Caen, le 27 mars 2006.
 
 
 
 
 
 
 
COMMUNIQUE DE LA PRESIDENCE
 
 
 
 
 
Depuis maintenant près de 20 jours, plusieurs bâtiments de l’Université de Caen Basse-Normandie sont occupés jour et nuit par des étudiants, auxquels se sont joints ces derniers jours des personnels de l’Université (enseignants, enseignants-chercheurs, IATOS).
 
 
 
Si cette occupation illégale des bâtiments universitaires s’est faite les premiers jours dans un esprit de responsabilité et dans le respect de la sécurité des personnes et des biens, il en est maintenant tout autrement, surtout sur le campus 1 : blocage des issues de secours, extincteurs vidés, impossibilité d’intervention des pompiers en cas d’incendie, alcoolémie importante, présence d’étudiants la nuit sur les toits des bâtiments, vacarme nocturne insupportable pour les personnels logés dans les bâtiments par nécessité de service, sentiment d’insécurité pour ces personnels et leurs enfants, graffitis sur les murs, forçage de portes, vols de matériels, la liste est longue des graves atteintes à la sécurité des personnes et des biens. De plus, la légitime volonté d’un bon nombre d’étudiants de retrouver la liberté de circuler, d’étudier, d’aller en cours dans les locaux universitaires a conduit un certain nombre d’entre eux à tenter des interventions qui ont failli à plusieurs reprises dégénérer en affrontements, évités de justesse grâce à la présence de membres de l’équipe de direction.
 
 
 
Enfin, dans la nuit du jeudi 23 mars au vendredi 24 mars une centaine d’individus, dont certains cagoulés et munis de barres de fer, ont tenté d’investir des bâtiments par la force.
 
 
 
Pensant que les étudiants grévistes, très responsables et respectueux de la sécurité au début du mouvement, pourraient comprendre la gravité de la situation et trouver d’autres modes d’action, plus conformes à la légalité, moins pénalisants pour l’ensemble des étudiants, moins générateurs d’insécurité et plus respectueux des principes fondamentaux de notre démocratie, j’ai proposé jeudi matin que les locaux soient rendus à l’enseignement et à la recherche, avec la possibilité de banaliser les journées de mobilisation nationale. Ce compromis a été refusé par l’assemblée générale (800 personnes, dont un bon nombre de lycéens).
 
 
 
Devant cette situation gravissime, j’ai décidé, en accord avec l’équipe de direction, de transférer à la Préfecture la responsabilité de la sécurité des campus universitaires.
 
 
 
 
 
Outre les conditions d’insécurité grave dans lesquelles nous sommes maintenant, de nombreux étudiants risquent de voir leurs examens compromis, leurs stages annulés, leur travail salarié d’été remis en cause si la session d’examens de juin était repoussée en juillet ou remplacée par la seule session de septembre. De plus, le retard subi par les travaux immobiliers et le traitement des tâches administratives indispensables atteint aujourd’hui un niveau qui ne pourra que nuire gravement à l’ensemble de la communauté universitaire (remise en cause de certaines opérations essentielles : aménagement du bâtiment Inscriptions, paiement de certains salaires et fournisseurs, recrutement des enseignants-chercheurs, promotions de certains personnels IATOS, délivrance de diplômes…).
 
 
 
Par ailleurs, le Conseil d’Administration lors de sa dernière réunion, a adopté par 35 voix pour, 1 abstention et 14 voix contre, la motion suivante :
 
 
 
« Le Conseil d’Administration de l’Université de Caen Basse-Normandie, réuni le 24 mars 2006, comprend l’inquiétude des étudiants à propos du CPE et s’associe à leurs préoccupations. En revanche, il désapprouve l’occupation de bâtiments universitaires, qui prive les étudiants dans leur ensemble de la liberté élémentaire de suivre les enseignements qui leur sont proposés, nuit au fonctionnement général de l’Université et menace la sécurité des personnes et des biens. Le Conseil d’Administration de l’Université demande instamment la fin immédiate de l’occupation illégale des bâtiments universitaires ».  
 
 
 
En outre, en accord avec le Conseil Scientifique et le Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire, le Conseil d’Administration, à une plus courte majorité (27 voix pour, 2 abstentions, 13 voix contre, 8 refus de vote), a souhaité ajouter à cette motion le paragraphe suivant :
 
 
 
 «  Pour permettre la mise en œuvre du dialogue et de la concertation nécessaires à la sortie de la grave crise actuelle, les trois conseils de l’Université de Caen Basse-Normandie demandent instamment au gouvernement de suspendre l’application du CPE pour ouvrir très rapidement des négociations avec les syndicats et les associations d’étudiants, de lycéens, d’employeurs et de salariés sur l’avenir professionnel de la jeunesse de notre pays. ».
 
 
 
En espérant que notre Université retrouvera le calme dans les plus brefs délais, la sécurité, la liberté de travailler et de circuler, je forme aussi le vœu que les conditions du dialogue soient rétablies pour que la jeunesse de notre pays se voie offrir un avenir professionnel encourageant.
 
 
 
 
 
                                                                                               La Présidente de l’Université,
 
 
 
 
 
                                                                                                      Nicole LE QUERLER.