseuse, il ne conservait plus que des cicatrices de ses blessures. Complètement remis, il avait recommencé à s’entraîner ce matin même avec FendLaRoche. Jorald était assis près du chevet d’Aldérick. Muni d’un grimoire et d’un stylet en charbon, il notait les révélations du convalescent. La vieille Griselda était confortablement assise à coté dans un siège qu’Essekar lui avait apporté. En chien fidèle, Jenki ne quittait quasiment pas la pièce et veillait constamment sur son maître.  
 
« Cet homme s’appelait Valdrek. Il était le fils du forgeron de Fortavent. Jamais je n’aurais pensé qu’il avait survécu à la destruction de la ville. Il a du se passer quelque chose de vraiment horrible pour qu’il en arrive à devenir ce monstre mangeur de chair.
- La guerre change toujours les hommes, fit Griselda. Mais cette guerre a changé le pays. Les animaux disparaissent, les arbres ne recouvrent plus leurs feuilles au printemps. Au sud, la situation de la baronnie de Mythrar n’est guère plus enviable. La famine et les épidémies ravagent la contrée. Je pense que tu as raison en disant que quelque chose d’horrible a du se passer.
- Je … mon souhait était de revenir à Fortavent pour découvrir comment en est-t-on arrivé à la guerre et la destruction de la ville de Fortavent. Je n’imaginais pas que, quinze années plus tard, la situation continuait d’empirer.
- Je pense que le plus urgent est de décider de ce que nous allons faire, coupa Fianna. Les Rongeurs d’Os peuvent revenir avec des renforts. Si, comme nous le supposons, ils ont obéis à Anselor, alors quelles horreurs nous enverra-t-il pour étancher sa colère.
- C’est pour cela qu’il est important de trouver la cause de ces maux!
- A quoi bon puisque de toute façon personne ne relèvera Fortavent de ses ruines. Le prince est mort et sa famille a disparu avec lui. Il n’y a plus personne pour nous guider. Qui se soucie de savoir pourquoi et comment en est-t-on arrivé là ?
- Moi je m’en souci.
- Excuse-moi d’employer ces termes quelque peu rudes mais tu es qui pour faire la différence ?
 
Le fils du prince Thorvan et de la princesse Lantanna, Aldérick de Fortavent.
 
Mais les mots ne vinrent pas. Aldérick regarda Fianna dans les yeux. Il lisait l’immense fierté, la détermination et la volonté que possédait la jeune femme.  
 
Elle a à cœur le destin des siens.  
 
Qui plus est, je n’ai aucune expérience pratique pour diriger un village et encore moins une région.

 
« Je suis un orphelin de la guerre de Fortavent, tout comme Essekar et bien d’autres. »
 
Ce fut tout ce qu’il réussit à dire.
 
                            *
                          * * *
 
L’hiver quittait peu à peu les contreforts des montagnes. Jour après jour, la neige disparaissait pour se réfugier sur les versants les plus élevés. La où auraient dû verdoyer les prairies et les pâturages ne se trouvait qu’une herbe jaunie et desséchée. Les ronces envahissaient les sentiers, recouvrant les pierres et  la mauvaise herbe pullulait, étouffant les jeunes pousses. Roquefer n’était plus que ruines et cendres. Une allée de tombes menait de la ville à la mine. L’on avait décoré les stèles des rares fleurs qui s’étaient épanouies parmi le chiendent et les orties. Les habitants de Roquefer avaient rendu hommage à leurs compatriotes défunts en sculptant des pierres tombales à l’image des disparus. Une jeune fille en larmes déposait une couronne de fleur devant l’un des portraits, une femme au visage souriant.
 
Des maisons et des échoppes il ne restait plus que des amas de pierres au milieu des cendres. Les quelques rares habitations encore debout servaient de dortoirs. Un petit groupe de personne travaillait à remettre sur ses gonds la porte de la ville. Sur les remparts surplombant l’entrée, Fianna scrutait la route.  
 
Essekar grimpa l’escalier menant au chemin de ronde, une gourde d’eau et une assiette de nourriture dans les mains.  
 
« Votre repas, gente dame. fit Essekar, imitant le ton et l’allure d’un page s’adressant à une noble dame.  
- C’est une charmante attention mais je comptais aller me restaurer à la fin de ma garde.
- Allons, c’est le privilège des sentinelles de se voir servir leur pitance. »
 
Fianna accepta de bon cœur le repas et commença à l’ingurgiter, visiblement plus affamée qu’elle le croyait elle-même.  
 
« Il y a quelque chose d’autre ? » demanda-t-elle, voyant Essekar la fixer.
- Non, je te regardais simplement manger.
- Quel charmant spectacle cela doit être qu’une paysanne mal lavée mangeant son plat avec les doigts.
- Tu ne seras plus jamais une simple paysanne après avoir défendu Roquefer comme tu l’as fait. Le village compte désormais sur toi pour assurer son avenir. »
 
Fianna posa son assiette a coté d’elle et regarda au loin.
 
« En toute honnêteté, je ne sais pas si je pourrais assumer ce rôle de leader. Je vois bien dans le regard des autres ce qu’ils attendent de moi mais saurais-je jamais être un guide ?
- Mais tu l’es déjà assurément. »
 
Essekar aurait voulu lui dire combien il la trouvait fabuleuse alors qu’elle orchestrait la reconstruction du village, entraînait les habitants au tir à l’arc tout en assurant la majeure partie des tour de garde. Il aurait voulu lui avouer qu’il l’admirait comme femme et comme amie, mais les mots restèrent dans sa gorge. Fianna sourit à son compliment et l’espace d’un instant, Essekar fut le plus heureux des hommes.
 
Les regards que portait le colosse à Fianna n’échappèrent pas à Aldérick. Sortit dans la rue pour prendre le soleil et faire courir son compagnon à quatre pattes, il regardait les deux jeunes gens sur le rempart. Fianna ne semblait rien remarquer mais de la rue tout le monde semblaient comprendre que l’intérêt que portait Essekar à la jeune femme était bien plus que de l’ordre de l’amitié. Jorald interpella Aldérick alors qu’il revenait de la mine où les habitants stockaient leur nourriture au frais.  
 
« Visiblement, Fianna sera la dernière au courant des sentiments d’Essekar, ria Jorald. D’ici à ce qu’elle remarque que les regards qu’il lui porte sont bien plus que l’expression d’une vieille complicité retrouvée, de l’eau coulera sous les ponts. Sauf si évidemment, un ami lui ouvre les yeux…  
- Je suis content pour Essekar, Fianna a l’air d’une bonne personne.
- Elle l’est, je te l’assure. Je leur souhaite que cela marche entre eux deux mais rien n’est gagné en amour. Tu as l’air de te remettre sur pied rapidement.
- Je suppose que je devrais remercier les ignobles bouillons que m’a fait boire Griselda.
- Au fait, j’ai relut hier un vieux rapport de mon père alors qu’il était l’archiviste de Roquefer. Il raconte comment il accompagna le bourgmestre à Fortavent pour présenter une requête au prince Thorvan… »
 
Aldérick détourna son regard des deux tourtereaux pour regarder avec suspicion le scribe.
 
« Dans ses archives, il décrit la ville, le château et toute l’attention que le prince porta aux demandes de Roquefer, mais il évoque aussi un jeune enfant espiègle du nom d’Aldérick aux cheveux argentés jouant avec un chien noir. Ce jeune garçon serait l’un des fils du prince et donc un des héritiers légitimes. Cette description t’évoque-t-elle quelque chose ?
- Pas pour l’instant.
- Je vois, peut être plus tard ?
- Oui, lorsque j’aurais éclaircit ces évènements qui ont semé le chaos sur la contrée, alors peut être que ce jeune garçon se rappellera à son peuple comme l’héritier de leur défunt souverain, peut être.
- Je comprends et je me doutais d’une réponse de cette nature. Je garderais donc cet ouvrage hors de vue des curieux en attendant que cette personne trouve les réponses à ses questions.
- Je t’en remercie.
- Tout le plaisir est pour moi, mon prince. »
 
                              *
                            * * *
 
« Tu pars ? »
 
Essekar se tenait dans l’encadrement de la chambre qu’il partageait avec Aldérick. Il observait son compagnon ranger ses affaires dans son sac à dos. Sur son lit, trois paquetages étaient déjà complets.  
 
« Je vais à Fortavent.  
- Tu comptais t’éclipser sans moi ?
- Je pensais aller plus vite tout seul. Je ne pars que quelques jours, mentit Aldérick.
- Notre amitié aurait-t-elle disparu si vite que me voilà un fardeau dont tu te débarrasse à la première occasion ? »
 
Aldérick arrêta son rangement, son ami semblait vraiment outré.  
 
«  C’est justement parce que nous sommes amis que je voulais t’épargner cela.
- M’épargner ?  
- T’épargner un choix difficile.
- Je t’avais promis que je t’accompagnerais. Tu crois vraiment que j’avais oublié la parole donnée.
- C’est à dire qu’il me semblait que tu avais fait une rencontre d’un genre très particulier ici à Roquefer, du genre blonde, belle, fière et tenace…  
- Oh mais … »  
 
Et Essekar ne trouva plus ses mots, confronté à la vérité sur ses sentiments. Aldérick éclata de rire.
 
« Je pars juste en éclaireur voir ce qu’il reste de Fortavent.  
- D’accord, lâcha Essekar. Dit-moi, qui d’autre est au courant pour … enfin tu sais quoi.
- A part moi ?
- Oui, à part toi.
- Toute la ville sauf Fianna, ria Aldérick. »
 
L’espace d’un instant, Essekar fut si terrifié qu’il songea sérieusement à faire son paquetage et à partir avec Aldérick.
 
                          *  
                        * * *
 
L’homme saisit le cannibale à la gorge et le souleva. Le Rongeur d’Os tenta de desserrer la poigne d’acier qui l’étranglait, ses pieds battant à un demi-mètre au-dessus du sol.
 
« Treskesh jurer avoir tout tenté ! Treskesh pas responsable mort Valdrek ! Treskesh fidèle !
- Laisse le donc fit la femme assise sur l’accoudoir du trône de marbre noir. »
 
Le géant en armure lâcha prise et le sauvage tomba sur le sol dallé, toussant et jurant. Le Maître n’était pas présent mais Elle était là et il lui devait obéissance malgré une répugnante envie de la soumettre.  
 
Elle se leva et s’approcha du mangeur de chair. Lui saisissant les cheveux, Elle approcha son visage du sien afin de lui susurrer ses ordres directement dans l’oreille.
 
« Tu vas rassembler tes hommes ainsi que les Rats Noirs de Rivecamp et les mercenaires de Dougan Dan Treich.  
- Rongeur d’Os pas avoir besoin de … »
 
Mais dans un éclair de lucidité, Treskesh vit la lueur qu’Elle avait dans l’œil et changea son point de vue.
 
« Treskesh servir bien. Treskesh faire comme il a entendu. »
 
Le cannibale rampa servilement à reculons et disparu dans l’obscurité.
Elle se redressa.  
 
- Vous ne comptez pas lui confier le commandement de l’attaque tout de même ?
- Bien sûr que non mon cher Thaunn, nous nous chargerons de cette tâche et tu mèneras l’attaque.  
- Nous allons nous déplacer pour exterminer une centaine de chiens ?
- Nous allons nous déplacer parce que la tombe a été trouvée et qu’elle doit être protégée.
- Fait comme tu veux !", répondit-t-il avec un geste de dépis.
 
Une boule de foudre bleu et blanc apparut dans la main de la jeune femme. Elle étendit le bras vers l’homme en armure et celui-ci fut frappé par l’éclair. Tombant à la renverse, il se contorsionna de douleur alors que des tentacules d’électricité l’enserraient et l’étranglaient.
 
« Comme il reste un peu de temps avant l’attaque, je crois que je vais le passer à te ré inculquer de bonnes manières. »
- Bâtarde des Eldryns, un jour tu me payeras tout cela. »
 
Redoublant d’intensité, les éclairs qui le rongeaient lui arrachèrent des cris de douleurs. Utilisant le lien d’électricité comme une laisse d’animal, Elle le força à ramper à ses pieds.
 
« Gentil chien chien. Nous allons jouer un peu en attendant de pouvoir aller massacrer ces pauvres crétins. »
 
-----------------------------------------------------------------------
 
Et voilà, un de plus ! Les liens entre l'histoire de korigwene et celle d'alderick commence à apparaitre. J'ai l'impression que de trouver les constructions des chapitres est de plus en plus dur au fur et a mesure que l'histoire avance. Ensuite, l'inspiration du moment fait qu'il m'arrive de disgresser pas mal et je dois refaire parfois les chapitres pour rester dans la trame que j'avais définit au départ.  
 
Au fait, d'ici un ou deux chapitres d'Aldérick vous aurez l'explication du titre :)
 
Bonne lecture :)


Message édité par deidril le 30-11-2005 à 14:19:49
n°3224895
foularou
Posté le 16-07-2004 à 10:25:45  profilanswer
 

"l’a conduit à cette fameuse salle."
Perso j'aurais plutot mis "l’a conduit à la salle."  
Enfin, quoi qu'il en soit merci pour ce chapitre et vivement la suite  :p

n°3225130
Damrod
Posté le 16-07-2004 à 11:01:23  profilanswer
 

bon chapitre : les effets de la Force d'Ame sont cohérents, définitivement ton histoire me plait : merci et viiiiiiite la suite :bounce:

n°3225184
krumli
Posté le 16-07-2004 à 11:06:53  profilanswer
 

Tu pourrais pas faire 6 beaux PDF avec lien dans le 1er post ?
Ca serait plus pratique à lire + imprimable + difficilement modifiable + cool.
 
OpenOffice.Org pour mettre en PDF.
 
Bonne continuation :hello:

n°3225802
Davidartis​te
aaah... la vie d'artiste!
Posté le 16-07-2004 à 12:30:30  profilanswer
 

tu ne fais pas ton roman dans le but de te faire de l'argent (je suis sûr que tu le pourrais)? C'est juste pour savoir si je dois m'attendre à ce que hélas un jour tu stoppes sa publication sur ce site... voilà et désolé à tous si par ma faute mossier Deidril arrêtais de publier ici mais bon je veux pas qu'il regrette un jour >8v) !!!

n°3225853
deidril
French Geek Society Member
Posté le 16-07-2004 à 12:40:54  profilanswer
 

Davidartiste a écrit :

tu ne fais pas ton roman dans le but de te faire de l'argent (je suis sûr que tu le pourrais)? C'est juste pour savoir si je dois m'attendre à ce que hélas un jour tu stoppes sa publication sur ce site... voilà et désolé à tous si par ma faute mossier Deidril arrêtais de publier ici mais bon je veux pas qu'il regrette un jour >8v) !!!


 
Je vois pas trop en quoi écrire ici mon roman compromettrais une chance d'être publié plus tard...J'ai dejà repondu que mon premier objectif est de compléter une premiere histoire. Une fois ceci fait, je n'aurais rien a perdre a le soumettre a des editeurs pour connaitre sa véritable valeur littéraire. Pour ce qui est de l'argent, je pense que les auteurs qui gagnent leur vie avec des romans d'heroic fantasy se compte sur les doigts de la main en france et je ne compte pas tenter ma chance dans ce secteur. Avoir mon histoire édité serais très bien mais ca serais plus par orgueil que par intérêt pécunier, d'autant plus que vu ce que rapporte un roman à son auteur ( 8%-10% du prix final ) et le faible tirage d'un roman français, y'a pas de quoi fantasmer dessus


Message édité par deidril le 16-07-2004 à 12:47:09
n°3227076
Davidartis​te
aaah... la vie d'artiste!
Posté le 16-07-2004 à 14:51:51  profilanswer
 

bah t'as qu'à faire un truc incontournable qui s'exportera!!! mdr
 
non c'est clair que ça peut pas rapporter des tonnes, mais moi je m'y connais presque pas, donc...
 
j'ai une autre proposition totalement stupide mdr : autoédite toi!!! lol t'auras 100% du prix final!

n°3250157
Damrod
Posté le 19-07-2004 à 13:53:46  profilanswer
 

la suite !!! :bounce: la suite !!! :bounce:

n°3268702
Marylln
Posté le 21-07-2004 à 08:32:36  profilanswer
 

Bon, alors parlons peu, parlons bien, moi je viens juste d'aterrir sur ton histoire, et c'est vrai que le début est un peu "dense", mais je n'ai au final que deux mots:chapeau bas. Ton histoire est captivante, ton style et ton écriture (exception faite de qques maladresses et qques fautes d'orthographe) sont plus qu'honorables. Tes personnages ont des psychologies différentes et tangibles, et si tu réussis à finir ton chef-d'oeuvre en gardant la cohérence du début (ce qui est relativement difficile), alors tu tiens le bon bout, tu peux aller très loin.  
Mais fais gaffe, au train où ça va et d'après ce que j'ai rapidement lu, tu vas bientôt te retrouver avec une troupe de fans hystériques, moi comprise.  
Et j'approuve tout le monde: LA SUITE! :p

n°3268886
Davidartis​te
aaah... la vie d'artiste!
Posté le 21-07-2004 à 09:48:08  profilanswer
 

pour michounette : "parlons peu, parlons bien, parlons de put**ns... comment va ta mère???"
 
t'as vu moi aussi j'ai réussi une blague mdr


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http://www.ecrivons.net/index.php
n°3278216
deidril
French Geek Society Member
Posté le 22-07-2004 à 08:46:06  profilanswer
 

Et voilà le chapitre 6 !!
 
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     A l’intention de Boerus Dan Mierch ,
 
   Maître Mage du Covenant de Karador
 
   Cher Maître, cela fait maintenant trois semaines que la Vierge à l’Epée quitta les quais de Karador. Je profite des quelques heures précédant le départ du bateau pour Thaelyss afin de vous informer de l’incroyable aventure dont j’ai été l’actrice lors de mon passage à Yfor. J’ai pris un soin tout particulier à coucher par écrit les faits car il me semble avoir vécu un événement historique que je souhaite partager avec vous et les générations futures.
 
   Je peux désormais vous avouer avoir accepté votre suggestion de partir pour le Saint Empire avec moult réticences, lesquelles furent effacées par une ivresse du voyage que je ne me connaissais pas et par une soif de découverte que je croyais éteinte. Alors que je frôlais la mort, je me trouva envahit d’une exaltation et d’un frisson que jamais je n’avais expérimenté. Beaucoup disent de la curiosité qu’elle est un vilain défaut. Moi je crois  qu’elle est une faim utile à l’accomplissement.
 
   Mais halte à l’introspection et place aux faits…  
 
   Pendant la traversée j’ai pu faire la connaissance de Ranka, une prêtresse de Valarian, ainsi que de sire Siegnar, un paladin de l’Ordre de Saint Albior. La présence de deux ecclésiastiques sur les terres du Landsraad vous interpellera sans doute, tout comme cela le fût pour moi. La clerc me confia qu’ils vinrent pour une mission diplomatique dont elle ne peut me dévoiler la teneur. Nous avons en quelque sorte sympathisé. J’utilise le terme ‘en quelque sorte’ car la différence de culture et d’enseignement entre nos deux personnes est pour l’instant une barrière vers une relation réellement amicale. Là où je vois progrès et recherche, Ranka constate hérésie et abomination. Nous avons échangé nos points de vue divergeant sur le ton de la plaisanterie.  
 
   J’ai eu la joie d’examiner les ruines d’Yfor. Observer ces vestiges d’un des plus grands événements de ce dernier millénaire m’a laissé sans voix. Les pierres semblent avoir garder par delà les siècles la furie du cataclysme. L’un des anciens quartiers d’Yfor s’est ainsi retourné à la verticale lorsqu’il a basculé dans la mer et s’y est planté comme un épieu dans la chair. Aujourd’hui c’est un immense bloc de pierre de cinquante mètres de haut recouvert de végétation, mais lorsqu’on s’en approche, on peut distinguer les rues pavées et les fondations des demeures qui en furent arrachée. Le voir transformé en une colonie pour oiseaux de mer m’a fait sourire. J’ai profité des explications du capitaine Valderena pour faire quelques croquis des sites les plus intéressants. Vous trouverez ci-joint des copies de ceux-ci.
 
   A peine débarqué, nous nous lançâmes dans l’exploration de la ville. Mes deux compagnons étaient fébriles à l’idée de visiter cette ville qui signifie tant pour leur culte et je partageais bien ce sentiment, je dois l’avouer. Comme le culte de Valarian demeure interdit, ils se glissèrent dans des vêtements du commun afin de pouvoir déambuler en toute tranquillité. Nous montâmes dans un attelage afin de gagner la cité…

                                   *
                                 * * *
 
   Le carrosse grimpait doucement le long de la voie serpentine qui couvrait la falaise. La route pavée était encombrée de chariots de marchandises, de marins allant et venant de la cité, de marchands allant inspecter leurs biens. Alors que la voiture avançait avec une lenteur affligeante, plusieurs vendeurs ambulants cheminaient à coté, présentant par la fenêtre leurs biens aux voyageurs.
 
   L’un d’eux, un homme au teint sombre dont les cheveux étaient dissimulés par un foulard, portait un vêtement de lin orné de dizaine de bijoux épinglés, de broches et de boucle d’oreille. Il portait autour de son cou pas moins d’une douzaine de colliers ou d’amulettes, et ses doigts étaient sertis d’autant de bagues.
 
   Il interpella Korigwene, glissant sa main pleine de colifichets presque sous le nez.
 
   « Belle demoiselle, voyez les incommensurables ornements que Goueriz du Loufrec souhaiterait glisser sur votre douce peau. Regardez par exemple cette amulette datant de l’ancienne Yfor, elle vous portera chance en amour. Cette bague venant directement de Lysandre vous donnera le pouvoir et l’amour d’un puissant chevalier… »
 
   De l’autre coté, Siegnar était à son tour harassé par un autre colporteur.
 
   « Messire, messire, prenez le temps d’inspecter mes modestes marchandises. Mes bijoux sont le travail d’un grand enchanteur et vous donnera protection contre les êtres de la nuit.
 
   - Tu ne devrais pas parler de ces choses en terme si commun, marchand ! dit Siegnar en saisissant le poignet de l’homme.
   - Mais messire, ce talisman vous protègera du Gibbeux..
   - Qui est ce Gibbeux ? » releva Ranka.  
 
   Disant ceci, elle glissa deux pièces d’argent dans la main de l’homme et saisit le talisman.  
 
   « C’est un monstre mangeur d’enfant qui hante les rues. On le dit si monstrueux que sa mère en serait morte d’effroi lorsqu’elle le mit au monde. Mais grâce à ce talisman induit d’un grand enchantement, vous serez épargnée.
   - Je t’en remercie marchand. Tu peux nous laisser maintenant.
   - Merci encore, gente dame.  
   - Etait-ce bien nécessaire d’acheter cette breloque ?
   - As-tu vraiment regardé le bijou ? »
 
   Siegnar baissa les yeux vers l’objet. L’amulette de cuivre représentait un sigle ésotérique que Siegnar identifia comme étant une imposture. Il reconnut cependant que la calligraphie et la gravure étaient soignées, quant bien même l’objet restait une contrefaçon.
 
   « Ce n’est qu’un attrape nigaud. Je n’y vois aucune glyphe pouvant porter un charme de protection.
   - Regarde-le ! »
 
   Korigwene fixait également l’objet mais elle ne décela rien qui ressemblait de près ou de loin à une glyphe potentiellement investit de la Force d’Ame. Siegnar se concentra sur l’objet puis s’exclama.
 
   « Par exemple !  
   - Comme quoi il ne faut jurer de rien, confirma Ranka.
   - Cet objet possède-t-il un caractère particulier ?
   - C’est un Potentiel.
   - Vraiment ? s’exclama Korigwene. Alors ce vendeur possèderait le Don de l’Investiture ?
   - Oui, ou encore le Don de Radiance. L’aura de la Force d’Ame est très faible, presque inexistante. Il est probable que tout colporteur qu’il soit, cet homme possède un maigre don qu’il utilise parfois inconsciemment.
   - Je suis fort surpris, coupa Siegnar, d’entendre une traductrice connaître le nom des Dons et la signification de mots comme Potentiel.
   - Voyons mon ami, la connaissance n’est pas l’apanage des mages et des prêtres.
   - En vérité, confia Korigwene, je suis une Apprentie mais mon Don tarde à se manifester.
   - Vous êtes une Morteforce donc, conclut Siegnar.
   - Enfin Siegnar, l’interpella Ranka. Quelque fois ton manque de tact me fait honte !  
   - Je suis désolé demoiselle Korigwene, s’excusa Siegnar. Je n’aurais pas du vous forcer la main. J’admets avoir gardé de vilaines habitudes de mes premières années de services.
   - Ce n’est rien sire, ce n’est nullement un secret…
   - Je vous présente mes plus humbles excuses si je vous ai causé du tort…
   - Mais non, coupa Korigwene confuse et rouge, je vous assure que cela n’est rien.
   - Si tu veux t’excuser proprement, tu sais ce qu’il te reste à faire. »
 
   Disant ceci, Ranka lui envoya le bijou. Siegnar l’attrapa de la main gauche, dardant sur Ranka un regard interrogateur.
 
   « Tu n’as donc pas entendu le marchand ? Il semble que les nuits d’Yfor n’aient en rien perdu de leur dangerosité.  
   - Tu ne vas tout de même pas porter foi aux ragots d’un colporteur ?
   - Rappelle-moi cette conversation que nous avons eue à l’auberge de la Couronne des Rois ?  
   - Soit, fit Siegnar, se souvenant avoir rapporté une rumeur sur la présence de Ramiel. Mais que veut-tu que je fasse de ceci ?
   - Si ce dont a parlé cet homme est fondé, si Yfor reste toujours la proie de forces maléfiques la nuit tombée…
   - Je bénirais l’amulette pour dame Korigwene, conclut le chevalier.  
   - Je ne comprends pas ?
   - Siegnar et moi-même pouvons nous défendre si besoin est, mais vous faite une proie facile pour les êtres de la nuit. Comme vous le savez, un Potentiel est un objet qui a été investit de la Force d’Ame de son créateur lors de sa fabrication…
   - Et cela constitue la seule condition pour pouvoir ensuite placer un enchantement ou une bénédiction, continua Korigwene.
   - Exactement, et plus l’aura est forte, plus l’on peut placer un charme puissant. Malgré la faible force investie dans l’amulette, Siegnar devrait être capable de placer la Bénédiction d’Albior.
   - En quoi consiste-t-elle exactement ?
   - Vous savez sûrement qu’Albior est le Saint patron des paladins qui se sont voués à la lutte contre l’obscurité. Par contre, ce que vous ignorez peut être, c’est que ses fidèles peuvent invoquer sa bénédiction pour protéger un lieu ou une personne contre les créatures maléfiques les plus faibles.
   - Et si la chose n’a rien de faible ?
   - Courez ! » conseillèrent les deux ecclésiastiques d’une seule et même voix.
 
                              *
                            * * *
 
   Après une bonne heure, le carrosse parvint au sommet de la falaise pour entrer enfin dans Yfor. Le conducteur se pencha pour demander aux trois voyageurs s’il désirait continuer à pied ou bien en attelage.
 
   - Je crois que nous allons continuer à pied, messire cocher. Nous sommes restés suffisamment en mer et mes jambes se languissent d’une bonne marche, répondit Ranka tout en le payant.
 
   Ils sortirent alors de la voiture, s’étirant les bras. Korigwene émis une petite exclamation de surprise alors qu’elle contemplait la nouvelle Yfor.
 
   Ils étaient dans une ancienne cour en ruine envahie par les herbes sauvages. A coté d’eux, la route passait sous d’antiques arches en partie brisées. L’avenue était bordée de vieux murs en ruines les longs desquels se trouvaient les étals de nombreux vendeurs. Tout autour d’eux, des décombres étaient ré assemblés et recouverts de toiles, comme d’enfantines cabanes, pour servir d’échoppes à un luxuriant marché. Marchandises venant du nouveau monde, fruits exotiques, vêtements précieux, bijoux ouvragés des Villes Libres, tout cela étaient étendus sur des présentoirs autour de Korigwene. En tant que deuxième port du Landsraad et point de départ pour l’autre continent, Yfor bénéficiait des cargaisons des navires et son marché respirait l’exotisme et la nouveauté. Derrière leur carrosse, un chariot s’arrêta et des hommes s’approchèrent pour sortir des caisses de vêtements d’une soie si légère et si fine qu’on pouvait voir à travers. Korigwene rougit à l’idée de porter ce genre de robe. Une autre cargaison arriva, puis une autre et encore une autre, formant un flot ininterrompu de biens venaient des quais. Korigwene compta mentalement quelle partie de sa maigre fortune elle allait pouvoir dépenser.
 
                             *
                           * * *
 
   « J’ai du mal à croire que j’ai réussit à acheter tout cela, »   lâcha Korigwene.  
 
   L’Apprentie portait maintenant cinq livres anciens, une robe soigneusement pliée, des foulards de soies, un panier de fruit exotique et un bracelet dorée en forme de serpent. Ranka regardait avec amusement la jeune femme se démener avec ses colis. La prêtresse poussa discrètement Siegnar du coude. Le paladin la regarda avec un air d’incompréhension avant de réaliser ce qu’il aurait dû faire en bon chevalier.
 
   « Permettez-moi de porter votre fardeau, mademoiselle. »
 
   Korigwene lui confia l’intégralité de ses achats tout en le remerciant. Libre de ses mouvements, elle commença à converser avec la prêtresse sur un des livres qu’elle venait d’acquérir.
 
   « …mais lorsque j’ai lu le titre, j’ai cligné des yeux tant je croyais rêver. J’ai parcouru quelques chapitres afin d’en vérifier l’authenticité ! Si il s’agit d’une copie alors c’est l’une des plus remarquables contrefaçons que j’ai vues.  
   - Je ne suis pas vraiment étonné de voir un ouvrage de qualité ici. Ce marché constitue sans doute un point de transit pour la moitié des navires de ce continent. Je dois vous avouer que je suis un peu jalouse. Il n’en existe qu’une seule version dans le Saint Empire et elle se trouve dans le monastère de Saint Tenadir que je n’ai hélas, jamais eu l’opportunité de visiter.
   - Vous pourrez le consulter à loisir sitôt que nous reviendrons à bord. Je ne saurais l’accaparer l’intégralité de mon temps.
   - C’est là fort courtois de votre part. »
 
   Siegnar suivaient docilement les deux femmes tout en portant les paquets, complètement hermétique à leur conversation. Korigwene gardait encore sur son visage la joie qu’elle avait eue presque une heure auparavant.
 
   « Je n’en reviens toujours pas d’être  la propriétaire d’un exemplaire du Joyau des Eldryn.  
   - L’ouvrage est pour beaucoup de lettrés – et je partage cet avis – l’une des plus belles sagas jamais composées, quand bien même cela reste une fiction.  
   - Il est certain que la prose que l’auteur utilise empreinte pour beaucoup à l’imaginaire mais Hecktaniel est tout de même l’un des plus célèbres aventuriers de son siècle. Qui saura jamais quels parts du roman furent inspirées par ses péripéties ?
   - Une chance pour vous qu’Hecktaniel couchait ses écrits en utilisant l’Ancien Valarite. Hormis les gens du culte et les linguistes de votre niveau, personne ne serait à même d’en comprendre le titre, mais je reste très étonné, je vous l’avoue.
   - Le marchand m’a confié avoir acquis un stock de livre provenant d’une famille désireuse de se déposséder d’un tas de vieux souvenirs. Je me suis bien gardé de lui révéler la véritable valeur de ses ouvrages.  
   - J’intercèderais en votre faveur auprès de Valarian pour cette petite incartade à l’honnêteté, ne vous inquiétez pas. Sitôt que je me serais enivré du récit en question.»
 
   Les deux femmes rirent de leur complicité. Elles se regardèrent,  
réalisant que c’était la première fois qu’elle trouvait un véritable terrain d’entente. Chacune arborait maintenant un sourire entendu, un signe que l’amitié qu’elles sentaient possible entre elles commençaient à naître.
 
   Quittant le marché, les trois voyageurs flânèrent le long des avenues, appréciant le caractère romanesque de l’architecture d’Yfor. L’essence même de la cité était imprégnée du cataclysme. Des statues représentant d’anciens personnages de la tragédie bordaient le long des avenues. Thibault était représenté sous les traits d’un héros grave et triste aux cheveux bouclés, Lysandre sous l’apparence d’une femme magnifique au regard enjôleur. D’autres protagonistes secondaires comme le lieutenant de Thibault, l’apprenti de Lysandre et bien d’autre formaient ainsi un cortège de personnages comme d’autant de témoignage de ce qui fut, pour la plupart des habitants du Landsraad, le désastre du millénaire. Sur les cotés se dressaient de magnifiques demeurent en pierres de taille. Véritables manoirs pourvus de jardin, les bâtisses étaient ornées de tourelles, de clocher, de gargouilles de pierres et d’anges combattants.
 
   «  Il est intéressant de voir comment la religion qu’ils ont chassée est devenue un aspect de l’architecture, nota Ranka. Malgré leurs vœux de vivre loin des dieux, les personnages mythiques restent présents dans les esprits. »
   - En effet, regardez cette statue, ne serait-ce pas Aldariel, l’ange protecteur des lettrés ?
   - En effet, c’est l’une des très rares figures angéliques qui ne portent pas d’arme, mais en l’occurrence un parchemin. »
 
   Devisant sur les personnages immortalisés dans le marbre, les deux jeunes femmes avancèrent vers le centre de la cité, se mêlant à une foule bigarrée composée des équipages et des voyageurs des navires tout autant que des notables et des gens du cru.
 
                              *
                            * * *
 
   « Ca alors, intervint Siegnar. Qu’est ce que ceci ? »
 
   Les mains pleines, le chevalier hocha le menton en direction d’une tour dépassant de beaucoup les autres toits. A son sommet, l’étrange construction affichait sur chacune de ses quatre faces un immense carillon. L’aiguille la plus grande se déplaça pour pointer à la verticale. Des ouvertures sous le cadran apparurent et un cortège de petits personnages en fer noir défila, jouant une scène muette, puis repartirent à l’intérieur de la construction tandis qu’un tocsin résonna dans toute la ville.
 
   « Il est curieux qu’il ne sonne que lorsque le soir vient, remarqua Korigwene, car je ne me rappelle pas l’avoir entendu durant notre excursion à travers la ville.
 
   - Il s’agit du couvre-feu, expliqua Siegnar. Regardez les gens. »
 
   Korigwene et Ranka virent en effet que chacun pressait le pas. Peu à peu, la rue s’éclaircissait.  
 
   « Il va être temps de trouver une auberge pour la nuit. »
 
   Korigwene approuva mentalement les paroles de la prêtresse.
 
                               *
                             * * *
 
   Ranka repoussa son écuelle au milieu de la table et ferma les yeux, épuisée par la visite de la cité. Seul le bruit des pages que tournait Korigwene troublait la quiétude de l’auberge. L’établissement était effectivement très calme. Une longue table pourvue de deux bancs constituait le seul ameublement de la salle commune. Un escalier raide partait d’à coté de l’accès aux cuisines vers aux chambres.  
Le parquet craqua. Ranka ouvrit les yeux pour voir l’aubergiste changer la bougie. Le quinquagénaire portait une chemise grise auréolée de sueur. Il vérifia chaque volet ainsi que les deux barres de fer qui maintenaient la porte fermée. Il accrocha une couronne d’ail sur un clou au-dessus de l’entrée.  
 
   « Bonne soirée mesdames, fit-il avant de disparaître à l’étage.
 
   Les deux jeunes femmes le saluèrent à leur tour.  
 
   « Croyez-vous vraiment que nous ayons quelque chose à craindre ? demanda Korigwene.
   - Je l’ignore mais je puis vous dire ceci. Si le danger était si réel et si menaçant, alors Yfor ne serait plus depuis longtemps un port aussi attractif.
   - Vous avez raison.. »  
 
   Et elle continua à tourner les pages du Joyau des Eldryns, admirant les enluminures colorées, les esquisses des personnages et la calligraphie soignée. Arrivant au bout de l’ouvrage elle s’arrêta net.  
 
   « Regardez ! »
 
   Ranka se pencha par-dessus la table et vit ce qu’il lui sembla être une dédicace. La prêtresse mis quelques secondes à déchiffrer les mots en ancien valarite.  
 
  A Lysandre,  
   Désormais mon inspiration au même titre que Valarian
 
   Thibault dan Gwerneich

 
   « Par la Main d’Andramael ! jura la prêtresse.
   - Que ce passe t-il de si grave pour invoquer la main de l’archange ? fit Siegnar alors qu’il descendait l’escalier.  
   - Venez voir chevalier. On dirait que cet ouvrage appartenait à Thibault. Ou plutôt à Lysandre. »
 
   Le chevalier se pencha par-dessus l’épaule de Korigwene et se concentra pour traduire les mots.  
 
   « Par la Lame d’Albior, jura-t-il à son tour.
   - Croyez-vous que cette dédicace soit sincère ?
   - Lue sur un ouvrage de seconde catégorie je n’y aurais porté aucun crédit, mais sur le Joyau des Eldryn… souffla Ranka.
   - Sans oublie que l’écriture est attentionnée et que son auteur a utilisé l’ancien valarite pour s’exprimer. »
 
   Korigwene referma l’ouvrage avec une infinie précaution alors qu’il représentait maintenant encore plus de valeur à ses yeux.
 
   « Réalisez-vous ? Un cadeau d’amour fait par Thibault à Lysandre… »
 
   Elle fixa tour à tour ses deux compagnons. Ranka lui souriait, apparemment contente pour elle. Le chevalier Siegnar semblait imperméable à l’importance culturelle de la découverte. Korigwene regarda le regard impassible du paladin. Elle ne savait toujours pas à quoi s’en tenir avec lui. Celui-ci sortit alors de sa poche l’amulette dont ils avaient fait l’acquisition au port et lui tendit.
 
   « Tenez dame Korigwene. J’ai effectué la bénédiction.
   - Merci, »fit-t-elle en prenant le bijou.  
 
   Elle le passa autour de son cou et glissa l’ornement dans son décolleté.
 
   - Nous devrions aller nous coucher, conseilla Ranka. Demain nous aurons l’occasion de voir d’autres parties de la cité si nous nous levons de bonne heure. »
 
   D’un commun accord ils montèrent dans leurs chambres. Korigwene partageait la sienne avec la prêtresse. Elle enveloppa soigneusement son livre dans une toile puis le glissa avec toute les précautions du monde dans un sac en cuir. Une fois changée pour la nuit, elle s’allongea sur son lit tandis que Ranka récitait une prière du bout des lèvres. L’exaltation de la journée désormais passée, la fatigue gagna Korigwene et elle sombra dans le sommeil.
 
                                 *
                               * * *
 
   Une main la secouait. Korigwene ouvrit les yeux. Il faisait noir. La jeune femme s’apprêta à ouvrir la bouche pour parler mais la main se posa sur son visage.
 
   « Pas un bruit ! », souffla la voix familière de Ranka.  
 
   La prêtresse libéra la bouche de Korigwene.  
 
   « Habillez-vous vite !
   - Que se passe-t-il ?  
   - Je ressens la présence du Malin dans la rue, peut-être même au rez-de-chaussée. »
 
   Korigwene se figea, complètement paniquée. Ranka remarqua que sa compagne était perturbée. Elle posa la main sur son épaule et invoqua une prière.
 
Oh Andramael, inspire cette âme de ta vaillance !
 
   Korigwene retrouva ses moyens. Sa première réaction fut de chercher son précieux livre.  
 
   « Tant pis pour vos achats. Nous allons devoir être discrets.
   - J’emporte quand même mon Joyau des Eldryn. »
 
   La prêtresse acquiesça.  
 
   La porte de la chambre s’ouvrit alors lentement, sans un bruit. Korigwene retint son souffle, reculant là où elle pensait que l’obscurité était la plus dense.  
 
   « C’est Siegnar, » souffla Ranka sans même regarder.
 
   Le chevalier entra en effet dans la pièce dans ses vêtements d’hier, enfilés à la va-vite. Sa chemise blanche à jabot débordait de son pantalon et il terminait de placer un pied dans une botte alors qu’il se glissa dans la chambre.  
 
   « Tu les as également sentit ? » fit-il en direction de Ranka.
 
   Celle-ci hocha de la tête.
 
   Un craquement se fit entendre à l’extérieur de la pièce. Une planche de l’escalier grinça, puis une autre alors que les trois compagnons retenaient leur souffle. Korigwene plaça le sac contenant son précieux ouvrage en bandoulière et elle enfila ses bottes. Elle réalisa qu’elle était toujours en chemise de nuit.
 
   « Tant pis," songea-t-elle tandis qu’à l’extérieur, elle entendait quelqu’un grimper l’escalier le plus précautionneusement possible, mais heureusement, trahit par les grincements traîtres des vieilles planches. A l’étage du dessous, ils entendirent le bruit d’une écuelle tombant sur le sol ainsi qu’un juron.  
 
   Le bruit s’arrêta dans le couloir des chambres. Siegnar fit un signe de la main pour indiquer que le visiteur se trouvait juste de l’autre coté du mur. Le chevalier se tenait prêt à embrocher quiconque passerait la porte. Tous trois retenaient leur souffle, dans l’attente d’un signe.
 
   C’est alors que la fenêtre et le volet explosèrent, projetant des débris de bois et de verre tandis que qu’une forme passait à travers. Korigwene sentit quelque chose se planter dans sa chair au niveau du ventre.  
 
   Les rayons de la lune entrèrent à travers l’emplacement qu’occupait la fenêtre, éclairant une silhouette qui venait de se réceptionner au milieu des débris. Elle se releva avec une grâce toute féline tandis que la lumière argentée de la nuit éclairait sa peau laiteuse parcourue de veines violacées. L’homme fixa les deux femmes et ses yeux brillèrent d’un éclat rubis. Siegnar s’apprêta à bondir sur lui mais deux bras puissants traversèrent la cloison et l’enserrèrent, l’attirant littéralement à travers le mur.  
 
   L’homme sourit, révélant deux canines proéminentes.
 
   Korigwene hurla tandis que Ranka recula instinctivement, comprenant qu’elle était la personne que le vampire fixait.
 
   « Oh Andramael, Permet à ta Servante de devenir l’Instrument de ton Châtiment. ! » clama Ranka tout en joignant les deux mains.
 
   A l’instant où l’homme bondit sur elle, la prêtresse fut nimbée d’une aura blanche. La main du vampire se transforma en cendre à l’instant où il la posa sur elle. Des flammes blanches gagnèrent son bras et son épaule. Il recula vivement en feulant tel un chat tandis qu’un deuxième congénère enjambait la fenêtre pour pénétrer dans la pièce.
 
   L’aura lumineuse de Ranka éclairait maintenant l’endroit avec la même intensité que la lumière du jour. Korigwene remarqua que les deux assaillants étaient de jeunes hommes plutôt séduisants. Ils portaient des chemises noires de soie et des braies de la même couleur. La silhouette élancée, leurs muscles saillants leur donnaient une allure de félin prêt à bondir.  
 
   « Reculez, fils de Maligor ! Retournez dans la nuit ! » ordonna Ranka alors que son aura augmenta encore en amplitude.
 
   Le vampire au bras décomposé garda ses distances mais son compagnon s’approcha de la fenêtre brisée et arracha du mur une grosse pierre qu’il lança de toute ses forces sur la prêtresse. Celle-ci la toucha à la tempe et explosa sur l’aura de lumière. Ranka vacilla. Sa concentration brisée, sa protection disparut. Le premier vampire se jeta alors sur elle, la plaquant au sol, tentant de lui mordre le cou. La prêtresse hurlait, invoquant de nouveau Andramael mais sans succès. Elle se débattit, tentant d’échapper à son agresseur mais celui-ci semblait plus fort. Les longues canines s’approchaient inexorablement de la gorge de la prêtresse. Korigwene retrouva ses esprits alors que le deuxième ennemi s’approchait d’elle, l’examinant pour sans doute déterminer de quoi elle était capable. Se souvenant de la bénédiction effectuée par Siegnar, elle arracha l’amulette de son cou et la plaqua sur le visage de l’assaillant de Ranka.
 
   Il lâcha alors sa victime en jurant. La moitié gauche de son visage se décomposait, tombant en cendres. Ranka le fit reculer d’un coup de genoux dans le bas ventre. Toujours au sol, la prêtresse darda du regard le vampire. concentrant toute son énergie, elle invoqua de nouveau l’archange.
 
   « Andramael, j’en appelle à la Lumière Purificatrice ! Vae Siene Delar ! Esshemari Deria Tan Dares ! »
 
   Une invocation en ancien valarite ? nota Korigwene. Mais pourtant les textes des anciennes prières sont censés être perdus !
 
   Pointant son doigt vers l’ennemi, Ranka projeta un rayon de lumière qui transperça de part en part le vampire. Son corps fut pris de tremblement tandis que sa tête se détacha et éclata au sol en un bloc de poussière. Ses jambes s’affaissèrent, se brisant alors qu’elles devenaient cendres. Les restes du vampire tombèrent au sol en un tas noir. Sans briser sa concentration, Ranka orienta le rayon de lumière vers le deuxième ennemi mais celui-ci bondit par la fenêtre. La prêtresse stoppa alors sa concentration et l’obscurité revint dans la pièce. C’est alors qu’un grand bruit de meuble brisé vint de la salle commune.
 
   « Siegnar ! » appela Ranka.
 
   Siegnar se débattait mais la chose qui le serrait par derrière possédait une force démesurée. Comme elle empestait la putréfaction, le paladin invoqua les Saints.
 
   « Oh Albior, Permet à ton Serviteur de devenir l’Instrument de ton Châtiment ! »
 
   Le paladin fut alors entouré d’une aura lumineuse à l’instar de Ranka, bien que d’une intensité très moindre. Son agresseur le lâcha. Siegnar se retourna pour le confronter, la dague toujours en main.
Le chevalier, bien que d’un âge avancé gardait encore la musculature et la carrure qu’il avait acquis durant sa jeunesse. Mais lorsqu’il fit face à son assaillant, il se retrouva comme un enfant devant un géant. Celui-ci dépassait allègrement les deux mètres. Ses bras étaient plus gros que les cuisses du paladin. Son cou avait les muscles d’un taureau. Il était si grand et si corpulent que Siegnar se sentit comme écrasé. Il remarqua néanmoins que le géant était voûté et qu’une bosse lui déformait le dos.  
 
   « Le Gibbeux ! » souffla Siegnar.
 
   Le gibbeux fixait Siegnar sans le voir. L’un de ses yeux était torve et l’autre à moitié fermé. Son nez coupé et retroussé ressemblait à un groin de truie. Son menton était déformé et allongé. Un filet de bave coulait par un coin de la bouche.
 
   Siegnar poignarda au ventre le colosse. Celui-ci n’émit aucun son ni même de tremblement alors que la lame s’enfonça jusqu'à la garde dans sa chair. Siegnar écarquilla les yeux lorsqu’il ne vit aucun sang ni aucune réaction. Le gibbeux attrapa le chevalier par la gorge. Il le décolla du sol, le soulevant au dessus de sa tête, et le lança à deux mains. Le chevalier vola dans les airs sur plus de cinq mètres. Atterrissant dans la salle commune en contrebas de l’escalier, il heurta violemment la grande table, la brisant de son poids dans un fracas monstrueux.
 
   Siegnar tenta de bouger mais sa tête lui faisait mal. Il sentit du sang couler le long de ses tempes. Son bras droit était plié en un angle bizarre. Il hurla un long cri de rage pour surpasser la douleur alors qu’il tenta de bouger son membre brisé.  
 
   Korigwene se précipita inconsciemment dans le couloir lorsqu’elle entendit le bruit et les cris de Siegnar. Ranka lui cria « Non », mais trop tardivement. La jeune femme était à l’extérieur de la pièce. Elle se figea lorsqu’elle vit la carrure monstrueuse du Gibbeux. Celui-ci se retourna et la considéra. D’une puissante claque, il la fit basculer par dessus la rambarde. Korigwene tomba à l’étage en dessous, elle poussa un cri étouffé lorsqu’elle heurta le sol et s’immobilisa, inconsciente.  
 
   Ranka jura lorsqu’elle réalisa qu’elle était la seule encore consciente. Elle avait déjà utilisé une bonne partie de sa Force d’Ame et ne sentait pas d’affronter de nouveaux des ennemis. Le Gibbeux pénétra alors dans la pièce. Trop grand pour la porte, il défonça les bords sans efforts pour entrer. Le vampire qu’elle avait mis en fuite réapparu à la fenêtre.
 
   « On dirait que les dés sont jetés, prêtresse ! »
 
   En désespoir de cause, Ranka se concentra une ultime fois, rassemblant ce qui lui restait de sa Force d’Ame. Elle invoqua de nouveau  la Lumière Purificatrice et l’orienta sur le visage du Gibbeux. Celui-ci ne se transforma pas en cendre mais des cloques apparurent sur sa peau. De la fumée s’éleva de sa tête et les quelques cheveux qu’il lui restait s’enflammèrent. Un de ses yeux coula hors de son orbite en une masse gluante et bouillonnante. Le Gibbeux s’arrêta. Il ne prononçait toujours aucun mot mais sa bouche se déforma en un mauvais rictus. Ranka profita de l’occasion pour le contourner et courir jusqu’à la porte. Le vampire se précipita à sa suite. La prêtresse saisit le bord de la porte et la referma violemment alors qu’elle la passait. Elle entendit un juron derrière elle lorsque son poursuivant heurta le panneau avec la tête. Sans vérifier que son astuce avait stoppé le vampire, elle se précipita dans l’escalier.
 
   Korigwene repris conscience. Elle tenta de se relever mais une douleur fulgurante sur le coté la paralysa. Elle tourna la tête pour voir qu’elle s’était empalée sur un des débris de la table. Elle entendit quelqu’un dévaler l’escalier. Elle tourna la tête au prix d’un effort qui lui coûta ses dernières forces pour voir Ranka arriver. La prêtresse se penchait au dessus d-elle tendit que Siegnar se relevait à grand peine.
 
   « Ne bouge pas ! » fit Ranka.  
 
   D’un coup sec elle extirpa le morceau de bois du flanc de Korigwene. Celle-ci ne put retenir un hurlement tandis qu’un flot de sang jaillit. Appliquant sa main sur la blessure, Ranka concentra sa Force d’Ame. Elle du puiser dans sa volonté pour déclencher la prière.
« Oh Firielle, Patronne des Guérisseurs, Je t’en conjure, Accède à ma requête et que le Corps de cette Personne retrouve son Intégrité. »
Utilisant ses ultimes forces, Ranka ferma le flot de sang et s’écroula, vidée de ses forces. Siegnar arriva vers les deux femmes au sol en titubant.  
 
   « Il ne faut pas rester là ! Fuyons ! »
 
   Korigwene se releva, sa douleur et sa blessure volatilisée bien que l’endroit où l’écharde avait pénétré la tirait comme une vieille blessure. Elle et Siegnar relevèrent la prêtresse inconsciente et se dirigèrent vers la porte d’entrée de l’auberge. Celle-ci était abattue sur le sol. Aussi vite qu’ils le purent, il s’avancèrent dans la rue, soutenant Ranka, toujours inanimée.
 
   Du haut du toit, le vampire les regarda se déplacer avec une lenteur affligeante. Ses yeux rouge percèrent la nuit et il remarqua trois autres de ses congénères dans une rue voisine, s’apprêtant à les prendre en tenaille. La prêtresse était comme un phare dans la nuit pour leurs sens et bientôt ils la dégusteraient comme un met d’une rareté exquise. Le vampire sourit à l’idée de goûter à ce sang bénit. Il souriait encore lorsque la silhouette passa derrière lui et le décapita, le réduisant en cendres.
 
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Et voilà ! Ouf, je dirais même car j'ai hésité plusieurs jours à écrire les chapitres sur Yfor car je ne leur trouvais qu'un intérêt de remplissage. J'ai fini par trouver un fil directeur liant ce passage à l'histoire globale que je pense intéressant. Vous jugerez au terme de cette péripétie :)
 

n°3278254
deidril
French Geek Society Member
Posté le 22-07-2004 à 09:01:55  profilanswer
 

D'ailleurs je vois à la relecture quelques incohérences. J'ai forcé l'écriture pendant une bonne partie de la nuit pour finir un chapitre cette semaine ( je pars pour un long week end!)  et je n'ai pas pris le temps de corriger les erreurs de l'histoire :)

n°3278268
foularou
Posté le 22-07-2004 à 09:07:37  profilanswer
 

Perso j'aurais plutot dit  

Citation :


Il souriait encore lorsqu'une silhouette passa derrière lui et le décapita, le réduisant en cendres.  


n°3284196
Profil sup​primé
Posté le 22-07-2004 à 20:52:10  answer
 

Je voudrais préciser que si vous aimez les livres et l'écriture, j'ai ouvert un forum auquel vous êtes conviés à participer ( je sui un admin très cruel :D)  
 
www.forum-ecriture.forumactif.com  
 
(je précise que j'ai l'autorisation de la modération de parler de cela ;) Merci à eux d'ailleurs )

n°3313986
docwario
Alea jacta est
Posté le 26-07-2004 à 13:41:03  profilanswer
 

petit up ! :bounce:
pour pas que tu oublies de nous présenter la suite ;)

n°3333190
Damrod
Posté le 28-07-2004 à 10:58:41  profilanswer
 

mais que sont devenus nos écrivains ?
on est en manque nous !!! on veut la suite :bounce:

n°3334574
foularou
Posté le 28-07-2004 à 14:02:53  profilanswer
 

ils font gréves :(

n°3345443
deidril
French Geek Society Member
Posté le 29-07-2004 à 17:09:19  profilanswer
 

Ils ne font pas grève mais ils ( enfin pour l'un d'entre eux ) rangent ses affaires après un déménagement :)
 
Mais l'attente n'aura pas été vaine puisque voilà le chapitre 7 :)
 
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De noirs nuages s’amoncelaient sous les étoiles, obscurcissant la lune. Korigwene et Siegnar avançaient au plus vite que leur permettaient leurs blessures. Le bras droit du chevalier pendait inerte sur le coté et l’Apprentie se tenait une côte. La fuite avait réouvert sa blessure et sa chemise de nuit blanche se tâchait peu à peu de sang. Ils traînaient le corps inconscient de Ranka, évanouie après avoir épuisée sa Force d’Ame. Seul leurs respirations haletantes et leurs pas sur les pavés brisaient le silence nocturne. Korigwene crut voir une ombre sur un des toits. Lorsqu’elle leva la tête elle ne vit rien mais un frisson le long de son échine la poussa à redoubler d’effort.
 
Bientôt la lune fut complètement masquée par un masque nuageux. Siegnar s’arrêta, à bout de souffle. Du sang coulait d’une blessure à la tête le long de son front pour lui aveugler les yeux. Arrachant un morceau de sa tunique, il se fit un bandage de fortune. Une fine pluie se mit à tomber alors qu’au loin un éclair déchira les cieux. Un battement de cœur plus tard, le bruit du tonnerre éclata.  
 
« Ou sommes-nous ? demanda Korigwene. J’ai l’impression que nous sommes complètement perdus. Dans l’obscurité toutes les rues se ressemblent.
- Je ne sais pas, répondit Siegnar. Je n’en sais fichtre rien !  
- Nous les avons semés, je pense. Nous pourrions frapper à une porte pour demander de l’aide.
- Si tu vivais à Yfor et qu’on frappe à ta porte en pleine nuit, Irais-tu ouvrir ?
- Je suppose que non.
- Je crois que le port est part ici. Il me semble que nous avons visité cette rue ce matin. »
 
La pluie s’intensifia alors que le cœur de l’orage s’approchait peu à peu. Deux silhouettes se laissèrent tomber d’un toit proche. L’eau ruisselait sur leur peau blanche et leurs yeux d’un rouge sang ne laissaient planer aucun doute sur leur identité.
 
Derrière eux, un bruit de cavalcade se fit entendre. La jeune femme se retourna pour distinguer au loin la silhouette monstrueuse du Gibbeux arriver en claudiquant.  
 
« L’heure de la chasse est terminée, fit l’un des vampires. Le temps du repas est arrivé.
- J’ose espérer que vous résisterez encore un peu, ajouta le deuxième. Le sang acquiert une saveur si particulière lorsque la victime s’est défendue jusqu’à la mort.
- D’autant plus quand il s’agit d’un sang riche comme celui d’une enfant de Valarian, fit une troisième voix derrière eux. »
 
Siegnar se retourna pour apercevoir un troisième vampire se placer derrière eux pour interdire toute fuite. Korigwene réalisa alors qu’elle allait mourir. La peur l’avait néanmoins quitté maintenant que la fatalité l’avait rattrapée. Elle attrapa son amulette dans la main qui ne soutenait pas Ranka, prête à l’enfoncer dans la gorge de celui qui s’approcherait.  
 
Une silhouette surgit précipitamment d’une ruelle, passant en un éclair derrière l’un des vampires. Celui-ci s’arrêta, son visage figé par la surprise. Son bras se détacha du corps, devenant poussière. Tombant en avant, sa chair changea en une cendre noire, se dispersant sur les pavés.  
 
Les regards se tournèrent alors vers le bretteur responsable de l’action d’éclat. L’homme se tenait en garde, prêt à bondir sur le second vampire. Grand de huit pieds, il semblait à peine sortit de l’adolescence tant son visage était juvénile, et pourtant d’une beauté angélique. Il portait une chemise de soie noire bouffante. Ses cheveux dorés tombaient en boucle sur ses épaules musclées. Korigwene fut émut par la profondeur de son regard azur.  
 
Les deux suceurs de sang se tournèrent vers la nouvelle menace. Siegnar et Korigwene soutinrent à nouveau le corps de Ranka tandis que derrière eux le Gibbeux arrivait à grand pas.
 
D’un regard complice, les vampires s’apprêtèrent à un assaut commun mais l’épéiste les prit de vitesse. Maniant un fin et long sabre, il bondit vers l’avant et en une seule passe, esquiva les attaques en glissant à genoux sur le sol mouillé et sectionna les quatre jambes.  
 
« Sa Force d’Ame est d’une telle intensité ! remarqua Siegnar.
- Tu peux la voir ? demanda Korigwene.
- Elle est si brillante qu’il faudrait être aveugle ou bien … »
 
Dévisageant Korigwene, le chevalier arrêta sa phrase.  
 
« Je veux dire qu’il est très fort. Sa Force d’Ame est de bien loin supérieure à celle de Ranka et donc à la mienne.
- Fuyez fit alors leur sauveur. Je vais retenir le Gibbeux momentanément pour faciliter votre course.  
- Donnez-moi une arme et je vous seconderais pour le terrasser ! demanda le paladin.
- Ce n’est pas un adversaire que l’on peut tuer par l’acier ou même par magie ! Fuyez ! »
 
La pluie se déversa de plus belle sur Yfor alors que la nuit était déchirée par les éclairs. Tandis que la foudre frappait les toits, Korigwene et Siegnar reprirent leur fuite tandis que derrière eux, le sol tremblait des assauts formidables que portaient les protagonistes.
Korigwene ne sut dire combien de temps s’écoula. Ils marchèrent un long moment alors que le cœur de l’orage s’éloignait et que la pluie se faisait moins intense. Sa poitrine la brûlait et sa tête tournait. Lorsqu’elle vit un banc de pierre entre deux statues, elle se laissa tomber dessus.
 
« Je ne pourrais faire un seul autre pas, » articula-t-elle avec difficulté.
 
Siegnar allongea Ranka sur le banc pour examiner la prêtresse toujours inconsciente.
 
« Elle est brûlante de fièvre. Il lui faut absolument un abri et des soins ou elle mourra.
- Dans ce cas suivez-moi, » fit le prodigieux épéiste, surgissant d’une zone d’ombre.  
 
Le visage du jeune homme était ecchymosé et son sabre qui avait pourtant fendu avec tant de facilité les vampires était maintenant brisé.
 
« Comment pouvez-vous nous suivre si facilement ! s’exclama Siegnar. Et puis qui êtes-vous pour vous défaire de ces créatures si facilement alors que deux fidèles de Valarian n’ont pu en venir à bout !
- Cela fait plus de trois siècles depuis que le dernier prêtre de Valarian s’en fut d’Yfor. Votre compagne a du réveiller par sa seule aura l’ensemble des vampires de la région dès lors qu’elle a posé le pied sur le quai. C’était pure folie que de venir ici ! Quant à la deuxième question, la réponse devra attendre.
- Rank…notre amie se meurt, il lui faut un lieu sûr pour se reposer ! » intervint Korigwene.
 
Elle fixa le jeune homme avec intensité, lui renvoyant son regard pénétrant.  
 
C’est curieux mais je jurerais l’avoir déjà rencontré !
 
« Soit ! Vous devrez vous rendre aux ruines de la citadelle des templiers. Dans les décombres de la chapelle se trouve l’autel de Valarian. Aucune créature de la nuit ne pourra pénétrer dans la zone sanctifiée. En tout cas, aucune de celles qui vous ont poursuivis. »
La pluie continuait de tomber alors que Siegnar et Korigwene dévisageaient leur mystérieux sauveur, se demandant s’ils pouvaient accorder ainsi leur confiance. Siegnar épongea son visage ruisselant d'eau.
« Nous n’avons guère le choix semble-t-il. Comment se rendre au plus vite à la forteresse ?
- Elle est située en dehors de la ville sur un promontoire rocheux. Jamais vous ne l’atteindrez à pied en échappant aux vampires. Il vous faudra prendre des montures.  
- Plutôt mourir au combat que de souiller mon honneur par un vol ! jura Siegnar
- La nécessité fait force de loi lorsque la vie est en jeu, cita le jeune homme. C’est bien l’un des préceptes des paladins n’est ce pas ?
- En effet… »
- Vous pourrez toujours rapporter les montures demain et dédommager leur propriétaire. A moins que votre honneur vaille plus que la vie de ces deux femmes ?
 
Siegnar ne trouva rien à ajouter.
 
Il connaît les Préceptes d’Albior ! nota Korigwene. C’est alors qu’elle comprit qui il était. Ses yeux s’arrondirent comme des soucoupes alors qu’elle le dévisageait. L’épéiste remarqua la stupeur de la jeune femme et sourit.
 
« La réponse devra attendre encore comme je vous l’ai déjà dit. Maintenant le choix est simple. Me suivez-vous jusqu’à la citadelle ou pas ?
 
                                  *
                                * * *
 
La formidable silhouette de la citadelle se profilait sur le fond étoilé alors que trois cavaliers quittaient Yfor. Sortant de la cité par une longue route bordée d’habitations pauvres, ils filaient aussi vite que leur permettaient les chevaux sur la route caillouteuse. Les nuages s’éclaircissaient et bientôt la lune resplendit de nouveau dans le ciel, projetant sa lumière sur la lande.  
 
La route longeait la falaise d’un coté et des champs de l’autre. Au loin, un promontoire rocheux surplombait l’océan et sur celui-ci les ruines d’une forteresse.
 
Siegnar éperonna sa monture pour forcer l’allure. Il maintenait contre lui la prêtresse toujours inconsciente et la bête haletait de devoir transporter deux personnes à cette allure. Derrière lui, Korigwene semblait avoir toutes les peines du monde à diriger son cheval à l’allure du galop. Le jeune homme à la formidable force les guidait en tête.  
 
Ils longèrent des plantations de blé qui ondulaient comme des vagues dorées sous le vent nocturne. Quittant les champs, ils guidèrent leurs montures à flanc de collines pour se diriger vers l’entrée de la citadelle.
 
Les hauts remparts tenaient encore bien que certaines sections fussent écroulées. Les tours de gardes avaient perdu leur toiture mais gardaient leur stature. Ils passèrent sous une barbacane et pénétrèrent dans la cour, les sabots des chevaux résonnant sur la pierre des pavés. Des herbes hautes perçaient le dallage ici et là. Près d’un vieux puit, une mousse verte recouvrait le sol ainsi qu’un vieux seau rongé par la rouille.  
 
Le jeune homme mit pied à terre et, prenant son cheval par les rennes, se dirigea vers une construction à l’architecture toute religieuse, une église bâtie à coté du corps principal de la forteresse. Les grandes doubles portes gisaient sur le sol, les gonds et l’armature en fer dévorés par le temps et le manque d’entretien. A l’intérieur, le sol était jonché de débris de meubles, d’excréments d’animaux et de fragments de pierre tombé du plafond. Une colonne de soutien s’était abattue en travers et la section du toit qu’elle soutenait à l’origine s’était écroulée, permettant à quelques rayons lunaires d’éclairer l’endroit. Sur les flancs de l’église, de grands vitraux brisés laissaient passer une fraîche brise. Celle-ci venait probablement de la mer car elle apportait des embruns chargés de senteurs marines. D’antiques statues de saints guerriers gisaient elles aussi renversées sur le sol, leurs têtes décapitées et leurs corps brisés en plusieurs fragments. A l’autre bout, un autel de pierre blanche semblait avoir conservé sa force et sa stature. Attirant les rayons de la lune qui passaient par le toit en ruine, il resplendissait dans la nuit d’une aura blanche et argent.  
 
« Ici vous serez en sécurité, fit le jeune homme. Aucune créature malveillante ne peut pénétrer dans l’enceinte de l’autel sans se consumer, victime du feu sacré. »
 
Siegnar et Korigwene entrèrent à sa suite, guidant leur monture. Ils descendirent Ranka du cheval de Siegnar et la portèrent près de l’autel. Il l’allongèrent sur celui-ci. Un rayon de lune éclairait la prêtresse. Endormie sur la pierre sanctifiée, elle semblait sereine et paisible.  
 
« Elle devrait retrouver ses forces rapidement, commenta le paladin. Maintenant qu’elle est sous l’influence de Valarian, sa vie ne devrait plus être menacée. »
 
La tension diminuant, son bras brisé se rappela à Siegnar et il grimaça de douleur. Il s’assit sur les marches qui menait à l’autel et examina sa blessure. Korigwene s’approcha de lui. Déchirant le bas de sa chemise de nuit, elle fit un bandage de fortune pour maintenir le membre brisé. Siegnar, l’air épuisé, se laissa faire et sombra rapidement dans un sommeil. Korigwene le regarda alors qu’il s’adossait à l’autel pour s’endormir. Le chevalier semblait avoir vieilli de dix ans et tenait plus du vieillard que du robuste combattant.  
 
« Lui aussi a utilisé sa Force d’Ame jusqu’à sa limite. »
 
Korigwene se retourna vers le jeune homme.  
 
« Il n’est nul besoin d’être un prodige pour voir que son aura a presque disparue.
- Pourtant je ne l’ai pas vu accomplir quoique ce soit. »
- Regarde-le. Maintenant qu’il est endormi, on peut constater combien son âge est avancé. De toute évidence, il se sert de sa Force d’Ame pour maintenir son corps dans un état de vitalité proche de celui d’une jeune personne.
 
Une capacité caractéristique du Don de Radiance, remarqua mentalement la jeune femme.
 
- Et vous messire ? De toute évidence vous disposez d’une Force d’Ame bien au-delà de ce que possède les simples mortels.
- Vous devriez vous reposer. Je monterais la garde et vous réveillerais si nécessaire. »
 
                             *
                           * * *
 
La chaleur du soleil réchauffait agréablement sa peau. Korigwene se laissa quelques instants avant d’ouvrir les yeux, profitant de ce moment agréable. Se rappelant sa nuit si mouvementé et sa blessure au ventre, elle se releva, portant instinctivement la main à son flanc mais aucune douleur ne vint. Elle était allongée près de l’autel de Valarian sur une vieille tenture bleu azur. Au-dessus d’elle, l’astre solaire éclairait directement le site de l’autel par une brèche dans la structure. Korigwene tourna la tête et vit que la prêtresse était toujours inconsciente. Quelqu’un l’avait recouverte d’une couverture. Adossé à la pierre, Siegnar n’avait pas bougé depuis la veille, ronflant tranquillement.  
 
Korigwene se releva et inspecta les alentours mais ne vit aucune trace de leur sauveur. Cheminant à travers les décombres, elle sortit de l’église. Dans la cour, le jeune homme tirait de l’eau du puit pour s’en renverser le contenu sur lui-même. Korigwene s’arrêta à la porte, admirant le torse nu du jeune homme. L’aspect hédoniste de son caractère se rappela à Korigwene. Elle admettait bien volontiers avoir rarement vu un corps si bien sculpté. Finissant ses ablutions, le jeune homme se tourna vers Korigwene, les mains sur les hanches. Korigwene se rappela alors la conclusion de ses observations de la veille, en particulier l’identité qu’elle lui attribuait. Elle chassa de son esprit ses désirs et revint dans l’église.  
 
Près de l’endroit où elle s’était reposée, elle ramassa le sac qui contenait le Joyau des Eldryns. Elle sortit l’ouvrage du sac alors que le jeune homme revenait près d’elle.
 
« La nuit fût calme, dit-il. Bien que vos assaillants aient rodé le long des murs de la forteresse, aucun ne s’est risqué à affronter la punition de Valarian en pénétrant ici…
- Ceci vous appartient je crois, » coupa Korigwene en lui présentant son livre.
 
Il prit le livre et en feuilleta les pages. Un sourire se dessina sur son visage tandis qu’il lisait la dédicace.  
 
« Vous êtes une personne très perspicace mademoiselle.
- Et vous un homme des plus intéressant, messire Thibault. Tout le monde vous croit mort depuis trois siècles et je vous trouve en parfaite santé, doté d’une jeunesse et d’une vitalité que vous envieraient beaucoup.
- Cela est l’avantage d’être le compagnon de celle qui fut l’une des meilleures alchimistes de tout les temps.  
- Dame Lysandre est donc également de ce monde ?
- Plus ou moins. »
 
Le visage de Thibault s’assombrit.
 
« Elle se meurt lentement depuis la chute d’Yfor. Ses breuvages la maintiennent en vie mais elle est endormie la plupart du temps. Lorsqu’elle est consciente, c’est à peine si elle peut marcher. »
 
Thibault tendit le Joyau des Eldryns vers Korigwene.
 
« Reprenez-le. Vous l’avez retrouvé et donc il vous appartient. »
 
 Sans se faire prier, Korigwene récupéra son précieux livre.  
 
« Par simple curiosité, où avez-vous acquis cet exemplaire ?
- Des mains d’Hecktaniel lui-même lorsqu’il visita Yfor. C’était bien avant les funestes évènements qui scellèrent notre destin.
- A ce sujet, je suis curieuse également de savoir ce qu’il s’est réellement passé. »
 
Thibault regarda les deux ecclésiastiques, toujours endormis.
 
« Je suppose que nous allons attendre encore quelques heures avant que vos compagnons ne reprennent conscience. Fort bien ! »
 
Korigwene s’assit sur le sol en tailleur. Elle regretta de n’avoir aucun parchemin ni plume pour prendre note du récit que Thibault semblait près à accoucher.
 
« Commencerons-nous comme dans le Joyau des Eldryns, par la description du véritable événement à partir duquel tout débuta ? Je pense qu’il s’agit de la meilleure option car le récit complet de ma biographie nous occuperait bien au-delà du temps que vous séjournerez à Yfor. De plus,  il est des passages intimes que je ne désire point partager. Je me contenterais donc des faits les plus intéressants… »
 
Korigwene hocha de la tête. Elle était maintenant concentrée toute entière sur les paroles de Thibault.
 
« Tout commença alors que le comte Erwyn d’Yfor organisa un bal en l’honneur de l’arrivée des templiers à Yfor… »
 
                               *
                             * * *
 
La salle de réception brillait d’un luxe incroyable. Les invités eux-mêmes arboraient les costumes les plus somptueux que Thibault eux jamais vu. Des étoffes exotiques aux brocards cousus de fil d’or, des robes de satins aux chemises de soies, la cour d’Erwyn d’Yfor était de toute évidence l’une des plus prospères du Landsraad. Le faste de la salle exprimait également la richesse de son propriétaire, du sol, un parquet en latte de bois de rose soigneusement ciré, jusqu’au plafond, un dôme peint représentant l’exode du prince Karador et de son peuple jusqu’à l’emplacement de la future capitale. Un lustre de cristal brillait d’un éclat magique modéré, projetant sur la salle une lumière tamisée. Les murs étaient décorés de grandes tapisseries aux scènes sylvestres. Un orchestre jouait de lancinantes mélodies tandis que les convives exécutaient une danse traditionnelle. Une armée de serviteurs en livrée blanche et or se tenait au garde-à-vous à cotés de tables surchargées de succulents mets. Des viandes de marcassins, d’ours et d’oie étaient étalés sur de longs plats d’argents.
 
Thibault s’arrêta à l’entrée de la salle. Le templier portait une chemise blanche en coton qui, bien que d’excellente facture, faisait office de chiffon en comparaison des costumes qu’il voyait. Il portait également un pantalon ample en toile noire, qui dissimulait ses bottes de cuir. Autour de son cou, une croix de Valarian en argent reflétait les quelques lumières du lustre.  
 
Son compagnon, un grand et fort homme aux cheveux bruns et courts, était vêtu d’une manière comparable.  
 
« Barthelon, je crois que nous aurions dû porter plus de soin à nous vêtir selon les coutumes du Landsraad. Que va penser le comte lorsqu’il verra deux mendiants à sa porte, clamant être les représentants de l’église.
- La foi nous habillera à ses yeux, » répondit Barthelon de cette voix grave mais musicale qui était sienne.  
- Je pense que nous aurions fait meilleure impression dans une tenue purement ecclésiastique.  
- Songe aux  champs de batailles et aux épreuves que nous avons traversées. Une réception ne saurait dès lors t’effrayer.
- Au combat je tue mes adversaires, ainsi ne peuvent-t-il rapporter quelle chemise je porte,  plaisanta Thibault.
- Sire Thibault, Sire Barthelon,  soyez les bienvenus en mon humble demeure, » fit une voix.
 
Thibault en chercha l’origine dans la foule des convives. Il finit par trouver Erwyn d’Yfor, le souverain du comté. D’un âge avancé, le petit homme gardait une vitalité presque enfantine. Une perruque blanche masquait son crâne mais sa barbiche était tout à fait réelle. Le comte portait un manteau de fourrure noir sur une tunique de coton aux armoiries de la cité, une sirène enroulé sur une tour. Une partie des convives stoppa la danse pour se tourner vers les chevaliers de Valarian. Dissimulant son trouble, Thibault s’avança vers le comte avec un sourire chaleureux, la main tendue pour saluer son hôte.  
 
« L’église de Valarian est heureuse de vous rencontrer officiellement, comte Erwyn, et vous adresse ses plus sincères salutations ainsi que sa bénédiction la plus favorable.
- Et c’est avec plaisir que je l’accepte. Mes amis ! interpella le comte en s’adressant à l’ensemble des convives, je vous présente le général templier Thibault Lockwerk et son commandant en second, Barthelon Dan Garliech. »
 
Les deux chevaliers se courbèrent légèrement pour saluer les invités. Plusieurs se pressèrent afin de se présenter  à eux.
 
« Bienvenue à Yfor messire Thibault, je suis Jubaal Vernach, maître de guilde, fit un grand homme aux cheveux noirs et à la barbe broussailleuse.
- Yfor est honorés de votre venue, sire templier,  ajouta une vieille femme parfumée d’une senteur de lilas.  
- Je suis Sark Van Morneich, capitaine de la garde, fit un colosse visiblement mal à l’aise dans ses atours. Nous nous sommes déjà rencontrés.
- En effet capitaine, répondit Thibault en lui serrant la main, vous accompagniez le comte lorsqu’il est venu inspecter le campement de mes hommes. Il vous a alors présenté à moi. »
 
Thibault salua tout à tour chacun des invités, assisté par Barthelon. Lorsque les présentations furent terminées, les deux templiers se dirigèrent vers les tables et les victuailles avec une lenteur toute diplomatique.  
 
« Et bien mon cher Barthelon, je crois que cette appétissante viande n’attend que vous.
- Je ne peux que confirmer votre opinion mon cher ami,  fit Barthelon alors qu’un serviteur lui remplissait une assiette copieuse. Néanmoins je reconnais qu’il y a des mets bien plus onctueux que ces morceaux mais qu’hélas, la diplomatie nous empêche de goûter derechef."  
 
Barthelon hocha discrètement le menton en direction de l’escalier par lequel les invités accédaient à la salle de bal. Thibault se retourna pour voir arriver une magnifique femme aux cheveux noirs tombant en boucle sur de frêles épaules. Portant une fine robe de satin près du corps, la jeune beauté attira nombre de regard alors qu’elle quitta la dernière marche pour pénétrer dans la pièce. Thibault détailla son fin visage, son petit nez retroussé, ses lèvres rouge sombre. Son regard descendit le long de son corps, jusqu’à ses minces hanches et à ses longues jambes. Se sentant observée, la mystérieuse inconnue interrogea du regard la foule et ses yeux noirs se posèrent sur Thibault, lequel soutint son attention.  
 
Barthelon posa sa main sur le bras de Thibault et lui secoua doucement le bras.
 
« Ne te laisse pas hypnotiser. N’oublie pas qui nous représentons. »
 
Thibault sourit à la jeune femme tout en la saluant respectueusement d’un hochement de tête. Il se joignit alors à une proche discussion dans laquelle Jubaal évoquait les anecdotes de son voyage à Sables-Rouges, la plus grande colonie du nouveau monde.
 
 
 
« J ‘ai su immédiatement lorsque j’ai posé les yeux sur elle, fit Thibault.
- Qu’elle était une vampire ?
- Qu’elle serait la seule femme que j’aimerais jamais. Je ne sais comment le dire. A cet instant, les mots volupté et sensualité prirent alors un sens pour moi alors que je ne les avais jamais employés qu’en compliments polis. Quand bien même je me concentrais sur les convives afin de remplir ma tâche de diplomate, mes yeux revenaient toujours sur elle, la suivant lorsqu’elle se faufilait dans la foule avec cette grâce qui n’appartient qu’à elle. »
 
Korigwene laissa à Thibault le temps d’un silence pour sortir de cet instant magique ou il avait rencontré sa bien-aimée.
 
«  Que s’est-t-il passé ensuite ? demanda-t-elle enfin.
- Je l’ai invitée à danser. »
 
 
 
 
Thibault vida d’un trait la coupe d’hypocras puis reposa la coupe sur la table. Déterminé, il s’avança à travers la foule vers cette mystérieuse femme qui l’attirait tant. Assise dans un fauteuil, elle devisait avec plusieurs personnes. Thibault avança lentement jusqu’à elle et s’inclina respectueusement.  
 
« Demoiselles, Sires, permettez-moi d’interrompre votre discussion un instant mais j’aimerais savoir si cette charmante dame accepterait d’être ma cavalière pour une danse. »
Il se tourna vers la dame en question et se courba. Lui prenant la main, il y déposa un chaste baiser.
« Belle demoiselle, vous feriez de Thibault Lockwerk le plus heureux des hommes si vous accédiez à ma requête.
- Et s’il ne me sied pas de danser ?
- Dans ce cas, plaisanta Thibault, je mettrais fin à mes jours immédiatement car je ne saurais vivre plus longtemps si je ne puis profiter de votre compagnie.
- Cela par contre, serait divertissant à mes yeux. Faites donc mais veuillez à ne point tâcher mes vêtements, répondit la demoiselle avec un sourire narquois.  
- Allons dame Lysandre, intervint le comte Erwyn. Vous ne sauriez refuser une danse à mon hôte. Cela ne vous engage en rien d’échanger quelques pas avec un exemple de parfait gentilhomme comme sire Thibault. »
 
Le comte, ayant visiblement à l’œil ses invités de marques, quitta son cercle de conversation pour se diriger vers Thibault et Lysandre.
 
«  Vous m’obligeriez en acceptant l’invitation du chevalier, gente dame. »
 
Le commandement masqué dans le ton diplomatique n’échappa pas à Thibault.
 
« Si dame Lysandre se sent fatiguée, je ne serais qu’un rustre de l’obliger à danser. Veuillez excuser cette interruption gente dame, je ne vous importunerais plus.
- Vous avez peut-être raison, mon bon comte, fit Lysandre en se levant de son siège. Quelques pas de danse chasseront l’alcool qui me fait tourner ainsi la tête et je suis sûr que messire Thibault saura guider mes gestes avec la délicatesse que l’on attend d’un chevalier de Valarian.
- Je m’y emploierais avec toute la ferveur dont je dispose. »
 
Passant son bras sous celui de Lysandre, le templier la guida jusqu’au centre de la salle, au milieu des couples de danseurs. D’un signe de main, le comte Erwyn ordonna au maître barde de jouer l’Ode à Aldarant. Thibault pris alors la main de Lysandre et l’entraîna dans une valse somptueuse et la jeune femme le suivit, répondant à la qualité de danse du chevalier avec une grâce que jalousèrent beaucoup des spectatrices.
 
Les valses se succédèrent et Thibault se perdait dans les yeux de Lysandre, se laissant enivré par un parfum floral qui se dégageait de sa cavalière. Celle-ci finit par arborer un sourire, trouvant plaisante la compagnie du chevalier. Un lointain tocsin rappela Lysandre à la réalité. Elle s’arrêta subitement de danser.
 
« Messire Thibault, ce fut là danses fort bien menées. Je suis agréablement surprise de trouver si bonne compagnie un templier de Valarian mais je me dois de quitter à présent les festivités. »
 
Thibault s’inclina respectueusement.
 
« Vous m’avez comblé au-delà de mes espérances en acceptant toutes ces danses. Oserais-je vous demander si vos disponibilités vous permettraient de vous joindre à moi demain soir pour un dîner ?
- Je crains messire, que mes obligations ne me permettent de vous rencontrer ainsi. Peut-être nous reverrons nous à l’occasion. Bien le bonsoir. »
 
Thibault la regarda s’éloigner. Elle ramassa un châle noir satiné qu’elle enroula autour de ses épaules et s’en fut par l’escalier qui menait à l’entrée du manoir du comte.  
 
Barthelon posa la main sur l’épaule de Thibault, le faisant revenir à lui. Le templier réalisa que Lysandre était partit depuis quelques instants et il ne sut dire combien temps il était resté hypnotisé par le souvenir des danses.
 
« Cette demoiselle Lysandre est une alchimiste, fit Barthelon.
 
Thibault se retourna vers son ami, éberlué.
 
« Une confidence du comte à ton attention. La gente dame possède plusieurs échoppes dans la région et est fortunée grâce à ses parfums uniques, ses onguents guérisseurs et ses vins épicés. Tu aurais pu tomber sur pire.  
- Mais de quoi parles-tu ? Nous n’avons fait que danser.
- Je n’appelle pas cela que danser. Je crois que l’intérêt que tu porte à la demoiselle n’a échappé à personne.
- Une alchimiste dis-tu. »
 
Thibault repartit dans ses songes, le parfum délicat de sa cavalière lui revenant à l’esprit.  
 
 
 
« C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés, conclut Thibault. Par la suite, la direction de la construction de la forteresse m’occupa tant que je ne pus me lancer à sa recherche mais je vous prie de croire qu’elle était l’objet de mes pensées.  
- Pouvez-vous me parler de la forteresse ? demanda Korigwene. J’avoue ignorer les circonstances qui ont poussé le comte à briser la loi du Landsraad en accueillant la religion de Valarian.
- J’avoue être aussi curieuse, » fit la faible voix de Ranka.  
 
La prêtresse tenta de se relever mais en vain. Elle ouvrit les yeux pour les fermer aussitôt, blessée par la lumière du soleil.
 
« Ainsi vous avez écouté mon récit ?
- En partie, messire Thibault. »
 
Ranka toussa et tenta de nouveau de se relever. Korigwene l’aida, puis lui proposa de l’eau fraîche tirée du puit dans une vieille tasse qu’elle avait trouvée dans les décombres. Ranka en but doucement le contenu.
 
« Il nous a sauvés hier, dame Ranka. Il n’est pas le monstre de la légende.
- Je sais, répondit la prêtresse, sinon comment pourrait-il se tenir ainsi devant l’autel de Valarian sans brûler. Il semblerait que la vérité ne soit l’apanage ni de l’ église, ni du covenant de Karador en fin de compte. »
 
Korigwene fut soulagée que la prêtresse jugea Thibault sans danger immédiat. Emut par l’histoire du templier, elle brûlait d’en connaître les aboutissants.  
 
- Ainsi donc vous n’êtes pas responsable de toutes ces morts qu’on attribue à ce monstre sanguinaire dans lequel les habitants d’Yfor vous reconnurent ?
- La créature dont vous parlez n’est autre que le Gibbeux.
- Cette chose qui nous attaqua à l’auberge ?
- Celui-là même.  
- Des colporteurs nous ont parlé de lui. Il me semblait qu’il était une menace plutôt récente et non pas une résurgence du passé.  
- Pendant des siècles il est resté enseveli sous les ruines d’Yfor que vous avez traversez pour venir à quai. Mais il a été délivré.
- Par qui ? »
 
Thibault resta muet. Korigwene lut dans son regard une culpabilité non dissimulée. Ranka s’adressa alors à lui.  
 
« Si vous repreniez votre récit à cet instant du bal ? Je gage que cette histoire n’a rien de simple et, en tant que représentante de Valarian, la vérité sur ces faits qui ont brisé les relations entre l’église et le Landsraad, est de la plus haute importante. »
 
Thibault acquiesça.
 
« Très bien, je vous disais donc que mon ami Barthelon me glissa à l’oreille quelques confidences tirées du comte Erwyn sur l’identité de Lysandre… »
 
-----------------------------------------------------------------------
 
Et voilà. L'histoire s'épaissit et le chapitre où tout les personnages se retrouvent me parait de plus en plus loin, mais maintenant je pense que l'intrigue secondaire de Thibault & Lysandre est intéressante, et pourrais même constituer un récit à part entière. Me voilà déjà avec un nouveau projet sur les bras :) Je vais essayer de conclure l'épisode d'Yfor en 1 ou 2 chapitre pour pouvoir reprendre le cours de l'histoire, sinon mes héros ne se rencontreront jamais :)
 
 

n°3345714
Morpion co​smique
acarien à cirer
Posté le 29-07-2004 à 17:39:38  profilanswer
 

Citation :

Je vais essayer de conclure l'épisode d'Yfor en 1 ou 2 chapitre pour pouvoir reprendre le cours de l'histoire, sinon mes héros ne se rencontreront jamais :)


 
effectivement ne t'éparpilles pas ;) .
 

Citation :

du récit que Thibault semblait près à accoucher


 
 :??: J'avais encore jamais rencontré cette tournure.
 
Sinon, chapitre assez agréable où tu exploites bien le background. Si je peux me permettre je trouve que tu dévoiles l'identité du sauveur un peu abruptement. Peut-être même est-ce la rencontre de Korigwene avec Thibault qui me semble un peu forcée. Elle achète le bouquin racontant la légende, le soir elle est attaquée par des vampires et c'est le héros légendaire himself qui vient à sa rescousse et qui en profite pour tailler une bavette  :) .  
 
Au fait Thibault joue-t-il un rôle de premier plan dans la "quête" principale?
 
Allez, j'reste en ligne pour la suite.

n°3345851
deidril
French Geek Society Member
Posté le 29-07-2004 à 17:52:45  profilanswer
 

Morpion cosmique a écrit :


 

Citation :

du récit que Thibault semblait près à accoucher


 
 :??: J'avais encore jamais rencontré cette tournure.


 
T'a jamais dit 'accouche' à quelqu'un qui te parle d'un sujet et dont tu veut connaitre de suite le fin mot ? il me semble que c'est une expression du langage courant.
 

Morpion cosmique a écrit :


Sinon, chapitre assez agréable où tu exploites bien le background. Si je peux me permettre je trouve que tu dévoiles l'identité du sauveur un peu abruptement. Peut-être même est-ce la rencontre de Korigwene avec Thibault qui me semble un peu forcée. Elle achète le bouquin racontant la légende, le soir elle est attaquée par des vampires et c'est le héros légendaire himself qui vient à sa rescousse et qui en profite pour tailler une bavette  :) .  
 
Au fait Thibault joue-t-il un rôle de premier plan dans la "quête" principale?


 
Le livre n'a en fait qu'une vocation de background pour introduire Hecktaniel comme personnage légendaire. Il constitue surtout un moyen 'sympa' pour korigwene de faire comprendre à thibault qu'elle connait son identité en lui tendant son livre. Je trouvais l'idée intéressante :) ( je la trouve toujours intéressante )
 
pour l'arrivée de Thibault, je note pour moi même de corriger le passage afin que son intervention semble moins forcée. Visiblement le dernier paragraphe du chapitre 6 n'a pas fait mouche puisque je voulais signifier que quelqu'un d'autre que les vampires surveillait ranka & cie. Le pourquoi va venir :)
 
Quant à ta dernière question, la réponse est non :)
 
 
 
 
 
 
 

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