Merci Piksou.
Les premières réactions internes arrivent après la synthèse au Mans.
Voici le lien d'une lettre commune de ceux qui se sont abstenus.
A priori, je suis d'accord et convaincu, et la synthèse ne m'apparaît plus si convaincante, surtout avec les frasques Kouchneriennes de hier, cf la couverture du Point. Attendons les réactions de Peillon et Emanuelli, s'il y en a.
Lien où se situe ce texte plus le texte des amendements de la motion 5 discutés pendant la nuit des résolutions:
http://thierrymandon.blogspot.com/
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23 novembre 2005
Long road to Le Mans 15 : explication de vote
Karine Berger Thierry Mandon Arnaud Montebourg Christian Paul
Lettre aux militants NPS
Nous avons préféré laisser passer de longues heures de calme avant de nous adresser à chacune et à chacun dentre vous au sujet des évènements du Congrès du Mans.
Nous avons pris, en notre qualité de membres NPS de la Commission des Résolutions pour la motion 5, tous les quatre, la grave décision, à 3h30 du matin, dans la nuit du 19 au 20 novembre, au moment où celle-ci passait au vote, de ne pas approuver le texte de la motion de synthèse pourtant votée par la très grande majorité du Parti.
Nous avons déclaré que nous ne souhaitions pas empêcher par un vote négatif le rassemblement de tous les socialistes qui le souhaitaient, par loyauté à légard de notre Parti comme à légard de notre courant NPS, que nous avions fondé avec vous tous, mais qui venait quelques minutes plus tôt, en son sein et contre notre avis, de choisir la synthèse.
Cest en conscience que nous nous sommes, tous les quatre, abstenus, rejoints par Marc Dolez, député du Nord, issu des rangs dHenri Emmanuelli.
Pendant la suspension de séance qui précéda le passage au vote, chacun des 24 dirigeants du NPS échangèrent leur opinion (Résultat du vote à lintérieur de la délégation des 24 membres NPS à la Commission des Résolutions : 14 pour, 6 abstentions, 5 contre) : Christian Paul déclara que « le mandat qui nous a été confié par nos militants nest pas rempli ». Arnaud Montebourg indiqua pour sa part : « il sagit dune synthèse à vil prix, ça ne passe pas pour moi ». Henri Emmanuelli répondit : « cest vrai que cest une synthèse à vil prix, mais on ne peut pas faire autrement dans lintérêt du Parti ».
Nous avons mesuré durant cette nuit des Résolutions à quel point cette synthèse à marche forcée ne pouvait que faire disparaître lâme, lesprit et la force du projet porté par le NPS depuis 3 ans.
Nous mesurions au fur et à mesure de la journée de samedi, lécart considérable entre ce que nous disaient vouloir les militants ou les délégués, et la mécanique politique de la synthèse calculée et défendue par certains dirigeants NPS comme devant être la solution aux problèmes actuels du Parti et de la gauche.
Notre choix fut celui de nos convictions de toujours et du mandat qui nous a été confié que nous avons préféré continuer à défendre. Ces convictions sont celles pour lesquelles nous avons tant travaillé et bataillé tous ensemble, plutôt que lunité artificielle du Parti constituée au détriment des valeurs, des projets et des idées que nous portons.
Les trois sujets principaux sur lesquels nous avons butté pendant la nuit des résolutions parlent deuxmêmes de lincapacité du Parti à remettre en question une certaine forme de conformisme que le NPS avait précisément pour objectif daider à faire reculer dans lesprit général du Parti. Ils sont les éléments de lidentité du NPS : mondialisation, Europe, question démocratique.
1 Mondialisation
Dabord laffaire fondamentale du Tarif Extérieur Commun aux Européens. Cétait une révolution intellectuelle et politique que le NPS proposait, depuis le congrès de Dijon, à notre Parti daccomplir, celui-ci sy étant obstinément refusé jusquà présent.
Venue des mouvements alter-mondialistes comme de la gauche américaine, lanalyse des dégâts de la mondialisation dérégulée a conduit de nombreux penseurs politiques à remettre en question le commerce mondial libre et sans entrave. Il sagissait dimposer la reconnaissance de la concurrence déloyale et la nécessité de la combattre dès lors quelle portait atteinte aux droits sociaux des salariés et des citoyens et aux intérêts environnementaux de la planète.
Nous avons porté cette question à un très haut niveau de visibilité dans le débat public du Parti et du pays. Il faut rendre hommage à Henri Emmanuelli davoir contribué à cette bataille didée dans le Parti. On ne dénombre plus les interventions convergentes de NPS et de NM aux différents Conseils nationaux. Sa tournée des délocalisations pendant la campagne du non a installé cette idée dans le pays un peu plus solidement.
Sur ce sujet, le texte de la motion NPS était absolument convaincant et brillant, rédigé par lun de nos universitaires, Etienne Morin et à peine retouché à larrivée des amis dHenri Emmanuelli à lautomne.
Notre amendement, extrait de notre motion, a été refusé. Lâpre discussion menée pendant la nuit par Henri Emmanuelli et soutenue par Arnaud Montebourg a montré à quel point les résistances intellectuelles et politiques étaient invincibles. Le discours inamovible sur la mondialisation heureuse et profitable nous a été une nouvelle fois servi
Karine Berger fut envoyée comme négociatrice sur ce sujet avec la majorité représentée par Harlem Désir. Voici sa narration des faits extraite de son blog (http://sortirdelimpasse.hautetfort.com/) « Le Mans : la nuit des résolutions » :
« Jai été envoyée en tant que négociatrice sur le tarif extérieur commun : après 20 minutes de discussion très tendue avec Harlem Désir, le texte proposé disait seulement que les droits de douane existaient depuis toujours et quil nétaient pas employés suffisamment. Le demande de NPS de mentionner la concurrence déloyale par la mise à mal des critères sociaux dans autres les pays était refusée : à ce stade la version de notre amendement était mise de côté, ce qui ne convenait pas à Henri Emmanuelli. Je pense que cest pourtant dans cette version que lamendement a finalement été accepté. Lexpression officielle du rapport est dailleurs : «les instruments qui existent ne donnent pas satisfaction notamment parce quils ne sont pas suffisamment utilisés. Les socialistes sengagent à explorer la mise en oeuvre doutils susceptibles de mieux protéger lindustrie européenne et son avenir. ». La question des délocalisations, et surtout de la concurrence par le biais du dumping social est bel et bien écartée. »
Labandon du sujet est total, et la promesse de « lengagement dexplorer la mise en oeuvre doutils susceptible de » nous a ridiculisé en place publique.
2 LEurope
Cest un sujet sensible sur lequel le NPS a apporté une contribution décisive dans le débat public. Critique des conditions de lélargissement en mai 2004, critique du Traité Constitutionnel Européen, travail sur le projet de République européenne.
Sur ces sujets européens en débat pendant la nuit des résolutions, nous avons progressé sur la réforme du pacte de stabilité et de croissance. Mais sagissant de lindépendance de la Banque Centrale, il nous a été refusé que nous inscrivions les combats du parti au sein du PSE dans la perspective de la fin de lindépendance. Nous avons dû nous contenter de la mention quelle rende des comptes au Parlement Européen sans aucune précision.
Le Traité social a été consenti mais les critères de convergence sociale, instrument de la lutte contre le dumping social explicitement mentionné dans notre amendement ont été écartés.
Enfin, la République Européenne, c'est-à-dire la construction politique de la future Europe fédérale, a disparu pendant les discussions. Cétait un élément important de notre identité politique qui navait aucune raison de disparaître du débat pour se transformer en un bien ambigu « attachement à la perspective dune Europe fédérale », ce qui ne perturbe guère chacun en conviendra- les bonnes convenances politiques sur ce sujet dans le Parti.
Pourtant, le combat que notre Parti doit engager dans le PSE est dune dimension aussi urgente que considérable. Les Etats-Nations se sont désarmés à lexcès, et labsence doutils politique sur le plan supra-national et européen pour répondre aux échecs de la zone Euro comme à la crise sociale, met en péril jusquaux partis socio-démocrates des pays membres.
Avoir accepté de remettre à plus tard louverture de ce chantier ambitieux est une erreur collective pour le Parti et le NPS na pas joué le rôle que ses militants lui ont donné.
3 La question démocratique
Lavancée vers la 6e République est depuis le congrès de Dijon lun des combats que nous menons contre la frilosité et limmobilisme de notre Parti. Déjà, à Dijon, la Commission des Résolutions sétait séparée sur ce point constatant limpossibilité de la synthèse.
Ce congrès était pour notre projet de revitalisation démocratique du pays, la dernière chance avant lélection présidentielle de 2007, sur fond de montée dangereuse de populisme, les socialistes devaient affirmer dans leur programme le désir et le choix ambitieux de régler le problème du discrédit du système politique et de sa décomposition morale qui servent les intérêts de lextrême droite et de la droite dure incarnée par Sarkozy.
Sinterdire, comme ce fut le cas pendant la nuit des résolutions, dafficher lambition et la volonté de construire tout autre chose que le système existant, cest sinterdire implicitement de combattre le bonapartisme ambiant, devenu autoritaire et martial du patron de lUMP, et cest accepter dêtre sur ce terrain en infériorité politique alors que nous aurions, en obligeant nos camarades de la majorité à évoluer, pu proposer une alternative au pays dampleur formidable.
La stupide persécution dont fut lobjet notre projet de 6e République dans ce congrès a eu lieu à un moment où ce sujet progresse dans le pays. Allons-nous laisser à lUDF de Bayrou ce sujet ? Allonsnous labandonner au PCF, et à lextrême gauche qui vient de décider de sen emparer ?
Cette liquidation du sujet vient de nous faire perdre 7 années, puisquil faudra attendre un quinquennat de plus pour espérer réaliser ce rêve de changement de la politique.
Elle fut dautant plus douloureuse pour nous quelle fut instrumentalisée par lun des dirigeants du NPS qui à la tribune du congrès écrasa, en notre nom à tous, sous les applaudissements de certains délégués de la majorité, dun coup de talon notre si beau projet.
Ainsi la synthèse fut faite à vil prix. Nous navons pas voulu ajouter à une défaite de nos convictions le déshonneur dy avoir consenti.
Pendant cette nuit des résolutions, nous avons mesuré de nos yeux que cette synthèse à marche forcée ne pouvait que conduire à faire rentrer dans le moule trop conformiste du Parti le projet de la rénovation que nous avons pris tant de peine à bâtir depuis 3 ans. Léchec à faire ingérer par le logiciel du Parti Socialiste, nos propositions de réarmement de la politique sur le plan mondial, européen et national renvoie à léchec de lentreprise rénovatrice elle-même. La mission que nous nous étions assignés nétait-elle pas de reconstruire les outils politiques nécessaires à la réussite dune gauche au pouvoir ?
Le travail que le NPS avait engagé depuis la Sorbonne en octobre 2002, na pas été accompli pour lui-même. Il devait servir à la rénovation de notre Parti, après les désastres de 2002 et 2005.
Et cest conscients de nos lourdes responsabilités dont nous avons toujours fait preuve dans lintérêt collectif du Parti, que nous servions la cause des idées, du renouvellement du projet en vue dassurer notre victoire collective en 2007.
Aucune de ces raisons dêtre et dagir pour le NPS navait disparu au soir du 19 novembre avant la nuit des résolutions. Et ce travail que nous proposions à tous les socialistes ne pouvait pas sarrêter ni se figer avant que le projet du candidat à lélection présidentielle ne soit établi.
La synthèse va dérouler désormais ses conséquences. Des camarades issus de la motion 5 vont entrer dans la direction. Toutes les décisions seront prises à lunanimité des courants et nous engageront. Le consensus obligé nest utile que lorsque les idées sont claires pour agir. Voici désormais notre Parti immobilisé en légion romaine, figé jusquen 2007, empêchant désormais le débat dorientation et toute inflexion sérieuse et profonde dans le projet du futur candidat. Notre NPS, notre oeuvre collective sera comme le souriceau prisonnier des serres de laigle. Ses militants, comme tous les militants socialistes, ont pourtant besoin de continuer à porter nos idées au rayonnement desquelles la synthèse a mis un coup darrêt.
Enfin, nous avons perdu la bataille de la rénovation des pratiques puisque lunanimité ne permettra pas de sattaquer aux fédérations qui ont posé quelques problèmes dans ce congrès. Elle sera, à tout le moins, fictive.
Pour justifier notre choix, notre camarade Henri Emmanuelli a invoqué lintérêt supérieur du Parti de se réunifier. Il est vrai que les batailles entre socialistes épuisent autant les socialistes eux-mêmes que lopinion. Mais ce sont les querelles de candidature et dambition qui fabriquent le désordre actuel et non les débats dorientation aujourdhui encore bien insuffisants et trop peu internes pour régler les problèmes que le Parti rencontre au contact de son électorat naturel.
Nous aurions pu concilier autrement le souci légitime de lunité tout en ne compromettant pas celui de la rénovation. Dailleurs, exiger de faire les deux eût été le meilleur service quil nous aurait été donné de rendre au Parti.
Comme lavait dit Jean Jaurès au congrès de Toulouse en 1908, « mieux vaut des différences sur des formules claires quun accord sur des formules obscures ».
Mais, imprégnés de nos lourdes responsabilités, nous navons pas combattu la synthèse. Nous nous sommes contentés de ne pas la soutenir, ce qui préserve notre liberté de militants soucieux de jeter toutes nos forces dans la victoire en 2007.
Que faut-il faire maintenant ? Nous ne voulons pas nous résigner à voir partir en fumée notre rêve politique.
Dites-nous où vous en êtes, et réfléchissons ensemble à la manière la plus utile pour notre Parti de nous comporter.
Il est parfois des moments douloureux de la vie publique où lon doit affronter la vérité de ses convictions et assumer la difficulté de ses conséquences.
On ne laissera pas dire que ce serait se perdre dans on ne sait quelle pureté que de défendre à juste prix ce en quoi on croit.
La période politique qui souvre devant nous sera très difficile, elle aura besoin dhommes et de femmes capables de tracer une ligne droite et claire dans le ciel de lespérance du peuple de gauche, qui comme toujours a la lourde charge de redresser le pays, dont lesprit civique faiblit chaque jour un peu plus.
Nous avons eu pour soin dêtre dabord nous-mêmes. Cétait une manière dêtre aussi un peu vous-mêmes.
Recevez, chères et chers camarades, les marques sincères de notre fidèle amitié et de notre dévouement à la cause socialiste.
Christian Paul Arnaud Montebourg Thierry Mandon Karine Berger
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Message édité par Klian le 24-11-2005 à 19:56:46