Le Cynisme ... peut-être l'une des dernières réelles formes de philosophie en Europe occidentale, parmi cette foule de palmes académiques qui se battent sur l'en-soi et le pour-soi, sans ne rien savoir de l'être ...
Loin d'être une insulte ad hominem (insulte gratuite à l'encontre d'une personne, sans le moindre autre but que d'injurier ou d'humilier : "il a tord parce qu'il est gros !" ), ladite "philosophie" officielle fait figure de junkie perdue dans les méandres de son inconscience et de son irresponsabilité. Recluse, inaccessible à quiconque n'est pas dépourvu de libre-arbitre et d'esprit critique, elle demeure seule, à se parler d'idées plus abstraites les unes que les autres, issues des fruits de son délire et cryptées afin qu'elles ne soient lisibles que par une minorité, sa secte.
Je souhaiterais mille fois que le précédant paragraphe soit infondé, une élucubration de ma part, par simple respect envers la Philosophie, qui m'est chère. Mais non, je l'ai vue trainée dans la boue, telle une soi-disant sorcière poussée au bûcher par l'Inquisition. Lors de colloques, exposés stériles où le moment des questions n'est que cacophonie de fanatiques cherchant à inclure leur Auteur-Dieu et Ses idées dans des sujets ou des systèmes où ils n'ont pas lieux d'être, lors de cours magistraux et travaux dirigés universitaires où l'on devait laisser sa réflexion, ses idées et sa sagesse au vestiaire, dans des livres aussi soporifiques qu'inutiles (sinon pour caler un meuble branlant, et encore ...), cryptés et chers, de la bouche de "spécialistes agréés", la plaçant entre les mains corrompues du Pouvoir, ...
Aujourd'hui, et par ces maltraitances et le détournement honteux qu'on a fait d'elle, la majorité la qualifie d'inutile, de non fiable (contrairement aux sciences dites "dures" telles que les Mathématiques et la Physique) et d'accessible seulement à une "élite". C'est en effet le portrait de ce que fait cette dite élite. La Philosophie est, au contraire, une science primordiale et fondamentale, à l'heure où l'acharnement thérapeutique et le progrès pour le progrès font légion, à l'heure où l'éthique scientifique est bridée, violentée.
Le Cynisme ... un courant philosophique insulté, discrédité, caricaturé. On la connait surtout sous les traits de Diogène de Sipone, cet homme au fort caractère, en guenilles et résidant dans une amphore à céréales (et non dans un tonneau, importé par les Grecs de Gaule bien plus tard ^^), figure de proue d'une embarcation bien singulière. Mais le père fondateur du Cynisme est Antisthène, élève du sophiste Gorgias, puis de Socrate (ce nom vous dit quelque chose ? Comme c'est étonnant ^^) et professeur de ce bon Diogène.
L'image récurrente de ce courant, bien sûr, Diogène en trait de déféquer (pour ceux qui ont la flemme de chercher dans le dico ou sur wikipédia, ça veut dire faire caca) en pleine place publique ... en totale fidélité à la pensée cynique : se débarrasser des désirs quand ils se font sentir afin d'ôter ces obstacles à la pensée (prenons le doux exemple d'un enfant qui a fortement envie de faire pipi ou caca ... ou les deux, en plein cours et que la maîtresse ou le maître ait la très bonne idée de l'envoyer au tableau résoudre un problème ... je suis prêt à parier mes chaussures de marche qu'il se fera dessus avant de trouver la solution ^^ ... je le sais, ça m'est arrivé ... d'aller au tableau en ayant envie d'uriner ... mais si la maîtresse n'avait pas accepté que j'aille aux WC, je me serais fait dessus, sans le moindre doute ^^). Les besoins naturels tels que de manger, de boire, de se vider après avoir fait les deux premiers ou d'assouvir ses pulsions sexuelles occupent l'esprit et l'handicapent. Rien d'étonnant à ce que des Descartes, des Kant ou consorts puritains en soient arrivés à de telles paquets de nœuds de pensée ... et rien d'étonnant non plus à ce que le Cynisme ait une si sale image ... Mais les images, on s'en balance, le plus important sont les actes et les idées ! Quant à dire si le cynique est hédoniste, se faire plaisir, c'est bien, ne vivre que pour ça, je ne sais pas si c'était un but que les cyniques voulaient atteindre, malgré la place privilégiée de celle-ci dans leur pensée.
Et en effet, contrairement à de nombreux courants philosophiques (ou se faisant passer pour tels), le cynisme est une sagesse de vie (ce qui veut dire qu'elle est pratique, et non simplement théorique). Transmise par le geste, par l'exemple empirique (et non impérial, empirique = par l'expérience) ou par voie orale, cette sagesse tend à la premier quête de la Philosophie : tenter d'atteindre et de comprendre le Réel, dans le but de trouver le Bonheur. Rien à voir avec ces drogués qui, actuellement, tremblent fébrilement face à leurs fantômes dans leur salles lugubres.
Mais la forme orale n'est pas simplement caractéristique du Cynisme, mode de transmission répandu durant l'Antiquité, aussi bien chez Platon que chez Cratès (un autre cynique, qui aimait à rentrer chez les gens sans frapper, et qui fut la transition entre Cynisme et Stoïcisme), aussi, pas de possibilité de critiquer cette manière de transmettre (j'anticipe les attaques ^^). Et justement, cet accès "facile" au Cynisme en fait sa force et sa légitimité : alors que les autres courants "font le tri" à l'entrée de l'école (tel que Platon qui fit graver à l'entrée de son Académie "Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre", ou aujourd'hui en assommant les prétendants au poste d'apprenti à coup de concepts, d'idées, de méthodes et d'autres joyeusetés ^^), les cyniques laisse porte ouverte à tous, sans exception, le "tri" se faisant par l'auditeur / le témoin, accrochant ou non au courant (il faut dire qu'à l'époque, nombre de Grecs n'avaient pas encore l'électricité ... bien qu'aujourd'hui, ils risquent de ne plus l'avoir ...).
Pour la petite histoire, il y avait bien une voie que les cyniques étaient les seuls à user ... la voie anale. Comme le raconte si bien Michel Onfray dans Cynismes, les discours ne valent rien face à des flatulences. Ainsi, un jour, un philosophe bien comme il faut (dont le nom ne me revient pas ...^^) flatulla (très beau verbe ^^) en plein auditoire, et s'enferma, rouge de honte, chez lui dans l'optique de se laisser mourir de faim. Cratès, apprenant ça, mangea un plein bol de fèves et alla frapper chez lui pour le déraisonner. Après un discours sans le moindre effet, il laissa échapper les gaz provenant des fèves et grâce à ses pets consola ... et converti le philosophe au Cynisme ! Très sincèrement, je vous le dis, ne doutez pas de la puissance de votre cul.
Seul inconvénient de la méthode de transmission cynique, très peu d'écrits, et donc pas de restes actuels d'écrits cyniques (ou si peu), la doctrine ne subsistant que dans des témoignages d'autres philosophes ou intellectuels de l'époque, d'historiens ou de doxographes (types qui écrivent et commentent des propos, des opinions, merci à eux ^^) tels que Diogène Laërce (encore un autre Diogène, mais pas le même ^^). Mais à l'époque, très peu de pensées tournées vers la consigne d'écrits pour les civilisations futures ...
Donc, j'ai parlé du mode de transmission des idées, mais en sous-entendu, j'ai oublié un gros morceau, l'utilisation de l'ironie dans le discours. Plus qu'un outils verbal, une véritable arme, et dans le cas des cyniques, une seringue afin de soigner tous ces êtres vivant dans la cité (antique, pas les cités H.L.M. ^^). Car oui, les gens sont malades ! Et il n'y a pire qu'un malade qui s'ignore (si ce n'est un trader qui sait très bien ce qu'il fait ...). Un malade qui s'ignore affirmera qu'il est en bonne santé, il niera avoir besoin d'un médecin et repoussera tout soin. Si l'ironie est là pour briser toute défense ce n'est pas de l'acharnement thérapeutique, on ne vous fait rien avaler, par contre vous pouvez vous plaindre des politiciens qui ne font que ça ^^ ... et des "philosophes" actuels qui leur donnent les moyens / les outils de vous faire avaler leurs aberrations : citation presque fidèle d'une de mes anciennes professeurs de Philosophie à la Fac, "Les philosophes sont là pour forger des outils, mais ne s'en servent pas. Ces outils sont à l'usage des politiciens." Or, la Philosophie n'est en rien un outils du Pouvoir, mais un moyen de lutte contre celui-ci (sauf dans la détestable formidable cité utopique de Platon ^^), et les cyniques l'ont bien compris.
Voilà, si j'ai des rajouts à faire, je posterais une autre réponse, en espérant avoir donné des éléments de compréhension du cynisme, sans avoir trahi la pensée cynique. Voilou ^^ !