Reprise du message précédent :
Le Canard, fondé par Maréchal dans les années qui sentaient la poudre (il avait compris que le mouvement communiste né en Russie allait être suivi d'une guerre déclenchée par les pouvoirs en place en Europe), était à ses débuts un journal qui voulait éclairer la lanterne de ses lecteurs. On était en plein dans l'anticléricalisme hérité du XIXème siècle, autant républicain que révolutionnaire. Il a lancé quelques belles affaires, notammant la feuille d'impôts de Chaban-Delmas, alors premier ministre et ancien maire de Bordeaux, pour faire capoter sa candidature à la présidentielle de 1974. Le Canard garde sa liberté de ton parce qu'il est nécessaire à la vie politique : ses informateurs pataugent dans les plus hautes sphères de l'état, et divulguent des infos pour couper l'herbe sous le pied à un éventuel "ennemi". Parfois manipulé, mais les infos éditées l'ont toujours été au profit du lecteur, ce qui est assez contradictoire avec certains torchons aujourd'hui. Il faisait rire toute la France à l'époque, surtout les couches populaires, parce qu'on pouvait dire ce qu'on pensait des gouvernants. C'est peut-être pour ça qu'on le disait anarchiste.
Il y a eu aussi l'affaire des micros sous Giscard, que la police avait voulu poser dans ses nouveaux locaux : le ministre Maurice Grimaud a fini par sauter.
Commencé à lire le Canard à l'école primaire, quand mon pépé s'en régalait chaque mercredi. Et j'aime toujours, mais moins. En tout cas, excellent pour ceux qui se marrent en voyant s'agiter les pantins au pouvoir, de gauche à droite. Je crois vraiment pas que le Canard soit un journal de gauche, mais plutôt qu'il s'est toujours refusé de prendre ses lecteurs pour des idiots.
La seule façon de faire du journalisme, c'est de donner au lecteur des infos irréfutables, qui lui permettent de se forger ses propres opinions. Ca permet à un journal et ses journalistes de se passer de la pub et de survivre à tous les gouvernements.
Coin-coin.