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Auteur Sujet :

Natascha Kampusch: un jour, ce sera un film

n°9452414
corsicaper​sempre
Posté le 09-09-2006 à 10:14:22  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

safe a écrit :

Elle pue du fion de façon phénoménale cette affaire. Ca sent le gros fake médiatique avec manipulation des masses et victimisation à outrance. Son discours n'est pas clair et on nous offre une vérité toute faîte .......
 
@+


 
Oh Grand Mamamouchi, vous êtes grand, votre sagesse ancestrâle nous sauve de la médiocrité, vous êtes omniscient. Côtoyer les mêmes colonnes que les vôtres réjouit mon coeur et tous mes problêmes s'avnouissent à chacune de vos interventions. Soyez béni :jap:

mood
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Posté le 09-09-2006 à 10:14:22  profilanswer
 

n°9453896
boober
Compromis, chose due
Posté le 09-09-2006 à 15:05:20  profilanswer
 

safe a écrit :

Elle pue du fion de façon phénoménale cette affaire. Ca sent le gros fake médiatique avec manipulation des masses et victimisation à outrance. Son discours n'est pas clair et on nous offre une vérité toute faîte .......
 
@+


 
 [:ddr555]  
 
ce troll immonde  :sweat:

Message cité 1 fois
Message édité par boober le 09-09-2006 à 15:05:58
n°9475052
abakuk
Posté le 12-09-2006 à 11:53:35  profilanswer
 

Une excellente analyse de Laurent Greilsamer dans Le Monde :
 

Citation :

De Natascha Kampusch, on peut dire qu'elle possède un style. Pour s'en convaincre, il suffit de lire ou de relire sa première déclaration urbi et orbi : "Je suis tout à fait consciente de la forte impression qu'ont dû avoir les événements de ces derniers jours sur vous tous, a-t-elle écrit. J'imagine tout à fait à quel point est choquante et effrayante l'idée qu'une telle chose soit possible. Je suis également consciente que vous nourrissez une certaine curiosité et que vous voulez avoir plus de détails." Le tout adressé aux "chers journalistes" et à la "chère opinion mondiale". A ce degré, ce n'est plus du style, c'est du génie.
 
 
De Natascha Kampusch, on sait tout et on ne sait rien. Mais on comprend instinctivement qu'il s'agit d'une personnalité rare qui est parvenue à se développer à l'ombre du grand pervers qui l'a retenue captive durant huit ans. Peut-être "monsieur Priklopil" - ainsi désigne-t-elle de temps à autre son ravisseur - lui imposa-t-il de faire des dictées ou lui donna-t-il des cours de maths et d'histoire-géographie ? Mystère. Mais force est de constater que, sans avoir fréquenté le collège et le lycée, elle maîtrise à la perfection sa langue et donne tous les signes d'une maturité intellectuelle remarquable.  
 
Natascha Kampusch n'est pas une enfant-loup : c'est une surdouée. C'est l'une des nombreuses surprises de cette séquestration hors normes : on peut vivre recluse entre l'âge de 10 ans et celui de 18 ans avec pour seule fenêtre sur le monde une télévision et s'avérer apte, in fine, à dominer les épreuves les plus effroyables et à verbaliser des situations que beaucoup d'adultes peineraient à raconter.
 
De cette éducation particulière, elle a au moins retenu deux ou trois choses fortes. D'abord, qu'elle n'était pas la seule à souffrir. Les reportages diffusés à la télévision lui ont appris à relativiser son sort et, sitôt après avoir reconquis sa liberté, elle a fait part de son désir d'aider les femmes "enlevées, torturées et violées" au Mexique et les Africains affamés, sachant "d'expérience ce que c'est que la faim". Dans le silence de sa claustration, elle ne s'est pas repliée sur elle-même, elle a grandi et pensé aux autres. Un pli qui lui est propre, conservé depuis et qui la pousse instinctivement à une grande noblesse : apprenant le suicide de son geôlier, elle s'est immédiatement représenté la peine qui pouvait être celle de la mère de Wolfgang Priklopil. "Nous pensons toutes les deux à lui", a-t-elle écrit.
 
Cette vie à part lui a aussi enseigné un sens aigu de la pudeur qui n'a plus cours. Elle n'a pas compris que sa cellule, sans aucune ouverture sur l'air libre, ait été photographiée, filmée et exposée au monde entier. "C'était ma pièce et elle n'était pas destinée à être montrée publiquement, s'est-elle offusquée. Moi, je ne vais pas regarder dans la chambre à coucher des gens." Elle refuse aussi toute question sur sa relation avec son ravisseur, mais la définit en trois phrases brillantes : "Il n'était pas mon maître. Symboliquement, il m'a portée à bout de bras tout en me foulant aux pieds. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il était tombé sur la mauvaise personne." Ce qu'elle redoute le plus aujourd'hui ? "L'éternelle calomnie." Elle a hésité à paraître à visage découvert à la télévision. Elle a finalement opté pour un foulard sur sa coiffure. Un voile modeste.
 
Enfin, ses années d'apprentissage lui ont appris à parler, à s'exprimer ou plus exactement à ne pas parler pour ne rien dire. Chez Natascha Kampusch, les mots ont un sens, le récit est concentré. Son lexique est aussi étendu que celui des personnalités qu'elle pouvait lire dans la presse et écouter à la radio. La télévision lui a enseigné la manière de se tenir et les règles du dialogue. Au point qu'il n'est pas utopique qu'elle puisse réaliser deux des rêves professionnels qu'elle envisage. Journaliste, pourquoi pas ? Ou comédienne, son premier désir.
 
Laurent Greilsamer


http://www.lemonde.fr/web/article/ [...] 677,0.html


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Islamophobie | Rapport Obin | Test de pureté
n°9475140
pascal75
Posté le 12-09-2006 à 12:07:44  profilanswer
 

abakuk a écrit :

Une excellente analyse de Laurent Greilsamer dans Le Monde :
 
http://www.lemonde.fr/web/article/ [...] 677,0.html


 
Qu'est-ce qu'il veut dire, Laurent Greilsamer, sur ce ton ironique si déplaisant ? que la télévision l'a rendue cynique et corrompue ? ou que ce n'est pas N. K. qui a écrit ses déclarations ? oui sur ce point, certainement, ce n'est pas elle. Et alors ? c'est quand même pas de sa faute à la jeune fille si tous les vautours du monde, journalistes, avocats, éditeurs, l'attendaient à la sortie.


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°9475187
Mine anti-​personnel
Posté le 12-09-2006 à 12:15:08  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Qu'est-ce qu'il veut dire, Laurent Greilsamer, sur ce ton ironique si déplaisant ? que la télévision l'a rendue cynique et corrompue ? ou que ce n'est pas N. K. qui a écrit ses déclarations ? oui sur ce point, certainement, ce n'est pas elle. Et alors ? c'est quand même pas de sa faute à la jeune fille si tous les vautours du monde, journalistes, avocats, éditeurs, l'attendaient à la sortie.


Je ne vois pas où est le ton ironique déplaisant. Greilsamer est plutôt admiratif.


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Jouez à un jeu intelligent
n°9475221
abakuk
Posté le 12-09-2006 à 12:21:01  profilanswer
 

Je n'ai perçu aucune d'ironie dans le papier de Laurent Greilsamer, plutôt de l'admiration... :/
(tiens, grillé. Au moins je ne suis pas le seul à ne pas avoir perçu d'ironie)
 
Elle n'a eu de contacts réels qu'avec un malade mental pendant 8 ans, et la télévision a été son seul autre moyen d'avoir des "contacts" avec le reste de l'humanité. Ceci explique peut-être qu'elle ait choisi la télévision pour sa première déclaration. (l'authenticité de son premier communiqué de presse n'est effectivement pas évidente)


Message édité par abakuk le 12-09-2006 à 12:22:39

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Islamophobie | Rapport Obin | Test de pureté
n°9475225
pascal75
Posté le 12-09-2006 à 12:21:15  profilanswer
 

Mine anti-personnel a écrit :

Je ne vois pas où est le ton ironique déplaisant. Greilsamer est plutôt admiratif.


:gratgrat: oui, à relire le texte, t'as peut-être bien raison. A force de lire des propos suspicieux et ironiques sur la jeune fille, et qui la culpabilisent, j'ai vu de l'ironie là où il n'y a sans doute pas [:spamafote]


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°9476807
Space
Profil: Maux des rateurs
Posté le 12-09-2006 à 15:11:44  profilanswer
 

il y avait soit disant un reportage exclusif sur sept à huit ce week end
qu est ce qui s'est dit de spécial ? [:itm]
je me méfie du terme "exclusif" made in TF1 :ange:

Message cité 2 fois
Message édité par Space le 12-09-2006 à 15:12:45

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Ma cinémathèque
n°9477220
Amaniak
Schnitzel, Prima!
Posté le 12-09-2006 à 16:00:20  profilanswer
 

Space a écrit :

il y avait soit disant un reportage exclusif sur sept à huit ce week end
qu est ce qui s'est dit de spécial ? [:itm]
je me méfie du terme "exclusif" made in TF1 :ange:


 
Exclusif pour tf1 ca veut dire retransmettre l'interview de NK 4 jours après toutes les autres chaines européennes...  
 
le scoop!  :D


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drugs designer
n°9477657
fabien
Vive la super 5 !
Posté le 12-09-2006 à 16:48:46  profilanswer
 

Space a écrit :

il y avait soit disant un reportage exclusif sur sept à huit ce week end
qu est ce qui s'est dit de spécial ? [:itm]
je me méfie du terme "exclusif" made in TF1 :ange:


ca veut dire que c'est la seul chaine francaise a avoir les droits de diffusion de l'interview integral :o
 
c'est juste 2/3 min de plus que l'interview qu'on a vu au jt.
 


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Découvre le HFRcoin ✈ - smilies
mood
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Posté le 12-09-2006 à 16:48:46  profilanswer
 

n°9478392
Space
Profil: Maux des rateurs
Posté le 12-09-2006 à 18:22:02  profilanswer
 

fabien a écrit :

ca veut dire que c'est la seul chaine francaise a avoir les droits de diffusion de l'interview integral :o
 
c'est juste 2/3 min de plus que l'interview qu'on a vu au jt.

c'est bien ce que je disais :ange:


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Ma cinémathèque
n°9478726
fabien
Vive la super 5 !
Posté le 12-09-2006 à 19:03:41  profilanswer
 

Space a écrit :

c'est bien ce que je disais :ange:


enfin bon, ca represente quand meme le tiers de l'interview :D (il doit durer 10/15 min en integralité).


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Découvre le HFRcoin ✈ - smilies
n°9500695
Mine anti-​personnel
Posté le 15-09-2006 à 00:28:16  profilanswer
 

L’affaire Kampusch est en effet exceptionnelle. Elle remue les consciences parce qu’elle touche à des motifs qui sont puissamment inscrits dans l’inconscient collectif. Natascha Kampusch est à la fois le petit chaperon rouge, la belle au bois-dormant et la belle et la bête, avec happy end inespéré et mort du méchant à la fin.
Elle suscite d’autre part des réactions contradictoires, visibles même dans ce topic. Certains sont incrédules et suspectent un montage médiatique, d’autres veulent prendre sa défense tout en reconnaissant que le ravisseur n’était sans doute pas le monstre qui faisait fantasmer tout le monde à l’annonce de sa libération. Cela vient du fait que les gens ont en tête un choix binaire simple victime/pas-victime, et fantasment sur un Marc Dutroux version autrichienne, gros porc se jettant sur la petite fifille la bave aux lèvres, avec l’alternative suivante :
- Victime : on veut voir le sang et le sexe, et le salaud qui a fait ça.
- Pas-victime : Eh quoi ? pas de sang, pas de sexe ? Remboursé ! Et d’entonner la chanson bien connue : on nous cache tout, tout ça c’est des conneries de journalistes.
 
La réalité est un tout petit peu plus complexe. Victime, elle l’était sans conteste possible, ce type était un détraqué et elle a dû souffrir, mais pas comme les gens l’imaginent.  
Une lecture attentive des trois interviews (deux donnés pour des journaux, un pour la télévision, le plus long et plus intéressant) et de la lettre permet de reconstruire ce qui s’est passé et de tenter une interprétation. Encore faut-il se donner la peine de lire les textes dans leur intégralité et si possible dans la version originale pour ne pas projeter sur cette histoire des fantasmes préconçus. A titre d’exemple, dans le papier cité plus haut, Greilsamer cite NK :
Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il était tombé sur la mauvaise personne.
 
Alors qu’elle dit exactement l’inverse :
 
Er hat sich aber - und das hat er und ich gewusst - mit der Falschen angelegt.
 
Ce qui veut dire, si je lis bien :
 
Mais, et ça il le savait aussi bien que moi, il avait choisi la mauvaise.
 
 
A la lumière de tous les documents rassemblés, je tente donc une interprétation. Il est clair que cela reste bien sûr une interprétation.
Ce qui en ressort à la première lecture, c’est une forte personnalité et une volonté inflexible. La toute première déclaration que l’on possède d’elle (lettre lue à la presse le 28 août) commence ainsi

Citation :

Chers journalistes, reporters, chère opinion publique mondiale ! (lettre)


Coinçée dans un trou à rat pendant huit ans et à peine libérée, elle s’adresse déjà au monde entier. Ce qui montre bien le formidable grand écart qu’elle a dû accomplir en sortant de son trou. En même temps, c’est sa première erreur. L’opinion publique n’est pas une personne ; c’est la coagulation polymorphe et insaisissable des fantasmes et désirs plus ou moins conscients de millions de gens. On n’argumente pas avec une telle chose, on l’ignore ou on s’en protège. Ce que sans doute elle ne va pas tarder à apprendre avec l’expérience.
Trois phrases plus loin apparaissent les premières menaces :

Citation :

Je voudrais cependant vous certifier à l’avance que je ne veux répondre ni ne répondrai à aucune question sur des détails intimes ou personnels. Je poursuivrai en justice tout franchissement des limites vis-à-vis de ma personne, envers quiconque, quel qu’il soit, qui aura franchi les limites du voyeurisme. Quiconque s’y essaiera doit s’attendre aux conséquences.


Ce qui frappe d’abord, c’est son souci constant de maîtriser l’image que l’on perçoit d’elle à l’extérieur et de protéger ce qui a constitué sa vie pendant huit ans.

Citation :

L’espace de vie : Ma pièce était suffisamment équipée. C’était ma pièce. Et elle n’avait pas vocation à être montrée au public. (lettre)


Citation :

Est-ce que vous lisez tout ce qui paraît dans les journaux sur vous ou sur le cas Natascha Kampusch ?
NK :
En principe, je n’ai pas envie pour le moment de m’infliger de telles calomnies, diffamations et humiliations. Il y en a trop de toute façon. Je ne pourrais pas lire sérieusement tous les journaux. J’ai trop à faire : examens médicaux, entretiens, des tas de choses.
 
Quelles sont les choses qui vous choquent le plus ?
NK :
Par exemple… hum… des choses qui tout simplement ne correspondent pas à la vérité. Abus ou… Surtout ce qui me choque ce sont ces photos de mon réduit parce que… ça ne regarde personne. Je n’aimerais pas non plus regarder dans les habitations et les chambres à coucher des gens. Pourquoi les gens devraient-ils regarder dans ma chambre quand ils ouvrent leur journal ? (interview ORF)


Les gens qui ont vécu une expérience carcérale injuste, du genre camp de concentration, sont en général fiers de montrer le lieu de leur détention après leur libération, comme preuve de leur calvaire. Elle s’identifie totalement à ce lieu comme espace vital où elle a vécu, muri et préparé sa fuite, et ressent l’irruption des médias dans ce lieu comme une menace directe de sa sphère privée.
Inversement, le monde extérieur est perçu comme imprévisible et rempli de menaces dont il faut se protéger. Menaces qui se concrétisent psycho-somatiquement sous la forme d’un rhume qu’elle contracte peu de temps après sa libération, et qui l’obligeait pendant presque toute l’interview télévisée à fermer les yeux, comme si la lumière nouvelle à laquelle elle était exposée était trop forte et qu’il fallait s’en protéger.

Citation :

Mademoiselle Kampusch, comment vous sentez-vous dans votre nouvelle liberté ?
NK:
Mis à part le fait que j’ai attrapé aussitôt un refroidissement, je vis de façon assez normale. (interview News)


Quelques phrases plus loin :

Citation :

Vous avez maintenant votre liberté devant vous. Mais votre avenir ne se réduit sans doute pas à la liberté. Il y a les visions, les plans, les souhaits. Quels sont vos plans ?
NK :
Oui, quels sont mes plans en fait ? Probablement toute sorte de choses. Quelqu’un avec mon passé prévoit en tout cas d’abord le plus urgent : J’aimerais me faire vacciner contre toutes les maladies possibles, et d’abord contre la grippe. Comme vous le voyez, le rhume m’a prise de plein fouet, ce qui ne se serait pas passé si j’avais été vaccinée. Donc, c’est là juste un exemple de mon avenir.
 
Maintenant que je suis témoin de votre fort rhume, la question s’impose : Vous n’étiez jamais malade au cours de ces dernières huit années ?
NK :
Si, mais pendant cette période, je n’avais pas d’interview à donner (rit). Ce n’était pas du tout grave. Pendant une grande partie de ma vie, je n’étais pas en contact avec des gens qui auraient pu me contaminer. (interview News)


Une fille de 18 ans qui a pour projet d’avenir de se faire vacciner contre la gripe ? :heink:  
Elle semble elle-même consciente de cette psycho-somatisation:

Citation :

Ma mère m’est si proche que mon rhume va mieux quand elle vient. (interview Krone)


Concernant la personnalité du ravisseur, sans vouloir jouer les psychanalystes du dimanche, on peut esquisser un profil en fonction des informations qu’on possède : mère dévorante, enfance solitaire, adolescence ratée, peur panique des femmes et misère sexuelle, le tout compensé et sublimé par une fascination pour la technique et un perfectionnisme dans ses réalisations manuelles. A 30 ans passés, et constatant le vide irrémédiable de son existence, il se lance dans cette folle entreprise qu’il a dû planifier et préparer des années avant l’enlèvement.
Mais ce n’était pas un Marc Dutroux. Il ne fait guère de doute qu’elle a su établir envers lui une relation affective positive et gratifiante. Ce n’est tout simplement pas possible autrement, c’est une question de survie. On ne peut pas enfermer une fillette de 10 ans dans une cave pour l’en faire sortir 8 ans plus tard sous les traits d’une jeune fille saine de corps et d’esprit, mature et équilibrée, tel le papillon sortant de sa chrysalide, sans lui prodiguer amour et affection. Cela n’enlève rien à la perversité du ravisseur. Au contraire : faire irruption avec violence dans la vie d’un enfant et agir si habilement qu’il ne pourra pas faire autrement que de vous aimer, c’est la perversité suprême. Pendant huit ans, il a été à la fois son père, son grand frère et son premier petit ami. Que cette relation ait débouché sur une relation amoureuse est assez probable, en tout cas c’était une relation forte et mutuelle. C'était en tout cas le but de la manip de la part de Priklopil: combler une carence affective pathologiquement incurable. Est-ce que cette relation s’est concrétisée par une relation sexuelle ? Das ist das grosse Tabu ! L’insistance de la dénégation incite à le penser. La jeune policière qui a recueilli son témoignage aussitôt après sa fuite, alors que Natascha n’était pas encore entourée par une escouade de psys et de conseillers en communication, a dit qu’il avait abusé d’elle, avant de se faire remonter les bretelles par ses supérieurs. Depuis, c’est silence radio. Les gens qui ont pu l’approcher toute de suite après sa fuite disent qu’elle été tiraillée entre deux sentiments contraires : la joie d’être enfin libre et la nostalgie d’un être cher, désormais perdu.
 
Parler de syndrome de Stockholm n’est pas pertinent. Ce fameux syndrome décrit des gens plongés dans une situation de stress extrème, du genre braquage de banque avec prise d'otages, pendant quelques heures ou quelques jours, et qui, pour des raisons d’économie psychique qui peuvent s’expliquer, éprouvent une sympathie vis-à-vis de leurs ravisseurs face à une menace extérieure réprésentée par les forces de police faisant le siège du lieu où ils sont confinés.
Rien de tout cela ici, où, passé le stress des premiers jours, le monde extérieur a tout simplement disparu.
 
Il est possible que le ravisseur ait été aidé dans sa tâche de père de substitution par le fait que Kampusch venait d’une famille désunie (parents divorcés et en bisbilles continuelles au sujet de leur fille).
 

Citation :

Mademoiselle Kampusch, vous voulez bien nous raconter ce qui s’est passé ce matin-là, le 2 mars 1998 ?
NK :
Oui. Je veux bien. Je me suis levé très tôt. Je ne me doutais pas encore évidemment de ce qui allait se passer. J’étais très triste. Il y avait eu la veille une scène avec ma mère. Parce que mon père m’avait ramenée trop tard à la maison.
 
Ce qui est arrivé plusieurs fois…
NK : Oui. Ma mère était excessivement fâchée contre mon père. Mais d’une certaine façon aussi contre moi. Et j’ai… ça me rendait très triste parce que… ce n’était pas la première dispute à ce sujet, faut dire.
A ce propos : ce qui a été décrit dans les médias au sujet de cette dispute, que ma mère m’aurait donné une claque, est faux. En tout cas pas de la façon dont les médias l’ont décrit. J’étais simplement peinée.
Avant de franchir la porte de l’appartement, je me suis dit… Il faut dire que ma mère a l’habitude de dire : on ne doit jamais se quitter fâchés. Il faut toujours se supporter. Parce qu’il pourrait arriver à elle ou à moi quelque chose, et on se reverrait plus jamais.
 
Ce qui a failli arriver.
NK : Et, oui, je me disais encore sur le seuil de la porte : Jusqu’ici il ne m’est encore rien arrivé. Donc je vais faire exprès de ne pas supporter ma mère, par dépit. Et donc j’ai… J’ai marché jusqu’à l’école jusqu’à cette… Comment s’appelle cette impasse ?! Impasse Mollard ?
 
Friedrich (le psy) : Impasse Melan.
NK : Impasse Melan. C’est ça. Impasse Melan. Donc jusqu’à l’impasse Melan. Et je l’ai vu qui se tenait à quelques mètres de moi à côté de sa voiture. Je me suis dit : je change de trottoir. Je ne sais pas pourquoi. Par je ne sais quel pressentiment, j’ai supposé… Je ne sais pas. C’était pour moi simplement désagréable. Tout ce qu’on a entendu à l’école sur ces enleveurs d’enfants. Je ne sais pas pourquoi.
Et puis j’ai attribué ce pressentiment à mon humeur émotionnellement chargée. Et j’ai simplement… Je me disais : Il ne va pas te mordre, et j’ai continué à marcher. Et il m’a saisie. J’essayais de crier. Mais ce n’est pas… Aucun son n’est sorti. (interview ORF)


 
L’enfant essaie de rationaliser ce qui lui est arrivé et de donner un sens à ce qui n’en a pas. L’enlèvement apparaît comme une punition du refus de se réconcilier avec la mère.
Par la suite, Natascha se construit un programme de formation auto-didactique où le confinement devient paradoxalement un facteur bénéfique de son développement.  
 

Citation :

Je lui ai dit rapidement ce que je voulais lire. (…) Au début, je voulais les classiques des livres d’enfant, donc Karl May, Robinson Crusoë, La Case de l’oncle Tom etc. J’ai lu, lu. C’était si terriblement monotone dans cette pièce blafarde. (interview Krone)


Citation :

J’ai essayé par exemple d’être toujours meilleure que les gens dehors. Ou de rester à leur niveau. Surtout en ce qui concerne la formation scolaire. (interview ORF)


Citation :

Je me levais toujours très tôt. La lumière s’allumait automatiquement à sept heures. Ça donne un certain ordre et une certaine structure. (interview Krone)


Elle écrivait également :
 

Citation :

Avec le temps, ça s’est développé de plus en plus. Justement parce que j’ai tellement lu, je me suis dit que moi aussi, je pourrais écrire des livres, des romans. Il y avait différents cahiers, pas seulement mon journal. Classés selon la forme et les idées. Ce journal et tout ce que j’ai écrit n’appartenait qu’à moi. (interview Krone)


Citation :

J’avais à peu près 12 ans, j’étais donc en captivité depuis deux ans déjà. Là j’ai promis à mon futur moi : un jour je serai grande et forte. J’ai donc arraché à mon futur moi la promesse qu’il m’aide et me libère. Et maintenant je suis assez grande et assez forte et j’ai libéré la petite fille de 12 ans de là-bas. J’étais plus forte que lui. (interview Krone)


Ce pacte avec un moi imaginaire est une stratégie de survie salutaire mais il est aussi à double tranchant. S’adresser à son moi futur et lui donner rendez-vous pour une libération, c’est en même temps se promettre de ne pas s’échapper avant ce lointain rendez-vous. Tout se passe comme si la captivité était vécue par Natascha comme une étape nécessaire de son développement, qu’il serait dangereux d’interrompre avant qu’elle n’arrive à son terme. Il fallait attendre que le temps soit mûr pour sortir de son cocon.
 
Le plus dur dans sa captivité n’était pas de franchir la prison physique mais la prison psychique que, d’une certaine façon, elle avait contribué à construire.
 

Citation :

Une fois, j’avais déjà couru jusqu’à la porte du jardin. C’était comme pour ces gens qui ne peuvent pas quitter leur maison, bien que tout soit ouvert. J’ai été prise de vertiges, je ne pouvais plus rien voir et j’ai fait demi-tour le plus discrètement possible. Pour qu’il ne remarque rien. (interview Krone)


En ce qui concerne les contacts avec l’extérieur et les sorties qu’elles faisaient en sa compagnie, on a beaucoup spéculé sur la véritable nature de cette captivité et on s’est demandé si c’en était vraiment une dans la mesure où un témoin qu’il l’a vu quelques semaines avant sa fuite, a dit qu’elle paraissait heureuse. Dans les interviews, elle tente de s’en expliquer, notamment dans cet extrait passablement embrouillé :

Citation :


Mademoiselle Kampusch, vous avez quitté plusieurs fois la maison avec M. Priklopil.
NK :
Oui.
 
C’était comment, comment s’est-il comporté ?
NK :
Il était très prudent. Il s’écartait à peine de moi. Il était à chaque fois pris de panique quand je m’éloignais de trois centimètres de lui. Il voulait toujours que je marche devant lui et non derrière. Pour pouvoir me tenir à l’œil.
Et je ne pouvais me confier à personne. Parce qu’il me menaçait qu’il… qu’il ferait du mal aux gens si je disais quelque chose. Qu’il les tuerait. Toute personne au courant pour ainsi dire. Et je ne pouvais pas prendre ce risque.
 
Comment c’était pour vous, maintenant que vous y réfléchissez : En fait, vous avez rencontré beaucoup de monde. Quelques uns. Vous les avez regardés dans les yeux.
NK :
Certes. Il y a eu aussi beaucoup de personnes à qui j’ai essayé de faire un signe. Il y avait aussi beaucoup de choses où en fait… Les gens ne pensent pas évidemment à ça à ce moment-là. Et l’idée ne leur vient pas. Par exemple, j’ai lu dans un journal que cet homme… C’est vrai. Parce que je me souviens de cet épisode. Beaucoup de choses ne sont pas vraies naturellement. J’ai lu que…
 
En Haute-Autriche ?
NK :
Mais ce n’était pas en Haute-Autriche.
 
Mais cette histoire : Vous étiez vraiment dans un commerce et vous avez essayé d’entrer en contact avec le vendeur.
NK :
Oui, avec beaucoup de gens. Mais de façon générale… Je pouvais leur… Je veux dire, je n’avais pas assez de temps de leur expliquer. Et si j’avais fait ne serait-ce qu’un signe, il serait intervenir et m’aurait emportée ou… Même si ça avait trop tard pour lui, il aurait tué la personne ou moi. Ou je ne sais quoi d’autre. J’étais toujours obligé de… Oui, c’était affreux. Mais où… Vous m’avez éloigné du sujet. De quoi on parlait au début ?
 
En fait, déjà de ça.
NK :
D’accord mais qu’est-ce que vous avez dit exactement ?
 
Lorsque vous avez quitté la maison, vous avez rencontré des gens.
NK :
Oui, c’est ça.
 
Comment c’était quand vous les avez regardés dans les yeux ?
NK :
Oui, par exemple les vendeurs… Ces vendeurs sympathiques dans le magasin de bricolage par exemple. Qui vous demande : Puis-je vous aider ? Et je suis là, prise de panique et paralysée, avec des battements de cœur et des problèmes de circulation. Je pouvais à peine bouger. Et je ne peux que regarder comment il se débarasse du vendeur sans pouvoir rien faire. J’ai juste la possibilité de sourire au vendeur, parce qu’il est si gentil. Je veux dire qu’il n’est pas au courant. Et… oui.
C’est… Faut savoir que j’ai toujours essayé de sourire un peu, comme je le fais sur les photos, pour que les gens se souviennent de ma photo. Parce que sur les photos, on sourit en général. (interview ORF)


 
Ce dernier passage, où elle raconte qu’elle souriait pour qu’on puisse plus facilement la reconnaître, me paraît le moins crédible de tout l’interview. Quand on est en public avec un flingue pointé dans le dos, on ne sourit pas, on fait une grimace ou des appels du pied. Il s'agit en fait d'une réponse à la déclaration de l’ami de Priklopil qui l’avait vue en compagnie de son ravisseur quelques semaines avant, et qui a déclaré « qu’elle avait l'air heureuse ». D’ailleurs beaucoup de ses propos sont des réactions à des déclarations la concernant lues dans la presse. Il faut lire entre les lignes pour déceler ce qu’elle dirait si elle parlait librement sans ce souci constant de rectification.
D’ailleurs le passage précédent se poursuit ainsi, où le refoulé, comme toujours, fait retour :
 

Citation :

Et au début, je ne supportais pas les gens. Je n’avais pas l’habitude. Et beaucoup de gens sont hostiles et de très mauvaise humeur. Ce qui est naturellement très désagréable. (interview ORF)


Il n’y a pas lieu de parler de mensonge, et encore moins de manipulation, comme certains l’ont fait bien légèrement. Ce qu’elle dit de la peur de la solitude, de l’angoisse de l’enfermement, du sentiment de rage et de désespoir face à une telle injustice est certainement vrai. Mais ce n’est pas les seuls sentiments qu’elle a éprouvés pendant ces 8 années. Elle sélectionne certains affects, en refoule, déforme ou déplace d’autres, en fonction de ce que lui commande son amour propre et une stratégie rationnelle choisie par son intelligence. C’est ce que fait tout être humain.
 
Concernant sa difficulté à passer à l’acte :
 

Citation :

J’avais une crainte folle de ruiner l’image du monde de sa mère et de ses amis proches, ses voisins, ses connaissances. Et de la détruire. Parce qu’après tout… Vous savez que… Il était du genre sympathique, serviable. Toujours aimable, toujours correct.
Je ne voulais pas infliger ça à sa mère, qu’elle connaisse l’autre aspect de son fils. Parce que j’avais appris qu’elle avait une très bonne relation avec lui. Qu’elle l’aimait beaucoup, et que lui l’aimait bien aussi. Beaucoup.
Et je suis aujourd’hui terriblement désolée pour madame Priklopil. Que cette image soit pour ainsi dire détruite. Elle a perdu sa foi dans le monde ce jour-là. Et sa foi en son fils. Et son fils aussi.
Et monsieur Priklopil savait ce jour-là aussi bien que moi… J’étais parfaitement consciente quand je me suis enfuie qu’en même temps je le condamnais à mort, parce qu’il me menaçait toujours de suicide. Il a fait de moi ainsi que du monsieur qui l’a conduit à la gare, et du chauffeur du train, indirectement des meurtriers. (interview ORF)


L’empathie pour la mère est certainement une reconstruction après coup, où fusionnent à la fois la mauvaise conscience vis-à-vis de sa propre mère (elle a quitté la maison familiale en faisant exprès de restée fâchée avec sa mère) et son affection pour Priklopil. Il était beaucoup trop paranoïaque pour laisser transparaître vis-à-vis d’elle autre chose que lui-même, et de lui-même, ce qu’il voulait laisser transparaître.
Elle n’a jamais connu ni vu sa mère et Priklopil n’avait pas d’amis, pas de relations, pas de vie sociale en dehors du strict nécessaire. Sa vie privée, c’était elle.
Elle utilise plusieurs fois dans ses interviews le mot Weltbild (image du monde), mot curieux dans ce contexte et un peu emphatique.
 

Citation :

A mes yeux, sa mort n’aurait pas été nécessaire. Une condamnation n’aurait sûrememt pas été la fin du monde. Il était une partie de ma vie. C’est pourquoi d’une certaine façon, je porte son deuil. (lettre)


Traduisons : S’il avait été pris vivant, il aurait été condamné ; j’aurais pu plaider en sa faveur au procès et on aurait pu se revoir après les années de prison, ou même pendant. Ça n’aurait pas été la fin de notre monde.
Elle répète dans la lettre ce qu’elle lui disait, ce qu’elle devait lui répéter de plus en plus à mesure qu’elle sentait la fin de sa captivité approcher. Ils prenaient leur petit déjeûner ensemble tous les matins et cela faisait l’objet de discussions.
 

Citation :

Je lui avais déjà dit des mois avant : Je ne peux plus vivre comme ça. Je vais sûrement essayé de t’échapper. (interview ORF)


 

Citation :

Avez-vous regretté qu’il se suicide ?
NK :
Bien sûr. Je l’avais aussi préparé à ma fuite pendant des mois. Et promis qu’il pourrait vivre aussi en prison parce que là-bas, ce n’est pas si terrible que ça. Je viens d’apprendre que pour un tel acte, on en prend pour 10 ans de prison maximum. Avant, je pensais qu’on prenait 20 ans. (interview News)


Citation :

De temps à autre, il m’a même suggéré d’une certaine façon comment je pourrais tromper sa vigilence et m’enfuir. A l’intérieur de sa paranoïa, il avait de telles idées. C’était presque comme s'il voulait délibérément qu’un jour… qu’un jour je sois libre. Qu’il échoue ; quelque part, que la justice triomphe. (interview ORF)


Ce que les médias ne voient pas, c’est que Priklopil était autant prisonnier de sa prisonnière que l’inverse. Elle était même dans une meilleure position que lui car un pas de côté de sa part signifiait son arrêt de mort. C’était ce qui rendait sa fuite incroyablement difficile. En devenant adulte, elle devenait de plus en plus consciente de l’absurdité de cette relation, sur le plan personnel et strictement affectif peut-être satisfaisante, mais sur le plan social et intellectuel, sans avenir. Comment en sortir sans en même temps détruire le monde qu'elle et lui avaient construit et qui faisait d’elle ce qu’elle est devenue ? Tel était son dilemme.
Elle semble aujourd’hui placée dans un formidable double bind. D’un côté, elle a à cœur de défendre ce qui a constitué sa vie privée pendant 8 ans contre la meute médiatique et les fantasmes qu’elle véhicule, et donc, d’une certaine façon, elle est amenée à le défendre. Mais de l’autre, elle ne peut pas le faire trop, sous peine de remettre en cause son statut de victime. Elle se réfugie derrière la pudeur et le droit à une vie privée, ce qui d’une certaine façon est absurde car la vie privée de Priklopil était la cause et le fondement de toute l’affaire. Comme elle ne veut en dire ni du bien ni du mal, il devient la figure fantomatique d’un gardien de prison anonyme qui n’était là que pour permettre à Natascha de mettre en place son programme autodidactique de développement et la protéger du monde extérieur.
On observe d’ailleurs un glissement de la lettre qu’elle a d’abord écrite, où elle cherche à le défendre, et les interviews donnés une semaine plus tard, où on sent l’influence du bon docteur Friedrich qui veille au grain rectifier le tir.
 

Citation :

Vous dites maintenant vous-même « le réduit » (das Verlies).
NK :
Oui.
 
Dans la lettre, vous avez écrit « votre pièce » (ihr Raum).
NK :
Heu oui. Pour parler franchement, c'est le docteur Friedrich qui l’a proposé. C’est aussi ma pièce. Malgré tout : réduit sonne mieux. Parce que c’est plus proche de la réalité. C’est sous-terrain. Et la langue allemande n’offre tout simplement pas d’autre possibilité. (interview ORF)


Elle me fait penser à l’héroïne de Vertigo d’Hitchcock, une femme payée pour simuler une neurasthénie devant un enquêteur qui deviendra le témoin involontaire de sa pseudo-mort mise en scène. Elle finit par en tomber amoureuse mais est condamnée à ne rien lui révéler, sous peine de détruire la chimère qu’il aimait.  
Natascha Kampusch est coinçée entre un homme qui n’existe plus et dont elle ne peut porter le deuil officiellement, et un homme qui n’a jamais existé, mais dont elle doit entretenir l’existence chimérique pour répondre à la demande d’un produit dont elle détient désormais la franchise pour le monde entier, et dont elle négocie les droits pour des sommes à 6 chiffres : le-vilain-monsieur-qui-s’est-jeté-sur-la-petite-fifille. D’autant que les projets d’avenir dont elle a fait part (une fondation pour les femmes violées au Mexique et les crêve-la-faim en Afrique) ne semble être qu’une caution morale destinée à solder le refoulement du non-dit.
Elle possède une force de caractère exceptionnelle mais le danger d’un tel type est d’étouffer sous l’armure qu’on s’est constituée et qu’on ne peut plus retirer.  
Dans son réduit de 6 m², 2 mètres sous terre, il faut imaginer Natascha heureuse.
 
Si j’étais scénariste de ce film, le dernier plan serait :
Natascha Kampusch marche sur un trottoir de Vienne. C’est le début de l’automne et l’été indien s’annonce splendide. Travelling latéral, la caméra la suit et reste à sa hauteur. Les cafés et boutiques du vieux Vienne défilent en arrière-fond. Elle marche d’un pas décidé, un sac en bandouillère, genre sacoche d’étudiant, et son regard se perd dans le lointain. Apparaît alors ce titre à l’écran : « Quelques jours plus tard, le monde apprenait avec stupeur que Natascha était enceinte de son ravisseur. Elle a décidé de garder l’enfant. »

Message cité 2 fois
Message édité par Mine anti-personnel le 18-09-2006 à 07:47:19
n°9500723
pascal75
Posté le 15-09-2006 à 00:32:38  profilanswer
 

'tain... Bravo pour l'effort, reste plus qu'à lire ton post, maintenant :D


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°9500783
Mine anti-​personnel
Posté le 15-09-2006 à 00:42:53  profilanswer
 

2 journées de travail.  :o  
 
Tous mes espoirs reposent sur toi. Tu seras peut-être mon seul lecteur. :whistle:

n°9500788
yopyopyop
หมดตูด
Posté le 15-09-2006 à 00:44:38  profilanswer
 

j'ai tout lu [:volta]
 
J'y connais queud en psychologie mais en tout cas c'est interessant, joli boulot [:japnoel]


Message édité par yopyopyop le 15-09-2006 à 00:46:26

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last.fm
n°9500796
pascal75
Posté le 15-09-2006 à 00:45:58  profilanswer
 

Bien vu :)  
Le coup du sourire pour qu'elle soit reconnu au dehors d'après les photos sur lesquelles elle souriait me paraît d'une logique enfantine mais quand même crédible, du moins dans son esprit.


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°9501058
Space
Profil: Maux des rateurs
Posté le 15-09-2006 à 01:52:53  profilanswer
 

Mine anti-personnel a écrit :

L’affaire Kampusch est en effet exceptionnelle.................

mon dieu,c'est à se demander qu'est ce qui est le plus dur,rester enfermer 8 ans ou lire complètement ton post ? [:totoz]


Message édité par Space le 15-09-2006 à 01:53:55

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Ma cinémathèque
n°9501150
fabien
Vive la super 5 !
Posté le 15-09-2006 à 02:13:12  profilanswer
 

Mine anti-personnel a écrit :

2 journées de travail.  :o  
 
Tous mes espoirs reposent sur toi. Tu seras peut-être mon seul lecteur. :whistle:


a 2h du mat, j'ai quand meme reussi a lire pendant 15 min, mais aprés je me suis decidé a scroller un peu pour voir combien il restait a lire et j'ai faillit tomber dans les pommes  [:kzimir]  
 
Ca sera pas pour ce soir en tout cas :D
 


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Découvre le HFRcoin ✈ - smilies
n°9505304
Mine anti-​personnel
Posté le 15-09-2006 à 17:23:12  profilanswer
 

Les médias tentent de garder l'affaire sur le feu.
 
Aux dernières nouvelles, Natascha est partie en vacance de ski avec son ravisseur l'hiver dernier. :ouch:  
 
http://wcm.krone.at/krone/S25/obje [...] index.html


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Jouez à un jeu intelligent
n°9505512
xavini
Posté le 15-09-2006 à 18:03:35  profilanswer
 

Citation :

The investigation into the kidnapping of Natascha Kampusch has been complicated by the discovery of an obsolete computer in the house where she was held, Austrian police said today.
 
Officers have been surprised to find that the kidnapper, Wolfgang Priklopil, a communications technician, appeared to have relied exclusively on a Commodore 64.


 
http://www.guardian.co.uk/austria/ [...] 00,00.html
 
Un sacré nerd ce Wolfgang  :pt1cable:

n°9510534
Space
Profil: Maux des rateurs
Posté le 16-09-2006 à 12:37:58  profilanswer
 

il devait jouer à Escape From Colditz ou Eden Blues sur son Commodore 64 [:ddr555]


Message édité par Space le 16-09-2006 à 12:39:53

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Ma cinémathèque
n°9517684
Profil sup​primé
Posté le 17-09-2006 à 15:25:20  answer
 

ok

n°9517855
philibear
Posté le 17-09-2006 à 15:43:33  profilanswer
 

Mine anti-personnel a écrit :

. Comme elle ne veut en dire ni du bien ni du mal, il devient la figure fantomatique d’un gardien de prison anonyme qui n’était là que pour permettre à Natascha de mettre en place son programme autodidactique de développement et la protéger du monde extérieur.
On observe d’ailleurs un glissement de la lettre qu’elle a d’abord écrite, où elle cherche à le défendre, et les interviews donnés une semaine plus tard, où on sent l’influence du bon docteur Friedrich qui veille au grain rectifier le tir.  
 

Citation :

Vous dites maintenant vous-même « le réduit » (das Verlies).
NK :
Oui.
 
Dans la lettre, vous avez écrit « votre pièce » (ihr Raum).
NK :
Heu oui. Pour parler franchement, c'est le docteur Friedrich qui l’a proposé. C’est aussi ma pièce. Malgré tout : réduit sonne mieux. Parce que c’est plus proche de la réalité. C’est sous-terrain. Et la langue allemande n’offre tout simplement pas d’autre possibilité. (interview ORF)




tu veux dire quoi exactement par cet exemple sur le rôle de Friedrich ? :??:
Que tu soupçonnes que ses choix (en particulier celui là - la pousser à ne plus appeler le lieu "sa chambre" ) sont dirigés plus vers une mise en scène que vers un choix thérapeutique ?

Message cité 1 fois
Message édité par philibear le 17-09-2006 à 15:44:00
n°9519388
Mine anti-​personnel
Posté le 17-09-2006 à 19:44:26  profilanswer
 

philibear a écrit :

tu veux dire quoi exactement par cet exemple sur le rôle de Friedrich ? :??:
Que tu soupçonnes que ses choix (en particulier celui là - la pousser à ne plus appeler le lieu "sa chambre" ) sont dirigés plus vers une mise en scène que vers un choix thérapeutique ?


Non, pas une mise en scène, il l'aide plutôt à ne pas pas brouiller le message de victime qu'on attend d'elle.

n°9519593
philibear
Posté le 17-09-2006 à 20:06:21  profilanswer
 

Mine anti-personnel a écrit :

Non, pas une mise en scène, il l'aide plutôt à ne pas pas brouiller le message de victime qu'on attend d'elle.


bah si. si tu considères que sa volonté d'éliminer le brouillage est destiné au public et pas à l'équilibre de NK, ça s'appelle de la direction d'acteur.
pourquoi ne veux tu pas appeler ça "mise en scene" ?  
allonge toi.  :D

n°9519800
Mine anti-​personnel
Posté le 17-09-2006 à 20:29:03  profilanswer
 

Lui dirait que c'est du conseil ou de l'assistance, mais tu peux appeler ça mise en scène ou manipulation si tu veux.
 
Friedrich n'est pas son analyste proprement dit, du moins pas que je sache. Elle n'a pas commencer d'analyse. Y'a tout un staff médical, mais pour assurer une aide psychologique de première urgence, comme dans les événements du type catastrophe, accident...

n°9520746
philibear
Posté le 17-09-2006 à 22:06:00  profilanswer
 

Mine anti-personnel a écrit :

Lui dirait que c'est du conseil ou de l'assistance, mais tu peux appeler ça mise en scène ou manipulation si tu veux.
 
Friedrich n'est pas son analyste proprement dit, du moins pas que je sache. Elle n'a pas commencer d'analyse. Y'a tout un staff médical, mais pour assurer une aide psychologique de première urgence, comme dans les événements du type catastrophe, accident...


c'est toi.  :sleep:

n°9520803
Mine anti-​personnel
Posté le 17-09-2006 à 22:12:21  profilanswer
 


 :sol:

n°9528896
asmomo
Posté le 19-09-2006 à 00:30:59  profilanswer
 

Avant de faire une analyse, faudrait peut-être voir si elle en a réellement besoin...


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New Technology is the name we give to stuff that doesn't work yet. Douglas Adams
n°9529801
boober
Compromis, chose due
Posté le 19-09-2006 à 09:27:02  profilanswer
 

asmomo a écrit :

Avant de faire une analyse, faudrait peut-être voir si elle en a réellement besoin...


 
la faculté de l'etre humain a oublier la douleur physique, aussi forte fusse-t-elle, n'est pas comparable a celle pour oublier la souffrance morale/psychologique, qui elle est moindre.
 
Il y a forcement des choses qui ont laissé des traces indelebiles et qui ressurgiront a l'occasion d'un evenement meme anodin. comme construire une vie a 2. avoir des rapports humains consentants (comprenez avec un plein gré 100%)

Message cité 1 fois
Message édité par boober le 19-09-2006 à 09:30:12

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Entrez dans la dance clap clap, les soucis n'ont pas de chance, la musique commence, clap clap, ça c'est Fraggle Rock!
n°9534004
Space
Profil: Maux des rateurs
Posté le 19-09-2006 à 19:22:32  profilanswer
 

boober a écrit :

la faculté de l'etre humain a oublier la douleur physique, aussi forte fusse-t-elle, n'est pas comparable a celle pour oublier la souffrance morale/psychologique, qui elle est moindre.
 
Il y a forcement des choses qui ont laissé des traces indelebiles et qui ressurgiront a l'occasion d'un evenement meme anodin. comme construire une vie a 2. avoir des rapports humains consentants (comprenez avec un plein gré 100%)

y a qu'à lui envoyer la vidéo de Saw ou de Cube,histoire de voir sa réaction [:prodigy]  


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Ma cinémathèque
n°9547160
abakuk
Posté le 21-09-2006 à 12:41:43  profilanswer
 

Lu sur allocine.fr :  
 

Citation :

Scarlett Johansson dans la peau de Natascha Kampusch ?
 
Tournages - lundi 18 septembre 2006  
Rumeur du jour. L'actrice américaine Scarlett Johansson pourrait interpréter la jeune Natascha Kampusch dans un biopic retraçant l'enlèvement et la détention de la jeune autrichienne, récemment libérée.

 
 
 
Natascha Kampusch héroïne d'un long-métrage ? Alors que la jeune autrichienne vient de retrouver la liberté il y a tout juste une vingtaine de jours, les studios hollywoodiens songent déjà à acheter les droits d'adaptation de sa tragique détention. Une rumeur insistante laisserait entendre que l'actrice américaine Scarlett Johansson, actuellement dans les salles françaises aux côtés de John Travolta dans Love Song, pourrait incarner le rôle principal.
 
Huit années de détention
 
Le 23 août dernier, après huit ans de captivité, la jeune autrichienne Natascha Kampusch échappe enfin à l'emprise de l'homme l'ayant kidnappé sur le chemin de l'école, alors qu'elle n'était âgée que de dix ans. Souffrant visiblement du Syndrome de Stockholm (lorsqu'une personne kidnappée adopte le point de vue de son kidnappeur), le témoignage livré par la jeune femme semble pour le moins controversé.  
 
Emilie Lefort avec Yahoo.com  
 


Le premier titre du topic était prémonitoire. :D
 
 
A part ça, je me disais que ses projets "professionnels" en disaient long sur ce qu'elle a subi...
 
"J'ai deux projets : l'un pour des femmes au Mexique, enlevées, torturées et violées...
 
Or, il ressort de son premier entretien avec une policière qu'elle a eu des relations sexuelles avec son ravisseur. Elle a fait cette déclaration avant d'être prise en charge par un psychiatre, qui a aussitôt censuré ces propos.
 
 
"...et un autre pour les gens qui ont faim en Afrique."
 
Juste après son évasion, elle pesait 40 kg pour 1,60 m, soit un indice de masse corporel de 15,6, ce qui est notoirement insuffisant (un IMC "normal" se situe entre 18,5 et 24,9). Pendant sa séquestration, elle n'a quasiment pas mangé de légumes et de fruits. A mon avis, les conséquences sur sa santé ne seront pas seulement psychologiques...

Message cité 2 fois
Message édité par abakuk le 21-09-2006 à 12:42:53

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Islamophobie | Rapport Obin | Test de pureté
n°9547180
Mine anti-​personnel
Posté le 21-09-2006 à 12:47:13  profilanswer
 

abakuk a écrit :

Le premier titre du topic était prémonitoire. :D


rétabli  :jap:  

n°9547512
fabien
Vive la super 5 !
Posté le 21-09-2006 à 13:45:28  profilanswer
 

abakuk a écrit :


A part ça, je me disais que ses projets "professionnels" en disaient long sur ce qu'elle a subi...
 
"J'ai deux projets : l'un pour des femmes au Mexique, enlevées, torturées et violées...
 
Or, il ressort de son premier entretien avec une policière qu'elle a eu des relations sexuelles avec son ravisseur. Elle a fait cette déclaration avant d'être prise en charge par un psychiatre, qui a aussitôt censuré ces propos.
 

Source pour les propos de l'entretient? car pour l'instant dans tout les articles que j'ai lu, je n'ai vu que "contact sexuelle", rien a voir avec des relaxtions, ca peut etre juste une caresse ou un baiser sur la bouche. M'enfin, si le psy a "censurer" c'est que d'un coté c'est assez personnel et intime la sexualité, toi je pense pas que tu voudrais que la terre entiere sache ce que tu fais avec ta copine ou ce que tu as fait avec tes ex.  
 

abakuk a écrit :


"...et un autre pour les gens qui ont faim en Afrique."
 
Juste après son évasion, elle pesait 40 kg pour 1,60 m, soit un indice de masse corporel de 15,6, ce qui est notoirement insuffisant (un IMC "normal" se situe entre 18,5 et 24,9). Pendant sa séquestration, elle n'a quasiment pas mangé de légumes et de fruits. A mon avis, les conséquences sur sa santé ne seront pas seulement psychologiques...

source?( pour le manque de fruit et de legume )


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Découvre le HFRcoin ✈ - smilies
n°9548689
abakuk
Posté le 21-09-2006 à 16:24:30  profilanswer
 

fabien a écrit :

Source pour les propos de l'entretient? car pour l'instant dans tout les articles que j'ai lu, je n'ai vu que "contact sexuelle", rien a voir avec des relaxtions, ca peut etre juste une caresse ou un baiser sur la bouche. M'enfin, si le psy a "censurer" c'est que d'un coté c'est assez personnel et intime la sexualité, toi je pense pas que tu voudrais que la terre entiere sache ce que tu fais avec ta copine ou ce que tu as fait avec tes ex.

Au temps pour moi, il a effectivement été question de contacts sexuels, j'ai peut-être interpreté un peu vite... Néanmoins je maintiens que des petites phrases en apparence anodines en disent souvent plus long que des déclarations solennelles... Faut pas être naïf, elle est devenue une femme alors qu'il était le seul être humain qu'elle cotoyait, je ne pense pas que ça en soit resté à de simples contacts érotiques...
 
 
 
 

fabien a écrit :

source?( pour le manque de fruit et de legume )

Là, par contre, j'ai du solide : "Elle n'a mangé à peu près que des choses froides, comme du pain et des saucisses, et pratiquement pas de fruits ou légumes", a dit Mme Sirny (sa mère), citée par le Kurier.  
 
source : http://www.lalibre.be/article.phtm [...] _id=302615 (26 août)


Message édité par abakuk le 21-09-2006 à 16:26:50

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Islamophobie | Rapport Obin | Test de pureté
n°9554863
abakuk
Posté le 22-09-2006 à 12:27:30  profilanswer
 

Une interview de Dietmar Ecker, conseiller en communication de Natascha Kampush, dans Les échos. C'est long mais je préfère le copier en entier, je pense que ce ne sera plus accesible dans quelques jours :
 

Citation :

L'hystérie médiatique de l'affaire Kampush
[ 21/09/06 ]  
 
 
L'Autrichien Dietmar Ecker a géré, avec un redoutable sens du marketing, la frénésie médiatique entourant la libération de Natascha Kampush.
 
Le soufflé est retombé aussi vite qu'il était monté. « J'ai reçu seulement deux appels aujourd'hui concernant Natascha Kampush. Depuis une semaine, je ne m'occupe plus de cette affaire. Je détourne les demandes vers ses avocats. Je considère que mon travail est fait. Le temps de l'hystérie médiatique est terminé. » Avec un sourire plutôt las, son « communiquant », Dietmar Ecker, prend conscience du tourbillon qui a bien failli l'emporter durant ces deux semaines et demie de folie.
 
Ce lobbyiste autrichien n'est pourtant ni un néophyte ni un inconnu : Dietmar Ecker, quarante-deux ans, s'est d'abord fait un nom entre 1988 et 1997 comme porte-parole du ministre social-démocrate des Finances, avant de devenir l'un des artisans de la campagne électorale victorieuse de 1995 du SPÖ, le parti social-démocrate autrichien, dont il gérait la communication. Une sorte de Séguéla autrichien. Mais ce sociologue de formation, ex-directeur du marketing de AK Wien, à la silhouette massive, au regard perçant, n'a aucune idée du tsunami médiatique qu'il va devoir affronter lorsqu'il décroche son téléphone en ce dernier dimanche d'août. Au bout du fil, le docteur Ernst Berger, l'un des deux psychiatres chargés d'aider Natascha Kampush après huit ans de captivité dans un « donjon » de deux mètres sur trois dissimulé sous la maison de son ravisseur.
 
« Ernst Berger m'a confié alors qu'il devait faire face à un gros problème, se rappelle Dietmar Ecker. Les médias le harcelaient à l'hôpital pour obtenir un entretien avec Natascha en offrant de grosses sommes d'argent. Il m'a demandé si je pouvais les aider. J'ai accepté de le faire à titre gracieux car je pensais que l'affaire n'allait pas prendre trop de temps... »
 
Quand il reprend le dossier en main, il ne doit gérer qu'une quinzaine de demandes de médias autrichiens et européens. Une broutille... Il découvre alors très vite que la jeune Natascha souhaite parler à la presse. « Elle m'a dit qu'elle avait imaginé son interview durant sa captivité, ajoute-t-il. Elle voulait parler sur les ondes de Ö1 (le France Culture local) car elle avait aimé écouter cette radio durant sa séquestration. Je lui ai dit de prendre son temps et nous avons étudié toutes les possibilités qui s'offraient à nous. »
 
Au fil des heures, toutefois, le fait divers se mue en événement planétaire. Près de 400 demandes d'interviews tombent sur le bureau de Dietmar Ecker, qui doit répondre chaque jour à plus de 150 appels téléphoniques provenant des quatre coins du monde. La semaine de son évasion, les éditeurs et une trentaine de studios hollywoodiens commencent à vouloir racheter les droits de cette histoire hors du commun.
 
Bien décidés à remporter la première interview, les tabloïds se livrent alors à une surenchère féroce. Les Britanniques se seraient montrés les plus généreux avec des offres supérieures à 500.000 euros. « Des grands patrons de presse européens et américains m'ont dit qu'ils n'avaient pas connu une telle hystérie depuis la mort de Lady Di, s'étonne encore ce père de famille qui roule en Porsche. J'ai longtemps cherché à comprendre les raisons de cette frénésie. Je pense en fait que cette histoire fait ressortir des sentiments sombres de l'âme humaine. Voir une jeune fille que tout le monde pensait morte réapparaître frappe les esprits morbides, et le fait qu'elle ait été gardée si longtemps dans un petit espace sans lumière touche la fibre claustrophobique de nombreuses personnes. »
 
Presse de boulevard
Si la nécessité de parler à la presse devient évidente, la stratégie à suivre est, elle, plus complexe à définir. Les psychiatres ont tout de suite demandé au lobbyiste de ne pas accorder plus de trois interviews afin de protéger leur patiente.
 
Pour la télévision, Dietmar Ecker, dont la rapidité d'esprit est reconnue, choisit vite la chaîne publique autrichienne en posant ses conditions. « Nous voulions connaître à l'avance les questions qu'on allait lui poser, être en mesure d'en refuser certaines et contrôler ce qui allait être diffusé, énumère-t-il. Nous voulions aussi que la chaîne soit capable de diffuser en quelques heures dans le monde entier son interview. » Des contrats de diffusion juteux (RTL en Allemagne aurait payé 100.000 euros) sont bouclés par l'ORF pour le compte de Natascha.
 
Pour la presse, le principal hebdomadaire autrichien, « News », obtient un entretien, tout comme le plus grand tabloïd local, « Krönen Zeitung ». « Beaucoup de gens m'ont reproché d'avoir choisi la presse de boulevard au lieu de titres prestigieux, se défend-t-il. Mais, si je ne l'avais pas fait, les tabloïds auraient été furieux contre moi et ils auraient cherché à remuer la boue contre Natasha. En choisissant le plus gros journal du pays, je m'en faisais un allié. Et puis je voulais m'assurer que l'avenir financier de la jeune femme serait assuré. »
 
Au lieu d'une grosse enveloppe pour l'ancienne captive, le lobbyiste négocie un « package » qui inclut une enveloppe financière, un appartement à Vienne, une éducation universitaire payée et un futur emploi au « Krönen ».
 
Les interviews sont préparées avec soin. Dietmar Ecker répétera pendant huit heures avec sa protégée dans un studio prêté par l'ORF les questions qui lui seront posées devant les caméras. « Je l'ai entraînée de la même manière que je le fais avec un PDG. Mais je devais m'assurer en plus qu'elle fasse passer des messages simples car, quand on parle à la masse, il ne faut pas être compliqué. Mon expérience en politique m'a beaucoup aidé pour cela », avoue-t-il. La date de son intervention télévisuelle a été bien calculée aussi. « Vous avez au maximum quatre semaines pour influencer l'opinion publique, analyse-t-il. Vos arguments, qui sont censés mettre les gens de votre côté, vous devez les avancer entre la deuxième et la troisième semaine. Après, c'est trop tard. Les rumeurs prennent le pas sur la vérité. Et Natascha a parlé à la télé à la fin de la troisième semaine. On était juste. »
 
L'homme est ressorti fatigué de ce « périple ». « Cette expérience a été une formation en accéléré de relation publique, lâche-t-il. Il fallait gérer plein de choses à la fois et effectuer des choix. Je voulais que le ballon médiatique gonfle le plus vite possible pour le faire éclater afin que cette histoire n'intéresse plus personne rapidement et que Natascha se consacre à sa convalescence. En même temps, je souhaitais qu'elle laisse une impression positive pour que les gens lui sourient dans la rue au lieu de lui cracher au visage. Un sondage du 14 septembre montrant que 78 % des personnes interrogées la trouvaient sympathique a démontré que j'avais bien fait mon travail. »  
 
De grands groupes internationaux ont déjà contacté son cabinet pour travailler avec lui. « Je n'avais pas imaginé cela, mais je ne peux que m'en féliciter », note-t-il. Quant à savoir s'il serait prêt à recommencer... « Ma première réponse serait non, mais si une autre jeune personne qui a vécu un tel cauchemar vient me trouver, je pourrais accepter. Dans mon métier, on passe notre temps à remuer du vent. Pour une fois que l'on peut faire quelque chose de vraiment utile... »
 
FRÉDÉRIC THERIN (ENVOYÉ SPÉCIAL À VIENNE)

Apparemment, cet homme est un professionnel aguerri, qui a travaillé efficacement de façon à faire retomber le soufflé le plus vite possible, tout en préservant les intérêts de Natascha et en lui obtenant un certain nombre d'acquis. Plus généralement, il fait preuve d'un certain cynisme, comme en témoigne le passage sur les "messages simples" :sweat:. Du beau travail, en somme. :jap:
 
source : http://www.lesechos.fr/info/comm/4473465.htm


Message édité par abakuk le 22-09-2006 à 12:29:59

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Islamophobie | Rapport Obin | Test de pureté
n°9642366
Amaniak
Schnitzel, Prima!
Posté le 04-10-2006 à 17:31:47  profilanswer
 

D'après certains tabloïds allemands (et suisse) elle aurait pu servir d'esclave dans certaines soirées de la scène sado-maso viennoise!
 
information à prendre avec précaution!!!
 
http://www.blick.ch/news/ausland/artikel46342
 
 :(  
 
 


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drugs designer
n°9648102
abakuk
Posté le 05-10-2006 à 11:29:42  profilanswer
 

Quelqu'un peut traduire, SVP ? :/


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Islamophobie | Rapport Obin | Test de pureté
n°9648292
Mine anti-​personnel
Posté le 05-10-2006 à 11:51:34  profilanswer
 

abakuk a écrit :

Quelqu'un peut traduire, SVP ? :/


Je peux  :)  mais j'ai pas envie  :D  
 
Autant se référer au magazine Stern directement (correspond en gros à Paris-Match chez nous, beaucoup de conditionnels dans l'article, donc les journalistes essaient surtout de garder le sujet sur le feu):
 
http://www.stern.de/presse/vorab/5 [...] q=kampusch

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