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Auteur Sujet :

Arche interstellaire : les étoiles pour nos arrières petits enfants ?

n°27790909
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 16-09-2011 à 12:19:42  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
D'ici un millénaire disons...


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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
mood
Publicité
Posté le 16-09-2011 à 12:19:42  profilanswer
 

n°27791319
Nunurs Meg​a Power
Одним из шагов для мужчин, но
Posté le 16-09-2011 à 13:07:53  profilanswer
 

Gilgamesh d'Uruk a écrit :

 

Le concept d'éclairement par miroir à l'air assez travaillé. Ça ne convient pas pour une phase orbitale terrestre (les HBO) mais c'est valable sur une orbite troyenne. Si ça tient la route à l'examen, ça m'intéresse tout particulièrement pour tout ce qui concerne la phase héliocentrique de l'Arche (croissance + accumulation du carburant).

 

a+

 

Comme d'hab dans Gundam les colonies sont toujours en L4 / L5 du système terre-soleil ou terre-lune (ce qui est le cas en ce qui concerne ces types d'habitats dans la série). Après j'ai pas pensé au système de mirroir et aux conséquences physiques/mecaniques pour garder le bouzin en état quand ca doit tourner. MAis ca colle avec ton avis sur l'orbite troyenne
Mais j'y reflechirai a l'occasion.


Message édité par Nunurs Mega Power le 16-09-2011 à 13:08:43

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"La finalité accentue les aspects analytiques de la démarche."
n°27791346
Profil sup​primé
Posté le 16-09-2011 à 13:10:38  answer
 

Gilgamesh d'Uruk a écrit :

D'ici un millénaire disons...


 
En gros, bien trop tard.  [:tim_coucou]

n°27796582
HumanRAGE
Rage d'être un Humain...LIBRE!
Posté le 16-09-2011 à 20:52:38  profilanswer
 

en theorie theorique, une dizaine d'année serait suffisant mais faudrait avoir une sacrée raison pour que ca devienne une cause planetaire :D


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When I give food to the poor, they call me a saint. When I ask why the poor have no food, they call me a communist. Helder Camara | Telling your employees they're "family" is the corporate equivalent of saying "I love you" to a sex worker.
n°27797871
alarmclock
tzoing
Posté le 16-09-2011 à 21:44:32  profilanswer
 

Absolument incroyable, remarquable que ton travail jusqu'ici  [:alarmclock114]  
Qu'est devenu le créateur du topic?
Tu fais ça pour le plaisir, ou tu y crois?

n°27802089
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 17-09-2011 à 12:13:24  profilanswer
 

alarmclock a écrit :

Absolument incroyable, remarquable que ton travail jusqu'ici  [:alarmclock114]
Qu'est devenu le créateur du topic?

 

C'est moi, j'ai changé de pseudo

 
Citation :

Tu fais ça pour le plaisir, ou tu y crois?

 

Les deux. Mais pour la question d'y croire j'essaye surtout de faire avancer la réflexion sur le sujet. Ce que je dis c'est que SI on y va, on ne peut pas envisager une Isp > 1 million de s = >on est limité à ~ c/100 => le trajet est de l'ordre d'1 al/siècle et on peut difficilement envisager des trajets de plus de 10 al => la planète de destination n'est pas habitable => vaisseau monde => très gros => intérêt d"une croissance naturelle =>...plein d'autres conséquences...=> arche  :o

 

a+


Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 17-09-2011 à 12:14:18

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°27805536
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 17-09-2011 à 22:46:16  profilanswer
 

Mise à jour de la disposition des écosystèmes (biomes) tenant compte du cloisonnement.
v1 :
http://www.space-nation.org/images/archive/d/d9/20110917204350%21Arche_ecosystemes.png
v2 :
http://www.space-nation.org/images/d/d9/Arche_ecosystemes.png

 


Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 18-09-2011 à 00:12:10

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°28163402
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 23-10-2011 à 18:07:06  profilanswer
 

Un truc très intéressant rapportés par Geb sur Futura...

 


Qui change carrément la donne quand à la capacité à communiquer à travers les espaces interstellaire. La contrainte est qu'il faut se situer  à un point focal gravitationnel. C'est possible dans le système solaire, pas pour l'Arche en mouvement, mais ça permet d'envisager une exploration  des systèmes distants avec de très faibles puissances d'émissions. Pour explorer les systèmes distants, j'imaginais la possibilité de propulser un nuage de nanosondes à des vitesses relativistes (~0,1 c). La difficulté entre autre était de synthétiser une antenne parvenu à destination. L'effet de lentille gravitationnelle rend la chose bien plus réaliste à envisager. Certe, il faut encore une antenne de 12 m de diamètre, mais ça reste incroyablement modeste par rapport à une solution conventionnelle. Une antenne de cette taille en Mylar d'un micron d'épaisseur ne représente qu'une masse de 150 g environ.

 

Techniquement, je résume : le principe est  de poster une antenne d'écoute terrestre à ~ 700 UA de l'autre côté du Soleil avec une précision drastique dans le positionnement, à mon sens tout à fait accessible (de l'ordre d'une dizaine de mètres), dans l'axe exact de la source émettrice (sonde, arche...). Cette station d'écoute retransmet ensuite le signal vers la Terre avec un lien conventionnel (radio ou laser).
 
https://reho.st/self/pic/43082683923d7261a784bc4a7417524fab130a0d.png

 

Le Soleil joue le rôle de lentille à focale fixe et permet des gains absolument faramineux : ce serait peu ou prou comme de disposer d'une antenne annulaire du diamètre du Soleil.

 

Pour communiquer efficacement, le Bit Error Rate (BER) doit être proche de 0. Avec un effet de lentille gravitationnel, cela devient concevable avec un puissance de 40 W depuis Alpha du Centaure avec les paramètre suivants : diamètre de l'antenne source : 12 m, band K (32 GHz), débit de transmission (bit rate) : 32kbps.

 

Le gain d'antenne Ga est :

 

http://chart.apis.google.com/chart?cht=tx&chl=G_a%20=%20\frac{8\pi^2%20GM}{c^2}\frac{1}{\lambda}

 

avec G la cte de gravité, M la masse du Soleil, c la vitesse de la lumière, lambda la longueur d'onde du signal

 


Et si on dispose une antenne symétriquement dans le système distant on peut réaliser un "pont radio" qui fonctionne en communication montante et descendante :

 

http://hfr-rehost.net/self/pic/d889fe0c2cd2525ba15047fbca7ffaa7ca9695d5.png

 

Dans ce cas, les gains se multiplient et on peut émettre dans les conditions susdites avec la fabuleuse puissance de 0,1 mW !  [:briseparpaing]

 

http://hfr-rehost.net/self/pic/c72c9a4f34fbee06364de140951caceef84e7518.jpeg
Comme dit, dans le cas d'une arche ou d'une sonde en mouvement, par contre, cela ne marche qu'en communication descendante (de la source vers la Terre). Mais c'est déjà considérable.

 

edit : ok, images rehostées

 

source :
L'article de Maconne : Interstellar radio links enhanced by exploiting the Sun as a Gravitational Lens
Comptes rendus dans Centauri Dream :
The Gravitational Lens and Communications
Using the Sun’s Gravitational Lens for Interstellar Communications

 

a+


Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 13-06-2018 à 12:06:51

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°28163433
Witzard
Spé procrastination
Posté le 23-10-2011 à 18:12:23  profilanswer
 

Les images ne s'affichent pas, il faut être membre de futurama, essaye peut-être de les rehoster :jap:

n°28167544
lokilefour​be
Posté le 24-10-2011 à 02:14:23  profilanswer
 

Witzard a écrit :

Les images ne s'affichent pas, il faut être membre de futurama, essaye peut-être de les rehoster :jap:


Les images s'affichent très bien pour moi.


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mood
Publicité
Posté le 24-10-2011 à 02:14:23  profilanswer
 

n°28167845
Witzard
Spé procrastination
Posté le 24-10-2011 à 08:33:04  profilanswer
 

Ca marche maintenant qu'elles ont été rehostées [:gaga wink]

n°28187321
Profil sup​primé
Posté le 26-10-2011 à 00:11:07  answer
 

Hop ! J'ai une petite question sur le principe même d'arche interstellaire. En fait, ce mode de fonctionnement revient à parier sur le long terme, le choix de la patiente lenteur. Mais du coup, après un voyage de X centaines d'années, il serait envisageable que la 32eme génération des occupants de l'arche parvienne à atteindre une planète... déjà colonisée !  Car pendant tout ce temps les humains restés sur terre auraient trouvé un moyen de propulsion plus rapide !

 

Sinon quid de la cryogénisation / hibernation plutôt que le choix du renouvellement des générations de l'équipage ? Ça apporte tous les avantages inhérents à l'absence d'activité dans l'arche : pas besoin de tout oxygéner, pas besoin de lumière, pas un joule d'énergie gaspillé dans un but ludique. Il suffit juste d'une grosse source d'énergie, d'une bonne IA chargée de gérer tout le vaisseau et de réveiller ses occupants le moment venu. Les voyageurs en hibernation consommeraient moins, auraient moins de besoin. Et aucun risque de dérapage social (dispute, parano, solitude extrême). Tant qu'à l'hibernation elle-même, elle reposerait sur une suspension totale de l'organisme sans pour autant l'endommager, à la manière d'une marmotte qui hiberne !

n°28193050
Jareb
Posté le 26-10-2011 à 15:43:28  profilanswer
 

il me semble que le postulat au départ de l'arche c'est que ce soit réalisable avec des technologies actuelles, et non pas des technos qui relèvent encore de la science-fiction comme l'hibernation ou un quelconque "warpdrive"

n°28198784
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 26-10-2011 à 23:05:45  profilanswer
 


 
Ce qui n'a rien de dramatique en soi, en définitive. Vivre sur l'arche n'est pas un sacrifice, par définition du concept.
 
On peut également se dire que si un nouveau concept révolutionnaire permettant de voyager avec un meilleur rendement énergétique est trouvé, ce moyen peut être transmis à l'arche, qui reste en contact avec la Terre. Rien n'interdit en principe aux archonautes de s'approprier cette technologie et l'utiliser à leur profit si c'est possible.  
 

Citation :


Sinon quid de la cryogénisation / hibernation plutôt que le choix du renouvellement des générations de l'équipage ? Ça apporte tous les avantages inhérents à l'absence d'activité dans l'arche : pas besoin de tout oxygéner, pas besoin de lumière, pas un joule d'énergie gaspillé dans un but ludique. Il suffit juste d'une grosse source d'énergie, d'une bonne IA chargée de gérer tout le vaisseau et de réveiller ses occupants le moment venu. Les voyageurs en hibernation consommeraient moins, auraient moins de besoin. Et aucun risque de dérapage social (dispute, parano, solitude extrême). Tant qu'à l'hibernation elle-même, elle reposerait sur une suspension totale de l'organisme sans pour autant l'endommager, à la manière d'une marmotte qui hiberne !


 
L'hibernation pour réaliser ce que font les mammifères (réduire son métabolisme quelques mois) c'est peut être accessible. mais l'hibernation n'est pas une "suspension totale de l'organisme", le corps continue de vieillir, et le animaux hibernant ne sont pas particulièrement longévifs. Aller au delà, c'est à dire stopper le vieillissement pendant des siècles ça me semble hors de l'horizon technologique. Donc pour voyager à travers le système solaire éventuellement (je reste assez sceptique) mais pour franchir les espaces interstellaires ça me semble illusoire. S'endormir à vingt ans pour se réveiller dans le corps d'un octogénaires sans avoir rien vécu de sa vie ça me semble plutôt rude... Si on parle de cryogénisation et ce n'est pas du tout la même mayonnaise. On peut échauffer un corps à une vitesse arbitrairement élevée. Mais le refroidir rapidement c'est tout autre chose. Or s'il faut plus de qq seconde pour congeler, il se forme des cristaux qui endommagent les parois cellulaires.  
 
a+


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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°29575974
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 18-03-2012 à 11:33:24  profilanswer
 

Quel type de société serait une nation spatiale ?

 

A la lecture de L'Empire greco-latin de Paul Veyne je trouve au chapitre 2 "Pourquoi Socrate a-t-il refusé de s'évader ?" une mise en parallèle intéressante des sociétés antiques, médiévales et modernes.

 

Société moderne : on considère une population donnée sur un territoire donné. Il y a un Etat bien institué dont le rôle consiste à gérer cette population comme un garde forestier gère une population d'arbres. Il n'en est pas le propriétaire et n'agit pas pour son bien propre mais organise la communauté pour le bien être général et celui ci est conçu comme devant maximiser le bien être individuel qui est le but en fonction duquel sera jugé l'action de l'Etat. Le bonheur de la nation se voit en gros comme l'intégrale des bien être individuels.

 

Société médiévale : on considère une population sur un territoire qui sont la propriété d'un Roi dont le rôle consiste à exercer son métier de roi, qui consiste essentiellement en relation avec d'autres familles régnantes, en prélevant les richesses de son royaume. Le bon roi est celui qui "tond sans écorcher" et hors de ce prélèvement il n'organise pas la vie de ses sujets qui peuvent vivre comme bon leur semble, pourvu qu'ils lui donnent leur dus.

 

Société antique : il s'agit d'une cité, qui consiste moins en un territoire (ou une ville) qu'en une communauté, et celle ci n'est pas une simple population dont les contours seraient défini une fois pour toute. On définit une cité idéale comme on constitue une équipe de foot. Ce n'est pas un donné, comme dans la cité moderne. Le but est le fonctionnement optimal de ce tout organisé et non le bien être individuel en tant que tel. On rassemble les meilleurs, et on leur demande de s'exercer activement au métier politique, de même qu'on demande à un sportif de s'exercer en permanence, sacrifiant s'il le faut sa vie privée à l'atteinte d'un but supérieur. Il n'y a pas d'Etat séparé des citoyens, et agissant pour leur bien être. C'est la somme des vertus individuelles et non l'action avisée d'un Etat sur une population de citoyens conçus individuellement comme médiocres, qui fait le bonheur de la cité.

 

Une nation spatiale a donc des accointances profondes avec une cité antique, à commencer par le fondement qui est d'être sélectionné en fonction d'un but et de remplir une fonction. On pourrait appeler cela une citoyenneté fonctionnelle.

 

Nation spatiale
Art.4. Citoyenneté
Art.4.1 Sélection
Les citoyens de la Nation spatiale sont des citoyens volontaires issus des nations signataires, sélectionnés par une commission paritaire sur la base de leurs aptitudes à participer aux projets formés par la Nation spatiale.

 


Mais la citoyenneté antique incluait une inégalité fonctionnelle : de même qu'une équipe de foot ne donne pas la même part aux joueurs et au jardinier qui tond la pelouse, la cité antique concevait qu'une partie des citoyens travaillait pour que les meilleurs puissent exercer la fonction politique. Chaque citoyen devait avoir son bien foncier qui le nourrissait et avec lequel il avait peu ou prou la relation qui est celle du roi dans la société médiévale (il en prélève un produit pour vivre dans une aisance nécessaire à l'accomplissement de sa véritable fonction, il ne travaille pas à développer son bien et  n'organise pas son bien être).

 

Cette inégalité implique une guerre sociale latente et il faut donc concevoir un fonctionnement moderne (égalitaire) pour la nation spatiale. Chaque citoyen doit donc contribuer à son bonheur par le travail en plus de contribuer au bien être de la cité.

 

D'où un fonctionnement sur deux modes : on peut concevoir que chaque individu doit contribuer à une tâche communautaire qui lui donne la citoyenneté et un minimal social et qu'il puisse réserver une partie de son temps à une activité privée plus ou moins lucrative. La balance entre les deux est fixée in fine par la démographie : le périmètre de l'action communautaire est fixe ou peu s'en faut. Plus il y a de citoyens, plus la part privative peut s'étendre.

 

a+

  

Message cité 1 fois
Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 27-05-2012 à 17:35:18

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°29576261
Profil sup​primé
Posté le 18-03-2012 à 12:21:25  answer
 

Gilgamesh d'Uruk a écrit :

Citation :

Société moderne : on considère une population donnée sur un territoire donné. Il y a un Etat bien institué dont le rôle consiste à gérer cette population comme un garde forestier gère une population d'arbres. Il n'en est pas le propriétaire et n'agit pas pour son bien propre mais organise la communauté pour le bien être général et celui ci est conçu comme devant maximiser le bien être individuel qui est le but en fonction duquel sera jugé l'action de l'Etat. Le bonheur de la nation se voit en gros comme l'intégrale du bien être individuel.



 :lol: [:al zheimer] [:yems93] [:roxelay] [:zirk]  :whistle:  
 
C'est une perception largement idéalisée de notre civilisation moderne. Françafrique, assassins économiques, lobbys, fabrique du consentement, ect, c'est rarement pour le bien être "général", mais le plus souvent pour celui de quelques-uns, au détriment des autres.
 
Reste à espérer qu'une arche puisse fonctionner sur un principe plus intelligent que notre modèle contemporain...  :sweat:
 
Avouez qu'une arche, aujourd'hui, n'aurait aucune autre chance d'exister que pour des raisons militaires, et/ou scientifiques, mais nous concernant, nous la population, l'intérêt ne peut être que commercial, aux yeux des administrateurs ($$$). Ce n'est pas ce que j'appelle l'intérêt général...

Message cité 2 fois
Message édité par Profil supprimé le 18-03-2012 à 12:57:22
n°29577915
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 18-03-2012 à 16:20:57  profilanswer
 

 

Pas "largement" idéalisée : idéalisée tout court.

 

Ça forme le substrat théorique de la légitimation de l'Etat : c'est la fonction que ses représentants assument, c'est ce que nous voulons qu'ils fassent et  c'est en fonction de ça qu'on juge le fonctionnement des institutions.

 

C'est pareil que la Déclaration des Droits de l'Homme : Tous les hommes naissent libres et égaux en droit. Quel que soit le niveau des inégalités et des asservissements réels, le principe reste valable.

 
Citation :


Reste à espérer qu'une arche puisse fonctionner sur un principe plus intelligent que notre modèle contemporain...  :sweat:

 

Le principe est autre parce que la société est fonctionnelle mais l'idée n'est pas de faire une société idéale (au sens de plus proche de la perfection).

 
Citation :


Avouez qu'une arche, aujourd'hui, n'aurait aucune autre chance d'exister que pour des raisons militaires, et/ou scientifiques, mais nous concernant, nous la population, l'intérêt ne peut être que commercial, aux yeux des administrateurs ($$$). Ce n'est pas ce que j'appelle l'intérêt général...

 

Non, aucune chance que l'ensemble de l'aventure corresponde à un but militaire, commercial ou même scientifique. Ou seulement dans la première phase, lors de l'ascension vers l'autonomie de la Nation spatiale.

 

a+


Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 06-06-2012 à 16:46:42

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30395439
Kromsson
Low Frequency Version
Posté le 27-05-2012 à 15:21:02  profilanswer
 


 
Le mec qui se trompe de débat.

n°30474412
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 03-06-2012 à 11:49:20  profilanswer
 

Au sujet de l'utilisation du Soleil comme lentille gravitationnelle, j'avais mal lu : tous les points situés sur la ligne passant par le centre de la lentille (le Soleil) et le point focal) au dela du point focal bénéficient de l'effet de focalisation.

 

La précision du positionnement est donc importante uniquement sur 2 axes et surtout, logiquement ça marche dans les deux sens : il devrait être possible d'avoir un communication montante (Terre -> Arche) à haut gain  [:canaille]

 

http://hfr-rehost.net/self/pic/00fb4a71fbbf182812fe09ab91c90d7b734462c0.png


Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 03-06-2012 à 11:53:38

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30505162
ash ray cu​re
Life is a bitch
Posté le 05-06-2012 à 20:39:45  profilanswer
 

Du coup, quel débit depuis Alpha du Centaure ? :D
 
Et sinon, quand est-ce que tu écris un bouquin qui raconterait comment est décidé la construction de l'arche, la construction elle-même, puis le voyage avec ses différentes phases, etc... ? :D
Avec tout ce que tu as développé, il doit y avoir une sacré base pour faire un bon roman de hard SF, non ? [:nico54]  
(je l'achète de suite :o)

n°30506882
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 05-06-2012 à 22:46:21  profilanswer
 

ash ray cure a écrit :

Du coup, quel débit depuis Alpha du Centaure ? :D


 
Le même, par construction. C'est juste qu'on a une "demi-droite" focale, pas un point.
 

ash ray cure a écrit :


Et sinon, quand est-ce que tu écris un bouquin qui raconterait comment est décidé la construction de l'arche, la construction elle-même, puis le voyage avec ses différentes phases, etc... ? :D
Avec tout ce que tu as développé, il doit y avoir une sacré base pour faire un bon roman de hard SF, non ? [:nico54]  
(je l'achète de suite :o)


 
J'ai commencé, je ne sais pas si je finirais. Le truc c'est qu'un bon roman c'est d'abord un bon ressort dramatique : la paysage est secondaire. Pour prendre un exemple dans la grande littérature et du même grand auteur, Madame Bovary est mille fois plus passionnante que Salambo, alors que d'un point de vue romanesque Salambo a tout pour être "grand spectacle". D'un autre côté je me dis que j'ai lu des truc d'auteurs de SF réputés qui sont d'une nullité (dans l'intrigue, les personnages, la crédibilité scientifique, etc) qui me laisse assez baba (concernant tout spécialement le voyage interstellaire, par exemple : 'Pour une autre Terre' aka 'Rogue Ship', 1965 de Van Vogt) et que j'ai trop de scrupule mais bon, on écrit pour dire ce qu'on a envie de dire, pas pour faire genre. Je pense que c'est plus mûr pour un essai.
 
a+

Message cité 1 fois
Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 05-06-2012 à 22:48:53

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30507335
Wdralf
Posté le 05-06-2012 à 23:23:48  profilanswer
 

Ce topic me fait un peu penser au "papillon des étoiles" de Werber: un voilier solaire pour aller sur une autre planète habitable.

n°30507567
ash ray cu​re
Life is a bitch
Posté le 06-06-2012 à 00:02:07  profilanswer
 

Gilgamesh d'Uruk a écrit :

 

Le même, par construction. C'est juste qu'on a une "demi-droite" focale, pas un point.


Arf oui, j'avais mal compris :jap:

Gilgamesh d'Uruk a écrit :


J'ai commencé, je ne sais pas si je finirais. Le truc c'est qu'un bon roman c'est d'abord un bon ressort dramatique : la paysage est secondaire. Pour prendre un exemple dans la grande littérature et du même grand auteur, Madame Bovary est mille fois plus passionnante que Salambo, alors que d'un point de vue romanesque Salambo a tout pour être "grand spectacle". D'un autre côté je me dis que j'ai lu des truc d'auteurs de SF réputés qui sont d'une nullité (dans l'intrigue, les personnages, la crédibilité scientifique, etc) qui me laisse assez baba (concernant tout spécialement le voyage interstellaire, par exemple : 'Pour une autre Terre' aka 'Rogue Ship', 1965 de Van Vogt) et que j'ai trop de scrupule mais bon, on écrit pour dire ce qu'on a envie de dire, pas pour faire genre. Je pense que c'est plus mûr pour un essai.

 

a+


Oué forcément, sans l'histoire qui va bien mêmes les meilleurs concepts ne feront pas un bon roman. :D
N'empêche qu'avec tout le boulot de recherche que t'as fait, et vu comment la (les en fait) lecture de ce topic m'a fait rêver, j'adorerais lire un bouquin basé sur ton arche :D

Wdralf a écrit :

Ce topic me fait un peu penser au "papillon des étoiles" de Werber: un voilier solaire pour aller sur une autre planète habitable.


Sauf que l'arche de Gilga est scientifiquement crédible, elle :o

Message cité 1 fois
Message édité par ash ray cure le 06-06-2012 à 00:05:53
n°30511988
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 06-06-2012 à 13:44:31  profilanswer
 

Wdralf a écrit :

Ce topic me fait un peu penser au "papillon des étoiles" de Werber: un voilier solaire pour aller sur une autre planète habitable.


 
Non, pas Werber...
 
 
pitié
 
 
 
 
 [:the real moins moins]


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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30512023
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 06-06-2012 à 13:47:07  profilanswer
 


 

ash ray cure a écrit :


Oué forcément, sans l'histoire qui va bien mêmes les meilleurs concepts ne feront pas un bon roman. :D
N'empêche qu'avec tout le boulot de recherche que t'as fait, et vu comment la (les en fait) lecture de ce topic m'a fait rêver, j'adorerais lire un bouquin basé sur ton arche :D


 
Remarque je peux commencer à publier ce que j'ai fait ici [:canaille]  
Bon, c'est juste un bout d'histoire mais ça peut peut être me relancer


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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30514548
ash ray cu​re
Life is a bitch
Posté le 06-06-2012 à 16:23:49  profilanswer
 

Mais ouaye, carrément :D

n°30515930
Jareb
Posté le 06-06-2012 à 17:56:07  profilanswer
 

si vous cherchez un peu de lecture du coté des romans de SF et qui ont un rapport plus ou moins proche avec le sujet, il y a toujours les Arthur C. Clarke comme classiques avec comme titres :  
- Rendez-vous avec Rama(et les suites)
- Chants de la terre lointaine
 

n°30516272
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 06-06-2012 à 18:19:30  profilanswer
 

Jareb a écrit :

si vous cherchez un peu de lecture du coté des romans de SF et qui ont un rapport plus ou moins proche avec le sujet, il y a toujours les Arthur C. Clarke comme classiques avec comme titres :
- Rendez-vous avec Rama(et les suites)
- Chants de la terre lointaine

 


 

Je n'ai pas lu mais je connais la thématique. La grosse différence qui m'empêche de m'inspirer de ce type de littérature c'est que dans ces cas là, le romancier a procédé dans l'ordre : il trouve un ressort dramatique bien costaux (genre : destruction du système solaire...) et APRES il fabrique le vaisseau, la technologie, le trajet, etc qui vont bien pour tricoter son intrigue.

 

Là mon présupposé de départ c'est que ce sont des gens normaux partant d'une Terre normale, qui voyagent normalement dans un vaisseau le plus normal possible. L'intrigue ne doit pas détricoter tout ça et je dois chercher ailleurs.

Message cité 1 fois
Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 06-06-2012 à 18:24:38

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30516277
ash ray cu​re
Life is a bitch
Posté le 06-06-2012 à 18:19:54  profilanswer
 

Autant j'ai adoré Rendez-vous avez Rama, autant les suites (enfin, là, je me suis arrêté au second), j'ai détesté. Et encore, le mot est faible :o
Chants de la Terre lointaine, je connaissais pas, je vais me renseigner :D

n°30516571
SekYo
Posté le 06-06-2012 à 18:36:21  profilanswer
 

Gilgamesh d'Uruk a écrit :

Je n'ai pas lu mais je connais la thématique. La grosse différence qui m'empêche de m'inspirer de ce type de littérature c'est que dans ces cas là, le romancier a procédé dans l'ordre : il trouve un ressort dramatique bien costaux (genre : destruction du système solaire...) et APRES il fabrique le vaisseau, la technologie, le trajet, etc qui vont bien pour tricoter son intrigue.  
 
Là mon présupposé de départ c'est que ce sont des gens normaux partant d'une Terre normale, qui voyagent normalement dans un vaisseau le plus normal possible. L'intrigue ne doit pas détricoter tout ça et je dois chercher ailleurs.


J'imagine que tu as lu la trilogie Mars la Rouge, la Verte et la Bleue ? C'est pas tout à fait un vaisseau spatial, mais dans le genre Hard SF avec un scénario qui finalement sert plus de prétexte a décrire l'environnement, c'est pas mal.

n°30516835
ash ray cu​re
Life is a bitch
Posté le 06-06-2012 à 18:49:46  profilanswer
 

:jap:
Par contre Robinson a un peu "triché", dans le sens ou certains de ses persos sont âgés de plusieurs centaines d'années à la fin.
C'est compréhensible dans le sens ou pour garder une histoire cohérente, avec des relations entre les personnages c'était certainement le plus simple.
 
Mais là dessus, à part séparer en plusieurs tomes représentant les principales étapes et chacun ayant ses héros, je vois pas trop comment Gilga pourrait faire :D

n°30519568
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 06-06-2012 à 22:09:20  profilanswer
 

Mars "RVB" de réputation c'est vrai que ça semble assez proche de mes velléités de "roman hard SF" mais j'ai pas lu.

 

Bon je vide les stocks, y'aura un peu de tout.

 

Un petit bout d'essais tout d'abord.

 


Sur la distance...

 

Lorsque l’on explore le contenu de l’Univers en partant des plus petites structures connues (les particules subatomiques) pour aller vers les plus  grandes, on rencontre une succession plus ou moins dense de structures émergentes. J’appelle forêt une succession d’échelles spatiales consécutives où, d’une puissance de dix à la suivante, la Nature offre à l’œil des formes toujours nouvelles et denses d’organisation. Et désert une plage monotone où, d’un ordre de grandeur à l’autre, rien ne change, de sorte qu’on ne saurait déceler du premier coup d’œil à quelle échelle on a affaire.

 

A l’échelle du mètre (de 1 à 100 m) par exemple nous avons l’homme, ses artefacts technologiques et une multitude d’animaux et de plantes macroscopiques. Une photographie de l’environnement à cette échelle métrique est immédiatement reconnaissable. La forêt de structure qui commence à l'homme s’étend vers le bas sur dix ordres de grandeurs : jusqu’à 10-10 mètre on rencontre à chaque étape de nouvelles formes, qu’elles soient vivantes ou non : petits vertébrés décimétriques (10-1 m), insectes centimétriques à millimétriques (10-2 à 3 m), et ceci sans interruption jusqu’aux bactéries micrométriques (10-6 m), aux molécules nanométriques (10-9 m) pour finir à l’atome (10-10 m). Ici s’interrompt cette forêt qui est la nôtre et on aborde un désert subatomique, large de cinq ordres de grandeur. De l’atome au noyau de l’atome on ne rencontre en effet aucune structure remarquable. La Nature reprend racine à l’échelle du fermi (10-15 m) et s’étend vers le bas sur une  largeur inconnue. Il se pourrait qu’il ne s’agisse que d’une simple lisière bordant un Grand Désert qui s’étendrait jusqu’à l’échelle de Planck (10-35 m). Mais laissons cela pour remonter à notre échelle et poursuivre au-delà afin d’évaluer la largeur totale de notre forêt. Jusqu’à 10^7 mètres (soit dix mille kilomètres)  nous sommes sur Terre, où nous rencontrons à chaque étape des structures caractéristiques : fleuves, forêts, montagnes, continents, océans, manteau et noyau planétaire. A l’ordre supérieure nous avons le système Terre - Lune, puis le Système Solaire tout entier qui forme une structure originale. La taille totale du système solaire est délicate à fixer ; on s’arrête usuellement à l’enveloppe formant « l’atmosphère » du système, l’héliosphère, c'est-à-dire le volume sculpté par le vent solaire soufflant vers l'extérieur et repoussant le flux de particules du milieu interstellaire. Cela porte la lisière de notre forêt à environ cent unités astronomiques (10^13 m). Au delà s’étend un nouveau désert sur quatre ordres de grandeurs, ce qui nous mène à une dizaine d’années-lumière (10^18 m), distance typique séparant les étoiles dans notre environnement galactique. Au désert subatomique du dedans répond le désert interstellaire alentour. La grande forêt de vingt quatre ordres de grandeurs, dont nous occupons le mitan, nous emmitoufle dans son océan de matière dense.

 

L'Homme a t'il pour destin de vivre dans sa forêt pour toujours ou se doit-il d'en sortir un jour  ?

 


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je vais essayer de faire un petit bout cohérent par soir jusqu'à épuisement


Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 06-06-2012 à 22:25:05

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30520599
Schimz
Bouge pas, meurs, ressuscite !
Posté le 06-06-2012 à 23:43:14  profilanswer
 

SekYo a écrit :


prétexte a décrire l'environnement


Il faut une bonne carte de Mars (nirgal.net) sinon c'est vite relou.
 
 


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çà s'est HFR | Music for the Galaxy
n°30532391
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 07-06-2012 à 22:40:24  profilanswer
 

La mort d’Anki

 

Ce soir, le capteur du bouclier d’eau a enregistré un choc. On était à la troisième nuit de veille de la compagnie. Alijaian, premier capitaine de quart, lut les deux lignes qui s’affichaient sur le cadran central ; son poing s’abattit sur le pupitre et déclencha le réveil. Linen et ses camarades ouvrirent les yeux dans l’atmosphère rougie par le signal lumineux de l’alerte. Il retira la bague d’oreille qui l’avait éveillé. Il y avait cinq navettes dehors, laquelle était-ce ? D’un coup de paume sur la poitrine, il se dégagea des sangles qui le maintenaient durant son sommeil, pour se diriger en apesanteur vers la sortie, en slalomant autour des corps pesants, grognant, des douze hommes et femmes. Personne ne parlait, ou seulement à voix basse. Personne ne commentait, on attendait de savoir. Dans le local des tenues, ils virent l’alerte affichée. La N2 n’était plus sur son câble, elle avait déclenché ses propulseurs d’urgence pour s’extraire de la zone irradiée. Défaut dans le bouclier d’eau. Linen ferma les yeux comme assommé. Pourquoi la N2, Annunakis ? Pourquoi avez-vous pris la N2 ? Dans le noir de ses pensées, il les vit, les six dedans, tels qu’ils étaient la veille. Il y avait en général des survivants. Il y avait eu des survivants. Le mois dernier, Etam et Jamil avaient bien tenu sans protection dans le quartier arrière ; mais ils transportaient de l’eau et le réservoir avait stoppé le flux gamma. N2 était une navette sèche. Alijaian distribuait ses ordres.

 

- Tenue complète pour la première section, les autres à la cellule médicale. Pilote Halim, navette 8. Linen, copilote, vous prenez les six autocivières. Le reste avec le médecin Holtz, Pilote Kelt et moi-même, navette 6. En haut dans dix minutes.

 

Linen tendit les bras vers son coin tenue et enfonça les bras le plus loin possible dans les manches du scaphandre. La tenue rigide se referma sur son dos dans un chuintement. Il baissa la tête et bascula son casque tout en faisant machinalement tous les petits mouvements du corps appris à l’instruction afin d’éviter les plis dans la doublure. Il clipsa le casque sur sa nuque et tourna la tête pour chercher Halim des yeux de l’autre côté du vestiaire. Halim l’avait déjà rejoint de ce côté ci. Linen attrapa le regard qu’il fixait sur lui, dans les reflets de la visière, avant qu’il ne le prenne par l’épaule, doucement, avec la fermeté nécessaire pour accélérer le mouvement de son corps flottant. De son autre main, il lui tendit la plaquette de copilote. Il était plus âgé que lui, de cinq ans et c’était la troisième fois qu’il servait dans la station. Alijaian lui avait fait une fleur en le confiant à lui. Mais Linen connaissait la vraie raison de le faire voyager à part du reste de la section.
Ils se glissèrent hors du vestiaire pour s’engager vers le quai des navettes. A travers la fenêtre du sas, Linen vit le corps oblong et massif de l'engin attendre dans le vide, l’arrière connecté au sas, porte grande ouverte.
 
- Tu surveilles la porte et tu viens me rejoindre.
 
De l’avant, Halim déclencha la fermeture, allongé vers la console, sans même attendre de s’installer, et la lourde porte bascula pour se verrouiller sur le corps de l’engin, comme un œuf qui se reforme. Linen vérifia rapidement les huit points de fermeture et l’indicateur de remplissage d’eau. Puis il franchit l’espace des passagers, formé de banquettes en vis-à-vis, pour prendre place à côté de son pilote, déjà sanglé, l’ombilic d’eau connecté au scaphandre. Halim le regarda s’installer, la tête appuyée sur la paroi. Il y eu une minute d’attente ; le reste de la section prenait place dans l’autre navette. Ça ne valait même pas la peine de parler. Ils regardaient haut et loin devant eux, suivant des yeux les trois câbles de carbone-aluminium colorés d’un jaune vif que l’effet de perspective confondait au loin, à l’emplacement du quai de réception. On devinait la station, tout là-haut, à l’extrémité du bouclier d’eau qui les surplombait avec un angle de 60° vers l’avant. Sous ce ciel rassurant, baissant les yeux, ils distinguaient le fleuve calme de l’Arche qui roulait devant eux sur dix kilomètres de largeur, jetant deci, delà, l’éclat filant d’une passerelle de circulation. Tout était noir et paisible de ce côté-ci du monde : la paroi, l’espace, l’Arche. Mais à dix mètres d’eux, de l’autre côté du bouclier, le monde éclatait du féroce éclat de la corolle motrice.

 

La voie calme de Alijaian leur parvient enfin.

 

- On y va ! Halim, vous suivez. Laissez 100 mètres.

 

L’instant d’après, Linen vit le gros œuf de la N6 glisser sur le quai devant eux, et refermer sur les trois câbles les poings de ses moteurs électromagnétiques au bout de ses bras disposés en étoiles. Il y eut un temps de mise en charge puis la cabine se propulsa vers le haut. Halim attendit cinq secondes bien comptées et engagea la navette à son tour. Durant les deux minutes du trajet, écrasé sur son siège Linen se représenta brutalement qu’ils allaient risquer leur vie. De là-haut, occupant tout le champ, il verrait l’immense fleur de plasma, constellée de puissance. La Corolle.

 

Il l’avait déjà fait, il était déjà passé dans la zone irradiée. Ils étaient des milliers à le faire chaque semaine, à l’entraînement. Ils avaient les chefs qu’il fallait, le matériel qu’il fallait. Mais réfugié dans leurs coquilles d’eau, jetés dans cet espace balayé du flux lumineux gigantesque qui émanait de la Corolle, on se sentait comme une mouche prise dans un brasier. Il y avait un état d’esprit à prendre qui à son avis manquait à la formation de motoriste. La moindre fuite dans la cuirasse d’eau et le monstre passait son poing mortel et invisible dans l’habitacle, traversant le corps et bouillant les chairs. On retrouvait les malheureux, aveuglés, délirant, pour ceux à qui il restait un fragment de conscience, les chairs calcinées dans leur scaphandre ballonné par l’injection d’urgence d’eau dans la doublure externe. Linen tata machinalement l’ombilic sur la hanche, qui le reliait à la paroi. Puis il ferma les yeux, rendu par ce geste à la réalité de l’instant. Non, il fallait que l’ombilic serve bien à quelque chose, il le fallait. Il se sentait très bête de ne pouvoir contrôler ses pensées en un moment pareil.

 

Ils freinaient. Le quai fragile avançait en haut du bouclier et les deux navettes s’engagèrent puis se déboutonnèrent des câbles pour se diriger vers les deux sas. C’était une petite station, destinée au transit vers la corolle et ne pouvant accueillir que deux navettes en entrée. En temps normal, les navettes complétaient ici leur protection puis la station pivotait pour les jeter dans la fournaise. Ils restèrent prudemment ancrés à la zone d'accès, le transpondeur situait leur proie de ce côté-là. La N2 flottait dans l’ombre, éjectée au-delà du bouclier par ses propulseurs déclenchés en urgence. Linen souffla, se sentant secrètement lâche et idiot. Mais non, ils n’allaient pas en zone irradiée ! N2 les attendait, dans le noir. Il n’avait rien compris à ce qui les attendait, pire, il ne s’en était pas souvenu, obsédé qu’il était de ce qu’ils allaient découvrir.

 

En une manœuvre, ils prirent une impulsion d’envol et foncèrent vers leur proie, dirigés par les robots de guidage. C’était le moment de grâce qui faisait courir des frissons, à se conformer sans contrôle à l’intelligence pilote de la navette, dans le vide. Ils tombèrent dessus en file indienne dans les ténèbres

 

Il n’y avait pas de survivant, comme la dernière fois. L’équipage de la N6 pénétrant en premier affronta l’intérieur dévasté, la vapeur qui s’échappait furieusement de l’habitacle, l’eau bouillante à l’intérieur et la grimace de la mort dans la lumière rouge sur ces corps fauchés par le rayonnement. Les boîtes noires seules révèleraient ce qui s’était passé. Il fallait maintenant ramener le vaisseau pour son dernier voyage. Quel que soit son état, la navette d’un équipage mort partait avec lui. Elle serait enfouie pour ne laisser paraître que son bord découpé dans un coin du cimetière. L’équipage prendrait place au centre. Dans l’Hexagone Sacré, occupant tout le sixième sud dirigé vers la corolle, deux cent vingt cinq coques reposaient avec les corps de deux générations d’équipages.

 

Les constats faits, on laissa le médecin de la section et un assistant dans le vaisseau mort, le reste de la section rembarqua et la navette se désaccoupla pour prendre place à l’avant. Linen et Halim s’abouchèrent à leur tour au sas et pour y faire passer les autocivières de soin automatique. A défaut de les ramener à la vie, elles les accueilleraient les premières pour leur dernier voyage. Halim lui ordonna de rester aux commandes la navette. Ce n’était pas absolument nécessaire ; Linen n’eut pas le courage de protester. Cinq minutes après Halim revenait à bord et Linen désengagea la navette pour se placer à l’arrière. C’était la troisième fois seulement qu’il pilotait en intervention réelle. Le système d’attelage se verrouilla et les autopilotes accordés des deux navettes déclenchèrent les propulseurs pour convoyer le vaisseau vers la station de transit comme deux brancardiers convoyant un blessé. Ils reprirent les câbles, et redescendirent, toujours enserrant la N2. Alijaian démobilisa la cellule médicale qui attendait pour porter les soins de deuxième niveau à d’éventuels survivants. C’était inutile désormais. Ils se rendaient directement à l’hôpital 0G où l’on se préparait pour recevoir les corps.

 

Dépassée la station du départ, le cône tronqué du bouclier se transformait en un vaste disque qui comblait le centre de la corolle motrice, protégeant l’Arche du rayonnement oblique tombant des pétales. Le Mât central, formé de douze immenses tubes cintrés qui transmettaient la poussée de la corolle aux paliers centraux, transperçait en son centre le disque du bouclier. Sur chacune de ces poutres creuses, aboutissait une ligne de câble semblable à celle qu’ils empruntaient. Au point d’ancrage, un sas rond était aménagé pour passer du vide vers l’intérieur pressurisé. Ses bords s’épaississaient en un bourrelet fuselé qui rattrapait la mégatonne de poussée comprimant le tube. L’ensemble faisait penser à un œil. Ils quittèrent leur câble et l’attelage se défit pour permettre à chaque navette de plonger individuellement par la pupille du sas qui les faisait passer en un double battement de ses paupières mobiles vers le milieu intérieur. On était dedans. Après avoir ôté son casque chaque homme d’équipage levait la tête pour pousser le soupir rituel, expirant le souffle vital, que l’on retenait dans le vide, pour le redonner à la précieuse atmosphère.

 

L’attelage se reforma et ils reprirent les câbles pour franchir les cinq kilomètres qui les conduiraient au Moyeu. Au bout du trajet, un autre œil s’ouvrait, ils le franchirent à pleine vitesse pour émerger dans un hall torique. D’ici, on passait de la poutre statique au Moyeu en rotation. Le dessus dessous comme on l’appelait familièrement. Arrivant au centre, ils se situaient en fait au sommet de l’Arche dans laquelle ils pénétraient. Le plafond du tunnel devenait le plancher où l’on s’enfonçait pour descendre vers la périphérie du Moyeu. Comme Dante Alighieri quittant l’antre infernal sur la hanche de Lucifer, au centre exact de la Terre, pour rejoindre le Purgatoire de l’autre côté du globe, on vivait à cet endroit l’intéressante expérience sensorielle de basculer de la verticalité à 180°. Les navettes empruntèrent l’une après l’autre un rail circulaire et se laissèrent attraper les flancs par quatre poteaux carrés encadrant l’ouverture pratiquée dans le plafond qui tournait au-dessus de leur tête. Une fois arrimées elles se laissaient glisser en s’aidant des moteurs. On ne sentait au départ aucune pesanteur et le jeu quand on était de bonne humeur c’était de se regarder et de s’amuser à ressentir le l’infinitésimale force qui commençait de s’imprimer en soi. Dans le Moyeu, on ne ressentait au maximum que le dixième de son poids et en moyenne le vingtième. C’était peu mais suffisant pour augmenter notablement le confort de vie tout en facilitant toutes sortes d’industries. Ils se placèrent en marge d’un immense ascenseur dans la cage duquel circulaient des unités fonctionnelles dans leur entier. A quai, la cellule d’urgence médicale les attendait pour prendre en charge les corps et les mener en bas. Dans le bloc équipé, on pouvait tenir à 50 sans se gêner, soignant et équipages. Le medchir d’urgence et son équipe les attendaient en buvant un thé, tous avec l’air grave et rassis de praticiens expérimentés. Le convoi se défit et les soignants prirent les six corps sur les civières automatiques, accompagné du médecin et de son assistant. Alijaian pris la section pour le remisage des navettes et dit aux deux pilotes :

 

- Halim et Linen, vous les suivez.

 

Linen, avant, venez, j’ai à vous parler.

 

Linen se doutait bien de quoi et le redoutait. Au moins, c’était au Capitaine Alijaian qu’il avait à faire ; Linen l’aimait bien, cette femme. Et, pensait-il, c’était réciproque. Linen se disait qu’elle devait l’avoir dans l’œil ; c’était devenue matière à plaisanterie et faisait courir un sourire entendu à toute la chambrée quand le sujet était évoqué.

 

- Linen, je passerais vous voir après : toi, l’Archame Lela et ta soeur Celi, tu veux bien ?

 

Il acquiesça gravement en baissant les yeux. Pour sûr qu’il voulait bien. Mais cela fit remonter l’énorme bouffée de sentiments qu’il s’efforçait de contenir depuis que l’alarme avait sonné. Il se contenait à toute force pour ne pas s’effondrer devant elle. Elle le vit bien et hocha légèrement la tête pour lui reprocher cette coquetterie de mâle.

 

- Oh, je pleurerais moi aussi avec vous après, et longtemps tu sais ? Tu peux prendre de l’avance si tu veux, vas.

 

Linen lui adressa un long regard vexé et reconnaissant à la fois, acquiesça à nouveau en retenant son souffle. Elle reprit.

 

- Linen, ce sera à toi de leur annoncer. Elles sont en bas, tu sais ? Oui, il savait. Elles savent qu’une navette s’est décrochée, mais elles ne savent pas laquelle. Il le savait aussi. Linen, je n’ai pas voulu que tu voies les corps mais… Ils sont comme d’habitude, tu sais. Elle reprit sa respiration. Il a pris 10 mégawatts.secondes. Je ne voulais pas que tu le voies avant de l’avoir vu moi-même. Je sais ce que vous étiez l’un pour l’autre.

 

Linen leva la tête.

 

- Vous avez dit au Pilote Halim de me tenir aux commandes pendant qu’on posait les corps dans les autocivières ?

 

- Non, ne crois pas ça. Il a pris mon exemple sans que je lui demande, voila tout. Et il a très bien jugé. Tu verras les corps en bas, c’est bien assez tôt et la mission a été menée sans accroc.
Elle le regarda. Tu voulais vraiment le voir dedans ?

 

- J’aurais pu… J’aurais aimé faire les premiers gestes, le placer dans la civière…

 

- Oui, tu aurais pu. Pardonne-nous d’avoir pris cette décision pour toi. S’il n’y avait pas eu autre chose, tu aurais été en première ligne, mais…

 

Elle le rassurait dans sa propre incertitude. Il n’avait pas osé protester. En un sens, laisser un pilote aux commandes à l’arrimage se justifiait dans une procédure de sécurité strictement comprise. Mais il aurait du tout de même y aller. S’il avait montré qu’il le voulait, Halim l’aurait pris avec lui. Pour la seconde fois, il se sentait lâche

 

- … Mais j’ai une mission plus importante à te confier. Linen, ces morts sont importants pour nous.

 

Elle disait nous, c’était ce nous collectif, la Nation. Elle se reprit.

 

- Oublie ce nous. Je vais être très franche. Je vais être mise à l’épreuve, tu le sais. J’ai perdu six hommes et c’est de ma faute.

 

- Capitaine Alijaian, je ne laisserai personne dire cela.

 

Elle le regarda de ce coup d’œil et ce pincement des lèvres qu’il aimait tant chez elle, cette façon de dire « tu oserais ? » à la fois malicieuse et confiante. Elle reprit son souffle ; il se figura brièvement qu’elle aussi subissait l’épreuve et que la confiance qui lui manifestait était bienvenue.

 

- Merci, mais je ne te demande pas de militer. C’est de ma faute parce que c’est ainsi. C’est ce qu’on dira et c’est à moi de me défendre. Mais je veux que ça se passe bien avec les familles. C’était ton ami et c’est presque ta famille en bas.

 

- Pas « presque ». C’est ma famille. La seule que j’ai.

 

- Oui, pardonne-moi, oui. Les autres familles seront informées par moi-même, j’irais les voir personnellement, mais ta famille travaille au H0G. Ils seront peut-être sur le quai et apprendront la nouvelle en voyant les corps. Et je ne peux pas descendre maintenant. Elle fit un signe de tête pour désigner le reste de la section qui attendait derrière.

 

C’est à toi de le faire, de toutes les façons, quoi que je te dise. Mais je voulais que tu saches que je te confie cela.

 

Il acquiesça d’un rapide regard et rejoignit la cabine, qui s’en allait.

 

Il s’installa à côté de Halim en collant le haut de son dos contre la cloison. Les microvillosités des deux surfaces s’agrippèrent et le maintinrent fermement. Devant eux, les six sarcophages s’alignaient autour desquels l’équipe médicale s’affairait comme une poignée d’insectes calmes, s’emparant de ces restes dont personne ne voulait plus. On injectait de l’air dans la doublure de la tenue pour en chasser toute l’eau et Linen détourna les yeux du spectacle obscène de ces baleineaux échoués qui gonflaient comme pris par la fermentation. Cela ne dura qu’une minute puis les combinaisons retombèrent sur les corps comme des linceuls. Linen contempla cette ultime expiration, les yeux dans le vide, fasciné. Un brusque hoquet de détresse se bloqua dans sa poitrine. Il lui semblait que c’était sa vie à lui s’en allait dans ce dernier souffle mécanique. Tous les instants de son enfance, toutes les courses sur l’océan, toutes les baignades dans le fleuve, toutes les balades sous le soleil, tous les fluides doux et lumineux qui le baignaient depuis sa naissance fuyaient maintenant par le tuyau de vidange, avec un bruit rauque. Cela ne faisait que trois mois qu’il avait quitté le sol pour rejoindre sa section, et l’Arche lui semblait un monde lointain, une abstraction douloureusement incompréhensible dans le souvenir.

 

Il y a trois mois, avec cent cinquante futurs étudiants il sautait du Moyeu en planeur, à 4500 mètres d’altitude, pour fêter leur admission à l'académie des Systèmes Vivants. Comme une volée d’oiseaux migrateurs ils avaient tournoyé, rasant le fuseau solaire en deux longues files en V qui enroulaient une double spirale autour du Moyeu. Pendant dix minutes, ils étaient les rois, applaudis au sol par le peuple ravi qui clignait des yeux pour les apercevoir, eux contemplant avec des cris de victoire leur futur domaine. Ils étaient les fils du soleil, couronnés par sa lumière si proche, et fils du vent qui surgissait dans les oreilles quand la pesanteur s’emparait enfin d’eux pour les mener au sol.

 

Voler, noble Art de l’Arche. Noble Art. Son Art. Linen était pilote depuis ses 16 ans, il était précoce et doué à ces jeux dans l’air. C’est lui qui entraînait Anki et, pendant des heures, ils se baladaient en copilotage, prenant le Câble interne vers le Moyeu avec leurs appareils et en chutant jusqu’à trois fois par jour. En ce jour d’alors, c’était la Déferlante, la chute de toute la promotion en planeur individuel. Il était seul dans son appareil fétiche et libre comme jamais Il se sentait bien. Grant’An se dit Linen : et pourtant, je ne me souviens plus de ce que j’étais à moment là. Etait-ce possible ? Il se revoyait de l’extérieur comme au travers d’un carreau poussiéreux, avec un regard presque lassé. Il contemplait le Linen amoureux de tout, de rien, pleinement vivant qui en rajoutait dans l’ivresse de voler, comme un coq, débrayant le système de pilotage pour s’éloigner et se rapprocher de la file des planeurs qui s’égrenaient dans le ciel avec les acrobaties d’un chien de berger. Aujourd’hui, Anki est mort. Anki qui se précipitait vers lui dès l’atterrissage, dans la Grande Prairie du 120°W, pour « lui mettre sa raclée » parce qu’il avait osé lui couper la route, et les grandes bourrades qu’ils se lançaient en hurlant « Enlil ! Seigneur des Vents ! », en gueulant comme des perdus. Son frère Anki avec qui il avait grandi depuis ses sept ans, quand ses propres parents et son père à lui avaient disparu. Anki était mort sans lui. Il avait dû hurler jusqu’à ce que son cerveau ne coagule quand le brutal échauffement avait mordu sa chair. Anki, aussi beau que sa sœur et qui faisait une tête de plus que tout le monde. Anki ne ressemblait plus à rien et plus rien ne ressemblait à rien. Les larmes qui noyaient ses yeux grands ouverts lui semblaient une grande miséricorde pour ne plus rien voir.


Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 07-06-2012 à 22:53:18

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30532794
ash ray cu​re
Life is a bitch
Posté le 07-06-2012 à 23:08:59  profilanswer
 

Encore  :love:  
 
Par contre 225 navettes perdues en 2 générations, ça fait beaucoup, non ? :D
Y'aura assez de matériaux pour les reconstruire à ce rythme ? (et de place pour stocker les épaves ?)

n°30533724
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 08-06-2012 à 01:31:59  profilanswer
 

ash ray cure a écrit :

Encore  :love:  
 
Par contre 225 navettes perdues en 2 générations, ça fait beaucoup, non ? :D
Y'aura assez de matériaux pour les reconstruire à ce rythme ? (et de place pour stocker les épaves ?)


 
Ce sont de simples coques d'eau à 6 places avec un bras pour s'accrocher aux câbles et un petit propulseur de secours pour s'éjecter dans l'espace.
 
La principale perte ce sont les hommes.  
 
La phase d'accélération nécessite une puissance réellement extraordinaire (~4 EW = 4e18 W). Un tel déchaînement de puissance peut être meurtrier à la moindre faiblesse du bouclier thermique (qui ne se résume pas au bouclier d'eau). On peut donc imaginer que cette phase d'accélération prélève son tribus en hommes.  
Or, elle coincide avec la génération Un (G1), la première génération de ceux qui sont nés dans l'Arche. Ils n'ont pas connu la Terre et finiront leur vie durant le Trajet. La G0, celle de leurs parents, a connu la Terre et a fait le choix de partir. La G1 en paye le prix principal.
 


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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30533738
lokilefour​be
Posté le 08-06-2012 à 01:42:59  profilanswer
 

Spa mal.
J'attends de voir si tu seras aussi à l'aise pour les scènes de cul  :o


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n°30547516
Gilgamesh ​d'Uruk
Lui-même
Posté le 09-06-2012 à 01:19:17  profilanswer
 

H0G
L’hôpital 0G ainsi nommé pour l’absence de gravité qui y règne, forme un segment d’anneau étroit de cent mètres de largeur autour du Moyeu, légèrement décentré vers l’avant. Le plancher presque partout laisse apparaître l’épaisseur d’eau verte qui emmaillote le Moyeu. Si les temps n’étaient pas si troublés l’appellation d’hôpital tiendrait plus de l’habitude de langage. La majeure partie de l’activité de l’établissement est dirigée vers la surveillance sanitaire des cultures, des parois végétales de l’Arche et l’amélioration de la production biologique qui se développe au sein de ses parois. Les soins normaux pour les humains sont administrés en gravité normale, à l’hôpital G0, son antonyme situé à gravité normale, sur le sol de l’Arche. Le 0G du Moyeu comprend malgré tout deux salles de chirurgies robotisées pour les urgences ; depuis le début de l’Accélération, c’est là qu’on accueille les corps des motoristes morts en mission.
 
Celi, la sœur de Linen, travaille comme chercheuse sur les algues unicellulaires dans toutes les cavités de l’Arche où il s’en cultive ; elle dormait depuis peu, éreintée. Cela faisait un mois qu’elle doutait de ses compétences et que l’on doutait d’elle. Elle ne savait pas si c’était avec raison. Elle ne parvenait pas, malgré ses efforts acharnés, à expliquer « ce qui ne passait pas bien » à l’analyse biologique de l’eau des boucliers. Cela faisait cinq fois qu’on envoyait des sondes hors de prix dans les conduits de mesure, jusqu’à ce que le rayonnement ne les tue. A chaque fois c’était sur son instance et tout cela sans obtenir de résultats stables. A chaque fois, cela pouvait être autre chose. On avait essayé de l’aider en examinant ses résultats, mais la série de données restait dans les normales. C’était la séquence de ces incidents qui lui chatouillait l’esprit ; si fort qu’elle gardait la certitude indomptable que quelque chose se passait ; quoi précisément, elle l’ignorait, et personne ne comprenait ce que cela  pouvait  être. Ce soir, encore rien, encore rien du tout dans ses filets. Cinq heure à analyser des résultats, seule à dépouiller les séries pré-traitées et à interroger les Bases de Zo (pourquoi était elle seule à faire ça, Grant’An ? On aurait dû être trois !), elle ne voyait rien paraître qui récompensa ses efforts. Elle poussa ses affaires plutôt qu’elle ne les rangea, laissa tous les appareils sur pied et sous tension et partit dans l’anneau à pesanteur, qui tournait au bout du couloir, où l’on dormait bien mieux qu’en apesanteur. Elle n’avait pas volé une bonne nuit de sommeil. Ce soir, elle resterait Cassandre dans son antre, et elle mordit l’oreiller de rage en se couchant.
 
L’Archame Lela ne dormait pas. Les mois où ses deux fils étaient en mission, elle ne pouvait pas vraiment dormir quand l’un d’eux était de sortie. Quand elle n’était pas en service à l’hôpital, elle connectait son circuit d’analyse personnel d’Arkanews sur la station de diffusion de la Corolle. Les rapports automatiques du H0G étaient diffusés en temps réel, on connaissait la composition de chaque mission.
Demain elle achèverait quinze jours de service à l’hôpital, avant de redescendre dans l’Arche. Elle reposait elle aussi dans l’anneau de pesanteurs à quelques loges de sa fille, finissant une longue nuit d’insomnie inquiète et rêveuse. Au moment même de son affichage, elle vit la note d’alerte signalant le départ immédiat de l’équipe d’urgence, pour le retour de convoyage de navette touchée. Fallait-il attendre de savoir laquelle ? Elle était totalement incapable d’attendre, c’était bien certain. Fallait-il réveiller Celi ? Non, elle est si épuisée ces temps-ci. Ses analyses encore, dit-elle à mi-voix, et sa propre voix la réveilla tout à fait. Elle irait voir elle-même. En baillant et s’étirant, elle enfila une ample et élégante tenue de circulation que ses enfants lui avaient offerte pour ses soixante ans, ouvrit la porte en attendant que l’anneau ait achevé sa rotation et sortit dans le couloir quand il se présenta. D’un geste machinal, elle leva les bras pour agripper le poignet de sa tenue au petit fil tracteur qui courait le long des murs et parcourir avec sans effort les cinquante mètres qui la séparaient du quai.
 
Elle attendait ainsi depuis un quart d’heure quand l’unité de soin rejoignit le quai. Elle connaissait bien le taux de mortalité par type d’accident, pour en faire un rapport régulier au Grand Conseil, et un accident qui supposait le convoyage de la navette avait une mortalité proche de cent pour cent. Elle connaissait le code couleur de mission de son fils, si l’épaule des scaphandres était orange, c’était eux et ils étaient morts. Une chance sur cinq. Elle s’était répété comme un mantra pour s’empêcher de penser vraiment qu’il y avait plus de chance qu’il soit vivant que mort, quand la porte s’ouvrit. Une seconde après le destin tombait sur ses épaules. Ses genoux se dérobèrent, elle fixa, sonnée, les yeux vides, la tache de couleur du vêtement ; elle se raccrocha farouchement pour ne pas tomber. Tous faisaient face à la porte, s’attendant à sa présence. Linen se détacha et la prit dans ses bras au moment où elle se redressait. « Anki est mort » lui murmura-t-il à l’oreille. Ils s’enserrèrent longuement. Puis elle releva la tête, et après un dernier et long regard à Linen, parcouru seule, dans un silence total, l’espace vers les corps. Personne ne parlait sauf, à voix basse, les deux soignants qui réglaient la manœuvre afin de sortir les six autocivières. Puis eux-mêmes se turent. Les regards seuls se répondirent dans l’émotion dont le cercle les enserrait. Elle connaissait bien tous les autres équipiers, et stationna devant chacun d’eux, pour tour à tour, rompant le silence d’une voie douce, étrange et solennelle, leur donner l’ultime bénédiction, la première de leur vie d’Immortel dans la mémoire de l’Arche. Ils reposeraient dans l’Arche et vivraient dans Zo. C’était sa mission d’Archame, en cet instant. Et c’était une bénédiction pour elle, de pouvoir ainsi tendre sa volonté dans l’accomplissement du culte des morts, d’empêcher de la sorte son esprit d’imploser sous la détresse. « Ta mémoire sera honorée, Sem. Sem, ton nom sera conservé » ainsi pour chacun d’eux. Devant Anki, sa voix ne se haussa, ni ne changea. Elle rajouta simplement « mon fils » à l’énoncé de son nom. Et pour accompagner ses paroles, elle passait une main tendre sur chacun des casques emprisonnant les chairs meurtries.
Puis elle se plaça à côté de l’autocivière de son fils, et prit sa main gantée. Elle lui faisait faire son dernier voyage, comme elle l’avait aidé à faire son premier. Après lui avoir appris tant de chose, elle venait l’aider à accomplir correctement son trajet hors du monde.
Il nous faut bien mourir, mais c’était bien un malheur de son temps que ce fut les parents qui enterrent leurs enfants et non les enfants leurs parents.
 
Au sein de l’équipe d’urgence, le clan d’Ablay a une coutume, accordée à ces temps funestes. Chaque fois que l’équipe recueille un mort, il diffuse sur le canal exceptionnel de son Arkinews l’hymne de la génération dont un membre vient de trépasser. Sur ce canal, Celi avait branché une écoute automatique, en s’abonnant à diverses sources mentionnant un événement sur le bouclier. Malgré son épuisement, elle n’avait pas omis d’insérer sa bague d’oreille pour la réveiller en cas d’alerte. La bague lui transmit docilement le signal neural d’éveil puis attendit la réponse cérébrale pour diffuser l’hymne en sourdine. Elle se trouva éveillée, le visage vers le ciel du lit, encore inconsciente du monde et baignée dans cette musique. Elle connaissait bien la seconde mesure pour y avoir mis sa patte avant un Conseil ennuyeux et solennel où l’on statuait sur l’Egide de la Génération. Elle s’amusait encore à ce souvenir, quand son esprit prit possession de ce que signifiait cette ritournelle diffusée en cet instant à son oreille. Elle remua la tête de droite à gauche, navrée de ces nouveaux morts dont les noms viendraient allonger la Stèle d’Argile. Qui était-ce ? Le clan d’Ablay c’étaient ceux du premier au sixième pétale. Avec Anki et Linen, ils avaient bu à la rigole du fondeur avec eux quand il avait intégré sa section. Ce serait eux qui le recueilleraient aussi s’il leur arrivait malheur, songea-t-elle, et ensemble ils buvaient alors à la santé de cet événement. Elle n’eut plus du tout sommeil. Des morts, encore. Est-ce que ses analyses de l’eau du bouclier pouvaient signifier plus de risques pour les servants motoristes ? Elle respira la fleur à demi fermée de pavot qui poussait à la tête du lit. Mais qui était-ce ? Linen et Anki le lui diraient, ils y étaient. Elle voyait Linen quand ? Dans deux jours. Là, il devait en être à son troisième jour en station d’intervention. Et Anki avait un jour d’avance. Un jour en sortie, trois jours en sécurité. Aujourd’hui, alors ? Etait-ce aujourd’hui ? A quelle heure terminaient les missions ? Est-ce qu’il y avait une heure ? Elle se retourna d’un bond vers le pied du lit, regarda le mur un temps, paralysée, puis étendit une main tremblante pour faire apparaître un écran d’Arkanews. Elle n’osait pas élever la voix pour utiliser la commande vocale. Les mots ne sortiraient pas. Les écrans glissèrent à toute vitesse sous ses doigts, dans tous les sens, jusqu’à ce qu’elle parvienne à la composition des missions. Son regard se figea sur le tableau qui défilait, avec les hologrammes des membres d’équipages et sa gorge rendit un son étranglé quand celui d’Anki s’afficha. Elle en était encore à essayer de rassembler ses esprits quand la porte de sa cellule glissa avec un bruit doux. Linen était là, de l’autre côté du lit. Il s’assit sans un mot, lui prit la main et regarda l’écran avec elle.
 
Lela avait suivit l’équipe vers le château arrière du Moyeu, au secteur des Baumes. C’est une très grande pièce avec des ateliers de soins tout au long de trois murs. Le centre de la pièce est occupé par un immense bassin de calcaire, le Stix, un des seuls calcaires de l’Arche. Le calcaire du Stix est une curiosité de la Nature, extraite il y a deux siècles de cela d’une carrière terrestre très ordinaire. Le bloc brut, d’un millier de tonnes a nécessité un transit à lui tout seul, à la construction du Moyeu.  Il est bicolore, mélange de blanc pur et de noir profond, comme si le banc de coraux qui lui a donné naissance avait reposé de flanc dans le goudron lors de sa formation. C’est la plus vénérable relique terrestre de l’Arche. Le bassin est chauffée dans sa masse et remplit d’un bitume végétal très fluide. On immerge les morts dans ce liquide lors du soin mortuaire. C’est pour l’Arche une façon de les rapprocher, pour un moment dernier, de leur origine, avant de les laisser aller pour toujours. Le fond de la pièce est constitué par la chemise d’eau du Moyeu. Les parois épaisses sont d’une parfaite transparence et l’eau qui y circule parfaitement pure, formée de la vapeur condensée du circuit de production d’électricité de l’Arche. La pièce n’a pas de plafond et la vue embrasse l’immense anneau formant la section arrière du Moyeu. A travers les dix mètres d’eau on voit directement l’espace, le mât qui s’en va au loin, passe par l’orifice aménagé pour le passage des poutres dans le bouclier, à travers une mince échappée où le regard s’échappe à l’infini, on peut fixer l’Origine du Trajet. Dans sa fenêtre ronde, baignée de la lumière diffuse du plasma de propulsion, trône une petite étoile très brillante, le Soleil…  
 
Lela se détacha un instant du câble tracteur et laissa reposer doucement ses pieds au sol. Le visage levé elle on esprit s’imprégner de la grandeur du lieu. Faire face au Soleil, voire l’Origine… Lorsqu’elle était petite fille, elle avait passé trois années de suite ses vacances sur Terre, chez des cousins éloignés de Yen Bai, au bord du lac Thac Ba. Son premier choc, ça avait été de voir cette boule toute petite dans le ciel et qu’on pouvait à peine fixer. Le fuseau qui éclairait l’Arche débordait sa main de petite fille dans le ciel. Sa lueur était éclatante mais douce. Là on pouvait le cacher avec un ongle et pourtant il éclairait tout avec une puissance effrayante. Elle ressentait encore sur la peau de son visage la trace de cette chaleur si particulière. Et l’odeur du sous-bois luxuriant qui bordait le lac, quand elle se promenait en barque avec sa grande cousine, se  mêlait aux puissantes fragrances végétales dégagées par le Stix.  
 
Avec l’équipe médicale elle déshabilla les cinq hommes et la femme, les lava et les oignit d’autres huiles odorantes et ils furent placés dans les loges aménagées dans la pierre du bassin.
 
L’Archan Baodar et la délégation du Conseil entrèrent à cet instant où tous finissaient d’apprêter les corps, qui reposaient côte à côte dans des nacelles mortuaires disposées en cercle autours du bassin. Il se dirigea vers sa consoeur pour la serrer longuement. Puis il la prit  à bout de bras, le regard à l’affût, tentant de capter ce qui ne s’exprime qu’entre deux regards. Lela l’accepta et ils se firent vraiment face.  
 
- Archame Lela, je perds Anki avec vous.  
 
Cela suffit à l’âme de Lela.  
 
Linen revenait avec Celi et ils étaient appuyés l’un sur l’autre, un peu titubant. Dans leur malheur, ils se parlaient beaucoup. Ils se rappelaient, déjà. C'est-à-dire qu’il leur revenait des mots et des gestes d’Anki.  En même temps qu’ils se soutenaient dans l’émotion, à évoquer ces épisodes du passé, ce qui les paniquait, les glaçaient, c’était de prendre conscience, déjà, qu’il allait falloir désormais se rappeler d’Anki, de ce qu’il était, de ce qu’il avait fait et comme il était à leur côté. Au lieu de l’avoir devant eux, capable de leur rappeler qui il était, par sa seule présence.
 
Baodar se tourna vers eux. Il leur tendit les bras, puis se cala familièrement sur l’épaule de Linen.  
 
- Venez, vous deux.  
 
C’était à la fois familier et impérieux. Baodar le prenait sous son aile dans le malheur sans qu’il fût question de refuser. La famille Baodar ne représentait-elle pas le plus vieil et fidèle compagnonnage de la famille, depuis la fondation de la Nation spatiale ? Baodar était un lunaire comme sa mère.  
 
- Je vous accompagne à la sphère des Oboles. La Capitaine Alijaian nous précédera avec la section.  
 
Puis s’adressant à leur mère :
 
- Archame Lela, j’ai l’autorisation légale de vous laisser conduire la nacelle mortuaire dès maintenant.  
 
- Non, dit-elle fermement. Nous attendons ici cinq autres familles. Nous irons ensemble.
 
Ils s’assirent pour attendre les parents du (1)Pilote Sem et leur petite fille ; (2)ceux de Lie qui copilotait, et sa grande sœur ; (3)les deux frères d’Inoué, le vieil électroquanticien. Tous vinrent dans l’heure, prévenus par l’antenne du Conseil. Il manquait deux personnes encore. Malgré leur malheur respectif, les présents se regardaient dans une appréhension muette en songeant à comment recevoir les parents d’Anilen et Quia. Anilen était un nanosoudeur de grande valeur. Il faisait équipe ces dernières sortie avec sa jeune sœur Quia, dont c’était la première mission en Corolle. Ils n’avaient plus personne désormais de leur descendance. Et leur mère Liana était trop vieille pour enfanter encore. Baodar vint interrompre cette interrogation en annonçant qu’il ne jugeait pas utile de prévenir Tuan et Liana cette nuit même. Il les conduirait lui-même à la sphère des Oboles quand ils en auraient la force. Et si même ils le souhaitaient. Exposer un mort à la sphère avant du Mât, c’était le donner au Trajet, et lui donner le Trajet. Ils avaient donné leur vie au Trajet, il devenait leur. Ils seraient ceux qui l’ont fait, le Trajet serait leur œuvre à tous jamais. Ils perdaient la richesse de la vie et gagnaient la gloire de leur mort. Comme tous les autres, Anilen et Quia avaient prêtés serment en montant au Moyeu qu’ils demandaient et acceptaient l’Obole. Le malheur advenu, les parents consentiraient-ils à conduire de plein gré la chair de leur chair à ce Trajet qui les avait broyé dans sa mâchoire impavide ? Les méritait-Il ?  
 
Chaque famille prit soin des siens. On préleva d’abord une mèche de cheveux de chacun, qu’on plaça dans une coupelle. Puis on tressa autours d’eux, sur dix centimètres d’épaisseur, une écorces de fibre végétale, à la fois douce et résistante. Quand tous les corps furent ainsi apprêtés, Baodar ordonna solennellement de les plonger dans le bassin. Autour de l’enveloppe de fibres claires, le bitume forme en se refroidissant une peau étanche et sombre. Les corps animaux s’emmaillotant dans le végétal, deviennent Arche à leur tour, l’Arche dans sa parure des longs voyages.  
 
Pour ce trajet là ils n’emprunteraient les câbles qu’un temps, pour rejoindre le mitan du Moyeu. Puis ils voyageraient dans le canon de l’Arche. Sur dix kilomètres, serré sur l’axe de la poutre avant, le canon électromagnétique permet de propulser des projectiles à haute vitesse vers l’avant. C’est un compagnon silencieux, qui ne fonctionne qu’en cas de danger de collision, et plus récemment, pour convoyer les autocivières des morts et leur cortège  vers la sphère des Oboles.  
 
Au moment d’y engager la longue navette, Linen et Celi regardèrent, en se serrant l’un contre l’autre, la bouche noire. Il y a vingt ans, leurs deux pères empruntaient cette voie là, les premiers, pour leur dernier trajet. Linen positionna avec ses camarades les sept navettes du convoi dans le tube, puis chacun s’installa en pénétrant dans le tube étroit, par l’arrière des navettes qui serviraient de lents obus dans le tube de puissance. Dans la navette de Linen, la momie de Anki attendaient, et l’odeur acide, qui piquait les yeux, du bitume lissé sur son corps étendu rafraîchissait un peu l’atmosphère confinée qui sentait le cuivre. Derrière Linen était assit à coté de Celi, en face de leur mère sur une étroite banquette basse qui les obligeait à ramener haut les genoux. Baodar complétait le court équipage. Dans la navette qui les précédait Alijian avait pris place avec six équipiers de la section.  Comme tout à l’heure, Linen revivait le moment de la suivre vers quelque chose de terrible. Tout à l’heure c’était vers la puissance de la Corolle. Maintenant vers l’effrayant silence de la Proue. La joue collée aux parois transparentes de la navette, à travers le tube ajouré du canon, il suivait les coursives illuminées de l’immense cylindre du Moyeu, qui défilaient lentement.  Pour un moment, il faisait à nouveau adieu au monde. On sortait du cylindre intérieur et devant eux se dessinait la voûte immense du premier bouclier de glaces carburant, seulement illuminé par l’infime clignotement de feux de position des réservoirs. Le regard de Linen allait en profondeur, sondant au dessus de sa tête la puissance à venir de ces gigantesques masses de matières fusibles puis, au loin, dans le petit angle où il voyait quelques étoiles luire, l’indicible distance qu’il restait à parcourir.


Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 09-06-2012 à 01:49:14

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Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire.
n°30549882
Profil sup​primé
Posté le 09-06-2012 à 15:06:07  answer
 

Intéressant !  :bounce:  
 
 
 Très marqué par le fait religieux néanmoins. La religion et ses rituels  sont en effet idéaux pour structurer une société, motiver les gens, maintenir l'ordre, offrir un but même lointain à atteindre, faire bosser les gens sans contestation possible, justifier l'ordre social.

n°30550820
Profil sup​primé
Posté le 09-06-2012 à 17:11:23  answer
 

Certes. Sauf que généralement, dans les sociétés actuelles, plus la science et la technologie progressent plus la religion a tendance a reculer. Du coup je vois assez mal comment faire prendre la mayo face a un truc qui risque fort d'être perçu pour ce qu'il est : Une croyance totalement synthétique.
 
Mais ça reste possible bien sûr. Pour s'en convaincre il suffit de voir le nombre de sectes qui poussent ici et là.

n°30551061
Profil sup​primé
Posté le 09-06-2012 à 17:45:24  answer
 

J'ai commencé à mettre en forme le texte de Gilga sous Latex, si quelqu'un à le courage de continuer, je lui balance mon dossier latex :jap:
 
La compilation tourne nickel et nous sort un beau pdf

mood
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