machinbidule1974 a écrit :
Salut,
Je n'arrête pas de lire dans les topics que les SSII, c'est la misère, ce sont des marchands de viande, etc. Etant dans une grosse SSII (5000. pers) depuis 6 ans (je quitte dans 3 jours), j'ai eu assez peu de mauvaises surprises si ce n'est au tout début.
Je propose de faire un topic sur le sujet pour bien se rendre compte de ce qu'on peut demander de pire à un salarié dans une SSII.
Ca pourrait au moins être drôle pour ceux qui ne connaissent pas et démontrer que la réalité dépasse souvent la fiction
Bon, je commence pour motiver les autres...
Fin 1998, je suis recruté dans ma SSII grâce au boom de l'an 2000. Après 2-3 mois de formation, on m'affecte à une division "Distribution, Tourisme, Transport". Mon premier contrat est chez un client à Evry-Courcouronnes (91) alors que j'habitais à Saint-Gratien (95): trajet 1h30-1h45 en courant aux correspondances (matin ET soir). Quand on me propose la mission, je suis avec 2 collègues qui sont dans le même "lot" que moi, on est affectés tous les 3 en même temps, l'un d'eux habite à Poissy (78) et l'autre je m'en rappelle plus. On se regarde comme 2 (plutôt 3) ronds de flan quand on apprend la mission, TRES légèrement déçus
Compte tenu des trajets, je mets une condition à la mission: "J'y vais mais si au bout d'une semaine c'est trop dur, j'arrête". Le commercial doit se dire "T'as raison, mon gars, une fois que t'auras mis un pied là-bas, l'affaire est finie" mais il accepte.
En arrivant sur le projet, j'apprends que ma boîte n'est pas maître d'oeuvre mais prestataire d'une autre boîte qui est donc maître d'oeuvre (Pourquoi pas ?). Seulement, la boîte (MOE) en question est toute petite et compte tenu de la taille du client (Un des grands noms de la dstribution), on comprend de suite que la boîte a tout fait pour remporter le contrat et mettre ce client sur les plaquettes de présentation de la SSII. Le problème, c'est que cette boîte (MOE) n'a visiblement aucune expérience sur ce genre de projet an 2000, il n'y a aucune méthodologie, aucune idée claire de ce qu'on doit faire. Pire, ma boîte n'ayant à assumer aucune responsabilité si le projet foire, case le maximum de consultants pour facturer le plus possible.
On me présente à mes collègues (4 jeunes de la même boîte que moi), qui sont dans le même bureau. Quand j'arrive, j'apprends qu'ils sont là depuis plusieurs mois et qu'ils ne font rien de la journée (le projet prend de plus en plus de retard). La MOE est censée rédiger des cahier de tests pour valider le passage à l'an 2000 de l'applicatif du client mais aucun document n'est produit, du coup les prestataires (de ma boîte) qui sont censés jouer ces tests n'ont rien à faire de la journée, pas d'internet, pas de possibilité d'installer de soft sur les PCs bridés, rien ! Certains sont arrivés sur le projet et ont attendu pendant 1 semaine assis sur un tabouret à glander qu'on veuille bien leur fournir un bureau, un PC et des instructions.
Je n'ai pas cette malchance, arrivé avec mes 2 collèges on est dispatchés dans 3 équipes différentes sous la direction de 3 chefs et on a PC et bureau le lendemain-même. Les chefs sur place me parlent d'une manière telle que je me dis "Il est pas au courant que j'ai accepté un 'test' d'une semaine" et vu le discours qu'on me tient, je pense "Ca y est, je me suis fait avoir, maintenant que je suis là, ils vont trouver toutes les excuses possibles pour me laisser ici". Il n'y a rien à faire. C'est ma première expérience, je ne connais pas la méthodologie de test liée à la problématique de l'an 2000 (tests de non régression, de vieillissement...) et personne ne l'explique. Assis à mon bureau, pendant une semaine, je me tourne les pouces, me creusant la tête à imaginer ce que je pourrai bien faire. Je regarde sans cesse autour de moi, tout le monde à l'air affairé, très occupé mais ça n'est qu'une image qu'ils se donnent, personne ne fout rien. Je suis écoeuré d'être là. Je saute littéralement de joie au plafond quand les collègues viennent me chercher pour prendre le café, enfin quelque chose d'utile ! Du coup, on prend 5-6 pauses café dans la journée, elles sont malheureusement toutes trop courtes. N'ayant rien à faire, le file à la photocopieuse avec des pavés hauts comme 3 annuaires et je les photocopie, "trouyote" les feuilles et mets le tout dans des classeurs pour passer le temps. Personne ne s'occupe de ce que l'on fait. Je vis la situation de mecs qu'on voit dans les émissions genre "Ca se discute" où on évince des salariés du monde de l'entreprise en leur retirant tout travail par ce que leur chef les a dans le nez. Je n'en dors plus la nuit et je regarde sans cesse le plafond avec la boule au ventre. Le matin, aller travailler est une vraie torture, que la journée passe lentement ! Le soir venu, c'est la libération tant attendue ! Enfin, je quitte le travail, je vais enfin vivre jusqu'à demain matin.
Cette situation m'a tellement tapé sur les nerfs que j'ai envisagé de quitter ma boîte si elle ne me retirait pas du projet, j'ai pris contact avec des personnes de ma promo ayant intégré d'autres SSII pour préparer mon départ, etc. Moi qui suis naturellement assez discret, je n'ai pas arrêté d'harceler (tous les jours !) le commercial du projet pour lui dire que la situation était impossible, que je la vivais vraiment très mal, je lui mens en lui disant que la nature du contrat n'a rien à voir avec tout ça, ce sont juste les transports qui sont trop éprouvants. A contre-coeur, il a fini par me retirer de là. J'ai véritablement hurlé de joie au téléphone en raccrochant, mes 4 autres collègues m'ont regardé avec des grands yeux, contents pour moi et peut-êre aussi un peu envieux...
C'est la première et pire mission que j'ai jamais fait dans cette SSII et ça n'a duré qu'une semaine ! A côté, la suite a été un pur bonheur... Je ne souhaiterai ça à personne...
Bon, j'éspère que ça motivera les autres à partager leurs expériences...
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