Grenouille Bleue a écrit :
Brajan était fatigué./sans rapport - fatigue casuelle du personnage//ou bien mode dominé, fatigue subie -->Il n’aimait ni l’endroit, ni les circonstances, ni le temps qu’il faisait. Il n’aimait pas la violence, il n’aimait pas la guerre. Il n’aimait pas les odeurs pestilentielles qui se dégageaient des latrines à ciel ouvert. Et par-dessus tout, il n’aimait pas ses chausses.
/Intentions - entourage brimatoire/ Les bottes en cuir de buffle s’enfonçaient dans la boue à chaque pas, et en ressortaient avec un bruit de succion écoeurant alors qu’il allait et venait dans sa tente. L’eau croupie ne cessait de clapoter contre ses orteils et commençait à lui engourdir le pied. Il avait payé ces bottes dix-neuf sequins d’argent chez un marchand arédinien ; le gros homme lui avait vanté leur étanchéité parfaite et leur robustesse inaltérable./Interactions ascendant intentions (entourage "écœurant" )/
- Un Arédinien sincère est un Arédinien qui dort, grommela Brajan, désabusé.
Le proverbe avait vieilli, mais il n’y avait pas de fumée sans feu. Tous des coquins et des escrocs.
/Intentions/
Cela faisait bien trois jours qu’il pleuvait des cordes. Le temps n’allait pas en s’améliorant, et son humeur non plus.
/Intentions : la pluie reflète son impression (humeur maussade)/ Les planifications se faisaient sous la pluie, les stratégies se décidaient sous la pluie, et les batailles se livraient sous la pluie. Les Neuf Nations pataugeaient dans la boue jusqu’à mi-mollets et le Conseil des Mages... eh bien, songea-t-il en regardant ses bottes d’un air morne, le Conseil des Mages prenait l’eau./Intention (symbole "la pluie" ) généralisées aux alliés/ Quelque chose lui murmurait que tout cela n’aurait pas dû se passer ainsi. Il avait imaginé une victoire rapide et éclatante, une parade à cheval sous un ciel lumineux, avec des habitants comblés leur lançant des pétales de rose et de jasmin. Son nez se plissa. L’odeur qui lui arrivait aux narines ressemblait à tout sauf du jasmin./Intention réflective (une nouvelle fois) - et hypothèse de conspiration (souligné plus haut) /
Il s’empara de sa plume, mais il n’avait pas /sitôt/ écrit une ligne qu’il la reposa. Ça criait et ça se disputait devant sa chambre. Il avait spécifiquement demandé à être au calme.
- Laissez-moi passer ! Par le sang et les tripes, laissez-moi passer !
/Action/
Deux soldats gardaient en permanence l’entrée de ses quartiers, une précaution rendue nécessaire par les nombreux assassins envoyés contre lui. Il se rappelait la première fois, et la surprise qu’il avait ressentie lorsqu’un homme avait fait irruption dans sa tente en hurlant à pleins poumons, l’épée au clair. Les assassins n’étaient-ils pas censés faire preuve de discrétion et de subtilité ? Il s’était débarrassé de cet homme, bien sûr, comme il avait survécu aux deux tentatives suivantes, mais de telles distractions lui prenaient du temps et l’exaspéraient. Il avait fini par céder et accepter ces gardes. Mais avaient-ils besoin de prendre leur mission tellement au sérieux et d’être toujours là, tout le temps ? Ils allaient même jusqu’à goûter sa nourriture ! Brajan ne supportait pas de boire sa soupe après que quelqu’un d’autre ait trempé ses lèvres dedans – surtout lorsque le quelqu’un portait une barbe mal rasée et ne semblait pas connaître l’utilisation du savon.
/Interactions ascendant intentions (entourage qui "ne semblait pas connaître l’utilisation du savon" )/
Cependant, ils avaient leur utilité. Comme de tenir à distance les inévitables solliciteurs qui venaient chercher conseil ou assistance. Que les autres membres du conseil règlent ces problèmes – pour sa part, il avait des cartes à étudier. Il attendit donc patiemment que la commotion cesse, comme d’habitude.
/Interactions - mode négociant/
- Je vous jure que si vous ne reculez pas tout de suite, je vous passe cette épée au travers du corps !
Le bruit de l’acier grinçant doucement sur le cuir : une lame quittait son fourreau. Voilà qui était nouveau. Mais rien que sa garde ne puisse gérer. Après tout, c’était son travail. Quant à lui, il allait_ /?/
/Interactions - mode négociant/
Des gants sales écartèrent les pans de la tente, et le vent de la nuit s’engouffra à l’intérieur. Les innombrables parchemins qui parsemaient la grande table en chêne s’agitèrent en tous sens ; l’encrier que le mage avait fort judicieusement placé sur une carte pour l’immobiliser tomba à terre. C’était un vent humide et mordant, un vent venu des montagnes qui charriait, en même temps que l’odeur fétides des morts et du tombeau, des promesses de neige./Interactions ascendant intentions ("des promesses de neige" )/
Brajan eut un frisson et resserra sa cape blanche contre lui. Blanche, immaculée, comme il l’aimait tant. Même s’il ne pouvait se permettre de gaspiller une parcelle de ses Pouvoirs pour imperméabiliser ses chausses, il ne laisserait jamais l’insigne de son ordre souillé. Et la cape restait blanche, la poussière et l’eau miraculeusement arrêtés à un pouce d’elle. De la neige. Ce ne serait pas une mauvaise nouvelle, finalement.
/Interactions ascendant intentions (sans efforts de sa part il verrait "l’insigne de son ordre souillé" - croit-il)/
- La neige est blanche, elle aussi, murmura Brajan en regardant d’un air morne ses papiers épars, souillés de boue.
Quelque chose lui disait qu’il devrait se mettre en colère, mais il n’en avait ni le courage, ni l’envie. Il plongea dans les Couleurs et paralysa d’un geste l’intrus qui avait osé rentrer. Un nouveau tueur ? Il avait l’air bien jeune. Le mage prit le temps de l’examiner de la tête aux pieds.
/Interactions ascendant intentions partiellement réflectives("il devrait se mettre en colère"/
Il était jeune, probablement pas plus de dix-huit ans, mais ses yeux étaient creusés par la souffrance. La pluie gouttait de ses longs cheveux sur son visage blême, avant de couler sur son armure. De toute évidence, il avait connu des heures violentes. Sa cuirasse, frappée aux armes de Ghodan, était cabossée et de nombreux endroits et il lui manquait une épaulière. Les mailles qui recouvraient ses bras et jambes n’étaient pas dans un meilleur état. La boue et le sang séché maculaient son tabard, et son fourreau était vide. Il portait en main une épée tout aussi fatiguée, une vieille lame informe ébréchée et malodorante. S’il ressentait le moindre inconfort à se voir ainsi paralysé, il ne le montrait pas. Au contraire, son regard était défiant et refusait de se soumettre. /sans rapport - autre personnage/
Un fanatique, peut-être./Intentions si le narrateur est Brajan/
Une tête embarrassée se profila à travers l’ouverture, puis une autre. Les gardes hésitèrent un instant avant de pénétrer dans la tente. Brajan haussa un sourcil en voyant leurs pieds bottés projeter encore plus de boue sur ses papiers épars.
- Vous êtes un peu lents, observa-t-il.
- On ne pensait pas qu’il poserait problème, Maître. Il a bousculé Jeb, il l’a fait tomber, comme ça, et il est rentré. Mais on est là maintenant. On va le prendre et le donner au sergent. C’est pas la première fois, mais là il est allé trop loin. Il ne vous ennuiera plus.
Les gardes s’avancèrent et ôtèrent l’épée des doigts sans force du jeune homme.
- Attendez, fit Brajan, levant une main impérieuse. Vous êtes en train de me dire que vous l’avez déjà vu ?
- Oui, Maître. Il s’est déjà présenté trois fois aujourd’hui. Mais vous avez dit que vous ne vouliez pas être dérangé. Il refusait de comprendre.
Le mage se massa les tempes avec lassitude.
- Reprenez votre poste et laissez-moi lui parler.
- Mais…
- Vous pensez vraiment qu’il présente un danger ?
Les deux gardes levèrent les yeux vers le jeune homme désarmé, paralysé, flottant à un pied au-dessus du sol. Ils reculèrent sans un autre mot pour reprendre leur place. Bande d’incapables. Brajan n’avait jamais pris la peine d’apprendre leur nom, et c’était aussi bien comme ça. Demain, il les remplacerait.
/Interactions - mode négociant/
D’un geste, il libéra l’intrus et le laissa tomber au sol. Le soldat trébucha mais ne tomba pas. Bien, très bien. Il avait de l’équilibre.
- Eh bien, mon garçon. J’espère que tu as une bonne raison de forcer ma porte. Je n’ai jamais été connu comme quelqu’un de patient.
Le jeune homme s’inclina en une courbette protocolaire. Il alla pour poser sa main sur le pommeau de son épée mais, trouvant le fourreau vide, opta pour la mettre à sa ceinture. Il ne paraissait pas plus affecté que cela par sa capture. Si c’était un assassin, il cachait bien son jeu.
- Avec votre permission, Maître Brajan De’Stil, j’apporte des nouvelles importantes. Je fais partie du régiment de Meteshayan d’Az, et vos gardes m’empêchent de vous approcher depuis des heures.
- Avec raison. Voyez un commandant pour cela. Je n’ai pas le temps. En ce moment, je ne m’occupe que de ce qui a trait à la magie.
- Justement, Maître De’Stil. Seule la magie peut nous aider. Nous avons été attaqués par quelque chose de surnaturel. D’incompréhensible. Je suis un des seuls survivants.
/Interactions - mode négociant/
Brajan eu un rire sans joie. Sa tente était dépourvue du moindre ornement, à l’exception d’un vieux coffre placé à la tête de son lit. La plupart des gens partaient du principe qu’il contenait ses vêtements. Ceux, plus au fait des choses imaginaient une réserve d’artefacts magiques de grand pouvoir. La réalité était plus prosaïque : c’était sa réserve d’alcool. D’un pas lourd, Brajan se dirigea vers le seul réconfort qu’il pouvait espérer en ces temps troublés.
- Parle, grogna-t-il, faisant jouer l’épais loquet de bois.
/Interactions - mode négociant/
Il savait d’expérience que les gens ne se sentaient pas à l’aise sous le poids déconcertant de son regard. Ses yeux vairons, une particularité intéressante, figeaient d’effroi ceux qu’il regardait avec colère – mais ils troublaient également ceux à qui il ne voulait nul mal. Il tourna donc délibérément le dos au garçon, qui s’éclaircit la gorge et commença enfin son récit. Plus il parlait, plus le visage de Brajan se fermait. Il se versa un verre de vin, un bon petit vignoble près de Te’ssari et plongea son regard dans le liquide ambré.
/Interactions - mode négociant/
- ... des défections de ces trois régiments. Nous sommes de bons guerriers, mais ces bêtes d’ombre sont beaucoup trop étranges pour nous. Nos armes ne leur font rien, et elles se reproduisent à la lumière des torches au lieu de fuir comme nous le pensions. On murmure...
/sans rapport - autre personnage/
On murmure beaucoup, lorsque l’on fait partie d’une armée qui se fait décimer. Décimer par des êtres sans chair et sans substance, pures ombres, cauchemars se nourrissant des peurs latentes des belligérants. Un champ de bataille était un endroit idéal pour ces créatures, car les angoisses n’étaient jamais aussi réelles qu’à l’approche de la mort. La crainte du lendemain ne faisait que les renforcer.
/Intentions si le narrateur est Brajan/
Brajan avait prévu cette intervention des Ombres, bien entendu, mais l’avoir prévu ne rendait pas la parade plus évidente. La lumière de la lune pourrait leur être fatale, mais il y avait ces nuages, ces maudits nuages... il grimaça puis se retourna, son verre à la main.
/Intentions réflectives - par exemple "ces maudits nuages..." est un symbole neutre si non mis en évidence par Brajan comme casualité inquiétante/
- Quel est ton nom ? fit-il, la voix douce.
Le soldat s’arrêta en plein milieu de son exposé, alors qu’il narrait d’une voix monocorde la déroute de son propre bataillon. Il ne parvint à soutenir le regard du Maître mage qu’un instant. Ses mains se posèrent involontairement sur son fourreau vide, avant de s’en éloigner comme s’il s’était agi d’une vipère. Il déglutit.
- Baeron Morvan, de la cité libre d’Az, maître.
- Mais tu m’as l’air d’un garçon fort capable. Tu as eu raison de bousculer mes gardes et de venir me voir. Même si je n’apprécie pas le procédé, ces nouvelles étaient importantes. Alors écoute-moi. J’ai besoin de gens comme toi, prêts à franchir tous les barrages pour délivrer les messages que l’on te confie. Alors stoppe ici ton compte-rendu, j’en ai assez entendu. Les ombres, la peur, les massacres... Va me chercher Teklan. Quoi qu’il fasse, dis-lui de venir immédiatement. Il risque de mal réagir, mais j’ai besoin de ses... lumières.
/Interactions - mode négociant/
Il grimaça devant la pauvreté de son jeu de mots, mais on faisait avec ce que l’on pouvait. Le soldat hésita un instant, puis exécuta un salut maladroit et recula hors de la tente avec un air méfiant. Il devait se demander ce qui l’attendait, désormais. Eh bien, pas grand-chose. Le mage n’avait pas l’intention de le punir pour sa conduite. /Intentions réflectives - "on faisait avec ce que l’on pouvait"/
Teklan, par contre… c’était une autre histoire. Brajan n’aurait pas aimé être dans les bottes du jeune garçon. Il grimaça. Même si elles étaient sans doute plus étanches que les siennes./Intentions - intentions menaçante de "Teklan"/
Finalement seul, il leva son verre dans un salut amer puis le vida d’un trait. Il avait besoin d’avoir les idées claires pour ce qui allait suivre, mais un petit peu de vin ne lui ferait pas de mal. Il ressentit le picotement familier, la chaleur de l’alcool se répandant en lui, et entreprit finalement de ramasser ses papiers épars./Action ascendant négociation - manipulations d'objets du décor/ ou négociation pure, les objets agissant réciproquement "la chaleur de l’alcool se répandant en lui"/ Il réfléchissait à ce qu’il allait devoir demander à Teklan. Orgueilleux, brûlant Teklan, comme les flammes auxquelles il commandait. Le Mage Orange était habituellement capable de réchauffer les corps et les coeurs par sa seule présence, de dissiper les nuages et l’obscurité, de brûler les Ombres et dissiper la nuit. L’ennui, c’est qu’il était aussi complètement fou et que cette attente interminable n’avait pas dû améliorer son humeur. Pourtant, ils n’avaient pas le choix.
/Intentions réflectives - "L’ennui, c’est qu’il était aussi complètement fou ..." -> menace/
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