Citation :
La loi en France
Article 227-24 du Code pénal : « le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d'un tel message, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende (375 000 euros pour les personnes morales) lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur.» Depuis 1994, l'outrage aux bonnes moeurs n'est constitué que si le message pornographique atteint les mineurs.
Vendeurs de presse et loueurs de vidéo sont censés masquer les magazines et DVD érotiques ou pornographiques, ainsi que vérifier l'âge de leur clientèle. Les films érotiques et pornographiques télévisés ne sont disponibles que sur des chaînes payantes. Les décodeurs sont munis d'un système de verrouillage, nécessitant un code pour l'accès à ces programmes. Les Fournisseur d'accès à Internet proposent des logiciels de contrôle parental, permettant d'interdire aux sites contenant certains mots-clés.
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Pornographie et violences sexuelles aujourd'hui
« Nous assistons à une inflation iconique, marquée par une sexualité exhibitionniste, agressive, hyperréaliste et frénétique, ponctuée dactes sexuels de plus en plus extrêmes : gang bang, double et triple pénétration, zoophilie, bukkake, ondinisme, fisting, etc. Selon le hardeur et producteur de pornographie, la simple pénétration vaginale ne suffit plus pour exciter les consommateurs. » (50 ans après la naissance de Playboy - La tyrannie du nouvel ordre sexuel Richard Poulin)
Exploitation des femmes
Des anciennes actrices de ce milieu ont témoigné de certaines pratiques extrêmes. Raffaëla Anderson raconte :
« Je considère ces scènes [de double et de triple pénétration] comme du vrai hard [...] D'autres filles ont eu pire. À commencer par la double pénétration vaginale, la double pénétration anale, puis les deux en même temps. Imaginez quatre types, nord-sud, est-ouest, et la fille en levrette, pouvant à peine respirer, en gros plan pendant deux minutes, le minimum exigé [...] J'ai vu ces filles [de l'Europe de l'Est] souffrir et pleurer [...] Prenez une fille sans expérience, ne parlant pas la langue, loin de chez elle, dormant à l'hôtel ou sur le tournage. Faites-lui faire une double pénétration, un fist vaginal, agrémenté d'un fist anal, parfois les deux en même temps, une main dans le cul, parfois deux. Tu récoltes une fille en larmes, qui pisse le sang à cause des lésions, et qui généralement se chie dessus parce que personne ne lui explique qu'il faut faire un lavement. De toute façon, c'est pas grave, la merde fait vendre. [...] »
La même actrice : « Le matin, tu te lèves, tu te fourres pour la énième fois ta poire de lavement dans le cul et tu nettoies lintérieur. Tu réitères jusquà ce que ce soit propre. Rien que ça, ça fait mal. [
] Après ça, jai besoin de me mettre sous la couette une heure pour oublier combien jen souffre. [
] Aucune position ne convient. Tu tournes dans tous les sens mais y a rien qui tapaise. Après quoi, tu te retrouves sur un set et tu suces, tu cambres. On te traite de salope [
]. Rien ne vaut une telle souffrance. »
« Tournage X. Une petite blonde assez mince se fait sodomiser sans ménagement par un mec puis par un autre puis par un troisième. Ils font la queue sans état d'âme, bite à la main. Les larmes font couler le maquillage. Difficile de confondre les cris avec des cris de plaisir. Entre le 2e et le 3e type, qui la secoue comme un sac, elle chancelle et ses yeux virent au blanc. Plan coupé. Séquence suivante, nouvelle enculade, avec en plus trois mains plongées dans son vagin, la fouillant sans ménagement. Quand son partenaire se retire, elle manque de tomber. Une main la redresse par l'épaule et lui plaque le visage sur une bite. Elle doit sucer, tout avaler. » (Richard Poulin, professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa, La Mondialisation des industries du sexe)
Selon ce sociologue : « les gens sont prêts à prendre le risque de tomber aux mains de trafiquants pour améliorer leur vie, et de lautre, il y a une tendance chez les pays industriels à employer de la main-duvre bon marché, non déclarée, et dexploiter sexuellement les femmes et les enfants dans lindustrie de la prostitution et de la pornographie. »
Ovidie, qui se qualifie de « travailleuse du sexe », admet que « parfois, il y a des choses qui sont très violentes et qui laissent des marques ». Elle dit « être sexuellement attirée par les images fortes, de puissance. Par la violence guerrière presque sublime [...] Dans l'esthétique nazie, il y avait une dimension sexuelle indéniable ». (Entretien d'Ovidie avec Marzano, 2003)
Quelques livres récents ont abordé l'escalade du porno dans la violence ; par exemple Guyenot parle dun « nihilisme pornographique ». Ce nihilisme se traduirait par une dévaluation des valeurs que nous conférons habituellement à tout être humain, mais cette dévaluation touche essentiellement les femmes :
« La chosification et la déshumanisation du corps féminin [propres à lesthétique porno] ont pour effet de conférer aux hommes une supériorité... humaine sur les femmes ravalées à lanimalité. » (Richard Poulin)
Exploitation des enfants
Quelques chiffres à prendre avec précaution, le sujet étant aujourd'hui encore très mal connu :
* chiffre d'affaires de la pornographie enfantine aux États-Unis : estimé à deux ou trois milliards de dollars US par an (Ellengeber, Urs (2002), Prostitution enfantine).
* un million d'images pornographiques et 40 millions de pages Internet concernent la pornographie enfantine (chiffre d'après le Premier Congrès mondial contre l'exploitation sexuelle d'enfants à des fins commerciales, tenu à Stockholm)
* En Allemagne, 130 000 enfants (d'après la police) seraient contraints à des pratiques pornographiques
D'après la secrétaire générale de l'Organisation contre l'exploitation sexuelle des enfants, Katrin Hartmann, il existe dans les États de l'ex Union soviétique des organisations mafieuses qui font commerce de l'exploitation pornographique des enfants.
« La pédopornographie est presque toujours l'enregistrement d'un crime en train d'être commis. Les enfants que l'on voit sur ces photos ont été, au moment où elles ont été prises, exposés à des actes dégradants et humiliants de caractère criminel. Sur certaines de ces images, ils sont battus ou brûlés ou sont exposés aux pires actes de dépravation sexuelle. Ils font l'objet d'une manipulation psychologiquement éprouvante pour les amener à poser de façon obscène avec d'autres personnes, y compris d'autres enfants. Aucune image pornographique d'un enfant n'a été produite sans que l'enfant souffre » » (selon un document du deuxième Congrès mondial contre l'exploitation des enfants à des fins commerciales, à Yokohama.)
Industrie pornographique et SIDA
Des cas récents de V.I.H. dans le milieu de l'industrie pornographique révèlent les conditions de travail des acteurs et actrices. Les actrices des pays de lEst et dAmérique latine ne sont pas informées des risques de contaminations alors quelles pratiquent des rapports risqués (sodomie et partenaires multiples). Mais les producteurs exercent souvent une pression pour tourner leur film sans aucune protection au prétexte de répondre à une demande des spectateurs.
Les effets de la pornographie
Un adolescent européen voit en moyenne 14 000 références sexuelles par an à la télévision, parmi lesquelles 165 seulement sur la contraception et les risques de MST.
Incitation à la violence
Aucune étude n'a montré que la pornographie était la cause unique de violences sexuelles ; en revanche, la plupart conclut qu'elle incite des hommes déjà disposés à la violence et qu'elle a dans ce cadre une influence déterminante.
Par exemple, daprès une enquête de Bergen et de Bogle faite en 2000, trente-deux femmes violées sur cent qui ont été enregistrées par la police ont déclaré avoir été contraintes par leurs violeurs de prendre des positions inspirées de films pornographiques.
Selon une étude de Cramer, McFarlane, Parker, Soeken, Silva et Reel, 40,9 % des femmes rapportent une consommation pornographique de leur agresseur : ces femmes ont été contraintes à visionner des scènes ou à poser pour des scènes à caractère pornographique.
D'après une étude du Centre-Femmes de Beauce à caractère non scientifique, intitulé La pornographie n'est pas sans conséquences, 13 % des femmes disent avoir subi des pressions de leur conjoint en rapport avec la pornographie.
77 % des pédophiles ayant agressé des petits garçons et 87 % de ceux qui ont agressé des petites filles ont avoué l'action déterminante de la littérature pornographique dans leurs pensées et leurs comportements.
En résumé, s'il n'y pas d'accord des sociologues et des psychologues pour dire que la consommation de pornographie est une cause en elle-même de trouble du comportement, il est généralement admis qu'elle y participe, et qu'elle est tout autant une cause parfois déclenchante, qu'un effet de troubles de la sexualité déjà présents et qui expriment les difficultés de notre civilisation à éduquer les pulsions humaines.
On peut donc renverser la perspective, et dire que la surenchère pornographique de ces dernières décennies est plutôt le résultat que la cause des problèmes que rencontrent les sociétés occidentales.
Dépendance pornographique
« Les théories les plus élémentaires sur l'apprentissage et le conditionnement montrent que plus on entretient une appétence au niveau du fantasme, plus elle est forte. » (docteur Michel Dubec, expert auprès de la Cour d'appel de Paris)
Le conditionnement pornographique entraîne ainsi une dépendance qui envahit la personnalité. D'une manière générale, elle fait partie de ce que l'on nomme dépendance sexuelle :
« La dépendance sexuelle existe quand une personne pratique une activité sexuelle qui en vient à affecter négativement sa capacité à composer avec les autres aspects de la vie, devenant impliquée dans d'autres relations soit vraies, soit à travers les fantasmes et devenant dépendante des expériences sexuelles comme source première de contentement (...) sans regard aux conséquences sur sa santé, sa famille et sa carrière.» (Dr. Harry Schaumburg)
Des études psychiatriques ont révélé chez des personnes dépendantes que leur consommation de films ou d'images à caractère pornographiques excitait une forte sexualisation de leurs rapports humains. Comme vu plus haut, cette hyperexcitation favorise le passage à l'acte, de la demande à un partenaire de pratiquer certains actes vus dans des films ou des magazines jusqu'à la contrainte, par exemple d'un homme sur sa partenaire ou sa femme, ou n'importe quelle femme, et dans certains cas sur ses propres enfants.
Différentes analyses de la pornographie
Les détracteurs de la pornographie lui reprochent de nier la subjectivité humaine, de détruire les relations sentimentales à l'autre en en faisant l'instrument d'un plaisir insatiable. Ce caractère insatiable du désir mis en scène, dans la surenchère des signes de la jouissance (hurlements orgasmiques, frénésie des pulsions, multiplication presque sans limites des partenaires, réduction de l'être humain à la seule pulsion sexuelle) marqueraient paradoxalement l'absence totale du désir : en effet, désirer, c'est désirer quelqu'un ; l'élimination de la dignité d'autrui, par des pratiques de domination (les femmes étant le plus souvent les victimes), anéantit le corps en le transformant en viande à consommer, alors que c'est cet être que l'on désirait. Ainsi, la pornographie utilise de nombreux moyens pour faire voir des êtres jouissants, mais ne montre finalement que des êtres exténués d'où tout désir est absent, mis à part peut-être le désir de dominer et d'humilier, d'anéantir la dignité du partenaire sexuel. On ne peut donc croire que la pornographie participe de la libération sexuelle, puisqu'elle en est justement le contraire. (Voir par exemple Michela Marzano, La Pornographie, ou l'épuisement du désir)
Les détracteurs de la pornographie dénoncent une banalisation de la pornographie dans la société actuelle, souvent considérée comme un travail à part entière avec ses inconvénients. Ils considèrent que cette banalisation est caractéristique de la passivité des consommateurs qui l'acceptent sans aucune conscience morale ; ils avancent parfois cette citation de Dostoievski : "L'homme est une ordure, il s'habitue à tout.'" (Crime et châtiment).
Cependant d'autres personnes considèrent la pornographie comme une activité à part entière avec ses objectifs et ses inconvénients. Beaucoup d'acteurs et actrices de films pornographique considèrent que c'est un métier, que la rémunération compense la pénibilité du travail.
Les défenseurs de la pornographie, composés logiquement des professionnels en la matière et de la plupart des consommateurs, avancent le fait que la pornographie véhicule une liberté sexuelle combattant une pruderie malsaine imposée par les religions et trop longtemps admise par la population. Selon eux, cette pudeur contre nature conduit à la frustration qui engendre logiquement les crimes à caractères sexuels chez les personnes déjà violentes. D'un autre côté, ils admettent que la pornographie est naturellement composée de mauvais éléments comme de bons, mais souligne le fait que sa principale vocation est récréative, autant dans sa consommation que dans sa réalisation, et est par conséquent généralement dénuée de toute violence avilissante et non consentante. Ainsi, la plupart des consommateurs recherche le caractère insouciant de cette activité, et rejette donc naturellement toute forme de censure. Enfin, les partisans de la pornographie se plaignent souvent de la tendance des détracteurs à masquer ce qu'elle représente pour la plupart des gens, au profit de l'outil de légitimation de l'accomplissement de dérives violentes et avilissantes qu'elle peut être pour certains.
Citations
* « On asservit les peuples plus facilement avec la pornographie que par des miradors. » (Alexandre Soljenitsyne)
* « Un extraordinaire tapage sexuel colonise aujourd'hui jusqu'au moindre recoin de la modernité démocratique », (Guillebaud, Jean-Claude (2001), La tyrannie du plaisir, Paris, Seuil Points)
* George Steiner rapproche « lavilissement imposé par la pornographie, et le régime totalitaire dont le camp de concentration est le raccourci logique. »
* « Cette profanation collective de la vie, cest la pornographie. » (Michel Henry, Incarnation, une philosophie de la chair)
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