Bon, réfléchissons. Lorsqu'une semaine a commencé dans la 4e dimension (cf notes précédentes), comment peut-elle se terminer ? La réponse est évidente: bizarrement.
Je resitue le contexte. Jeudi soir, je vois sur msn une fille qui ne s'y était pas connectée depuis des lustres, qui avait chopé mon email sur Meetic. Franchement, j'avais accroché moyen à son caractère assez... particulier ("ouais je suis une vraie bombe", "les mecs je les vois, je les prends, je les jette", "sérieux je claque des doigts ils tombent tous" ). Bref, après m'être rendu compte que ce n'était pas de l'ironie (et après avoir vu une photo qui m'a plutôt déçu, accessoirement), je l'avais plantée là avec son complexe de supériorité et ça fait bien un an que je n'y pensais plus.
Là, elle se connecte donc et commence à me parler. Ca se finit par "je suis sur les Champs ce soir, tu passes et on prend un verre". Généreux que je suis avec les défavorisées (et hormonalement perturbé par un célibat difficile
), j'accepte.
Excellente surprise, elle est vraiment bien. La photo ne lui rendait pas justice, effectivement elle était en train de se faire draguer au moment où j'arrive, elle s'est faite chauffer alors qu'on allait dans un bar, elle s'est faite allumer par les serveurs, les mecs se retournaient dans la rue.
Très mauvaise surprise, elle est vraiment neuneu. Enfin elle a au moins une très haute opinion d'elle-même et raconte en long, en large et en travers à quel point c'est formidable pour les mecs d'être à son bras quand elle danse sur les podiums en boîte, qu'elle adore être prise en photo pour les flyers de soirée, et que globalement la vie est facile quand on a, je cite "[son] physique et [son] intelligence". Super. N'oublions pas d'ailleurs le sac Vuitton, les bottes montantes à talons aiguilles, la mini-jupe et le corsage ventre-à-l'air sans lesquels il n'est point de bonheur possible.
Pendant la soirée, son caractère change progressivement et commence à devenir plus potable, et je finis par me dire que ce n'est pas si désagréable de discuter avec elle tant qu'on n'essaie pas trop d'ironiser sur la beauté des reflets dans ses cheveux (mwhahaha). Surtout, elle me dit qu'elle est maquée depuis peu et avec un soupir de soulagement je rétorque un "désolé, jamais de filles maquées" du plus bon aloi avant de l'abandonner à son métro et de rentrer chez moi en pestant sur les dieux qui refusent d'accorder à la fois humour et beauté (sauf cas non mentionnés par pudeur dans ce blog).
Bref, "à un de ces jours", "c'était sympa" "biz biz", au revoir".
Nous étions donc jeudi.
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Vendredi, donc. Energique et sportif comme à mon habitude (!), j'essaie de me motiver pour aller courir un peu vers 21h et faire un tour dans la salle de sport pas loin de chez moi. On ne rit pas, s'il vous plaît. Si j'ai envie de devenir un appollon sans belvédère, hein, d'abord ? Un peu de compassion pour ceux qui n'ont pas vos tablettes de chocolat.
Quand soudain (je t'espère stressé, ami lecteur), le téléphone sonne. Tout aussi soudainement, je décroche. Paf, c'est la miss Monde de la veille. "Hello, pas envie de sortir en boîte ce soir, c'était sympa la discussion d'hier, tu fais quoi, on se retrouve à 22h sur les champs ?"
Moi: "Ben en fait je pensais..."
Elle: "C'est toi qui a payé hier, à moi de retourner l'invitation, tu peux pas dire non, j'aime pas les dettes"
Moi: "Beuuuh"
Elle: "Ok, à 22h alors"
Bon, ok, j'admets que je ne me suis pas débattu super énergiquement et que c'est toujours un plaisir de se faire inviter par une jolie fille, ne serait-ce que pour mon ego si peu développé. Et puis un cocktail est toujours agréable, en l'occurence une p'tite vodka-kiwi délicieuse.
J'annule donc (avec le coeur lourd, vous pensez) le sport et je file sur les Champs qui commencent décidément à me gonfler cette semaine. 22h sonne, nobody here. Nouveau coup de fil.
Elle: "Je suis super en retard, le métro est planté, je serai là à 22h30. Ca te dérange pas ?"
Moi: "grmflxebl" (vous noterez mon sens de la répartie tout au long de la soirée).
Elle: "C'est chiant, mon dernier métro est à 0h15 début de ligne, on pourra pas se voir longtemps"
Moi: "Ben oui" (idem)
Elle: "J'ai une super idée, t'es pas loin, tu peux m'héberger, t'as un canapé ou un truc comme ça ?"
Moi: "Attends une seconde, je..."
Elle: "Sinon je rentre direct, ca vaut pas la peine que je vienne pour à peine plus d'une heure"
Moi: "Bon ben ok"
Elle: "Ah au fait, c'est fini avec mon mec. Bonne nouvelle non ?" Clic.
Panique chez la Grenouille.
Il faut savoir que le batracien est un être timide (si si), qui n'aime pas particulièrement que les événements lui échappent. Improviser, c'est sympa, mais accepter d'héberger une top model en sous-vêtements La Perla embagousée jusqu'à l'utérus et convaincue qu'elle est la 8e merveille du monde, ceci dans un appartement non rangé qui ressemble à un champ de bataille, sans être autrement attiré que physiquement (je sais, je suis con), c'est un peu particulier.
J'appelle donc Daviso. Qui répond pas (connard). Un pote commercial boulet (devinez de qui je parle) qui ne répond pas ('foiré - il m'a dit plus tard que c'était le moment de la finale de la Starac et qu'il allait quand même pas répondre au portable... je rêve et pour la peine je délationne). Un autre pote commercial moins boulet qui se fout de ma gueule et propose de me remplacer. Bref. Je prends mon courage dans une main, mon boxer dans l'autre, et je me motive pour l'arrivée de la danseuse des podiums.
Elle arrive, elle m'offre le verre promis, on discute jusqu'à 0h30 et le dernier métro et, chose étonnante (ou l'alcool aidant), elle devient presque fréquentable. Je me dis que la nuit ne sera finalement pas si catastrophique que ça et nous retournons à mon domicile.
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Suite et fin de l'histoire qui a commencé deux chapitres plus bas.
On arrive donc dans mon appart. Malgré toutes mes précautions et mes avertissements, premiers cris d'horreur de la jeune fille en détresse. "OMG, mais ya des miettes par terre ! Mais mais mais mais t'as pas rebouché un pot de Nutella ! Et c'est quoi ces bouteilles vides ? Et tes vêtements sont en tas par terre ? Ah ouais, j'avais pas vraiment compris ce que tu voulais dire par pas rangé !"
J'admets, c'était assez bordélique. M'enfin je lui avais rien demandé, en même temps. Bref, on discute, je me dis que finalement la vie est faite pour être vécue, blablabla, quand soudain elle fait "ah ben tiens, et si on se marrait un peu ?" Je réponds poliment et elle sort son portable pour appeler son ex.
"Allo connard ? Ouais ouais je te réveille ? Bah t'es un gros bouffon, je voulais juste te dire que j'étais trop contente de t'avoir jeté, t'es une sale merde". Elle se tourne vers moi avec un grand sourire. "Tu vas voir, c'est le genre de mec macho à deux balles qui va pas être content". Ca alors, quelle surprise.... Le ton semble monter au téléphone, ça s'engueule, et elle lui sort quelques belles perles du genre "Mais attends franchement t'as vu ta tronche, tu croyais quand même pas que j'allais rester longtemps avec toi, sérieux arrête de rêver, snap out of it j'veux dire, je peux avoir qui je veux moi. Je suis belle, je suis intelligente, les mecs m'adorent. T'étais qui pour espérer rester avec moi, hein ? Pauvre tache !" Et elle lui raccroche au nez avant de redevenir tout sourire avec moi: "Je t'avais dit qu'on se marrerait, franchement quel gogol, je supporte pas les mecs qui ont pas mon niveau culturel. Toi sérieux on a trop en commun, t'es bac+5, je veux dire ça fait vraiment toute la différence, t'imagines même pas comment je galérais"
Gros blanc. Question à tous les mecs présents, comment est-ce que vous faites pour éjecter poliment une fille qui vous révulse profondément sans qu'il y ait un scandale monumental qui réveille tout l'immeuble alors qu'elle s'attend visiblement à ce que vous lui arrachiez son porte-jarretelles avec les dents ?
Je réagis comme tout débile digne de ce nom: je déplie le clic-clac. Et là, c'est le drame. Au fond du clic-clac non déplié depuis un ou deux mois (le bleu, pas le rouge, pour ceux qui connaissent), on retrouve une part de brioche datant de mathusalem et un préservatif usagé. Ouais, j'entends d'ici vos hurlements de dégoût, c'était rien par rapport au mouvement de recul de Brune Evaporée. Je m'attends à ce qu'elle pivote sur ses (hauts) talons et se barre d'ici, mais non, la sentence tombe: "finalement ça m'arrange, tu veux pas me faire dormir dans ce clic-clac tout dégueulasse, si ça te dérange pas je dors avec toi dans le lit, ya de la place pour deux".
Réponse de la Grenouille: "Ouais mais non, prends le lit, je prends le clic clac".
Elle me regarde hallucinée, j'éteins rapidement la lumière et je coupe rapidement court à la conversation. Je m'endors vraiment - le matin, à 9h, elle me réveille en enjambant brutalement mon matelas.
"J'aurais dû m'en douter, t'es qu'une sale pédale, sérieux t'as même pas tenté un truc pendant la nuit, essaie pas de me rappeler, je répondrai pas."
Et elle se barre.
Et nous étions samedi matin, et ma semaine complètement débile se terminait dans un dernier crescendo...