Citation :
Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy
Président de la République
sur le pouvoir d’achat
Monsieur le Président,
Notre pays traverse une grave crise économique et politique, peut-être plus prononcée que chez nos partenaires européens. Mais, je crois que nous sommes aussi et surtout à la veille d’une récession générale que la mondialisation des échanges va amplifier et étendre à la planète entière.
Notre pouvoir d’achat se dégrade lentement mais sûrement. L’inflation des prix (la réelle, pas l’officielle) devient insupportable pour les petits emplois, de plus en plus nombreux, ainsi que pour les agents de maîtrise et cadres moyens, qui n’ont que le SMIC pour horizon ! les premiers comme limite supérieure, les seconds comme seuil minimum en approche directe. Des emplois particulièrement pénibles, tels ceux qu’exerce le personnel hospitalier par exemple sont manifestement sous-payés. Les fonctionnaires ne sont pas épargnés par le mouvement général, même si le système indiciaire les protège peut-être un peu mieux que les autres. Les petits retraités sont de plus en plus à la peine, etc.
Nos petits paysans sont déstabilisés par une politique agricole bruxelloise imprévoyante et désordonnée. Nombre de nos diplômés, les meilleurs, quittent le pays ; ils s’en vont chercher à l’étranger des conditions de travail et de rémunérations plus attractives.
Il n’y a guère que les riches qui s’enrichissent. Nous savons tous qu’il y aura toujours des riches, mais ce qui est inadmissible, c’est que dans le même temps la misère s’installe partout et trop de gens, même en travaillant plus, ne peuvent pas profiter du confort et du bien-être qui leur sont dus !
La dégradation de notre pouvoir d’achat est accélérée par la mondialisation des échanges et par la concurrence sauvage qui l’accompagne. L’Etat laisse s’exercer en toute liberté la loi du plus fort et ne protège plus le pouvoir d’achat des faibles de plus en plus nombreux. Les multinationales sont incitées (il y va parfois de leur survie, mais toujours de leurs intérêts) à déplacer leurs centres d’activité ; elles y trouvent leur compte, tandis que les populations nationales restent sur le carreau ! La destruction de notre appareil de production : fermeture d’usines, délocalisation d’entreprises, délocalisation de services vers les pays à faible coût de main d’œuvre, etc., a pour conséquence des pertes massives de pouvoir d’achat et du chômage. Et, que l’on ne vienne pas mettre en avant nos activités de pointe, bien insuffisantes, car dans le cas contraire l’Insee se serait chargé depuis longtemps de nous le démontrer. La mondialisation est très mal vécue par les Français. Ils ont le sentiment très fort d’être trompés et ils ont raison. On est en présence d’un fantastique jeu politique de dupes.
Mais, où est donc passé le bon sens bien de chez nous, Monsieur le Président ?
Tous les pays se battent pour exporter. On semble ignorer l’existence d’une loi universelle : quand il y a un exportateur dans un pays, il y a un importateur dans un autre pays, et comme la valeur de l'échange est la même pour les deux parties, les exportations sont égales par définition aux importations à l'échelle de la planète. On peut en déduire facilement qu’il n’y a de croissance qu’intérieure.
Ils courent et nous courons tout aussi vainement après des chimères que personne ne cherche à dissiper. C’est inouï !
Monsieur le Président, vous ne pouvez pas ignorer que le solde du commerce extérieur dans la plupart des pays du monde ne représente qu’environ 3% du PIB, en plus ou en moins. Actuellement notre pays peut le vérifier avec ses déficits commerciaux qui s’accumulent de mois en mois.
Cela signifie, à l’évidence, que nous ne pouvons pas compter sur les échanges extérieurs pour développer la croissance de notre PIB, contrairement à ce que tout le monde prétend. C’est mathématique ! On ne peut compter que sur la consommation et l’investissement, activités essentiellement intérieures qui représentent à elles deux entre 97% et 103% de notre activité nationale. Le gisement de la croissance, de l’emploi et du pouvoir d’achat est là, Monsieur le Président, pas à l’exportation puisque ses effets sont annulés par l’importation dont on refuse systématiquement de parler, justement parce que cela dérange.
Je me bats depuis des lustres pour faire admettre cette évidence qu’il est si difficile de faire partager, tant elle est entachée de visées politiques.
La mondialisation et la concurrence sauvage qui en est la conséquence, voilà Monsieur le Président les causes profondes du mal qui ronge notre économie et celle de tous les pays soumis à cette même loi universelle. Monsieur Guaino, votre conseiller spécial ne me contredira pas. Vous avez décidé de faire de l’amélioration du pouvoir d’achat la priorité de vos priorités. Mais, la volonté ne suffit pas, encore faut-il savoir comment y parvenir. Comment comptez-vous surmonter les difficultés que représente le déficit public soumis à l’opprobre de la Banque Centrale Européenne et de Bruxelles ? Comment comptez-vous relever le SMIC (avec peu ou pas de Croissance) et le salaire des fonctionnaires, donner du travail à ceux qui n’en ont pas, accorder les subventions sociales de première nécessité, relever le revenu des Français, etc. ?
Et puis, comme vous le savez Monsieur le Président, l’Etat règle depuis trop longtemps ses dépenses sur le dos des contribuables et grâce à la cavalerie de ses emprunts publics ! Alors, où allons-nous ? Je ne doute pas de votre courage pour affronter des difficultés qui ont été accumulées en plus de vingt années, mais vous me permettrez de douter de votre capacité à relever le pays de son déclin dans l’état actuel des choses, pour deux raisons essentielles, la première c’est que nous sommes entraînés dans la crise avec les autres, mondialisation oblige, la deuxième c’est que le système capitaliste, dans lequel nous vivons tous, défaille. N’ayant plus le contrepoids que lui apportait "feu" le système communiste, il se livre à présent tout naturellement à ses excès. Et personne n’est là pour les réprimer. Il n’est pas dans mes habitudes d’exposer des critiques, sans proposer des solutions, sachant bien évidemment qu’elles ne seront pas du goût de tout le monde. J’espère cependant rallier le plus grand nombre. Voici d’abord un rapide exposé de nouveaux moyens de gouvernance de l’économie d’un pays. J’ai pu constater, il y a bien longtemps (1980), l’existence d’une loi macroéconomique qui commande l’allure de marche de toute activité nationale, découverte en contradiction formelle avec les dogmes reconnus, c’est dire la difficulté à la faire passer. La croissance peut se décréter, Monsieur le Président. Ce n’est ni une blague ni une erreur de mes sens intellectuels abusés. Si vous voulez prendre le temps de parcourir mes travaux sur le Net, vous pourrez vérifier par vous-même et vous forger votre opinion.
Je travaille depuis 27 ans sur un sujet que j’ai eu tout le temps de vérifier, mais c’est surtout la réalisation d’un travail personnel à l’écart des sentiers battus qui explique le résultat obtenu. Si j’avais emprunté les voies traditionnelles, je n’aurais rien découvert du tout.
Monsieur le Président, je vais essayer d’être bref sur l’exposé, ayant déjà un peu abusé de votre temps me semble-t-il. Mais, le sujet est trop important pour être bâclé. Voici ce que l’on peut avancer très brièvement.
L’activité nationale d’un pays se finance comme il en est de n’importe quelle activité d’entreprise. La loi macroéconomique, dont vous trouverez la définition mathématique sur mon site Internet, montre que l’épargne monétaire produit un effet de frein sur l'appareil de production, tandis que le recours au crédit produit l'effet inverse, celui d'accélérateur.
Elle démontre très précisément que l’on passe du PIB d’une période au PIB de la période suivante par simple addition du crédit (net) et soustraction de l’épargne (nette).
Bien que cela paraisse trop simple pour être vrai, c’est la stricte réalité.
Cette différence de PIB qui est aussi et surtout une différence de monnaie entre les deux périodes comprend donc, comme chacun sait : d’une part la hausse des prix, d’autre part la croissance qui est aussi un écart de pouvoir d’achat.
Si l’épargne monétaire joue le rôle de frein, c’est dû au fait que l’épargne bancaire (partie la plus importante) est stockée sur des parkings monétaires sans utilité pour l’économie. J’ai pu le vérifier et en démontrer l’existence. Comme il en est des dépôts à vue, l’épargne en banque n’a pas de contrepartie en monnaie pour la bonne et simple raison qu’elle en a déjà une : celle des créances qui sont à l’origine de sa création. Les dépôts et l’épargne en banque sont la monnaie !
Contrairement à la version officielle, les hausses de prix ne sont pas dues à la quantité de monnaie en circulation, mais résultent de sévères conflits d’intérêts entre agents économiques pour le partage du revenu national (qui est le pouvoir d’achat précisément), conflits d’autant plus âpres que le revenu national tend à se réduire, comme nous le constatons aujourd’hui malheureusement. La quantité de monnaie dite en circulation ne peut avoir d’incidence sur les prix, dès lors que l’offre et la demande sont en équilibre, ce qui est le cas dans nos pays industrialisés. C’est encore une fois affaire de bon sens. La théorie quantitative de la monnaie n’est qu’un épouvantail destiné à écarter ceux qui seraient tentés de chercher ailleurs les causes des hausses de prix. Elle est aussi pour une large part à l’origine du syndrome de l’inflation inoculé à tous les acteurs de la vie économique par le pouvoir monétaire.
C’est donc l’écart de quantité de monnaie entrant dans la sphère réelle d’une période à l’autre qui va déterminer le niveau de la croissance et la variation de pouvoir d’achat correspondante, les effets des hausses de prix une fois éliminés.
La gouvernance d’un pays passe donc par la régulation monétaire que seul l’Etat est apte à assumer. Le niveau du PIB, c’est-à-dire la croissance peut donc se décréter.
Ainsi, tout est affaire de monnaie, n’en déplaise aux tenants de théories archaïques complètement éculées qui ont fait la preuve de leur incapacité à gérer l’économie.
Voici, à présent, les solutions que je vous propose et comme vous le verrez ce n’est pas une mince affaire.
La première démarche qui sous-tend toutes les autres est de crever l’abcès monétaire. Le moment est venu de libérer la monnaie de ses dogmes, de ses tabous et de ses carcans. Le moment est venu de rendre le pouvoir monétaire au peuple, c'est-à-dire à ses élus. La monnaie peut et doit être le moyen démocratique d'accès au bien-être pour tous.
Cela signifie clairement que les accords de Maastricht doivent être purement et simplement dénoncés et que la Banque Centrale doit être replacée sous la dépendance de l’Etat qu’elle n’aurait jamais dû quitter.
Alors et alors seulement, Monsieur le Président, vous pourrez comme vous le voulez donner du pouvoir d’achat aux Français.
A mon humble avis, les besoins les plus immédiats pour faire repartir l’économie française peuvent être estimés (à la louche) entre 200 et 500 milliards d’euros. Non pas au moyen de nouveaux emprunts, car il faut en finir avec l’escalade des emprunts d’Etat, mais à l’aide de concours à l’économie mis à la disposition du gouvernement par la Banque Centrale sur décision de l’Assemblée Nationale. Sur la base d’un plan de redressement dûment motivé, bien sûr. Ces concours à l’économie seraient accordés sans intérêt ni échéance de remboursement. Cela s’appelle de la monnaie permanente, par opposition à la monnaie d’endettement. Les avantages d’une telle mesure tombent sous le sens.
Que l’on donne à cette opération le nom de relance keynésienne importe peu. Elle doit être accompagnée d’une maîtrise parfaite de nos échanges extérieurs, car on ne saurait tolérer que le pouvoir d’achat ainsi avancé, file à l’étranger. C’est la deuxième démarche.
Deux alternatives s’offrent à nous : les pays avec lesquels nous pratiquons des échanges (qui ont intérêt eux aussi à développer leurs activités domestiques, comme nous le ferions),
a) acceptent de passer des accords bi ou multilatéraux afin que l’équilibre des échanges commerciaux entre pays soit garanti, éventuellement sous l’égide d’un organisme tel que l’Organisation Mondiale du Commerce, tout indiqué pour cela,
b) n’acceptent pas (ce qui paraît bien improbable) et nous fixons des quotas.
Il est bien évident qu’avec la relance les risques d’inflation des prix augmentent et des mesures devraient être prises pour les limiter (engagement par les entreprises de modération des prix, par exemple) avec pour ultime recours le blocage général ou partiel des prix. Si par le passé, les expériences faites dans ce domaine ont pour la plupart échoué, c’est que le blocage des prix s’est toujours accompagné de sévères restrictions monétaires, tellement persuadés que nous étions de la trop grande quantité de monnaie en circulation (ce qui est faux). Ici, la différence est capitale qui privilégie l’abondance monétaire à destination exclusive de la sphère réelle.
Ainsi que plusieurs auteurs en ont fait la suggestion, les concours à l’économie sus-visés devraient être destinés essentiellement à l’investissement public, tandis que l’impôt devrait être réservé à l’entretien des ouvrages et installations existants. On peut se fixer cette règle pour objectif à deux ou trois ans, après la nécessaire période de rodage de cette nouvelle politique économique et monétaire.
Si vous permettez Monsieur le Président, voici ce que vous pourriez entreprendre, et le plus tôt serait le mieux.
a) relever sensiblement le salaire des fonctionnaires, à commencer par les plus bas, sachant que ce sont les petits revenus qui ont la plus grande propension à consommer et la plus faible à épargner, mesure favorisant de plus la nécessaire réforme que vous avez entreprise,
b) engager les dépenses les plus urgentes en matière de services publics (recherche, enseignement, santé, justice, sécurité, etc.) tant en ce qui concerne les investissements que l’entretien (trop longtemps négligé) des bâtiments, matériels et installations,
c) relever le Smic, au fur et à mesure (mais pas avant) que l’activité du secteur privé, dopé par les dispositions prises au-dessus, alimente le pouvoir d’achat fruit de la croissance.
Ainsi, la monnaie déversée au départ dans le secteur public va doper l’activité privée de production, c’est-à-dire la consommation et l’investissement, amorçant ainsi le processus de croissance (positive, évidemment) jusqu’à retrouver la spirale expansionniste que nous avons connue pendant les trente glorieuses.
Monsieur le Président, délivrez-nous de toute urgence du syndrome de l’inflation, il a fait assez de ravages dans le monde. La gestion économique d’un pays ne doit plus être affaire de fiscalité, mais de finance et de monnaie. La monnaie est le carburant de l’économie. Si vous voulez accélérer le processus vous devez l’injecter, par création, dans les circuits réels et si vous voulez le ralentir vous devez en réduire la création ou la diriger vers les parkings monétaires de l’épargne bancaire.
Changez l’ordre des choses, Monsieur le Président, et vous gagnerez votre pari sur le pouvoir d’achat. Ne vous laissez pas dicter votre conduite par les kamikazes du statu quo qui ne vont pas manquer de freiner des quatre fers pour enrayer toutes les tentatives de changement qui pourraient les déranger dans le confort douillet de leur situation et de leurs privilèges.
La voie du socialisme monétaire vous est ouverte, Monsieur le Président, choisissez d’en faire l’outil de l’équité entre les hommes et montrez-nous votre détermination à œuvrer en priorité pour le bien des plus démunis.
N’ayant pas voulu sacrifier l’essentiel, Monsieur le Président, je vous prie de bien vouloir m’excuser d’avoir été aussi long et croyez à l’expression de mes sentiments les plus déférents.
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