III. Quels critères pour guider le choix ?
- Le temps passé quotidiennement sur votre fauteuil : c'est un facteur déterminant du prix.
Plus vous passez de temps sur un siège et plus vous devrez y mettre le prix. C'est à la fois une question de santé et de durée de vie. Si le temps passé à votre bureau est particulièrement court, c'est à dire sur des sessions de moins d'une demi heure, il peut être opportunément économique d'en rester à un mobilier classique, quitte à lui ajouter un coussin.
A partir d'une à deux heures par jour, il faut commencer à se soucier des effets sur la santé. Au-delà de 4 heures par jour, vous devrez investir dans un matériel haut de gamme. Si vous avez des problèmes particuliers de santé, nous vous conseillons, outre d'en parler dans ces pages, de vous en référer à un médecin.
Concrètement : => Quel budget ?
1. Neuf : 200€ à 300€ pour une chaise dactylo simple mais de bonne facture. 600€ à 900€ pour un siège opérateur de bonne qualité, selon les options. 1000€ et au-delà pour un vrai fauteuil de travail H24. On le répètera plusieurs fois mais évitez comme la peste les fauteuils président bas de gamme.
2. Occasion : par définition très variable. Il est assez commun de trouver d'excellents sièges opérateurs pour moins de 200€. Les gros fauteuils de travail H24 se trouvent plutôt dans la fourchette des 400€ à 600€. Il n'est toutefois pas rare de tomber sur des occasions à moins de 50€.
3. Vous êtes à la rue. Si vous êtes complètement fauché et ne trouvez rien même dans les plus belles occasions de l'heure, il vous reste possible de capitonner votre chaise en bois avec de la mousse à la découpe pour moins de 30€ (cf supra).
4. Vous voulez un fauteuil gamer ? Nous ne le conseillons pas (lien). Mais si vous en voulez à tout prix, il existe une page sur ce forum (lien).
Pour les plus fainéants, nous avons dressé une liste de fauteuils assez communément rencontrés dans ces pages ou suffisamment renommés pour être recommandables, liste n'ayant qu'un caractère indicatif, à prendre avec celle, plus générale, des marques réputées. Elle ne dispense pas de lire le reste du topic ou d'utiliser la rechercher même si PitOnForum a cherché à vous faciliter l'existence : https://forum.hardware.fr/hfr/Discu [...] #t47870895
Notez qu'à l'image de la conduite automobile, il est toujours conseillé, quelle que soit la qualité de votre équipement, de faire des pauses régulières tant la position de travail assise est préjudiciable à la santé.
- Le revêtement de votre fauteuil : c'est un facteur qui joue sur le confort et surtout la température.
La question peut sembler saugrenue. Et pourtant ! Votre corps dégage de la chaleur qu'il faut bien évacuer, sous peine de transformer votre séance d'assise en sauna. Si vous travaillez dans un environnement à température constante (climatisé) et que votre sudation n'est pas extravagante, vous pouvez choisir n'importe quel type de revêtement. Si en revanche vous vous trouvez avec un risque de forte température, il semble opportun de choisir, par ordre décroissant de préférence :
1. les revêtements de type "filet" ou "résille", la chaise emblématique en la matière étant l'Herman Miller Aeron. Ils sont de plus en plus populaires car outre leur esthétique, ils combinent en théorie un soutien optimal (un tissu souple est ce qui s'adapte le mieux à votre morphologie) et une évacuation inégalable de la température. En contrepartie, ils sont parfois abrasifs, généralement plus fragiles et dépendants de la géométrie du cadre qui, de fait, pourrait vous occasionner une gêne. De plus, il existe quantité de ces revêtements avec des propriétés d'élasticité et de résistance.
2. Les revêtements en tissu. Moins respirants que la maille, les tissus revêtent des plaques de mousse pour vous assurer confort et maintien. Ils sont de qualité extrêmement variable et de plus en plus techniques. C'est la solution la plus adaptée à la majorité des situations.
3. Les cuirs. C'est un choix davantage guidé par l'esthétique que la raison tant ils évacuent mal la chaleur, deviennent souvent glissants (source de mauvaise surprise, surtout sur les sièges à bascule automatique ou à système Glide) et nécessitent un minimum d'entretien.
4. Le skaï ou vinyle. Ni plus ni moins du plastique. Comme pour tous les autres, il en existe d'épaisseur et de qualité variable mais dans tous les cas, c'est un revêtement bas de gamme et qui n'a pour lui que son coût et son imperméabilité totale, pratique si vous songez à transformer votre siège en piscine à coca cola. C'est ce qui équipe les 9/10 des fauteuils dits "gamer". Vous observerez d'ailleurs que beaucoup de joueurs couvrent leur siège de serviette en été.
Beaucoup de modèles étant limité à un ou deux types de revêtement, ceci devrait déjà vous aider à éliminer une partie.
- L'ergonomie de votre fauteuil : c'est ce qui fait qu'il convienne à votre morphologie.
Le premier conseil est, si possible, de pouvoir essayer avant achat. Une recherche rapide sur ce topic et internet en général devrait vous convaincre du nombre incalculable de personnes déçues par leur fauteuil, même pour des modèles dépassant allègrement les 1000 euros et réputés pour la finesse de leurs réglages. Si on peut parfois blâmer l'utilisateur qui ne sait pas (ou ne veut pas) se tenir correctement, force est de constater qu'outre les goûts et les couleurs, aucun siège ne peut se prévaloir de satisfaire 100% de la population.
Un siège ergonomique l'est donc d'abord pour vous. On appelle cependant aussi "ergonomiques" les sièges qui satisfont à certains critères d'adaptation à la morphologie de leur utilisateur. Certaines marques réputées ne proposent qu'un minimum de réglages sur plusieurs de leurs modèles : il est alors encore plus prudent de les essayer. D'autres pallient leur absence par la mise à disposition de tailles différentes sur le même modèle (ex : l'Aeron d'Herman Miller ou les sièges gamer). Inversement, d'autres marques poussent les possibilités de réglages à un niveau presque exhaustif (ex : les fauteuils RH Logic).
Il est alors plus parlant de parler de qualités d'ajustement. Sur quelles parties :
1. La hauteur de l'assise, permise par un mécanisme de piston. Tous les fauteuils ne sont pas égaux de ce point de vue, qu'il s'agisse de l'intervalle possible (en général, 3 types de hauteurs sont proposées, selon l'usage et la morphologie), de la qualité du piston (longévité, poids maximal supporté) ou de l'amortissement à l'accueil (un phénomène de pompage qui limite l'impact sur votre colonne vertébrale lors de l'assise).
2. La profondeur de l'assise. C'est un réglage plus rare et souvent en option. Il est évidemment fortement conseillé, surtout si votre taille dépasse les 1m75 ou, au contraire, est inférieure à 1m65. Pour les grands gabarits, il existe au moins une norme : NPR 1813.
3. L'inclinaison de l'assise. Il est soit permis par la présence d'un mécanisme asynchrone (voir ci-dessous), soit par un réglage individualisé, souvent une sorte de molette. C'est un réglage encore plus rare mais qui peut s'avérer très pratique notamment si votre position est très penchée en avant. Certains mécanismes d'assise permettent à celle-ci un certain roulis, voir un peu de tangage (on parle parfois d'assises "flottantes" ), donnant davantage de liberté en contrepartie d'une moindre stabilité pour l'utilisateur. Ils ont tendance à se répandre, notamment chez les constructeurs allemands (typiquement, Wilkhahn et Sedus) et norvégiens (HÅG).
4. Le soutien lombaire offert par le dossier. Pour s'adapter à votre morphologie, il est nécessaire d'ajuster sa hauteur. Sur la plupart des modèles haut de gamme, ce réglage n'est pas possible mais compensé par la présence d'une barre de soutien qui va remplir ce rôle. Le dossier doit arriver au moins jusqu'aux omoplates de l'utilisateur. Certains modèles ajoutent des réglages encore plus fins, comme le Steelcase Leap ou le RH400, ce dernier combinant un dossier à la fois réglable en hauteur et un support lombaire pneumatique.
5. L'appui-tête. Sa présence n'est pas aussi indispensable qu'on pourrait le croire. En fait, elle est même parfaitement superflue dans la position droite du moment que le dossier offre un soutien suffisant. Un appui-tête n'est donc recommandable que si vous envisagez une utilisation semi-allongée prolongée de votre fauteuil (typiquement devant un film).
6. Le mécanisme de bascule. C'est la manière dont le fauteuil va gérer votre inclinaison vers une position plus ou moins allongée. Ce qui suit est un résumé d'un post plus détaillé sur les mécanismes de bascule avec une liste de fauteuils (lien)
Il existe d'abord 2 catégories : les modèles à réglage manuel et les automatiques. Les second s'adaptent automatiquement à votre poids, en contrepartie il est impossible de les régler plus finement et bien souvent, de les bloquer dans une position prédéfinie. Ils sont idéaux quand plusieurs personnes de morphologie différente utilisent le siège (ex : le Steelcase Think). Leur conception les rend toutefois moins ergonomiques en raison de leur principe de fonctionnement à la manière d'une balance dont l'assise est l'un des plateaux. Ensuite, la distinction va s'opérer selon la façon dont l'assise, le dossier et l'axe de bascule vont interagir :
http://img15.hostingpics.net/pics/ [...] sieges.png
Le meilleur mécanisme est théoriquement l'asynchrone parce qu'il permet de régler indépendamment l'inclinaison de l'assise et du dossier. Il est cependant complexe, même pour l'utilisateur et assez peu répandu (RH, Kinnarps...). Les deux technologies phares du haut de gamme sont le basculant à axe décalé et le synchrone. Tous les deux évitent de couper la circulation avant des jambes (basculant centré) et permettent une vraie position allongée (contact permanent). Le synchrone a l'avantage sur le basculant décalé d'augmenter l'angle entre l'assise et le dossier et d'ainsi mieux détendre le corps de l'utilisateur. Tous les synchrones ne se valent pas, ne serait-ce que dans leurs possibilités d'inclinaison du dossier et d'ouverture de l'angle qu'il forme avec l'assise (ex : l'Okamura Contessa, distribué en Europe par Teknion, bénéficie d'un rapport exceptionnel de 2,8:1, contre généralement 2:1 sur les mécanismes synchrones lambda).
7. Les accoudoirs. Élément lui aussi indispensable. Leur revêtement peut aussi bien être en simple plastique dur, en gel (très bien car confortable et rustique), en tissu, en cuir, bois ou métal. Côté réglages, si de bons accoudoirs fixes peuvent vous convenir et apporter une touche de design appréciable, il est le plus souvent préférable d'en choisir avec le maximum possible.
http://img15.hostingpics.net/pics/ [...] doirs1.png
Enfin, certaines marques offrent des solutions encore plus développées, à l'image des accoudoirs du Steelcase Gesture, qui ressemblent davantage à des bras articulés qu'à de véritables accoudoirs.
- Terminons par une image illustrant le grand écart de la diversité des approches :
http://img15.hostingpics.net/pics/9974802opposes.png
A gauche, le RH Logic 400. C'est un solide fauteuil opérateur tenant du mécano tant tout (ou presque) y est ajustable pour s'adapter au mieux à la morphologie de l'utilisateur. Le soutien est total et l'assise très dynamique. A droite, le Knoll Generation, représentant extrême du courant "sit and forget" (mécanisme automatique) et d'une ergonomie qui met l'accent sur la liberté offerte de prendre n'importe quelle position. Ainsi, les accoudoirs sont dessinés de telle sorte qu'il est possible de les utiliser comme dossier dans le cas d'une position à 90° de la normale, ledit dossier est fait dans une matière aux propriétés élastiques... En contrepartie, votre corps est bien moins soutenu.
Ces deux fauteuils ne ciblent pas du tout la même clientèle. Le RH Logic 400, vous l'aurez deviné, est conçu pour les personnes passant de très longues heures devant leur bureau, qui leur est d'ailleurs personnel et vont donc prendre en conséquent le temps d'effectuer tous les réglages qu'offre le modèle. Le Knoll Generation est au contraire optimisé pour les courtes sessions sur des bureaux partagés entre plusieurs personnes. Peu de réglages, le fauteuil est sensé s'adapter de lui-même.
La plupart des évolutions récentes tendent à reproduire le schéma "Sit and forget" en utilisant au maximum les propriétés des nouveaux matériaux pour offrir des fauteuils simples et souples mais offrant un soutien adéquat. Exemples : les Steelcase Think et Gesture, les Wilkhahn IN et ON et les Kloeber Connex2 et ConWork. Ce qui permet de satisfaire un maximum d'utilisateurs, à l'exception des plus exigeants, qui demeurent sur des modèles plus ajustables.
Message édité par necroproject le 18-08-2018 à 20:38:40