On en parle peu (étrange non ? Il faut croire que la vie de Carla/Cécilia est + intéressante pour nos médias) mais le traité dit "simplifié" (en fait une copie pure et simple du TCE, dixit VGE lui-même en septembre 2007 dans le Monde) va être validé par le parlement français.
Or pour certains il s'agit d'un événement majeur, il s'agit du viol pur et simple de la souveraineté populaire, qui l'avait refusé via le référendum. Pire : il fera de l'Europe un carcan ultralibéral, où les hommes politiques seront les simples pantins des financiers, et où le citoyen n'aura plus aucun contrôle sur ses dirigeants. Bon ok c'est déjà le cas, mais pourquoi le constitutionnaliser ?
Etienne Chouard, qui s'était fait connaître en 2005, présente une série d'arguments tout à fait convaincants, parmi lesquels :
- La possibilité pour l'éxecutif d'édicter des directives qui ne passent pas devant le parlement.
- L'impossibilité pour l'Europe de faire marcher la planche à billet, ce qui l'oblige à emprunter auprès des banques privées. Depuis 73 en France et surtout depuis Maastricht nous sommes obligés rembourser une dette contractée auprès des banques privées. L'intérêt à lui seul s'élève à 48 milliards par an en France. Un cadeau pour les financiers, une plaie pour l'état et les français.
- La dépendance du judiciaire au legislatif.
- et j'en passe...
Voilà un court extrait d'une interview de Chouard dans libé (oct 2007), qui expose 5 arguments :
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- Le nouveau traité européen a été adopté vendredi à Lisbonne. Ce texte ressemble-t-il à la Constitution rejetée en 2005 ?
- Ce n’est pas une version édulcorée, c’est la même version et je la combats violemment. On a retiré trois détails sans importance : le drapeau, l’hymne, la référence à la monnaie, le mot Constitution, comme si le fait de retirer l’étiquette retirait le danger. Et puis on nous impose par voie parlementaire ce qu’on vient de refuser par référendum. Pour moi, c’est un viol, un viol politique, c’est une cause de guerre civile. Et les journalistes qui défendent cela sont subordonnés. Ils ne font pas leur boulot de journaliste.
- Pour vous, un nouveau référendum est un minimum ?
- Oui, ça me paraît évident, pour cinq raisons. Parce que sur le fond, tout ce qui est dangereux est là : la confusion des pouvoirs dans les mains de l’exécutif, avec les «procédures législatives spéciales» ou les «actes non législatifs». Le Parlement ne les contrôle pas et ce sont des normes obligatoires qui s’appliquent à tout le monde. C’est incroyable. Et cela peut concerner la concurrence, le marché intérieur, la circulation de capitaux, des choses très importantes, qui sont hors contrôle !
Deuxième point : la dépendance des juges européens vis-à-vis de l’exécutif pour leur carrière. Ils sont nommés pour six ans par les gouvernements, et renouvelables. Dans les démocraties, ça ne se fait pas comme ça. L’indépendance des magistrats est l’un des fondements de la démocratie.
Troisièmement : l’article 104 de Maastricht, c’est-à-dire l’interdiction pour les Etats de créer la monnaie. On est fou d’accepter ça. Les Etats l’ont accepté à Maastricht, c’est toujours là aujourd’hui. Maintenant, ils doivent s’endetter quand ils ont besoin d’argent et payer un intérêt aux banques. Mais on est fou ! C’est contraire à l’intérêt général. La souveraineté politique dépend de la souveraineté monétaire. Si vous l’abandonnée, vous avez tout perdu.
Autre point : la révision de la Constitution. Elle se fait sans les peuples.
Et enfin, dans cette Constitution, aucun organe n’est responsable de ses actes. A part la motion de censure, qui est théorique, parce qu’à la majorité des 2/3, il n’y a pas de mécanisme de responsabilité. Le Conseil des ministres, le Conseil européen, le Parlement ne peuvent être renversés ou dissous par personne. La Banque centrale n’a de compte à rendre à personne. Mais qui est responsable de ses actes là-dedans ?
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